Libye: un gouvernement parallèle prête serment, la crise s'aggrave

Le ministre libyen de l'Intérieur suspendu, Fathi Bachagha, à l'aéroport international de Mitiga, à l'est de la capitale libyenne, Tripoli. (AFP).
Le ministre libyen de l'Intérieur suspendu, Fathi Bachagha, à l'aéroport international de Mitiga, à l'est de la capitale libyenne, Tripoli. (AFP).
Short Url
Publié le Jeudi 03 mars 2022

Libye: un gouvernement parallèle prête serment, la crise s'aggrave

  • Déjà minée par les divisions entre institutions concurrentes à l'Est et à l'Ouest, la Libye se retrouve maintenant avec deux gouvernements rivaux
  • Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a évoqué «des actes d'intimidation avant la séance» à l'encontre de députés 

TRIPOLI: Un gouvernement parallèle intronisé par le Parlement libyen et qui s'efforce d'évincer l'exécutif en place à Tripoli a prêté serment jeudi, enfonçant le pays dans une crise institutionnelle qui rappelle les heures les plus sombres de la guerre civile.

Le Premier ministre désigné par le Parlement, Fathi Bachagha, et une partie de son équipe ont prêté serment devant les députés à Tobrouk, dans l'est du pays.

Déjà minée par les divisions entre institutions concurrentes à l'Est et à l'Ouest, la Libye s'est retrouvée avec deux gouvernements rivaux après que le Parlement a approuvé mardi un nouvel exécutif dirigé par M. Bachagha, un ex-ministre de l'Intérieur. 

Il défie ainsi le cabinet en place à Tripoli dirigé par Abdelhamid Dbeibah, qui refuse de céder le pouvoir avant la tenue d'élections législatives qu’il annonce pour juin.

M. Bachagha a accusé son rival de tenter d'entraver la cérémonie de prestation de serment en suspendant le trafic aérien depuis Tripoli pour empêcher des membres du nouveau gouvernement de se rendre à Tobrouk et en faisant détenir certains d'entre eux par un groupe armé loyal.

«Escalade injustifiée»

"Je condamne l’escalade injustifiée de la part de certaines parties, destinée à empêcher plusieurs ministres de prêter serment", a ainsi déclaré M. Bachagha dans un discours après la cérémonie de prestation de serment.

Selon lui, trois ministres désignés manquaient à l’appel après avoir été détenus par un groupe armé pro-Dbeibah. "C'est un acte lâche", a-t-il dit.

Un quatrième ministre, celui de l'Economie et du Commerce, Jamal Salem Chaaban, a annoncé sa démission peu avant la cérémonie, dénonçant un "manque de transparence et de respect de la procédure" lors du vote de confiance. 

"Faire partie de ce gouvernement qui ramène la guerre et la destruction dans la capitale n'est pas un honneur", a-t-il déclaré, dans une vidéo diffusée par des médias locaux. 

Le gouvernement en place à Tripoli, dirigé par M. Dbeibah, avait dénoncé le vote de confiance comme une "fraude évidente" et affirmé que "le quorum nécessaire n'a pas été atteint".

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a exprimé mercredi sa préoccupation "au sujet d'informations selon lesquelles le vote de la Chambre des représentants n'a pas respecté les normes attendues de transparence et de procédure" et évoqué "des actes d'intimidation avant la séance" à l'encontre de députés. 

M. Dbeibah avait été désigné il y a un an, dans le cadre d'un processus de paix parrainé par l'ONU, à la tête d'un gouvernement intérimaire, pour mener la transition en organisant des élections présidentielle et législatives.

«Partisans de la paix»

Mais des querelles persistantes ont entraîné le report sine die du double scrutin, sur lequel la communauté internationale fondait de grands espoirs pour enfin mettre fin au chaos qui ravage le pays depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011.

En pleine guerre civile, le pays avait déjà été dirigé entre 2014 et 2016 par deux Premiers ministres rivaux à l'Ouest et à l'Est.

"Nous sommes des partisans de la paix, par la parole et par les actes alors que certains veulent nous entraîner vers les conflits. Nous ne leur donnerons aucune chance et nous ne verserons aucune goutte de sang", a assuré M. Bachagha jeudi devant les députés.

Mais il a souligné sa ferme intention de gouverner "depuis Tripoli" par la "force de la loi".

Ancien formateur de pilotes d'avions de combat reconverti dans les affaires, M. Bachagha, 59 ans, s'est fait connaître du grand public durant son passage à la tête du ministère de l'Intérieur de 2018 à début 2021.

En décembre, alors qu'un report de l'élection se profilait, celui qui était candidat à la présidentielle s'était rapproché du camp rival en se rendant à Benghazi, où il avait rencontré le maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l'Est, au nom de la réconciliation nationale.


Israël: l'opposition appelle à la grève dimanche en soutien aux otages à Gaza

Parmi les 251 otages capturés lors de l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien en Israël le 7 octobre 2023, 49 restent détenus à Gaza, dont 27 décédés, selon l'armée israélienne.  Le Hamas et le Jihad islamique ont diffusé début août trois vidéos montrant deux otages décharnés et affaiblis, qui ont choqué en Israël et suscité une condamnation internationale. (AFP)
Parmi les 251 otages capturés lors de l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien en Israël le 7 octobre 2023, 49 restent détenus à Gaza, dont 27 décédés, selon l'armée israélienne. Le Hamas et le Jihad islamique ont diffusé début août trois vidéos montrant deux otages décharnés et affaiblis, qui ont choqué en Israël et suscité une condamnation internationale. (AFP)
Short Url
  • Le 10 août, une vingtaine de parents d'otages avaient appelé à une grève générale pour dimanche prochain, et lundi, le Forum des familles d'otages, principale organisation représentant les proches des captifs, a appelé à "mettre le pays" à l'arrêt
  • Dans l'immédiat, ils ont échoué à convaincre le principal syndicat israélien, Histadrout. La centrale a décidé "ne pas arrêter l'économie à ce stade", mais soutiendra "les manifestations de solidarité des travailleurs" ce jour-là, selon le Forum

JERUSALEM: Le chef de l'opposition israélienne, Yair Lapid, a appelé mardi à une grève de solidarité avec les otages israéliens à Gaza, pour dimanche prochain, rejoignant de premiers appels en ce sens des familles des captifs.

"Faites grève dimanche", a lancé M. Lapid sur son compte X, précisant  s'adresser "même à ceux qui soutiennent le gouvernement" de Benjamin Netanyahu.

"Ce n'est pas une question de querelle ou de politique. Faites le par solidarité", avec les otages du 7-Octobre encore aux mains du Hamas et de son allié du Jihad islamique dans la bande de Gaza et leurs proches.

"Ce sont les familles qui l'ont demandé et (...) c'est une raison suffisante", a-t-il ajouté.

Le 10 août, une vingtaine de parents d'otages avaient appelé à une grève générale pour dimanche prochain, et lundi, le Forum des familles d'otages, principale organisation représentant les proches des captifs, a appelé à "mettre le pays" à l'arrêt à cette date, dans un communiqué.

Dans l'immédiat, ils ont échoué à convaincre le principal syndicat israélien, Histadrout. La centrale a décidé "ne pas arrêter l'économie à ce stade", mais soutiendra "les manifestations de solidarité des travailleurs" ce jour-là, selon le Forum.

"Autorisez la grève des citoyens, de la base au sommet. Autorisez chacun à prendre un jour de congé dimanche prochain", a-t-il lancé à l'attention du patronat, dénonçant une fois de plus un sacrifice des otages "sur l'autel d'une guerre sans fin, sans but et sans objectif".

Parmi les 251 otages capturés lors de l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien en Israël le 7 octobre 2023, 49 restent détenus à Gaza, dont 27 décédés, selon l'armée israélienne.

Le Hamas et le Jihad islamique ont diffusé début août trois vidéos montrant deux otages décharnés et affaiblis, qui ont choqué en Israël et suscité une condamnation internationale.

Après 22 mois de guerre, le Premier ministre est sous forte pression interne et internationale, sur le sort des otages et pour faire taire les armes dans la bande de Gaza, dévastée et en proie à une catastrophe humanitaire.

L'attaque du 7-Octobre, qui a déclenché la guerre à Gaza, a entraîné côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.

L'opération israélienne à Gaza y déjà fait 61.499, majoritairement des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.


Le prince héritier saoudien et le président palestinien discutent de la prochaine conférence pour la paix

Le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman et le président palestinien Mahmoud Abbas. (SPA/QNA)
Le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman et le président palestinien Mahmoud Abbas. (SPA/QNA)
Short Url
  • Lors d’un appel, les deux dirigeants ont abordé les développements sécuritaires et humanitaires dans la bande de Gaza
  • Mahmoud Abbas a salué le rôle crucial de l’Arabie saoudite dans la mobilisation du soutien international en faveur de la reconnaissance de l’État de Palestine à l’ONU

​​​​​​LONDRES : Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane s’est entretenu par téléphone avec le président palestinien Mahmoud Abbas, lundi, pour évoquer les derniers développements et les défis persistants auxquels font face les Palestiniens et leur cause.

Ils ont discuté de la situation sécuritaire et humanitaire dans la bande de Gaza. Le prince héritier a fermement condamné les crimes commis contre le peuple palestinien, soulignant la nécessité pour la communauté internationale de répondre à la crise humanitaire en cours et de protéger les civils, selon l’agence de presse saoudienne (SPA).

Mahmoud Abbas a salué le rôle essentiel joué par l’Arabie saoudite dans la mobilisation du soutien international en faveur de la reconnaissance de l’État de Palestine, sur la base des frontières d’avant la guerre de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale, rapporte l’agence Wafa.

Ils ont également évoqué les préparatifs de la Conférence internationale pour la paix, prévue à New York le 22 septembre, à laquelle plusieurs pays — dont la France, le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie et Singapour — doivent reconnaître l’État de Palestine.

En juillet, l’Arabie saoudite et la France ont coprésidé une conférence de haut niveau à l’ONU visant à rassembler un large soutien à la création d’un État palestinien.

Depuis le lancement par Israël de ses opérations militaires à Gaza, en réponse à l’attaque du 7 octobre 2023 menée par le Hamas dans le sud d’Israël, plus de 60 000 Palestiniens ont été tués. Parallèlement, les activités des colons israéliens en Cisjordanie ont été largement condamnées par la communauté internationale, alors que de plus en plus de pays s’éloignent de la position selon laquelle la création d’un État palestinien ne pourrait se faire que par la voie de négociations avec Israël.

Le prince héritier et le président palestinien ont également réaffirmé leur engagement à maintenir une coordination conjointe et à renforcer la solidarité arabe et internationale avec le peuple palestinien, a ajouté l’agence Wafa.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Désarmement du Hezbollah: un haut responsable iranien se rend au Liban

"Ali Larijani part aujourd'hui (lundi) pour l'Irak puis le Liban pour une visite de trois jours, ses premiers déplacements à l'étranger depuis sa prise de fonctions" la semaine dernière, a indiqué la télévision. (AFP)
"Ali Larijani part aujourd'hui (lundi) pour l'Irak puis le Liban pour une visite de trois jours, ses premiers déplacements à l'étranger depuis sa prise de fonctions" la semaine dernière, a indiqué la télévision. (AFP)
Short Url
  • "Dans ce contexte particulier, nous discutons avec des responsables libanais et des personnalités influentes au Liban", a indiqué lundi M. Larijani à la télévision, sans plus de précision
  • Le Conseil à la tête duquel il a été nommé est une instance stratégique chargée de définir les politiques de défense et de sécurité de l'Iran

TEHERAN: Le secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale de l'Iran se rend lundi en Irak puis au Liban, où le gouvernement a approuvé un plan pour désarmer le Hezbollah, allié de Téhéran, a annoncé la télévision d'Etat iranienne.

"Ali Larijani part aujourd'hui (lundi) pour l'Irak puis le Liban pour une visite de trois jours, ses premiers déplacements à l'étranger depuis sa prise de fonctions" la semaine dernière, a indiqué la télévision.

La visite du responsable iranien survient après que le gouvernement libanais a chargé l'armée de préparer un plan pour désarmer d'ici la fin de l'année le Hezbollah, formation chiite soutenue par l'Iran.

"Dans ce contexte particulier, nous discutons avec des responsables libanais et des personnalités influentes au Liban", a indiqué lundi M. Larijani à la télévision, sans plus de précision.

Le Conseil à la tête duquel il a été nommé est une instance stratégique chargée de définir les politiques de défense et de sécurité de l'Iran.

Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Esmaïl Baghaï, a indiqué sur la chaîne télévisée que le déplacement "visait à contribuer au maintien de la paix au Moyen-Orient".

L'Iran reconnaît au Liban "le droit de se défendre contre l'agression du régime sioniste (Israël)", ce qui serait "impossible sans capacités militaires et sans armes", a-t-il affirmé.

Samedi, un conseiller du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, avait déclaré que son pays s'opposait "certainement" à la décision du gouvernement libanais de désarmer le Hezbollah.

Le ministère libanais des Affaires étrangères a en retour condamné une "ingérence flagrante et inacceptable" de l'Iran dans les affaires intérieures du Liban.

Mercredi, Téhéran avait déclaré qu'il soutiendrait toute décision prise par le Hezbollah, très affaibli par sa dernière guerre contre Israël et la chute de son ancien allié Bachar al-Assad en Syrie.

Une guerre de 12 jours a opposé en juin l'Iran et Israël, déclenchée par une campagne de bombardements israéliens sans précédent en territoire iranien, à laquelle Téhéran a riposté par des tirs de missiles et des attaques de drones.

Concernant la visite de M. Larijani en Irak, la télévision iranienne a indiqué que son "objectif principal" était  "la signature d'un accord de sécurité bilatéral", sans fournir plus d'informations.