La Libye se retrouve avec deux Premiers ministres rivaux

Lors d'un vote susceptible d’exacerber les tensions entre camps rivaux, le Parlement a approuvé l'équipe de l'ex-ministre de l'Intérieur Fathi Bachagha par 92 voix sur les 101 députés présents. (Photo, AFP)
Lors d'un vote susceptible d’exacerber les tensions entre camps rivaux, le Parlement a approuvé l'équipe de l'ex-ministre de l'Intérieur Fathi Bachagha par 92 voix sur les 101 députés présents. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 01 mars 2022

La Libye se retrouve avec deux Premiers ministres rivaux

Lors d'un vote susceptible d’exacerber les tensions entre camps rivaux, le Parlement a approuvé l'équipe de l'ex-ministre de l'Intérieur Fathi Bachagha par 92 voix sur les 101 députés présents. (Photo, AFP)
  • La Libye s'est retrouvée mardi avec deux gouvernements rivaux après que le Parlement a approuvé un nouvel exécutif dirigé par l'ex-ministre de l'Intérieur Fathi Bachagha
  • Le gouvernement en place à Tripoli, dirigé par l'homme d'Affaires Abdelhamid Dbeibah, a immédiatement dénoncé dans un communiqué une «fraude évidente dans le décompte des voix»

BENGHAZI: La Libye s'est retrouvée mardi avec deux gouvernements rivaux après que le Parlement a approuvé un nouvel exécutif dirigé par l'ex-ministre de l'Intérieur Fathi Bachagha, défiant le cabinet en place qui refuse de céder le pouvoir avant la tenue d'élections. 

Lors d'un vote susceptible d’exacerber les tensions entre camps rivaux, le Parlement a approuvé l'équipe de M. Bachagha par 92 voix sur les 101 députés présents, a annoncé son président à l'issue d'une brève séance dans la ville de Tobrouk (est). 

La séance, initialement prévue lundi mais reportée in extremis pour « apporter des ajustements à la liste gouvernementale », a débuté avec la lecture des noms des membres –29 ministres, trois vice-premiers ministres et 6 ministres d'Etat– avant un vote à main levée.  

Cette équipe gouvernementale pléthorique, qui sera théoriquement basée à Tripoli, compte deux femmes seulement. 

Chaque député devait voter à l'appel de son nom mais le président du Parlement Aguila Saleh, un cacique du l'Est libyen, a déclaré la confiance avant que la lecture de tous les noms ne soit achevée. La prestation de serment devant le Parlement est prévue jeudi. 

Le gouvernement en place à Tripoli, dirigé par l'homme d'Affaires Abdelhamid Dbeibah, a immédiatement dénoncé dans un communiqué une « fraude évidente dans le décompte des voix » et affirmé que »le quorum nécessaire pour accorder la confiance n'a pas été atteint ». 

« Le gouvernement d'unité nationale affirme qu'il poursuivra son action et ne tiendra pas compte de ces futilités », a ajouté le communiqué. 

« Conflit »  

Déjà minée par les divisions entre institutions concurrentes à l'Est et à l'Ouest, la Libye se retrouve de fait avec deux gouvernements rivaux, comme elle l'a été entre 2014 et 2021 durant la guerre civile. 

Le 10 février, le Parlement avait désigné M. Bachagha pour remplacer M. Dbeibah. Or, ce dernier a répété à l'envi qu'il ne cèdera le pouvoir qu'à un exécutif sorti des urnes, faisant craindre une reprise des hostilités après une relative accalmie depuis fin 2020. 

« L'éventualité de la reprise d'un conflit est réelle, même s'il pourrait aller crescendo plutôt que d'éclater immédiatement », a commenté sur Twitter Wolfram Lacher, expert de la Libye à l'Institut allemand SWP. 

« Et voilà la Libye de retour à la case départ avec un gouvernement d'Unité nationale à Tripoli sous Dbeibah dont la légitimité est au mieux discutable, et un autre gouvernement 'de Stabilité nationale’ approuvé sous la contrainte par le Parlement dans l'est », a réagi pour sa part Emadeddin Badi, chercheur au centre de réflexion Global Initiative.  

Après des années de guerre et de divisions, M. Dbeibah avait été désigné il y a un an, dans le cadre d'un processus de paix parrainé par l'ONU, à la tête d'un gouvernement intérimaire pour mener la transition en organisant des élections présidentielle et législatives. 

Mais des querelles persistantes ont entraîné le report, sine die, du double scrutin sur lequel la communauté internationale fondait de grands espoirs pour enfin mettre fin au chaos qui ravage le pays depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011. 

M. Dbeibah a annoncé la semaine dernière vouloir organiser des élections législatives avant fin juin. 

Nouvelles alliances 

Ancien formateur de pilotes d'avions de combat reconverti dans les affaires, M. Bachagha, 59 ans, s'est fait connaître du grand public durant son passage à la tête du ministère de l'Intérieur de 2018 à début 2021.  

Tandis qu'une myriade de milices faisaient la loi dans l'ouest de la Libye, il avait mené campagne pour réduire leur influence, en offrant notamment des stages de formation aux miliciens ayant accepté d'intégrer les forces de l'ordre. 

Il est également l'une de rares personnalités libyennes à pouvoir se prévaloir de bons rapports avec plusieurs pays étrangers impliqués dans le dossier libyen, quel que soit le camp qu'ils soutiennent dans le conflit. 

En décembre, alors qu'un report de l'élection se profilait, celui qui était candidat à la présidentielle s'était rapproché du camp rival en se rendant à Benghazi, où il avait rencontré le maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l'Est, au nom de la réconciliation nationale.  

Il ne s'agit désormais plus d'un conflit Est-Ouest, mais d'un arrangement entre acteurs clefs des deux régions, M. Bachagha étant également soutenu par le président du Parlement siégeant dans l'Est. 


L'offensive israélienne contre l'Iran est une menace pour tous, déclare le roi de Jordanie devant le Parlement européen

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  • Vendredi, Israël a déclaré avoir ciblé les installations nucléaires, les usines de missiles balistiques et les commandants militaires de l'Iran au début de ce qu'il a prévenu être une opération prolongée
  • Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré que l'opération militaire contre l'Iran "se poursuivrait pendant autant de jours qu'il le faudra" pour "faire reculer la menace iranienne qui pèse sur la survie même d'Israël"

AMMAN : L'offensive élargie d'Israël contre l'Iran est une menace pour tous, a déclaré mardi le roi de Jordanie Abduallah II devant le Parlement européen à Strasbourg.

"Les attaques contre l'Iran menacent d'une dangereuse escalade dans notre région et au-delà", a-t-il déclaré.  

"Si notre communauté mondiale n'agit pas de manière décisive, nous nous rendons complices de la réécriture de ce que signifie être humain. Si les bulldozers israéliens continuent de démolir illégalement les maisons, les oliviers et les infrastructures palestiniennes, ils détruiront également les rails qui défient les principes moraux", a-t-il ajouté.

Il a réaffirmé la nécessité de créer un État palestinien souverain et l'importance d'accorder aux Palestiniens le droit à la liberté et au statut d'État.

"La sécurité mondiale ne sera pas assurée tant que la communauté internationale n'agira pas pour mettre fin à la guerre de trois ans en Ukraine et au conflit israélo-palestinien, le plus long et le plus destructeur du monde", a déclaré M. Al-Hussein.

Le roi a évoqué l'échec du droit international et de l'intervention à Gaza et a déclaré que ce qui était considéré comme une atrocité il y a 20 mois est désormais devenu une routine.

"L'armement de la famine contre les enfants, le ciblage des travailleurs de la santé, des journalistes et des enfants sont tous devenus normaux après l'échec de la communauté internationale", a-t-il déclaré.

Le leadership de l'Europe sera essentiel pour choisir le bon cours de l'histoire, a déclaré le roi, qui a assuré la Jordanie de son soutien à l'UE.

"Ce conflit doit cesser et la solution est ancrée dans le droit international. Le chemin de la paix a déjà été emprunté, et il peut l'être à nouveau si nous avons le courage de le choisir et la volonté de le parcourir ensemble", a-t-il conclu.

Mardi matin, Israël a demandé à des centaines de milliers de personnes d'évacuer le centre de la capitale iranienne, alors que la campagne aérienne israélienne sur Téhéran semblait s'étendre au cinquième jour d'un conflit qui s'intensifie.

Vendredi, Israël a déclaré avoir ciblé les installations nucléaires, les usines de missiles balistiques et les commandants militaires de l'Iran au début de ce qu'il a prévenu être une opération prolongée visant à empêcher Téhéran de fabriquer une arme atomique.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré que l'opération militaire contre l'Iran "se poursuivrait pendant autant de jours qu'il le faudra" pour "faire reculer la menace iranienne qui pèse sur la survie même d'Israël".

Depuis lors, l'Iran a lancé des attaques de représailles sur Tel-Aviv, certains missiles ayant été interceptés avant l'impact et d'autres ayant frappé des bâtiments en Israël.

Les autorités sanitaires ont indiqué que 1 277 personnes avaient été blessées en Iran. Les Iraniens ont également fait état d'un rationnement du carburant.

Le conflit a également contraint la plupart des pays du Moyen-Orient, dont l'Irak, la Jordanie et le Liban, à fermer leur espace aérien. Des dizaines d'aéroports ont interrompu tous les vols ou réduit considérablement leurs activités, laissant des dizaines de milliers de passagers bloqués et d'autres incapables de fuir le conflit ou de rentrer chez eux.


L'UE estime que la diplomatie est le seul moyen de résoudre le conflit israélo-iranien

La haute représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Kaja Kallas, tient une conférence de presse à l'issue d'une vidéoconférence informelle des ministres des Affaires étrangères de l'UE consacrée à la situation au Moyen-Orient, à Bruxelles, le 17 juin 2025. (Photo de Nicolas TUCAT / AFP)
La haute représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Kaja Kallas, tient une conférence de presse à l'issue d'une vidéoconférence informelle des ministres des Affaires étrangères de l'UE consacrée à la situation au Moyen-Orient, à Bruxelles, le 17 juin 2025. (Photo de Nicolas TUCAT / AFP)
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  • L'Iran ne doit pas disposer d'une arme nucléaire et la diplomatie est le seul moyen de l'en empêcher », a martelé mardi la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas,
  • « L'Europe est prête à jouer son rôle » dans la recherche d'une solution diplomatique, a-t-elle ajouté.

BRUXELLES : L'Iran ne doit pas disposer d'une arme nucléaire et la diplomatie est le seul moyen de l'en empêcher », a martelé mardi la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, à l'issue d'une réunion extraordinaire des ministres des Affaires étrangères de l'UE.

« Nous sommes tous convenus de la nécessité urgente d'éviter l'escalade. L'Iran ne peut pas avoir de bombe nucléaire et la diplomatie est la solution pour y parvenir », a-t-elle souligné devant la presse, à l'issue de cette réunion qui s'est tenue par visioconférence entre les 27.

« L'Europe est prête à jouer son rôle » dans la recherche d'une solution diplomatique, a-t-elle ajouté, précisant par ailleurs que l'UE avait décidé d'aider les États membres à évacuer leurs ressortissants « s'ils le désirent ».

L'armée israélienne mène depuis vendredi des frappes sans précédent sur l'Iran, avec pour objectif affiché d'empêcher Téhéran d'obtenir la bombe atomique.

En Iran, les frappes israéliennes ont fait au moins 224 morts et plus d'un millier de blessés, selon un bilan officiel établi dimanche. Selon le bureau de Benjamin Netanyahu, les salves de missiles et de drones tirées en représailles par l'Iran ont fait au moins 24 morts en Israël.

Les ministres des Affaires étrangères des 27 doivent se retrouver lundi pour une réunion à Bruxelles. 


Gaza: la Défense civile annonce au moins 50 morts dans des tirs israéliens près d'un centre d'aide

Le ministère de la Santé de la bande de Gaza, contrôlé par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a lui indiqué qu'après les tirs "51 martyrs et plus de 200 blessés" étaient arrivés à l'hôpital Nasser de Khan Younès, "dont 20 dans un état critique". (AFP)
Le ministère de la Santé de la bande de Gaza, contrôlé par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a lui indiqué qu'après les tirs "51 martyrs et plus de 200 blessés" étaient arrivés à l'hôpital Nasser de Khan Younès, "dont 20 dans un état critique". (AFP)
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  • Le ministère de la Santé de la bande de Gaza, contrôlé par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a lui indiqué qu'après les tirs "51 martyrs et plus de 200 blessés" étaient arrivés à l'hôpital Nasser de Khan Younès, "dont 20 dans un état critique"
  • La veille, la Défense civile avait fait état de 20 personnes tuées dans des tirs de l'armée israélienne en allant chercher de l'aide humanitaire à Rafah (sud)

JERUSALEM: La Défense civile de la bande de Gaza a affirmé mardi que les forces israéliennes avaient tué au moins 50 personnes qui s'étaient rassemblées près d'un centre de distribution d'aide dans le sud du territoire palestinien, révisant à la hausse un précédent bilan.

Le porte-parole de cet organisme de premiers secours, Mahmoud Bassal, a déclaré à l'AFP qu'au moins 50 personnes avaient été tuées et plus de 200 blessées alors que des milliers de Palestiniens s'étaient rassemblés dans la matinée pour recevoir de l'aide à Khan Younès.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias dans la bande de Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans et les informations annoncés par la Défense civile.

"Des drones israéliens ont tiré sur les gens. Quelques minutes plus tard, des chars israéliens ont tiré plusieurs obus (...), ce qui a entraîné un grand nombre de martyrs et de blessés", a encore affirmé M. Bassal, accusé par l'armée israélienne de répandre de fausse information sur sur ses opération à Gaza.

Contactée par l'AFP, l'armée israélienne a dit "examiner" les faits.

Le ministère de la Santé de la bande de Gaza, contrôlé par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a lui indiqué qu'après les tirs "51 martyrs et plus de 200 blessés" étaient arrivés à l'hôpital Nasser de Khan Younès, "dont 20 dans un état critique".

La veille, la Défense civile avait fait état de 20 personnes tuées dans des tirs de l'armée israélienne en allant chercher de l'aide humanitaire à Rafah (sud).

Le territoire palestinien est ravagé par plus de 20 mois de guerre entre Israël et le Hamas, et la situation continue de se détériorer sur le terrain.

Elle a été déclenchée par l'attaque du mouvement islamiste palestinien sur le sud d'Israël le 7 octobre 2023, qui a entraîné côté israélien la mort de 1.219 personnes, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles et incluant les otages morts ou tués en captivité après leur enlèvement ce jour-là.

Le ministère de la Santé de Gaza a déclaré lundi que 5.139 personnes avaient été tuées depuis la reprise des frappes israéliennes sur le territoire le 18 mars, après une courte trêve.

Le bilan total à Gaza depuis le début de la guerre s'élève à 55.432 morts, selon le ministère de la Santé.