Défier les règles signifierait la «fin de Facebook en Turquie», affirment des experts

Avec 37 millions d’abonnés, les statistiques montrent que Facebook compte plus d'utilisateurs en Turquie que dans tout autre pays européen. (Photo, Shutterstock)
Avec 37 millions d’abonnés, les statistiques montrent que Facebook compte plus d'utilisateurs en Turquie que dans tout autre pays européen. (Photo, Shutterstock)
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Publié le Vendredi 09 octobre 2020

Défier les règles signifierait la «fin de Facebook en Turquie», affirment des experts

  • De nouvelles réglementations controversées sont entrées en vigueur le 1er octobre au milieu de critiques sur la censure
  • Les nouvelles réglementations du gouvernement turc, entrées en vigueur le 1er octobre, obligent toutes les entreprises de médias sociaux à ouvrir un bureau de représentation sous peine d'une lourde amende

ANKARA : La décision du géant des médias sociaux Facebook de ne pas nommer de représentant en Turquie pourrait marquer le début de la fin pour la plate-forme dans le pays, selon un expert du secteur.

Les nouvelles réglementations du gouvernement turc, entrées en vigueur le 1er octobre, obligent toutes les entreprises de médias sociaux à ouvrir un bureau de représentation sous peine d'une lourde amende, d'une interdiction de publicité et de restrictions de données.

De plus, les représentants doivent être de citoyenneté turque, et les données des utilisateurs sur les réseaux doivent être stockées en Turquie.

Avec 37 millions d’abonnés, les statistiques montrent que Facebook compte plus d'utilisateurs en Turquie que dans tout autre pays européen

Mais Suleyman Irvan, professeur de journalisme à l'Université Uskudar, a déclaré à Arab News que si Facebook s'en tient à sa position présumée, les utilisateurs turcs pourraient éventuellement voir disparaître la plate-forme.

Les analystes estiment que la décision de Facebook pourrait également influencer d’autres sociétés de médias sociaux, y compris Twitter, sur la possibilité d'avoir ou non une représentation légale en Turquie.

En vertu des nouvelles règles turques, les entreprises n'ayant pas ouvert de bureau en Turquie avant le 1er octobre devront payer une amende de 10 millions de livres turques (1,26 million de dollars) d'ici novembre.  Une amende impayée serait triplée en décembre.

Un refus additionnel de se conformer entraînerait une interdiction de publicité en janvier de l'année prochaine, et le débit Internet serait progressivement réduit à 90% jusqu'en mai (Cela pourrait ralentir le téléchargement d'un article de 15 minutes environ).

Dans un tweet, l'expert en cyber-législation Yaman Akdeniz, a déclaré : « Nous sommes curieux de connaitre la réaction du gouvernement, mais en principe, si vous prenez des décisions unilatérales sans prendre l'avis de tous les acteurs, et vous promulguez une loi aussi problématique en termes des droits et libertés fondamentaux en l’espace de 10 jours, voici le résultat. »

Le règlement offrirait également aux utilisateurs des réseaux sociaux la possibilité de signaler le contenu, obligeant leurs représentants à enquêter sur les réclamations dans l’intervalle de deux jours et à supprimer les éléments « inacceptables », ou à s'exposer à une amende de 5 millions de livres.

« Les géants des réseaux sociaux ont raison de s'inquiéter de cette clause car ils n’auraient pas le choix de supprimer tout contenu qui s’apparente à une opposition s'ils ouvrent un bureau de représentation », a déclaré Irvan.

Dans un pays où la censure et l'absence de médias objectifs sont devenues la norme, cette clause aurait certainement influencé la décision de Facebook. Néanmoins, le gouvernement turc insiste que ces exigences visent à « instaurer des liens commerciaux et juridiques » avec les plateformes de médias sociaux.

RTUK, l’organisme de surveillance des médias turc, a récemment infligé une amende à la chaîne Halk TV pour une émission dans laquelle un journaliste a dépassé « les limites de la critique ». Il aurait fait des remarques sur l’état de la démocratie en Azerbaïdjan.

La RTUK a déclaré que la sanction vise également à montrer au monde entier le soutien de la Turquie à l’Azerbaïdjan dans son conflit avec l’Arménie au sujet de la région du Haut-Karabakh.

« Si les géants des médias sociaux mettent fin à leurs activités en Turquie, cela portera aussi un coup dur au secteur des médias, car les Turcs utilisent de plus en plus les réseaux sociaux pour accéder aux informations objectives », a déclaré Irvan.

Isik Mater, militant des droits numériques et directeur de recherche au groupe de surveillance NetBlocks, a déclaré à Arab News : « Les frais administratifs sont relativement insignifiants aux yeux de ces géants des médias sociaux. Cependant, bien qu'ils risquent d'être privés de revenus publicitaires et de bande passante, Facebook semble être déterminé et je m'attends à ce que les autres géants des médias sociaux suivent son pas. »

La Turquie se classe parmi les 10 premiers pays pour les utilisateurs de Facebook, Twitter et Instagram, d’après un sondage réalisé en février par We Are Social, une firme basée à Londres.

Le Dr Sarphan Uzunoglu, rédacteur en chef de NewsLabTurkey, une académie de journalisme numérique, a déclaré que la décision de Facebook ne concerne pas seulement l'entreprise elle-même, mais aussi l'avenir des communautés et des groupes professionnels déjà opprimés en Turquie.

« Avoir un représentant ici rendrait Facebook plus responsable du contenu généré par les utilisateurs. Ce type de contenu peut être problématiques, les grandes entreprises de technologie en raffolent mais elles essaient de décliner leur responsabilité au maximum en ce qui le concerne. »

Uzunoglu a également noté que la décision de Facebook pourrait déclencher un débat plus large sur la fiscalité des acteurs et des professionnels des médias.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


 


«Des habitants meurent de froid»: Gaza frappé par de nouvelles intempéries

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
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  • "Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa)
  • "Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré

GAZA: De nouvelles pluies hivernales se sont abattues cette semaine sur la bande de Gaza, déjà ravagée par la guerre, faisant au moins 18 morts depuis le début des intempéries.

Des Palestiniens poussant une voiture dans une rue inondée, une charrette tirée par un âne progressant difficilement à travers les eaux, des tentes et des abris de fortune de déplacés inondés: la situation s'aggrave dans un territoire palestinien en ruines.

"Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa).

"Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre après deux années de guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Nourrissons «en danger»

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs.

Trois enfants étaient décédés dans des conditions similaires la semaine dernière, d'après la Défense civile, organisation de premiers secours opérant sous l'autorité du mouvement islamiste.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Environ 1,3 million de personnes, sur une population de plus de deux millions d'habitants dans le territoire, ont actuellement besoin d'un hébergement d'urgence, selon les Nations unies, qui mettent en garde contre un risque croissant d'hypothermie.

Les nourrissons encourent particulièrement un "grand danger" avec les conditions hivernales, avertit l'organisation.

«Reconstruire le territoire»

La Défense civile de Gaza avait indiqué vendredi qu'au moins 16 personnes étaient mortes en 24 heures des suites de l'effondrement de bâtiments ou des effets du froid.

Outre le nourrisson, le porte-parole de l'organisation, Mahmoud Bassal, a fait état mardi d'un autre décès après l'effondrement du toit d'un bâtiment à la suite de fortes pluies dans le nord-ouest de la ville de Gaza.

Il a précisé que la maison avait déjà été endommagée par des frappes aériennes pendant la guerre.

Des images de l'AFP montrent des secouristes extraire le corps d'un Palestinien des décombres d'un bâtiment. Non loin, des proches en deuil pleurent.

"Nous appelons le monde à résoudre nos problèmes et à reconstruire le territoire afin que nous puissions avoir des maisons au lieu (...) de vivre dans la rue", a déclaré Ahmed al-Hossari, qui a perdu un membre de sa famille.

La bande de Gaza connaît généralement un épisode de fortes pluies à la fin de l'automne et en hiver, mais l'état de dévastation du territoire, des conséquences de la guerre, a rendu ses habitants plus vulnérables.

 


Négociations de paix au Soudan: le chef de l'armée prêt à «collaborer» avec Trump

Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
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  • Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)"
  • Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise

PORT-SOUDAN: Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt.

Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)", a déclaré le ministère des Affaires étrangères pro-armée dans un communiqué publié à l'issue d'un déplacement officiel à Ryad, à l'invitation du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise.

Les négociations de paix menées par les Etats-Unis avec le groupe de médiateurs du Quad (réunissant Egypte, Arabe Saoudite et Emirats) sont à l'arrêt depuis que le général al-Burhane a affirmé que la dernière proposition de trêve transmise par M. Boulos était "inacceptable", sans préciser pourquoi.

Le militaire avait alors fustigé une médiation "partiale" et reproché à l'émissaire américain de reprendre les éléments de langage des Emirats, accusés d'armer les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Abou Dhabi nie régulièrement fournir des armes, des hommes et du carburant aux FSR, malgré des preuves fournies par des rapports internationaux et enquêtes indépendantes.

De leur côté, les FSR ont annoncé qu'ils acceptaient la proposition de trêve mais les attaques sur le terrain n'ont pas pour autant cessé au Kordofan, région au coeur de combats intenses.

Pour l'instant, aucune nouvelle date de négociations n'a été fixée, que ce soit au niveau des médiateurs du Quad ou de l'ONU qui essaie parallèlement d'organiser des discussions entre les deux camps.

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée, qui contrôle le nord et l'est du pays - aux FSR, dominantes dans l'ouest et certaines zones du sud.

Depuis la prise du dernier bastion de l'armée dans la vaste région voisine du Darfour, les combats se sont intensifiés dans le sud du pays, au Kordofan, région fertile, riche en pétrole et en or, charnière pour le ravitaillement et les mouvements de troupes.

Le conflit, entré dans sa troisième année, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, déraciné des millions de personnes et provoqué ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire au monde".

 


Le prince héritier saoudien rencontre le chef du conseil de transition soudanais pour discuter de la sécurité et de la stabilité

Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
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  • La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation
  • Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays

RIYADH : Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a rencontré Abdel Fattah Al-Burhan à Riyad lundi pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à restaurer la sécurité et la stabilité dans le pays, a rapporté l'Agence de presse saoudienne.

La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation.

Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays, a ajouté SPA.

Le ministre saoudien de la défense, le prince Khalid ben Salmane, le ministre des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, le ministre d'État et conseiller à la sécurité nationale, Musaed bin Mohammed Al-Aiban, le ministre des finances, Mohammed Al-Jadaan, et l'ambassadeur saoudien au Soudan, Ali Hassan Jaafar, ont également assisté à la réunion.