France: il y a dix ans, Merah semait la terreur, militaires et enfants juifs dans le viseur

Mohamed Merah, 23 ans, a grandi dans un climat de violence familiale, entre foyers d'accueil, délinquance, voyages en Afghanistan, au Pakistan et en Syrie. (Photo, AFP / France 2)
Mohamed Merah, 23 ans, a grandi dans un climat de violence familiale, entre foyers d'accueil, délinquance, voyages en Afghanistan, au Pakistan et en Syrie. (Photo, AFP / France 2)
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Publié le Mercredi 09 mars 2022

France: il y a dix ans, Merah semait la terreur, militaires et enfants juifs dans le viseur

  • À bout portant, Merah assassine deux enfants Myriam Monsonego, 7 ans, et Gabriel Sandler, 3 ans, qui tentent de lui échapper dans la cour de récréation de l'école juive Ozar Hatorah
  • Quelques secondes plus tôt, Arié Sandler, 6 ans, et son père Jonathan Sandler succombent aux balles du tueur casqué

TOULOUSE : En mars 2012, une série d'attaques génère l'effroi dans le sud-ouest de la France: un militaire tué le 11, deux le 15, trois enfants et un professeur d'une école juive le 19. Leur auteur: Mohamed Merah, un délinquant qui a basculé dans le fondamentalisme.

Attentat d'Al-Qaïda? Groupe d'extrême droite? Tueur solitaire? Il faudra plusieurs jours pour établir un lien entre ces attaques et leur auteur, un jeune islamiste radicalisé en prison, passé sous les radars de l'antiterrorisme.

Mohamed Merah, 23 ans, a grandi dans un climat de violence familiale, entre foyers d'accueil, délinquance, voyages en Afghanistan, au Pakistan et en Syrie.

Le 11 mars, un militaire du 1er Régiment du train parachutiste, Imad Ziaten, 30 ans, est la première victime. Il a posté une annonce sur internet pour vendre une moto. Un rendez-vous est pris sur un parking de la ville méridionale de Toulouse. Merah lui loge une balle dans la tête, puis repart sur un puissant scooter.

Le 15, trois militaires retirent de l'argent devant la caserne du 17e Régiment du génie parachutiste à Montauban, à une cinquantaine de kilomètres de là. Merah gare son scooter, s'approche, ouvre le feu. Mohamed Legouad, 23 ans, et Abel Chennouf, 26 ans, sont tués. Loïc Lieber, un Guadeloupéen de 28 ans, restera tétraplégique.

Identifier le tueur

Sur les plateaux de télévision, experts, journalistes, policiers se succèdent, échafaudent des hypothèses. 

"Qui en veut à ces parachutistes? A ce moment-là, comme les soldats tués sont d'origine maghrébine, on se demande s'il s'agit de crimes racistes. A ce stade, on n'a pas d'élément menant à l'hypothèse islamiste", explique l'historien Jack Thomas.

Le 19 mars, vers 08h00, l'affaire prend une autre tournure.

À bout portant, Merah assassine deux enfants Myriam Monsonego, 7 ans, et Gabriel Sandler, 3 ans, qui tentent de lui échapper dans la cour de récréation de l'école juive Ozar Hatorah. Quelques secondes plus tôt, Arié Sandler, 6 ans, et son père Jonathan Sandler succombent aux balles du tueur casqué.

Plusieurs centaines d'enquêteurs sont mobilisés pour l'identifier. Parmi les ordinateurs ayant cliqué sur la petite annonce d'Imad Ziaten, ils remontent jusqu'à celui de la mère de Mohamed Merah.

A ce moment-là, les soupçons se portent sur Abdelkader Merah, le frère aîné qui vit près de Toulouse. Surnommé "Ben Laden" dans le quartier toulousain des Izards où ils ont grandi, il est connu des services de la sécurité intérieure (DGSI) pour son appartenance à la mouvance salafiste.

Dans la nuit du 20 au 21 mars, les policiers lancent deux opérations quasi simultanées. Abdelkader est interpellé. Mais le RAID, unité d'élite de la police, se heurte à une résistance inattendue chez Mohamed. Retranché dans son appartement d'un quartier résidentiel de la ville, il ouvre le feu à travers la porte, les contraints à se replier.

Les principaux attentats islamistes en France depuis l'affaire Merah

PARIS : Plus de 260 personnes ont été tuées en France dans des attentats islamistes depuis ceux commis par Mohammed Merah en mars 2012. Voici un rappel des principaux.

2021

Le 23 avril, un Tunisien de 36 ans poignarde à mort une agente administrative au commissariat de Rambouillet, en région parisienne. Il est tué sur place par la police.

2020

- A Romans-sur-Isère (sud-est), un réfugié soudanais de 33 ans tue deux personnes et en blesse cinq en les poignardant le 4 avril. Il est mis en examen et écroué.

- Un enseignant de 47 ans, Samuel Paty, est décapité le 16 octobre près de son collège de Conflans-Sainte-Honorine, en région parisienne, une dizaine de jours après avoir montré à ses élèves des caricatures de Mahomet lors de cours sur la liberté d'expression. L'assaillant de 18 ans, un réfugié russe d'origine tchétchène, est tué par la police.

- Le 29 octobre, un Tunisien de 22 ans tue trois personnes au couteau dans la basilique Notre-Dame de l'Assomption à Nice (sud-est). Il est mis en examen et écroué.

2019

Un informaticien travaillant à la Préfecture de police de Paris, converti à l'islam, poignarde à mort trois policiers et un agent administratif le 3 octobre dans l'enceinte de la préfecture, avant d'être tué.

2018

- Un Français d'origine marocaine de 25 ans vole une voiture le 23 mars à Carcassonne (sud) en tuant le passager. A quelques kilomètres de là, dans un supermarché de Trèbes, il tue trois personnes dont un officier de gendarmerie qui s'était livré comme otage à la place d'une femme. Le jihadiste, qui s'était revendiqué de l'organisation Etat islamique (EI), est abattu.

- Un Français de 20 ans d'origine tchétchène tue une personne et en blesse cinq au couteau dans le quartier de l'Opéra à Paris, le 12 mai. Il est tué par la police. Le groupe EI revendique l'attentat.

- Un homme de 29 ans fiché "S", armé d'un revolver et d'un couteau, tue cinq personnes et en blesse onze près du marché de Noël de Strasbourg (est) le 11 décembre. Il est tué après deux jours de traque. Son action est revendiquée par l'organisation Etat islamique.

2017

- Un policier est tué par balle le 20 avril sur les Champs-Élysées à Paris par un Français de 39 ans qui est abattu. L'EI revendique l'attentat.

- Un Tunisien de 29 ans poignarde à mort deux jeunes femmes devant la gare Saint-Charles à Marseille (sud-est) le 1er octobre, avant d'être abattu. L'attentat est revendiqué par l'EI.

2016

- Un policier et sa compagne agente administrative sont assassinés le 13 juin à leur domicile de Magnanville, en région parisienne, par un jihadiste de 25 ans se réclamant de l'EI qui sera tué par la police.

- A Nice, un Tunisien de 31 ans fonce dans la foule avec son camion après le feu d'artifice du 14 juillet, tuant 86 personnes et en blessant plus de 400. Il est abattu par la police. L'attaque est revendiquée par l'EI.

- Le prêtre Jacques Hamel est égorgé dans son église de Saint-Étienne-du-Rouvray (nord-ouest) le 26 juillet par deux jeunes de 19 ans fichés S qui sont abattus. L'assassinat est revendiqué par l'EI.

2015

- Deux frères français, de parents algériens, tuent 12 personnes le 7 janvier au siège de l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo à Paris. Les deux islamistes, qui se réclament d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique, sont tués après deux jours de cavale.

- Le 8 janvier, un Français, né de parents maliens, tue une policière à Montrouge, en banlieue parisienne. Le lendemain, ce délinquant radicalisé, qui se revendique de l'EI, tue quatre otages, tous juifs, dans un supermarché casher de l'Est parisien. Il est abattu dans l'assaut.

- Un chauffeur-livreur tue et décapite son patron le 26 juin puis tente de faire exploser une usine à Saint-Quentin-Fallavier (sud-est). Mis en examen, il se suicide en prison six mois plus tard.

- Dans le train Thalys Amsterdam-Paris, le 21 août, un Marocain de 25 ans muni d'un fusil d'assaut blesse grièvement au pistolet un passager avant d'être maîtrisé par d'autres passagers. Condamné à la réclusion à perpétuité en décembre 2020, il a fait appel. 

- Le 13 novembre, neuf jihadistes font 130 morts et plus de 350 blessés, à Paris dans la salle de concert du Bataclan et aux terrasses de bars et restaurants, ainsi qu'à Saint-Denis, en banlieue. L'EI revendique les attaques.

Un siège de 30 heures

Des négociateurs de la police parlementent avec le jeune délinquant, qui revendique les trois attentats au nom d'Al-Qaïda. Le siège durera trente heures, jusqu'à l'assaut au cours duquel il est abattu.

Présenté comme son "mentor", Abdelkader sera condamné à trente ans de prison pour "complicité d'assassinats", la justice estimant qu'il a "sciemment apporté aide ou assistance dans la préparation des crimes commis par Mohammed Merah". 

Latifa Ibn Ziaten, mère du premier soldat tué, regrette que le jihadiste n'ait pas été capturé vivant et jugé. Elle avait été choquée d'entendre, un mois après les attentats, des jeunes du quartier des Izards lui dire: "Mohamed Merah, c'est un martyr, un héros de l'islam".

Depuis, elle a fondé l'association Imad pour la jeunesse et la paix, portant un message de lutte contre le fanatisme. Elle se dit "inquiète" car "la jeunesse est fracturée, souffre énormément. Je rencontre beaucoup de jeunes qui n'ont plus d'espoir. Il y a toujours de la haine, on n'est pas à l'abri".

De son côté, Jonathan Chetrit, ancien élève d'Ozar Hatorah, reprend dans son livre "Toulouse, 19 mars 2012" les témoignages poignants d'autres survivants au procès d'Abdelkader Merah. Il regrette "un traitement médiatique focalisé sur la personnalité et la famille du tueur" plutôt que sur ses victimes au moment des faits.

Le 20 mars, une cérémonie commémorative est prévue à Toulouse en présence de proches des victimes, de politiques et responsables religieux.


Moyen-Orient: À force de se vouloir équilibrée, la posture française en devient illisible

Le président français Emmanuel Macron est vu lors d'une cérémonie d'arrivée au sommet du Groupe des Sept (G7) au Pomeroy Kananaskis Mountain Lodge à Kananaskis, Alberta, Canada, le 16 juin 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron est vu lors d'une cérémonie d'arrivée au sommet du Groupe des Sept (G7) au Pomeroy Kananaskis Mountain Lodge à Kananaskis, Alberta, Canada, le 16 juin 2025. (AFP)
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  • En rappelant que l’Iran dispose de missiles pouvant atteindre le territoire français et qu’il soutient activement le Hamas et le Hezbollah, Barrot a justifié la fermeté de la diplomatie française à l’égard de Téhéran
  • Mais aussitôt, il a tempéré ses propos, indiquant qu’à ce stade, « les moyens militaires français n’ont pas été mobilisés », avant de renouveler un appel classique « à la retenue »

PARIS: Alors que la guerre entre Israël et l’Iran s’intensifie, la France tente de maintenir une ligne diplomatique fondée sur la retenue, la désescalade et l’équilibre.
Mais cette posture, censée affirmer une voix autonome au sein du concert international, peine désormais à convaincre. À force de vouloir ménager toutes les parties, la position française en devient brouillée, voire illisible.
S’exprimant le dimanche 15 juin, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, s’est montré ferme : « Le programme nucléaire iranien a une vocation militaire. C’est une menace existentielle pour Israël, pour les pays de la région et pour nous aussi », a-t-il affirmé.
En rappelant que l’Iran dispose de missiles pouvant atteindre le territoire français et qu’il soutient activement le Hamas et le Hezbollah, Barrot a justifié la fermeté de la diplomatie française à l’égard de Téhéran.
Mais aussitôt, il a tempéré ses propos, indiquant qu’à ce stade, « les moyens militaires français n’ont pas été mobilisés », avant de renouveler un appel classique « à la retenue » à l’adresse de toutes les parties.
Le vendredi 13 juin, à la suite des frappes israéliennes contre des cibles iraniennes, Emmanuel Macron avait rappelé « le droit d’Israël à se protéger », tout en insistant sur la nécessité de « ne pas mettre en péril la stabilité de la région ».
Il est même allé jusqu’à affirmer que la France participerait « aux opérations de protection et de défense » d’Israël en cas de « représailles » menées par l’Iran, « si elle est en situation de le faire ».

La logique française se veut cohérente : elle soutient le droit d’Israël à se défendre, mais sans donner un chèque en blanc à la politique de Benyamin Netanyahou.

« J’ai marqué notre disponibilité en ce sens », a ajouté le président français lors d’une conférence de presse, et « à l’inverse, je n’envisage aucunement de participer à quelque opération offensive que ce soit. Ce n’est pas notre rôle », a-t-il fait valoir.
La condamnation française du programme nucléaire iranien est ancienne, tout comme son soutien au droit d’Israël à se défendre. Mais, par ailleurs, la France dénonçait, il y a quelques semaines, le blocus humanitaire imposé par Israël à Gaza, le qualifiant de « honte ».
La logique française se veut cohérente: elle soutient le droit d’Israël à se défendre, mais sans donner un chèque en blanc à la politique de Benyamin Netanyahou.
Cette même logique fait dire à Paris: oui à une riposte contre Téhéran si une ligne rouge est franchie, mais toujours dans une optique diplomatique.
À l’approche du sommet du G7 au Canada, Macron entend plaider cette voie médiane, espérant maintenir la France comme puissance d’équilibre. Mais encore faut-il être entendu et compris.
Dans les faits, Paris semble marginalisé. L’ambassadeur d’Israël en France, Joshua Zarka, a reconnu que Tel-Aviv n’avait pas informé la France de ses frappes.
« La relation n’est plus aussi proche qu’avant », a-t-il déclaré. Pour lui, la France reste un allié, « mais pas au point d’avoir été alertée », signifiant clairement que la critique française de la guerre à Gaza a éloigné les deux capitales.
Côté iranien, les leviers français sont tout aussi limités. Malgré les pressions exercées sur Téhéran, y compris une résolution récente de l’AIEA dénonçant l’enrichissement d’uranium par l’Iran, la République islamique reste sourde aux avertissements.

Les frappes croisées entre Israël et l’Iran ont aussi eu une conséquence immédiate : le report de la conférence de New York, prévue pour discuter de la reconnaissance d’un État palestinien, initiative portée conjointement par la France et l’Arabie saoudite.


Les menaces françaises de déclencher la procédure de « snap back » pour rétablir les sanctions, en cas d’absence d’accord sur le nucléaire, sont prises au sérieux, mais elles n’inversent pas la dynamique de confrontation.
Les frappes croisées entre Israël et l’Iran ont aussi eu une conséquence immédiate : le report de la conférence de New York, prévue pour discuter de la reconnaissance d’un État palestinien, initiative portée conjointement par la France et l’Arabie saoudite.
À Paris, on parle d’un simple report technique, mais en vérité, la flambée de violence a démontré le décalage entre la réalité sur le terrain et cette initiative diplomatique pourtant centrale.
Le président Macron, qui souhaitait inscrire cette reconnaissance dans une dynamique plus large d’accords régionaux, avec une normalisation entre Israël et certains pays arabes en contrepartie, doit composer avec un terrain à feu et à sang.
L’idée d’une « reconnaissance réciproque » (d’un État palestinien et de l’État d’Israël par de nouveaux acteurs) reste d’actualité, mais semble désormais hors de portée dans le contexte actuel.
Ce flou diplomatique se heurte aussi à une opinion publique française de plus en plus sceptique. Et Macron, en chute libre dans les sondages, doit composer avec un climat politique intérieur tendu.
Son autorité sur la politique étrangère, pourtant historiquement l’un des leviers du pouvoir présidentiel en France, semble contestée et contrariée.
Pour redevenir lisible et audible, Paris devra clarifier ses priorités : la dénonciation du programme nucléaire iranien ne peut s’accompagner d’une ambiguïté persistante sur la politique israélienne à Gaza et sur la reconnaissance par la France de l’État palestinien.


Metz: un forcené tué par balles, un policier touché à la main

Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
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  • Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier
  • Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard

STRASBOURG: Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet.

Les faits ont commencé dimanche soir dans une rue très passante de la vieille ville de Metz. "Vers 22h00, un individu menace depuis sa fenêtre, avec une arme à canon long, un passant", a rapporté le maire François Grosdidier sur sa page Facebook.

Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier.

Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard.

"Il sortait alors de son studio, tenant dans chaque main un revolver, et faisait feu sur les policiers présents dans le couloir", a-t-il ajouté. "Un policier était blessé à une main, tandis qu'un de ses collègues tirait à trois reprises, touchant l'individu à l'abdomen et au bras".

L'homme de 56 ans a été hospitalisé mais est décédé lundi matin. "Son casier judiciaire porte trace de neuf condamnations", selon M. Bernard.

Le policier blessé a également été hospitalisé.

L'homme détenait "plusieurs armes, de poing et d'épaule, dans son appartement", selon le maire qui a salué l'intervention des forces de l'ordre.


Tourisme en France : entre recherche de soleil, contraintes budgétaires et destinations alternatives

Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
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  • les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget.
  • L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées

RIYAD : Alors que l'été 2025 se profile, les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget. Si 61 % d’entre eux envisagent de prendre quelques jours de congé, selon un sondage OpinionWay pour Liligo, leur comportement de consommation évolue. Pour la première fois en cinq ans, le budget moyen baisse de 74 euros par personne.

L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées comme la Bretagne, la Normandie ou le nord de la France. Cette tendance s’explique notamment par deux étés précédents jugés peu cléments sur le plan météorologique, ce qui dissuade certains vacanciers de s'y rendre à nouveau.

Dans les établissements touristiques du Grand Ouest, les professionnels constatent un recul des séjours d'une semaine, compensé par une légère hausse des courts séjours (2 à 6 nuits). Les réservations de dernière minute restent fréquentes et très dépendantes des prévisions météorologiques du dimanche soir.

Confrontés à une inflation persistante et à des inquiétudes concernant leur pouvoir d’achat, les Français adaptent leurs comportements. Ils réduisent leurs dépenses dans les restaurants, les commerces ou les activités annexes, et sont plus prudents dans la planification de leurs séjours. Les formules « tout compris », jugées plus économiques et prévisibles, rencontrent un succès croissant.

Selon le cabinet Pro tourisme, les prix des hébergements touristiques ont grimpé de 27 % en quatre ans. Dans ce contexte, les territoires proposant des tarifs plus accessibles, comme l’intérieur des terres ou les destinations proches des grandes agglomérations comme l’Eure, la Vienne, l’Ain ou l’Oise, enregistrent une forte progression des recherches, parfois jusqu’à +150 %.

Si les littoraux restent prisés, un rééquilibrage s’opère en faveur des zones rurales et périurbaines. Ces destinations sont non seulement plus abordables, puisque les locations y sont en moyenne 20 à 30 % moins chères que sur la côte, mais elles offrent également un cadre de vie plus agréable.

Ces destinations répondent à une demande croissante de nature, de tranquillité et d’authenticité. La France rurale, longtemps en retrait, bénéficie désormais d’une attractivité renouvelée. Un phénomène accentué par l’essor du télétravail, le besoin de déconnexion et la quête d’expériences plus simples. L’arrière-pays n’est plus perçu comme une alternative de repli, mais comme un véritable choix de qualité.

Sur le plan international, la France reste solidement installée comme première destination mondiale avec 100 millions de touristes étrangers en 2024, devant l’Espagne. Les métropoles touristiques qui accueillent une clientèle étrangère à fort pouvoir d’achat, comme Paris, Cannes, Nice ou les régions viticoles, affichent des perspectives encourageantes.

Les analystes estiment que les Jeux Olympiques 2024 ont amplifié la visibilité de la France sur la scène mondiale, générant un regain d’intérêt pour la capitale et ses alentours. À Paris, la fréquentation touristique devrait rester élevée en 2025 grâce à l’effet post-événementiel.

Entre contraintes économiques, recherche d’ensoleillement et désir de proximité, le tourisme en France est en pleine mutation. Les professionnels s’adaptent à une clientèle plus exigeante, plus mobile et surtout plus attentive à l’équilibre entre plaisir et dépenses. Le paysage touristique français, longtemps polarisé entre le littoral et la montagne, s’enrichit désormais d’une diversité de choix stratégiques, économiques et culturels.