France: il y a dix ans, Merah semait la terreur, militaires et enfants juifs dans le viseur

Mohamed Merah, 23 ans, a grandi dans un climat de violence familiale, entre foyers d'accueil, délinquance, voyages en Afghanistan, au Pakistan et en Syrie. (Photo, AFP / France 2)
Mohamed Merah, 23 ans, a grandi dans un climat de violence familiale, entre foyers d'accueil, délinquance, voyages en Afghanistan, au Pakistan et en Syrie. (Photo, AFP / France 2)
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Publié le Mercredi 09 mars 2022

France: il y a dix ans, Merah semait la terreur, militaires et enfants juifs dans le viseur

  • À bout portant, Merah assassine deux enfants Myriam Monsonego, 7 ans, et Gabriel Sandler, 3 ans, qui tentent de lui échapper dans la cour de récréation de l'école juive Ozar Hatorah
  • Quelques secondes plus tôt, Arié Sandler, 6 ans, et son père Jonathan Sandler succombent aux balles du tueur casqué

TOULOUSE : En mars 2012, une série d'attaques génère l'effroi dans le sud-ouest de la France: un militaire tué le 11, deux le 15, trois enfants et un professeur d'une école juive le 19. Leur auteur: Mohamed Merah, un délinquant qui a basculé dans le fondamentalisme.

Attentat d'Al-Qaïda? Groupe d'extrême droite? Tueur solitaire? Il faudra plusieurs jours pour établir un lien entre ces attaques et leur auteur, un jeune islamiste radicalisé en prison, passé sous les radars de l'antiterrorisme.

Mohamed Merah, 23 ans, a grandi dans un climat de violence familiale, entre foyers d'accueil, délinquance, voyages en Afghanistan, au Pakistan et en Syrie.

Le 11 mars, un militaire du 1er Régiment du train parachutiste, Imad Ziaten, 30 ans, est la première victime. Il a posté une annonce sur internet pour vendre une moto. Un rendez-vous est pris sur un parking de la ville méridionale de Toulouse. Merah lui loge une balle dans la tête, puis repart sur un puissant scooter.

Le 15, trois militaires retirent de l'argent devant la caserne du 17e Régiment du génie parachutiste à Montauban, à une cinquantaine de kilomètres de là. Merah gare son scooter, s'approche, ouvre le feu. Mohamed Legouad, 23 ans, et Abel Chennouf, 26 ans, sont tués. Loïc Lieber, un Guadeloupéen de 28 ans, restera tétraplégique.

Identifier le tueur

Sur les plateaux de télévision, experts, journalistes, policiers se succèdent, échafaudent des hypothèses. 

"Qui en veut à ces parachutistes? A ce moment-là, comme les soldats tués sont d'origine maghrébine, on se demande s'il s'agit de crimes racistes. A ce stade, on n'a pas d'élément menant à l'hypothèse islamiste", explique l'historien Jack Thomas.

Le 19 mars, vers 08h00, l'affaire prend une autre tournure.

À bout portant, Merah assassine deux enfants Myriam Monsonego, 7 ans, et Gabriel Sandler, 3 ans, qui tentent de lui échapper dans la cour de récréation de l'école juive Ozar Hatorah. Quelques secondes plus tôt, Arié Sandler, 6 ans, et son père Jonathan Sandler succombent aux balles du tueur casqué.

Plusieurs centaines d'enquêteurs sont mobilisés pour l'identifier. Parmi les ordinateurs ayant cliqué sur la petite annonce d'Imad Ziaten, ils remontent jusqu'à celui de la mère de Mohamed Merah.

A ce moment-là, les soupçons se portent sur Abdelkader Merah, le frère aîné qui vit près de Toulouse. Surnommé "Ben Laden" dans le quartier toulousain des Izards où ils ont grandi, il est connu des services de la sécurité intérieure (DGSI) pour son appartenance à la mouvance salafiste.

Dans la nuit du 20 au 21 mars, les policiers lancent deux opérations quasi simultanées. Abdelkader est interpellé. Mais le RAID, unité d'élite de la police, se heurte à une résistance inattendue chez Mohamed. Retranché dans son appartement d'un quartier résidentiel de la ville, il ouvre le feu à travers la porte, les contraints à se replier.

Les principaux attentats islamistes en France depuis l'affaire Merah

PARIS : Plus de 260 personnes ont été tuées en France dans des attentats islamistes depuis ceux commis par Mohammed Merah en mars 2012. Voici un rappel des principaux.

2021

Le 23 avril, un Tunisien de 36 ans poignarde à mort une agente administrative au commissariat de Rambouillet, en région parisienne. Il est tué sur place par la police.

2020

- A Romans-sur-Isère (sud-est), un réfugié soudanais de 33 ans tue deux personnes et en blesse cinq en les poignardant le 4 avril. Il est mis en examen et écroué.

- Un enseignant de 47 ans, Samuel Paty, est décapité le 16 octobre près de son collège de Conflans-Sainte-Honorine, en région parisienne, une dizaine de jours après avoir montré à ses élèves des caricatures de Mahomet lors de cours sur la liberté d'expression. L'assaillant de 18 ans, un réfugié russe d'origine tchétchène, est tué par la police.

- Le 29 octobre, un Tunisien de 22 ans tue trois personnes au couteau dans la basilique Notre-Dame de l'Assomption à Nice (sud-est). Il est mis en examen et écroué.

2019

Un informaticien travaillant à la Préfecture de police de Paris, converti à l'islam, poignarde à mort trois policiers et un agent administratif le 3 octobre dans l'enceinte de la préfecture, avant d'être tué.

2018

- Un Français d'origine marocaine de 25 ans vole une voiture le 23 mars à Carcassonne (sud) en tuant le passager. A quelques kilomètres de là, dans un supermarché de Trèbes, il tue trois personnes dont un officier de gendarmerie qui s'était livré comme otage à la place d'une femme. Le jihadiste, qui s'était revendiqué de l'organisation Etat islamique (EI), est abattu.

- Un Français de 20 ans d'origine tchétchène tue une personne et en blesse cinq au couteau dans le quartier de l'Opéra à Paris, le 12 mai. Il est tué par la police. Le groupe EI revendique l'attentat.

- Un homme de 29 ans fiché "S", armé d'un revolver et d'un couteau, tue cinq personnes et en blesse onze près du marché de Noël de Strasbourg (est) le 11 décembre. Il est tué après deux jours de traque. Son action est revendiquée par l'organisation Etat islamique.

2017

- Un policier est tué par balle le 20 avril sur les Champs-Élysées à Paris par un Français de 39 ans qui est abattu. L'EI revendique l'attentat.

- Un Tunisien de 29 ans poignarde à mort deux jeunes femmes devant la gare Saint-Charles à Marseille (sud-est) le 1er octobre, avant d'être abattu. L'attentat est revendiqué par l'EI.

2016

- Un policier et sa compagne agente administrative sont assassinés le 13 juin à leur domicile de Magnanville, en région parisienne, par un jihadiste de 25 ans se réclamant de l'EI qui sera tué par la police.

- A Nice, un Tunisien de 31 ans fonce dans la foule avec son camion après le feu d'artifice du 14 juillet, tuant 86 personnes et en blessant plus de 400. Il est abattu par la police. L'attaque est revendiquée par l'EI.

- Le prêtre Jacques Hamel est égorgé dans son église de Saint-Étienne-du-Rouvray (nord-ouest) le 26 juillet par deux jeunes de 19 ans fichés S qui sont abattus. L'assassinat est revendiqué par l'EI.

2015

- Deux frères français, de parents algériens, tuent 12 personnes le 7 janvier au siège de l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo à Paris. Les deux islamistes, qui se réclament d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique, sont tués après deux jours de cavale.

- Le 8 janvier, un Français, né de parents maliens, tue une policière à Montrouge, en banlieue parisienne. Le lendemain, ce délinquant radicalisé, qui se revendique de l'EI, tue quatre otages, tous juifs, dans un supermarché casher de l'Est parisien. Il est abattu dans l'assaut.

- Un chauffeur-livreur tue et décapite son patron le 26 juin puis tente de faire exploser une usine à Saint-Quentin-Fallavier (sud-est). Mis en examen, il se suicide en prison six mois plus tard.

- Dans le train Thalys Amsterdam-Paris, le 21 août, un Marocain de 25 ans muni d'un fusil d'assaut blesse grièvement au pistolet un passager avant d'être maîtrisé par d'autres passagers. Condamné à la réclusion à perpétuité en décembre 2020, il a fait appel. 

- Le 13 novembre, neuf jihadistes font 130 morts et plus de 350 blessés, à Paris dans la salle de concert du Bataclan et aux terrasses de bars et restaurants, ainsi qu'à Saint-Denis, en banlieue. L'EI revendique les attaques.

Un siège de 30 heures

Des négociateurs de la police parlementent avec le jeune délinquant, qui revendique les trois attentats au nom d'Al-Qaïda. Le siège durera trente heures, jusqu'à l'assaut au cours duquel il est abattu.

Présenté comme son "mentor", Abdelkader sera condamné à trente ans de prison pour "complicité d'assassinats", la justice estimant qu'il a "sciemment apporté aide ou assistance dans la préparation des crimes commis par Mohammed Merah". 

Latifa Ibn Ziaten, mère du premier soldat tué, regrette que le jihadiste n'ait pas été capturé vivant et jugé. Elle avait été choquée d'entendre, un mois après les attentats, des jeunes du quartier des Izards lui dire: "Mohamed Merah, c'est un martyr, un héros de l'islam".

Depuis, elle a fondé l'association Imad pour la jeunesse et la paix, portant un message de lutte contre le fanatisme. Elle se dit "inquiète" car "la jeunesse est fracturée, souffre énormément. Je rencontre beaucoup de jeunes qui n'ont plus d'espoir. Il y a toujours de la haine, on n'est pas à l'abri".

De son côté, Jonathan Chetrit, ancien élève d'Ozar Hatorah, reprend dans son livre "Toulouse, 19 mars 2012" les témoignages poignants d'autres survivants au procès d'Abdelkader Merah. Il regrette "un traitement médiatique focalisé sur la personnalité et la famille du tueur" plutôt que sur ses victimes au moment des faits.

Le 20 mars, une cérémonie commémorative est prévue à Toulouse en présence de proches des victimes, de politiques et responsables religieux.


Des socialistes au RN, Lecornu reçoit ses opposants avant une grande journée d'action

Le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu (C) participe à une réunion lors de sa visite au centre départemental de santé de Macon, dans le centre-est de la France, le 13 septembre 2025.  (AFP)
Le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu (C) participe à une réunion lors de sa visite au centre départemental de santé de Macon, dans le centre-est de la France, le 13 septembre 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre Sébastien Lecornu entame une série de réunions avec les oppositions avant une grande journée de mobilisation, dans un climat tendu marqué par les revendications sociales et les divergences sur le plan de redressement budgétaire

PARIS: Sébastien Lecornu reçoit mercredi ses opposants politiques, à la veille d'une journée importante de mobilisation sociale, sans grande marge de manœuvre pour discuter, au vu des lignes rouges qu'ils posent et des menaces de censure.

Tous les dirigeants de gauche - à l'exception de La France insoumise qui a refusé l'invitation -  ainsi que ceux du Rassemblement national vont défiler dans le bureau du nouveau Premier ministre, à commencer par les socialistes à 09H30.

Sébastien Lecornu a déjà échangé la semaine dernière avec les responsables du "socle commun" de la droite et du centre, ainsi que les syndicats et le patronat.

"Le premier qui doit bouger, c'est le gouvernement", a estimé pour sa part le président du groupe des députés Liot Laurent Panifous, reçu mardi, ajoutant que "le sujet des retraites ne peut pas être renvoyé uniquement à 2027".

François Bayrou avait obtenu la mansuétude du PS sur le budget 2025 en ouvrant un "conclave" sur la réforme des retraites, qui s'est soldé par un échec. Puis il a présenté à la mi-juillet un sévère plan de redressement des finances publiques qui a fait hurler toutes les oppositions.

Mercredi, "ça va être un round d'observation. La veille des grosses manifs, on sera dur, exigeant. Ce qui se joue ce n'est pas au premier chef un sujet budgétaire", mais un "sujet démocratique" car ce sont les "battus qui gouvernent", anticipe un responsable socialiste.

- Gestes -

Ces entretiens ont lieu sous la pression de la rue, alors qu'une mobilisation massive est attendue jeudi, de l'ordre de celles contre la réforme des retraites en 2023. Les syndicats contestent notamment les mesures budgétaires "brutales" de François Bayrou.

Avant d'entamer les discussions, Sébastien Lecornu a fait plusieurs gestes en direction de la gauche et de l'opinion: retrait de la proposition impopulaire de supprimer deux jours fériés, et promesse de ne pas rouvrir le conclave sur les retraites.

Il a aussi consacré son premier déplacement samedi à l'accès aux soins, avant d'annoncer la suppression très symbolique, dès l'an prochain, des avantages restants octroyés aux ex-Premiers ministres.

Les socialistes ont eux posé leurs conditions dès dimanche face aux offres appuyées de dialogue du Premier ministre.

Ils considèrent que le plan Bayrou "ne doit pas servir de base de discussion", alors que Sébastien Lecornu a l'intention d'en faire un point de départ, puis de mettre les parlementaires devant leur responsabilité pour l'amender.

- "Rupture" -

Mercredi, les socialistes viendront avec en main un sondage Ifop commandé par le parti montrant que les Français, quelles que soient leurs sensibilités, plébiscitent les mesures poussées par le PS.

Parmi elles, la création d'une taxe de 2% sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d'euros - la fameuse taxe Zucman, qui enflamme ce débat budgétaire - à laquelle 86% des sondés sont favorables, dont 92% des sympathisants Renaissance et 89% des sympathisants LR.

Le Premier ministre a cependant déjà fermé la porte à cette taxe, tout en reconnaissant que se posaient "des questions de justice fiscale".

La taxe Zucman, "c'est une connerie, mais ils vont la faire quand même parce que ça permet d'obtenir un accord de non-censure" avec la gauche, a de son côté prédit mardi Marine Le Pen, sans pour autant fermer la porte à une mise à contribution des plus fortunés.

"Si la rupture consiste à un retour aux sources socialistes du macronisme, c'est contraire à l'aspiration majoritaire du pays", a également mis en garde la cheffe des députés RN, attendue à 16H00 à Matignon avec Jordan Bardella.

Un avertissement auquel le patron des députés LR Laurent Wauquiez a fait écho mardi en dénonçant "la pression du PS", craignant qu'il "n'y ait plus rien sur l'immigration, la sécurité ou l'assistanat" dans le budget.

Autre point au cœur des discussions, le niveau de freinage des dépenses. La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a appelé dimanche à chercher un accord autour "de 35 à 36 milliards" d'euros d'économies, soit moins que les 44 milliards initialement prévus par François Bayrou, mais plus que les 21,7 milliards du PS.

"Les socialistes donnent l'air d'être déterminés et de poser des conditions mais c'est un moyen de rentrer dans les négociations", estime Manuel Bompard, coordinateur de LFI, grinçant sur la politique des "petits pas" du PS, au détriment des "grands soirs".


La France rapatrie treize femmes et enfants depuis les camps en Syrie, une première depuis deux ans

La Française Emilie Konig marche dans le camp Al-Roj, dans le nord-est de la Syrie, le 28 mars 2021, où elle est détenue avec d'autres personnes soupçonnées d'être des proches de membres présumés du groupe Daesh. (AFP)
La Française Emilie Konig marche dans le camp Al-Roj, dans le nord-est de la Syrie, le 28 mars 2021, où elle est détenue avec d'autres personnes soupçonnées d'être des proches de membres présumés du groupe Daesh. (AFP)
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  • La France a rapatrié dix enfants et trois femmes détenus dans des camps jihadistes en Syrie, marquant la première opération du genre depuis deux ans
  • Deux femmes ont été placées en garde à vue, et une troisième présentée à un juge antiterroriste

PARIS: La France a rapatrié tôt mardi matin dix enfants et trois femmes âgées de 18 à 34 ans qui étaient détenus dans des camps de prisonniers jihadistes dans le nord-est de la Syrie, une première depuis deux ans.

Parmi les femmes, "deux ont été placées en garde à vue, sur commission rogatoire du juge d'instruction", a annoncé le Parquet national antiterroriste (Pnat) dans un communiqué.

"Une autre femme, faisant l'objet d'un mandat d'arrêt, sera présentée à un juge d'instruction dans la journée" en vue d'une possible mise en examen, a-t-il ajouté.

"Les mineurs sont pris en charge dans le cadre de procédures d'assistance éducative sous la responsabilité du parquet" de Versailles, a indiqué le Pnat, qui "assurera le suivi centralisé des mineurs concernés, en lien avec les parquets territoriaux".

"La France remercie les autorités syriennes de transition ainsi que l'administration locale du Nord-Est syrien qui a rendu possible cette opération", a déclaré de son coté le porte-parole du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères.

Cette opération est une première depuis juillet 2023 en France, où ces retours restent une question sensible, dix ans après la vague d'attentats jihadistes sur le sol national.

Au total, 179 enfants et 60 femmes adultes ont été rapatriées depuis 2019, précise une source diplomatique.

Mais ces opérations avaient cessé à l'été 2023, faute de volontaires selon les autorités, et ce malgré des condamnations internationales dont celle de la Cour européenne des droits de l'Homme en 2022.

- "Arbitraire" -

"Pour les familles qui attendaient leurs petits-enfants, neveux et nièces depuis plus de six ans, c'est un immense et indescriptible soulagement", a déclaré l'avocate des femmes rapatriées, Marie Dosé, dans un communiqué transmis à l'AFP.

Mais "la France laisse derrière elle 110 autres enfants français, toujours détenus dans le camp Roj", l'un des camps contrôlés comme d'autres centres et prisons par les forces kurdes, depuis plus de six ans, dénonce-t-elle.

Des dizaines de milliers de personnes, d'une cinquantaine de nationalités et soupçonnées de liens avec l'organisation jihadiste État islamique, sont retenues dans ces camps.

En juin, quelque 120 enfants et une cinquantaine de femmes françaises y étaient encore retenus, selon le Collectif des Familles unies, qui rassemble leurs proches.

Après ce rapatriement nocturne, ce collectif a rediffusé sur X mardi matin son message habituel dénonçant la détention sur place d'enfants "coupables de rien" dans "des conditions indignes".

Car pour ces familles, rien n'est encore réglé. "Une nouvelle fois, la France fait le choix de l'arbitraire", regrette Marie Dosé.

"La France, qui refusait de rapatrier des enfants tant que leurs mères n'avaient pas donné leur accord, refuse aujourd'hui leur retour alors qu'ils sont devenus majeurs. Ce faisant et plus que jamais, la France décide donc de faire payer à ces enfants le choix de leurs parents", estime-t-elle aussi.

Elle dénonce également le sort de femmes sans enfant ou dont les enfants sont décédés, et que la France refuse désormais de rapatrier, ainsi que d'enfants nés en France et "conduits de force en Syrie" avant de pouvoir acquérir la nationalité, ou de jeunes majeurs enfermés dans d'autres lieux de détention syriens.

Pour Matthieu Bagard, responsable du pôle expertise Syrie de l'ONG Avocats sans frontières France, "ce rapatriement démontre une nouvelle fois que la France a la possibilité d'organiser ces opérations". Mais il déplore lui aussi la situation des femmes et jeunes majeurs toujours "illégalement détenus".

En février, l'administration kurde a annoncé, en coordination avec l'ONU, son intention de vider d'ici fin 2025 les camps du nord-est de la Syrie des déplacés syriens et irakiens, y compris les proches présumés de jihadistes.


Après «Bloquons tout» et les promesses de «rupture», les syndicats dans la rue jeudi

"Le budget va se décider dans la rue": à l'instar de la CGT, les organisations syndicales appellent à faire grève et manifester jeudi pour contester des mesures budgétaire "brutales" annoncées cet été et que le nouveau Premier ministre n'a pour l'heure pas écartées. (AFP)
"Le budget va se décider dans la rue": à l'instar de la CGT, les organisations syndicales appellent à faire grève et manifester jeudi pour contester des mesures budgétaire "brutales" annoncées cet été et que le nouveau Premier ministre n'a pour l'heure pas écartées. (AFP)
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  • Après sa rencontre avec Sébastien Lecornu lundi, la cheffe de file de la CGT, Sophie Binet, se montrait plus que jamais déterminée, malgré l'abandon de la suppression de deux jours fériés samedi
  • Dès son arrivée à Matignon, Sébastien Lecornu avait promis des "ruptures sur le fond" et "pas que sur la forme"

PARIS: "Le budget va se décider dans la rue": à l'instar de la CGT, les organisations syndicales appellent à faire grève et manifester jeudi pour contester des mesures budgétaire "brutales" annoncées cet été et que le nouveau Premier ministre n'a pour l'heure pas écartées.

Après sa rencontre avec Sébastien Lecornu lundi, la cheffe de file de la CGT, Sophie Binet, se montrait plus que jamais déterminée, malgré l'abandon de la suppression de deux jours fériés samedi. "(Il) ne s'est engagé à rien du tout. Aucune des mesures catastrophiques du musée des horreurs de M. Bayrou n'est enterrée !", a-t-elle lancé.

Dès son arrivée à Matignon, Sébastien Lecornu avait promis des "ruptures sur le fond" et "pas que sur la forme". Depuis vendredi, il reçoit les syndicats représentatifs - à l'exception de Frédéric Souillot (FO) qui souhaite le rencontrer après le 18. Mais ces derniers maintiennent leur appel à la mobilisation du 18, espérant peser de tout leur poids sur les futures orientations budgétaires.

CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, FSU et Solidaires seront ainsi unis jeudi dans la rue, pour la première fois depuis le 6 juin 2023 - date de la dernière mobilisation contre la réforme des retraites.

Les mesures avancées cet été sont "d'une brutalité sans précédent", dénonçaient-ils fin août dans un communiqué commun, regrettant que l'ancien gouvernement choisisse "encore une fois de faire payer les travailleuses et les travailleurs, les précaires, les retraité·es, les malades".

Ils pointent "des coupes dans les services publics, (...), une énième réforme de l'assurance chômage, le gel des prestations sociales et celui des salaires des fonctionnaires comme des contractuel·les, la désindexation des pensions de retraites, le doublement des franchises médicales, la remise en cause de la 5ème semaine de congés payés…".

L'abandon de la suppression de deux jours fériés, unanimement décriée par le monde syndical, constitue "une première victoire", qui "confirme que nous sommes en position de force", a estimé Sophie Binet.

Même la CFDT, pourtant peu rompue aux cortèges syndicaux, maintient sa participation: vendredi, Marylise Léon a réaffirmé que son syndicat était "plus que jamais motivé pour aller dans la rue", à l'issue de son entrevue avec Sébastien Lecornu.

"Le budget tel qu'il a commencé à être construit n'est pas compatible avec la justice sociale, fiscale et environnementale donc il y a vraiment besoin de le revoir de fond en comble", a-t-elle estimé lundi sur France Inter.

Sur la durée ? 

Sur la taxation des hauts patrimoines, revenue au cœur du débat, Mme Léon a pourtant apprécié que le Premier ministre dise être conscient de la nécessité de "faire quelque chose".

"Le budget, il va se décider dans la rue", insiste Mme Binet. Ainsi, "il faut faire une démonstration de force jeudi prochain et après", laissant entrevoir une mobilisation dans la durée.

Lundi, la CGT annonçait déjà plus de 220 manifestations, un chiffre encore amené à évoluer.

Les organisations syndicales parviendront-elles à dépasser l'affluence du mouvement citoyen "Bloquons tout" - qui a rassemblé près de 200.000 personnes le 10 septembre selon le ministère de l'Intérieur, sans toutefois parvenir à paralyser le pays ? Les manifestants du 10, parfois méfiants vis-à-vis des syndicats, participeront-ils à cette nouvelle journée ?

Aucune inquiétude côté syndical: "Nous avons déjà d'excellents retours sur la mobilisation de jeudi", assure Frédéric Souillot (FO).

"Nous avons l'objectif d'avoir un million de personnes avec nous", avance de son côté Cyril Chabanier (CFTC).

"La colère sociale est toujours là", abonde Julie Ferrua, co-déléguée générale de Solidaires.

De leur côté, les autorités s'attendent à une mobilisation plus importante que le 10 septembre et craignent la présence de plusieurs centaines de manifestants radicaux dans des cortèges. Une cellule de crise sera ouverte dès mardi au ministère de l'Intérieur.

Après le 18, ce sera le tour des agriculteurs de la FNSEA, le 26 septembre, de mener "une grande journée d'actions" autour des échanges internationaux de produits agricoles.