Corée du Nord: les experts prédisent le lancement d'un «missile monstre» en avril

Des personnes regardent un écran de télévision montrant une séquence d'un essai de missile nord-coréen, dans une gare de Séoul, le 5 mars 2022. (AFP).
Des personnes regardent un écran de télévision montrant une séquence d'un essai de missile nord-coréen, dans une gare de Séoul, le 5 mars 2022. (AFP).
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Publié le Vendredi 11 mars 2022

Corée du Nord: les experts prédisent le lancement d'un «missile monstre» en avril

  • Le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un a déclaré l'an dernier qu'améliorer les capacités militaires du pays était prioritaire pour le régime
  • Depuis janvier, Pyongyang a effectué neuf essais de missiles, un record en si peu de temps

SEOUL: La Corée du Nord, prétendant mener un programme de satellites, a mis au point un "missile monstre" qu'elle pourrait essayer en avril, ce qui modifiera l'équilibre des forces dans la région et éprouvera la fermeté du nouveau président sud-coréen, prédisent les analystes.

Le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un a déclaré l'an dernier qu'améliorer les capacités militaires du pays était prioritaire pour le régime. Depuis janvier, Pyongyang a effectué neuf essais de missiles, un record en si peu de temps.

Principale priorité: développer un missile balistique intercontinental (ICBM) capable de porter plusieurs ogives conventionnelles ou nucléaires suivant chacune une trajectoire indépendante, difficiles à intercepter par les systèmes antimissiles des Etats-Unis.

Ce missile, le Hwasong-17, a été surnommé le "missile monstre" par les analystes militaires. Il a été montré lors d'une parade à Pyongyang en octobre 2020 et n'a encore jamais été testé.

Mais les Etats-Unis et la Corée du Sud accusent le régime nord-coréen d'en avoir récemment testé certaines parties, sous couvert de ce qui a été présenté comme des essais de lancement de satellites.

La Corée du Nord observe depuis 2017 un moratoire auto-imposé sur le lancement d'ICBM. Mais les sanctions internationales, imposées en représailles contre son programme de missiles et d'armes nucléaires, continuent à peser lourdement sur son économie, les négociations sont au point mort et beaucoup d'experts prédisent un coup d'éclat imminent.

"Je pense que le moratoire a vécu. Nous devons nous attendre à une reprise des essais d'ICBM", estimé Ankit Panda, un analyste sur les questions de sécurité basé aux Etats-Unis.

Deux tests de missiles, le 27 février et le 5 mars, "semblent avoir utilisé des parties, ou peut-être même la totalité du moteur-fusée que l'on a vu sur l'ICBM Hwasong-17", explique-t-il.

«Jour du Soleil»

Cet expert n'écarte pas non plus la possibilité que ces deux essais aient également porté sur le dispositif permettant "de porter plusieurs têtes afin de frapper différentes cibles avec le même missile".

A ce jour, la Corée du Nord n'a pas encore démontré qu'elle maîtrisait cette technologie, même si elle a lancé à trois reprises en 2017 des ICBM capables d'atteindre la côte Ouest des Etats-Unis.

La plupart des analystes s'attendent à ce que la date choisie pour la mise à feu du "missile monstre" soit le 15 avril, le "Jour du Soleil", qui marque l'anniversaire (110 ans cette année) du fondateur de la Corée du Nord Kim Il Sung. C'est la date la plus importante du calendrier politique nord-coréen.

Ce possible essai interviendrait à un moment délicat dans la région, alors qu'en Corée du Sud le conservateur Yoon Suk-yeol vient d'être élu président et succédera en mai à Moon Jae-in, partisan d'un dégel avec le Nord.

«Garçon malpoli»

M. Yoon prône la fermeté à l'égard de Pyongyang. Il a qualifié Kim Jong Un de "garçon malpoli" et a promis de "lui apprendre quelques manières". Il n'a pas exclu de lancer une frappe préventive contre le Nord.

Une telle intransigeance risque d'engendrer une escalade, estime Yang Moo-jin, professeur à l'Université des études nord-coréennes. De nouvelles sanctions seront probablement adoptées après l'essai du super-missile, "auxquelles Pyongyang répondra par encore plus d'essais d'armement", pronostique-t-il.

"Au bout du compte, les tensions dans la péninsule coréenne risquent de s'intensifier encore plus", prévient M. Yang.

En marquant une pause de près de cinq ans dans les essais d'ICBM, Pyongyang a "cherché à faire de la place pour la diplomatie et à éviter de nouvelles sanctions", mais n'a jamais cessé de travailler à la diversification de ses missiles, estime Leif-Eric Easley, professeur à l'Université Ehwa de Séoul.

Et au final, "pour s'assurer de leur précision et de leurs capacités de rentrée dans l'atmosphère, il faut tester ces armes", ajoute-t-il.

Washington a accusé la Corée du Nord de préparer ce lancement "potentiellement déguisé en opération spatiale" et dénoncé une "escalade grave".

Kim Jong Un a visité jeudi le centre de tests de satellites nord-coréen et appelé à sa modernisation et son expansion, selon les médias d'Etat.

Certains analystes jugent excessives les réactions des Etats-Unis et de la Corée du Sud, et rappellent que Pyongyang a le droit de développer un programme spatial, même si les fusées civiles présentent de nombreuses caractéristiques communes avec les ICBM.

"Si on vous interdit de posséder un couteau de cuisine juste parce qu'il y a un risque pour que vous vous en serviez pour tuer quelqu'un, que ferez-vous dans votre cuisine quand vous devrez vous préparer à manger?" interroge Cheong Seong-Chang, spécialiste de la Corée du Nord à l'institut Sejong.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.