A l’école Ohr Torah de Toulouse, «faire bloc» face à la douleur, dix ans après la tuerie

Le président français Emmanuel Macron et le président israélien Isaac Herzog (2e à gauche), avec Yaacov Monsonego (3e à gauche), directeur de l'école et père de Myriam tuée par Merah, et d'autres personnalités devant l'entrée du collège et du lycée Ohr Torah à Toulouse. (AFP).
Le président français Emmanuel Macron et le président israélien Isaac Herzog (2e à gauche), avec Yaacov Monsonego (3e à gauche), directeur de l'école et père de Myriam tuée par Merah, et d'autres personnalités devant l'entrée du collège et du lycée Ohr Torah à Toulouse. (AFP).
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Publié le Dimanche 20 mars 2022

A l’école Ohr Torah de Toulouse, «faire bloc» face à la douleur, dix ans après la tuerie

  • Adolescents et jeunes adultes, présents le 19 mars 2012 quand trois écoliers et un professeur ont été tués dans l'attaque, se tiennent la main, se racontent ce qu’ils sont devenus
  • «La douleur est intense, ce qui s’est passé a été traumatisant et l’absence ne sera jamais comblée», confie l'amie de Myriam Monsonégo

TOULOUSE: "C'est une famille ici": Venus de Paris, Lisbonne, Londres pour une commémoration dimanche au collège-lycée Ohr Torah à Toulouse (sud-ouest), dix ans après la tuerie du terroriste Mohamed Merah, les anciens élèves de l'école juive avaient besoin de "faire bloc". 

Adolescents et jeunes adultes, présents le 19 mars 2012 quand trois écoliers et un professeur ont été tués dans l'attaque, se prennent dans les bras, se tiennent la main, se racontent ce qu’ils sont devenus, embrassent leurs anciens professeurs.

"C’est ici qu’on on a grandi ensemble, dansé, rigolé", confie Ava Ouaknine, 19 ans, amie de Myriam Monsonégo, fillette de 7 ans abattue dans la cour de l'école par le tueur. 

Dans cette cour de récréation, prendre la parole est une façon pour elle de "retracer l'histoire (de Myriam), la faire vivre". "La douleur est intense, ce qui s’est passé a été traumatisant et l’absence ne sera jamais comblée. Mais c’est la volonté de vivre et la solidarité au sein de l’établissement qui seront les plus fortes".

Au moment de son discours poignant en souvenir de Myriam, des larmes coulent silencieusement sur les visages.

Attaques de Merah: "nous n'avons pas pris la mesure de la menace islamiste", selon Pécresse

La candidate LR à l'Elysée Valérie Pécresse a estimé dimanche sur France 3 que "nous n'avons pas encore pris totalement la pleine mesure de cette menace islamiste", dix ans après les attentats perpétrés par Mohamed Merah.

Valérie Pécresse, qui s'est rendue vendredi sur les lieux d'une des attaques, a d'abord redit dimanche "tout (s)on soutien et toute (s)on affection aux familles des victimes".

"Dans mon projet pour la France, il y aura une grande loi constitutionnelle dans laquelle on affirmera toute une série de principes sur la sécurité, sur l'immigration et sur la lutte contre l'islamisme", a-t-elle poursuivi.

Ainsi, via un référendum, "il y aura dans la Constitution le fait que nul ne peut se prévaloir de son origine ou de sa religion pour échapper à la loi commune. La loi de la République est au-dessus de la foi", a martelé la candidate LR.

En outre, la consultation habituelle des sites jihadistes sera "pénalisée" et "tout étranger qui prêche la haine sera renvoyé immédiatement", y compris s'il a obtenu "un droit d'asile", a-t-elle prôné.

"Je souhaite aussi que le fait d'être radicalisé puisse être une cause réelle et sérieuse de licenciement parce que les entreprises le demandent", a ajouté Mme Pécresse, donnée à 11% dans les derniers sondages, en 5e position, loin derrière Emmanuel Macron crédité de 30% environ.

Se relever

Les anciens élèves disent leur attachement à l'établissement. "C’est une famille ici, souligne Julien Benarroche, étudiant au Portugal, les professeurs ne sont pas juste des professeurs, ils nous ont aidés, nous ont assistés, nous ont suivis dans les cours mais aussi dans notre vie personnelle. Ils nous ont aidés à nous relever".

Laurence Cohen est la mère d’une ancienne élève qui était en seconde au moment des faits. Avant le début des discours, elle appelle sa fille qui vit en Israël, en branchant la vidéo: "Regarde la cour, tes amis".

"Après le bac, elle est partie vivre en Israël avec tout un groupe de copines. C’est très émouvant de se dire que ça fait 10 ans déjà. On est très soudés".

Devant l’école, des roses de toutes les couleurs ont été accrochées à des grilles. Des dizaines de personnes, anciens élèves, professeurs, parents d’élèves assistent, les yeux mouillés, à la cérémonie dans la cour de l’école Ohr Torah, devant l’Arbre de vie, érigé en souvenir des victimes.

Dix ans après les attaques de Merah, Toulouse honore les victimes

Il y a dix ans, la série d'attaques de Mohamed Merah, un délinquant âgé de 23 ans, avait généré l'effroi: le 11 mars, à Toulouse, un militaire du 1er Régiment du train parachutiste, Imad Ziaten, 30 ans, était le premier à tomber d'une balle dans la tête.

Le 15, trois militaires sont visés alors qu'ils retirent de l'argent devant la caserne du 17e Régiment du génie parachutiste à Montauban: Mohamed Legouad, 23 ans, et Abel Chennouf, 26 ans, sont tués; Loïc Lieber, un Guadeloupéen de 28 ans, restera tétraplégique.

Le 19 mars, vers 08h00, l'affaire prend une autre tournure: deux enfants, Myriam Monsonego, 7 ans, et Gabriel Sandler, 3 ans, sont abattus à bout portant dans la cour de récréation de l'école Ozar Hatorah de Toulouse. Quelques secondes plus tôt, Arié Sandler, 6 ans, et son père Jonathan Sandler succombaient aux balles du tueur casqué.

Plusieurs centaines d'enquêteurs sont mobilisés pour identifier l'auteur qui a basculé dans le fondamentalisme lors de séjours en prison, mais est passé sous les radars de l'antiterrorisme.

Dans la nuit du 20 au 21 mars, les policiers lancent une opération pour l'interpeller, mais le RAID se heurte à une résistance inattendue chez le suspect qui ouvre le feu à travers la porte de son appartement.

Des négociateurs de la police parlementent avec le jeune délinquant, qui revendique les trois attentats au nom d'Al-Qaïda. Le siège durera trente heures, jusqu'à l'assaut au cours duquel il est abattu. 

Les attaques de Toulouse et Montauban, survenues quelques jours avant l'élection présidentielle lors de laquelle s'affrontaient le président sortant Nicolas Sarkozy et le leader socialiste François Hollande, ont marqué le début d'une série d'attaques terroristes en France, avec notamment ceux visant Charlie Hebdo, le Bataclan, l'Hyper Casher.

Se livrer, verbaliser

"J'avais 16 ans, cela a changé ma vie. Ca a été très dur, je faisais des cauchemars. Puis je me suis reconstruite et finalement ça m'a aidée à réussir, à avancer, à persévérer. Je me suis dit +j'ai de la chance d'être là+ et ça m'a boostée pour mes études", confie Sharon Benitah, qui a fait le voyage depuis New York. 

Après ses études à Toulouse, Jonathan Chetrit, 27 ans, s'est installé à Paris, est devenu avocat et a publié un livre des témoignages d'élèves, professeurs, parents d'élèves "Toulouse 19 mars 2012. L'attentat de l'école Ozar Hatorah par ceux qui l'ont vécu". 

Il dit avoir eu "besoin (avec son livre) de remettre les victimes au centre, de donner la parole aux témoins directs, aux élèves qui étaient présents à l'école ce matin-là. Leur donner la parole pour qu'ils puissent enfin témoigner, enfin se livrer, car ils avaient besoin de verbaliser".

Un peu plus loin, Carine Chaput, professeur d'anglais, prend ses anciens élèves dans ses bras. "On est une région de rugby, on était un pack, on était une mêlée, c'est ça qui nous tenait debout", dit la femme de 58 ans, en repensant aux jours qui ont suivi l'attentat. 


A Béziers, Robert Ménard instaure un couvre-feu pour les moins de 13 ans

Maire français de Béziers, Robert Ménard (Photo, AFP).
Maire français de Béziers, Robert Ménard (Photo, AFP).
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  • «Les parents des enfants concernés pourront faire l'objet de poursuites pénales»
  • En France, la responsabilité pénale d'un mineur peut être engagée, même si son âge et sa capacité de discernement sont pris en compte par les juges

MONTPELLIER: Le maire de Béziers (Hérault), Robert Ménard, a instauré un couvre-feu pour les mineurs de moins de 13 ans dans plusieurs quartiers, a-t-il indiqué mardi, jour où syndicats et associations de gauche vont manifester "contre les idées d'extrême droite" dans cette ville.

Ex-proche de Marine Le Pen aujourd'hui fâché avec le Rassemblement national, M. Ménard a signé lundi un arrêté municipal stipulant que "tout mineur âgé de moins de 13 ans ne pourra, sans être accompagné d'une personne majeure, circuler de 23H00 à 06H00 sur la voie publique" dans trois "quartiers prioritaires".

L'interdiction s'applique "toutes les nuits" du 22 avril au 30 septembre. "En cas d'urgence ou de danger immédiat pour lui ou pour autrui", ces mineurs pourront être "reconduits à (leur) domicile ou au commissariat", prévoit l'arrêté.

"Les parents des enfants concernés pourront faire l'objet de poursuites pénales", prévient le texte.

Dans son arrêté, le maire de Béziers justifie sa décision par le "nombre croissant de jeunes mineurs livrés à eux-mêmes en pleine nuit", ainsi que par une "aggravation du nombre de faits", notamment de "violences urbaines", citant l'incendie d'une école il y a quatre ans, en 2019, et les "émeutes de juillet 2023".

Interrogé par l'AFP, M. Ménard n'a pas cité de chiffres précis mais affirme que la délinquance des moins de 13 ans constitue un "angle mort" des statistiques parce qu'on ne les amène pas devant le juge et qu'on ne les condamne pas".

Responsabilité pénale  

En France, la responsabilité pénale d'un mineur peut être engagée, même si son âge et sa capacité de discernement sont pris en compte par les juges des enfants qui les suivent.

Selon la "première photographie de la délinquance et insécurité en 2023", publiée début 2024 par le ministère de l'Intérieur, les moins de 13 ans ont représenté 2% des mis en cause dans les atteintes aux personnes (contre 36% pour les 30 à 44 ans) et 1% des mis en cause pour vols violents (contre 44% pour les 18 à 29 ans).

En 2018, le Conseil d'Etat avait annulé un arrêté similaire pris en 2014 par Robert Ménard pointant l'absence "d'éléments précis de nature à étayer l'existence de risques particuliers relatifs aux mineurs de moins de 13 ans".

M. Ménard a assuré que sa décision n'avait aucun lien avec la "Marche pour les libertés, contre les idées d'extrême droite" organisée à Béziers mardi à l'initiative de plusieurs syndicats et à laquelle doivent participer la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, et celui de la FSU, Benoit Teste.

Mardi, le maire Horizons de Nice, Christian Estrosi, a estimé sur BFMTV que "le maire de Béziers a raison" et qu'il souhaitait "renouveler" un arrêté sur les mineurs de moins de 13 ans, qui avait été en vigueur entre 2009 et 2020.

Un tel couvre-feu "relève davantage de la politique de façade", a regretté l'élue d'opposition (Ecologiste), Juliette Chesnel-Le Roux, reprochant à M. Estrosi "le rabotage des budgets école et logement".

En 2009, le couvre-feu à Nice avait aussi suscité la perplexité de syndicats de policiers nationaux, se disant peu enclins "à faire la nounou".

Depuis lundi, un couvre-feu pour les mineurs est en vigueur à Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, pour une durée d'un mois "renouvelable".

D'autres villes en France ont pris des arrêtés similaires pour les mineurs sur des durées limitées, comme Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes) qui le fait depuis 2004 pour les moins de 13 ans.


L'intelligence artificielle va «simplifier» les démarches administratives, promet Attal

Le Premier ministre français Gabriel Attal visite les locaux de « France Services » à Sceaux, près de Paris, le 23 avril 2024 (Photo, AFP).
Le Premier ministre français Gabriel Attal visite les locaux de « France Services » à Sceaux, près de Paris, le 23 avril 2024 (Photo, AFP).
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  • Devant la multiplication des acronymes de l'administration, il a aussi annoncé le lancement d'un audit
  • Attal a enfin confirmé que la procuration de vote en ligne, possible aux prochaines élections européennes, serait étendue aux autres scrutins

SCEAUX: Gabriel Attal a souhaité mardi mettre l'intelligence artificielle (IA) développée en France "au service" des usagers et des fonctionnaires et annoncé la création de 300 maisons France Services supplémentaires d'ici 2026 pour "simplifier" le quotidien des Français dans leurs démarches administratives.

"Osons mettre l'IA au service des Français. Débureaucratisons l'administration et simplifions les quotidiens", a affirmé le Premier ministre après avoir visité la maison France Services de Sceaux, dans les Hauts-de-Seine, qui utilise déjà une IA générative 100% française.

Gabriel Attal a effectué ce déplacement après avoir réuni une quinzaine de ministres à Matignon pour un 8e comité interministériel de la Fonction publique (CITP).

L'administration fiscale va déployer une IA 100% française nommée Albert, conçue par la direction interministérielle du numérique (Dinum), "pour rédiger les réponses aux 16 millions de demandes annuelles en ligne", a-t-il précisé.

Chaque réponse sera néanmoins validée ou modifiée le cas échéant par un agent. "Mais l'analyse de la réglementation sera automatisée, les réponses drastiquement accélérées et le travail des agents rendu moins pénible et plus intéressant", a-t-il fait valoir.

De même 4.000 projets environnementaux déposés chaque année dans les directions régionales de l'environnement seront désormais "pré-instruits par une IA", comme des projets de parcs éoliens ou d'aménagement urbain.

Toutes options 

Cette IA servira aussi "dès la fin de l'année" à automatiser la retranscription d'audiences judiciaires, le dépôt de plaintes ou les compte-rendus médicaux. Elle sera également mise au service de la détection des feux de forêts ou de la gestion RH des fonctionnaires.

"A l’IA les tâches rébarbatives, et aux agents publics, le lien avec nos concitoyens", a promis Gabriel Attal.

Devant la multiplication des acronymes de l'administration, il a aussi annoncé le lancement d'un audit, "ministère par ministère, pour passer en revue l’intégralité des contenus en ligne et des formulaires" et rendre le langage administratif "intelligible, accessible".

Le chef du gouvernement a enfin confirmé que la procuration de vote en ligne, possible aux prochaines élections européennes, serait étendue aux autres scrutins.

Depuis mi-avril, il est possible, pour peu que l'on dispose d'une carte d'identité nouvelle version, de donner sa procuration pour les élections européennes du 9 juin en ligne, sans avoir à se déplacer en commissariat ou en brigade de gendarmerie.

Gabriel Attal a également annoncé l'extension des espaces France Services, qui permettent aux usagers de se faire aider dans la plupart de leurs démarches administratives, à 300 villes moyennes d'ici 2026, ce qui portera ces "maisons" à 3.000.


À Paris, un Français crache sur une femme musulmane qui porte un hijab

Un homme marche dans une rue de la ville de Châteauroux, dans le centre de la France, près de Deols où se déroulera l'épreuve de tir des Jeux Olympiques de Paris 2024 au Centre National de Tir (CNTS), le 7 avril 2024. (Photo de Martin BUREAU / AFP)
Un homme marche dans une rue de la ville de Châteauroux, dans le centre de la France, près de Deols où se déroulera l'épreuve de tir des Jeux Olympiques de Paris 2024 au Centre National de Tir (CNTS), le 7 avril 2024. (Photo de Martin BUREAU / AFP)
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  • Fatima Saidi, une influenceuse marocaine qui a récemment visité la capitale française, a révélé sur son compte TikTok le racisme dont elle avait été victime
  • L’influenceuse a qualifié le comportement de cet homme de «raciste» et «machiste»

PARIS: Un incident a récemment suscité l'indignation: à Paris, un Français a craché sur une femme musulmane qui portait un hijab.  

Fatima Saidi, une influenceuse marocaine qui a récemment visité la capitale française, a révélé sur son compte TikTok le racisme dont elle avait été victime. 

 

Cette jeune femme de 22 ans a affirmé qu'un homme d'âge moyen qui faisait son jogging alors qu'elle se trouvait sur un trottoir a craché sur son hijab. 

Saidi a filmé son agresseur, qui a craché à nouveau, sur la caméra cette fois. 

Fatima Saidi a décidé de porter plainte contre cet individu auprès du commissariat de police de Paris Centre.  

L’influenceuse a qualifié le comportement de cet homme de «raciste» et «machiste».