Tunisie: un journaliste en détention pour avoir refusé de dévoiler ses sources

Des manifestants tunisiens tentent de retirer des barrières métalliques installées par les forces de sécurité, lors d'une manifestation contre leur président, non loin du siège de l'Assemblée tunisienne (parlement), dans la capitale Tunis, le 20 mars 2022. (Photo, AFP
Des manifestants tunisiens tentent de retirer des barrières métalliques installées par les forces de sécurité, lors d'une manifestation contre leur président, non loin du siège de l'Assemblée tunisienne (parlement), dans la capitale Tunis, le 20 mars 2022. (Photo, AFP
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Publié le Mercredi 23 mars 2022

Tunisie: un journaliste en détention pour avoir refusé de dévoiler ses sources

  • Khalifa Guesmi, journaliste de la radio tunisienne privée Mosaïque FM, a été arrêté le 18 mars au nom d'une loi antiterroriste, après la publication sur le site de la station d'un article qu'il a écrit sur le démantèlement d'une « cellule terroriste»
  • Deux autres journalistes de cette radio parmi lesquels le rédacteur en chef Houcine Dabbabi ont reçu une convocation pour se présenter vendredi devant un juge d'instruction au pôle judiciaire antiterroriste dans le cadre de cette affaire

TUNIS : Le Syndicat national des journalistes (SNJT) a accusé mercredi le pouvoir en Tunisie d'instrumentaliser les appareils de l'Etat pour "faire taire" les journalistes, après le placement en détention d'un correspondant ayant refusé de dévoiler ses sources. 

Khalifa Guesmi, journaliste de la radio tunisienne privée Mosaïque FM, a été arrêté le 18 mars au nom d'une loi antiterroriste, après la publication sur le site de la station d'un article qu'il a écrit sur le démantèlement d'une "cellule terroriste" et l'arrestation de ses membres.

Deux autres journalistes de cette radio parmi lesquels le rédacteur en chef Houcine Dabbabi ont reçu une convocation pour se présenter vendredi devant un juge d'instruction au pôle judiciaire antiterroriste dans le cadre de cette affaire.

Dans l'article en question, retiré du site à la demande des autorités, M. Guesmi, correspondant de Mosaïque FM à Kairouan (centre), avait affirmé qu'un ancien militaire et un professeur universitaire figuraient parmi les membres de la cellule démantelée.

"C'est une atteinte à la liberté de la presse ... et atteinte au droit des journalistes à l'accès à l'information", a déploré lors d'une conférence de presse Mahdi Jlassi, président du SNJT.

Selon lui, l'arrestation du journaliste est le "cas le plus grave depuis la révolution (de 2011) et surtout depuis le 25 juillet", lorsque le président Kais Saied s'est arrogé les pleins pouvoirs.

"C'est révélateur d'une politique qui instrumentalise les appareils de l'Etat pour faire taire et intimider les journalistes", a-t-il dit.

Cette arrestation est "une atteinte au droit des journalistes à protéger leurs sources", garanti par la loi, a-t-il ajouté, dénonçant comme des "mensonges" les assurances des autorités sur le respect de la liberté de la presse.

Mardi, la Fédération internationale des journalistes (FIJ) a réclamé dans un communiqué "la libération immédiate" du Khalifa Guesmi.

"Le président Saied a le devoir de défendre la liberté de la presse et d'assurer la sécurité de nos collègues dans l'exercice de leurs fonctions. Nous ne pouvons tolérer que les journalistes continuent d'être pris pour cible", a déclaré le secrétaire général de la FIJ, Anthony Bellanger. 


Nucléaire: «L'enrichissement en Iran se poursuivra, avec ou sans accord» avec les Etats-Unis

L'Iran va continuer à enrichir de l'uranium "avec ou sans accord" avec les puissances mondiales, a affirmé dimanche le chef de la diplomatie iranienne, au moment où Téhéran mène des discussions avec Washington et les puissances européennes sur le programme nucléaire iranien. (AFP)
L'Iran va continuer à enrichir de l'uranium "avec ou sans accord" avec les puissances mondiales, a affirmé dimanche le chef de la diplomatie iranienne, au moment où Téhéran mène des discussions avec Washington et les puissances européennes sur le programme nucléaire iranien. (AFP)
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  • Des négociations sont en cours sous la médiation d'Oman entre l'Iran et les Etats-Unis depuis le 12 avril, visant à conclure un nouvel accord pour encadrer le programme nucléaire de Téhéran
  • "Si les Etats-Unis souhaitent garantir que l'Iran ne possède pas d'armes nucléaires, un accord est à portée de main", a indiqué dimanche le ministre iranien des Affaires, Abbas Araghchi sur son compte X

TEHERAN: L'Iran va continuer à enrichir de l'uranium "avec ou sans accord" avec les puissances mondiales, a affirmé dimanche le chef de la diplomatie iranienne, au moment où Téhéran mène des discussions avec Washington et les puissances européennes sur le programme nucléaire iranien.

Les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, et Israël, considéré par des experts comme la seule puissance nucléaire au Moyen-Orient, soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire. Téhéran rejette ces allégations, défendant un droit au nucléaire à des fins civiles.

Des négociations sont en cours sous la médiation d'Oman entre l'Iran et les Etats-Unis depuis le 12 avril, visant à conclure un nouvel accord pour encadrer le programme nucléaire de Téhéran.

Ces négociations représentent le plus haut niveau d'engagement entre les deux parties depuis le retrait unilatéral de Washington en 2018 de l'accord international sur le nucléaire iranien conclu trois ans plus tôt.

"Si les Etats-Unis souhaitent garantir que l'Iran ne possède pas d'armes nucléaires, un accord est à portée de main", a indiqué dimanche le ministre iranien des Affaires, Abbas Araghchi sur son compte X, une semaine après de nouvelles discussions en vue d'un nouvel accord.

"Nous sommes prêts à engager un dialogue sérieux pour parvenir à une solution qui garantira durablement ce résultat", a encore dit M. Araghchi.

Les responsables américains ont affiché à plusieurs reprises leur opposition à l'enrichissement de l'uranium par Téhéran, qui ne cesse de répéter que son programme nucléaire n'a pas de visée militaire.

"L'enrichissement en Iran se poursuivra, avec ou sans accord", a assuré M. Araghchi dimanche.

"Dissonance" 

Les Etats-unis, ainsi que la France, le Royaume-Uni, et l'Allemagne mais aussi la Chine et la Russie, sont parties prenantes de l'accord international sur le nucléaire iranien conclu avec Téhéran en 2015.

Vendredi, l'Iran a mené des discussions en Turquie avec les puissances européennes sur son programme nucléaire, après un 4e cycle de pourparlers sous médiation omanaise le 11 mai entre l'Iran et les Etats-Unis, qui n'ont pas annoncé de percée mais affiché un optimisme prudent.

Les pourparlers irano-américains visent à conclure un nouvel accord censé empêcher l'Iran de se doter de l'arme atomique, une ambition que Téhéran a toujours niée, en échange d'une levée des sanctions qui paralysent l'économie iranienne.

Dimanche sur X, M. Araghchi a critiqué "la dissonance actuelle entre les déclarations publiques et privées" des responsables américains.

Il avait d'autre part indiqué plus tôt que son pays était prêt à "ouvrir un nouveau chapitre" avec les pays européens au moment où ces derniers menacent de réimposer des sanctions contre Téhéran.

"Nous voulons que l'Europe joue son rôle (dans les discussions sur le nucléaire), même si elle-même a minimisé son rôle", avait-il ajouté.

Le ministre iranien a abordé les discussions sur le nucléaire iranien avec le chef de la diplomatie omanaise, Badr al-Boussaïdi, et le Premier ministre du Qatar, Mohammed ben Abderrahmane Al Thani, en marge d'un forum diplomatique à Téhéran.

Les entretiens ont porté sur "des propositions liées aux pourparlers irano-américains visant à parvenir à un accord" entre les deux parties, a indiqué le chef de la diplomatie omanaise dans un communiqué.

Les ministres iranien et qatari ont discuté des moyens de parvenir à "l'accord souhaité entre les Etats-Unis et l'Iran", a pour sa part indiqué la diplomatie qatarie.

"Nous espérons que les discussions entre l'Iran et les Etats-Unis aboutiront à un accord équitable qui garantira une stabilité durable dans la région", a pour sa part affirmé le président iranien, Massoud Pezeshkian, lors d'une rencontre avec le ministre omanais, selon l'agence de presse officielle Irna.


Israël va «prendre le contrôle de toute» la bande de Gaza, annonce Benjamin Netanyahu

Sur le terrain, la Défense civile de Gaza a annoncé lundi la mort de 22 personnes dans des bombardements israéliens, signalant des "frappes aériennes violentes à Khan Younès, notamment autour de l'hôpital Nasser", dans le sud du territoire. (AFP)
Sur le terrain, la Défense civile de Gaza a annoncé lundi la mort de 22 personnes dans des bombardements israéliens, signalant des "frappes aériennes violentes à Khan Younès, notamment autour de l'hôpital Nasser", dans le sud du territoire. (AFP)
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  • Parallèlement, Israël mène des pourparlers indirects pour un cessez-le-feu avec le Hamas, dont l'attaque dans le sud d'Israël, le 7 octobre 2023, a déclenché la guerre dans le territoire palestinien
  • Sur le terrain, la Défense civile de Gaza a annoncé lundi la mort de 22 personnes dans des bombardements israéliens, signalant des "frappes aériennes violentes à Khan Younès, notamment autour de l'hôpital Nasser", dans le sud du territoire

GAZA: Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré lundi qu'Israël allait "prendre le contrôle de toute" la bande de Gaza, où l'armée a intensifié son offensive, et attribué à des pressions diplomatiques sa décision d'autoriser une reprise limitée de l'aide humanitaire dans le territoire dévasté et affamé.

"Les combats sont intenses et nous progressons. Nous prendrons le contrôle de tout le territoire de la bande", a affirmé lundi M. Netanyahu, qui avait dévoilé un plan en ce sens début mai. "Nous ne devons pas laisser la population sombrer dans la famine, ni pour des raisons pratiques, ni pour des raisons diplomatiques", a-t-il ajouté, mis sous pression à l'international, y compris par les Etats-Unis pour lever son blocus de l'aide humanitaire à Gaza en vigueur depuis le 2 mars.

Parallèlement, Israël mène des pourparlers indirects pour un cessez-le-feu avec le Hamas, dont l'attaque dans le sud d'Israël, le 7 octobre 2023, a déclenché la guerre dans le territoire palestinien.

Sur le terrain, la Défense civile de Gaza a annoncé lundi la mort de 22 personnes dans des bombardements israéliens, signalant des "frappes aériennes violentes à Khan Younès, notamment autour de l'hôpital Nasser", dans le sud du territoire.

Des témoins ont rapporté à l'AFP que des combats avaient eu lieu à proximité de cet établissement de santé, lourdement endommagé. L'un d'eux, Raed, a aussi fait état d'une intervention des forces spéciales israéliennes au domicile d'un combattant palestinien, retrouvé mort.

Dans le nord de la bande de Gaza, au moins deux personnes sont mortes dans une frappe de drone sur une tente abritant des personnes déplacées, selon cet organisme de premiers secours. Des personnes ont aussi été tuées "dans la cour de l'hôpital indonésien", encerclé par les troupes israéliennes depuis plusieurs jours à Beit Lahia, a précisé son porte-parole, Mahmoud Bassal, à l'AFP.

L'armée a annoncé avoir frappé dimanche "plus de 160 cibles terroristes" à travers tout le territoire, dont "des postes de lancement de missiles antichars" et des "infrastructures souterraines".

"Quantité de base de nourriture" 

M. Netanyahu a annoncé dimanche soir qu'Israël allait autoriser l'entrée d'une "quantité de base de nourriture destinée à la population, afin d'éviter le développement de la famine dans la bande de Gaza". Il a précisé lundi que des pays "amis" lui avaient dit ne plus pouvoir soutenir la poursuite de la guerre si des "images de famine de masse" dans le territoire palestinien se répandaient.

Son ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, figure de l'extrême droite, l'a accusé de commettre "une sérieuse erreur", en donnant ainsi "de l'oxygène" au Hamas.

M. Netanyahu s'est aussi dit dimanche ouvert à un accord incluant la fin de l'offensive militaire, mais sous condition de l'"exil" du Hamas et de son "désarmement". Jusque-là, le Hamas a rejeté de telles exigences, se disant prêt à libérer tous les otages enlevés le 7- Octobre dans le cadre d'un accord global mettant fin à la guerre et prévoyant un retrait total israélien de Gaza.

Le chef de l'armée israélienne, Eyal Zamir, a déclaré pour sa part que l'armée, qui a annoncé dimanche le lancement d'"opérations terrestres de grande envergure" dans le territoire palestinien, allait "offrir une marge de manœuvre à l'échelon politique pour faire avancer tout accord sur les otages".

"Arrêter le massacre" 

Israël a repris le 18 mars ses opérations militaires à Gaza, rompant une trêve de deux mois, et dévoilé début mai une plan prévoyant la "conquête" de Gaza et le déplacement de la plupart de ses 2,4 millions d'habitants vers l'extrême sud du territoire.

Mais la pression s'accentue à l'international sur le pays: il faut "arrêter le massacre à Gaza", a dit ce week-end le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, "Ca suffit", a fait écho le chef de la diplomatie italienne Antonio Tajani.

"Nous sommes favorables à la fin du conflit, à un cessez-le-feu. Nous ne voulons pas que les gens souffrent comme ils l'ont fait, et nous blâmons le Hamas pour cela, mais il n'en reste pas moins qu'ils souffrent", a aussi affirmé le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, après s'être entretenu samedi, pour la deuxième fois en trois jours, avec M. Netanyahu.

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes alors enlevées, 57 restent retenues à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 53.339 morts à Gaza, en majorité des civils, selon les dernières données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.


Liban: deux blessés dont un soldat dans une frappe israélienne, selon l'armée

"Un soldat a été légèrement blessé par l'ennemi israélien qui a ciblé un véhicule au poste de contrôle de Beit Yahoun", dans le district de Bint Jbeil, selon un communiqué de l'armée libanaise. (AFP)
"Un soldat a été légèrement blessé par l'ennemi israélien qui a ciblé un véhicule au poste de contrôle de Beit Yahoun", dans le district de Bint Jbeil, selon un communiqué de l'armée libanaise. (AFP)
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  • Les hostilités ont dégénéré en guerre ouverte, Israël menant entre septembre et novembre 2024 de violents bombardements sur le Liban, principalement contre les bastions du Hezbollah, sorti très affaibli du conflit
  • Au début de la guerre à Gaza, déclenchée par une attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023, le Hezbollah libanais pro-iranien a ouvert un front contre Israël en tirant des roquettes à partir du sud du Liban

BEYROUTH: Deux personnes, dont un soldat libanais, ont été blessées dans une frappe israélienne dimanche dans le sud du Liban, a indiqué l'armée.

"Un soldat a été légèrement blessé par l'ennemi israélien qui a ciblé un véhicule au poste de contrôle de Beit Yahoun", dans le district de Bint Jbeil, selon un communiqué de l'armée libanaise.

Le village de Beit Yahoun se trouve à environ huit kilomètres de la frontière israélienne.

Le ministère libanais de la Santé a aussi fait état de deux blessés dont un soldat de l'armée libanaise dans une attaque "d'un drone ennemi israélien qui a visé un véhicule". L'armée israélienne a dit avoir mené une attaque contre un membre du Hezbollah dans la région d'Aïnata, dans le sud du Liban, "afin d'éliminer une menace", et qu'elle vérifiait les informations faisant état d'un soldat libanais touché, assurant ne pas viser l'armée libanaise dans ses attaques.

Au début de la guerre à Gaza, déclenchée par une attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023, le Hezbollah libanais pro-iranien a ouvert un front contre Israël en tirant des roquettes à partir du sud du Liban, affirmant agir en soutien au Hamas, son allié.

Les hostilités ont dégénéré en guerre ouverte, Israël menant entre septembre et novembre 2024 de violents bombardements sur le Liban, principalement contre les bastions du Hezbollah, sorti très affaibli du conflit.

Malgré le cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre, l'armée israélienne continue de bombarder le Liban en disant viser combattants et infrastructures du Hezbollah, et a maintenu cinq positions dans le sud du territoire libanais.