Biden promet une «réponse» de l'Otan si la Russie a recours à l'arme chimique en Ukraine

Joe Biden échange avec les dirigeantsde pays et organisations alliés, à Bruxelles (Photo, Reuters).
Joe Biden échange avec les dirigeantsde pays et organisations alliés, à Bruxelles (Photo, Reuters).
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Publié le Vendredi 25 mars 2022

Biden promet une «réponse» de l'Otan si la Russie a recours à l'arme chimique en Ukraine

  • «Nous répondrons s'il y a recours. La nature de la réponse dépendra de la nature de cette utilisation», a déclaré Biden à l'issue des sommets de l'Otan et du G7 à Bruxelles
  • Les Etats-Unis ont annoncé être prêts «à accueillir jusqu'à 100 000 Ukrainiens et autres personnes fuyant l'agression de la Russie»

BRUXELLES: Le président américain Joe Biden a promis jeudi pour la première fois une « réponse » de l'Otan dans le conflit en Ukraine si la Russie y recourait à l'arme chimique, un risque jugé bien réel lors de sommets de l'alliance et du G7 réunis à Bruxelles après un mois d'une guerre meurtrière et dévastatrice lancée par Vladimir Poutine. 

Au même moment, l'assemblée générale des Nations unies votait à New York à une majorité écrasante de 140 voix « pour », 38 abstentions et cinq « contre » dont la Russie, la Syrie et la Corée du Nord, une motion exigeant l'arrêt immédiat de l'offensive russe. 

Sur le terrain, le dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov affirmait que sa milice paramilitaire, qui combat aux côtés de l'armée russe, avait pris la mairie de la ville assiégée et bombardée de Marioupol dans le sud-est de l'Ukraine. Une information impossible à confirmer de source indépendante. 

Cette ville portuaire sur la mer d'Azov, lourdement bombardée et où des témoins ont décrit des cadavres jonchant les rues, serait le cas échéant la première agglomération significative à être prise par la Russie, après une offensive d'un mois qui a vu l'armée russe à la peine face à la résistance acharnée des Ukrainiens, armés par l'Otan. 

Dans cette situation, les Occidentaux ont jugé très crédible le risque d'une attaque chimique, contre lequel le président ukrainien Volodymyr Zelensky les a mis en garde jeudi dans une intervention vidéo depuis Kiev, où il est retranché. 

« Nous répondrons s'il y a recours. La nature de la réponse dépendra de la nature de cette utilisation », a déclaré M. Biden à l'issue des sommets de l'Otan et du G7 à Bruxelles. 

« L'Otan n'a jamais, jamais été plus unie qu'elle ne l'est aujourd'hui. Poutine obtient exactement le contraire de ce qu'il voulait en envahissant l'Ukraine », a-t-il assuré, mettant aussi en garde à nouveau la Chine contre tout soutien à Moscou qui pourrait mettre en jeu « son avenir économique ». 

Interrogé sur d'éventuelles « lignes rouges » définies par l'Otan et susceptible de déclencher une intervention, le président français Emmanuel Macron a préféré rester « très prudent sur ce sujet ». 

Dans le cas de l'Ukraine, « je pense que l'ambiguïté stratégique et la discrétion sont plus efficaces », a répondu le chef de l'Etat. 

Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a indiqué à ce stade que les alliés avaient  « convenu de fournir des équipements pour aider l'Ukraine à se protéger contre les menaces chimiques, biologiques, radiologiques et nucléaires ». 

Les dirigeants de l'Otan ont également approuvé la création de quatre nouveaux groupements tactiques en Roumanie, en Hongrie, en Bulgarie et en Slovaquie, et le renforcement des quatre déjà constitués en Pologne et dans les trois pays Baltes. 

Plus de 100 000 militaires américains sont actuellement présents en Europe et plus de 40 000 soldats sont sous commandement direct de l'Otan dans la partie orientale de l'Alliance. « C'est du jamais vu », a souligné M. Stoltenberg. 

Sanctions sur l'or russe  

Dans un premier message vidéo jeudi aux dirigeants de l'Otan, le président ukrainien les avait exhortés à fournir à l'Ukraine « une aide militaire sans restriction ». 

Les Etats-Unis « ont entamé des consultations (avec leurs alliés) pour fournir des missiles anti-navire à l'Ukraine », a indiqué une haute responsable américaine, soulignant toutefois que ce scénario présentait des « défis techniques ». 

La Suède et l'Allemagne ont annoncé pour leur part la livraison à l'Ukraine de respectivement 5 000 et 2 000 nouvelles armes antichar. Les forces ukrainiennes ont déjà reçu 1 000 armes antichar et 500 lance-missiles sol-air de type Stinger pris dans les réserves de la Bundeswehr, l'armée allemande. 

Sur le front économique, les pays du G7 et de l'Union européenne vont sanctionner toute transaction impliquant les réserves d'or de la Russie, pour éviter que Moscou ne contourne ainsi les mesures d'isolement financières prises par les Occidentaux, a annoncé la Maison Blanche. 

« Nous voulons fermer toute possibilité pour la Russie d'utiliser son or pour soutenir sa devise », le rouble, a expliqué un haut responsable américain. 

Washington a aussi annoncé jeudi de nouvelles sanctions financières contre la Russie, visant le monde politique, des oligarques et l'industrie de défense. 

Biden espère que la Chine n'aide pas la Russie

Le président américain Joe Biden a exprimé jeudi « l'espoir » que la Chine n'aide pas la Russie à amortir l'impact des sanctions occidentales, estimant que l'avenir économique du géant asiatique « était davantage lié à l'Occident » qu'à son voisin russe. 

« Je pense que la Chine comprend que son avenir économique dépendra bien davantage de ses relations avec l'Occident qu'avec la Russie. Et j'ai bon espoir qu'elle ne va pas s'engager » pour aider Moscou à atténuer les sanctions imposées après l'invasion de l'Ukraine, a indiqué M. Biden.

Accusations de « crimes de guerre »  

Ces mesures, qui impliquent en particulier un gel des avoirs aux Etats-Unis, concernent 328 députés de la Douma et l'institution elle-même ainsi que 48 « grandes entreprises publiques » du secteur de la défense, selon un communiqué de la Maison Blanche. 

Le gouvernement britannique avait déjà annoncé une nouvelle série de sanctions visant 59 personnalités et entreprises russes et six entités biélorusses. 

Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken avait accusé mercredi soir la Russie d'avoir « commis des crimes de guerre en Ukraine ». 

« Nous avons vu de nombreux rapports crédibles d'attaques aveugles et d'attaques visant délibérément des civils, ainsi que d'autres atrocités », a-t-il déclaré dans un communiqué, en soulignant qu'il reviendrait aux tribunaux de déterminer les responsabilités. 

Les pays du G7 ont eux aussi assuré jeudi qu'ils « ne ménageraient pas leur efforts » pour que Vladimir Poutine « rende des comptes » pour l'invasion de l'Ukraine. 

Sur le terrain, au moins cinq personnes sont mortes, dont deux enfants, et huit autres ont été blessées dans des frappes russes dans la région de Lougansk, dans l'Est, a indiqué le gouverneur de la région, Serguiï Gaïdaï. 

Le gouverneur a ajouté que le bilan risquait de « s'avérer bien supérieur ». « L'aviation russe a commencé à larguer des bombes au phosphore sur Roubijné », a-t-il accusé. 

Dans son message à l'Otan, le président ukrainien a relayé ces accusations: « Ce matin (...) il y a eu des bombes russes au phosphore. Des adultes ont été tués et des enfants ont été tués à nouveau ». 

Les Etats-Unis prêts à accueillir 100 000 Ukrainiens

Les Etats-Unis ont annoncé être prêts « à accueillir jusqu'à 100 000 Ukrainiens et autres personnes fuyant l'agression de la Russie », selon un communiqué de la Maison Blanche publié alors que le président Joe Biden participe à plusieurs réunions internationales à Bruxelles. 

Washington va par ailleurs débloquer « plus d'1 milliard de dollars en financements supplémentaires » pour renforcer l'aide humanitaire en Ukraine mais aussi pour faire face aux « impacts graves » du conflit ailleurs dans le monde, notamment à « l'augmentation nette de l'insécurité alimentaire », selon la même source. 

« L'enfer » de Marioupol  

La municipalité de Marioupol a lancé un appel à l'aide sur Telegram, demandant de sauver la population « de l'enfer ». 

« De plus en plus de morts de faim. De plus en plus de gens sans nourriture. Et toutes les tentatives de lancer une grande opération humanitaire pour sauver la population de Marioupol sont bloquées par la partie russe. Parce que les occupants ne s'intéressent pas aux gens et à ce qu'ils deviennent. Seulement pour une image de propagande avec la déportation forcée vers la Russie », a écrit la mairie de la ville assiégée. 

Les Ukrainiens accusent en effet les Russes de « déporter » des habitants de Marioupol vers la Russie. Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba, a évoqué 6 000 habitants emmenés vers des « camps de filtration russes ».  

Ces accusations étaient invérifiables dans l'immédiat, mais le ministère russe de la Défense a de son côté affirmé que « 8 500 habitants de Marioupol ont pu être évacués sans aucune participation de la partie ukrainienne le 23 mars », selon l'agence Interfax. 

Au moins six civils ont été tués et 15 autres blessés jeudi dans un bombardement russe à Kharkiv, deuxième ville du pays (nord-est) selon le gouverneur régional Oleg Syniegoubov. 

Risque de pénuries alimentaires

Sur le front économique, les Occidentaux se sont concertés jeudi pour répondre aux risques de pénuries alimentaires mondiales à la suite de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, deux exportateurs majeurs de blé.

"Les pénuries alimentaires vont se concrétiser", a mis en garde le président américain Joe Biden à Bruxelles après les sommets du G7 et de l'Otan, assurant que les Etats-Unis comme le Canada, gros producteurs de céréales, allaient augmenter leurs exportations en conséquence.

Le Canada, quatrième producteur mondial de pétrole, a aussi annoncé jeudi une augmentation d'environ 5% de ses exportations de pétrole pour répondre "aux demandes d'aide" de ses "alliés, aux prises avec des pénuries" en raison du conflit en Ukraine.

Le bombardement, effectué avec des « armes de longue portée », a touché un bureau de poste près duquel des habitants locaux recevaient de l'aide humanitaire, a-t-il précisé sur Telegram, dénonçant un nouveau « crime des occupants russes ».  

Quelque 4,3 millions d'enfants - soit plus de la moitié de la population enfantine ukrainienne - ont dû quitter leur foyer pour fuir l'insécurité et les combats déclenchés par l'invasion de l'armée russe le 24 février, a indiqué l'Unicef jeudi. 

Selon Washington, l'offensive de l'armée russe piétine cependant, notamment dans les environs de Kiev. 

« Les Ukrainiens ont réussi à repousser les Russes à 55 km à l'est et au nord-est de Kiev », déclarait mercredi un haut responsable du Pentagone ayant requis l'anonymat.  

Des dizaines de personnes ont fui jeudi les combats autour de Kiev dans une zone que l'Ukraine affirme avoir reprise à la Russie, ont constaté des journalistes de l'AFP. 

D'intenses échanges d'artillerie lourde pouvaient être entendus depuis la banlieue d'Irpin, au nord-ouest de la capitale, et l'on pouvait voir des colonnes de fumée s'élever dans le ciel, selon ces journalistes. 

Le maire de Kiev, Vitali Klitschko, avait affirmé mercredi que « la presque totalité d'Irpin était déjà sous contrôle des soldats ukrainiens ». 

La marine ukrainienne a aussi affirmé jeudi avoir détruit un navire russe de transport de troupes russes ancré dans le port de Berdiansk, ville proche de Marioupol sur la mer d'Azov. 

Russes et Ukrainiens ont par ailleurs procédé jeudi à des échanges de prisonniers, selon la vice-Première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk sur Facebook. 


Un nouveau directeur pour le British Museum, secoué par une affaire de vols

Des visiteurs admirent les marbres du Parthénon, également connus sous le nom de marbres d'Elgin, au British Museum de Londres le 9 janvier 2023. (AFP)
Des visiteurs admirent les marbres du Parthénon, également connus sous le nom de marbres d'Elgin, au British Museum de Londres le 9 janvier 2023. (AFP)
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  • Nicholas Cullinan, 46 ans, a été nommé après l'approbation unanime des administrateurs du musée et l'accord du Premier ministre Rishi Sunak
  • Nicholas Cullinan a salué l'«honneur» que représente la direction de «l'un des plus grands musées du monde»

LONDRES: L'actuel directeur de la National Portrait Gallery de Londres, Nicholas Cullinan, a été nommé directeur du British Museum, a annoncé jeudi l'institution secouée par le scandale du vol de 2 000 pièces et le feuilleton au long cours des marbres du Parthénon.

Le précédent directeur Hartwig Fischer, de nationalité allemande et premier non Britannique à diriger le musée, avait démissionné fin août 2023 après la révélation des vols.

L'intérim était depuis assuré par l'ex-directeur du Victoria & Albert Museum Mark Jones.

Nicholas Cullinan, 46 ans, a été nommé après l'approbation unanime des administrateurs du musée et l'accord du Premier ministre Rishi Sunak.

A la tête de la National Portrait Gallery depuis 2015, il a mené à bien un réaménagement complet des collections et du musée, dont l'espace ouvert au public a augmenté d'un cinquième, selon le communiqué annonçant sa nomination.

L'historien de l'art a notamment été commissaire au Metropolitan Museum of Art de New York et à la Tate Modern de Londres. Il prendra ses fonctions au British Museum cet été.

Nicholas Cullinan a salué l'"honneur" que représente la direction de "l'un des plus grands musées du monde".

Il a évoqué "un nouveau chapitre" qui "englobera les transformations les plus importantes, architecturales et intellectuelles, qui se déroulent dans tout musée dans le monde, pour continuer à faire en sorte que le British Museum soit aussi engagé et collaboratif que possible".

Fondé en 1753, le British Museum abrite une collection de huit millions d'objets, parmi lesquels la pierre de Rosette ou les frises du Parthénon, acquises à l'époque coloniale et revendiquées par la Grèce.

L'institution, dont la visite est gratuite, représente l'attraction touristique la plus prisée du Royaume-Uni, avec 5,8 millions de visiteurs en 2023, en augmentation de 42% par rapport à l'année précédent, selon l'association du secteur.

La révélation du scandale de vols à grande échelle a conduit au renvoi d'un employé, qui a été arrêté par la police sans qu'aucune poursuite ne soit engagée contre lui à ce stade.

Depuis leur découverte, le British Museum a indiqué avoir récupéré un peu plus de 350 objets.

Le nouveau patron du musée devra également mettre en oeuvre une rénovation majeure, estimée à plus d'un milliard d'euros, rendue nécessaire par l'état vétuste de certaines galeries.


Sénégal: la prise du pouvoir approche pour l'opposant antisystème Diomaye Faye

Le candidat de l'opposition sénégalaise à la présidentielle, Bassirou Diomaye Faye (Photo, AFP).
Le candidat de l'opposition sénégalaise à la présidentielle, Bassirou Diomaye Faye (Photo, AFP).
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  • L'opposant antisystème, M. Faye, qui était encore en prison il y a deux semaines, l'a emporté dès le premier tour dimanche avec 54,28% des voix, loin devant le candidat du pouvoir Amadou Ba (35,79%)
  • Au tour du Conseil constitutionnel maintenant d'examiner d'éventuels recours de candidats et de déclarer M. Faye définitivement vainqueur, ou d'annuler l'élection, hypothèse hautement invraisemblable

DAKAR: L'opposant sénégalais Bassirou Diomaye Faye pourrait être proclamé définitivement vainqueur de la présidentielle d'ici à la fin de la semaine, parachevant une ascension extraordinaire et express jusqu'au sommet de l'Etat.

Après des semaines de crise qui ont fait craindre un report de l'élection jusqu'à décembre ou une vacance du pouvoir, l'appareil s'emploie à rétablir à marche forcée la norme de transition réglée qui caractérise le pays et à rendre possible une passation conforme à la tradition entre le sortant Macky Sall et son successeur d'ici à la semaine prochaine.

L'organe chargé de proclamer les résultats finaux provisoires les a rendus publics mercredi alors qu'il avait jusqu'à vendredi pour le faire. L'opposant antisystème, M. Faye, qui était encore en prison il y a deux semaines, l'a emporté dès le premier tour dimanche avec 54,28% des voix, loin devant le candidat du pouvoir Amadou Ba (35,79%).

Au tour du Conseil constitutionnel maintenant d'examiner d'éventuels recours de candidats et de déclarer M. Faye définitivement vainqueur, ou d'annuler l'élection, hypothèse hautement invraisemblable.

Les candidats ont 72 heures pour saisir le Conseil, dit la Constitution. Mais le Conseil a décidé lui aussi de réduire les délais, probablement pour faire en sorte qu'une passation ait lieu avant le 2 avril, date officielle de fin du mandat de M. Sall.

Le Conseil a donné à tout contestataire jusqu'à jeudi minuit (vendredi 00H00 GMT) pour se manifester.

Il a invoqué "les circonstances exceptionnelles" ayant entraîné "la compression de tous les délais". Il fait référence au report de la présidentielle, initialement prévue le 25 février et finalement fixée au 24 mars.

L'ajournement décrété à la dernière minute par le président Sall a causé une grave crise et semé le doute sur la possibilité d'une passation avant l'expiration de son mandat.

Un transfert dans les temps importe dans un pays qui s'enorgueillit de ses pratiques démocratiques et qui est considéré comme l'un des plus stables en Afrique de l'Ouest secouée par les coups d'Etat.

En l'absence de contestation, "le Conseil proclame immédiatement les résultats définitifs du scrutin", dit la Constitution. En cas de recours, le Conseil a, théoriquement, cinq jours pour statuer.

Les adversaires de M. Faye ont reconnu sa victoire et aucun n'a jusqu'alors exprimé publiquement l'intention de soulever d'objection. Les résultats provisoires paraissent rendre la victoire de M. Faye irréfutable tout en confirmant la magnitude de ce qui s'apparente à un séisme politique.

«Dernier» Conseil 

Bassirou Diomaye Faye est le premier opposant à l'emporter dès le premier tour depuis l'Indépendance en 1960.

Jamais porté à une fonction élective nationale auparavant, il devrait devenir à 44 ans le cinquième et plus jeune président du pays de 18 millions d'habitants.

Son avènement pourrait annoncer une profonde remise en cause systémique. Il se présente comme l'homme de la "rupture" avec douze années de présidence Sall, du rétablissement d'une "souveraineté" bradée selon lui à l'étranger, et d'un "panafricanisme de gauche". Il fait voeu de combattre la corruption et l'injustice.

Face à l'éventualité d'une vacance de pouvoir, le président Sall a dit plusieurs fois qu'il serait parti le 2 avril, même si le Conseil constitutionnel a laissé la porte ouverte à une prolongation si nécessaire.

Le Conseil des ministres qu'il a présidé mercredi était le "dernier", selon le communiqué de ses services. Il a demandé au gouvernement de "prendre toutes les dispositions requises" pour préparer les dossiers de passation, en vue de "l’installation dans les meilleures conditions" du nouveau président, dit le communiqué.

Les trois dernières années de la présidence Sall ont été marquées par les retombées des crises globales, un farouche bras de fer avec l'opposition antisystème et les troubles intérieurs.

Le Sénégal a connu un nouvel accès de fièvre en février quand M. Sall a décrété l'ajournement de l'élection. Des dizaines de personnes ont été tuées et des centaines arrêtées depuis 2021, et les lettres de créance démocratiques du Sénégal ont été examinées sous un autre jour.

M. Faye a lui-même été détenu des mois avant sa libération en pleine campagne électorale mi-mars.

Il a énoncé "la réconciliation nationale", la "refondation" des institutions et "l'allègement sensible du coût de la vie" comme ses "chantiers prioritaires". Il a pris soin de rassurer à l'étranger, attentif à ses promesses de reconsidérer ou renégocier les partenariats existants. Le Sénégal "restera le pays ami et l'allié sûr et fiable de tout partenaire qui s'engagera avec nous dans une coopération vertueuse, respectueuse et mutuellement productive", a-t-il dit.


Pont effondré à Baltimore: les corps de deux des six ouvriers retrouvés

Le pont Francis Scott Key, effondré, se trouve au sommet du porte-conteneurs Dali à Baltimore, dans le Maryland, le 27 mars 2024. (AFP)
Le pont Francis Scott Key, effondré, se trouve au sommet du porte-conteneurs Dali à Baltimore, dans le Maryland, le 27 mars 2024. (AFP)
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  • Les corps repêchés ont été identifiés comme ceux de deux hommes âgés de 35 et 26 ans, originaires du Mexique et du Guatemala
  • En raison de la quantité de béton et de débris, «les plongeurs ne sont plus en mesure de se frayer un chemin en sécurité» vers «ce que nous pensons être les véhicules piégés», dit la police

BALTIMORE: Les corps sans vie de deux des six ouvriers recherchés ont été repêchés mercredi des eaux glacées du port de Baltimore, sur la côte Est américaine, ont annoncé les autorités, au lendemain de l'effondrement spectaculaire d'un pont percuté par un porte-conteneurs.

"Des plongeurs ont localisé un pick-up rouge à environ 7.6 mètres de profondeur", a annoncé lors d'un point presse, la police du Maryland, l'Etat où se situe Baltimore. "Deux victimes du drame étaient prisonnières du véhicule".

Les corps repêchés ont été identifiés comme ceux de deux hommes âgés de 35 et 26 ans, originaires du Mexique et du Guatemala, qui faisaient partie de l'équipe d'ouvriers présente sur la chaussée du pont Francis Scott Key au moment de l'accident.

Les corps de quatre de leurs collègues, tous présumés morts, n'ont eux pas encore été retrouvés, ont ajouté les autorités.

Mais, en raison notamment de la quantité de béton et de débris, "les plongeurs ne sont plus en mesure de se frayer un chemin en sécurité" vers "ce que nous pensons être les véhicules piégés", a déclaré Roland Butler, de la police du Maryland.

Les secours vont donc chercher à retirer la structure de l'eau pour faciliter l'accès aux plongeurs, a-t-il précisé.

Les autorités avaient averti mardi soir qu'elles ne pensaient pas pouvoir "retrouver ces individus encore en vie", alors que deux membres de leur équipe avaient été secourus peu après le drame.

Les victimes, originaires d'Amérique latine selon la presse américaine, réparaient des nids de poule sur le pont lorsqu'il s'est écroulé dans le fleuve Patapsco.

«Pas conçu pour résister»

L'agence américaine de sécurité des transports (NTSB) a fourni mercredi une chronologie détaillée de la tragédie, basée sur l'analyse préliminaire de l'enregistreur de données du porte-conteneurs.

Long de 300 mètres pour 48 mètres de largeur, le Dali, battant pavillon singapourien, a quitté le quai du port de Baltimore mardi à 0H39 (04H39 GMT) à destination de l'Asie, a indiqué Marcel Muise, enquêteur du NTSB, lors d'une conférence de presse.

À 1H24 locales, des alarmes ont commencé à retentir à bord du navire, signalant des problèmes de propulsion. Le pilote a rapidement informé les autorités portuaires par radio que le navire se dirigeait vers le pont, et a demandé l'intervention de remorqueurs.

L'appel à l'aide a été également reçu par deux équipes de l'autorité locale des transports qui se trouvaient sur le pont en raison des travaux. Ces dernières ont alors fermé toutes les voies de circulation, sauvant ainsi probablement des vies.

Puis, à 1H29, l'enregistreur du navire a enregistré des "sons correspondant à la collision".

Le pont, emprunté chaque jour par des dizaines de milliers de véhicules, s'est alors effondré tel un château de cartes, des pans entiers de la structure se retrouvant sur le bateau.

Des images impressionnantes de vidéosurveillance montrent le porte-conteneurs dévier de son cap, heurter une pile du pont inauguré en 1977 puis s'écrouler.

Pour le ministre américain des Transports Pete Buttigieg, "ce type de pont (...) n'a tout simplement pas été conçu pour résister à un choc direct contre pilier de soutien essentiel".

L'équipage avait tenté en vain de ralentir la course du navire en jetant l'ancre.

L'enquête préliminaire montre qu'il s'agit d'un accident, selon les autorités.

«Coût de la reconstruction»

Le président Joe Biden s'est engagé à ce que "l'Etat fédéral paie la totalité du coût de la reconstruction" du pont, qui porte le nom de l'auteur des paroles de l'hymne national américain, en admettant que cela prendrait du temps.

"Nous serons aux côtés des habitants de Baltimore aussi longtemps qu'il le faudra", a-t-il encore assuré mercredi soir sur le réseau social X.

Car l'enjeu est aussi économique: ce pont à quatre voies, long de 2,6 km, est situé sur un axe nord-sud crucial pour l'économie de la côte Est des Etats-Unis.

Pour l'heure, le transport maritime y est "suspendu jusqu'à nouvel ordre", selon les autorités. Le port de Baltimore est le neuvième du pays en termes d'activité et génère plus de 15.000 emplois.

Le Dali est "stable" et ne représente pas de danger pour l'environnement et le public, en dépit de la présence à bord de 5,6 milliards de litres de diesel et de quelques conteneurs de matières dangereuses, a assuré mercredi Peter Gautier, responsable des gardes-côtes.

Deux conteneurs, sur un total de 4,700, sont tombés à l'eau.

Le navire est exploité par la société maritime Synergy Group et affrété par le géant danois du transport maritime Maersk.

Les autorités portuaires de Singapour ont déclaré mercredi qu'il avait passé avec succès deux inspections en 2023 et qu'une jauge de contrôle de la pression du carburant défectueuse avait été réparée en juin.

Les autorités chiliennes avaient signalé en 2023 un défaut dans les machines du navire, une anomalie rapidement réparée selon elles.