Beyrouth optimiste sur la reprise des relations avec le Golfe

Le Premier ministre libanais, Najib Mikati (à droite), rencontre le ministre iranien des Affaires étrangères, Hussein Amir Abdollahian, le 24 mars à Beyrouth (Photo, AP).
Le Premier ministre libanais, Najib Mikati (à droite), rencontre le ministre iranien des Affaires étrangères, Hussein Amir Abdollahian, le 24 mars à Beyrouth (Photo, AP).
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Publié le Vendredi 25 mars 2022

Beyrouth optimiste sur la reprise des relations avec le Golfe

  • Lors de la visite du ministre des Affaires étrangères iranien, Mikati s'est engagé à respecter toutes les résolutions de la Ligue arabe
  • Le ministre iranien a réaffirmé «la volonté officielle de Téhéran d’étendre les ponts de coopération avec le Liban»

BEYROUTH: Les ministères des Affaires étrangères saoudien et koweïtien ont accepté la relance des relations diplomatiques entre Beyrouth et les Etats du Golfe, demandée par le Premier ministre libanais Najib Mikati.
L'Arabie saoudite a salué le geste de ce dernier, ajoutant espérer qu’il «contribuerait au rétablissement du rôle et du statut du Liban aux niveaux arabe et international». De son côté, le gouvernement koweïtien s'est déclaré impatient de s'engager dans des mesures concrètes qui contribueraient à la stabilité et au développement du Liban.
Un fonds commun franco-saoudien d'aide au peuple libanais a été annoncé en parallèle de cette déclaration.
Les déclarations saoudiennes et koweïtiennes sont intervenues après que Mikati a publié une déclaration officielle dans laquelle il s’engageait à ce que le gouvernement
Naijb Mikati avait déjà émis le souhait de renforcer la coopération avec Riyad et les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG).
Il s'est engagé à respecter toutes les résolutions de la Ligue arabe, à restaurer sa légitimité à l'international et à garantir la stabilité et l'unité du Liban.
Lundi soir, Mikati avait également alerté sur la «nécessité de mettre fin à toutes les activités politiques, militaires, sécuritaires et médiatiques qui portent atteinte à la souveraineté, la sécurité et la stabilité de l'Arabie saoudite et des pays du Conseil de coopération du Golfe, qui proviennent du Liban».
Et d'affirmer «l’engagement du Liban de prendre toutes les mesures nécessaires afin d’empêcher la contrebande, en particulier de drogues, vers l'Arabie saoudite et les pays du Conseil de coopération du Golfe, directement ou indirectement, et de renforcer les contrôles à tous les postes frontières».
Il a promis que le Liban s'engageait à respecter l'accord de Riyad pour la coopération judiciaire et l'extradition des personnes recherchées vers l'Arabie saoudite. Ajoutant que «le gouvernement libanais s'efforcera d'empêcher l'utilisation des circuits financiers et bancaires libanais pour effectuer des transactions financières susceptibles de nuire à la sécurité de l'Arabie saoudite et des pays du Conseil de coopération du Golfe».
Lors de la séance du Conseil des ministres qui s'est tenue mercredi après-midi, Mikati a salué «les déclarations publiées par l'Arabie saoudite et le Koweït, qui indiquent que le nuage qui a déstabilisé les relations du Liban va bientôt disparaître. Nous tenons à mettre en œuvre la déclaration ministérielle et à appeler les Arabes à se tenir aux côtés du Liban».
Les commentateurs politiques libanais ont affirmé que cette mesure contribuera au retour des ambassadeurs saoudien et koweïtien au Liban et que les relations entre le Liban et les pays du Golfe devraient revenir à la normale avant la tenue du prochain sommet arabe.
Le retour de l'Arabie saoudite à l’engagement diplomatique avec le Liban se fera principalement par le biais du fonds commun franco-saoudien. Selon certains observateurs, ce fonds aidera le peuple libanais au-delà du cadre de l'État.
Le Dr Khaldoun al-Charif, politicien et auteur, a estimé que la position du ministère saoudien des Affaires étrangères sur le Liban est une bonne réponse à la déclaration de Mikati.
«Quant au retour politique du Royaume, il a besoin d'un règlement régional, mais le Liban n’en fait pas partie. Le Hezbollah, le parti le plus fort au Liban, soutient directement ou indirectement les forces opposées au pays du Golfe. Cela affecte certainement les relations entre le Liban et le Golfe», a souligné Al-Charif.
«Ce qui est actuellement nécessaire, c'est la stabilité du Yémen, puis de l'Irak, et le Liban vient ensuite.»
La réouverture des portes fermées entre le Liban et les États du Golfe est intervenue 36 heures environ avant l'arrivée du ministre iranien des Affaires étrangères, Hussein Amir Abdollahian à Beyrouth.
En provenance de Damas, la visite d’Abdollahian au Liban était programmée il y a une semaine, après sa visite à Moscou, mais les développements liés au soi-disant accord nucléaire l'ont retardée jusqu'à jeudi.
La visite du responsable iranien s’est déroulée le lendemain du jour où le président libanais, Michel Aoun, a défendu les armes du Hezbollah en déclarant dans une interview lors de son séjour à Rome que les armes du groupe «n'ont aucun effet sur la sécurité au Liban, et la résistance à l'occupation n'est pas du terrorisme».
À l'aéroport international Rafiq Hariri de Beyrouth, le ministre iranien a déclaré qu'il y avait de nombreux développements politiques importants et que toutes les parties devaient veiller à ce que chacun ait la possibilité d'échanger des points de vue.
Le ministre iranien a réaffirmé «la volonté officielle de Téhéran d’étendre les ponts de coopération avec le Liban dans divers domaines, notamment économiques et commerciaux».
Abdollahian a ainsi réitéré la proposition qu'il a faite lors de sa rencontre avec Mikati en marge du Forum sur la sécurité de Munich, il y a environ un mois, concernant la volonté de l'Iran de contribuer à la construction de deux centrales électriques au Liban d'une capacité de 1 000 MW chacune.


Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Liban: l'Italie souhaite maintenir sa présence militaire après le départ de la force de l'ONU

L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
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  • L’Italie confirme qu’elle maintiendra une présence militaire au Liban même après le retrait progressif de la Finul à partir du 31 décembre 2026
  • Rome met en avant le rôle clé des forces armées libanaises pour la stabilité du Liban et de la région, et appelle à des résultats concrets pour éviter toute exploitation de l’instabilité

ROME: L'Italie souhaite maintenir sa présence militaire au Liban, après le départ des Casques bleus de l'ONU qui commence le 31 décembre 2026, a indiqué lundi le ministère italien de la Défense.

"Même après" le départ de la force de maintien de la paix dans le sud du Liban (Finul) de l'ONU, l'Italie continuera à jouer son rôle soutenant avec conviction la présence internationale" dans ce pays, selon les propos du ministre de la Défense Guido Crosetto sur X.

Interrogé par l'AFP pour savoir si cela signifiait une "présence militaire" italienne, un porte-parole du ministère a confirmé que oui.

M. Crosetto a également souligné "le rôle fondamental" des forces armées libanaises "pour garantir la stabilité non seulement au Liban mais dans toute la région".

Le ministre a en outre assuré que Rome œuvrait à ce que les discussions en cours dans la région se traduisent par "des résultats concrets et que personne ne puisse tirer des avantages d'une situation d'instabilité dans le sud du Liban".

L'Italie est, avec 1.099 militaires, le deuxième contributeur de la Finul, derrière l'Indonésie (1.232) et cinq généraux italiens ont été parmi les chefs des Casques bleus au cours des 20 dernières années.


Un mort dans des frappes israéliennes au Liban (ministère)

Une photographie montre l'épave d'un véhicule visé par une frappe aérienne israélienne sur la route reliant le village frontalier d'Odeisseh, dans le sud du Liban, à Markaba, le 16 décembre 2025. (AFP)
Une photographie montre l'épave d'un véhicule visé par une frappe aérienne israélienne sur la route reliant le village frontalier d'Odeisseh, dans le sud du Liban, à Markaba, le 16 décembre 2025. (AFP)
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  • Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et un blessé, Israël affirmant viser des membres du Hezbollah malgré le cessez-le-feu de novembre 2024
  • Sous pression internationale, le Liban s’est engagé à désarmer le Hezbollah au sud du Litani, mais Israël accuse le mouvement de se réarmer, une accusation relayée par le sénateur américain Lindsey Graham

BEYROUTH: Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et un blessé dimanche, a annoncé le ministère libanais de la Santé, tandis que l'armée israélienne a déclaré avoir visé des membres du Hezbollah.

Israël continue à mener régulièrement des frappes au Liban et affirme viser le mouvement islamiste soutenu par l'Iran, malgré un cessez-le-feu qui a mis fin le 27 novembre 2024 à plus d'un an d'hostilités, en marge de la guerre dans la bande de Gaza.

Israël maintient également des troupes dans cinq positions frontalières du sud du Liban qu'il estime stratégiques.

Selon le ministère libanais de la Santé, deux frappes israéliennes ont touché dimanche un véhicule et une moto dans la ville de Yater, à environ cinq kilomètres de la frontière avec Israël, tuant une personne et en blessant une autre.

L'armée israélienne a déclaré avoir "frappé un terroriste du Hezbollah dans la zone de Yater" et ajouté peu après avoir "frappé un autre terroriste du Hezbollah" dans la même zone.

Dimanche également, l'armée libanaise a annoncé que des soldats avaient découvert et démantelé "un dispositif d'espionnage israélien" à Yaroun, une autre localité proche de la frontière.

Sous forte pression américaine et par crainte d'une intensification des frappes israéliennes, le Liban s'est engagé, comme prévu par l'accord de cessez-le-feu, à désarmer le Hezbollah et à démanteler d'ici la fin de l'année toutes ses structures militaires entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, à une trentaine de kilomètres plus au nord.

Israël a mis en doute l'efficacité de l'armée libanaise et accusé le Hezbollah de se réarmer, tandis que le mouvement chiite a rejeté les appels à abandonner ses armes.

En visite en Israël dimanche, le sénateur américain Lindsey Graham a lui aussi accusé le mouvement de se réarmer. "Mon impression est que le Hezbollah essaie de fabriquer davantage d'armes (...) Ce n'est pas un résultat acceptable", a-t-il déclaré dans une vidéo diffusée par le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Plus de 340 personnes ont été tuées par des tirs israéliens au Liban depuis le cessez-le-feu, selon un bilan de l'AFP basé sur les chiffres du ministère libanais de la Santé.


Un sénateur américain réclame une action militaire contre le Hamas et le Hezbollah s'ils ne désarment pas

Le sénateur Lindsey Graham entre dans la salle du Sénat à Washington, DC, le 11 décembre 2025. (AFP)
Le sénateur Lindsey Graham entre dans la salle du Sénat à Washington, DC, le 11 décembre 2025. (AFP)
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  • Le sénateur américain Lindsey Graham appelle au désarmement du Hamas et du Hezbollah, menaçant d’une action militaire s’ils refusent, et conditionne toute paix durable à cette étape
  • Malgré des cessez-le-feu fragiles à Gaza (octobre) et avec le Hezbollah (novembre 2024), les tensions persistent, Israël poursuivant des frappes et les médiateurs poussant vers une phase 2 du plan de paix

Jérusalem: L'influent sénateur américain Lindsey Graham a réclamé dimanche une action militaire contre le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais si ces deux mouvements ne démantelaient pas leur arsenal.

Après deux années d'une guerre dévastatrice dans la bande de Gaza, un fragile cessez-le-feu entre Israël et le Hamas est observé depuis octobre dans le territoire palestinien, bien que les deux parties s'accusent mutuellement de le violer.

Une trêve avec le Hezbollah est également entrée en vigueur en novembre 2024, après deux mois d'une guerre ouverte. Mais Israël continue de mener des frappes en territoire libanais, disant cibler le mouvement islamiste.

Concernant ses deux ennemis, alliés de l'Iran, Israël fait du démantèlement de leur arsenal militaire l'une des principales conditions à toute paix durable.

"Il est impératif d'élaborer rapidement un plan, d'impartir un délai au Hamas pour atteindre l'objectif du désarmement", a affirmé le sénateur républicain lors d'une conférence de presse à Tel-Aviv.

Dans le cas contraire, "j'encouragerais le président (Donald) Trump à laisser Israël achever le Hamas", a-t-il dit.

"C'est une guerre longue et brutale, mais il n'y aura pas de succès où que ce soit dans la région, tant que le Hamas n'aura pas été écarté du futur de Gaza et tant qu'il n'aura pas été désarmé", a estimé M. Graham.

Depuis le cessez-le-feu entré en vigueur le 10 octobre à Gaza, les médiateurs appellent à accentuer les efforts pour passer à la prochaine phase d'un plan de paix américain.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

"La phase deux ne pourra pas réussir tant que le Hamas n'aura pas été désarmé", a martelé M. Graham.

- "Grand ami d'Israël" -

Tout en se disant "optimiste" sur la situation au Liban où le gouvernement s'est engagé à désarmer le Hezbollah, M. Graham a brandi la menace d'une "campagne militaire" contre le mouvement.

"Si le Hezbollah refuse d'abandonner son artillerie lourde, à terme nous devrions engager des opérations militaires", a-t-il estimé, allant jusqu'à évoquer, en coopération avec le Liban, une participation des Etats-Unis aux côtés d'Israël.

Plus tôt dimanche, le sénateur a été reçu par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui a salué en lui "un grand ami d'Israël, un grand ami personnel".

Samedi, les Etats-Unis et les garants du cessez-le-feu --Egypte, Qatar et Turquie-- ont appelé Israël et le Hamas à "respecter leurs obligations" et à "faire preuve de retenue" à Gaza.

Le Hamas appelle de son côté à stopper les "violations" israéliennes du cessez-le-feu.

Vendredi, six personnes, dont deux enfants, ont péri dans un bombardement israélien sur une école servant d'abri à des déplacés, d'après la Défense civile à Gaza, un organisme de secours dépendant du Hamas.