Le rêve lointain d'un retour des Syriens déplacés, un an après l'offensive turque

Salima Mohammad, 42 ans, réfugiée dans le camp de Ras Al-Ain (Photo, Delil SOULEIMAN/AFP).
Salima Mohammad, 42 ans, réfugiée dans le camp de Ras Al-Ain (Photo, Delil SOULEIMAN/AFP).
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Publié le Lundi 12 octobre 2020

Le rêve lointain d'un retour des Syriens déplacés, un an après l'offensive turque

  • Des dizaines de milliers de personnes ont dû abandonner leur maison puis s'installer dans des camps de fortune situés dans des zones encore sous le contrôle des forces kurdes
  • Des groupes de défense des droits humains ont rapporté des cas de pillage et de saisie de biens à grande échelle à l'issue de l'opération turque

HASSAKÉ: La fille de Wadha Charmoukh n'a connu, à cinq mois, que la vie sous une tente, dans l'un des camps abritant des dizaines de milliers de personnes chassées de leurs villages du nord de la Syrie lorsque la Turquie, assistée de partenaires syriens, a repris ce territoire aux forces kurdes il y a un an.

Wadha a accouché dans un camp de civils kurdes et arabes ayant fui cette offensive turque, lancée en octobre 2019, qui a permis à Ankara de s'emparer d'une bande frontalière de 120 kilomètres à l'intérieur du territoire syrien.

« Ma fille Berivan, âgée de cinq mois, est née dans les camps. Elle n'a jamais vu de maison. Juste vécu à l'étroit dans une tente », raconte cette mère de 29 ans dans un camp situé dans la province de Hassaké (nord-est de la Syrie). « Quel genre de vie c'est, pour un enfant de naître et de vivre dans une tente ? ».

Wadha et sa famille ont dû, comme des dizaines de milliers de personnes, abandonner leur maison puis s'installer dans des camps de fortune situés dans des zones encore sous le contrôle des forces kurdes.

Des groupes de défense des droits humains ont rapporté des cas de pillage et de saisie de biens à grande échelle à l'issue de l'opération turque.

« L'avenir est sombre et nous sommes désespérés », confie cette mère de famille arabe, expliquant que les accusations selon lesquelles son mari a travaillé avec les autorités kurdes rendent tout retour très dangereux.

« J'essaie parfois d'oublier mais comment peut-on oublier sa maison et les choses qu'on a mis toute sa vie à construire ? »

« Comme une tombe »

Le plus dur pour elle ? Voir ses trois filles grandir dans un camp.

« Quand elles seront grandes, que ressentiront-elles lorsqu'elles quitteront le camp et verront comment vivent les autres ? », s'interroge-t-elle, entourée de ses enfants dont Roslyn, cinq ans, paraplégique et contrainte au fauteuil roulant. « J'essaie de la garder près de moi (...) mais elle n'aime pas rester dans la tente ».

Dans une tente voisine, Chams Abdel Kader confie qu'elle aurait « préféré mourir dans (sa) ville plutôt que vivre dans ce camp qui ressemble à une tombe ».

« Nous pensons nuit et jour à rentrer chez nous à Ras al-Ain », poursuit cette mère kurde de sept enfants, qui a pourtant bien conscience que sa ville n'est plus ce qu'elle était.

Les alliés d'Ankara, nouveaux maitres des lieux, ont rendu la vie impossible aux quelques irréductibles ayant refusé de quitter Ras al-Aïn et Tal Abyad.

« Ce sont nos ennemis », relève Mme Abdel Khader, 40 ans. « Ils tuent des gens, kidnappent des femmes, volent nos maisons et nos voitures et personne ne les arrête ».

« Clé »

La Haute-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme Michelle Bachelet a mis en garde en septembre contre une croissance de la violence et de la criminalité dans les zones conquises par Ankara et ses alliés, notamment à Ras al-Aïn et Tal Abyad.

Cette instance a notamment évoqué une recrudescence des meurtres, des enlèvements, des transferts illégaux de personnes ainsi que des confiscations de terres et de biens.

La Turquie a vigoureusement rejeté ces accusations, tandis que l'opposition syrienne a nié des mauvais traitements « systématiques ».

Salima Mohammad a abandonné l'idée d'un retour dans son village.

Cette femme de 42 ans a transporté des pierres et de la boue pour construire une cuisine de fortune près de sa tente, afin de préparer le repas des quatorze membres de sa famille.

« Notre village a été incendié », explique-t-elle, les larmes aux yeux. « Même si nous avions l'espoir de rentrer, où irions-nous s'il n'y a ni maisons, ni murs, ni portes, ni fenêtres ? »

« Quel sens a l'avenir si nous ne sommes pas avec nos familles sur notre propre terre ? », demande-t-elle, confiant ne s'être toujours pas adaptée à la vie dans le camp.

Un sentiment partagé par Qamra, 65 ans, déracinée des abords de Ras al-Ain avec sa famille.

Entourée de ses petits-enfants sous une tente, la sexagénaire sort d'un petit sac une clé accrochée à un épais lacet noir.

« J'ai apporté la clé de ma maison avec moi », dit-elle. « Si je meurs avant mon retour, je veux être enterrée avec ». (AFP)


Reconnaissance de l'Etat de Palestine par Paris : l'Autorité palestinienne salue une décision «historique et courageuse»

L'Autorité palestinienne a salué lundi soir l'annonce officielle par le président français, Emmanuel Macron, de la reconnaissance de l'Etat de Palestine par la France, la qualifiant de décision "historique et courageuse". (AFP)
L'Autorité palestinienne a salué lundi soir l'annonce officielle par le président français, Emmanuel Macron, de la reconnaissance de l'Etat de Palestine par la France, la qualifiant de décision "historique et courageuse". (AFP)
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  • Le ministère des Affaires étrangères palestinien se félicite dans un communiqué "de la reconnaissance par la République amie de France de l'État de Palestine et la considère comme une décision historique et courageuse"
  • Le ministère salue également "le rôle pionnier joué par la France et le président Macron en incitant de nombreux États" à procéder à la même reconnaissance

RAMALLAH: L'Autorité palestinienne a salué lundi soir l'annonce officielle par le président français, Emmanuel Macron, de la reconnaissance de l'Etat de Palestine par la France, la qualifiant de décision "historique et courageuse".

Le ministère des Affaires étrangères palestinien se félicite dans un communiqué "de la reconnaissance par la République amie de France de l'État de Palestine et la considère comme une décision historique et courageuse conforme au droit international et aux résolutions des Nations unies, soutenant ainsi les efforts déployés pour atteindre la paix et mettre en oeuvre la solution à deux États."

Le ministère salue également "le rôle pionnier joué par la France et le président Macron en incitant de nombreux États" à procéder à la même reconnaissance.

 


L'Arabie saoudite salue la reconnaissance de la Palestine par quatre États occidentaux

 L'Arabie saoudite a salué dimanche la décision du Royaume-Uni, de l'Australie, du Canada et du Portugal de reconnaître l'État de Palestine, la qualifiant d'étape importante pour faire avancer le processus de paix. (AFP)
L'Arabie saoudite a salué dimanche la décision du Royaume-Uni, de l'Australie, du Canada et du Portugal de reconnaître l'État de Palestine, la qualifiant d'étape importante pour faire avancer le processus de paix. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni et le Canada sont les premiers pays du G7 à franchir le pas
  • Le Royaume a déclaré que cette décision démontrait "l'engagement sérieux des pays amis" à soutenir les efforts en faveur d'une solution à deux États, conformément aux résolutions de la légitimité internationale, a rapporté l'agence de presse saoudienne

RIYAD: L'Arabie saoudite a salué dimanche la décision du Royaume-Uni, de l'Australie, du Canada et du Portugal de reconnaître l'État de Palestine, la qualifiant d'étape importante pour faire avancer le processus de paix.

Le Royaume a déclaré que cette décision démontrait "l'engagement sérieux des pays amis" à soutenir les efforts en faveur d'une solution à deux États, conformément aux résolutions de la légitimité internationale, a rapporté l'agence de presse saoudienne (Saudi Press Agency).

Il a ajouté qu'il espérait que d'autres pays suivraient cet exemple et prendraient d'autres mesures positives qui aideraient le peuple palestinien à réaliser ses aspirations à vivre en paix et permettraient à l'Autorité palestinienne d'assumer ses responsabilités, a ajouté l'agence de presse saoudienne.

L'Arabie saoudite a réitéré sa position en faveur d'un règlement juste et global qui garantisse la sécurité, la stabilité et la prospérité du peuple palestinien.

Dimanche, la Grande-Bretagne, l'Australie, le Canada et le Portugal ont reconnu l'existence d'un État palestinien, marquant ainsi un tournant décisif dans des décennies de politique étrangère occidentale.

Le Royaume-Uni et le Canada sont devenus les premiers pays du G7 à franchir le pas. La France et d'autres pays devraient suivre lors de l'assemblée générale annuelle des Nations unies qui s'ouvre lundi à New York.


Le prince héritier et le président français s'entretiennent avant le sommet sur la solution à deux États

Le prince héritier Mohammed ben Salmane s’est entretenu par téléphone samedi avec le président français Emmanuel Macron. (SPA/AFP/Photo d’archives)
Le prince héritier Mohammed ben Salmane s’est entretenu par téléphone samedi avec le président français Emmanuel Macron. (SPA/AFP/Photo d’archives)
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  • Les deux dirigeants ont examiné les résultats de la conférence internationale de haut niveau sur la résolution de la question palestinienne.

RIYAD: Le prince héritier Mohammed ben Salmane a eu un entretien téléphonique, samedi, avec le président français Emmanuel Macron, a rapporté l’Agence de presse saoudienne (SPA).

Les deux dirigeants ont passé en revue les résultats de la conférence internationale de haut niveau consacrée à la résolution pacifique de la question palestinienne, notamment à travers la mise en œuvre de la solution à deux États, une initiative coprésidée par l’Arabie saoudite et la France.

Ils ont également discuté des préparatifs en vue de la reprise de la conférence au niveau des chefs d’État, prévue pour le 22 septembre, dans le cadre des efforts visant à mettre fin à la guerre à Gaza et à parvenir à une paix durable menant à la création d’un État palestinien.

L’appel a également mis en lumière l’adoption de la Déclaration de New York, issue de la conférence et largement approuvée par l’Assemblée générale des Nations unies.

Les deux parties ont souligné le nombre croissant de pays exprimant leur intention de reconnaître un État palestinien, reflétant un large consensus international en faveur d’un avenir pacifique garantissant au peuple palestinien son droit légitime à l’indépendance, selon SPA.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com