Le journalisme citoyen dans le monde arabe, vedette du Festival international du journalisme

La conférence s’est déroulée sur cinq jours avec plus de sept cents intervenants. Les tables rondes, les discussions et les présentations se sont tenues dans le charmant centre historique de Pérouse. (Luca Venelli)
La conférence s’est déroulée sur cinq jours avec plus de sept cents intervenants. Les tables rondes, les discussions et les présentations se sont tenues dans le charmant centre historique de Pérouse. (Luca Venelli)
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Publié le Mardi 12 avril 2022

Le journalisme citoyen dans le monde arabe, vedette du Festival international du journalisme

  • Le festival est l’occasion pour les journalistes de partager leurs expériences et de discuter des problèmes urgents auxquels le secteur des médias fait face
  • Une préoccupation commune était de savoir comment insister sur l’importance des événements en Syrie ou en Afghanistan, alors que de nombreux conflits et crises font rage à travers le monde

PÉROUSE: Le Festival international du journalisme a fait son grand retour en Italie, après une interruption de deux ans. De nombreuses tables rondes sur les pays arabes et le Moyen-Orient s’y sont tenues.
L’édition de cette année revêt une importance particulière pour les professionnels des médias dans le monde arabe, car le festival comprend la plus grande sélection de tables rondes en lien avec la région à ce jour.
«Quand vous venez d’un environnement quasi cataclysmique, comme la Syrie, ou de contextes très répressifs tels qu’en Égypte, il y a toujours cette idée que nous ne sommes pas que des journalistes ou des professionnels, mais que c’est notre vocation», déclare Karam Nachar, rédacteur en chef et cofondateur d’Al-Joumhouria.
Des discussions contextuelles sur les pratiques médiatiques, en Syrie et en Égypte, aux tables rondes plus générales qui présentent un aperçu du climat médiatique actuel dans la région, le festival est l’occasion pour les journalistes de partager leurs expériences et de discuter des problèmes urgents auxquels le secteur des médias fait face.

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Hala Droubi, directrice de la Counter Academy for Arab Journalism. (Francesco Cuoccio)

«Des conférences comme celle-ci nous donnent l’occasion de parler des médias arabes, ce qui n’existait pas il y a dix ans», déclare Michael Jensen, directeur régional Mena (région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord) chez International Media Support.
«Cela nous donne également la possibilité de présenter de nouvelles idées et de discuter de résultats tangibles pour résoudre les problèmes communs auxquels la région est confrontée.»
La conférence s’est déroulée sur cinq jours avec plus de sept cents intervenants. Les tables rondes, les discussions et les présentations qui se sont tenues dans le charmant centre historique de Pérouse, ses théâtres, ses auditoriums et ses bibliothèques, étaient à la hauteur de la réputation du festival.

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Les rues de Pérouse se sont remplies de gens du monde entier venus assister au festival. (Photo fournie)

Toute la ville s’est transformée pour accueillir l’un des plus grands événements journalistiques d’Europe, alors que les résidents ont profité de la forte affluence. Une pâtisserie située sur la place principale de la ville a même affiché une pancarte du festival en chocolat.

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Une pâtisserie située sur la place principale de la ville a même affiché une pancarte du festival en chocolat. Photo fournie.


Fondé en 2006, le festival se tient chaque année à Pérouse, la capitale de l’Ombrie dans le centre de l’Italie. Il réunit des journalistes, des étudiants, des médias et des organisations non gouvernementales (ONG) pour discuter des pratiques médiatiques actuelles et des événements récents à travers le monde.
L’émergence de médias indépendants et le renforcement de la liberté des médias étaient des thèmes communs aux tables rondes.

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Table ronde sur l’avenir des médias et du journalisme en Syrie. (Francesco Ascanio Pepe)

Lors d’une table ronde intitulée «Le développement et l’avenir des médias émergents en Syrie», des experts ont discuté du développement des médias indépendants en Syrie après 2011.

«Nous étions un groupe de militants désireux de savoir ce qui se passait dans les villes voisines. Seul l’un d’entre nous avait étudié le journalisme», précise Kholoud Helmi, cofondatrice d’Enab Baladi, un média syrien indépendant qui a connu un essor important après le soulèvement syrien.
«Les règles du journalisme nous étaient inconnues. Nous ne savions pas comment faire preuve d’objectivité et de nuance, mais nous étions enthousiastes. Nous voulions à tout prix raconter aux gens nos histoires. Pour nous, les personnes d’ici et d’ailleurs devaient savoir ce qui se passe dans les villes syriennes.»
Expliquant pourquoi le journalisme indépendant revêt une importance primordiale dans les zones de conflit comme la Syrie, la table ronde a brossé un portrait du paysage médiatique extrêmement limité d’avant 2011 au sein du pays, décrit à l’époque d’avant-guerre comme le «pays du silence».
Les intervenants ont insisté sur la nécessité de soutenir le journalisme citoyen, affirmant que bon nombre de ceux qui ont fondé des médias indépendants, ou qui y travaillent désormais, ont commencé comme militants et citoyens avec peu ou pas d’expérience dans le journalisme.
Une autre table ronde, intitulée «Innover: nouvelles pratiques médiatiques de la région arabe», a permis aux rédacteurs de mettre en lumière l’émergence de divers types de nouvelles pratiques médiatiques au cours de la dernière décennie pour lutter contre la notion traditionnelle de journalisme.
«Le journalisme culturel, par exemple, a fortement émergé ces dernières années dans la région. Ce type de journalisme, axé sur la mise en valeur de la culture arabe auprès d’un public étranger, est particulièrement important, car il remet en question le style traditionnel des nouvelles de dernière minute et se concentre davantage sur la narration», souligne Karam Nachar.
De nombreuses tables rondes ont également été organisées pour informer les journalistes étrangers et les médias internationaux des besoins des médias locaux. Lors d’une session intitulée «L’avenir de la couverture médiatique en Afghanistan», les intervenants ont raconté avec émotion le quotidien des journalistes afghans sous le régime des talibans.

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Les participants font la queue pour accéder à l’une des nombreuses tables rondes organisées sur la place de la ville. (Photo fournie)

«Le 30 avril 2018, un double attentat-suicide à Kaboul prend des journalistes du pays pour cible. Vingt-cinq personnes, dont neuf journalistes, y trouvent la mort. Trois d’entre eux étaient mes collègues», raconte Malali Bashir, journaliste afghane primée et rédactrice en chef de Radio Free Europe et du service afghan de la station Radio Liberty, connue localement sous le nom de «Radio Azadi».
«Je tiens à le mentionner pour réitérer l’engagement des journalistes afghans envers leur travail et insister sur la manière dont ils ont contribué à la liberté des médias, à la liberté d’expression et au droit d’accéder à des informations correctes et impartiales en Afghanistan.»
Plus de trois cents médias ont cessé leurs activités en Afghanistan depuis le 15 août, date à laquelle les talibans se sont emparés du pouvoir. Des centaines de journalistes ont fui l’Afghanistan et ceux qui sont restés ont soit cessé de travailler, soit se sont adaptés au cadre de plus en plus instable et font face à des risques majeurs pour leur sécurité.

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Table ronde sur l’avenir de la couverture médiatique en Afghanistan sous le régime taliban, organisée à la bibliothèque historique. (Photo fournie)

Les intervenants ont également évoqué la manière de couvrir localement les événements en Afghanistan et ils ont souligné la nécessité d’apprendre aux journalistes locaux et étrangers à coopérer, étant donné qu’ils dépendent fortement les uns des autres.
«Nous devons soutenir le journalisme citoyen et former les journalistes locaux à raconter leurs propres histoires», recommande Vanessa Gezari, rédactrice en chef pour la sécurité nationale chez The Intercept.
«En tant que journalistes étrangers, nous devons aider les Afghans à parler de leur propre pays, à trouver des histoires à raconter, puis les impliquer dans leur récit et utiliser les réseaux sociaux pour partager les histoires.»
Une préoccupation commune à travers ces tables rondes consacrées à la région était de savoir comment insister sur l’importance des événements en Syrie ou en Afghanistan, alors que de nombreux autres conflits et crises font rage à travers le monde.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël: des élus favorables à une loi instaurant la peine de mort pour les «terroristes»

 La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
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  • Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative
  • La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture

JERUSALEM: La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir.

La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture.

Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative.

Dans une note explicative de la commission, il est indiqué que "son objectif est de couper le terrorisme à sa racine et de créer une forte dissuasion".

Le texte propose qu'un "terroriste reconnu coupable de meurtre motivé par le racisme ou la haine (...) soit condamné à la peine de mort - de manière obligatoire", ajoutant que cette peine serait "non optionnelle".

La proposition de loi a été présentée par une élue du parti Otzma Yehudit (Force Juive) d'Itamar Ben Gvir.

Ce dernier a menacé de cesser de voter avec la coalition de droite de Benjamin Netanyahu si ce projet de loi n'était pas soumis à un vote parlementaire d'ici le 9 novembre.

"Tout terroriste qui se prépare à commettre un meurtre doit savoir qu'il n'y a qu'une seule punition: la peine de mort", a dit le ministre lundi dans un communiqué.

M. Ben Gvir avait publié vendredi une vidéo de lui-même debout devant une rangée de prisonniers palestiniens allongés face contre terre, les mains attachées dans le dos, dans laquelle il a appelé à la peine de mort.

Dans un communiqué, le Hamas a réagi lundi soir en affirmant que l'initiative de la commission "incarne le visage fasciste hideux de l'occupation sioniste illégitime et constitue une violation flagrante du droit international".

"Nous appelons les Nations unies, la communauté internationale et les organisations pertinentes des droits de l'Homme et humanitaires à prendre des mesures immédiates pour arrêter ce crime brutal", a ajouté le mouvement islamiste palestinien.

Le ministère palestinien des Affaires étrangères et des expatriés, basé à Ramallah, a également dénoncé cette décision, la qualifiant de "nouvelle forme d'extrémisme israélien croissant et de criminalité contre le peuple palestinien".

"C'est une étape dangereuse visant à poursuivre le génocide et le nettoyage ethnique sous le couvert de la légitimité", a ajouté le ministère.


Frappes israéliennes sur le sud du Liban: deux morts 

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah. (AFP)
Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah. (AFP)
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  • Selon un bilan provisoire, "une frappe ennemie d'Israël" dans la région de Nabatiyé a fait lundi "un mort et sept blessés, a indiqué le ministère de la Santé
  • Un drone a visé une voiture à Doueir, a rapporté l'agence nationale d'information Ani

BEYROUTH: Des frappes israéliennes sur le sud du Liban ont tué lundi deux personnes et blessé sept autres, a indiqué le ministère libanais de la Santé, au lendemain de la menace d'Israël d'intensifier ses attaques contre le Hezbollah pro-iranien.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024, Israël continue de mener des attaques régulières contre les bastions du Hezbollah. Et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a accusé dimanche le Hezbollah de tenter de se "réarmer".

Selon un bilan provisoire, "une frappe ennemie d'Israël" dans la région de Nabatiyé a fait lundi "un mort et sept blessés, a indiqué le ministère de la Santé.

Un drone a visé une voiture à Doueir, a rapporté l'agence nationale d'information Ani.

Sur place, un photographe de l'AFP a vu des pompiers tenter d'éteindre l'incendie de la voiture visée qui s'est propagé à d'autres véhicules à proximité. Des ouvriers ramassaient les bris de verre des devantures de commerces endommagées, a-t-il également constaté.

Une autre frappe sur un village de la région de Bint Jbeil a fait un mort, selon le ministère de la Santé.

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah.

Des centaines de personnes ont participé à leurs funérailles dimanche dans la ville de Nabatiyé, scandant "Mort à Israël".

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth, mais il demeure financièrement résilient et armé.

Les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, ce que le Hezbollah refuse.

"Nous attendons du gouvernement libanais qu'il fasse ce qu'il s'est engagé à faire, c'est-à-dire désarmer le Hezbollah, mais il est clair que nous exercerons notre droit à l'autodéfense comme convenu dans les termes du cessez-le-feu", avait averti le Premier ministre israélien dimanche.


La Turquie mobilise ses partenaires musulmans autour de Gaza

La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
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  • Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël
  • "Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens

ISTANBUL: La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien.

Les ministres de ces sept pays (Turquie, Arabie saoudite, Qatar, Emirats arabes unis, Jordanie, Pakistan et Indonésie), tous membres de l'organisation de la coopération islamique (OCI), avaient été reçus par Donald Trump fin septembre à New York en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, avant la présentation du plan de paix américain six jours plus tard.

Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu le 10 octobre, alors que "le Hamas semble déterminé" à respecter l'accord, estime-t-il.

"Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens.

En amont de cette réunion, le chef de la diplomatie turque Hakan Fidan a reçu samedi une délégation du bureau politique du Hamas emmenée par Khalil al-Hayya, le négociateur en chef du mouvement islamiste palestinien.

Selon des responsables du ministère des Affaires étrangères, M. Fidan doit appeler à la mise en place de mécanismes permettant aux Palestiniens d'assurer la sécurité et la gouvernance de Gaza.

"Agir avec prudence" 

"Nous devons mettre fin au massacre à Gaza. Un cessez-le-feu à lui seul ne suffit pas", a insisté M. Fidan lors d'un forum à Istanbul.

"Nous devons reconnaître que Gaza doit être gouvernée par les Palestiniens et agir avec prudence", a encore souligné le ministre turc, plaidant de nouveau pour une solution à deux Etats.

Le chef de la diplomatie turque accuse Israël de chercher des prétextes pour rompre le cessez-le-feu.

Mais les efforts d'Ankara, qui multiplie les contacts diplomatiques avec les pays de la région et cherche à infléchir la position pro-israélienne des Etats-Unis, sont vus d'un mauvais œil par Israël qui juge Ankara trop proche du Hamas.

Les dirigeants israéliens ont exprimé à plusieurs reprises leur refus de voir la Turquie participer à la force internationale de stabilisation à Gaza.

En vertu du plan de Donald Trump, sur lequel est basé l'accord de cessez-le-feu, cette force de stabilisation, formée principalement de troupes de pays arabes et musulmans, doit se déployer à Gaza à mesure que l'armée israélienne s'en retirera.

Seuls des pays jugés "impartiaux" pourront rejoindre cette force, a cependant prévenu le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar.

Autre signe de la méfiance du gouvernement israélien : une équipe de secouristes turcs dépêchée pour participer à la recherche de corps, y compris israéliens, dans les ruines de Gaza, attendait toujours en fin de semaine dernière le feu vert israélien pour entrer dans le territoire palestinien, selon Ankara.