Israël, refuge d'opposants à la Russie de Poutine

La linguiste Olga Romanova pose pour une photo au domicile de son fils dans la colonie israélienne de Maale Adumim en Cisjordanie occupée à la périphérie de Jérusalem le 29 mars 2022. Née à Moscou, elle a demandé un passeport israélien après l'annexion de la péninsule de Crimée par le président russe Vladimir Poutine en 2014. (Menahem Kahana/AFP)
La linguiste Olga Romanova pose pour une photo au domicile de son fils dans la colonie israélienne de Maale Adumim en Cisjordanie occupée à la périphérie de Jérusalem le 29 mars 2022. Née à Moscou, elle a demandé un passeport israélien après l'annexion de la péninsule de Crimée par le président russe Vladimir Poutine en 2014. (Menahem Kahana/AFP)
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Publié le Dimanche 17 avril 2022

Israël, refuge d'opposants à la Russie de Poutine

  • Depuis le début, le 24 février, de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, près de 24.000 Ukrainiens ont fui en Israël, selon le ministère de l'Immigration
  • Plusieurs bénéficient de la «loi du Retour», qui offre aux juifs, enfants ou petits-enfants de juifs, le droit d'obtenir la citoyenneté israélienne

REHOVOT, Israël : Les cinéastes russes Anna Chichova-Bogolioubova et Dmitri Bogolioubov s'attendaient à être fichés à tout moment comme «agents» de l'étranger pour leur opposition au président Vladimir Poutine lorsqu'ils ont quitté précipitamment Moscou pour se réfugier en Israël au début de la guerre en Ukraine.

«On était les prochains sur la liste», confie le couple, rencontré dans l'appartement prêté par un ami à Rehovot, ville paisible à une vingtaine de kilomètres au sud de Tel-Aviv.

Etre sur cette liste signifie se voir contraint «à l'auto-censure ou à la prison à plus ou moins brève échéance», note Dmitri, 42 ans et auteur de «Town of Glory», un documentaire sur l'usage par Vladimir Poutine des références liées à la lutte contre l'Allemagne nazie pour asseoir son autorité dans les villages russes.

Moscou voit d'un mauvais œil la collaboration de ces cinéastes avec des sociétés de production européennes, qui financent leurs documentaires dénonçant généralement la répression et la propagande du président Poutine, souligne le couple.

«Ces dernières années on se sentait menacés. Les derniers mois surtout, des types nous épiaient et prenaient des photos sur nos tournages», explique Anna, 36 ans. «Quand la guerre a commencé on a compris qu'on devait partir tout de suite», dit-elle.

Depuis le début, le 24 février, de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, près de 24.000 Ukrainiens ont fui en Israël, selon le ministère de l'Immigration, plusieurs bénéficiant de la «loi du Retour», qui offre aux juifs, enfants ou petits-enfants de juifs, le droit d'obtenir la citoyenneté israélienne.

Mais à l'ombre de la guerre, des opposants russes ont aussi plié bagages pour Israël à l'instar d'Anna et de Dmitri, qui s'étaient procurés un passeport israélien ces dernières années tout en continuant à vivre en Russie.

- Contre la guerre -

Un responsable israélien traitant des questions d'immigration chiffre à environ 10.000 le nombre de Russes entrés en Israël depuis la guerre en Ukraine. «Ce sont en majorité des gens diplômés, urbains, appartenant à la classe moyenne», souligne ce responsable.

Olga Romanova, une linguiste âgée de 69 ans et originaire de Moscou, avait demandé son passeport israélien après l'annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée par la Russie en 2014.

«Je pensais de toute façon rejoindre à un moment donné mes deux enfants installés en Israël, mais là j'ai compris que quelque chose n'allait plus en Russie», raconte-t-elle, entourée des portraits de ses petits-enfants dans le salon de son fils, près de Jérusalem.

Et au petit matin du 24 février, quand les chars Russes sont entrés en Ukraine, «c'était devenu une évidence que je devais partir le plus vite possible», confie-t-elle à l'AFP. «La guerre en Ukraine est incompatible avec ma manière de penser et mes valeurs morales. Ca me rend malade», soupire-t-elle, les yeux embués par l'émotion.

- Rester ou repartir ? -

Cette vague d'immigration, ukrainienne et russe, est la plus importante en Israël depuis le début des années 1990, période où des centaines de milliers de juifs avaient quitté l'ex-URSS pour refaire leur vie sur les rives de la Méditerranée.

«Ici on se sent en sécurité, on mange et on dort de nouveau normalement, ma fille de quatre ans qui est diabétique est complètement prise en charge. Mais on ne sait pas si on restera, ça dépendra de notre travail», explique Anna. «En ce moment, on veut juste vivre l'instant, nous remettre de nos émotions, après on verra».

Sergueï, un violoniste qui a demandé à utiliser un nom d'emprunt par crainte de représailles, parti de Moscou avec son épouse, pianiste, et leurs trois jeunes enfants, explique qu'Israël pourrait n'être qu'une étape: «Je ne sais pas si on va rester ici. On partira probablement ailleurs».

Car même s'ils ont la nationalité israélienne, l'Etat hébreu est encore largement une terra incognita pour les nouveaux arrivants et la nostalgie de la Russie n'est déjà là pas très loin.

«J'ai perdu mon pays. On me l'a volé. Il a été pris par Poutine et les voyous du KGB», se désole Olga, qui a pris deux bouquins dans ses 20 kilos de bagages, un pour son travail et l'autre, un roman de l'écrivain russe Mikhaïl Boulgakov qu'elle emporte toujours en voyage.


L'UE promet 88 millions d'euros en faveur de l'Autorité palestinienne

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  • "Nous avons signé plus de 82 millions d'euros", qui viennent s'ajouter aux six millions d'euros déjà annoncés, s'est félicitée devant la presse la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Suica
  • Quelque soixante délégations rassemblant les 27 de l'UE, les pays arabes et plusieurs organisations internationales se sont retrouvées jeudi à Bruxelles, sans la présence d'Israël

BRUXELLES: Les pays de l'Union européenne vont verser quelque 88 millions d'euros pour aider l'Autorité palestinienne, pressée de se réformer par les Européens, soucieux de son rôle futur dans le cadre du plan Trump pour la région.

"Nous avons signé plus de 82 millions d'euros", qui viennent s'ajouter aux six millions d'euros déjà annoncés, s'est félicitée devant la presse la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Suica, à l'issue d'une conférence des donateurs à Bruxelles.

Quelque soixante délégations rassemblant les 27 de l'UE, les pays arabes et plusieurs organisations internationales se sont retrouvées jeudi à Bruxelles, sans la présence d'Israël.

"Aujourd'hui, nous avons présenté les progrès réalisés dans le cadre de notre programme de réforme nationale, qui est mis en œuvre, pas seulement promis, mais mis en œuvre et en avance sur le calendrier, ce qui a été reconnu par nos partenaires", a indiqué de son côté le Premier ministre palestinien Mohammed Mustafa.

Et cela "en dépit d'un environnement défavorable", a-t-il ajouté, accusant Israël de chercher "à affaiblir l'Autorité palestinienne ainsi que sa capacité à fonctionner".

Mme Suica a réitéré sur ce point les appels lancés par l'Union européenne pour qu'Israël accepte de libérer les recettes fiscales dues à l'Autorité palestinienne, indispensables à son fonctionnement.

"Cela a été dit par tous les participants", a-t-elle assuré.

Concernant Gaza, M. Mustafa a assuré que l'Autorité palestinienne avait un plan, soutenu par les pays arabes pour sa reconstruction. "Nous gouvernerons, nous réformerons et nous dirigerons la reconstruction de Gaza", a-t-il assuré.

L'Union européenne est le principal soutien financier de l'Autorité palestinienne. Elle conditionne toutefois le versement futur de cette aide à des réformes, qu'elle juge indispensables pour que cette Autorité soit en mesure de jouer pleinement son rôle dans le cadre de la solution à deux États, israélien et palestinien, que les Européens défendent depuis des années.

"Tout notre soutien à l'Autorité palestinienne est lié aux efforts pour poursuivre l'agenda des réformes", a rappelé Mme Suica.


Zelensky va rencontrer des responsables du Pentagone sur fond d'initiative américaine pour régler le conflit

 Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin. (AFP)
Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin. (AFP)
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  • Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier, peu de responsables américains se sont rendus en Ukraine
  • Selon un média américain Axios, Washington et Moscou préparent discrètement un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine, lancée en février 2022 avec l'invasion russe du pays voisin

KIEV: Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin.

Cette réunion intervient au retour d'une visite infructueuse mercredi en Turquie du président ukrainien, qui espérait que Washington s'investisse à nouveau dans les négociations de paix. Mais l'émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff, ne s'est pas déplacé.

Elle intervient également au lendemain d'une frappe russe ayant tué au moins 26 personnes dans une ville de l'ouest de l'Ukraine, l'une des attaques les plus meurtrières de Moscou sur son voisin ukrainien cette année.

La délégation du Pentagone, conduite par le secrétaire à l'Armée américaine, Daniel Driscoll, a rencontré mercredi le commandant en chef des armées ukrainiennes Oleksandre Syrsky et le ministre ukrainien de la Défense Denys Chmygal, selon leurs communiqués respectifs.

Le président Zelensky doit recevoir la délégation jeudi soir, a indiqué la présidence.

Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier, peu de responsables américains se sont rendus en Ukraine.

Selon un média américain Axios, Washington et Moscou préparent discrètement un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine, lancée en février 2022 avec l'invasion russe du pays voisin.

Un haut responsable ukrainien a indiqué à l'AFP que ce plan requiert notamment que l'Ukraine cède à la Russie des territoires qu'elle occupe et réduise son armée de moitié.

Le Kremlin s'est refusé à tout commentaire et Washington et Kiev n'ont pas commenté publiquement les propositions de ce plan.

 


Grèce: découverte d'une toile géante avec 111.000 araignées dans une grotte

Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes. (AFP)
Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes. (AFP)
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  • La toile d'araignée découverte couvre quelque 106 m2 et comprend "69.000 individus de tégénaires domestiques (Tegenaria domestica) et plus de 42.000 de Prinerigone vagans (Linyphiidae)"
  • Des images, reçues mercredi par l'AFP, montrent des pans de cette immense toile, pendant sur la paroi comme un lourd rideau de velours noir, dans les profondeurs de cette grotte sous le regard fasciné d'un scientifique équipé comme un spéléologue

ATHENES: Des scientifiques ont récemment découvert une toile d'araignée géante de plus de 100 m2 avec quelque 111.000 araignées dans une grotte à la frontière entre la Grèce et l'Albanie, selon une étude publiée dans la revue Subterranean Biology.

Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes.

La toile d'araignée découverte couvre quelque 106 m2 et comprend "69.000 individus de tégénaires domestiques (Tegenaria domestica) et plus de 42.000 de Prinerigone vagans (Linyphiidae)".

Des images, reçues mercredi par l'AFP, montrent des pans de cette immense toile, pendant sur la paroi comme un lourd rideau de velours noir, dans les profondeurs de cette grotte sous le regard fasciné d'un scientifique équipé comme un spéléologue.

"Mon dieu, incroyable! Quelle texture!", s'exclame en anglais ce scientifique touchant la toile avec ses doigts.

Selon lui, dans chacun de ces trous il y a une arachnide à l'origine de ces "mégapoles" d'araignées. On voit ensuite un membre de l'équipe réussir à attraper une araignée et la poser dans une tube à essai.

Dans la revue, les chercheurs évoquent "la découverte (...) d’un assemblage extraordinaire d’araignées coloniales" alors que ces deux espèces sont normalement solitaires.

Il s'agit du "premier cas documenté de formation de toile coloniale chez ces espèces", notent d'ailleurs les experts qui précisent que cette immense toile est formée "de nombreuses toiles individuelles, (...) chacune étant stratégiquement placée à un endroit où les ressources trophiques (la nourriture disponible, ndlr) sont abondantes".

"Certaines sections de la toile peuvent se détacher de la paroi sous leur propre poids", expliquent-ils.

Des sources d'eau situées dans les recoins profonds de la grotte alimentent un ruisseau sulfuré qui traverse toute la longueur du passage principal de la grotte, selon l'étude.

Les araignées partagent la grotte avec de nombreux autres insectes, notamment des mille-pattes, des scorpions et des coléoptères.

La découverte de cette immense toile a été rapportée pour la première fois par des membres de la Société spéléologique tchèque, selon l'étude.