Un nouvel accord sur le nucléaire iranien serait une importante victoire pour Téhéran

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Publié le Mardi 26 avril 2022

Un nouvel accord sur le nucléaire iranien serait une importante victoire pour Téhéran

Un nouvel accord sur le nucléaire iranien serait une importante victoire pour Téhéran
  • La Maison Blanche a affirmé qu'elle envisageait de lever les sanctions non liées au nucléaire si un nouvel accord était conclu
  • Avec ce projet d’accord, le régime iranien sera beaucoup plus proche d’obtenir l’arme nucléaire

Afin de parvenir à un nouvel accord avec le régime iranien concernant son programme nucléaire, l'administration Biden a déjà fait d'importantes concessions à Téhéran. Il semble que le projet de nouvel accord soit beaucoup moins ferme que le précédent, adopté de 2015. Ce qui aura de graves répercussions sur la paix et la stabilité dans la région.

La politique de l'administration Biden envers le régime iranien peut s’analyser comme un renversement de la politique de l'administration Trump. Sa politique de conciliation envers les dirigeants religieux a permis l’annulation en 2021 de la classification de terroristes de la milice yéménite houthie soutenue par l'Iran.

Le département d'État américain s’était alors justifié: «Cette décision prend acte de la situation humanitaire désastreuse au Yémen… Une telle classification pourrait avoir un impact dévastateur sur l'accès des Yéménites aux produits de base comme la nourriture et le carburant. L’annulation vise à garantir que la politique américaine ne constitue pas une entrave à l'assistance en faveur de ceux qui souffrent déjà d’un conflit qui a été qualifié de pire crise humanitaire au monde.»

Cependant, cette décision n'a fait qu'enhardir le régime iranien et ses supplétifs. À peine deux jours plus tard, le département d'État appelait les Houthis à «cesser immédiatement les attaques touchant des zones civiles à l'intérieur de l'Arabie saoudite, et à mettre fin à toute nouvelle offensive militaire à l'intérieur du Yémen». Les Houthis avaient lancé contre le Royaume quatre drones piégés que les Saoudiens ont «interceptés et détruits». Puis, dans une grave escalade en janvier, les Houthis ont lancé une attaque militaire contre les EAU en faisant exploser trois camions-citernes à Abu Dhabi, tuant trois personnes.

Le groupe terroriste, selon un rapport des services de renseignement du gouvernement yéménite, «travaille en étroite collaboration» avec Al-Qaïda et Daech, et semble avoir commis des crimes contre l'humanité. Depuis 2015, il aurait tué ou blessé plus de 17 500 civils. Il recrute, blesse et tue également des enfants.

«Cela aiderait le régime à déstabiliser la région, cibler et attaquer les alliés des Américains, et financer et parrainer ses milices et ses groupes terroristes»

Dr Majid Rafizadeh

La Maison Blanche a également indiqué qu’elle était non seulement disposée à lever les sanctions liées au nucléaire contre l'Iran, mais qu'elle envisageait de lever les sanctions non liées au nucléaire si un nouvel accord était conclu. En juin 2021, l'administration Biden a levé les sanctions contre trois anciens responsables iraniens et plusieurs sociétés énergétiques. Puis, dans un coup porté au peuple iranien et aux défenseurs de la démocratie et des droits humains – et quelques jours seulement après l’élection d’un présumé tueur en série, Ebrahim Raïssi, comme président – les États-Unis ont annoncé qu'ils envisageaient également de lever les sanctions contre le Guide suprême, Ali Khamenei.

En outre, le nouvel accord sur le nucléaire semble être beaucoup moins ferme que celui de 2015 conclu sous l'administration Obama. Avec ce projet d’accord, le régime iranien sera beaucoup plus proche d’obtenir l’arme nucléaire. Les restrictions sur le programme nucléaire du régime ne seront levées que deux ans après sa signature, permettant ainsi à Téhéran d'enrichir l'uranium à n'importe quel niveau et de faire tourner autant de centrifugeuses qu'il le souhaite.

Le nouvel accord n'obligera pas le régime à révéler ses activités nucléaires passées, qui comportaient des aspects militaires. Il ne traitera pas non plus du programme balistique de l'Iran, ce qui signifie que Téhéran continuera d'attaquer d'autres nations, fournira des missiles à ses milices et augmentera la portée de ses missiles balistiques intercontinentaux. En outre, la Russie, alliée de l'Iran, se verra confier la responsabilité de stocker l'uranium enrichi de l'Iran, Moscou étant payé pour cette tâche.

Pour répondre aux demandes des dirigeants iraniens, le nouvel accord inclura très probablement le retrait par les États-Unis du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) et de sa branche d'élite, la Force Al-Qods, de sa liste des organisations terroristes étrangères. Enfin et surtout, les sanctions économiques contre le régime iranien seront également levées, ce qui facilitera le flux de milliards de dollars vers les mollahs au pouvoir.

Cela aidera le régime à déstabiliser la région, cibler et attaquer les alliés des Américains, et financer et parrainer ses milices et groupes terroristes à travers le monde. Ce mois-ci, plus de 45 généraux américains à la retraite ont écrit une lettre à l'administration Biden, mettant en garde sur le projet de nouvel accord. «Le projet en cours de négociation, dans l’élaboration duquel la Russie a joué un rôle essentiel, permettra au premier État parrain mondial du terrorisme de projeter sa propre ombre nucléaire sur le Moyen-Orient. En tant que chefs militaires américains à la retraite qui avons consacré notre vie à la défense de notre nation, nous nous opposons à cet accord, qui est sur le point de provoquer immédiatement une attaque iranienne explosive et d'ouvrir la voie à l'Iran pour devenir une puissance nucléaire, menaçant notre patrie américaine et l'existence même des alliés régionaux de l'Amérique», soutiennent-ils. 

En résumé, le nouvel accord nucléaire proposé par l'administration Biden est bien pire que le précédent conclu en 2015. S'il était signé, il assurerait une importante victoire au régime iranien, ainsi qu’au CGRI et ses milices et groupes terroristes dans la région.

 

Le Dr Majid Rafizadeh est un politologue irano-américain diplômé de Harvard. Twitter: @Dr_Rafizadeh

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Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com