Les Libanais marquent le 1er anniversaire de leur révolution

Dans l'après-midi, un cortège doit se rendre au port, où une énorme explosion a fait plus de 200 morts et 6.500 blessés. Une veillée est prévue à 18H07 (15H07 GMT), heure à laquelle Beyrouth basculait dans l'enfer le 4 août. (AFP)
Dans l'après-midi, un cortège doit se rendre au port, où une énorme explosion a fait plus de 200 morts et 6.500 blessés. Une veillée est prévue à 18H07 (15H07 GMT), heure à laquelle Beyrouth basculait dans l'enfer le 4 août. (AFP)
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Publié le Samedi 17 octobre 2020

Les Libanais marquent le 1er anniversaire de leur révolution

  • « Tous veut dire tous », ont scandé les protestataires pendant des semaines, réclamant le départ de l'ensemble de la classe politique, avant que leurs rassemblements ne s’essoufflent
  • « Depuis un an, on est dans la rue pour porter des revendications sociales et économiques, et rien n'a changé »

BEYROUTH : Des centaines de Libanais sont descendus samedi dans les rues de Beyrouth pour marquer le premier anniversaire d'un soulèvement populaire contre l'élite politique accusée de corruption et d'incompétence, qui n'a toutefois pas obtenu de véritables changements dans un pays en plein effondrement économique.

Deux gouvernements ont démissionné depuis le début de la contestation le 17 octobre 2019. Mais les mêmes politiciens --souvent d'anciens seigneurs de la guerre civile (1975-1990)-- les mêmes partis et les mêmes familles patriciennes monopolisent toujours le pouvoir.

« Tous veut dire tous », ont scandé les protestataires pendant des semaines, réclamant le départ de l'ensemble de la classe politique, avant que leurs rassemblements ne s’essoufflent.

Samedi, quelques centaines de manifestants brandissant des drapeaux libanais ont commencé à rallier le centre de Beyrouth et l'emblématique place des Martyrs, épicentre de la contestation où retentissaient des chants patriotiques diffusés par des hauts-parleurs, a constaté un photographe de l'AFP.

« Depuis un an, on est dans la rue pour porter des revendications sociales et économiques, et rien n'a changé », lâche le septuagénaire Abed Sabagh.

« Notre revendication, c'est le changement de la classe politique corrompue, qui continue à se disputer les postes et les sièges », martèle-t-il.

Dans l'après-midi, un cortège doit se rendre au port, où une énorme explosion a fait plus de 200 morts et 6.500 blessés. Une veillée est prévue à 18H07 (15H07 GMT), heure à laquelle Beyrouth basculait dans l'enfer le 4 août.

Près du site de la déflagration, des protestataires ont installé une sculpture en métal représentant une torche, sur laquelle était gravé en arabe « révolution du 17 octobre ».

« Manque de confiance »

« Je n'ai pas encore perdu espoir, parce que nous sommes toujours dans les rues, les uns avec les autres, face à un gouvernement corrompu », assurait à l'AFP Mélissa, militante et manifestante.

Mais dans un pays traumatisé et éreinté par la crise économique, les rassemblements monstres des débuts, mobilisant certains jours des centaines de milliers de personnes, sont devenus au fil des mois sporadiques et ont été violemment dispersés par les forces de l'ordre.

La contestation avait éclaté en raison d'une taxe gouvernementale sur l'utilisation de WhatsApp.

Si les autorités ont rapidement supprimé cette mesure, le soulèvement avait gagné l'ensemble du pays, illustrant un ras-le-bol généralisé contre un système sclérosé et des services publics quasi inexistants.

Depuis un an, le pays traverse une grave crise économique marquée par un effondrement de la monnaie nationale et des restrictions bancaires draconiennes sur les retraits et les transferts à l'étranger.

A cela s'ajoutent des dizaines de milliers de licenciements et des coupes salariales dans un pays où désormais la moitié de la population vit dans la pauvreté.

Les difficultés ont aussi été accentuées par la pandémie de Covid-19.

« Tout au long d'une année catastrophe, les griefs et les demandes légitimes des Libanais n'ont pas été entendus", a déploré vendredi le coordinateur spécial de l'ONU pour le Liban, Jan Kubis. «Tout cela a encore aggravé le manque de confiance des Libanais envers leurs dirigeants.»

La révolution continue

A Tripoli, ville pauvre du nord devenue une place-forte de la contestation, les manifestants s'étaient mobilisés dès vendredi soir.

« Nous saluons notre révolution, elle continue, elle ne mourra pas tant que nous n'aurons pas concrétisé nos revendications », assène Taha Ratl.

Mais la classe politique est toujours là, absorbée par des marchandages interminables pour former un gouvernement et ignorant les appels de la communauté internationale à des réformes.

Le gouvernement de Hassan Diab a démissionné dans la foulée de l'explosion, dont la responsabilité est imputée par une grande partie de l'opinion à l'incurie des dirigeants.

De l'aveu même des autorités, l'explosion a été provoquée par une énorme quantité de nitrate d'ammonium, stockée depuis plus de six ans sans mesures de précaution.

Initialement prévues jeudi, des consultations parlementaires visant à désigner le futur chef du gouvernement ont été reportées d'une semaine.

«  Ma main est toujours tendue pour travailler ensemble et concrétiser les appels à des réformes », a réitéré samedi sur Twitter le président Michel Aoun, les contestataires ayant souvent rejeté ses invitations.

Quant à Saad Hariri, ancien Premier ministre qui avait démissionné à l'automne 2019 quand les manifestations battaient leur plein, il se dit désormais disposé à prendre la tête d'un nouveau gouvernement.

 


Attaques israéliennes à Doha: le Qatar s'entretient avec la présidente de la CPI

L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, préside le sommet sur l'urgence arabo-islamique 2025 à Doha, au Qatar. (QNA/AFP)
L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, préside le sommet sur l'urgence arabo-islamique 2025 à Doha, au Qatar. (QNA/AFP)
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  • Le Qatar explore des recours légaux contre Israël après une frappe à Doha ayant tué plusieurs membres du Hamas et un agent de sécurité qatari
  • Bien que simple observateur à la CPI, Doha intensifie ses démarches diplomatiques et judiciaires pour demander des comptes à Israël

DOHA: Un haut représentant du Qatar a rencontré mercredi la présidente de la Cour pénale internationale (CPI) alors que Doha cherche à engager des poursuites contre Israël après des frappes sans précédent sur son territoire, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères qatari.

Mohammed Al-Khulaifi, qui a été chargé d'entreprendre d'éventuelles démarches légales après l'attaque israélienne, s'est entretenu avec la juge Tomoko Akane à La Haye, a indiqué le ministère.

Le pays du Golfe explore "toutes les voies juridiques et diplomatiques disponibles pour s'assurer que les responsables de l'attaque israélienne contre le Qatar rendent des comptes", a précisé jeudi auprès de l'AFP un responsable qatari, s'exprimant sous couvert d'anonymat en raison de la sensibilité des discussions.

Le Qatar, en tant qu'État observateur à la CPI, ne peut pas saisir directement la cour.

La frappe meurtrière menée la semaine dernière à Doha, visant des dirigeants du mouvement islamiste palestinien Hamas, a déclenché une vague de critiques à l'international, les Nations unies condamnant une "violation choquante du droit international". Elle a aussi valu à Israël une rare réprobation du président américain Donald Trump.

Israël et le Qatar, pays médiateur dans les négociations en vue d'une trêve à Gaza, sont tous deux alliés des États-Unis.

Le Hamas a affirmé que ses principaux dirigeants politiques, installés au Qatar avec l'aval de Washington depuis 2012, avaient survécu à l'attaque qui a tué cinq de ses membres, ainsi qu'un membre des forces de sécurité qataries.

À l'issue d'un sommet extraordinaire lundi à Doha, la Ligue arabe et l'Organisation de la coopération islamique ont appelé "tous les Etats (...) à revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël et à engager des poursuites à son encontre".

En 2024, la CPI a émis des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, pour crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza.

L'offensive israélienne, qui a fait plus de 65.000 morts dans le territoire palestinien selon les chiffres du Hamas, fiables selon l'ONU, a été déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste le 7 octobre 2023 sur le sol israélien.

La CPI a également émis des mandats d'arrêt contre l'ancien ministre israélien de la Défense Yoav Gallant et le commandant militaire du Hamas Mohammed Deif, tué depuis par Israël.


L'Arabie saoudite et le Pakistan signent un pacte de défense mutuelle

Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
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  • Le pacte marque une étape majeure dans le renforcement des liens sécuritaires et économiques entre deux alliés de longue date
  • L'accord de Riyad transforme des décennies de coopération militaire en un engagement sécuritaire contraignant

​​​​​ISLAMABAD : Le Pakistan et l’Arabie saoudite ont signé mercredi un « Accord stratégique de défense mutuelle », s’engageant à considérer toute agression contre l’un des deux pays comme une attaque contre les deux, renforçant ainsi la dissuasion conjointe et solidifiant des décennies de coopération militaire et sécuritaire.

Cet accord intervient moins de deux semaines après les frappes aériennes israéliennes à Doha visant des dirigeants du Hamas, un événement ayant intensifié les tensions régionales et souligné l’urgence pour les États du Golfe de renforcer leurs partenariats sécuritaires.

L'accord de Riyad marque également une volonté des deux gouvernements de formaliser leurs liens militaires de longue date en un engagement contraignant.

Le pacte a été signé lors de la visite officielle du Premier ministre Shehbaz Sharif à Riyad, où il a rencontré le prince héritier et Premier ministre Mohammed ben Salmane au palais Al-Yamamah. Accompagnés de ministres et responsables militaires de haut niveau, les deux dirigeants ont passé en revue ce que le bureau de Sharif a qualifié de relation « historique et stratégique » entre les deux nations, en discutant également des développements régionaux.

« L’accord stipule que toute agression contre l’un des deux pays sera considérée comme une agression contre les deux », a déclaré le communiqué conjoint.

Il décrit le pacte comme un reflet de l’engagement commun des deux gouvernements à renforcer la coopération en matière de défense et à œuvrer pour la sécurité et la paix dans la région et dans le monde.

Depuis des décennies, l’Arabie saoudite et le Pakistan entretiennent des liens étroits sur les plans politique, militaire et économique. Le Royaume accueille plus de 2,5 millions de ressortissants pakistanais — la plus grande communauté d’expatriés pakistanais — et a souvent soutenu financièrement Islamabad lors de crises économiques. La coopération en matière de défense a inclus des formations, des achats d’armes et des exercices militaires conjoints.

Le nouvel accord formalise cette coopération sous la forme d’un engagement de défense mutuelle, une étape qui, selon de nombreux analystes, place cette relation au même niveau que d’autres partenariats stratégiques dans la région.

Bien que le communiqué n’ait pas précisé les mécanismes de mise en œuvre, il a souligné que l’accord visait à développer les aspects de la coopération en matière de défense et à renforcer la dissuasion conjointe face à toute agression.

Cette visite intervient également alors que le Pakistan cherche à renforcer ses liens avec les États du Golfe, dans un contexte de défis économiques persistants.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.pk


La reconnaissance de la Palestine, message à Israël sur «les illusions de l'occupation» 

La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
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  • "La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours"
  • Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus"

RAMALLAH: La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.

"La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours", a déclaré Mme Aghabekian, en référence à l'occupation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza par Israël.

Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus", a-t-elle ajouté.