Trois industries à surveiller dans les écosystèmes des startups en croissance record du monde arabe

Le Rapport mondial sur les écosystèmes des startups (Global Startup Ecosystem Report) — qui a étudié plus de 1,27 million d'entreprises dans plus de 250 écosystèmes — reconnaît le soutien aux startups offert par Bahreïn et Sharjah.
Le Rapport mondial sur les écosystèmes des startups (Global Startup Ecosystem Report) — qui a étudié plus de 1,27 million d'entreprises dans plus de 250 écosystèmes — reconnaît le soutien aux startups offert par Bahreïn et Sharjah.
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Publié le Samedi 17 octobre 2020

Trois industries à surveiller dans les écosystèmes des startups en croissance record du monde arabe

  • Startup Genome a nommé Bahreïn et Sharjah parmi les endroits les plus propices à la prospérité des startups technologiques au monde
  • Tous deux ont lancé des programmes visant à stimuler les PME afin de les aider à survivre et à se développer pendant la pandémie de Covid-19

DUBAI : Au Moyen-Orient, Bahreïn et la ville de Sharjah aux Émirats arabes unis offrent les meilleurs écosystèmes pour les startups dans de nombreux  domaines : la technologie financière (fintech), la technologie de l'éducation (edtech) et les médias numériques. C'est ce qu'affirme Startup Genome, l'organisation de conseil politique et de recherche.

En effet, Bahreïn et Sharjah sont classés parmi les cinq premiers écosystèmes au monde qui favorisent  l'activation la plus rapide des startups. Cela signifie que les fondateurs peuvent « s'appuyer sur les forces économiques locales et développer des programmes ciblés afin d’accélérer la croissance des écosystèmes et réaliser des réussites ponctuelles menant à des sorties importantes ».

Le Rapport mondial sur les écosystèmes des startups (Global Startup Ecosystem Report) — qui a étudié plus de 1,27 million d'entreprises dans plus de 250 écosystèmes — reconnaît le soutien que ces deux écosystèmes ont apporté aux startups à la suite de la pandémie de coronavirus (Covid-19).

Bahreïn comme Sharjah ont mis en place des programmes de relance pour les petites et moyennes entreprises (PME), soit par des aides sans participation au capital, soit par des exemptions de certains frais.

Grâce aux normes qu'il applique en matière de financement participatif et d'ouverture bancaire, le Bahreïn est en tête de la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (MENA) en tant qu'écosystème de haute technologie (fintech). Le bac à sable réglementaire géré par la Banque centrale de Bahreïn (CBB) permet aux joueurs de tester de nouveaux concepts avant qu'ils ne soient rendus publics. Cela explique pourquoi l'île accueille 90 startups actives et diverses.

Ebrahim Janahi, directeur général du fonds de travailleurs Tamkeen, déclare que « le Bahreïn s'est imposé comme un centre de fintech innovant, abritant des réglementations conçues pour permettre et encourager l'esprit d'entreprise ».

Parmi les succès récents, on compte Fasset, une entreprise de la CBB (Banque centrale de Bahreïn)  proposant aux investisseurs mondiaux des jetons numériques pour financer des investissements fractionnés dans le secteur des infrastructures durables. Actuellement en phase de test bêta, le Fasset Exchange (FEX) a pour objectif de gérer les jetons - essentiellement des pièces numériques -  adossés à des devises virtuelles telles que le bitcoin et l'éthereum, ainsi qu'à des actifs réels tels que l'or.

 « Jusqu'à présent, l'accès aux actifs numériques - qu'il s'agisse de crypto-monnaies ou de véritables jetons adossés à des actifs - dans la région MENA SA (le Moyen-Orient, l'Afrique du Nord

et l’Asie du Sud) a été un processus onéreux », explique Mohammed Raafi Hossain, PDG de Fasset.

 « FEX apporte au CCG (Conseil de coopération du Golfe) l'accessibilité, la variété et la facilité d'utilisation qui caractérisent de plus en plus les marchés des actifs numériques dans le reste du monde. Nous sommes convaincus que chaque investisseur devrait disposer d'une allocation saine et adaptée aux risques, en matière d'actifs numériques », a-t-il ajouté.

Mashal Waqar (à gauche), co-fondateur de The Tempest, et Ahmed Faraj (à droite), co-fondateur et directeur général de Lumofy . (Fourni)

Cette décision intervient après le lancement de Rain, le premier échange de devises cryptographiques du Golfe. Les startups capitalisent sur le marché mondial des devises virtuelles qui devraient atteindre 1,48 milliard de dollars d'ici 2025, avec un taux de croissance annuel de 6 % au cours des cinq prochaines années.

L'un des secteurs les plus affectés ces derniers temps est celui des médias, où les modèles traditionnels d'entreprises ont été gravement atteints.

Dans ce contexte, plusieurs startups se sont développées pour servir un public de niche, considérée comme une « entreprise médiatique pour les femmes de la nouvelle génération ». Fondée en 2016, la startup a été admise dans un programme d'accélération géré par Sheraa, un incubateur basé à Sharjah.

« Le meilleur aspect du programme est l'encadrement et les opportunités que vous obtenez en tant que startup une fois que vous faites partie de l'écosystème de Sheraa », affirme le co-fondateur de The Tempest, Mashal Waqar.

« Ils ont créé un environnement de soutien et d'encouragement qui nous a permis de travailler sur l'aspect commercial et sur les revenus, et de peaufiner notre processus de vente ».

Startup Genome a identifié Sharjah comme un centre pour les startups de médias numériques, comportant deux zones franches. Sheraa, quant à elle, a mis en place des programmes dédiés aux industries de la publication des livres et du contenu numérique. Selon les prévisions de la société d'études de marché Technavio, le marché du contenu numérique devrait croître de 18,7 % en 2020, avec une croissance de 519,83 milliards de dollars sur les cinq ans jusqu'en 2024.

Les entreprises spécialisées dans les technologies de l'éducation, qu'elles s'adressent aux élèves ou aux adultes désireux d'améliorer leurs compétences, ont vu la demande de leurs services augmenter depuis le déclenchement de l'épidémie de Covid-19.

Dans le monde entier, les startups de l'éducation numérique (edtech) ont attiré 4,8 milliards de dollars en 2020, soit plus d'investissements en capital-risque au cours des neuf premiers mois de l'année 2020 qu'en 2019, selon les données de l'entreprise de renseignements commerciaux CB Insights. Le secteur est en voie d'établir un nouveau record cette année.

 

Dans l'ensemble, le marché de l'éducation numérique (edtech) et des classes virtuelles fera plus que doubler au cours des cinq prochaines années, avec une croissance annuelle de 16 %, passant de 85,8 milliards de dollars en 2020 à 181,3 milliards de dollars en 2025.

 

La société Lumofy, basée à Bahreïn, figure parmi les acteurs régionaux qui se sont hissés à la tête des startups au cours des derniers mois. Le fournisseur de solutions d'apprentissage en ligne a contribué à accélérer la transformation numérique des entreprises et des institutions du pays depuis l'épidémie de Covid-19, en commençant par un abonnement gratuit de deux mois à ses produits de passerelle.

 

Selon le co-fondateur et PDG Ahmed Faraj « la situation liée à la COVID-19 nous a amenés à envisager d’une nouvelle manière la relation entre la technologie et l'éducation ».

 

« Nous sommes passés plus rapidement au monde numérique. En tant qu'innovateurs, nous sommes capables de nous adapter pour permettre aux entreprises, aux institutions et aux entités gouvernementales d'évoluer rapidement grâce à la panoplie d'outils dont nous disposons ».

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Ce rapport est publié par Arab News en tant que partenaire du Middle East Exchange, qui a été lancé par les initiatives mondiales de Mohammed ben Rashid Al Maktoum pour refléter la vision du Premier ministre des Émirats arabes unis et souverain de Dubaï afin d'explorer la possibilité de changer le statut de la région arabe.

 

 


La RATP se cherche un ou une présidente

Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
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  • Après le départ de Jean Castex à la SNCF, l’Élysée s’apprête à nommer rapidement le nouveau président ou la nouvelle présidente de la RATP
  • Plusieurs profils circulent, tandis que la régie fait face à d’importants défis

PARIS: Après le départ de Jean Castex à la SNCF, la RATP se cherche un ou une présidente, dont la nomination pourrait intervenir "rapidement", selon des sources concordantes.

L'annonce se fera par communiqué de l'Elysée en vertu de l'article 13 de la Constitution qui prévoit que le président de la République nomme aux emplois civils et militaires de l'Etat.

Suivront, deux semaines plus tard, deux auditions de l'impétrant devant les sénateurs, puis devant les députés. Les parlementaires ont la possibilité de s'opposer au candidat d'Emmanuel Macron s'ils réunissent trois cinquième de leurs votes cumulés contre le nom choisi par l'Elysée.

En revanche, si le candidat est adoubé par le Parlement, son nom est proposé en conseil d'administration comme nouvel administrateur, puis confirmé dans la foulée par un décret suivant le conseil des ministres.

Depuis l'arrivée de l'ancien Premier ministre Jean Castex à la tête de la SNCF début novembre, les rumeurs se multiplient sur le nom de celui ou celle qui sera chargé de lui succéder aux commandes de la Régie autonome des transports parisiens, vieille dame créée le 21 mars 1948 et désormais plongée dans le grand bain de l'ouverture à la concurrence.

Les articles de presse pèsent les différents "profils" pressentis, politiques ou techniques qui pourraient "faire le job".

Les noms qui reviennent le plus souvent sont ceux de Xavier Piechaczyk, président du directoire du distributeur d'électricité RTE et ex-conseiller énergie-transport de Jean-Marc Ayrault et François Hollande, Alain Krakovitch, actuel directeur des TGV et Intercités à SNCF Voyageurs, Jean-François Monteils, président du directoire de la Société des grands projets (SGP) et selon la Tribune, Valérie Vesque-Jeancard, présidente de Vinci Airways et directrice déléguée de Vinci Airports.

"Si le nom sort de l'Elysée avant la fin de l'année, cela permettrait au PDG de prendre ses fonctions fin janvier-début février" souligne un fin connaisseur des milieux ferroviaires qui requiert l'anonymat.

- "Aller vite" -

"Une entreprise industrielle comme la RATP ne peut pas rester sans pilote très longtemps" souligne une autre source, proche du dossier, qui requiert aussi l'anonymat, avant d'ajouter "il faut aller vite, car c'est aussi une boite politique, la RATP".

Une entreprise aux enjeux d'autant plus complexes, que malgré son ancrage initial parisien, la RATP dépend du financement de la région Ile-de-France pour ses matériels, s'étend de plus en plus loin dans la banlieue, voire en métropole, et gère des réseaux de transports dans 16 pays sur les cinq continents.

En France, elle est notamment pressentie pour gérer les transports ferroviaires régionaux autour de Caen en Normandie à partir de 2027 après avoir répondu - via sa filiale RATP Dev - à des appels d'offre d'ouverture à la concurrence.

A Paris, la RATP est en train d'introduire progressivement de nouveaux matériels sur son réseau. Le nouveau métro MF19 construit par Alstom, ira d'abord sur la ligne 10 puis sept autres lignes (7 bis, 3 bis, 13 d'ici 2027, puis 12, 8, 3 et 7 d'ici 2034).

L'ensemble du processus prendra une dizaine d'années environ de travaux de modernisation sur les lignes concernées: beaucoup d'ingénierie fine à organiser pour réaliser les travaux pendant la nuit sans interrompre le trafic diurne et de désagréments pour les voyageurs.

A échéance plus lointaine, le ou la future patronne devra déterminer la stratégie du groupe dans les nouvelles ouvertures à la concurrence qui se dessinent: les tramway en 2030 puis le métro en 2040.

Sur le réseau de bus francilien, où la RATP a d'ores et déjà perdu son monopole, elle est parvenue à conserver l'exploitation de 70% des lignes d'autobus qu'elle gérait à l'issue des dernières vagues d'appels d'offre de mise en concurrence qui se sont achevées cet automne.

En particulier, elle continue d'exploiter via RATP Dev tous les bus de Paris intra-muros et a engagé un processus de verdissement de sa flotte de bus, financé par Ile-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité organisatrice des transports.

Ses concurrents Keolis (filiale de la SNCF), Transdev et l'italien ATM ont pris les rênes le 1er novembre des lignes remportées.


Pourquoi le chocolat reste cher avant Noël malgré la baisse du prix du cacao

Des producteurs récoltent du cacao dans une plantation à Agboville, dans la région d'Agneby-Tiassa, le 4 décembre 2025. (AFP)
Des producteurs récoltent du cacao dans une plantation à Agboville, dans la région d'Agneby-Tiassa, le 4 décembre 2025. (AFP)
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  • Après des récoltes déficitaires ayant fait exploser les prix du cacao en 2024, la production repart en Côte d’Ivoire et au Ghana grâce à la hausse du prix payé aux producteurs, entraînant une baisse des cours mondiaux
  • Malgré cette accalmie, les consommateurs ne verront pas les prix du chocolat baisser pour Noël, car les coûts élevés ont déjà conduit à des hausses tarifaires, des réductions de portions et une baisse de la teneur en cacao

LONDRES: Après être montés en flèche pendant deux ans, les cours du cacao sont largement retombés cette année, mais sans répercussion sur les prix du chocolat à quelques jours des fêtes de fin d'année. Explications.

- L'Afrique de l'Ouest est le coeur de la production -

La Côte d'Ivoire et le Ghana sont les principaux fournisseurs de cabosses, les fruits du cacaoyer, desquels sont extraits les fèves de cacao utilisées pour le chocolat.

Ces deux pays d'Afrique de l'Ouest concentrent plus de la moitié de la production mondiale, le reste étant principalement réparti entre le Nigeria, le Cameroun, ainsi que l'Equateur, l'Indonésie et le Brésil.

Cette concentration de la production mondiale dans quelques zones géographiques rend le marché très vulnérable aux aléas climatiques de l'Afrique de l'Ouest et aux maladies des cacaoyers.

- Les prix ont battu des records en 2024 -

Les récoltes des "saisons 2021-2022, 2022-2023, et 2023-2024 ont été déficitaires" par rapport à la demande, entraînant une hausse mécanique des prix, explique à l'AFP Oran Van Dort, de Rabobank.

Ce déficit s'explique selon lui par les mauvaises conditions météorologiques, mais aussi des problèmes systémiques dans les plantations ghanéennes et ivoiriennes, comme "le vieillissement des arbres, la propagation du "swollen shoot virus" (oedème des pousses du cacaoyer) ou la faible utilisation d'engrais et de pesticides", faute de revenus suffisants.

Résultat, en décembre 2024, le prix du cacao a atteint le niveau inédit de 12.000 dollars la tonne à la Bourse de New York, lui qui s'échangeait entre 1.000 et 4.000 dollars depuis les années 80.

- La récolte de fèves a redécollé ces derniers mois -

Au Ghana et en Côte d’Ivoire, le prix payé aux producteurs est fixé par l'État, qui l'a largement augmenté pendant l'année 2025, après l'avoir longtemps maintenu inchangé malgré la hausse des cours.

"Pour la première fois depuis des années, j'ai l'impression que nous cultivons avec le soutien du gouvernement", témoigne auprès de l'AFP, Kwame Adu, de la région d'Ahafo au Ghana.

La hausse des revenus a permis aux producteurs d'acheter des engrais et des machines pour améliorer la récolte, ainsi que de planter de nouveaux arbres, favorisant leurs perspectives.

"L'année passée (saison 2024/2025, ndlr), ça s'est bien passé parce qu'au moment où le cacao a donné les fruits, il y avait la pluie", explique aussi à l'AFP Jean Kouassi, agriculteur ivoirien de 50 ans, qui possède 4 hectares de plantation.

- Il y a moins de cacao dans les produits -

"Le coût record des matières premières a contraint les fabricants de chocolat à prendre une série de décisions impopulaires: réduction des quantités, augmentation des prix", mais aussi la "dilution discrète de la teneur en cacao" dans les produits, souligne Ole Hansen, analyste chez Saxo Bank.

La pratique peut même coûter l'appellation "barre au chocolat" à certains produits, comme c'est arrivé aux biscuits Penguin et Club de la marque McVitie's cette année au Royaume-Uni, qui impose un minimum de teneur en cacao.

La demande des géants comme Mondelez, Mars, Ferrero ou Nestlé s'est affaiblie, ce qui, ajouté à la bonne récolte 2024-2025, a entraîné une baisse des cours. La tonne de cacao évolue désormais à New York aux alentours de 6.000 dollars.

- Le chocolat reste cher -

La baisse des prix du cacao ne profitera pas aux amateurs de chocolat durant les fêtes, celle-ci arrivant "bien trop tard pour affecter les assortiments de Noël déjà produits et dont les prix ont été fixés il y a plusieurs mois", tranche Ole Hansen

"Les récentes fluctuations des prix du cacao sont encourageantes, mais le marché reste volatil (...) il est encore trop tôt pour se prononcer sur des changements spécifiques concernant les prix", reconnaît Nestlé, interrogé par l'AFP.

L'espoir demeure pour les oeufs et les lapins de Pâques, selon M. Hansen, à condition que le marché se stabilise autour des niveaux actuels.


EDF inaugure en Guadeloupe son premier compensateur synchrone pour stabiliser le réseau

Le logo du géant français de l'énergie EDF est visible au siège social de l'entreprise à Marseille, dans le sud de la France, le 10 octobre 2025. (AFP)
Le logo du géant français de l'énergie EDF est visible au siège social de l'entreprise à Marseille, dans le sud de la France, le 10 octobre 2025. (AFP)
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  • EDF a inauguré en Guadeloupe un compensateur synchrone de 180 tonnes, une première mondiale destinée à stabiliser un réseau insulaire en forte transition vers les énergies renouvelables
  • L’équipement, sans émission de CO₂, doit réduire les coûts et renforcer la sécurité électrique

PARIS: EDF a inauguré mercredi en Guadeloupe son premier compensateur synchrone, une machine de 180 tonnes destinée à stabiliser un réseau insulaire non interconnecté, une "première mondiale" pour l'électricien.

Installé sur le site industriel de Jarry, près de Pointe-à-Pitre, l'équipement sera "mis en service très prochainement", a indiqué à la presse Hugo Gevret, qui a piloté ce projet. Il s'agit d'"un gros alternateur qui tourne à vide" et contribue à maintenir la tension et à soutenir la fréquence du réseau, deux paramètres essentiels dans un système isolé.

Dans les systèmes électriques traditionnels, cette stabilité est assurée par les turbines lourdes des centrales thermiques ou nucléaires. Leur masse en rotation fournit une inertie mécanique qui amortit naturellement les variations de fréquence.

Mais la Guadeloupe, engagée vers la décarbonation et l'autonomie énergétique d'ici 2035, doit intégrer davantage d'énergies renouvelables, dont l'intermittence ne fournit pas cette sécurité. "L'éolien et le photovoltaïque (...) n'apportent pas cette inertie qu'on recherche dans un système électrique: c'est le rôle du compensateur", souligne encore Hugo Gevret.

Son rotor en rotation permanente imite l'inertie mécanique d'une centrale classique, sans brûler de combustible. La machine peut absorber ou injecter de l'énergie réactive pour maintenir la tension, et réagir en quelques millisecondes aux fluctuations du réseau, un paramètre crucial dans un territoire non interconnecté.

L'investissement, engagé en 2019, atteint plus de 20 millions d'euros. La machine doit "faire économiser cinq millions d'euros à la collectivité et 30.000 tonnes annuelles de CO2", précise Hugo Gevret car contrairement aux turbines à combustion utilisées jusqu'ici pour stabiliser le système, elle n'émet aucun gaz à effet de serre.

Ce dispositif constitue pour l'électricien une "première mondiale", a rappelé Marie-Line Bassette, directrice régionale d'EDF. Selon elle, d'autres installations sont prévues dans les territoires ultramarins, pour lesquels des appels d'offres ont été lancés.

L'archipel a été frappé ces dernières années par des délestages et coupures à répétition, aggravés par des conflits sociaux dans le secteur de l'énergie. En 2024, une grève avait même provoqué un black-out total de plus de 36 heures.