WASHINGTON: Les droits de douane américains sur 350 milliards de dollars d'importations en provenance de Chine expireront automatiquement le 6 juillet, si aucune entreprise ne demande à les maintenir, a annoncé mardi l'administration Biden, sous pression pour les supprimer en raison d'une inflation record aux Etats-Unis.
Alors que les Américains sont confrontés à une hausse des prix inédite en 40 ans et que les entreprises peinent à trouver des approvisionnements clés, le président Joe Biden fait face à des appels croissants pour mettre fin à ces droits de douane punitifs imposés par son prédécesseur Donald Trump.
"Les tarifs douaniers nuisent sans raison valable aux entreprises et aux consommateurs américains", a souligné Doug Barry, porte-parole du Conseil économique Etats-Unis/Chine (USCBC), qui regroupe plus de 200 entreprises américaines faisant des affaires avec la Chine.
Une première série de tarifs douaniers avait été mise en place le 6 juillet 2018 avant trois autres salves qui représentent l'équivalent de 350 milliards de dollars d'importations annuelles en provenance du géant asiatique.
L'ancien président républicain avait pris ces mesures en représailles aux pratiques commerciales chinoises jugées "déloyales", dénonçant le "vol" de propriété intellectuelle ou le transfert "forcé" de technologie.
A l'approche de leur expiration, le 6 juillet prochain, les services de la représentante américaine au commerce (USTR) ont annoncé mardi lancer une consultation.
La principale fédération patronale (US Chamber), des entreprises ainsi que des experts en commerce international appellent depuis des mois à alléger, voire à supprimer ces mesures, arguant qu'ils affectent durement les petites entreprises qui n'ont pas de sources d'approvisionnement alternative.
"La première étape du processus consiste à informer les représentants des branches de production nationales qui bénéficient des mesures tarifaires de la possibilité de mettre fin à ces mesures et de la possibilité de demander leur maintien", a expliqué USTR dans un communiqué.
"Si nous ne recevons pas de demande (...), nous n'aurons pas l'autorité à les maintenir" au-delà de quatre ans, a souligné une responsable de l'USTR lors d'une conférence téléphonique.
"Quelque 600" notifications vont ainsi être envoyées, a indiqué une autre responsable.
Si les tarifs douaniers étaient maintenus, ils pourraient néanmoins subir des modifications.
Un responsable de USTR a refusé de dire si l'inflation serait prise en compte tout en assurant que l'administration examinera "les effets de telles actions sur l'économie des États-Unis, y compris les consommateurs".
«Tous les outils sur la table»
Les entreprises se plaignent depuis longtemps de l'incapacité de Pékin à protéger le savoir-faire et les brevets ou les subventions aux entreprises chinoises.
Avant l'ère Trump, les administrations américaines avaient cherché à résoudre ces problèmes par le dialogue, le républicain avait, lui, lancé une guerre commerciale inédite.
Donald Trumpo avait aussi arraché un accord bilatéral, signé en janvier 2020 et entré en vigueur un mois plus tard. Mais l'ambassadrice américaine Katherine Tai a estimé fin mars devant le Congrès que les tarifs douaniers n'avaient pas "incité" Pékin à modifier ses pratiques.
Mardi, USTR a assuré qu'il examinerait toutes les demandes y compris pour augmenter, diminuer ou modifier les tarifs douaniers.
Mais pour Doug Barry, "l'USTR semble peu enclin" à les lever. "L'ambassadrice Tai continue d'affirmer que les droits de douane sont utiles comme +levier+ avec la Chine, bien qu'il n'y ait aucune preuve à l'appui de cette affirmation", a-t-il déploré.
Certes, USTR a renouvelé son régime d'exemption sur plus de 300 produits importés de Chine, "y compris les bicyclettes". C'est "une étape positive" mais c'est insuffisant, dit-il.
"La communauté des affaires et de nombreux membres du Congrès veulent que les tarifs disparaissent", a-t-il souligné, appelant Pékin et Washington à reprendre leurs discussions entre autres sur les subventions et la politique industrielle.
Lundi, Katherine Tai a assuré que tous les outils étaient sur la table et que son administration allait "examiner bien sûr les droits de douane", lors d'une conférence organisée par le Milken Institute, un centre de réflexion américain.
"Mais examinons également la politique monétaire, la politique budgétaire ou la politique fiscale", a-t-elle lancé.