Ukraine : les derniers combattants de Marioupol refusent de se rendre, le G7 arrête d'importer du pétrole russe

L'équipe d'urgence s'occupe d'un incendie près de débris en feu, après qu'un bâtiment scolaire a été touché à la suite d'un bombardement, dans le village de Bilohorivka, Luhansk, Ukraine, le 8 mai 2022. (Reuters)
L'équipe d'urgence s'occupe d'un incendie près de débris en feu, après qu'un bâtiment scolaire a été touché à la suite d'un bombardement, dans le village de Bilohorivka, Luhansk, Ukraine, le 8 mai 2022. (Reuters)
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Publié le Dimanche 08 mai 2022

Ukraine : les derniers combattants de Marioupol refusent de se rendre, le G7 arrête d'importer du pétrole russe

L'équipe d'urgence s'occupe d'un incendie près de débris en feu, après qu'un bâtiment scolaire a été touché à la suite d'un bombardement, dans le village de Bilohorivka, Luhansk, Ukraine, le 8 mai 2022. (Reuters)
  • «Le G7 tout entier s'est engagé aujourd'hui à interdire ou supprimer progressivement les importations de pétrole russe», a pour sa part annoncé la Maison Blanche
  • Le président Poutine a assuré dimanche que «comme en 1945, la victoire sera à nous», multipliant les comparaisons entre la Deuxième Guerre mondiale et le conflit en Ukraine dans ses voeux du 8 mai

SEVERODONETSK: Les derniers combattants retranchés à Marioupol refusaient dimanche de se rendre malgré les incessantes frappes russes sur l'est de l'Ukraine, où une soixantaine de personnes étaient portées disparues après le bombardement de leur refuge, tandis que les pays du G7 ont décidé de ne plus importer de pétrole russe.  

Le même jour, la Première dame des Etats-Unis Jill Biden a rencontré son homologue ukrainienne Olena Zelenska dans une école en Ukraine à proximité de la frontière avec la Slovaquie, où elle se trouvait cette semaine. « Je voulais venir pour la fête des mères. Je pensais qu'il était important de montrer au peuple ukrainien que cette guerre doit s'arrêter », a-t-elle lancé devant des journalistes. 

Autres visites surprises, celle du Premier ministre canadien Justin Trudeau, qui est allé à Irpin, une localité de la banlieue de Kiev dévastée par les combats, et de la présidente du Bundestag, la chambre basse du parlement allemand, Bärbel Bas, qui a également été près de la capitale ukrainienne, à Boutcha, théâtre d'atrocités sur des civils. 

« Le G7 tout entier s'est engagé aujourd'hui à interdire ou supprimer progressivement les importations de pétrole russe », a pour sa part annoncé la Maison Blanche dans un communiqué. 

Cette décision « va porter un coup dur à la principale artère irriguant l'économie de (Vladimir) Poutine et le priver des revenus dont il a besoin pour financer sa guerre », ont estimé les Etats-Unis, qui ont d'ores et déjà interdit l'achat d'hydrocarbures russes. 

Soixante morts dans une école bombardée dans l'est de l'Ukraine

Soixante personnes ont été tuées samedi dans le bombardement d'une école dans la région de Lougansk dans l'est de l'Ukraine, a déclaré dimanche le président ukrainien Volodymyr Zelensky.


"Pas plus tard qu'hier, dans le village de Bilogorivka, dans la région de Lougansk, une bombe russe a tué 60 civils", a affirmé M. Zelensky lors d'une intervention en visioconférence à un sommet du G7. 


"Ils essayaient de trouver refuge dans le bâtiment d'une école ordinaire qui a été visée par une frappe aérienne russe", a-t-il ajouté.


"Une bombe aérienne a frappé une école et 60 personnes sont mortes sous les décombres", a indiqué de son côté le gouverneur de la région de Lougansk, Serguiï Gaïdaï, à la télévision en langue russe Current Time TV. "Il y a toujours des frappes très fortes sur Bilogorivka", a-t-il poursuivi. "J'aimerais vraiment croire que des gens sont encore vivants là-bas", a-t-il toutefois dit, précisant "que dès les bombardements seront terminés, nous pourrons commencer à déblayer les décombres".


Dimanche matin, M. Gaïdaï avait déclaré qu'"il y avait au total 90 personnes" sur place au moment de la frappe. "27 ont été sauvées", avait-il ajouté, précisant que la température avait été très élevée sur le site après l'explosion.

Au niveau de l'Union européenne, des négociations se poursuivront « en début de semaine » entre Etats membres pour lever les obstacles au projet d'embargo européen sur le pétrole russe, freiné par la Hongrie.  

Sur un plan plus symbolique, le chanteur irlandais Bono a donné un concert dans le métro de Kiev, estimant que les Ukrainiens se battaient « pour nous tous qui aimons la liberté ». 

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Carte de la situation en Ukraine au 8 mai à 9h30 GMT. (Graphique, AFP)

Ukraine: des civils évacués d'Azovstal à Marioupol sont arrivés à Zaporijjia

Plus de 170 civils de Marioupol, dont une quarantaine évacués de l'aciérie Azovstal dans ce port du sud-est ukrainien presque entièrement sous contrôle russe, sont arrivés dimanche soir à Zaporijjia, a constaté un journaliste de l'AFP.


Les évacués, certains avec de jeunes enfants, sont descendus des bus blancs qui les ont transportés jusqu'au parking d'un centre commercial de cette grande ville du sud-est de l'Ukraine, devenu un centre d'accueil pour les personnes fuyant les zones occupées par l'armée russe.


Des travailleurs humanitaires escortaient des personnes âgées y compris une vieille dame en fauteuil roulant.


Au total, 174 civils sont arrivés à bord de huit bus "depuis l'enfer de Marioupol", a précisé dans la foulée sur Twitter la coordinatrice humanitaire des Nations unies pour l'Ukraine, Osnat Lubrani.


"Cette nouvelle opération porte à plus de 600 le nombre total de personnes évacuées de la zone", s'est-elle félicitée dans un communiqué du Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU.


Vendredi, la vice-Première ministre ukrainienne, Iryna Verechtchouk, avait évoqué "50 femmes, enfants et personnes âgées d'Azovstal sortis d'Azovstal".


"Notre travail, cependant, n'est pas terminée", a affirmé Mme Lubrani, assurant que "des dizaines de personnes qui souhaitaient rejoindre le convoi au cours des derniers jours n'ont pas pu le faire".


Samedi, Kiev avait annoncé que toutes les femmes civiles, tous les enfants et personnes âgées avaient été évacuées de l'immense complexe métallurgique Azovstal, dernière poche de résistance des forces ukrainiennes face à l'armée russe dans la ville dévastée de Marioupol.


"Cette partie de la mission humanitaire de Marioupol est accomplie", s'était félicité Mme Verechtchouk sur les réseaux sociaux, tandis que le président Volodymyr Zelensky soulignait qu'il fallait encore évacuer des blessés et du personnel médical.

Une école abritant des réfugiés détruite  

A la veille de la commémoration à Moscou de la victoire contre l'Allemagne nazie, les militaires ukrainiens qui résistent toujours dans l'immense aciérie Azovstal ont annoncé qu'ils excluaient de « capituler ». Car « notre vie n'intéresse pas la Russie. Nous laisser en vie ne lui importe pas », a déclaré Ilya Samoïlenko, un officier du renseignement. 

Dans la région de Lougansk, environ 60 personnes sont portées disparues après qu'une frappe aérienne a « complètement » soufflé l'école du village de Bilogorivka, où elles s'étaient réfugiées, a déclaré dimanche son gouverneur Serguiï Gaïdaï. 

« L'ennemi ne cesse pas ses opérations offensives (...) afin d'établir un contrôle total sur les régions de Donetsk, de Lougansk et de Kherson et de maintenir le couloir terrestre entre ces territoires et la Crimée occupée » depuis 2014, a averti quant à lui l'état-major de l'armée ukrainienne. 

Il a précisé que dans la région de Donetsk, les troupes russes avaient poursuivi leurs attaques autour de Lyman, Popasniansky, Severodonetsk et Avdiivka.  

« Rien qu'à Severodonetsk, il y a eu des dizaines de frappes et un hôpital a aussi été touché », a souligné le gouverneur de la région de Lougansk. 

La ville de Popasna est désormais en ruines et les militaires ukrainiens s'en sont retirés pour occuper de « meilleures positions », a ajouté Serguiï Gaïdaï. 

Côté russe, le ministère de la Défense a revendiqué dimanche la destruction du « poste de commandement d'une brigade mécanisée », dans la région de Kharkiv (nord-est), de même que du « centre de communication de l'aérodrome militaire de Chervonoglinskoye », dans le sud-ouest.   

Les autorités ukrainiennes mettent en garde depuis plusieurs jours contre une intensification possible des actions offensives russes à l'approche des célébrations du 9 mai. 

« Le mal est de retour »  

Le « mal est de retour » en Europe, »dans un uniforme différent, sous des slogans différents, mais avec le même objectif », s'est exclamé dimanche le président ukrainien Volodymyr Zelensky, comparant l'invasion de son pays par la Russie à l'agression des Etats européens par l'Allemagne nazie, dans un discours de commémoration de la fin de la Deuxième Guerre mondiale en Europe. 

« Des décennies après (...), les ténèbres sont retombées sur l'Ukraine », a-t-il dit dans un enregistrement vidéo où il est filmé devant des immeubles d'habitation détruits. 

A Marioupol, après moult appels et vaines tentatives ces dernières semaines, « nous avons évacué les civils d'Azovstal », avait lancé la veille au soir M. Zelensky, citant le nombre de 300 personnes exfiltrées. « Nous préparons désormais la seconde phase (...) : les blessés et le personnel médical ». 

Des centaines de personnes avaient trouvé refuge dans les galeries souterraines de l'aciérie d'Azovstal, qui abrite les derniers défenseurs de cette cité portuaire. 

Moscou avait annoncé mercredi un cessez-le feu unilatéral de trois jours à partir de jeudi matin pour permettre aux civils terrés dans ce vaste complexe de pouvoir partir. Mais les autorités ukrainiennes ont maintenu que les Russes ne l'avaient pas respecté. 

Selon Kiev, ces opérations ont permis au total à près de 500 personnes de fuir en une semaine, sous l'égide de l'ONU et du Comité international de la Croix-Rouge. 

Et, « bien sûr, nous œuvrons aussi à évacuer nos militaires. Tous ces héros défendant Marioupol », a souligné le président Zelensky. 

Selon Ievguenia Tytarenko, une infirmière militaire dont le mari, membre du régiment Azov, est toujours l'usine Azovstal, « de nombreux soldats sont dans un état grave. Ils sont blessés et n'ont pas de médicaments ». « La nourriture et l'eau manquent aussi ». 

« Je me battrai jusqu'au bout », lui a écrit son mari Mykhaïlo, dans un SMS que l'AFP a pu consulter. Ils se sont mariés deux jours avant le début des hostilités avec la Russie. 

« Nos unités dans la zone de l'usine d'Azovstal continuent d'être bloquées », a relevé dimanche l'état-major ukrainien, évoquant des « opérations d'assaut russes » avec « le soutien de l'artillerie et des tirs de chars ». 

Marioupol, qui comptait près de 500 000 habitants avant la guerre, a été presque entièrement rayée de la carte par deux mois de bombardements russes. 

« La victoire sera à nous » (Poutine)  

Le président Poutine a assuré dimanche que « comme en 1945, la victoire sera à nous », multipliant les comparaisons entre la Deuxième Guerre mondiale et le conflit en Ukraine dans ses voeux du 8 mai. 

La Russie n'a toutefois jusqu'à présent pu revendiquer le contrôle complet que d'une ville d'importance, Kherson. 

Ses habitants pourront d'ailleurs obtenir des passeports russes dès cette année, a révélé Kirill Stremoussov, le « vice-président de l'administration militaro-civile de la région ». 

Dans le port de commerce de Marioupol, « les travaux battent leur plein », mais »il reste encore beaucoup à faire », a de son côté dit Denis Pouchiline, le chef de la « République de Donetsk » autoproclamée par les séparatistes prorusses. « Nous prévoyons une reconstruction à grande échelle en très peu de temps », a-t-il ajouté. 

Les actions de Vladimir Poutine en Ukraine « couvrent la Russie et les sacrifices historiques de son peuple (pendant la Deuxième Guerre mondiale) de honte », se sont pour leur part indignés dimanche les pays du G7. 

Au cours d'une réunion virtuelle à laquelle a participé le président Zelensky, les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Allemagne, du Canada, des Etats-Unis, de la France, de l'Italie, du Japon et du Royaume-Uni lui ont « répété (leur) engagement à prendre de nouvelles mesures pour aider l'Ukraine à s'assurer un avenir libre et démocratique », ainsi qu'à « se défendre et repousser de futurs actes d'agression ». 


Un médecin syrien condamné à perpétuité en Allemagne pour crimes contre l'humanité sous Assad

L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis hors de son territoire, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe juridique de compétence universelle. (AFP)
L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis hors de son territoire, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe juridique de compétence universelle. (AFP)
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  • Agé de 40 ans, il réfutait toutes les accusations, parmi lesquelles celles d'avoir mis le feu aux parties génitales d'un adolescent et d'avoir administré une injection létale à un détenu qui avait résisté aux coups
  • "Il a tué deux personnes et blessé grièvement neuf autres", a affirmé en rendant son verdict le juge Christoph Koller, soulignant que ces actes commis en 2011 et 2012 "s'inscrivaient dans la réaction brutale du régime dictatorial et injuste d'Assad"

FRANCFORT: Un médecin syrien, accusé de tortures d'opposants au régime de Bachar al-Assad, a été condamné à la prison à vie lundi par la justice allemande, après un procès fleuve de plus de trois ans à Francfort.

Arrivé en Allemagne en 2015, où il a exercé comme chirurgien orthopédique jusqu'à son arrestation en 2020 après avoir été reconnu par d'autres réfugiés syriens, Alaa Moussa était jugé pour de multiples crimes sur des détenus dans des hôpitaux militaires de Damas et de Homs durant la guerre civile en Syrie.

Agé de 40 ans, il réfutait toutes les accusations, parmi lesquelles celles d'avoir mis le feu aux parties génitales d'un adolescent et d'avoir administré une injection létale à un détenu qui avait résisté aux coups.

"Il a tué deux personnes et blessé grièvement neuf autres", a affirmé en rendant son verdict le juge Christoph Koller, soulignant que ces actes commis en 2011 et 2012 "s'inscrivaient dans la réaction brutale du régime dictatorial et injuste d'Assad" aux manifestations des opposants.

Dénonçant "une violation massive des droits de l'Homme" par l'accusé, le juge a souligné que le verdict était aussi une façon de montrer "que la souffrance des victimes n'est pas oubliée".

"Outre les difficultés inhérentes à un délai de 12 ans, le régime syrien a tenté jusqu'à sa chute (en décembre 2024, ndlr) d'exercer une influence sur la procédure" allemande, a-t-il poursuivi, évoquant des menaces sur des proches des témoins.

Etant donné la gravité des faits, la condamnation à la perpétuité d'Alaa Moussa a été assortie d'une peine de sûreté pour une durée non encore définie (qui sera décidée au bout de quinze ans d'incarcération).

Lors de son procès commencé le 19 janvier 2022, entouré de hautes mesures de sécurité, Alaa Moussa avait été confronté à plus d'une cinquantaine de témoins et d'anciennes victimes.

Certains avaient témoigné masqués et beaucoup avaient fait état de menaces et d'intimidation à l'encontre de leur famille restée au pays alors que l'ombre des services secrets syriens planait sur les audiences.

Une situation qui s'est détendue après la chute, durant le procès, du dictateur Bachar al-Assad, renversé en décembre 2024 et désormais réfugié en Russie.

Parmi les témoins, un ancien lieutenant d'Alep, âgé aujourd'hui d'une quarantaine d'années, emprisonné après avoir refusé de tirer sur des manifestants en novembre 2011.

"Puni pour ses actes" 

Il avait affirmé avoir vu Alaa Moussa infliger des injections à des malades allongés sur le sol, qui sont décédés peu après, dans l'hôpital militaire où il sévissait.

"Aucun tortionnaire, quel que soit le lieu où il a commis son crime, ne peut être certain d'échapper à la justice. Il devra toujours s'attendre à être puni pour ses actes", a asséné le juge Christoph Koller lors de son verdict.

L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis hors de son territoire, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe juridique de compétence universelle.

Il y a deux semaines, la justice allemande avait ainsi condamné à la prison à vie un ancien chef d'une milice syrienne soutenant l'ex-président Bachar al-Assad, reconnu coupable notamment de meurtre, d'actes de torture et de séquestration entre 2012 et 2014.

Lors du premier procès au monde sur des exactions du régime de Bachar al-Assad tenu en Allemagne, Anwar Raslan, un ex-gradé des services de renseignement syriens, avait été condamné en janvier 2022 à la prison à vie pour le meurtre de 27 prisonniers et des faits de torture sur au moins 4.000 autres, en 2011 et 2012, dans la prison Al-Khatib.

Des procès sur les crimes commis en Syrie ont également eu lieu ailleurs en Europe, notamment en France et en Suède.

Le conflit en Syrie, déclenché par des protestations pacifiques violemment réprimées en 2011, a fait plus d'un demi-million de morts, déplacé des millions de personnes et ravagé l'économie et les infrastructures du pays.


Ukraine: l'aide européenne compense le désengagement américain, selon le Kiel Institute

Gabriel Felbermayr, économiste autrichien et président de l'Institut de Kiel pour l'économie mondiale, participe à une conférence de presse le 11 mars 2020 à Berlin afin de commenter l'impact économique et politique de l'épidémie du nouveau coronavirus. (Photo de Tobias SCHWARZ / AFP)
Gabriel Felbermayr, économiste autrichien et président de l'Institut de Kiel pour l'économie mondiale, participe à une conférence de presse le 11 mars 2020 à Berlin afin de commenter l'impact économique et politique de l'épidémie du nouveau coronavirus. (Photo de Tobias SCHWARZ / AFP)
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  • « L'Europe comble largement le retrait de l'aide américaine », écrit l'institut dans un communiqué, qui recense l'aide militaire, financière et humanitaire promise et livrée à l'Ukraine depuis l'invasion russe du 24 février 2022.
  • Début 2025, les données du Kiel Institute montrent que « la récente augmentation de l'aide européenne a été tirée par un petit groupe de pays », au premier rang desquels se trouvent « les pays nordiques et le Royaume-Uni ».

PARIS : Selon l'institut de recherche allemand Kiel Institute, une hausse de l'aide des pays européens à l'Ukraine a permis début 2025 de combler le vide laissé par le désengagement de la nouvelle administration américaine de Donald Trump.

« L'Europe comble largement le retrait de l'aide américaine », écrit l'institut dans un communiqué, qui recense l'aide militaire, financière et humanitaire promise et livrée à l'Ukraine depuis l'invasion russe du 24 février 2022.

Alors que « les États-Unis, qui étaient auparavant le plus gros donateur à l'Ukraine, n'ont pas annoncé de nouvelle enveloppe depuis début janvier », l'Ukraine a tout de même reçu plus d'aide de janvier à avril 2025 qu'en moyenne les années précédentes sur la même période. 

« Reste à savoir s'il s'agit d'une hausse temporaire ou du début d'une évolution plus durable du rôle de l'Europe en tant que principal soutien de l'Ukraine », a déclaré Christoph Trebesch, qui dirige l'équipe du Kiel Institute chargée de suivre les engagements en faveur de l'Ukraine, cité dans le communiqué.

Début 2025, les données du Kiel Institute montrent que « la récente augmentation de l'aide européenne a été tirée par un petit groupe de pays », au premier rang desquels se trouvent « les pays nordiques et le Royaume-Uni ».

En revanche, « il est frappant de constater le peu d'aide allemande allouée ces derniers mois », a-t-il commenté. « Au lieu d'augmenter son soutien après l'arrivée de Trump au pouvoir, nous observons une forte baisse de l'aide allemande par rapport aux années précédentes. »

« La tendance est la même pour l'Italie et l'Espagne », a-t-il précisé. 

Au 30 avril 2025, 294 milliards d'euros au total ont été alloués à des dépenses précises en faveur de l'Ukraine (sur 405 milliards promis), selon les derniers chiffres du Kiel Institute. Les 111 milliards restants ont été promis à long terme, mais pas encore alloués.

Sur la somme déjà donnée, 140 milliards d'euros correspondent à de l'aide militaire, 133 milliards à de l'aide financière et 21 milliards à de l'aide humanitaire.

Les principaux donateurs sont l'Union européenne et ses membres (131 milliards d'euros donnés ou alloués), les États-Unis (115 milliards) et le Royaume-Uni (19 milliards).

En matière d'aide militaire, l'Europe, le Royaume-Uni compris, « dépasse pour la première fois depuis juin 2022 les États-Unis », selon le Kiel Institute. Les Européens ont déjà donné ou alloué 72 milliards d'euros d'aide militaire à l'Ukraine depuis le début de la guerre, contre 65 milliards pour les États-Unis. 


Les dirigeants du G7, dont Trump, se rejoignent au Canada tandis qu'un conflit oppose l'Iran et Israël

Le logo du G7 2025 est visible sur la pelouse devant le centre des médias de Banff, à l'approche du sommet du Groupe des Sept (G7) qui se tiendra à Kananaskis, dans la province canadienne de l'Alberta, le 16 juin 2025. (Photo : Ben Sheppard / AFP)
Le logo du G7 2025 est visible sur la pelouse devant le centre des médias de Banff, à l'approche du sommet du Groupe des Sept (G7) qui se tiendra à Kananaskis, dans la province canadienne de l'Alberta, le 16 juin 2025. (Photo : Ben Sheppard / AFP)
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  • Les pays du G7 ont entamé dimanche des négociations dans l'espoir de trouver un langage commun concernant le conflit entre l'Iran et Israël.
  • La priorité absolue pour tous sera d'éviter les drames, malgré les nombreux sujets de frictions, des droits de douane imposés par Donald Trump à la guerre en Ukraine, ou encore à celle du Moyen-Orient.

KANANASKIS, CANADA : Les pays du G7 ont entamé dimanche des négociations dans l'espoir de trouver un langage commun concernant le conflit entre l'Iran et Israël, alors que leurs dirigeants, dont le président américain, se retrouvent pour un sommet sous tension dans les Rocheuses canadiennes.

Il s'agit du premier grand sommet depuis que Donald Trump est revenu au pouvoir en janvier, ce qui a fragilisé l'unité du club des grandes démocraties industrialisées (Allemagne, Royaume-Uni, Canada, États-Unis, France, Italie et Japon).

Le président américain, qui n'a cessé de menacer le Canada ces derniers mois, est arrivé en fin de journée dans ce pays, avec sur la tête une casquette blanche portant son slogan « Make America Great Again » (« Rendre sa grandeur à l'Amérique »).

Pour cette réunion qui se déroule à Kananaskis, dans le parc national de Banff, dans l'ouest du Canada, il retrouvera ses alliés du G7 ainsi que les dirigeants de nombreux autres pays invités : l'Inde, l'Ukraine, le Mexique, l'Afrique du Sud et l'Australie seront notamment présents.

La priorité absolue pour tous sera d'éviter les drames, malgré les nombreux sujets de frictions, des droits de douane imposés par Donald Trump à la guerre en Ukraine, ou encore à celle du Moyen-Orient.

Mais parviendront-ils à parler d'une voix commune, notamment sur cette région du monde ?

Israël a stupéfié le monde vendredi en ouvrant un nouveau front avec une campagne militaire surprise et massive contre l'Iran.

Selon une source gouvernementale citée par l'AFP, les dirigeants du G7 travaillent à une déclaration commune. Reste à décider s'il s'agit d'appeler à la désescalade ou simplement de soutenir Israël en affirmant que le pays a le droit de se défendre. 

Mais cette guerre n'est pas le seule enjeu des discussions à Kananaskis. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est parmi les invités et doit s'entretenir avec Donald Trump

Le président américain, qui s'est rapproché de façon spectaculaire de Moscou, a de nouveau eu un entretien téléphonique samedi avec le président russe Vladimir Poutine. Ce dernier lui a dit être prêt à un nouveau round de négociations.

De leur côté, les Européens tentent de convaincre Donald Trump de promulguer de nouvelles sanctions contre Moscou, ciblant plus précisément les ventes de pétrole russe. 

Tous les pays souhaitent par ailleurs aborder l'aspect commercial avec le président Trump. En imposant des taxes douanières d'au moins 10 % sur la plupart des produits entrant aux États-Unis, ce dernier a dévié le cours de la mondialisation et menacé l'économie mondiale d'un ralentissement général. 

Ce sommet du G7 est la première visite du président américain sur le sol canadien depuis qu'il a menacé son voisin du nord, estimant qu'il serait préférable qu'il devienne le 51^e État américain.

Le Premier ministre canadien, Mark Carney, et Donald Trump se rencontreront lundi matin lors d'un tête-à-tête. Outre MM. Carney et Zelensky, le dirigeant américain doit aussi rencontrer la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum.