Les Houthis utilisent des camps d'été pour former des enfants soldats

Un garçon yéménite tient un fusil lors d'une réunion tribale près de Sanaa, au Yémen (Photo, AP).
Un garçon yéménite tient un fusil lors d'une réunion tribale près de Sanaa, au Yémen (Photo, AP).
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Publié le Vendredi 13 mai 2022

Les Houthis utilisent des camps d'été pour former des enfants soldats

  • «Votre enfant que vous enverrez au cours d'été et au cours militaire des Houthis est une bombe à retardement qui vous tuera demain»
  • Le recrutement de jeunes soldats montre que la milice se prépare à de nouvelles opérations militaires, estiment les analystes

AL-MUKALLA: Des responsables gouvernementaux, des militants des droits de l'homme, des personnalités religieuses et des journalistes yéménites ont mis en garde les familles vivant dans les zones contrôlées par les Houthis contre l'envoi de leurs enfants dans les camps d'été de la milice, et ont accusé le groupe soutenu par l'Iran de vouloir recruter ces jeunes dans son armée.
Cette décision fait suite à l’ordre donné par le chef du mouvement, Abdel Malik al-Houthi, à ses partisans d'ouvrir ces camps dans les zones qu'ils contrôlent, où il s'est engagé à les «immuniser» contre les idées fausses concernant son organisation et contre l'islam.
Des responsables houthis ont déclaré que 57 camps ont été ouverts dans la seule ville de Sanaa, qui devraient attirer des centaines d'étudiants pendant les prochaines vacances d'été.
Les responsables et les militants yéménites affirment que les Houthis utilisent ces rassemblements pour radicaliser et endoctriner les mineurs, afin de les préparer à devenir des soldats.
«Votre enfant que vous enverrez au cours d'été et au cours militaire des Houthis est une bombe à retardement qui vous tuera demain», a averti Ghamdan al-Yosifi, un journaliste yéménite, qualifiant ces camps d'été d’«usines de fabrication d'explosifs».
Un avertissement similaire avait été adressé aux parents l'année dernière, lorsque les Houthis ont lancé ces centres. Les miliciens ont affirmé que des milliers d'enfants ont reçu une éducation religieuse dans ces camps.
Cependant, des critiques ont retorqué que les enfants y ont subi un lavage de cerveau, ont été emmenés dans des cimetières et ont été entraînés à utiliser des armes.
Les camps de cette année sont mis en place alors que le gouvernement yéménite et les Houthis ont cessé les hostilités dans le cadre d'une trêve négociée par les Nations unies.
Abdel Karim al-Medi, un journaliste yéménite, a révélé que le recrutement d'enfants menaçait la paix fragile du pays.
«À notre honorable peuple et à tous ceux qui nous font confiance, évitez le mal des centres terroristes estivaux. Laissez votre fils aller avec eux si vous voulez qu’il se transforme en une machine à tuer ambulante», a prévenu Al-Medi.
Les Houthis affirment quant à eux que leurs camps d'été sont destinés à enseigner la bonne récitation du Coran, à contrer les idées fausses sur l'islam et à préparer la nouvelle génération à combattre leurs ennemis, notamment les Israéliens.
«Les cours d'été sont une étape et une initiative qui empêchent les jeunes de perdre du temps pendant les vacances d'été, les immunisent aux cultures décadentes et leur permettent de mieux connaître le Coran et de le réciter correctement», a justifié Jalal al-Ruwichan, un responsable militaire houthi, lors de la visite d’un camp d'été à Sanaa mercredi.
Toutefois, le ministre yéménite de l'Information, Mouammar al-Eryani, a accusé les Houthis d’essayer de transformer les jeunes en soldats guidés par leur idéologie, et a partagé des images d'enfants soldats morts et d'enfants à l'intérieur des camps.
«Nous appelons les parents, les cheikhs et les membres des tribus des zones contrôlées par les Houthis à boycotter les camps de recrutement d'enfants, à préserver leurs enfants en s’abstenant de les envoyer alimenter leur guerre absurde et à mettre en œuvre un programme iranien», a déclaré Al-Eryani , jeudi sur Twitter.
Sachant que les Houthis traitent durement ceux qui désobéissent à leurs ordres, de nombreux Yéménites pensent que les parents pourraient tout de même autoriser leurs enfants à s'inscrire dans ces camps.
En janvier, un rapport préparé par le groupe d'experts des Nations unies a révélé que certaines femmes ayant refusé de participer à ces activités des Houthis ont été enlevées et violées.
«Si certains adultes s'inscrivent à ces cours culturels parce qu'ils sont d'accord avec l'idéologie, d'autres y participent pour ne pas perdre les avantages liés à l'emploi ou l'aide humanitaire, ou par crainte de représailles en cas de non-participation», ont signalé les experts.
Ils ont ajouté que près de 2 000 enfants yéménites, dont certains âgés d'à peine 10 ans, recrutés par les Houthis, ont été tués dans des combats entre début 2020 et mai 2021, et que des enfants ont reçu un entraînement militaire ou ont été emmenés sur des sites militaires pendant les cours d'été.
Mohammed Jumeh, représentant permanent du Yémen auprès de l'Unesco, a déclaré que les enfants tués sur les champs de bataille avaient été initialement endoctrinés et recrutés à l’intérieur des camps houthis, et a reproché aux parents de ne pas avoir tenu compte des avertissements.
«Protéger les enfants de l'idéologie extrémiste et du sacerdoce est la responsabilité des parents en premier lieu», a souligné  Jumeh.
Les analystes militaires yéménites affirment que le recrutement persistant d'enfants par les Houthis montre qu'ils se préparent à une nouvelle série d'opérations militaires, malgré leur engagement annoncé en faveur de la trêve négociée par les Nations unies.
«Les centres d'été et les cours culturels sont des épicentres de l'incitation sectaire et de la mobilisation en vue de nouvelles séries de conflits et de batailles sans fin», a soutenu le brigadier général Mohammed al-Kumaim, un analyste militaire yéménite.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le chef d'état-major libyen est mort dans un "accident" d'avion en Turquie (officiel)

Photo prise et diffusée par le ministère turc de la Défense le 23 décembre 2025, montrant le chef d'état-major libyen, le général Muhammad Ali Ahmad Al-Haddad. (AFP/ministère turc de la Défense)
Photo prise et diffusée par le ministère turc de la Défense le 23 décembre 2025, montrant le chef d'état-major libyen, le général Muhammad Ali Ahmad Al-Haddad. (AFP/ministère turc de la Défense)
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  • Le chef d’état-major libyen Mohamed al-Haddad et plusieurs hauts responsables militaires sont morts dans un accident d’avion après leur départ d’Ankara
  • Les autorités turques évoquent une urgence liée à un dysfonctionnement électrique ; la Libye observe trois jours de deuil national et a dépêché une délégation pour enquêter

TRIPOLI: Le chef d'état-major libyen et plusieurs autres responsables militaires sont morts dans un "accident" d'avion après avoir quitté la capitale turque Ankara, où ils étaient en visite, a annoncé mardi soir le Premier ministre libyen, Abdelhamid Dbeibah.

"C'est avec une profonde tristesse et une grande affliction que nous avons appris la nouvelle du décès du chef d'état-major général de l'armée libyenne, le général de corps d'armée Mohamed Al-Haddad (...), à la suite d'une tragédie et d'un accident douloureux lors de (son) retour d'une mission officielle dans la ville turque d'Ankara", a déclaré M. Dbeibah sur sa page officielle sur Facebook.

Les autorités turques ont annoncé que l'épave de l'avion qui le transportait avait été retrouvée. Elles avaient auparavant indiqué que le contact avait été perdu avec l'appareil moins de 40 minutes après son décollage d'Ankara.

Le général Mohamad al-Haddad, originaire de Misrata (ouest), avait été nommé à ce poste en août 2020 par l'ancien chef du gouvernement Fayez al-Sarraj.

Plusieurs autres responsables militaires se trouvaient à bord selon le Premier ministre libyen: le chef d'état-major de l'armée de terre, le général Al-Fitouri Ghraybel, le directeur de l'Autorité de l'industrie militaire, Mahmoud Al-Qatioui, et le conseiller du chef d'état-major, Mohamed Al-Assaoui Diab.

Un photographe, Mohamed Omar Ahmed Mahjoub, les accompagnait.

M. Dbeibah a déploré une "grande perte pour la patrie"". "Nous avons perdu des hommes qui ont servi leur pays avec loyauté et dévouement", a-t-il noté.

Le gouvernement d'union nationale (GNU) de M. Dbeibah, basé à Tripoli et reconnu par la communauté internationale, a décrété un deuil national de trois jours.

Il a aussi demandé au ministère de la Défense d'envoyer une délégation officielle à Ankara pour faire la lumière sur les circonstances de l'incident, selon un communiqué du gouvernement.

L'appareil "a signalé une urgence due à un dysfonctionnement électrique au contrôle aérien et a demandé un atterrissage d'urgence", a précisé la présidence turque.

Le maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'Est libyen, a de son côté présenté ses condoléances et dit sa "profonde tristesse".


Le ministre israélien de la Défense promet de ne "jamais quitter" Gaza

Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
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  • Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré qu’Israël « ne quitterait jamais Gaza » et évoqué la création d’avant-postes, avant que son ministère ne précise qu’il n’y a aucune intention de recolonisation
  • Ces propos interviennent alors qu’une trêve fragile est en vigueur et que les médiateurs appellent à la mise en œuvre du plan Trump, qui prévoit un retrait complet israélien de Gaza

JERUSALEM: Le ministre de la Défense israélien Israël Katz a affirmé mardi qu'Israël "ne quitterait jamais Gaza", évoquant la possible création d'avant-postes dans le territoire palestinien ravagé par la guerre, avant que ses services ne modèrent ses propos.

"Nous sommes au cœur de Gaza et nous ne quitterons jamais Gaza", a déclaré M. Katz en déplacement dans la colonie de Beit-El en Cisjordanie occupée, lors d'un discours filmé par des médias israéliens.

"Nous sommes là-bas pour empêcher ce qui s'est passé" de se reproduire, a-t-il ajouté, en référence à l'attaque meurtrière du Hamas palestinien en Israël le 7 octobre 2023.

M. Katz a évoqué l'installation d'avant-postes dans le nord de Gaza, pour remplacer des colonies évacuées par Israël lors de son retrait unilatéral de 2005, citant le modèle de "Nahal", associant présence militaire et implantation agricole.

"Au moment opportun (...) nous établirons dans le nord de Gaza, des avant-postes Nahal à la place des communautés (des anciennes colonies) qui ont été déracinées", a-t-il dit.

Ses services ont rapidement tempéré ses propos, assurant qu'ils "s'inscrivaient exclusivement dans un contexte sécuritaire."

"Le gouvernement n'a aucune intention d'établir des colonies dans la bande de Gaza", selon un communiqué.

Les déclarations du ministre interviennent dans le contexte d'une fragile trêve entrée en vigueur le 10 octobre entre Israël et le Hamas, sous l'égide de Washington et de médiateurs régionaux.

Les pays médiateurs --Qatar et Égypte-- appellent à la mise en œuvre de la deuxième phase du plan de paix du président américain Donald Trump. Cette étape prévoit notamment un retrait complet des forces israéliennes de la bande de Gaza, et le plan stipule qu'"Israël ne va ni occuper ni annexer Gaza."

Les propos de M. Katz ont suscité de vives critiques dans l'opposition.

"Le gouvernement vote d'une main en faveur du plan Trump, et de l'autre il vend des fables sur des centres de peuplement isolés à Gaza", a assené sur X Gadi Eizenkot, ancien ministre et ancien chef d'état-major.

Jeudi dernier, quelques dizaines d'Israéliens ont pénétré illégalement dans la bande de Gaza, en violation des consignes de l'armée, et y ont planté symboliquement un drapeau israélien, pour appeler à la réoccupation et à la recolonisation du territoire palestinien, réclamée notamment par les ministres d'extrême droite du gouvernement Netanyahu.


Liban: l'Italie souhaite maintenir sa présence militaire après le départ de la force de l'ONU

L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
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  • L’Italie confirme qu’elle maintiendra une présence militaire au Liban même après le retrait progressif de la Finul à partir du 31 décembre 2026
  • Rome met en avant le rôle clé des forces armées libanaises pour la stabilité du Liban et de la région, et appelle à des résultats concrets pour éviter toute exploitation de l’instabilité

ROME: L'Italie souhaite maintenir sa présence militaire au Liban, après le départ des Casques bleus de l'ONU qui commence le 31 décembre 2026, a indiqué lundi le ministère italien de la Défense.

"Même après" le départ de la force de maintien de la paix dans le sud du Liban (Finul) de l'ONU, l'Italie continuera à jouer son rôle soutenant avec conviction la présence internationale" dans ce pays, selon les propos du ministre de la Défense Guido Crosetto sur X.

Interrogé par l'AFP pour savoir si cela signifiait une "présence militaire" italienne, un porte-parole du ministère a confirmé que oui.

M. Crosetto a également souligné "le rôle fondamental" des forces armées libanaises "pour garantir la stabilité non seulement au Liban mais dans toute la région".

Le ministre a en outre assuré que Rome œuvrait à ce que les discussions en cours dans la région se traduisent par "des résultats concrets et que personne ne puisse tirer des avantages d'une situation d'instabilité dans le sud du Liban".

L'Italie est, avec 1.099 militaires, le deuxième contributeur de la Finul, derrière l'Indonésie (1.232) et cinq généraux italiens ont été parmi les chefs des Casques bleus au cours des 20 dernières années.