Ukraine: Trois mois de guerre, la région de Lougansk presque entièrement envahie

De la fumée s'élève d'une raffinerie de pétrole après une attaque à l'extérieur de la ville de Lysychansk dans la région du Donbass, le 22 mai 2022 (Photo, AFP).
De la fumée s'élève d'une raffinerie de pétrole après une attaque à l'extérieur de la ville de Lysychansk dans la région du Donbass, le 22 mai 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 24 mai 2022

Ukraine: Trois mois de guerre, la région de Lougansk presque entièrement envahie

  • «Les prochaines semaines de guerre seront difficiles», a prévenu lundi soir le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans son allocution télévisée quotidienne
  • La situation est même «extrêmement difficile» dans le Donbass: les Russes cherchent à y «éliminer tout ce qui est vivant», a accusé le président Zelensky

KIEV: La guerre en Ukraine entre mardi dans son quatrième mois, au moment où les troupes russes concentrent leur offensive sur la dernière poche de résistance de la région de Lougansk, dans le Donbass (est).

Après avoir éloigné les forces russes des deux plus grandes villes du pays, la capitale Kiev fin mars et début avril puis Kharkiv en mai, les Ukrainiens reconnaissent depuis quelques jours des "difficultés" dans le Donbass, formé par les oblasts de Lougansk et Donetsk.

"Les prochaines semaines de guerre seront difficiles", a prévenu lundi soir le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans son allocution télévisée quotidienne.

"Les occupants russes s'efforcent de montrer qu'ils n'abandonneront pas les zones occupées de la région de Kharkiv (nord-est), qu'ils ne rendront pas la région de Kherson (sud), les territoires occupés de la région de Zaporijjia (sud-est) et le Donbass (est). Ils avancent quelque part. Ils renforcent leurs positions ailleurs", a-t-il poursuivi.

La situation est même "extrêmement difficile" dans le Donbass: les Russes cherchent à y "éliminer tout ce qui est vivant", a accusé le président Zelensky.

Moscou concentre sa puissance de feu précisément sur le réduit ukrainien de la région de Lougansk, en essayant de cerner les villes de Severodonetsk et Lyssytchansk. Le ministère ukrainien de la Défense a aussi signalé de violents combats en cours à proximité de là, près des localités de Popasna et Bakhmout, ce qui dessine une stratégie d'encerclement.

«Évacuations obligatoires»

La chute de Bakhmout, dans l'oblast de Donetsk, donnerait aux Russes le contrôle d'un carrefour crucial qui sert actuellement de centre de commandement impromptu pour une grande partie de l'effort de guerre ukrainien.

Les habitants, en tout cas, rechignent à fuir, malgré les risques: "Les gens ne veulent pas partir", se désole le maire-adjoint de Bakhmout, Maxim Soutkovyï, devant un autocar à moitié vide prêt à emmener des civils vers des territoires plus sûrs.

"Nous avons atteint un point où nous sommes en train de rendre les évacuations obligatoires", avance même le chef de l'administration militaire de Bakhmout, Serguiï Kalian.

Ceux qui restent disent que les tirs de missiles et les bombes commencent vers l'aube et durent jusqu'au déjeuner, à proximité de Bakhmout.

Severodonetsk, elle, est directement bombardée "24 heures sur 24" par les Russes, qui "utilisent la tactique de la terre brûlée, ils détruisent délibérément la ville", avait alerté dimanche le gouverneur ukrainien de l'oblast de Lougansk, Serguiï Gaïdaï.

Le sort de Severodonetsk rappelle forcément celui de Marioupol, la grande ville portuaire du sud-est presque entièrement détruite après plusieurs semaines de siège.

Une frange méridionale de ce bassin houiller constitue depuis 2014 deux républiques séparatistes prorusses, et c'est pour les défendre d'un prétendu "génocide" que le président russe Vladimir Poutine avait annoncé le 24 février une "opération militaire spéciale", quelques jours après avoir reconnu l'indépendance de ces républiques autoproclamées, mais dans des frontières couvrant l'ensemble du Donbass.

Aide militaire de 20 pays

Le front sud semble stable, même si les Ukrainiens revendiquent des gains. Le commandement sud a fait état, dans la nuit de lundi à mardi, d'une "avancée" de ses divisions "à travers la région de Mykolaïev en direction de la région de Kherson", où le rouble russe a été introduit. Il a accusé les "occupants" russes d'avoir tué des civils cherchant à fuir en voiture, avec une route minée, des bombes et l'exécution des survivants.

Si Moscou accroît la pression dans le Donbass, Kiev insiste pour s'approvisionner en armes, et reçoit en ce sens le soutien des Occidentaux.

Lors d'une réunion virtuelle du "Groupe de contact pour la défense de l'Ukraine", 44 pays ont ainsi discuté lundi de l'assistance militaire à apporter à l'Ukraine. Vingt d'entre eux se sont engagés à fournir des armes supplémentaires à Kiev, et d'autres entraîneront l'armée ukrainienne, a annoncé le ministre américain de la Défense, Lloyd Austin.

Il s'est toutefois abstenu de préciser les armements fourni par les Etats-Unis après l'approbation par le Congrès d'une aide supplémentaire à l'Ukraine de 40 milliards de dollars.

Mais parmi le matériel occidental figure notamment le système lance-missiles anti-navires Harpoon, promis par le Danemark et qui pourrait permettre à l'Ukraine de contrer le blocus imposé par la marine russe au port d'Odessa, vital pour les exportations de blé du pays, elles-mêmes vitales pour bon nombre d'autres pays. Ces missiles seraient même susceptibles d'atteindre la Crimée, occupée par Moscou depuis 2014.

Le ministre ukrainien de la Défense, Oleksiï Reznikov, a dit "espérer pouvoir présenter les résultats de l'utilisation" des armes promises lundi, "qui devraient changer la donne sur le champ de bataille".

Huit millions de déplacés

En trois mois, des milliers de personnes, civils et militaires, ont péri, sans qu'il n'existe un bilan chiffré. Pour la seule ville de Marioupol, les autorités ukrainiennes parlent toutefois de 20 000 morts.

Sur le plan militaire, le ministère ukrainien de la Défense évalue les pertes russes à plus de 29 200 hommes, 204 avions et près de 1 300 chars depuis le début de l'invasion le 24 février.

Le Kremlin pour sa part a admis des "pertes importantes". 

Des sources occidentales évoquent quelque 12 000 soldats russes tués, une bonne source militaire française a confirmé un chiffre estimé de l'ordre de 15 000. Ces pertes sur trois mois avoisinent celles enregistrées en neuf ans par l'Armée soviétique en Afghanistan, souligne le ministère britannique de la Défense. L'Ukraine n'a pour sa part fourni aucune indication quant à ses propres pertes militaires.

La guerre a aussi chamboulé la démographie du pays: plus de huit millions d'Ukrainiens ont été déplacés à l'intérieur de leur pays, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Haut Commissariat aux réfugiés de l'ONU (HCR). S'y ajoutent 6,5 millions qui ont fui à l'étranger, dont plus de la moitié - 3,4 millions - en Pologne.


La CPI rejette un appel d'Israël contestant sa compétence

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
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  • Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas
  • Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a rejeté lundi une demande en appel d'Israël qui contestait sa compétence pour enquêter sur des crimes présumés dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre contre le Hamas.

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant.

Ils sont soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza. Famine, meurtre et persécution font partie des chefs d'accusation.

Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas.

Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties".

La Cour examine actuellement une autre contestation israélienne de sa compétence, en plus d'une demande de récusation du procureur Karim Khan.

Elle a dit non en juillet à une demande d'Israël de rejet des mandats d'arrêts, ainsi qu'à l'appel de cette décision en octobre.

Créée en 2002, la CPI poursuit des individus accusés des pires atrocités tels que les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité et le génocide.

Israël n'adhère pas au traité de Rome ayant institué la CPI, ce qui ne les empêche pas d'introduire des contestations juridiques auprès de la Cour.

La Cour avait déjà statué en 2021 que sa compétence territoriale s'étendait à Gaza.

Les accusations de génocide commis par Israël envers les Palestiniens dans la bande de Gaza se sont multipliées depuis le début de la guerre, le 7 octobre 2023, après l'attaque du Hamas contre Israël ayant coûté la vie à 1.221 personnes côté israélien, principalement des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles.

Les représailles israéliennes à Gaza ont depuis fait plus de 70.000 morts, selon les chiffres du ministère de la Santé du territoire palestinien contrôlé par le Hamas, que l'ONU considère comme fiables.

Sous fortes pressions américaines, une trêve fragile est en vigueur depuis le 10 octobre.

 


Un pilote de ligne dit avoir évité une collision avec un avion militaire américain au large du Venezuela

Cette capture d'écran tirée d'une vidéo publiée par la procureure générale américaine Pam Bondi sur son compte X le 10 décembre 2025 montre ce que Mme Bondi décrit comme l'exécution d'un « mandat de saisie d'un pétrolier utilisé pour transporter du pétrole sanctionné provenant du Venezuela et d'Iran » au large des côtes vénézuéliennes le 10 décembre. Photo d'illustration. (AFP)
Cette capture d'écran tirée d'une vidéo publiée par la procureure générale américaine Pam Bondi sur son compte X le 10 décembre 2025 montre ce que Mme Bondi décrit comme l'exécution d'un « mandat de saisie d'un pétrolier utilisé pour transporter du pétrole sanctionné provenant du Venezuela et d'Iran » au large des côtes vénézuéliennes le 10 décembre. Photo d'illustration. (AFP)
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  • Ce signalement intervient sur fond de tensions entre les Etats-Unis et le Venezuela, l'armée américaine ayant mobilisé d'importantes forces aux alentours de la République bolivarienne
  • Le gouvernement américain reproche notamment au président vénézuélien, Nicolas Maduro, réélu en 2024 à l'issue d'un scrutin aux résultats contestés par la communauté internationale, de contrôler un vaste trafic de stupéfiants

NEW YORK: La compagnie américaine JetBlue a annoncé lundi avoir fait état aux autorités d'un incident en vol, l'un de ses pilotes ayant affirmé avoir dû modifier sa trajectoire pour éviter une collision avec un avion ravitailleur de l'armée américaine, au large du Venezuela.

Ce signalement intervient sur fond de tensions entre les Etats-Unis et le Venezuela, l'armée américaine ayant mobilisé d'importantes forces aux alentours de la République bolivarienne.

Le gouvernement américain reproche notamment au président vénézuélien, Nicolas Maduro, réélu en 2024 à l'issue d'un scrutin aux résultats contestés par la communauté internationale, de contrôler un vaste trafic de stupéfiants.

Le dirigeant a toujours réfuté ces allégations, affirmant que Washington s'en servait comme d'un prétexte pour le renverser et mettre la main sur les immenses réserves de pétrole du pays.

Vendredi, l'un des pilotes d'un vol JetBlue assurant la liaison entre l'île caribéenne de Curaçao et New York, a signalé, par radio au contrôle aérien, avoir dû interrompre son ascension après détection d'un avion ravitailleur de l'US Air Force.

Toujours selon le pilote, dont la conversation avec les contrôleurs a été enregistrée et est disponible sur le site LiveATC.net, l'appareil militaire n'avait pas activé son transpondeur, l'émetteur-récepteur qui permet au trafic aérien de le repérer.

"On a failli avoir une collision", explique le pilote. "C'est scandaleux."

"Scandaleux", lui répond le contrôleur aérien. "Vous avez tout à fait raison."

Sollicité par l'AFP, JetBlue a salué l'initiative de l'équipage ayant "rapporté promptement cet incident" à sa hiérarchie, qui en a fait état "aux autorités fédérales". La compagnie américaine "contribuera à toute enquête" sur les circonstances de ce chassé-croisé.

Le commandement militaire américain dédié à cette région, l'US Southern Command, a expliqué à l'AFP "étudier" le dossier, tout en rappelant que "la sécurité (demeurait sa) priorité absolue".

Fin novembre, l'Agence de régulation de l'aviation civile, la FAA, avait demandé aux vols opérant dans la région où se trouve le Venezuela de "faire preuve de prudence".

Elle avait justifié cet avis par "une détérioration des conditions de sécurité et du renforcement de l'activité militaire au Venezuela et dans ses environs".

La FAA avait évoqué des "menaces qui pourraient présenter un risque pour les appareils (commerciaux) à toutes altitudes, que ce soit en vol, à l'atterrissage et au décollage".

 


Le réalisateur hollywoodien Rob Reiner et sa femme retrouvés morts à leur domicile

Le réalisateur américain Rob Reiner et son épouse Michele Singer ont été retrouvés morts à leur domicile dans le sud de la Californie, ont rapporté dimanche les médias américains NBC et CNN. (AFP)
Le réalisateur américain Rob Reiner et son épouse Michele Singer ont été retrouvés morts à leur domicile dans le sud de la Californie, ont rapporté dimanche les médias américains NBC et CNN. (AFP)
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  • D'abord acteur dans des séries télévisées dans les années 1970, Bob Reiner a commencé sa carrière comme réalisateur en 1984 avec le film "Spinal Tap" sur un groupe de rock imaginaire
  • Il restera l'auteur de nombreux films cultes, notamment "Quand Harry rencontre Sally" mais aussi "Stand by me" ou encore "Misery"

LOS ANGELES: Le réalisateur américain Rob Reiner et son épouse Michele Singer ont été retrouvés morts à leur domicile dans le sud de la Californie, ont rapporté dimanche les médias américains NBC et CNN.

La police de Los Angeles a fait état de deux personnes retrouvées mortes dans la maison du réalisateur du film "Quand Harry rencontre Sally", mais n'a pas confirmé publiquement leur identité, lors d’une conférence de presse dimanche soir.

Selon la chaîne NBC, le couple serait mort des suites de coups de couteau.

Rob Reiner était âgé de 78 ans.

D'abord acteur dans des séries télévisées dans les années 1970, Bob Reiner a commencé sa carrière comme réalisateur en 1984 avec le film "Spinal Tap" sur un groupe de rock imaginaire. Il restera l'auteur de nombreux films cultes, notamment "Quand Harry rencontre Sally" mais aussi "Stand by me" ou encore "Misery".

Retrouvant parfois son rôle de comédien, il était apparu récemment dans la série "The Bear".

"C'est avec une profonde tristesse que nous annonçons le décès tragique de Michele et Rob Reiner. Nous sommes bouleversés par cette perte soudaine et nous demandons le respect de notre vie privée en cette période incroyablement difficile", a annoncé la famille du couple dans un communiqué cité par la revue Variety.

"C'est une perte immense pour notre ville et notre pays. L'héritage de Rob Reiner est profondément ancré dans la culture et la société américaines", a déclaré la maire de Los Angeles, Karen Bass sur son compte X.

Elle a salué "son oeuvre créative ainsi que son engagement pour la justice sociale et économique" qui "ont transformé la vie d'innombrables personnes".

"Acteur, réalisateur, producteur, scénariste et militant politique engagé, il a toujours mis ses talents au service des autres", a ajouté Mme Bass.