Législatives: coup d'envoi de la campagne officielle, dernière haie pour Macron

Une femme tient sa carte électorale dans un bureau de vote à Nantes, dans l'ouest de la France, lors du second tour des élections législatives françaises (élections législatives en français), le 18 juin 2017. Loïc Venance / AFP
Une femme tient sa carte électorale dans un bureau de vote à Nantes, dans l'ouest de la France, lors du second tour des élections législatives françaises (élections législatives en français), le 18 juin 2017. Loïc Venance / AFP
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Publié le Lundi 30 mai 2022

Législatives: coup d'envoi de la campagne officielle, dernière haie pour Macron

  • La campagne officielle pour les élections législatives des 12 et 19 juin démarre lundi, entre des macronistes qui tablent sur une victoire et des oppositions rangées derrière la bannière du pouvoir d'achat
  • Les trois blocs issus de la présidentielle d'avril se font face, mais avec des stratégies différentes

PARIS: C'est le retour des panneaux d'affichage, et l'heure de mettre les bouchées doubles pour les candidats: la campagne officielle pour les élections législatives des 12 et 19 juin démarre lundi, entre des macronistes qui tablent sur une victoire et des oppositions rangées derrière la bannière du pouvoir d'achat.

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Chacun jette ses forces dans la bataille: le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon sera en meeting mercredi à Paris avec l'alliance Nupes à gauche, et Marine Le Pen (RN) à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) dimanche. Ils dérouleront leurs propositions face à la flambée des prix, devenue sujet de préoccupation numéro un.

 

L'Assemblée nationale, mode d'emploi

L'élection des 577 députés, pour un mandat de cinq ans, se tiendra les 12 et 19 juin. Quel est le rôle de ces élus? Comment fonctionne l'Assemblée nationale?

QUATRE MISSIONS
Voter la loi, contrôler l'action du gouvernement, évaluer les politiques publiques, et aussi représenter sa circonscription: telles sont les fonctions des députés, élus au suffrage universel direct.
Avec le Sénat, l'Assemblée nationale détient le pouvoir législatif. Les parlementaires peuvent déposer des propositions de lois et des amendements, et examinent les projets de lois du gouvernement. En cas de désaccord sur un texte avec la chambre haute, actuellement dominée par la droite, ce sont les députés qui ont le dernier mot.
Ils contrôlent l'action du gouvernement au travers de questions orales ou écrites, de commissions d'enquête ou missions d'information. En outre, évaluer les politiques publiques consiste, pour la majorité comme pour l'opposition, à vérifier que les dépenses engagées atteignent bien les objectifs fixés - une mission que les parlementaires cherchent à développer.
Sous la Ve République, l'Assemblée nationale dispose en théorie de plusieurs outils pour mettre en cause la responsabilité du gouvernement. Principale arme, la motion de censure doit, pour faire chuter le gouvernement, être votée à la majorité absolue, par au moins 289 suffrages.

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Depuis les débuts de la Ve République, une seule motion de censure a été adoptée, en 1962, contre le gouvernement de Georges Pompidou. Le général de Gaulle, président de la République, avait alors dissous l'Assemblée, et les législatives s'étaient soldées par une large victoire de ses partisans.

A PARIS, EN CIRCONSCRIPTION
Richard Ferrand, président de l'Assemblée depuis 2018, fait valoir que les députés se doivent en outre de "porter les préoccupations des Françaises et des Français de leurs territoires d'élection, et défendre les dossiers essentiels de leur territoire". En tant que représentant de la Nation toute entière, ils doivent cependant se déterminer par rapport à l'intérêt général.
Les députés sont habituellement au Palais Bourbon chaque semaine du mardi au mercredi ou jeudi, pour les réunions de leur groupe politique, la séance hebdomadaire des questions au gouvernement et le travail législatif. Chacun siège dans une commission permanente, au nombre de huit (Finances, Lois, Développement durable, Affaires culturelles, Affaires étrangères, Affaires économiques, Affaires sociales, Défense), pour le travail préparatoire aux séances ainsi que des auditions.  
Les parlementaires passent le reste de la semaine en circonscription, "pour rendre des comptes, expliquer ce qu'on fait", rapporte Richard Ferrand (LREM). Rencontres dans les permanences parlementaires, réunions publiques, visites d'entreprises ou d'administrations, et rendez-vous avec les acteurs locaux sont au menu.  

MOYENS ET STATUT
Chaque député emploie un à cinq collaborateurs, qu'il rémunère grâce à une enveloppe mensuelle de 10.581 euros que lui attribue l'Assemblée. Les députés eux-mêmes, pour pouvoir se consacrer à leur fonction et ne plus exercer d'activité professionnelle autre, touchent une indemnité de 7.240 euros bruts mensuels (5.680 euros nets), soumise à l'impôt. Ils ne peuvent cumuler leur mandat avec une fonction exécutive locale (maire, adjoint, président de conseil départemental...) et le cumul des indemnités est plafonné.
Les députés disposent aussi d'une avance pour leurs frais de mandat de 5.373 euros mensuels, et ces dépenses sont contrôlées depuis 2018.
Ils doivent respecter un code de déontologie, ont interdiction d'user de leur qualité à des fins publicitaires, et encore déclarent leur patrimoine en début et fin de mandat à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) pour que celle-ci vérifie qu'il n'y ait pas d'enrichissement personnel.
Enfin, ils bénéficient d’une immunité parlementaire, un principe qui remonte à la Révolution française et garantit notamment qu'un député ne saurait être inquiété pour les opinions exprimées dans le cadre de son mandat.

Alors qu'Emmanuel Macron est jusqu'alors plutôt en retrait, la Première ministre Elisabeth Borne va s'impliquer en cheffe de la majorité: lundi en fin de journée, elle sera en visio avec tous les candidats Ensemble!, puis aura une réunion de travail avec les principaux acteurs de la campagne.
Les trois blocs issus de la présidentielle d'avril se font face, mais avec des stratégies différentes: "attrape-tout" pour la majorité présidentielle, alliance Nupes à gauche, chacun pour soi à l'extrême droite.
D'autres entendent troubler ce jeu, comme certains socialistes ulcérés par l'OPA de Jean-Luc Mélenchon sur cette Nouvelle union populaire écologique et sociale.

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Les Républicains comptent de leur côté sur leur ancrage local pour conjurer un nouveau naufrage après celui de la présidentielle.
Près de 6.300 candidats sont en lice pour 577 sièges, soit 20% de moins qu'en 2017, du fait notamment de l'accord à gauche.
Le nombre des candidats est toujours supérieur à celui des candidates (55,8% contre 44,2%). Le second tour dira si le nombre record de femmes élues députées en 2017 (39%) sera égalé ou non.

Dix points chauds des législatives

Elisabeth Borne et Jean-Michel Blanquer qui se présentent pour la première fois, Damien Abad jouant son avenir politique, le RN cherchant à gagner du terrain et Eric Zemmour qui espère s'implanter dans le Var: voici dix points chauds des législatives de juin.  

4e du Loiret: baptême du feu pour Blanquer
Plusieurs membres du gouvernement sortant se soumettent pour la première fois au scrutin démocratique. Pour l'ex-ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer, le baptême du feu aura lieu dans la 4e circonscription du Loiret qui a toujours voté à droite depuis 1958. Du côté de Montargis, il entend  conquérir le siège du sortant Jean-Pierre Door (LR), élu depuis 2002, qui ne se représente pas. Marine Le Pen (RN) est arrivée en tête dans cette circonscription au premier (32%) et au second tours (52%) de la présidentielle.
6e du Calvados: Borne en star
Première fois aussi pour la nouvelle cheffe du gouvernement. Elisabeth Borne est candidate au coeur du bocage normand, dans la 6e circonscription du Calvados. Originaire de Livarot, elle se défend d'être parachutée là où LREM avait obtenu l'un de ses meilleurs résultats en 2017 avec Alain Tourret, le sortant qui ne se représente pas. Elle affronte un jeune investi par la Nupes, Noé Gauchard, et un candidat RN, Jean-Philippe Roy. Au premier tour de la présidentielle, Emmanuel Macron est arrivé ici en tête avec 30,8% des voix.
5e de l'Ain: Abad joue gros
Dans la 5e circonscription de l'Ain, le ministre des Solidarités Damien Abad, dans la tourmente après des accusations de viol, joue son avenir politique. Seule véritable prise de la macronie, s'il perd dans son fief électoral où il s'était imposé haut la main sous l'étiquette LR, il devra démissionner du gouvernement. Il fait face à un adversaire des Républicains, Julien Martinez. Dans cette circonscription, les électeurs ont placé Marine Le Pen en tête du premier tour de la présidentielle avec 25,4% des voix.
4e du Var: Zemmour, le retour
Arrivé 4e de la présidentielle avec 7% des voix, Eric Zemmour a longtemps entretenu le suspense avant d'annoncer sa candidature à Saint-Tropez où il avait obtenu 14,7% au premier tour. Une circonscription où l'extrême droite a recueilli au total près de 47% des suffrages, Marine Le Pen étant arrivée première avec un tiers des voix devant Emmanuel Macron (24,1%). Le leader de Reconquête! aura face à lui un candidat RN, Philippe Lottiaux, et la sortante LREM Sereine Mauborgne.
11e de la Gironde: le RN en conquête
Le RN pourrait décrocher son premier siège en Gironde du côté de Blaye, dans la 11e circonscription où Marine Le Pen est arrivée en tête avec 36,5% des voix au 1er tour de la présidentielle. Sa candidate, Edwige Diaz, arrivée 2e des régionales l'an dernier en Nouvelle-Aquitaine, n'est autre que sa porte-parole. Elle tentera d'arracher cette circonscription à la sortante LREM Véronique Hammerer qui l'avait elle-même ravie à la gauche en 2017.
4e des Bouches-du-Rhône: de Mélenchon à Bompard
Passation de témoin: l'insoumis Jean-Luc Mélenchon, qui a renoncé à se présenter aux législatives, a cédé sa circonscription à Marseille, historiquement ancrée à gauche, à son directeur de campagne, Manuel Bompard. Au premier tour de la présidentielle, le leader de LFI y avait obtenu plus de la moitié des voix (54,4%). M. Bompard, battu il y a cinq ans en Haute-Garonne, se défend lui aussi d'être parachuté.
8e de Haute-Garonne: Delga et les dissidents
Le devenir politique de Carole Delga pourrait se jouer dans le Sud-Ouest, terre historiquement acquise à la gauche. Car largement réélue l'an dernier à la tête de la région Occitanie, la socialiste a rejeté l'accord de la Nupes à gauche, qui n'accorde que six circonscriptions sur 49 au PS dans l'ensemble de la région, choisissant de soutenir au cas par cas des candidats dissidents. Dans son ancienne circonscription, la huitième de Haute-Garonne, elle s'est investie en tant que directrice de campagne du sortant Joël Aviragnet qui était investi par la Nupes, mais dont la situation est depuis confuse. L'écologiste Annabelle Fauvernier y revendique le soutien de LFI, EELV et Générations.
15e de Paris: duel à gauche
Les investitures de la Nupes créent d'autres frictions. Dans la 15e circonscription du nord-est de Paris, la socialiste Lamia El Aaraje a choisi de se maintenir face à l'insoumise Danielle Simonnet (Nupes). Le PS estime que la circonscription aurait dû être réservé à Mme El Aaraje, élue en 2021... face à Mme Simonnet. Le Conseil constitutionnel avait ensuite invalidé cette partielle en raison d'un autre concurrent qui avait indûment utilisé le logo LREM.
Hauts-de-Seine: désert LR ?
La droite, déjà laminée à la présidentielle, pourrait être rayée des Hauts-de-Seine, un de ses fiefs historiques, sous les assauts d'Ensemble! et de la Nupes. Les Républicains, qui n'avaient gagné que deux sièges sur 13 en 2017, conquis par Thierry Solère et Constance Le Grip, tous deux ayant rejoint depuis la Macronie, ne sont pas parvenus à s'entendre avec leurs alliés centristes de l'UDI dans ce territoire de l'ouest parisien où Emmanuel Macron (37,11%) est arrivé en tête du premier tour devant Jean-Luc Mélenchon (25,77%). Le ministre Gabriel Attal se présente dans la 10e circonscription.  
1ère du Lot: la relève LR en jeu
Le secrétaire général des Républicains Aurélien Pradié, figure de la jeune garde qui appelle à rompre avec le Sarkozysme, se représente dans cette circonscription historiquement ancrée à gauche qu'il avait remportée d'une courte tête il y a cinq ans face à un adversaire LREM. Faisant campagne dans une 4L décapotable, il espère tirer profit des divisions à gauche. Dans un département où Valérie Pécresse, dont il était le porte-parole, a tout juste dépassé la barre des 5%, il fait face à la candidature du PS Rémi Branco et de la Nupes Elsa Bougeard. Le candidat LREM Frédéric Decremps s'est retiré à la dernière minute pour des raisons personnelles.

Tassement pour la majorité

Selon plusieurs sondages, la majorité présidentielle et la Nupes seraient au coude-à-coude en voix (26-28%), devant le RN (21-23%), LR (9%-11%) et Reconquête! d'Eric Zemmour (5-6%).
Mais du fait du mode de scrutin et de la concentration géographique des scores LFI, le camp présidentiel et ses piliers LREM, MoDem et Horizons garderaient une majorité de 290 à 330 sièges, même si celle-ci tend à se resserrer au fil des semaines, frôlant le seuil de la majorité absolue (289).

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La Nupes aurait de 160 à 195 sièges, le RN entre 20 et 65. LR verrait son groupe parlementaire d'une centaine de députés fondre entre 20 et 65 sièges.
Une victoire franche des macronistes donnerait pour cinq années de plus les coudées franches au chef de l'Etat à l'Assemblée nationale. Une courte victoire l'exposerait à de fortes turbulences internes.
Une majorité relative l'obligerait à naviguer à vue avec des alliances de circonstance, possiblement avec certains LR mais difficiles à envisager avec une gauche dominée par LFI ou avec le RN.
La mobilisation des électeurs reste un enjeu capital, après les législatives de 2017 où moins d'un électeur sur deux s'était déplacé.
Le camp présidentiel compte sur la présence d'une femme à Matignon pour la première fois en trente ans pour envoyer un signal fort de changement et de progrès. Mais les accusations de viols visant le ministre des Solidarités, Damien Abad (ex-LR), ont parasité les premiers jours du nouveau gouvernement.

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Quatorze ministres actuels - Gérald Darmanin, Gabriel Attal...- et plusieurs sortants, dont Jean-Michel Blanquer, se lancent dans cette élection, de même que la première d'entre eux, Elisabeth Borne, en lice dans le Calvados. Avec une épée de Damoclès: ils devront démissionner en cas d'échec.
LFI et ses alliés comptent sur un effet d'entraînement de la Nupes. Jean-Luc Mélenchon se voit en Premier ministre de cohabitation porté par un raz-de-marée électoral, mais il ne sollicite pas sa réélection à Marseille.
A l'extrême droite, Marine Le Pen espère que la constitution d'un groupe parlementaire - une première pour son parti depuis 1986 - couplée à ses 41,5% des voix en finale de la présidentielle, lui permettront de s'imposer comme première opposante de France.
Chez les partisans d'Eric Zemmour, les espoirs du moindre siège sont maigres, faute d'accord avec le RN.
A peine installée, la nouvelle Assemblée aura du pain sur la planche, avec deux projets de loi à adopter pour répondre aux difficultés de pouvoir d'achat.

Les précédentes élections législatives sous la Ve République

Les élections législatives des 12 et 19 juin sont les seizièmes depuis la naissance de la Ve République en 1958.

Le plus grand bouleversement en 1958
C'est en 1958 que ce scrutin a provoqué le plus grand bouleversement de sa composition politique. En 1993, la majorité socialiste sortante a été balayée et s'est retrouvée avec seulement 57 sièges contre 276 précédemment.
Depuis 1981, les législatives suivant une présidentielle se sont toujours conclues par la victoire du camp du nouveau chef de l'Etat. En 1988, le socialiste François Mitterrand n'obtient toutefois qu'une majorité relative (PS et alliés).
En raison de l'instauration du quinquennat et de l'inversion du calendrier électoral, chaque présidentielle est systématiquement suivie depuis 2002 des législatives.

Cinq dissolutions
Sur les quinze législatures précédentes, dix sont allées à leur terme de cinq ans, durée du mandat des députés (1962-1967, 1968-1973, 1973-1978, 1981-1986, 1988-1993, 1997-2002, 2002-2007, 2007-2012, 2012-2017 et 2017-2022) et cinq ont été interrompues par une dissolution (1958-1962, 1967-1968, 1978-1981, 1986-1988 et 1993-1997).
Le général De Gaulle a dissous par deux fois l'Assemblée nationale, le 9 octobre 1962, lorsque les députés ont renversé le gouvernement de Georges Pompidou pour s'opposer au projet d'élection du président de la République au suffrage universel, puis le 30 mai 1968, après les "évènements" de mai.
François Mitterrand a également dissous deux fois l'Assemblée, le 22 mai 1981, dans la foulée de son élection, et le 14 mai 1988, après sa réélection.
La dernière dissolution date du 21 avril 1997, lorsque le président Jacques Chirac, élu en 1995, a pris cette décision, un an avant l'échéance de la législature.

Majorités et présidents des assemblées
La droite a dominé les assemblées successives jusqu'en 1981, tandis que l'alternance règne depuis cette date.
14 personnalités -toutes des hommes- se sont succédé à la présidence de l'Assemblée nationale. Jacques Chaban-Delmas détient la palme avec six élections au "perchoir".
- 1e législature (1958-1962): Jacques Chaban-Delmas. La droite a la majorité, mais pas les seuls gaullistes
- 2e législature (1962-1967): Jacques Chaban-Delmas. Majorité gaulliste
- 3e législature (1967-1968): Jacques Chaban-Delmas. Etroite majorité gaulliste
- 4e législature (1968-1973): Jacques Chaban-Delmas (jusqu'en juin 1969) puis Achille Perretti. Large majorité gaulliste
- 5e législature (1973-1978): Edgar Faure. Majorité de droite
- 6e législature (1978-1981): Jacques Chaban-Delmas. Majorité de droite
- 7e législature (1981-1986): Louis Mermaz. Majorité socialiste
- 8e législature (1986-1988): Jacques Chaban-Delmas. Majorité de droite
- 9e législature (1988-1993): Laurent Fabius puis Henri Emmanuelli. Majorité socialiste relative
- 10e législature (1993-1997): Philippe Séguin. Majorité de droite
- 11e législature (1997-2002): Laurent Fabius puis Raymond Forni. Majorité de gauche
- 12e législature (2002-2007): Jean-Louis Debré puis Patrick Ollier (de mars à juin 2007) après la nomination du premier à la tête du Conseil constitutionnel. Majorité de droite
- 13e législature (2007-2012): Bernard Accoyer. Majorité de gauche
- 14e législature (2012-2017): Claude Bartolone. Majorité PS et alliés
- 15e législature (2017-2022): François de Rugy (2017-2018) puis Richard Ferrand . Majorité LREM et alliés


Lancés vers 2027, Bardella et Mélenchon préparent leur lutte finale

Jordan Bardella (à gauche), président du parti d'extrême droite français Rassemblement National (RN), posant lors d'une séance photo à Paris le 31 janvier 2024, et Jean-Luc Mélenchon, alors candidat du parti de gauche « La France insoumise » aux élections présidentielles françaises de 2017, posant lors d'une séance photo à Paris le 24 janvier 2017. (AFP)
Jordan Bardella (à gauche), président du parti d'extrême droite français Rassemblement National (RN), posant lors d'une séance photo à Paris le 31 janvier 2024, et Jean-Luc Mélenchon, alors candidat du parti de gauche « La France insoumise » aux élections présidentielles françaises de 2017, posant lors d'une séance photo à Paris le 24 janvier 2017. (AFP)
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  • À un an et demi de la présidentielle, Jordan Bardella et Jean-Luc Mélenchon installent déjà le récit d’un duel annoncé entre l’extrême droite et la gauche radicale
  • Tandis que le RN estime qu’un face-à-face avec Mélenchon faciliterait la victoire de Bardella, les Insoumis jugent au contraire le président du RN plus fragile que Marine Le Pen

PARIS: Quatre décennies les séparent. Vingt points dans les sondages, aussi. Favoris de leurs camps respectifs à un an et demi de la présidentielle, Jordan Bardella et Jean-Luc Mélenchon installent déjà à distance le récit de leur affrontement final.

Pour provoquer un duel, il faut désigner l'adversaire. Jordan Bardella a choisi le sien et ne manque pas une occasion ces derniers mois de cibler un Jean-Luc Mélenchon qui "met de l'huile sur le feu" et "veut l'implosion du pays", incarnation d'une "menace qui pèse sur nos valeurs".

Du haut de ses 30 ans, le jeune président du Rassemblement national cherche aussi à discréditer son aîné, âgé de 74 ans, en l'accusant systématiquement de "s'être allié" à Emmanuel Macron aux dernières législatives. L'épouvantail insoumis, "main dans la main" avec le président repoussoir "pour m'empêcher de devenir Premier ministre", se lamente presque le remplaçant désigné de Marine Le Pen - en cas d'inéligibilité confirmée en appel.

Un acharnement justifié par ce constat: "Il est à gauche celui qui a la possibilité d'emmener son camp au second tour de l'élection présidentielle". Le parti à la flamme étant, dans tous les pronostics, déjà qualifié pour la finale, inutile donc de s'épuiser contre des outsiders.

"À part Marine et Jordan, y a rien d'autre", résume un eurodéputé RN, qui reconnait quelques qualités au tribun de la gauche radicale: "Il sait s'exprimer, il a du talent", et surtout "il a un socle d'adhésion en dessous duquel il ne peut pas descendre".

La question n'est donc "pas de savoir s'il est le meilleur", de toute façon "c'est lui qui sera au second tour", ajoute ce cadre du mouvement d'extrême droite, pour qui ce scénario "rend plus simple l'élection". Chacun ayant en tête le récent sondage prédisant une victoire écrasante (74% contre 26%) de M. Bardella dans un second tour face à M. Mélenchon.

Un proche de Mme Le Pen faisait la même analyse au début de l'automne: "Pour gagner, il vaut mieux être contre un Mélenchon" jugé "très clivant", même si "une partie des gens votera moins pour nous que contre lui".

- "Bardella, c'est plus simple" -

Du côté des Insoumis, cela fait plus de 10 ans, avant même la création de LFI, que Jean-Luc Mélenchon prophétise: "à la fin ça se terminera entre eux et nous". Comprendre l'extrême droite et la gauche radicale.

Et ils sont persuadés que cette fois, leur fondateur pourrait accéder au second tour après trois échecs - à chaque fois derrière Marine Le Pen. Et que Jordan Bardella, en raison de son manque d'expérience et son profil plus libéral que la patronne du RN, ferait un meilleur adversaire que cette dernière.

"Bardella, c'est plus simple que Marine Le Pen au second tour. Il apprend par coeur mais il ne réfléchit pas par lui-même. Il peut s'effondrer pendant la campagne, comme lors des législatives l'année dernière", assure le coordinateur de LFI Manuel Bompard, alors que le mouvement mélenchoniste a acté que l'option Bardella était "la plus probable" pour le parti d'extrême droite en 2027.

Et suit de près son activité à Bruxelles.

"Sur cette dernière année, Bardella a déposé beaucoup plus d'amendements que lors tout son mandat précédent. Et il donne beaucoup plus de conférences de presse. Il fait ça pour la présidentielle, c'est évident", assure la cadre insoumise Manon Aubry, élue au Parlement européen depuis 2019 comme le président du RN.

"À LFI, je suis un peu l'anti-Bardella, je surveille de près ce qu'il fait au Parlement européen où il profite de la moindre médiatisation pour voter contre les droits des femmes ou les droits des LGBT", ajoute-t-elle, en précisant: "Il y aura de quoi avoir beaucoup de munitions pour Jean-Luc Mélenchon pour un éventuel débat d'entre-deux tours, s'ils sont tous les deux candidats".

Les Insoumis restent persuadés que la "magie du second tour" pourrait opérer, malgré les sondages très défavorables et à la faveur de la dynamique de campagne, pour qu'un "front républicain anti-RN" puisse se mettre en place.

Et tant pis si des responsables macronistes, comme Elisabeth Borne, refusent publiquement de choisir entre les deux. "Je suis incapable de voter pour Jean-Luc Mélenchon", a déclaré l'ancienne Première ministre, pourtant connue pour son engagement contre l'extrême droite.


Budget: députés et sénateurs échouent à se mettre d'accord, pas de budget avant la fin de l'année

Cette photographie montre les résultats affichés sur un écran géant du vote du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) 2026 à l'Assemblée nationale, à Paris, le 16 décembre 2025. (AFP)
Cette photographie montre les résultats affichés sur un écran géant du vote du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) 2026 à l'Assemblée nationale, à Paris, le 16 décembre 2025. (AFP)
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  • La commission mixte paritaire a échoué à trouver un accord sur le budget de l'État, repoussant son adoption et forçant le gouvernement à préparer une loi spéciale pour assurer la continuité des finances publiques
  • L'impasse reflète des tensions entre le gouvernement et la gauche à l'Assemblée, et la droite sénatoriale, chacun accusant l'autre de blocage

PARIS: Députés et sénateurs ont échoué à s'entendre vendredi sur le budget de l'État, écartant la perspective d'un texte adopté avant la fin de l'année, un échec au moins provisoire pour le Premier ministre Sébastien Lecornu.

Entre le gouvernement et les socialistes d'un côté, la droite sénatoriale et les oppositions de l'autre, chacun se renvoie la balle sur la responsabilité de cette impasse.

Face à ce scénario, le gouvernement avait déjà annoncé qu'il préparait une loi spéciale pour permettre le prélèvement des impôts et assurer la continuité de l'Etat, avant une reprise des débats sur le budget début 2026.

Cette procédure exceptionnelle avait déjà été activée l'an dernier après la chute du gouvernement Barnier. Le texte devrait être examiné par les deux chambres au début de la semaine prochaine, après un probable passage lors du Conseil des ministres convoqué lundi soir, au retour d'un déplacement d'Emmanuel Macron aux Emirats arabes unis.

Le Premier ministre a également annoncé réunir, à partir de lundi, les principaux responsables politiques pour les "consulter sur la marche à suivre pour protéger les Français et trouver les conditions d'une solution".

L'échec de la commission mixte paritaire (CMP), où sept députés et sept sénateurs n'ont pas réussi à se mettre d'accord, marque la fin de deux mois de discussions parlementaires autour de ce texte financier crucial.

Dès le départ, le compromis semblait quasi impossible entre une droite sénatoriale attachée aux économies et aux baisses d'impôts et une Assemblée où la gauche réclamait plus de recettes et moins de coupes budgétaires.

Et le pari de Sébastien Lecornu de faire adopter le budget sans recours au 49.3 dans une chambre basse sans majorité était particulièrement ambitieux.

- La faute à qui ? -

C'est donc un échec pour le Premier ministre, même s'il a réussi à faire adopter mardi l'autre budget, celui de la Sécurité sociale, en obtenant un vote favorable des socialistes en échange d'une suspension de la réforme des retraites.

Pour l'exécutif et le PS, le coupable est tout désigné : les sénateurs LR, accusés d'intransigeance sur les recettes à trouver.

Le patron du Parti socialiste Olivier Faure a accusé la droite sénatoriale de "faire le choix de bloquer le pays". Sébastien Lecornu a plus sobrement regretté "l'absence de volonté d'aboutir de certains parlementaires".

Car, derrière les désaccords budgétaires, une guerre des chefs s'exacerbe à mesure que les échéances électorales se rapprochent.

Une ministre accuse ainsi Bruno Retailleau, patron de LR, d'avoir attisé la radicalité des sénateurs de son parti, dans une guerre larvée avec le chef des députés LR Laurent Wauquiez.

Au Palais du Luxembourg, on renvoie la balle à Matignon.

"La responsabilité de cet échec incombe au gouvernement qui a soigneusement, méthodiquement, scrupuleusement organisé l'impossibilité d'un accord", ont rétorqué Mathieu Darnaud (Les Républicains) et Hervé Marseille (UDI), chefs des groupes LR et centriste du Sénat, très remontés, dans un communiqué commun.

Bruno Retailleau avait émis les mêmes critiques un peu plus tôt, fustigeant un texte qui "aurait envoyé la France dans le mur de la dette" et appelant le gouvernement à recourir au 49.3 à la rentrée.

A l'Assemblée, la gauche, hors socialistes, a dénoncé un gouvernement qui se "défausse" sur les parlementaires, selon les mots d'Eric Coquerel (LFI), président de la commission des Finances.

Pour le groupe écologistes, l'échec est dû à "la désunion profonde du bloc gouvernemental, incapable de s'accorder sur des priorités claires et de construire une majorité parlementaire".

- "Sparadrap" -

Cap sur la loi spéciale donc, avant la reprise des discussions en janvier.

A moins que le gouvernement ne se dirige vers les ordonnances avant la fin de l'année, s'interroge Jean-Philippe Tanguy pour le Rassemblement national. Son groupe continue d'appeler à un retour aux urnes, "seule solution" à la crise, dit-il.

La ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin a rappelé vendredi matin le coût d'une loi spéciale. "L'an dernier, on avait estimé à 12 milliards le coût d'avoir six à huit semaines sans budget."

"C'est un sparadrap", cela permet de "faire tourner le pays" mais il faudra bien que le Parlement s'accorde en début d'année, a aussi répété dans la matinée Mme Bregeon.

Outre l'urgence de disposer d'un budget, s'ajoutera la volonté du monde politique de tourner la page budgétaire avant les municipales de mars.


Paris : les envoyés spéciaux américain, saoudien et français réaffirment leur soutien aux forces armées libanaises

Paris a accueilli, le 18 décembre, une réunion de haut niveau consacrée au Liban, réunissant les envoyés spéciaux des États-Unis, de l’Arabie saoudite et de la France avec le commandant des Forces armées libanaises (FAL). (AFP)
Paris a accueilli, le 18 décembre, une réunion de haut niveau consacrée au Liban, réunissant les envoyés spéciaux des États-Unis, de l’Arabie saoudite et de la France avec le commandant des Forces armées libanaises (FAL). (AFP)
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  • Les envoyés spéciaux ont unanimement exprimé leur soutien aux Forces armées libanaises
  • Dans le prolongement de la cessation des hostilités entrée en vigueur le 26 novembre 2024 et en appui au plan « Bouclier de la Nation », les participants ont convenu de la création d’un groupe de travail tripartite

PARIS: Paris a accueilli, le 18 décembre, une réunion de haut niveau consacrée au Liban, réunissant les envoyés spéciaux des États-Unis, de l’Arabie saoudite et de la France avec le commandant des Forces armées libanaises (FAL). Cette rencontre s’inscrit dans le cadre des efforts internationaux visant à soutenir la stabilité du Liban et le renforcement de ses institutions sécuritaires.

Au cours de la réunion, le général Haykal a présenté aux trois envoyés l’état d’avancement de la mise en œuvre du plan « Bouclier de la Nation », une initiative destinée à renforcer les capacités opérationnelles des Forces armées libanaises et à consolider la sécurité nationale.

Les envoyés spéciaux ont unanimement exprimé leur soutien aux Forces armées libanaises, saluant leur engagement et les sacrifices consentis dans un contexte sécuritaire et économique particulièrement difficile. Ils ont réaffirmé l’importance du rôle central de l’armée libanaise dans la préservation de la stabilité du pays.

Dans le prolongement de la cessation des hostilités entrée en vigueur le 26 novembre 2024 et en appui au plan « Bouclier de la Nation », les participants ont convenu de la création d’un groupe de travail tripartite. Celui-ci sera chargé de préparer une conférence internationale de soutien aux Forces armées libanaises et aux Forces de sécurité intérieure, prévue pour février 2026.

Cette initiative vise à mobiliser un appui politique, financier et opérationnel accru en faveur des institutions sécuritaires libanaises, considérées par la communauté internationale comme un pilier essentiel de la stabilité du Liban et de la sécurité régionale.