Dans la dernière usine française de papier journal, l'avenir est au carton

Un employé de l'usine de papier journal Norske Skog coupe un énorme rouleau de papier blanc à la sortie de la machine à papier à Golbey, dans l'est de la France, le 24 mai 2022. (FREDERICK FLORIN / AFP)
Un employé de l'usine de papier journal Norske Skog coupe un énorme rouleau de papier blanc à la sortie de la machine à papier à Golbey, dans l'est de la France, le 24 mai 2022. (FREDERICK FLORIN / AFP)
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Publié le Mercredi 01 juin 2022

Dans la dernière usine française de papier journal, l'avenir est au carton

  • Le prix du papier flambe depuis le début de l'année: Les fabricants ont parfois doublé leurs tarifs
  • L'usine de Golbey est la dernière à en produire en France, tandis que les autres papetiers ont peu à peu abandonné le papier journal au profit du carton

GOLBEY, France: Tendus entre d'énormes cylindres, les kilomètres de papier journal semblent s'enrouler à l'infini dans l'usine Norske Skog située à Golbey, dans les Vosges. Le dernier site en France qui fabrique du papier journal s'apprête pourtant à abandonner une partie de sa production pour s'orienter vers le carton.

Dans les hangars, des travaux sont déjà en cours autour des machines, deux monstres de fer et de tôle qui pressent la pâte à papier et la sèchent, pour en sortir des bobines de papier géantes de neuf mètres de large.

Des bureaux temporaires ont aussi été installés à l'extérieur pour accueillir les prestataires qui seront chargés de transformer la plus ancienne des deux machines, afin qu'elle produise du carton ondulé destiné aux emballages dès fin 2023.

Pour le moment, l'heure est à la préparation de la tuyauterie et des bâtiments: les ouvriers ont pour consigne d'arrêter la machine le plus tard possible, pour ne pas trop pénaliser l'activité de l'usine.

L'industriel annonce que sa capacité de production annuelle de 558.000 tonnes de papier journal baissera à 330.000 tonnes seulement, mais il pourra fabriquer en plus 555.000 tonnes de carton recyclé.

Le manque de papier, un «drame» pour la presse imprimée

Fut un temps où le journal de la veille était recyclé pour emballer les légumes sur les marchés. Aujourd'hui, les courses sont livrées à domicile dans du carton, souvent recyclé, et la presse française manque de papier journal, inabordable.

A force d'anticiper et d'accompagner la numérisation de la presse, les industriels du papier et du carton ont tellement réduit leur capacité de production de papier journal qu'il ne restera d'ici quelques mois qu'une seule machine de production encore en activité en France.

Et le prix du papier journal flambe: à 400 euros la tonne au 1er semestre 2021, il a doublé en un an, pour atteindre 800 euros et plus en avril, indique l'Alliance (Apig) qui regroupe 285 titres de la presse quotidienne nationale (PQN), régionale (PQR) et de la presse hebdomadaire régionale (PHR).

"La tension sur les approvisionnements des journaux résulte des fermetures de machines ou de transferts de machines vers la fabrication d'emballages" en carton pour répondre à la forte demande du secteur de la vente en ligne, confirme Paul-Antoine Lacour, délégué général de Copacel, qui regroupe les entreprises de l'industrie du papier, du carton et de la cellulose.

"Les papeteries se reconvertissent dans le carton pour fournir Amazon. Et les plus petites, sur lesquelles on pouvait réajuster les commandes, ferment, ce qui fait que nous avons un vrai problème industriel de dépendance en France", note Fabien Gay, directeur du quotidien l'Humanité, et sénateur de Seine Saint-Denis.

Les papetiers, gros consommateurs de gaz et d'électricité, souffrent parallèlement de la flambée des cours de l'énergie.

"Nous étions à 3% de nos coûts, et maintenant on est à 10%", ajoute M. Lacour. Le phénomène ne touche pas que la France.

Toute l'Europe est affectée, mais l'Espagne, l'Allemagne et les pays scandinaves conservent des capacités de production de papier journal.

Lectorat attaché au papier

Les journaux français, pris entre leurs coûts fixes (rotatives, rédaction, réseau de distribution) et la flambée de l'énergie et du papier, vivent la situation comme un drame.

"Difficile de résister à une hausse pareille. Potentiellement, certains titres en France ne devraient pas survivre", déclare à l'AFP Philippe Carli, président du groupe Ebra, qui regroupe neuf titres de l'Est, dont L'Alsace, l'Est républicain et les Dernières nouvelles d'Alsace.

Selon des données confidentielles auxquelles l'AFP a eu accès, la seule hausse du prix du papier va peser entre 5 et 10 millions d'euros supplémentaires dans les comptes de groupes comme Ebra, Ouest France, le Monde, le Figaro ou Sud-Ouest.

Or, malgré la numérisation croissante, la presse française, dont beaucoup de titres ont augmenté leur prix de vente au numéro en début d'année, consomme encore quelque 330.000 tonnes de papier par an, tous titres confondus, indique Pierre Petillault, directeur de l'Alliance.

Les plus fragiles sont les titres de la presse hebdomadaire régionale, encore peu numérisés et au lectorat attaché au papier.

Beaucoup de journaux réduisent leur pagination, suppriment des cahiers, ou ne sortent pas les jours fériés.

Outremer, La Dépêche de Tahiti, journal en difficulté depuis longtemps, a été placée en liquidation judiciaire fin avril.

La situation est d'autant plus inconfortable que certains papetiers profitent de la situation pour faire monter les enchères.

"Avant, nous avions des prix annuels, maintenant on négocie les prix par trimestre, il y a même des allocations de papiers faites au plus offrant", ajoute un patron de presse qui requiert l'anonymat.

Un autre point de tension de plus en plus vif se dessine: le recyclage, lui aussi de plus en plus orienté vers le carton d'emballage, très demandé par le commerce électronique.

A partir du 1er janvier 2023, la loi Agec contre le gaspillage impose aux journaux de s'acquitter réellement de leur éco-contribution auprès de Citeo, qui organise la collecte et le recyclage des déchets en France, au lieu d'un paiement en nature sous forme de pages de pub comme c'est le cas jusqu'à présent.

"C'est fou, nous les journaux, allons directement aider à financer Amazon et les autres", grince-t-on à l'Alliance.

Celle-ci a demandé une aide spécifique aux pouvoirs publics: "Que le carton soit en plein essor pour l'e-commerce, on le comprend, mais on a du mal à évaluer l'apport de l'e- commerce à la démocratie".

Le groupe norvégien Norske Skog a investi 250 millions d'euros pour ce projet, également soutenu par le plan de relance gouvernemental: il compte sur le marché du carton, en plein essor grâce au succès du commerce en ligne, pour doper sa rentabilité.

Au contraire, la consommation de papier journal a beaucoup baissé ces dernières années, la presse papier perdant peu à peu du terrain face à l'information en format numérique.

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Des employés de l'usine de papier journal Norske Skog regardent une machine à rouler le papier à Golbey, dans l'est de la France, le 24 mai 2022. ( FREDERICK FLORIN / AFP)

L'usine de Golbey est d'ailleurs la dernière à en produire en France, tandis que les autres papetiers ont peu à peu abandonné le papier journal au profit du carton.

Des feuilles à prix d'or

Cette stratégie du "dernier des Mohicans" lui permet néanmoins aujourd'hui de profiter d'une extraordinaire hausse des prix. Car en un an, le prix de la tonne de papier journal a doublé: elle se vendait en mai entre 780 et 950 euros, contre 400 à 440 euros à la même période l'an dernier, selon l'agence d'évaluation des prix Fastmarkets.

La flambée des prix est d'abord liée au déséquilibre entre l'offre et la demande, puisque la production de papier journal a baissé rapidement par rapport aux besoins de la presse, après avoir été longtemps en surcapacité.

"Le marché est artificiellement tendu", résume pour l'AFP Yves Bailly, le président de l'usine.

Cahiers, papier toilette, carton... Pourquoi le prix du papier augmente

Le prix du papier flambe depuis le début de l'année: Les fabricants ont parfois doublé leurs tarifs, ce qui fait craindre des hausses massives sur des produits de grande consommation, des cahiers de la rentrée scolaire au papier toilette.

Pourquoi le prix du papier augmente-t-il ?

Avec la reprise de la consommation après les confinements, la demande de papier a augmenté fortement et soudainement, causant des difficultés d'approvisionnement en matières premières et de transport.

En avril, la pâte à papier, matière première du papier et du carton, coûtait plus de 40% plus cher qu'à la même période de 2019, avant la pandémie, selon l'Insee.

En plus de cela, "le bois est devenu rare, donc les palettes pour transporter les produits sont devenues rares", explique Thibault Laumonier, PDG de la filiale française du groupe britannique de papier et d'emballage DS Smith Packaging.

Il évoque aussi un retard sur la mise en service de nouvelles machines à cause de la pénurie de semi-conducteurs.

Dans une industrie qui consomme beaucoup d'énergie pour sécher la pâte à papier et faire tourner les machines qui forment les feuilles, la hausse du coût du gaz ou de l'électricité depuis le début de la guerre en Ukraine a aussi un impact significatif.

À cela s'ajoutent des problématiques particulières selon le type de papier: pour le papier journal, la hausse des prix est en partie liée à une baisse de la production, les producteurs délaissant ce secteur face à la diminution des ventes de journaux.

En revanche, pour le papier ondulé qui sert à faire des cartons, les prix sont tirés vers le haut par la demande grandissante de cartons d'emballage pour le commerce en ligne ou pour l'agroalimentaire, qui cherche à abandonner le plastique à usage unique.

Quelles sont les conséquences de cette hausse ?
La situation est parfois tendue pour les industriels, mais ils ont pu transférer à leurs clients des augmentations de prix face à la hausse des coûts.

"Globalement les entreprises arrivent à conserver leurs marges", assure Paul-Antoine Lacour, délégué général de la Confédération française de l'industrie des papiers, cartons et cellulose (Copacel).

Mais cette inflation a un impact en aval sur tous les secteurs utilisateurs, soit une grande partie de l'économie, de la presse aux papiers d'hygiène, en passant par les emballages agroalimentaires ou les cartons en tous genres.

Cette hausse des prix fait craindre à M. Lacour "un tassement de la consommation" si le pouvoir d'achat des Français baisse trop.

Le prix des fournitures scolaires va-t-il augmenter à la rentrée ?

Comme tous les producteurs de papier, les fabricants de cahiers font face à la hausse de leurs coûts. La particularité de ce secteur est qu'il négocie ses prix de vente avec la grande distribution à l'automne pour la rentrée suivante: ceux de la prochaine rentrée scolaire ont donc été fixés à une période où le prix du papier avait déjà augmenté, mais encore loin des records actuels.

D'après M. Lacour, les distributeurs se sont engagés à des hausses de 12 à 15% des prix d'achat de fournitures scolaires en papier pour septembre 2022, ce qui pourrait faire aussi monter le prix dans les rayons pour le consommateur.

"Depuis, on a eu des hausses importantes sur de nombreux coûts de production. Si les négociations devaient avoir lieu aujourd'hui, on serait sur des montants bien supérieurs", dit- il.

Et le papier toilette ?

Michel-Édouard Leclerc, président du comité stratégique des supermarchés E. Leclerc, avait averti en avril que le prix du papier toilette allait "augmenter considérablement", lors d'une interview sur BFMTV.

Selon les industriels, produire du papier hygiénique coûte en effet environ 20% plus cher qu'avant la pandémie.

"Mais en pratique, les hausses de prix seront sans doute moindres", estime Paul-Antoine Lacour.

Contrairement au papier journal ou au carton, qui sont vendus à des entreprises pour être à nouveau transformés, le papier toilette est vendu directement aux distributeurs, donc au consommateur final, ce qui rend les hausses de prix plus difficiles à faire passer, explique-t-il.

Il s'agit aussi d'un produit de première nécessité: les négociations sur les prix pourraient donc être tendues.

La hausse des prix est aussi liée à une hausse des coûts: depuis la fin des confinements, la reprise économique rapide a créé des difficultés d'approvisionnement et de transport, et fait grimper le prix du bois et du papier recyclé.

Pour faire tourner les immenses rouleaux chauffants qui font sécher la pâte à papier, il faut beaucoup d'énergie, dont le prix flambe, surtout depuis le début de la guerre en Ukraine.

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Un employé de l'usine de papier journal Norske Skog travaille sur une machine à découper le papier à Golbey, dans l'est de la France, le 24 mai 2022. (FREDERICK FLORIN / AFP)

"Quand une entreprise comme la nôtre consomme un million de mégawattheures par an, chaque variation d'un euro sur le prix du mégawattheure nous fait une variation d'un million d'euros sur notre compte de résultat", explique M. Bailly.

"On a fait passer sur certains mois plus de 100 euros de hausse (pour une tonne de papier, NDLR) simplement liée à l'énergie", ajoute-t-il.

Une situation qui alarme les éditeurs de presse: l'Alliance pour la presse d'information générale (Apig) a demandé à l'État de lui octroyer une aide financière dans le cadre du plan de résilience, après que de nombreux journaux dont Le Figaro, Libération ou Le Monde ont dû augmenter leurs prix en kiosques.

Pour autant, M. Bailly ne compte pas augmenter la cadence de son usine et produire plus, car les tonnes de papier supplémentaires coûteraient trop cher. "On ne peut pas vendre à perte pour satisfaire les clients", dit-il.

Dans les prochaines années, si le passage au carton fonctionne bien, il estime même qu'un abandon total du papier journal serait "envisageable". "La machine qui reste est une bonne cliente pour une conversion future, mais je ne sais pas si je serai encore là pour le faire."


L’Arabie saoudite en route pour le Top 5 des destinations touristiques mondiales d’ici à 2040, selon les leaders du tourisme

L'accent mis sur la diversification de l'offre touristique, la réduction de la saisonnalité et le développement de la main-d'œuvre favorise l'alignement stratégique à long terme entre les secteurs public et privé, ont expliqué les experts aux participants. (Photo AN)
L'accent mis sur la diversification de l'offre touristique, la réduction de la saisonnalité et le développement de la main-d'œuvre favorise l'alignement stratégique à long terme entre les secteurs public et privé, ont expliqué les experts aux participants. (Photo AN)
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  • L'Arabie saoudite poursuit sa transformation rapide en une plaque tournante du tourisme mondial
  • Les dirigeants du secteur présents au Sommet de l'hôtellerie du futur (FHS25) à Riyad prévoient que le Royaume deviendra l'une des cinq premières destinations touristiques au monde d'ici à 2040

RIYAD : Alors que l'Arabie saoudite poursuit sa transformation rapide en une plaque tournante du tourisme mondial, les dirigeants du secteur présents au Sommet de l'hôtellerie du futur (FHS25) à Riyad prévoient que le Royaume deviendra l'une des cinq premières destinations touristiques au monde d'ici à 2040.

Les experts ont expliqué aux participants que la diversification des offres touristiques, la réduction de la saisonnalité et le développement de la main-d'œuvre sont des priorités qui favorisent l'alignement stratégique à long terme entre les secteurs public et privé.

L'Arabie saoudite cherche à stimuler ses secteurs du tourisme et de l'hôtellerie dans le cadre de l'initiative de diversification économique Vision 2030, avec un plan visant à créer 362 000 nouvelles chambres d'hôtel d'ici à la fin de la décennie pour répondre à la demande croissante.  

Ayant déjà dépassé son objectif initial de 100 millions de visiteurs, le Royaume vise désormais 150 millions par an d'ici à 2030, renforçant ainsi son ambition de devenir une destination mondiale de premier plan et consolidant le tourisme comme un pilier essentiel de la croissance économique à long terme.

S'exprimant lors d'une table ronde sur les perspectives de l'hôtellerie pour 2025-2040, Ibrahim al-Turki, président de Growth Partner, s'est penché sur la trajectoire du secteur depuis les premiers jours de planification de Vision 2030.

"Pour être honnête, je n'imaginais pas que nous serions ici aujourd'hui. De ce point de vue, je pense que l'Arabie saoudite sera l'une des cinq premières destinations en 2040," s’est-il félicité. 

M. al-Turki a souligné que pour maintenir l'élan, le Royaume doit continuer à développer des raisons valables pour que les visiteurs du monde entier choisissent l'Arabie saoudite - et pas seulement davantage de chambres d'hôtel.

« Des chambres, il y en a partout. Ce qu’il faut, c’est donner aux gens une raison de venir. En 2040, la vraie question sera : pourquoi choisir cette destination ? » a-t-il déclaré.

M. al-Turki a également souligné les progrès récents dans la résolution des problèmes de saisonnalité de longue date, citant des initiatives telles que la Saison de Riyad, la Saison de Djeddah, et de nouvelles organisations de gestion des destinations comme AlUla et la Mer Rouge.

"À La Mecque et à Médine, 70% des visiteurs venaient pendant le ramadan. Cette année, seuls 20% sont venus pendant le ramadan, le reste étant réparti sur l'ensemble de l'année", a-t-il précisé.

"C'est ainsi que l'ADR (taux journalier moyen) des hôtels augmentera. L'investissement sera meilleur, et c'est ainsi que nous gérons l'activation et la saisonnalité", a-t-il noté.

Elie Milky, vice-président du développement pour le Moyen-Orient, le Pakistan, la Grèce et Chypre chez Radisson Hotel Group, a noté que la force de l'Arabie saoudite réside dans l'étendue de sa stratégie touristique.

"L'Arabie saoudite est en train de devenir une destination mondiale couvrant le tourisme religieux, le tourisme médical, le tourisme agricole, le tourisme d'entreprise. Elle va couvrir tous les aspects du tourisme que nous connaissons aujourd'hui", a-t-il affirmé.

M. Milky s'est fait l'écho de la nécessité d'une stratégie d'offre hôtelière à grande échelle, soulignant le rôle des villes secondaires dans l'équilibre de la demande.

"Plus il y a d'hôtels de qualité dans les villes secondaires, plus il y a de visiteurs", a-t-il révélé.

Il a ajouté que Radisson s'est considérablement développé dans le Royaume avec un portefeuille de marques diversifié, comprenant de nouvelles ouvertures à Médine et des lancements à venir à La Mecque et dans la province de l'Est.

Pour soutenir la croissance à long terme, M. Milky a également souligné l'importance du développement de la main-d'œuvre.

« Le talent est un défi, non seulement en Arabie saoudite, mais aussi dans le monde entier. Plus de 40% de nos talents sont saoudiens - hommes et femmes saoudiens - et avec notre bureau régional à Riyad, le taux de saoudification est de 60% », a-t-il indiqué. 

M. Milky a conclu en mettant en avant les efforts déployés pour former les ressortissants saoudiens à des postes de direction, notamment à travers des partenariats public-privé et des initiatives commerciales responsables.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les projets phares de la transformation de l'Arabie saoudite au cœur du forum saoudo-américain 

Lors du forum d'investissement américano-saoudien qui s'est tenu mardi à Riyad, un panel animé par le rédacteur en chef d'Arab News, Faisal J. Abbas (à gauche), a discuté de la manière dont les mégaprojets redessinent l'image du Royaume dans le monde. (Photo AN/Basheer Saleh)
Lors du forum d'investissement américano-saoudien qui s'est tenu mardi à Riyad, un panel animé par le rédacteur en chef d'Arab News, Faisal J. Abbas (à gauche), a discuté de la manière dont les mégaprojets redessinent l'image du Royaume dans le monde. (Photo AN/Basheer Saleh)
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  • Lorsque la Vision 2030 de l'Arabie saoudite portera ses fruits, dans cinq ans seulement, le tourisme sera aussi important pour l'économie du Royaume que le pétrole l'est aujourd'hui
  • C'est ce qu'a prédit Ahmed al-Khateeb, ministre du Tourisme, lors d'une table ronde organisée dans le cadre du Forum d'investissement américano-saoudien

RIYAD: Un peu plus de dix ans après le lancement d’Uber à Riyad, le service de covoiturage via smartphone s’est largement déployé à travers le Royaume. Lors d’un panel tenu au Forum d’investissement saoudo-américain à Riyad, le PDG d’Uber, Dara Khosrowshahi, a souligné que l’Arabie saoudite figure désormais parmi les marchés connaissant la croissance la plus rapide pour l’entreprise.

À ce jour, quelque 140 000 Saoudiens conduisent via la plateforme, desservant près de 4 millions d’utilisateurs dans 20 villes du Royaume.

M. Khosrowshahi a également annoncé que la société se prépare à franchir une nouvelle étape technologique: l’introduction prochaine de véhicules autonomes dans les rues saoudiennes.

«Vous verrez des véhicules autonomes en Arabie saoudite cette année», a déclaré M. Khosrowshahi au panel mardi. «C'est un sujet sur lequel nous nous concentrons beaucoup.»

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Le président américain Donald Trump consulte les plans de Diriyah en Arabie saoudite lors de sa visite d'État. (AFP)

Il a déclaré que les véhicules seraient beaucoup plus sûrs pour les passagers et les autres usagers de la route.

«La technologie autonome représente pour nous un potentiel considérable», a déclaré Dara Khosrowshahi. «D’abord, elle promet des routes plus sûres: un véhicule autonome ne se laisse pas distraire, n’envoie pas de messages en conduisant… C’est un conducteur qui ne cesse d’apprendre, en s’appuyant sur les millions de kilomètres parcourus à travers le monde.»

À terme, a-t-il ajouté, «les véhicules autonomes ne seront pas seulement plus sûrs, ils offriront aussi un mode de transport plus abordable». Il a précisé qu’Uber collabore actuellement avec 18 partenaires spécialisés afin de garantir une introduction progressive et sécurisée de cette technologie.

Lors d’une autre session du forum, animée par Faisal J. Abbas, rédacteur en chef d’Arab News, les échanges ont porté sur les mégaprojets emblématiques qui redéfinissent l’image du Royaume à l’échelle mondiale et marquent une nouvelle étape dans son ambitieuse transformation nationale.

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Le Mukaab, un gratte-ciel cubique en cours de développement dans le centre de Riyad. (New Murabba)

La transformation de Diriyah, le berceau de l'Arabie saoudite, en une destination culturelle, historique et de loisirs d'importance mondiale, est l'un des projets qui contribuent à la modernisation et à la diversification envisagées par la Vision 2030.

Jerry Inzerillo, PDG de Diriyah Company, a parlé de l'importance de préserver l'histoire du Royaume et la terre ancestrale des Al-Saoud, notamment le quartier royal d'At-Turaif, considéré comme le lieu de naissance du premier État saoudien en 1727 et inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 2010.

Aujourd’hui, Diriyah est au cœur de l’un des plus vastes mégaprojets d’Arabie saoudite: une transformation de 63,2 milliards de dollars (1 dollar = 0,89 euro) visant à réinventer ce site historique de 14 kilomètres carrés en une destination mondiale dédiée au patrimoine, à la culture et à l’art de vivre.

Jerry Inzerillo, PDG de la Diriyah Gate Development Authority, a assuré que le projet progresse selon le calendrier et le budget prévus. «Cette semaine, nous avons accueilli notre trois millionième visiteur sur le site classé au patrimoine mondial de l’Unesco. À ce jour, 45 000 personnes travaillent sur le projet, et nous sommes fiers de collaborer avec 83 entreprises américaines», a-t-il déclaré.

De son côté, Michael Dyke, directeur général du projet New Murabba à Riyad, a affirmé que le Mukaab – l’imposant bâtiment cubique au cœur du développement – deviendra l’un des édifices les plus emblématiques au monde.

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Le ministre saoudien du Logement, Majed Al-Hogail, à gauche, et le ministre saoudien du Tourisme Ahmed al-Khateeb, au centre, s'entretiennent avec le rédacteur en chef d'Arab News Faisal J. Abbas. (Photo AN/Basheer Saleh)

«C'est l'une des plus grandes structures jamais connues», a déclaré M. Dyke, en la comparant à la MSG  Sphere de Las Vegas. Cette dernière peut accueillir près de 18 000 personnes, alors que le Mukaab sera 22 fois plus grand.

«Lorsque les gens entreront dans le Mukaab, ils pénétreront dans un autre monde, il y aura des hologrammes et une IA puissante circulera dans l'ensemble de l'installation.»

Le Mukaab sera mis en service à partir de 2030 et «lorsque les gens viendront à Riyad, ils verront quelque chose de nouveau, de différent. Il s'agira d'un autre lieu fantastique qui viendra s'ajouter aux projets extraordinaires déjà en cours dans le Royaume».

 


L'Arabie saoudite signe des accords d'une valeur de plus de 300 milliards de dollars avec les États-Unis, confirme le prince héritier

L'Arabie saoudite a signé des accords d'une valeur de plus de 300 milliards de dollars avec les États-Unis, a déclaré le prince héritier Mohammed bin Salman lors du Forum d'investissement saoudo-américain qui s'est tenu mardi à Riyad. (SPA)
L'Arabie saoudite a signé des accords d'une valeur de plus de 300 milliards de dollars avec les États-Unis, a déclaré le prince héritier Mohammed bin Salman lors du Forum d'investissement saoudo-américain qui s'est tenu mardi à Riyad. (SPA)
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  • M. Trump a qualifié le prince héritier de "grand homme sans pareil" et de "plus grand représentant de son peuple"
  • Le prince Mohammed a déclaré que le royaume envisageait des opportunités d'investissement d'une valeur de 600 milliards de dollars et espérait que ce montant atteindrait 1 milliard de dollars

RIYADH : L'Arabie saoudite a signé des accords avec les États-Unis d'une valeur de plus de 300 milliards de dollars, a déclaré le prince héritier Mohammed bin Salman lors du Forum d'investissement saoudo-américain à Riyad mardi.

Lors d'un discours prononcé à cette occasion, le prince Mohammed a déclaré que le royaume envisageait des opportunités d'investissement d'une valeur de 600 milliards de dollars, ajoutant qu'il espérait que ce montant atteindrait 1 000 milliards de dollars.

Il a fait remarquer que les États-Unis étaient l'un des principaux partenaires du programme de réforme Vision 2030 de l'Arabie saoudite, ajoutant que les investissements conjoints constituaient l'un des piliers les plus importants de la relation économique entre les deux pays.

"Les États-Unis sont une destination majeure pour le Fonds d'investissement public, puisqu'ils représentent environ 40 % des investissements mondiaux du Fonds", a-t-il déclaré.

Il a également déclaré que la coopération avec Washington ne se limitait pas à la coopération économique, mais s'étendait également à "l'établissement de la paix dans la région et dans le monde".

S'exprimant également lors de l'événement, le président américain Donald Trump a fait l'éloge de la transformation en cours en Arabie saoudite, qu'il a attribuée au leadership du roi Salman et du prince héritier.

M. Trump a décrit le prince héritier comme un "très grand homme sans pareil" et "le plus grand représentant de son peuple", et a souligné le rôle des Saoudiens dans le développement de leur propre pays et de la région dans son ensemble.

M. Trump a souligné la montée en puissance de Riyad en tant que centre d'affaires mondial et a fait remarquer que les recettes du Royaume dans le secteur non pétrolier avaient désormais dépassé celles du secteur pétrolier.

Il a déclaré que l'Arabie saoudite méritait des éloges pour avoir préservé sa culture et ses traditions tout en adoptant son programme de réformes Vision 2030, tourné vers l'avenir et la modernité.

Au cours de son discours, M. Trump a critiqué l'administration Biden pour avoir retiré les Houthis de la liste des organisations terroristes des États-Unis, qualifiant cette décision de grave erreur.

Il a mis en contraste les développements régionaux en déclarant : "Certains (dans le Golfe) ont fait preuve d'un manque de volonté politique : "Certains (dans le Golfe) ont transformé des déserts en fermes, tandis que l'Iran a transformé ses fermes en déserts", et il a averti que si l'Iran rejetait l'offre de Washington, les États-Unis seraient contraints d'exercer une pression maximale.

Condamnant le Hezbollah pour avoir déstabilisé la région et pillé le Liban, M. Trump a déclaré : "La plus grande et la plus destructrice de ces forces est le régime iranien, qui a causé des souffrances inimaginables en Syrie, au Liban, à Gaza, en Irak, au Yémen et au-delà."

Il a décrit le Liban comme une victime du Hezbollah et de l'Iran et a exprimé son désir d'aider le pays.

M. Trump a également salué le rôle de l'Arabie saoudite dans les pourparlers de paix entre la Russie et l'Ukraine et a affirmé le soutien des États-Unis au Royaume, affirmant qu'il avait "un grand avenir".

Plus tôt dans la journée de mardi, les deux dirigeants ont signé un accord de partenariat économique stratégique à Riyad, première étape de la visite régionale de M. Trump.

Ce partenariat comprend la signature de protocoles d'accord dans les secteurs de l'énergie, de l'exploitation minière et de la défense.

La coopération en matière de défense entre les deux pays est axée sur la modernisation des capacités des forces armées saoudiennes, ainsi que sur un accord entre l'agence spatiale saoudienne et la NASA.

Parmi les autres accords figurent un protocole d'accord sur les ressources minérales, un accord avec le ministère de la justice et une coopération sur les maladies infectieuses.

M. Trump est arrivé mardi en Arabie saoudite pour une tournée qu'il a qualifiée d'"historique" au Moyen-Orient, au cours de laquelle il mêlera une diplomatie urgente sur Gaza à d'importantes transactions commerciales.

Le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman a chaleureusement accueilli M. Trump lorsqu'il est descendu d'Air Force One à l'aéroport international King Khalid dans la capitale saoudienne et a donné le coup d'envoi de sa tournée au Moyen-Orient.

Les deux dirigeants se sont ensuite retirés dans un grand hall de l'aéroport de Riyad, où M. Trump et ses assistants se sont vu servir un café arabe traditionnel par des préposés à l'attente portant des ceintures d'armes de cérémonie.

Des F-15 de l'armée de l'air royale saoudienne ont fourni une escorte honorifique à Air Force One à l'approche de la capitale du royaume. M. Trump et le prince Mohammed ont également participé à un déjeuner à la cour royale, en compagnie d'invités et d'assistants.

Plus tard, le prince héritier fêtera M. Trump lors d'un dîner officiel. M. Trump doit également participer mardi à une conférence américano-saoudienne sur l'investissement.

Air Force One a décollé pour un voyage qui comprendra des visites au Qatar et aux Émirats arabes unis, et peut-être des discussions en Turquie sur la guerre en Ukraine.

* Avec AFP et AP