Les économies du CCG devraient redoubler d’efforts pour s’éloigner du pétrole, selon un responsable de la Banque mondiale

Issam Abousleiman, directeur régional du CCG pour la Banque mondiale, dans un entretien accordé à Arab News.
Issam Abousleiman, directeur régional du CCG pour la Banque mondiale, dans un entretien accordé à Arab News.
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Publié le Mercredi 01 juin 2022

Les économies du CCG devraient redoubler d’efforts pour s’éloigner du pétrole, selon un responsable de la Banque mondiale

Issam Abousleiman, directeur régional du CCG pour la Banque mondiale, dans un entretien accordé à Arab News.
  • Selon M. Abousleiman, il reste du travail à faire pour que le CCG puisse résister aux fluctuations des prix de l’industrie des hydrocarbures
  • M. Abousleiman a également évoqué la nécessité de déplacer les infrastructures du CCG du secteur public vers le secteur privé

RIYAD: Malgré les efforts persistants du Conseil de coopération du Golfe (CCG) pour poursuivre les réformes en période d’expansion économique, il reste encore beaucoup à accomplir pour parvenir à un modèle de croissance durable avec une faible dépendance aux hydrocarbures, affirme un haut responsable de la Banque mondiale.

«Le CCG a très bien réussi, au cours des deux dernières années, à encaisser le double choc de la pandémie de Covid-19 et de la baisse des prix du pétrole. Les réformes, associées à un système de santé efficace, ont permis de contenir le nombre de cas de Covid-19 et d’accélérer l’ouverture des économies des pays par rapport à d’autres parties du monde», déclare Issam Abousleiman, directeur régional du CCG pour la Banque mondiale, dans un entretien accordé à Arab News.

Selon M. Abousleiman, il reste du travail à faire pour que le CCG puisse résister aux fluctuations des prix de l’industrie des hydrocarbures, même s’il s’agit de la principale source de revenus dans cette région. Cet objectif peut être atteint en équilibrant les recettes et les dépenses.

En 2021, les pays du CCG se sont redressés après une contraction du produit intérieur brut (PIB) de 4,9 % et ils ont rebondi pour atteindre une expansion de 3 %. La Banque mondiale s’attend à ce que la croissance atteigne 5,9 % cette année.

«Il existe un meilleur moyen d’atteindre la population à faible revenu que de subventionner ou de redistribuer les revenus des richesses dans le CCG.» - Issam Abousleiman, directeur régional du CCG pour la Banque mondiale

Quels sont les principaux défis?

«Quatre des six pays du CCG ont pris des mesures en introduisant la taxe sur la valeur ajoutée (TVA). L’Arabie saoudite a même augmenté la TVA pendant la pandémie, mais il faut faire plus du côté des recettes», souligne-t-il.

Du côté des dépenses, M. Abousleiman indique que la masse salariale et le régime de subventions pourraient être améliorés.

«La masse salariale au sein du CCG est très élevée par rapport à des pays similaires dans le monde. Elle provient du secteur public que la région cherche à restructurer», ajoute-t-il.

Il demeure depuis des décennies un contrat social qui justifie cette masse salariale, mais avec une population croissante, cette formule n’est plus adaptée et elle a provoqué l’augmentation du déficit budgétaire.

«Il existe également un meilleur moyen de toucher la population à faible revenu que de subventionner ou de redistribuer les revenus des richesses dans le CCG», poursuit Issam Abousleiman.

Les régimes de subventions doivent être remplacés par un filet de sécurité sociale plus efficace qui cible les 40 % les plus bas de la pyramide des revenus.

À titre d’exemple, l’Arabie saoudite a introduit en janvier un système de sécurité sociale moderne qui aura un impact beaucoup plus important sur la population à faible revenu que les programmes de subventions traditionnels.

«Un équilibre entre les recettes et les dépenses, ainsi que la vision de diversification économique des gouvernements, permettront à ces économies de devenir de moins en moins dépendantes des fluctuations des prix du pétrole», explique M. Abousleiman.

FOCUS

En 2022, la croissance sera principalement alimentée par le marché des hydrocarbures.

Le secteur des hydrocarbures devrait augmenter de 12 %.

En 2021, les pays du CCG se sont redressés après une contraction du PIB de 4,9 % et ils ont rebondi pour atteindre une expansion de 3 %.

La Banque mondiale s’attend à ce que la croissance atteigne 5,9 % cette année.

 

La croissance en 2022

En 2022, la croissance sera principalement alimentée par le marché des hydrocarbures, qui devrait augmenter de 12 %.

«Le CCG a bénéficié des chocs de la chaîne d’approvisionnement et de la hausse des prix du pétrole. Cependant, malgré la flambée des prix du carburant, les pays ont rompu avec les tendances historiques en poursuivant leur réforme économique», souligne Issam Abousleiman.

Quatre pays du CCG – l’Arabie saoudite, le royaume de Bahreïn, le Qatar et Oman – ont connu des transformations notables au cours des deux dernières années pour modifier les structures économiques et les rendre moins soumises à l’influence du gouvernement.

«La transition vers une économie basée sur le secteur privé est axée sur la diversification dans les secteurs non pétroliers; elle devrait se poursuivre dans les années à venir et provoquer des retombées au sein du CCG ainsi que dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (Mena)», renchérit-il.

Prévoir l’avenir

Issam Abousleiman aborde également un sujet essentiel lié à la création d’emplois au sein de la jeune génération, en particulier les femmes. «Dans une économie comme l’Arabie saoudite, où l'accent est mis sur la croissance des secteurs du tourisme, du divertissement et du numérique, les efforts devraient être portés en direction des jeunes qui sont beaucoup plus éduqués aujourd’hui qu’il y a quelques années», déclare-t-il.

Le pays n’a commencé à inciter les femmes à entrer sur le marché du travail qu’en 2019; toutefois, voir les femmes affluer sur le marché du travail en si peu de temps insuffle un énorme vent d’optimisme, selon M. Abousleiman.

«Statistiquement parlant, les femmes sont plus éduquées que les hommes et lorsque des lois appropriées seront mises en place pour les guider sur le marché du travail, les familles saoudiennes et le CCG bénéficieront d'un niveau de revenu plus élevé», poursuit-il.

M. Abousleiman a également évoqué la nécessité de déplacer les infrastructures du CCG du secteur public vers le secteur privé. «Cela permettra d’attirer des investissements étrangers, favorisera la rentabilité et encouragera la compétitivité dans la région.»

Bien qu'il fasse preuve d'un grand optimisme, Issam Abousleiman craint en revanche que les réformes nécessaires à ce type de transformation soient stoppées en période de hausse des prix du pétrole. L’autre facteur de risque est la dépendance de la politique monétaire vis-à-vis du dollar américain.

«Bien que cela puisse être positif pour maîtriser l’inflation du point de vue de la demande, cela aura également des répercussions sur les investissements dans la région», conclut-il.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Climat: l'UE face aux pays pétroliers et émergents, la COP30 dans l'impasse

Vue des camions de pompiers depuis l'extérieur de la COP30 à Belém au Brésil, le 20 novembre 2025, après qu'un incendie s'est déclaré dans un pavillon. (AFP)
Vue des camions de pompiers depuis l'extérieur de la COP30 à Belém au Brésil, le 20 novembre 2025, après qu'un incendie s'est déclaré dans un pavillon. (AFP)
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  • Les négociations de la COP30 à Belém sont dans l’impasse, l’Union européenne se retrouvant isolée face aux pays pétroliers et émergents qui refusent d’inscrire la sortie des énergies fossiles dans l’accord final
  • Les pays en développement exigent davantage de financements pour la transition et l’adaptation, tandis que les Européens menacent de quitter la conférence sans accord

BELEM: La conférence de l'ONU sur le climat à Belém (Brésil) est entrée en prolongation samedi, avec un face-à-face entre Union européenne d'un côté et des pays pétroliers et émergents de l'autre, en désaccord frontal.

Les négociations se sont poursuivies dans la nuit de vendredi à samedi, alors que la COP30 devait s'achever vendredi soir, après deux semaines de travaux. Où en est-on au petit matin?

"Nulle part", répond la ministre française de la Transition écologique, Monique Barbut, en arrivant à une réunion avec les Vingt-Sept tôt samedi. De nombreux négociateurs n'ont pas dormi de la nuit, alors que des parties du site à Belem commencent à être démontées.

Que doit dire la déclaration finale de cette COP30? La question divise les délégations venues jusqu'en Amazonie.

Une séance de clôture est programmée à 10h00 (13h00 GMT), mais l'horaire pourrait changer.

Pour les Européens, l'avenir passe obligatoirement par un message pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et les énergies fossiles. Celles-ci sont responsables de la grande majorité du réchauffement.

Des pays comme la Chine, la Russie, l'Arabie saoudite ou l'Inde sont désignés par la France comme menant le camp du refus.

Mais une partie du monde en développement ne soutient pas non plus la bataille contre les fossiles.

Ils expliquent que de nombreuses économies, pauvres ou émergentes, n'ont pas à l'heure actuelle les moyens d'une transition vers une consommation et une croissance moins denses en carbone, ou tout simplement de s'adapter à un climat déréglé. Ils réclament des pays les plus riches des engagements financiers supplémentaires pour aider les nations qui le sont moins.

- Européens "isolés" -

La présidence brésilienne de la conférence a consulté tout le monde vendredi sur une proposition d'accord qui ne contient plus le mot "fossiles". Et encore moins la création d'une "feuille de route" sur la sortie du pétrole, du charbon et du gaz, réclamée par au moins 80 pays européens, latino-américains ou insulaires, et soutenue par le président brésilien Lula lui-même.

L'Union européenne a évoqué vendredi la perspective de partir "sans accord". Ce serait un échec retentissant pour l'hôte, le Brésil, et pour une conférence organisée dans l'une des régions emblématiques des questions environnementales posées à la planète, l'Amazonie.

Mais cela pose un dilemme. Les Européens se retrouvent "isolés" dans leur refus du texte, selon une délégation d'un des 27. Ils hésitent sur l'attitude à adopter: claquer la porte pour marquer la gravité de la situation, ou chercher encore une conciliation par "peur (...) d'endosser la responsabilité" de l'échec du sommet.

Le projet d'accord de la présidence brésilienne demande des "efforts" pour tripler les financements pour l'adaptation des pays pauvres au changement climatique. Or les État appelés à contribuer appelés sont réticents, un an après une COP29, à Bakou, qui les a déjà engagés sur dix ans.

"Concentrons-nous sur l'essentiel: l'accès à l'énergie pour les plus pauvres, la sécurité énergétique pour tous et la durabilité énergétique pour la planète", dit à l'AFP l'Indien Arunabha Ghosh, émissaire de la COP30 pour l'Asie du Sud.

- "Nous mettre d'accord" -

Selon plusieurs observateurs et délégués interrogés par l'AFP, les débats se concentrent sur des modifications à la marge des trois principaux points de friction: l'ambition de réduction des énergies fossiles, l'aide financière due par les pays développés, et les tensions commerciales sur les taxes carbone aux frontières.

"Ceux qui doutent que la coopération soit la meilleure chose à faire pour le climat seront absolument ravis de voir qu'on n'arrive pas à nous mettre d'accord", lançait le président de la COP30, le diplomate André Corrêa do Lago.

L'idée d'une "feuille de route" pour accélérer la sortie du pétrole, du charbon et du gaz, est née de la frustration face au manque de concrétisation de l'engagement à leur abandon progressif pris à la COP28 il y a deux ans.

Peu comptaient sur le retour de cette question au menu, jusqu'à ce que le président brésilien la remette au centre du jeu au début du sommet.

Premier producteur de pétrole au monde, les États-Unis sont eux-mêmes absents de cette COP30, le président Donald Trump jugeant ces négociations inutiles.


Sept accords technologiques avec les États-Unis pour accélérer l’IA saoudienne

L'Autorité saoudienne des données et de l'intelligence artificielle a signé sept accords stratégiques avec des entreprises technologiques américaines de premier plan dans le cadre des efforts visant à accélérer la transformation numérique du Royaume et à développer ses capacités en matière d'intelligence artificielle. (SPA)
L'Autorité saoudienne des données et de l'intelligence artificielle a signé sept accords stratégiques avec des entreprises technologiques américaines de premier plan dans le cadre des efforts visant à accélérer la transformation numérique du Royaume et à développer ses capacités en matière d'intelligence artificielle. (SPA)
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  • La cérémonie de signature a été dirigée par le président de la SDAIA, Abdullah Alghamdi, en marge du Forum d’investissement saoudo-américain à Washington DC

WASHINGTON : L’Autorité saoudienne des données et de l’intelligence artificielle (SDAIA) a signé sept accords stratégiques avec des entreprises technologiques américaines de premier plan dans le cadre des efforts visant à accélérer la transformation numérique du Royaume et à développer ses capacités en intelligence artificielle (IA).

Les accords ont été signés en marge du Forum d’investissement saoudo-américain à Washington DC, qui a rassemblé des hauts responsables, dignitaires, PDG et cadres de grandes entreprises saoudiennes et américaines, a rapporté l’Agence de presse saoudienne (SPA).

La cérémonie de signature a été dirigée par le président de la SDAIA, Abdullah Alghamdi, a ajouté la SPA.

Ces accords couvrent un large spectre de collaborations visant à renforcer l’infrastructure des données, développer les compétences nationales et promouvoir l’adoption de l’IA dans des secteurs clés.

Dans le cadre d’un partenariat, Supermicro travaillera avec la SDAIA sur des solutions serveur, la conception de centres de données, des événements centrés sur l’IA, des programmes de formation et des initiatives d’apprentissage en ligne destinées à développer l’expertise locale.

Dell coopérera avec la SDAIA pour accélérer l’adoption des technologies IA grâce à l’amélioration de l’infrastructure, au transfert de connaissances et à des initiatives de renforcement des capacités nationales.

Un accord distinct avec Accenture permettra aux deux parties d’échanger leur expertise pour renforcer les capacités de leadership en IA. Le partenariat comprend le développement des infrastructures de données et d’IA, le soutien à la transformation de la main-d’œuvre et la sensibilisation du public à l’importance de l’adoption de l’IA.

La collaboration de Cisco se concentrera sur l’accélération de la transformation numérique dans le secteur public, la promotion d’initiatives IA et le développement d’environnements de centres de données évolutifs et dotés d’IA.

L’accord-cadre de la SDAIA avec Boomi renforcera l’innovation au sein de l’écosystème IA du Royaume grâce au développement de centres de données IA alimentés par la technologie Boomi, ainsi qu’à des programmes plus larges d’échange de connaissances.

SambaNova soutiendra la SDAIA à travers des événements conjoints, des camps de formation, le partage de connaissances et des campagnes de sensibilisation pour renforcer les capacités nationales en IA et en données.

Par ailleurs, GitLab explorera des opportunités conjointes dans le développement des compétences, les projets d’innovation, les solutions commerciales et l’expansion de la portée mondiale des applications IA développées en Arabie saoudite.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


BNP Paribas rehausse ses objectifs de solidité financière et bondit en Bourse

Plus ce ratio est élevé, plus une banque est capable d'absorber, grâce à son capital, des pertes liées à des crédits non honorés ou à des investissements risqués. (AFP)
Plus ce ratio est élevé, plus une banque est capable d'absorber, grâce à son capital, des pertes liées à des crédits non honorés ou à des investissements risqués. (AFP)
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  • Une banque peut améliorer ce ratio soit en augmentant ses fonds propres, par exemple en mettant en réserve ses bénéfices ou en émettant des actions, soit en réduisant ses crédits et investissements risqués
  • Les exigences de CET1 applicables aux banques françaises se situent généralement entre 9% et 10%

PARIS: Le groupe bancaire français BNP Paribas gagnait plus de 5% jeudi matin à la Bourse de Paris, après avoir annoncé qu'il visait un ratio de solvabilité supérieur d'ici 2027.

Son titre prenait 5,79% vers 08H15 GMT, à 70,93 euros, en première place d'un CAC 40 en hausse de 1,13%. BNP Paribas table désormais sur un "ratio CET1 fixé à 13% à l'horizon 2027".

Plus ce ratio est élevé, plus une banque est capable d'absorber, grâce à son capital, des pertes liées à des crédits non honorés ou à des investissements risqués.

Une banque peut améliorer ce ratio soit en augmentant ses fonds propres, par exemple en mettant en réserve ses bénéfices ou en émettant des actions, soit en réduisant ses crédits et investissements risqués.

Les exigences de CET1 applicables aux banques françaises se situent généralement entre 9% et 10%.

BNP Paribas vise aussi une amélioration "continue" de son coefficient d'exploitation, un indicateur de rentabilité qui rapporte les coûts fixes au produit net bancaire (équivalent du chiffre d'affaires pour les banques).

L'objectif est qu'il atteigne 61% en 2026 et 58% en 2028, "un engagement fort de maîtrise des coûts", selon le communiqué.

BNP Paribas souhaite par ailleurs rester "à l'écoute de [ses] actionnaires grâce à une politique de distribution attractive et disciplinée", a expliqué Jean-Laurent Bonnafé, directeur général de BNP Paribas, cité dans un communiqué.

Le groupe a aussi annoncé qu'il lancerait courant novembre son programme de rachat d'actions de 1,15 milliard d'euros, dans le cadre de sa distribution du résultat de 2025.