La France face à la guerre du Haut-Karabakh: jusqu’où ira l’affrontement Macron-Erdogan?

Dans le cas du Haut-Karabakh, pour faire face à l’irruption turque sur cette scène, Paris envisage une action diplomatique rapide et ciblée grâce au levier européen, et en travaillant avec les États-Unis, la Russie et les autres membres de la troïka qui dirigent le groupe de Minsk. (AFP).
Dans le cas du Haut-Karabakh, pour faire face à l’irruption turque sur cette scène, Paris envisage une action diplomatique rapide et ciblée grâce au levier européen, et en travaillant avec les États-Unis, la Russie et les autres membres de la troïka qui dirigent le groupe de Minsk. (AFP).
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Publié le Jeudi 22 octobre 2020

La France face à la guerre du Haut-Karabakh: jusqu’où ira l’affrontement Macron-Erdogan?

  • Alors que les litiges en Méditerranée orientale entre la Turquie et ses voisins battent leur plein et que la crise du Liban continue à mobiliser Paris, une guerre s’est déclarée dans le sud du Caucase dans le Haut-Karabakh
  • Macron, qui déplore le recul des relations transatlantiques et «la mort cérébrale de l’OTAN» sous Trump, constate combien une action européenne commune face aux grandes crises internationales est difficile

PARIS: Depuis le début de l’été, Emmanuel Macron mène une politique étrangère en Europe et il fait face à des crises et à des conflits. En déployant plusieurs initiatives visibles, du Liban à la Méditerranée orientale, la France se positionne aussi au sud du Caucase face à l’interventionnisme turc. Ces coups diplomatiques et ces démonstrations de force sont-ils cohérents? Paris possède-t-il les moyens pour dégager une ligne conductrice productive?

Alors que les litiges en Méditerranée orientale entre la Turquie et ses voisins battent leur plein et que la crise du Liban continue à mobiliser Paris, une guerre se déclenche dans le sud du Caucase dans le Haut-Karabakh, faisant suite à un conflit gelé depuis 1994 entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan et ayant connu plusieurs flambées de violence en 2015, 2016 et 2018. La reprise des hostilités le 27 septembre dernier implique plusieurs acteurs régionaux et internationaux. Parmi eux, la France est concernée par ce conflit en tant que membre du groupe de Minsk chargé par l’ONU et l’OCDE du règlement de ce litige.

Mais cette justification officielle de l’intérêt porté par Paris à cette guerre n’est pas suffisante. En effet, comme en Libye et la Méditerranée orientale, Erdogan et Macron s’affrontent une fois de plus. La France est le premier pays à avoir dénoncé l’ingérence turque aux côtés de l’Azerbaïdjan et l’envoi de mercenaires dans cette zone. De plus, la présence d’une communauté arménienne active en France incite les autorités à s’occuper de ce dossier. De même Paris, qui maintient des liens politiques et économiques soutenus avec le pouvoir des Aliyev à Bakou, se considère comme un médiateur apte à ne pas exacerber ce conflit.

Cet engagement français s’inscrit dans le cadre d’une politique française agile et pragmatique qui se veut cohérente en ne se contentant pas du cadre bilatéral et en ayant recours à d’autres partenariats et d’autres formats; cela afin d’inventer des échelons d’influence dans un monde sans pôle ni leadership qui succède à une brève séquence d'unilatéralisme américain.

À partir de ces observations, Macron, qui déplore le recul des relations transatlantiques et «la mort cérébrale de l’OTAN» sous Trump, constate combien une action européenne commune face aux grandes crises internationales est difficile, C’est pour cette raison que la France agit en solitaire dans certains cas (comme au Liban, avec le soutien de bailleurs internationaux), qu’elle sollicite la contribution européenne (comme en Méditerranée orientale) ou qu’elle agit par le biais de coalitions ad hoc dans d’autres endroits.

Groupe de Minsk

Dans le cas du Haut-Karabakh, pour faire face à l’irruption turque sur cette scène, Paris envisage une action diplomatique rapide et ciblée grâce au levier européen, et en travaillant avec les États-Unis, la Russie et les autres membres de la troïka qui dirigent le groupe de Minsk. Mais en considérant les intérêts limités de Washington et de Berlin et la position hésitante de Téhéran (malgré l’éclatement de ce conflit dans son proche voisinage impliquant les Azéris, l’une de grandes composantes du tissu iranien), les deux grands acteurs extérieurs ne sont que la Russie (le conflit se déroule presque dans son arrière-cour) et la Turquie, qui considère qu’elle ne forme avec l’Azerbaïdjan qu’une seule nation dans deux pays!

Pour comprendre ce tableau qui présente un conflit ethnique et national particulièrement compliqué, il faut remonter à un siècle d’histoire et prendre en compte ses ramifications régionales dans le cadre des «guerres d’influence et d’énergie» qui agitent la Méditerranée et s’étendent jusqu’au Caucase. Le fait que Bakou soit un grand producteur de pétrole et de gaz et se trouve être le point de départ du pipeline Bakou-Tbilissi-Seyhan (en Turquie) confère une autre portée à ce conflit qui se déroule autour d’une haute montagne sans ressources. Paris, qui n’a pas eu de prise sur le conflit syrien depuis les accords d’Astana de 2016 entre la Russie, l’Iran et la Turquie, remarque également que la présence des deux acteurs russe et turc en Libye a desservi ses intérêts.

En tirant les enseignements de son affrontement avec Erdogan à propos de la Grèce et de la Méditerranée orientale, Emmanuel Macron cherche sans répit à entraver l’action de Recep Tayyip Erdogan. Mais, une fois encore, comme en Libye, Paris craint qu’un certain «feu orange» américain ne permette à Erdogan d’engranger un acquis supplémentaire. Plus grave encore, le maître du Kremlin ne semble pas pressé de mettre un terme à l’activisme turc aux portes de la Russie, espérant jouer sur les désaccords d’Ankara avec l’Europe et l’OTAN.

Compte tenu de ce schéma qui pourrait mener à une longue guerre (l’Azerbaïdjan a pu réaliser un succès militaire limité dans son offensive, mais il semble loin, malgré le soutien turc, de gagner la guerre), la France mène une action constante pour arrêter les hostilités, tout en soutenant l’Arménie. Cela a incité le président azéri, Ilham Aliyev, à dénoncer la position partiale de Paris: il a en effet appelé le président Macron à créer un pays pour les Arméniens dans la ville de Marseille, qui abrite une communauté arménienne.

Dans ce conflit, comme dans d’autres conflits et face à d’autres crises, la France observe un repli américain et un jeu russe national. Elle estime que la meilleure option reste d’agir dès aujourd’hui pour imposer la voix européenne ou française dans les grandes crises, en créant des faits accomplis. Face à la tentative d’Erdogan d’imposer un nouveau rapport de force en Libye, en Méditerranée orientale et dans le Caucase, Macron déploie une action tous azimuts en essayant de faire de la Méditerranée un enjeu stratégique européen (il a échoué en Libye, et a réussi en Grèce face à la Turquie) et en s’intéressant au conflit du Haut-Karabakh. Cet affrontement entre «le nouveau sultan» (surnom d’Erdogan) et «Bonaparte Macron» (surnom associé au président français) est bien susceptible de durer!


L'Elysée a proposé un hommage pour Bardot, la famille n'a pas donné suite

 L'Elysée a proposé à la famille de Brigitte Bardot d'organiser un hommage pour l'icône du cinéma français décédée dimanche mais ses proches n'ont pas donné suite, a indiqué mardi un proche d'Emmanuel Macron. (AFP)
L'Elysée a proposé à la famille de Brigitte Bardot d'organiser un hommage pour l'icône du cinéma français décédée dimanche mais ses proches n'ont pas donné suite, a indiqué mardi un proche d'Emmanuel Macron. (AFP)
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  • Eric Ciotti, président de l'UDR, allié au Rassemblement national dont était proche Brigitte Bardot, a demandé lundi à Emmanuel Macron d'organiser un hommage national, à l'image de celui rendu en 2017 au chanteur Johnny Hallyday
  • Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, tout en saluant "une actrice iconique", a en revanche estimé que les hommages nationaux étaient rendus pour "services exceptionnels à la Nation" et que l'artiste avait "tourné le dos aux valeurs républicaines"

PARIS: L'Elysée a proposé à la famille de Brigitte Bardot d'organiser un hommage pour l'icône du cinéma français décédée dimanche mais ses proches n'ont pas donné suite, a indiqué mardi un proche d'Emmanuel Macron à l'AFP.

"Il y a eu un échange avec la famille avec proposition qu’un hommage ait lieu sans que la famille ne donne suite", a déclaré ce proche, en rappelant qu'une telle démarche correspond à un "usage républicain" et que les hommages sont "systématiquement décidés d'un commun accord avec les proches du défunt".

Eric Ciotti, président de l'UDR, allié au Rassemblement national dont était proche Brigitte Bardot, a demandé lundi à Emmanuel Macron d'organiser un hommage national, à l'image de celui rendu en 2017 au chanteur Johnny Hallyday.

Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, tout en saluant "une actrice iconique", a en revanche estimé que les hommages nationaux étaient rendus pour "services exceptionnels à la Nation" et que l'artiste avait "tourné le dos aux valeurs républicaines".

Emmanuel Macron ne se rendra pas aux obsèques, qui se tiendront dans l’intimité le 7 janvier à Saint-Tropez, a également indiqué le proche du président.

En 2023, l'actrice avait adressé une lettre incendiaire au chef de l'Etat, lui reprochant son manque d'action contre la souffrance animale. "Je suis en colère face à votre inaction, votre lâcheté, votre mépris des Français, qui vous le rendent bien il est vrai", avait-elle notamment écrit.

Après une cérémonie à l'église retransmise sur grands écrans, l'inhumation privée de l'actrice et chanteuse au cimetière marin sera suivie d'"un hommage ouvert à tous les Tropéziens et à ses admirateurs", a précisé la Fondation de Brigitte Bardot, dédiée à la protection des animaux.

"À ce moment-là, tout le monde l'évoquera et partagera ses plus beaux souvenirs avec elle. Ce sera un grand moment de communion, simple, à son image", a précisé mardi la maire de Saint-Tropez, Sylvie Siri, dans une inteview au quotidien local Var-Matin.

"Mon rôle, c'est de lui organiser des obsèques dignes. Il faut tout mettre en œuvre pour que les Tropéziens et les admirateurs puissent se recueillir", a ajouté l'édile.

Interrogée sur le souhait exprimé il y a quelques années par Brigitte Bardot d’être enterrée à la Madrague, sa propriété en bord de mer, Sylvie Siri a affirmé avoir "respecté ses dernières volontés". "Seule la défunte avait décidé de son lieu d’enterrement", a souligné l'élue.

 


Agriculteurs: nouveaux rassemblements, bénédiction de tracteurs dans le Nord

Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées lundi en soutien aux agriculteurs à Cambrai (Nord), où l'archevêque a béni des tracteurs, tandis que des blocages se poursuivent en Occitanie pour protester contre de la gestion de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC). (AFP)
Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées lundi en soutien aux agriculteurs à Cambrai (Nord), où l'archevêque a béni des tracteurs, tandis que des blocages se poursuivent en Occitanie pour protester contre de la gestion de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC). (AFP)
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  • Les tracteurs ont ensuite quitté Cambrai à la nuit tombante, pour se rendre sur deux ronds points et les bloquer
  • Dans le Pas-de-Calais, quelques dizaines d'agriculteurs prévoient de bloquer à partir de lundi soir une base logistique de Leclerc près d'Arras, en réaction aux propos de Michel-Édouard Leclerc appelant à "promulguer le Mercosur

CAMBRAI: Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées lundi en soutien aux agriculteurs à Cambrai (Nord), où l'archevêque a béni des tracteurs, tandis que des blocages se poursuivent en Occitanie pour protester contre de la gestion de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC).

Mgr Vincent Dollmann et plusieurs prêtres ont célébré une messe sur un autel de paille en périphérie de Cambrai, en soutien aux agriculteurs "qui font face à des épreuves".

Il a salué la "dignité" des agriculteurs qui manifestent depuis plusieurs semaines contre l'accord de libre échange du Mercosur ou contre l'abattage systématique de troupeaux de bovins touchés par la DNC.

Une petite centaine de tracteurs ont été mobilisés, arborant des panneaux comme "Mercosur = mort de l'agriculture".

Jean Camier, 24 ans, jeune agriculteur d'Hermies qui doit reprendre l'exploitation familiale d'engraissement de bovins d'ici deux ans, se réjouit d'avoir fait bénir son tracteur et participé à la célébration qui selon lui "montre que tout le monde est avec [eux]".

Si les Hauts-de-France ne sont pas touchés par la DNC, il se dit "de tout cœur" avec les agriculteurs des régions concernées, soulignant avoir "un peu peur que la maladie remonte" vers le nord.

Les tracteurs ont ensuite quitté Cambrai à la nuit tombante, pour se rendre sur deux ronds points et les bloquer.

Dans le Pas-de-Calais, quelques dizaines d'agriculteurs prévoient de bloquer à partir de lundi soir une base logistique de Leclerc près d'Arras, en réaction aux propos de Michel-Édouard Leclerc appelant à "promulguer le Mercosur", a expliqué à l'AFP Louis Lacheré, des Jeunes Agriculteurs.

En Occitanie, plusieurs barrages emblématiques, à Carbonne Haute-Garonne) sur l'A64, Sévérac (Aveyron) ou Le Buisson (Lozère) sur l'A75, tiennent toujours, tandis que d'autres agriculteurs se remobilisent.

Ainsi, à Foix, une douzaine de tracteurs bloquaient depuis lundi midi l'entrée sud du tunnel de contournement de la ville et commençaient à installer un campement, a constaté un correspondant de l'AFP.

"On veut montrer à l’État qu'on est toujours autant mobilisés", a déclaré sur place Sébastien Durand, président de la Coordination rurale (CR) en Ariège. "Il n'y a pas de Noël, il n'y a pas de Premier de l'An; on sera là".

Depuis le début de l'épidémie de DNC en Savoie cet été, l'État tente de contenir la propagation par un abattage systématique des troupeaux touchés, la vaccination et les restrictions de mouvements.

Cette gestion fortement contestée par certains agriculteurs, notamment de la CR (deuxième syndicat agricole, classé à droite, voire à l’extrême droite) et de la Confédération paysanne (troisième, classé à gauche).

 


Colère agricole en France: Macron reçoit les syndicats, des blocages persistent

Des tracteurs lors d'une manifestation organisée par le syndicat agricole Coordination Rurale près du Mont-Saint-Michel, dans le nord-ouest de la France, le 18 décembre 2025. (AFP)
Des tracteurs lors d'une manifestation organisée par le syndicat agricole Coordination Rurale près du Mont-Saint-Michel, dans le nord-ouest de la France, le 18 décembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron a reçu les syndicats agricoles, opposés à l’accord UE-Mercosur, dans un contexte de forte colère liée aux crises sanitaires, notamment la dermatose bovine
  • Les blocages routiers se poursuivent dans le Sud-Ouest, alors que de nouveaux cas de la maladie sont confirmés et que la mobilisation agricole se prolonge

PARIS: Le président français Emmanuel Macron a reçu mardi les syndicats agricoles pour parler de l'accord UE-Mercosur, auquel ils sont opposés, tandis que des axes routiers sont toujours bloqués pour protester contre le traitement par les autorités de l'épizootie de dermatose bovine.

"L'objet du rendez-vous, c'était d'essayer d'éteindre un peu le feu qui est partout dans les campagnes", a souligné Stéphane Galais, porte-parole national de la Confédération paysanne - un syndicat classé à gauche -, à la sortie de la rencontre, ajoutant qu'il fallait pour cela "des mesures structurelles fortes".

Les syndicats disent avoir par ailleurs rappelé au chef de l'Etat "l'extrême tension" et la "colère" du monde agricole et que des réponses étaient attendues "dès les premiers jours de janvier" sur le Mercosur mais aussi sur les crises sanitaires, au premier rang desquelles la dermatose bovine et la grippe aviaire.

C'était la première rencontre entre le chef de l'Etat et les syndicats agricoles depuis début décembre et l'amorce de la crise qui secoue l'élevage français, face à la dermatose nodulaire contagieuse (DNC).

C'était aussi la première depuis l'annonce, jeudi dernier, du report a priori au 12 janvier de la signature du traité décrié entre l'UE et des pays du Mercosur.

Cet accord faciliterait l'entrée en Europe de viande, sucre, riz, miel et soja sud-américains, ce qui inquiète les filières concernées, lesquelles affirment que ces produits ne respectent pas les mêmes normes que les produits européens.

L'accord permettrait en revanche aux Européens d'exporter davantage de véhicules, machines, vins et spiritueux en Amérique du Sud.

Sur le terrain, la mobilisation a connu un léger regain mardi (53 actions mobilisant 1.600 personnes, selon le ministère de l'Intérieur) par rapport à lundi (35 actions mobilisant 1.200 personnes), mais elle reste nettement inférieure à celle de la semaine dernière (110 actions jeudi).

Certains agriculteurs sont mobilisés depuis plus de 10 jours, notamment contre l'abattage total des troupeaux dans lesquels des cas de DNC sont détectés dans le Sud-Ouest.

Mardi, le ministère de l'Agriculture a confirmé un nouveau cas de la maladie en Haute-Garonne, portant le bilan total à 115 foyers enregistrés depuis juin en France. Ce dernier troupeau concerné a été abattu.

Dans le Sud-Ouest, des blocages d'autoroute étaient notamment maintenus sur l'A63 près de Bordeaux ou sur l'A64 au sud de Toulouse ou près de Bayonne.

Au sud de Bordeaux, les manifestants de la branche locale du syndicat Coordination rurale - classé à droite - ont dit vouloir organiser un réveillon et une messe de Noël mercredi soir sur leur barrage, à l'instar des agriculteurs mobilisés près de Toulouse.