Syrie: la sécheresse transforme les champs de blé en fourrage

Cette vue aérienne montre un jeune berger guidant ses moutons dans un champ sec dans la campagne de la ville de Tabqa dans le gouvernorat de Raqqa en Syrie, le 2 juin 2022. (AFP)
Cette vue aérienne montre un jeune berger guidant ses moutons dans un champ sec dans la campagne de la ville de Tabqa dans le gouvernorat de Raqqa en Syrie, le 2 juin 2022. (AFP)
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Publié le Lundi 06 juin 2022

Syrie: la sécheresse transforme les champs de blé en fourrage

  • «La récolte de cette année ne suffit même pas à assurer notre propre approvisionnement en pain. Nos pertes se chiffrent en millions», déplore cet agriculteur de 85 ans
  • Dans le village de Oum Hajrah situé à 40 kilomètres au nord-est de la ville de Hassaké, M. Fatimi contemple son champ où désormais le bétail paît

OUM HAJRAH: Cette année, Moussa Fatimi a dû vendre ses maigres récoltes de blé aux bergers comme fourrage bon marché à cause de la sécheresse qui frappe le nord-est de la Syrie, pays déchiré par la guerre où 60% de la population peine à se nourrir.

"Pour la deuxième année consécutive, nous sommes confrontés à la sécheresse", explique à l'AFP cet agriculteur de 85 ans devant son champ aride dans une région autrefois qualifiée de grenier à blé du pays.

"La récolte de cette année ne suffit même pas à assurer notre propre approvisionnement en pain. Nos pertes se chiffrent en millions", déplore-t-il.

Avec le changement climatique, les sécheresses et incendies de forêt sont de plus en plus fréquents dans le monde,  et la Syrie -- frappée par une guerre civile depuis plus de dix ans-- connaît des années de plus en plus sèches et chaudes.

La région du Nord-Est, autrefois fertile, est particulièrement touchée.

Dans le village de Oum Hajrah situé à 40 kilomètres au nord-est de la ville de Hassaké, M. Fatimi contemple son champ où désormais le bétail paît.

Il se souvient d'une époque où des camions faisaient la queue pour transporter des sacs de blé. Aujourd'hui, ce sont des moutons qui occupent ses champs.

"Nous n'avons pas récolté un seul grain de blé", dit-il. "Quand je vois les moutons brouter dans ces champs, j'ai l'impression que les récoltes sont gaspillées."

Changement climatique 

Aujourd'hui la température au nord-est de la Syrie a augmenté d'environ un degré Celsius depuis 100 ans, et  les précipitations ont baissé d'environ 18 mm par mois, par siècle, selon un rapport de l'ONG iMMAP publié en avril.

Les températures devraient être supérieures d'au moins deux degrés Celsius d'ici 2050, tandis que les précipitations devraient diminuer de 11% au cours des trois prochaines décennies, précise l'ONG dans ce rapport relatif à l'impact du changement climatique sur la production de blé dans le nord-est de la Syrie.

Un autre agriculteur de la région, Salmane Mohammad Barko, a lui aussi transformé ses champs en terrain de pâture, mais cela ne compense même pas le coût de  leur ensemencement.

"Les agriculteurs font face à d'immenses défis: le changement climatique, la sécheresse, une faible production, moins de précipitations", déplore-t-il.

Et les autorités locales peinent à soutenir un secteur agricole également affecté par les prix élevés des carburants, des semences et des engrais.

L'administration semi-autonome kurde, qui contrôle la région, a aidé à irriguer des terres et a offert aux agriculteurs des semences et du carburant subventionnés, explique Leila Mohammed, responsable locale chargée de l'agriculture.

"Les conditions climatiques ont affecté la production et la qualité" des cultures de blé, explique-t-elle, ajoutant que le déclin de la production est également dû à un exode des agriculteurs pendant les années de guerre.

En plus des pénuries d'eau, des groupes proturcs construisent des digues bloquant les eaux de la rivière Khabour, qui prend sa source en Turquie et traverse une grande partie du nord-est syrien, en passant par la région de Hassaké, contrôlée par les Kurdes, selon l'ONG néerlandaise PAX.

«Saison faible»

Pour Moussa Mohammed, l'administration kurde fait trop peu. Les autorités achètent le blé aux agriculteurs à 2 200 livres syriennes (environ 0,4 euro) le kilo.

"Ce prix ne compense pas nos dépenses, il aurait dû être fixé à trois mille livres au moins", estime cet agriculteur de 55 ans.

La production de blé en Syrie s'élevait en moyenne à 4,1 millions de tonnes par an avant la guerre déclenchée en 2011.

Les quantités étaient suffisantes pour répondre à la demande locale, mais le pays s'est depuis tourné vers les importations, en particulier de Russie.

La perturbation des flux d'exportation suite à l'invasion de l'Ukraine et aux  sanctions internationales contre Moscou font craindre une famine dans un pays où près de 60% de la population souffre aujourd'hui d'insécurité alimentaire.

"Les agriculteurs dépendent entièrement des récoltes saisonnières et cette année la saison est faible en raison des prix élevés et du changement climatique", résume M. Mohammed.


L'Égypte coordonne avec la Grèce le retour des victimes du bateau de migrants et met en garde contre les itinéraires irréguliers

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
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  • Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine
  • Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux

DUBAI: Les mesures prises par l'Égypte ont reçu le soutien de la communauté internationale, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières.
Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a demandé à l'ambassade égyptienne à Athènes de renforcer la coordination avec les autorités grecques, a rapporté Ahram Online mardi.

Cette mesure vise à soutenir les survivants et à accélérer le rapatriement des corps des victimes une fois les procédures légales achevées.

Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine.

Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux et réglementés.

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016, les responsables soulignant que le pays ne sera pas utilisé comme voie de transit vers l'Europe.

Les autorités affirment qu'aucun bateau de migrants n'a quitté les côtes égyptiennes depuis l'introduction de la stratégie, bien que l'Égypte accueille près de 10 millions de ressortissants étrangers, y compris des réfugiés, des demandeurs d'asile et des migrants de 133 pays.

L'approche a continué à évoluer au fil des ans, tout récemment avec l'adoption du plan d'action national 2024-2026 par le Comité national pour la lutte et la prévention de la migration illégale et de la traite des personnes.

Des initiatives antérieures ont également soutenu ces efforts, notamment le programme "Lifeboats" de 2019, qui a alloué 250 millions EGP pour créer des opportunités d'emploi dans les villages considérés comme les plus vulnérables à la migration irrégulière.

Les mesures prises par l'Égypte ont bénéficié d'un soutien international, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières, les capacités de recherche et de sauvetage et les efforts de lutte contre le trafic de migrants.


Explosion du port de Beyrouth: un juge libanais en Bulgarie pour l'enquête

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  • Un tribunal bulgare avait refusé le 10 décembre d'extrader Igor Grechushkin, un citoyen russo-chypriote de 48 ans, faute d'assurances suffisantes du Liban qu'il n'appliquerait pas la peine de mort
  • Arrêté à l'aéroport de Sofia en septembre sur la base d'une notice rouge d'Interpol, il est accusé par les autorités judiciaires libanaises d'"introduction d'explosifs au Liban"

BEYROUTH: Le juge libanais Tarek Bitar s'est déplacé mercredi en Bulgarie pour interroger le propriétaire du navire lié à l'explosion meurtrière dans le port de Beyrouth en 2020, a indiqué un responsable judiciaire à l'AFP.

Un tribunal bulgare avait refusé le 10 décembre d'extrader Igor Grechushkin, un citoyen russo-chypriote de 48 ans, faute d'assurances suffisantes du Liban qu'il n'appliquerait pas la peine de mort.

M. Grechushkin est désigné par les autorités libanaises comme le propriétaire du Rhosus, le navire qui transportait le nitrate d'ammonium débarqué dans le port de Beyrouth dans un entrepôt, où il avait explosé suite à un incendie, faisant plus de 200 morts, des milliers de blessés et d'importants dégâts.

Arrêté à l'aéroport de Sofia en septembre sur la base d'une notice rouge d'Interpol, il est accusé par les autorités judiciaires libanaises d'"introduction d'explosifs au Liban, acte terroriste ayant entraîné la mort d'un grand nombre de personnes et désactivation de machines dans le but de faire couler un navire", selon le parquet bulgare.

"M. Bitar est parti pour Sofia mercredi" et doit interroger M. Grechushkin jeudi, a précisé sous couvert d'anonymat un responsable de la justice libanaise à l'AFP.

L'ambassade libanaise à Sofia s'est occupée de trouver un traducteur et un huissier chargé de prendre en note l'interrogatoire, qui se fera en présence d'autorités judiciaires bulgares, a précisé la même source.

La justice libanaise espère obtenir des informations sur la cargaison de nitrate d'ammonium et en particulier son commanditaire. Elle veut aussi savoir si Beyrouth était la destination finale du navire.

Le juge indépendant Tarek Bitar avait repris en début d'année l'enquête qu'il avait dû interrompre en janvier 2023, se heurtant à l'hostilité d'une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah qui l'accusait d'impartialité, avant d'être poursuivi pour insubordination.

Son enquête a pu reprendre après l'entrée en fonction du président Joseph Aoun et de son Premier ministre, qui ont promis de préserver l'indépendance de la justice, à la suite de la guerre entre Israël et le Hezbollah dont le mouvement chiite soutenu par l'Iran est sorti très affaibli à l'automne 2024.


«Des habitants meurent de froid»: Gaza frappé par de nouvelles intempéries

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
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  • "Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa)
  • "Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré

GAZA: De nouvelles pluies hivernales se sont abattues cette semaine sur la bande de Gaza, déjà ravagée par la guerre, faisant au moins 18 morts depuis le début des intempéries.

Des Palestiniens poussant une voiture dans une rue inondée, une charrette tirée par un âne progressant difficilement à travers les eaux, des tentes et des abris de fortune de déplacés inondés: la situation s'aggrave dans un territoire palestinien en ruines.

"Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa).

"Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre après deux années de guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Nourrissons «en danger»

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs.

Trois enfants étaient décédés dans des conditions similaires la semaine dernière, d'après la Défense civile, organisation de premiers secours opérant sous l'autorité du mouvement islamiste.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Environ 1,3 million de personnes, sur une population de plus de deux millions d'habitants dans le territoire, ont actuellement besoin d'un hébergement d'urgence, selon les Nations unies, qui mettent en garde contre un risque croissant d'hypothermie.

Les nourrissons encourent particulièrement un "grand danger" avec les conditions hivernales, avertit l'organisation.

«Reconstruire le territoire»

La Défense civile de Gaza avait indiqué vendredi qu'au moins 16 personnes étaient mortes en 24 heures des suites de l'effondrement de bâtiments ou des effets du froid.

Outre le nourrisson, le porte-parole de l'organisation, Mahmoud Bassal, a fait état mardi d'un autre décès après l'effondrement du toit d'un bâtiment à la suite de fortes pluies dans le nord-ouest de la ville de Gaza.

Il a précisé que la maison avait déjà été endommagée par des frappes aériennes pendant la guerre.

Des images de l'AFP montrent des secouristes extraire le corps d'un Palestinien des décombres d'un bâtiment. Non loin, des proches en deuil pleurent.

"Nous appelons le monde à résoudre nos problèmes et à reconstruire le territoire afin que nous puissions avoir des maisons au lieu (...) de vivre dans la rue", a déclaré Ahmed al-Hossari, qui a perdu un membre de sa famille.

La bande de Gaza connaît généralement un épisode de fortes pluies à la fin de l'automne et en hiver, mais l'état de dévastation du territoire, des conséquences de la guerre, a rendu ses habitants plus vulnérables.