Somalie: dans un hôpital de Mogadiscio, l'afflux des enfants victimes de la sécheresse

Une mère tient son bébé souffrant de malnutrition à l'hôpital Banadir à Mogadiscio, en Somalie, le 1er juin 2022. Ed RAM / AFP
Une mère tient son bébé souffrant de malnutrition à l'hôpital Banadir à Mogadiscio, en Somalie, le 1er juin 2022. Ed RAM / AFP
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Publié le Jeudi 09 juin 2022

Somalie: dans un hôpital de Mogadiscio, l'afflux des enfants victimes de la sécheresse

  • Depuis des mois, la Somalie s'enfonce dans une grave crise alimentaire causée par une sécheresse d'une ampleur inédite depuis au moins 40 ans, qui touche également les pays voisins de l'Ethiopie et du Kenya
  • Arbay Mahad Qasim a déjà vu deux de ses enfants mourir de faim en 18 mois, victimes de l'interminable sécheresse qui accable la Somalie

MOGADISCIO: Arbay Mahad Qasim a déjà vu deux de ses enfants mourir de faim en 18 mois, victimes de l'interminable sécheresse qui accable la Somalie. Alors que la situation ne fait qu'empirer, elle se bat aujourd'hui pour sauver sa fille, Ifrah.

Âgée d'une vingtaine d'années, la jeune femme n'a pas perdu de temps quand le corps de son bébé de deux ans a commencé à gonfler, un symptôme de malnutrition sévère. Elle a quitté son village d'Afgooy Jiido pour gagner en voiture, en une journée de route, la capitale Mogadiscio.

À l'hôpital pour enfants et maternité Banadir, elle s'est retrouvée avec des dizaines d'autres parents en proie à la même angoisse qu'elle. Certains ont marché plusieurs jours pour sauver leur enfant.

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Ifrah Mohamud nourrit sa fille souffrant de malnutrition sévère, Najax Ahmed Mahumed, 2 ans, via un tube à l'hôpital Banadir à Mogadiscio, en Somalie, le 1er juin 2022. Ed RAM / AFP

Depuis des mois, la Somalie s'enfonce dans une grave crise alimentaire causée par une sécheresse d'une ampleur inédite depuis au moins 40 ans, qui touche également les pays voisins de l'Ethiopie et du Kenya.

Les organisations humanitaires ne cessent d'alerter sur le risque - chaque jour plus réel - d'une famine dans la région.

Les quatre dernières saisons des pluies depuis fin 2020 ont été insuffisantes et aujourd'hui, 7,1 millions de Somaliens, soit près de la moitié de la population, vivent dans la faim, dont 213.000 sont au bord de la famine, selon l'ONU.

Hôpital débordé

Ces derniers mois, des centaines de milliers de Somaliens - qui vivent majoritairement d'élevage et d'agriculture - ont quitté leurs villages après avoir vu leurs dernières ressources anéanties.

"Les récoltes n'ont pas eu lieu. Nous avons perdu notre bétail. La rivière s'est asséchée", raconte Khadija Mohamed Hassan, qui a amené à l'hôpital Bilal, son fils de 14 mois, placé sous perfusions.

"J'ai 45 ans et je n'ai jamais vu une sécheresse aussi dévastatrice de ma vie. Nous vivons dans les pires conditions de notre époque", soupire-t-elle.

A l'hôpital Banadir, le personnel est débordé.

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A l'hôpital Banadir, le personnel est débordé. Ed RAM / AFP

Selon une des médecins, Hafsa Mohamed Hassan, avec la sécheresse, le nombre de patients arrivant pour malnutrition au centre de stabilisation de l'hôpital a triplé. Certains jours, l'établissement n'a pas assez de lits pour accueillir tous les patients.

"Les cas que nous recevons incluent des enfants souffrant de complications (causées par la malnutrition, ndlr), comme la rougeole aiguë, et d'autres qui sont dans le coma en raison d'une malnutrition sévère", détaille-t-elle.

Pour Bishar Osman Hussein, de l'ONG Concern Worldwide qui soutient l'hôpital Banadir depuis 2017, la situation devient critique.

"Entre janvier et juin, le nombre d'enfants admis au centre de stabilisation de l'hôpital Banadir souffrant de malnutrition sévère et d'autres complications est passé de 120 à 230 par mois", explique-t-il.

«Nous ne pouvons pas attendre»

Tout le monde redoute que la prochaine saison des pluies d'octobre-novembre soit à nouveau défaillante, venant miner encore un peu plus ce pays instable aux infrastructures précaires.

La Somalie est confrontée depuis 15 ans à l'insurrection islamiste des shebab, dont l'implantation dans de vastes zones rurales du pays limite l'accès de l'aide humanitaire aux populations.

La guerre qui fait rage en Ukraine a également des répercussions dramatiques sur la vie des Somaliens, qui ont vu le prix des produits alimentaires flamber.

Avec l'attention du monde entier rivée sur l'Ukraine, les organisations humanitaires peinent à mobiliser des fonds. Elles n'ont collecté que 18% des 1,5 milliards de dollars estimés nécessaires pour éviter une répétition de la famine de 2011 qui avait tué 260.000 personnes, dont la moitié d'enfants de moins de six ans.

"Nous ne pouvons pas attendre que la famine soit déclarée pour agir", a affirmé lundi le directeur du Programme alimentaire mondial en Somalie, El-Khidir Daloum.

Fraîchement élu, le nouveau président Hassan Cheikh Mohamoud a visité la semaine dernière un camp de déplacés près de Baidoa, dans le sud-ouest du pays.

"Quiconque a une assiette de nourriture sur sa table aujourd'hui doit penser à l'enfant qui pleure quelque part à cause de la faim et l'aider de toutes les manières possibles", a-t-il exhorté.

A l'hôpital Banadir, Khadija Mohamed Hassan veille son frêle Bilal et garde espoir: "Nous sommes ici depuis treize jours, il a l'air mieux maintenant".


Israël intensifie ses opérations près de Gaza-ville, réunion à la Maison Blanche

L'ONU estime à près d'un million de personnes la population actuelle du gouvernorat de Gaza qui comprend Gaza-ville et ses environs. (AFP)
L'ONU estime à près d'un million de personnes la population actuelle du gouvernorat de Gaza qui comprend Gaza-ville et ses environs. (AFP)
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  • Mercredi, l'armée israélienne qui contrôle environ 75% du territoire, a affirmé que ses troupes "opéraient à la périphérie de Gaza-ville pour localiser et démanteler les sites d'infrastructures terroristes en surface et souterrains"
  • Des habitants du quartier de Zeitoun à Gaza-ville ont fait état de tirs de drones et d'intenses bombardements nocturnes, alors que la Défense civile et des sources hospitalières ont annoncé quatre morts par des tirs israéliens dans le sud

GAZA: L'armée israélienne a intensifié mercredi ses opérations autour de la ville de Gaza, quelques heures avant une réunion à la Maison Blanche sous la présidence de Donald Trump consacrée à des plans d'après-guerre pour le territoire palestinien dévasté.

Elle a jugé "inévitable" l'évacuation de la population de cette ville, qu'elle présente comme le dernier grand bastion du mouvement islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza assiégée et d'où des milliers d'habitants ont déjà fui.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu est sous pression croissante, tant en Israël qu'à l'étranger, pour mettre fin à son offensive à Gaza, lancée en riposte à une attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023.

Son cabinet de sécurité a approuvé début août un plan pour s'emparer de Gaza-ville, située dans le nord du territoire palestinien où les quelque deux millions d'habitants ont été déplacés plusieurs fois par la guerre.

Mercredi, l'armée israélienne qui contrôle environ 75% du territoire, a affirmé que ses troupes "opéraient à la périphérie de Gaza-ville pour localiser et démanteler les sites d'infrastructures terroristes en surface et souterrains".

Des habitants du quartier de Zeitoun à Gaza-ville ont fait état de tirs de drones et d'intenses bombardements nocturnes, alors que la Défense civile et des sources hospitalières ont annoncé quatre morts par des tirs israéliens dans le sud du territoire palestinien frappé par la famine selon l'ONU.

"Les avions ont bombardé à plusieurs reprises et des drones ont tiré toute la nuit", a déclaré Tala al-Khatib, 29 ans, au téléphone à l'AFP. "Plusieurs maisons ont été détruites. Nous sommes toujours chez nous, certains voisins ont fui, d'autres sont restés. Mais où que vous fuyiez, la mort vous suit!"

"Ca suffit" 

Abdelhamid al-Sayfi, 62 ans, n'est pas sorti de chez lui à Zeitoun depuis mardi. "Nous n'avons ni nourriture ni eau. Quiconque sort est pris pour cible par les drones."

L'ONU estime à près d'un million de personnes la population actuelle du gouvernorat de Gaza qui comprend Gaza-ville et ses environs.

Le ministre de la Défense Israël Katz a menacé de détruire Gaza-ville si le Hamas n'acceptait pas d'être désarmé, de libérer tous les otages et de mettre fin à la guerre selon les conditions d'Israël.

Mardi, des dizaines de milliers d'Israéliens sont descendus dans la rue pour réclamer un accord pour libérer les otages et arrêter la guerre, au moment où était réuni le cabinet de sécurité.

"Ca suffit!", a hurlé Silvia Cunio dont les deux fils, Ariel et David, enlevés durant l'attaque du 7-Octobre, sont encore retenus à Gaza.

Après la réunion du cabinet, M. Netanyahu a affirmé: "(...) Nous ne laisserons pas ces monstres (le Hamas, ndlr) là-bas, nous libérerons tous nos otages et nous veillerons à ce que Gaza ne représente plus jamais une menace pour Israël".

Le 10 août, il a énuméré les objectifs d'Israël: "premièrement, désarmer le Hamas. Deuxièmement, tous les otages sont libérés. Troisièmement, Gaza est démilitarisée. Quatrièmement, Israël exerce un contrôle de sécurité prépondérant. Et cinquièmement, une administration civile pacifique non israélienne".

Alors qu'Israël poursuit son offensive à Gaza, Steve Witkoff, l'émissaire de Donald Trump, a annoncé "une grande réunion à la Maison Blanche" mercredi, sous la direction du président, sur l'après-guerre.

"Jour d'après" 

"Nous élaborons un plan très complet sur le jour d'après" dans le territoire palestinien, a dit M. Witkoff sans plus de détails.

Donald Trump avait créé la surprise en début d'année en suggérant que les Etats-Unis prennent le contrôle de la bande de Gaza, en évacuent ses habitants et y construisent des complexes immobiliers.

M. Netanyahu avait salué cette proposition, rejetée par plusieurs pays européens et arabes.

La semaine dernière, le Premier ministre israélien avait ordonné l'ouverture immédiate de pourparlers visant à obtenir la libération des otages, tout en persistant sur ses plans pour prendre Gaza-ville.

Il n'avait pas répondu explicitement à une nouvelle proposition de trêve des médiateurs, acceptée par le Hamas, qui prévoit la libération échelonnée des otages sur une période initiale de 60 jours en échange de prisonniers palestiniens.

L'attaque du Hamas du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 49 sont encore retenues dans Gaza dont au moins 27 sont décédées selon l'armée.

L'offensive de représailles israélienne a fait au moins 62.819 morts à Gaza, en majorité des civils, selon les chiffres du ministère de la Santé du gouvernement du gouvernement du Hamas à Gaza, jugés fiables par l'ONU.


Liban: polémique après les propos de Barrack en conférence de presse

"S'il vous plaît, calmez-vous un peu (...) Dès que la situation devient chaotique, presque animale, on quitte la salle", avait-t-il lancé avant d'aborder le plan de désarmement du Hezbollah, appelant les journalistes à se comporter de "manière civilisée". (AFP)
"S'il vous plaît, calmez-vous un peu (...) Dès que la situation devient chaotique, presque animale, on quitte la salle", avait-t-il lancé avant d'aborder le plan de désarmement du Hezbollah, appelant les journalistes à se comporter de "manière civilisée". (AFP)
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  • "S'il vous plaît, calmez-vous un peu (...) Dès que la situation devient chaotique, presque animale, on quitte la salle", avait-t-il lancé avant d'aborder le plan de désarmement du Hezbollah, appelant les journalistes à se comporter de "manière civilisée"
  • La présidence libanaise a exprimé sur X ses "regrets pour des propos tenus par inadvertance par l'un de ses invités", réaffirmant son "respect absolu de la dignité humaine" et sa "considération particulière pour les journalistes

BEYROUTH: Des déclarations de l'émissaire américain Tom Barrack adressées à des journalistes au palais présidentiel de Beyrouth ont suscité une vive polémique mardi au Liban, qualifiées d'"insulte" par les syndicats de la presse.

"S'il vous plaît, calmez-vous un peu (...) Dès que la situation devient chaotique, presque animale, on quitte la salle", avait-t-il lancé avant d'aborder le plan de désarmement du Hezbollah, appelant les journalistes à se comporter de "manière civilisée".

La présidence libanaise a exprimé sur X ses "regrets pour des propos tenus par inadvertance par l'un de ses invités", réaffirmant son "respect absolu de la dignité humaine" et sa "considération particulière pour les journalistes et correspondants accrédités".

Le ministre de l'Information, Paul Morcos, a également "regretté" ces propos et souligné son "attachement à la dignité" des journalistes.

Le syndicat des photographes de presse a dénoncé une "insulte directe" aux journalistes et photographes présents et un "précédent dangereux et totalement inacceptable", réclamant des "excuses immédiates et publiques".

Le syndicat des rédacteurs a lui aussi réclamé "des excuses publiques", agitant la menace d'un "boycott de ses visites et de ses rencontres".

L'Union des journalistes du Liban a jugé que ces déclarations "traduisent une arrogance inacceptable et un mépris implicite pour la mission journalistique".

Le président de la commission de l'Information au Parlement, député du Hezbollah, Ibrahim Moussaoui, a appelé les autorités à "convoquer immédiatement l'ambassadrice américaine, la réprimander et protester contre l'insulte caractérisée infligée au Liban et aux Libanais".


Cisjordanie: la police israélienne saisit près de 400.000 euros, accusés de financer le «terrorisme»

La police israélienne a annoncé mercredi avoir confisqué "environ 1,5 million de shekels", plus de 385.000 euros, une somme qu'elle estime liée au "terrorisme", au cours d'une opération en Cisjordanie occupée.  "Les forces de police des frontières en Cisjordanie (Magav) et l'armée israélienne ont confisqué environ 1,5 million de shekels provenant du financement du terrorisme", a déclaré la police dans un communiqué. (AFP)
La police israélienne a annoncé mercredi avoir confisqué "environ 1,5 million de shekels", plus de 385.000 euros, une somme qu'elle estime liée au "terrorisme", au cours d'une opération en Cisjordanie occupée. "Les forces de police des frontières en Cisjordanie (Magav) et l'armée israélienne ont confisqué environ 1,5 million de shekels provenant du financement du terrorisme", a déclaré la police dans un communiqué. (AFP)
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  • Si l'armée israélienne opère souvent en Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967, il est relativement rare qu'elle intervienne au coeur des villes, à fortiori à Ramallah, où siège l'Autorité palestinienne
  • Mardi, l'armée israélienne avait mené une opération dans le centre-ville de Ramallah, en Cisjordanie occupée, ciblant notamment un bureau de change, au cours de laquelle des dizaines de Palestiniens ont été blessés selon le Croissant-Rouge

JERUSALEM: La police israélienne a annoncé mercredi avoir confisqué "environ 1,5 million de shekels", plus de 385.000 euros, une somme qu'elle estime liée au "terrorisme", au cours d'une opération en Cisjordanie occupée.

"Les forces de police des frontières en Cisjordanie (Magav) et l'armée israélienne ont confisqué environ 1,5 million de shekels provenant du financement du terrorisme", a déclaré la police dans un communiqué.

Elle a précisé qu'une partie de la somme avait été saisie en devises étrangères, notamment des dollars américains et des dinars jordaniens.

Mardi, l'armée israélienne avait mené une opération dans le centre-ville de Ramallah, en Cisjordanie occupée, ciblant notamment un bureau de change, au cours de laquelle des dizaines de Palestiniens ont été blessés selon le Croissant-Rouge.

L'armée avait alors expliqué viser "une entreprise de change qui transférait des fonds destinés aux terroristes du Hamas afin de financer des activités terroristes contre l'Etat d'Israël et ses civils".

Si l'armée israélienne opère souvent en Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967, il est relativement rare qu'elle intervienne au coeur des villes, à fortiori à Ramallah, où siège l'Autorité palestinienne.

Elle était déjà intervenue dans des bureaux de change palestiniens ces dernières années, au printemps 2025 ou encore en décembre 2023.

Les violences en Cisjordanie se sont intensifiées depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël le 7 octobre 2023.

Selon un décompte de l'AFP établi à partir de données de l'Autorité palestinienne, au moins 972 Palestiniens, dont de nombreux combattants mais aussi beaucoup de civils, ont été tués par des soldats ou des colons israéliens en Cisjordanie depuis cette date.

Au moins 36 Israéliens, parmi lesquels des civils et des soldats y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors d'opérations militaires israéliennes, selon les données officielles israéliennes.