Les paquebots de croisière, bouffée d'oxygène pour Turquie en crise

Le Galataport, situé dans le quartier de Karakoy à Istanbul, devrait dynamiser le tourisme de croisière de la Méditerranée à la mer Noire dans un contexte de crise économique en Turquie (Photo : Yasin AKGUL / AFP).
Le Galataport, situé dans le quartier de Karakoy à Istanbul, devrait dynamiser le tourisme de croisière de la Méditerranée à la mer Noire dans un contexte de crise économique en Turquie (Photo : Yasin AKGUL / AFP).
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Publié le Dimanche 12 juin 2022

Les paquebots de croisière, bouffée d'oxygène pour Turquie en crise

  • L'industrie des croisières peine à se remettre à flot après le coup d'arrêt de la pandémie, mais la Turquie, qui voit déjà revenir les flots de touristes, compte sur Galataport pour doper encore les arrivées
  • L'objectif est d'atteindre 1,5 million de croisiéristes et 25 millions de visiteurs par an

ISTANBUL : Le Costa Venezia, ville flottante de 20 étages, vient d'accoster à Galataport, en plein coeur d'Istanbul. A quai, il déversera jusqu'à 5.260 passagers capables, en quelques jours, de dépenser plusieurs milliers d'euros dans la ville.

Galataport, port de croisières inauguré l'an dernier sur la rive européenne du Bosphore, dans le quartier de Karakoy, doit dynamiser le tourisme de luxe en Turquie.

Le pays ne va pas s'en priver: la livre turque se déprécie de jour en jour et l'inflation frôle les 75% sur un an, au plus haut depuis 1998.

"Depuis le 1er octobre 2021, les bateaux arrivent les uns après les autres", explique à l'AFP Figen Ayan, la responsable du port de Galataport.

"Ça donne une idée de la popularité et de l'importance d'Istanbul comme destination", se félicite-t-elle, soulignant que les premiers paquebots n'ont pas attendu les beaux jours pour accoster.

A Galataport se côtoient restaurants branchés - dont l'un du chef turc et star des réseaux sociaux Nusret Gokce, dit Salt Bae -, enseignes turques et internationales et un hôtel chic.

Le site offre aussi aux piétons une nouvelle balade avec vue imprenable sur la rive asiatique de la ville.

«400 dollars par jour»

Ce kilomètre le long du Bosphore était inaccessible aux riverains depuis deux siècles, mais des critiques ont souligné que ce projet faisait table rase d'une partie de la mémoire urbaine d'Istanbul et contribuait à la gentrification du quartier, situé non loin de celui de Galata, pris d'assaut par les touristes.

Figen Ayan voit les choses autrement et souligne que Galataport ouvre un nouvel accès au Bosphore, et pas seulement aux croisiéristes.

"Une première mondiale", assure-t-elle.

L'industrie des croisières peine à se remettre à flot après le coup d'arrêt de la pandémie, mais la Turquie, qui voit déjà revenir les flots de touristes, compte sur Galataport pour doper encore les arrivées.

Une trentaine de navires ont jusqu'ici jeté l'ancre à Galataport et 200 autres sont attendus d'ici la fin de l'année, pour un total de 450.000 passagers.

L'objectif est d'atteindre 1,5 million de croisiéristes et 25 millions de visiteurs par an.

"Nous pouvons désormais dire que la pandémie est derrière nous et que le secteur des croisières revit", affirme Figen Ayan, qui souligne que les croisiéristes ont un pouvoir d'achat plus élevé que le touriste lambda.

"Là où un touriste ordinaire dépense 62 dollars [58,5 euros] par jour, le passager d'un navire de croisière dépensera 400 dollars [378 euros]", détaille-t-elle.

«Coût environnemental»

Mais comme ailleurs, ce tourisme est très décrié.

A l'été 2021, le gouvernement italien a ainsi interdit l'accès du centre historique de Venise aux grands paquebots, accusés de menacer le fragile écosystème de la lagune de la Cité des Doges et les fondations de son centre historique, classé au patrimoine de l'Unesco.

"Le coût environnemental des croisières est sept fois plus élevé que les entrées d'argent qu'elles génèrent", affirme à l'AFP Muharrem Balci, professeur agrégé à l'Université d'Istanbul.

Les paquebots, qui rejettent de larges quantités d'eaux usées, ont un impact sur la vie marine et aggravent la pollution mondiale, souligne M. Balci.

Seule une mince partie des déchets générés par ces villes flottantes peut être traitée, et une quantité non négligeable est rejetée directement dans la mer, explique-t-il.

Burak Caliskan, directeur pour la Turquie de l'armateur MSC Croisières, rejette les critiques: "Nous ne pensons pas qu'Istanbul sera confrontée à une situation similaire [à celle de Venise]. La structure de la ville est différente", fait-il valoir.

L'année dernière, la mer de Marmara, qui baigne les rives sud d'Istanbul et est prise en étau entre la mer Noire et la mer Égée, a connu sa plus grande épidémie de "morve de mer" - une sorte de mousse visqueuse - mais Burak Caliskan assure que les navires nouvellement construits répondent aux préoccupations environnementales.

"Les gaz d'échappement sont filtrés et les peintures utilisées sur le navire ont été entièrement changées (...) pour ne pas nuire au milieu marin", dit-il.

"Nous nous efforçons même de réduire le bruit des moteurs de nos bateaux pour que, en haute mer, ils ne causent aucune nuisance, en particulier aux baleines."


France: la pleine puissance du nouveau réacteur nucléaire EPR repoussée à la fin de l'automne

Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
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  • EDF prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne"
  • Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur

PARIS: Electricité de France (EDF) prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne", alors que le groupe espérait jusqu'à présent pouvoir franchir cette étape d'ici la fin de l'été.

La prolongation d'un arrêt "pour réaliser une opération de contrôle et de maintenance préventive sur une soupape de protection du circuit primaire principal" conduit à modifier "la date d'atteinte de la pleine puissance, désormais prévue avant la fin de l'automne", a indiqué l'électricien public français sur son site internet vendredi.

Alors que le réacteur à eau pressurisée de nouvelle génération était à l'arrêt depuis le 19 juin pour des opérations d'essais de mise en service, classiques pour de nouvelles installations nucléaires, EDF a décidé le 2 juillet de le maintenir à l'arrêt pour intervenir sur des soupapes.

EDF avait en effet constaté pendant les essais que deux des trois soupapes placées au sommet du pressuriseur qui permet de maintenir l'eau du circuit primaire à une pression de 155 bars "n'étaient pas complètement conformes" aux attendus en termes d'"étanchéité".

En raison de ces "aléas", EDF a décidé vendredi de prolonger cet arrêt pour mener une opération de maintenance préventive sur la 3e soupape.

"Les expertises menées sur les deux premières soupapes conduisent EDF, dans une démarche pro-active de sûreté, à étendre les vérifications à la troisième soupape en profitant de la logistique déjà en place et mobilisant les compétences disponibles", a expliqué le groupe.

Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur.

"Il y a 1.500 critères de sûreté qui sont testés lors d'un premier démarrage" de réacteur, a expliqué à l'AFP une porte-parole d'EDF. Lors de ces phases d'essais et de contrôle, il est parfois nécessaire de "refaire des réglages", selon elle.

Le réacteur de nouvelle génération a été raccordé au réseau électrique le 21 décembre 2024, avec douze ans de retard par rapport à la date prévue. Son coût a explosé par rapport au devis initial de 3,3 milliards d'euros: selon un rapport de la Cour des comptes française publié en,janvier, EDF l'estime aujourd'hui à 22,6 milliards d'euros aux conditions de 2023.


Engie confirme ses perspectives 2025 malgré un contexte "incertain et mouvant"

Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
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  • Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre
  • L'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025

PARIS: Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre, et se dit désormais plus confiant pour ses projets renouvelables aux Etats-Unis après une période d'incertitude.

Son résultat net récurrent a reculé de 19% à 3,1 milliards d’euros au cours des six premiers mois de l'année. Le résultat opérationnel (Ebit) hors nucléaire est ressorti à 5,1 milliards d'euros, en baisse de 9,4% en raison d'une base de comparaison élevée par rapport au premier semestre 2024 et "dans un contexte de baisse des prix".

Mais l'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025.

"Nous abordons les prochains mois avec confiance et nous confirmons notre +guidance+ annuelle", a commenté Catherine MacGregor, sa directrice générale, citée dans le communiqué de résultats.

Elle a néanmoins insisté sur le contexte économique et géopolitique "assez incertain et mouvant", lors d'une conférence téléphonique.

A la Bourse de Paris, Engie cédait 2,45% à 10H53 (8H53 GMT) à 19,15 euros vendredi, après avoir lâché 5% à l'ouverture.

Interrogée sur les Etats-Unis, Catherine MacGregor s'est montrée plus confiante après une période d'incertitude qui a suivi l'entrée en fonction du gouvernement Trump.

"Avec la promulgation du +Big beautifull bill+ (la loi budgétaire de Donald Trump, ndlr) et une première clarification du cadre réglementaire et fiscal qui était attendue, nous nous apprêtons à lancer trois projets pour plus de 1,1 GW de capacité totale, éolien, solaire et batteries qui vont conforter notre croissance jusqu'en 2028", a-t-elle déclaré.

Engie a pour l'heure "juste en dessous de 9 GW en opération aux États-Unis", a-t-elle rappelé.

"Il y avait beaucoup, beaucoup d'incertitudes sur le traitement qui serait donné à ces projets", a-t-elle souligné, mais avec cette nouvelle loi, "on a beaucoup plus de clarté".

"Le marché aux États-Unis reste évidemment très, très porteur", a-t-elle poursuivi. "Les projections de demande d'électricité sont absolument massives et aujourd'hui, il n'y a pas de scénarios (...) sans une grande partie de projets renouvelables", notamment en raison du fort développement des centres de données dans le pays.

Le groupe table sur un résultat net récurrent - qui exclut des coûts de restructuration et la variation de la valeur de ses contrats de couverture - "entre 4,4 et 5,0 milliards d'euros" en 2025.

Engie vise par ailleurs un Ebit hors nucléaire "dans une fourchette indicative de 8,0 à 9,0 milliards d'euros" en 2025.

"Comme prévu, l'Ebit hors nucléaire va atteindre son point bas cette année et le second semestre 2025 sera en hausse par rapport à 2024", a indiqué Catherine MacGregor.

Le bénéfice net en données publiées s'établit à 2,9 milliards d'euros au premier semestre, en hausse de 50%, en raison d'un impact moindre de la variation de la valeur de ses contrats de couverture.

Le chiffre d'affaires a atteint 38,1 milliards d'euros au premier semestre, en croissance de 1,4%.

Engie disposait d'une capacité totale renouvelables et de stockage de 52,7 gigawatts (GW) à fin juin 2025, en hausse de 1,9 GW par rapport à fin 2024. A cela s'ajoutent 95 projets en cours de construction qui représentent une capacité totale de près de 8 GW.

Le groupe dispose d'un portefeuille de projets renouvelables et de batteries en croissance qui atteint 118 GW à fin juin 2025, soit 3 GW de plus qu'à fin décembre 2024.


ArcelorMittal: les taxes douanières américaines érodent la rentabilité au premier semestre

La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
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  • ArcelorMittal a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexiqu
  • ArcelorMittal espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année

PARIS: ArcelorMittal, qui a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexique, espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année.

Malgré un résultat net en hausse de 39% au premier semestre 2025, à 2,6 milliards de dollars, le bénéfice avant intérêt, impôt, dépréciation et amortissement (Ebitda) du deuxième fabricant d'acier mondial a reculé de 10%, à 3,4 milliards de dollars, notamment après l'application de droits de douane de 50% sur l'acier importé aux Etats-Unis depuis le Canada et le Mexique à partir du 4 juin, a expliqué le groupe dans un communiqué jeudi.

Le chiffre d'affaires a aussi pâti du recul de 7,5% des prix moyens de l'acier dans le monde: les ventes se sont amoindries de 5,5%, à 30,72 milliards de dollars au premier semestre.

Jeudi à la Bourse de Paris, après ces annonces, le titre ArcelorMittal a terminé la séance en recul de 2,58%, à 27,52 euros.

Le directeur général du groupe, Aditya Mittal, s'est félicité de la reprise à 100% du site de Calvert aux Etats-Unis, qui devient un site d'acier bas carbone grâce à la construction d'un nouveau four à arc électrique.

En Europe, les tendances à l'accroissement des dépenses publiques sur la défense et les infrastructures "sont un encouragement pour l'industrie de l'acier", a jugé M. Mittal.

Néanmoins, alors que le plan d'action annoncé en mars par la Commission européenne a lancé des "signaux clairs" pour défendre la production européenne d'acier, "nous attendons toujours la concrétisation des mesures de sauvegarde (ou quotas sur les importations d'acier en Europe, NDLR) du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières et sur les prix de l'énergie", a-t-il souligné.

A condition que ces mesures soient mises en place, le groupe prévoit d'investir 1,2 milliard d'euros pour un four à arc électrique sur son site français de Dunkerque (Nord), a-t-il rappelé.

Au total, ArcelorMittal en exploite 29 dans le monde, pour une capacité de production de 21,5 millions de tonnes d'acier recyclé par an, qui augmentera à 23,4 millions de tonnes en 2026 après la mise en service des deux sites espagnols de Gijon et Sestao.