Le premier festival du film européen à Riyad favorise les échanges culturels

L’évènement a été organisé et développé localement par Arabia Pictures, en collaboration avec l’UE et la Commission saoudienne du film (Photo fournie).
L’évènement a été organisé et développé localement par Arabia Pictures, en collaboration avec l’UE et la Commission saoudienne du film (Photo fournie).
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Publié le Vendredi 17 juin 2022

Le premier festival du film européen à Riyad favorise les échanges culturels

  • Le festival a débuté par la projection du film français «Les Parfums» de Gregory Magne, précédant la projection de 13 autres films européens sélectionnés
  • «L'année prochaine, nous visons des films plus récents et un meilleur programme, mais ce que je peux dire, c'est que les films de cette année sont vraiment excellents»

RIYAD: Le VOX Cinema de l'Esplanade a vibré hier soir, alors que des cinéastes internationaux, des créateurs saoudiens et des ambassadeurs se sont réunis à l’occasion du premier festival du film européen à Riyad.
Le festival a débuté par la projection du film français «Les Parfums» de Gregory Magne, précédant la projection de 13 autres films européens sélectionnés.
L'événement a été planifié et développé localement par Arabia Pictures en collaboration avec l'UE et la Commission saoudienne du film, et soutenu par le Goethe Institute, Peugeot, l'Alliance française et les ambassades des États membres de l'UE, notamment l'Autriche, la Belgique, Chypre, le Danemark, l'Allemagne, la Grèce, l'Italie, l'Espagne et la Suède.
«Ce soir, nous célébrons également l'amitié entre l'Europe et l'Arabie saoudite. Nous sommes tous extrêmement enthousiastes à l'idée d'assister à l'essor de la scène culturelle du Royaume et à l'effort impressionnant de la Vision 2030 afin d’apporter la culture et le divertissement à la plus grande partie de la population saoudienne», a déclaré l'ambassadeur de l'UE en Arabie saoudite, Patrick Simonnet, dans son discours d'ouverture. «Nous sommes fiers d'y contribuer par le biais de nos propres événements et initiatives.»
L'objectif du festival est de jeter des ponts entre les cultures, d'exposer les cinéastes et le public saoudiens aux créations internationales et de créer un discours mondial. «Notre industrie est très récente et vient juste de démarrer, nous avons donc beaucoup de domaines qui sont un terrain vierge dont nous devons apprendre», a souligné Roua Almadani, PDG d'Arabia Pictures, à Arab News. «Par exemple, la production sur le terrain, l'éclairage, la conception des lieux, ou même des techniques simples liées à la réalisation ou à la production.»
Abdallah al-Eyaf, directeur général de la Commission saoudienne du film, a déclaré à Arab News: «Je pense que la tenue de festivals comme celui-ci est très importante et qu'elle est au cœur de ce que nous aspirons à faire à la Commission du film.

Roua Almadani, PDG d’Arabia Pictures (Photo fournie).


«Cela permet au public de voir des films différents de ce que l'on trouve sur le marché. Il donne une chance aux cinéastes européens, ou à d'autres dans différents festivals, de rencontrer de nouveaux publics et de les entendre, et de créer des espaces de dialogue et de discussion. De tels festivals créent également des opportunités pour la distribution», a-t-il estimé.
Al-Eyaf a ajouté: «Une relation centrée sur l'échange culturel et l'apprentissage entre le Royaume et les régions internationales pourrait être bénéfique à la croissance de la jeune industrie cinématographique saoudienne. C'est l'occasion de faire venir des experts en production cinématographique, de créer des programmes de formation, des stages, des coproductions, et même d'apprendre du point de vue de la gestion financière.»
Si la sélection de films représente certains des meilleurs films européens, on peut se demander dans quelle mesure le public saoudien sera réceptif. «Je pense que les films européens seront largement acceptés pour une raison: La communauté saoudienne a soif d'art, elle veut en voir. Ils ont une grande curiosité pour apprendre et voir, donc je pense qu'il y aura une demande. Par ailleurs, c'est formidable d'avoir dans les cinémas quelque chose de différent de ce à quoi ils sont habitués», a indiqué Almadani.
Le producteur américain Todd Nims y voit une occasion pour l'Arabie saoudite de développer sa propre identité en tant qu'industrie. «Il y a beaucoup à apprendre sur le développement d'une marque... En Europe, c'est aussi le cas des films français. Je pense que le cinéma saoudien a le potentiel pour devenir une niche, surtout avec ce mélange cool et commercial, mais pas dans le mauvais sens du terme. C'est leur propre truc», a-t-il déclaré à Arab News.
Comme beaucoup d'autres dans la salle, Nims revient tout juste du Festival du film saoudien de Dammam. Il est présent dans le Royaume depuis quinze ans pour développer des films et des spectacles.
«C'est un peu historique pour moi», a-t-il ajouté.

Abdallah al-Eyaf, PDG de la Commission saoudienne du film (Photo fournie).


Le cinéaste Omar Alomeirat, qui a également participé au festival du film saoudien, a noté le changement considérable que ce genre de festival représente. «Ce n'est plus seulement l'Arabie saoudite désormais, c'est le monde entier», a-t-il déclaré à Arab News. «Voir des films internationaux nous donnerait une autre perspective et une autre perception de la façon dont ils voient le monde, et cela nous donne un aperçu de la façon d'imaginer notre monde ici en Arabie saoudite.»
La scénariste, actrice et réalisatrice saoudienne Sarah Taibah a exprimé son enthousiasme face à la diversité apportée aux écrans de cinéma saoudiens. «Nous avons toujours accès à Hollywood... mais pour moi, le cinéma européen a une saveur totalement différente», a-t-elle affirmé à Arab News.
Les réactions à la première projection, «Les Parfums » de Magne, étaient toutefois mitigées. «Il y a beaucoup de choses à aimer dans ce film, mais comme film d'ouverture, je ne sais pas. Il aurait pu être bien meilleur», a signalé le cinéaste saoudien Talha B. à Arab News.
Son frère Maan B., un autre cinéaste, a ajouté: «C'est bien de regarder des films étrangers. J'ai regardé beaucoup de films hollywoodiens, alors c'est un rafraîchissement. Le film était en quelque sorte battement par battement, mais je l'ai apprécié. C'était drôle, c'était pertinent.»
Les prochaines projections de films européens comprendront «Little Joe» de Jessica Hausner, «Campeones» de Javier Fesser, «I am Greta» de Nathan Grossman, et bien d'autres.
«L'année prochaine, nous visons des films plus récents et un meilleur programme, mais ce que je peux dire, c'est que les films de cette année sont vraiment excellents», a soutenu Almadani.
Le Festival du film européen projette des films jusqu'au 22 juin au cinéma VOX de l'Esplanade.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Vers l’infini et au‑delà – Goldorak, 50 ans d’inspiration

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  •  50 ans après sa création, la série animée Goldorak continue de marquer l’imaginaire arabe
  • Arab News Japan s’entretient avec son créateur Go Nagai, des fans du Moyen-Orient, et revient sur l’histoire du robot OVNI chargé de protéger notre planète

​​​​​​LONDON: Peu d’importations culturelles ont franchi les frontières de manière aussi inattendue — et aussi puissante — que Goldorak, le robot géant japonais qui, il y a un demi-siècle, est devenu un héros de l’enfance à travers le monde arabe, et plus particulièrement en Arabie saoudite.

Créé au Japon au milieu des années 1970 par le mangaka Go Nagai, Goldorak s’inscrivait dans la tradition des « mecha », ces récits de robots géants. Le genre, façonné par l’expérience japonaise de la Seconde Guerre mondiale, explorait les thèmes de l’invasion, de la résistance et de la perte à travers le prisme de la science-fiction.

Si la série a rencontré un succès modéré au Japon, c’est à des milliers de kilomètres de là, au Moyen-Orient, que son véritable héritage s’est construit.

L’anime « UFO Robot Goldorak » est arrivé à la télévision dans la région en 1979, doublé en arabe et diffusé pour la première fois au Liban, en pleine guerre civile. L’histoire du courageux Actarus, prince exilé dont la planète a été détruite par des envahisseurs extraterrestres, a profondément résonné chez les enfants grandissant dans un contexte de conflits régionaux et d’occupation par Israël.

Ses thèmes — la défense de la patrie, la résistance à l’agression et la protection des innocents — faisaient douloureusement écho aux réalités de la région, transformant la série d’un simple divertissement en un véritable refuge émotionnel.

Une grande partie de l’impact de la série tenait à la réussite de son arabisation. Le doublage arabe puissant et le jeu vocal chargé d’émotion, notamment celui de l’acteur libanais Jihad El-Atrash dans le rôle d’Actarus, ont conféré à la série une gravité morale inégalée par les autres dessins animés de l'époque.

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Au début des années 1980, Goldorak s'était répandu à travers le Moyen-Orient, inspirant des communautés de fans en Arabie saoudite, au Koweït, en Irak et au-delà. (Fourni)

Le générique de la série, interprété par Sami Clark, est devenu un hymne que le chanteur libanais a continué à interpréter lors de concerts et de festivals jusqu’à son décès en 2022.

Au début des années 1980, Goldorak s’était répandu à travers le Moyen-Orient, inspirant des communautés de fans en Arabie saoudite, au Koweït, en Irak et au-delà. Pour beaucoup, il s’agissait non seulement d’un premier contact avec les anime japonais, mais aussi d’une source d’enseignements sur des valeurs telles que la justice et l’honneur.

L’influence de Goldorak dans la région a été telle qu’il a fait l’objet de recherches universitaires, qui ont non seulement mis en lumière la manière dont le sort des personnages résonnait auprès du public du Moyen-Orient, mais ont aussi relié sa popularité aux souvenirs générationnels de l’exil, en particulier à la Nakba palestinienne.

Un demi-siècle plus tard, Goldorak demeure culturellement vivant et pertinent dans la région. En Arabie saoudite, qui avait pleinement adopté la version originale de la série, Manga Productions initie aujourd’hui une nouvelle génération de fans à une version modernisée du personnage, à travers un jeu vidéo, The Feast of The Wolves, disponible en arabe et en huit autres langues sur des plateformes telles que PlayStation, Xbox et Nintendo Switch, ainsi qu’une nouvelle série animée en langue arabe, «  Goldorak U », diffusée l’an dernier.

Cinquante ans après les débuts de la série, « Goldorak » est de retour — même si, pour toute une génération de fans de la série originale, dont les étagères regorgent encore de produits dérivés et de souvenirs, il n’est en réalité jamais vraiment parti.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com
 


En ce Noël, unissons-nous pour souhaiter la paix dans toute la région

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  • Noël au Moyen-Orient incarne un message puissant d’harmonie interconfessionnelle, de résilience et de respect mutuel
  • De Bethléem à Riyad, les célébrations deviennent un acte d’espoir partagé et un appel sincère à la paix régionale

RIYAD : Fidèle à une tradition initiée en décembre 2022, Arab News souhaite un joyeux Noël à ses lecteurs chrétiens et à tous ceux qui célèbrent cette fête. Cette édition spéciale met cette année en lumière Noël à travers le Moyen-Orient, en soulignant l’harmonie interconfessionnelle, la résilience et l’intégration culturelle. Le tout est porté par un message particulier, sincère et plein d’espoir : voir la paix se diffuser dans toute la région en 2026.

En tête de cette couverture figure une tribune exclusive du grand érudit Dr Mohammad bin Abdulkarim Al-Issa, secrétaire général de la Ligue islamique mondiale et président de l’Organisation des savants musulmans. Son message rappelle un principe essentiel : « Il n’existe aucun texte de la charia interdisant de féliciter les non-musulmans à l’occasion de leurs fêtes religieuses, y compris Noël. » Il présente cette bienveillance non comme un affaiblissement de la foi, mais comme l’expression de sa force — une force qui affirme la dignité humaine et favorise l’harmonie sociale si nécessaire aujourd’hui.

Ce même esprit de solidarité face à la souffrance résonne depuis Bethléem, où le pasteur palestinien, le révérend Dr Munther Isaac, explique que le christianisme palestinien est indissociable de l’identité nationale. En réponse à la dévastation de Gaza, sa communauté a érigé une crèche faite de gravats, l’enfant Jésus enveloppé dans un keffieh. « C’était un message de foi », affirme-t-il. « Le Christ est solidaire de ceux qui souffrent… parce qu’il est né dans la souffrance. »

De cette profondeur naissent aussi des récits de renouveau. À Damas, les illuminations festives réapparaissent alors que des Syriens de toutes confessions s’accrochent à une paix fragile. Au Liban, les célébrations percent la morosité politique par des instants de joie. En Jordanie, les espaces publics s’illuminent de sapins et des hymnes de Noël de Fairouz, tandis qu’aux Émirats arabes unis, la diaspora multiculturelle s’anime dans une effervescence festive et unitaire.

La profondeur historique et intellectuelle de l’héritage chrétien de la région est mise en lumière par le Dr Abdellatif El-Menawy, qui rappelle le rôle indispensable de l’Égypte dans la transformation du christianisme, passé d’un message spirituel à une véritable civilisation. Cet héritage ancien trouve aujourd’hui une expression moderne et dynamique.

En Arabie saoudite, la période des fêtes est reconnue à travers une hospitalité innovante, où des chefs réinventent les menus de Noël en y intégrant des saveurs locales et une identité culinaire créative.

Cette édition spéciale offre bien plus qu’une simple atmosphère festive. Elle dépeint un Moyen-Orient où les différentes confessions approfondissent leurs propres racines en respectant celles des autres, où les célébrations sont tissées de résistance historique, et où le message de Noël — espoir, paix et humanité partagée — résonne avec confiance et optimisme.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le prince héritier parraine le lancement d’un centre de calligraphie arabe à Médine

Le ministre de la Culture, le prince Badr ben Abdullah ben Farhane, prend la parole lors de l'inauguration du Centre mondial pour la calligraphie arabe Prince Mohammed ben Salmane. (Fourni)
Le ministre de la Culture, le prince Badr ben Abdullah ben Farhane, prend la parole lors de l'inauguration du Centre mondial pour la calligraphie arabe Prince Mohammed ben Salmane. (Fourni)
Un nouveau centre dédié à la calligraphie arabe, placé sous le patronage du prince héritier Mohammed ben Salmane, a officiellement ouvert ses portes lundi à Médine. (Fourni)
Un nouveau centre dédié à la calligraphie arabe, placé sous le patronage du prince héritier Mohammed ben Salmane, a officiellement ouvert ses portes lundi à Médine. (Fourni)
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  • Le Centre mondial Prince Mohammed ben Salmane pour la calligraphie arabe a été inauguré par le prince Salman ben Sultan ben Abdulaziz

RIYAD : Un nouveau centre dédié à la calligraphie arabe, sous le patronage du prince héritier Mohammed ben Salmane, a officiellement ouvert ses portes à Médine lundi.

Le Centre mondial Prince Mohammed ben Salmane pour la calligraphie arabe a été inauguré par le prince Salman ben Sultan ben Abdulaziz, gouverneur de la région de Médine.

Il était accompagné du ministre de la Culture, le prince Badr ben Abdallah ben Farhane, qui a visité les espaces d’exposition du nouveau centre et assisté à des présentations sur la programmation culturelle et les réalisations du centre.

Ils ont également découvert des collections mettant en valeur l’importance artistique et historique de la calligraphie arabe.

Lors de l’inauguration, le prince Badr a déclaré : « Depuis cette terre d’érudition et de savoir, nous lançons fièrement une plateforme mondiale dédiée à la calligraphie arabe, un patrimoine culturel inestimable. »

Il a ajouté que le soutien « généreux et illimité » du prince héritier envers le secteur culturel avait rendu ce projet possible.

Le ministre a précisé que le centre montrait au monde l’héritage de la calligraphie arabe tout en soulignant l’engagement de l’Arabie saoudite à préserver son identité et son patrimoine culturel.

Selon le prince Badr, le centre représente une vision ambitieuse visant à élever la calligraphie arabe comme outil universel de communication et élément central de l’héritage, de l’art, de l’architecture et du design arabes.

Le centre a également pour objectif de renforcer l’identité culturelle du Royaume et sa présence internationale, en ciblant calligraphes, talents émergents, artistes visuels, chercheurs en arts islamiques, institutions éducatives et culturelles, ainsi que les passionnés d’art et de patrimoine à travers le monde.

Il proposera des programmes spécialisés, incluant services de recherche et d’archivage, enseignement de la calligraphie, bourses académiques, musée permanent, expositions itinérantes, association internationale de calligraphie et incubateur soutenant les entreprises liées à la calligraphie.

D’autres initiatives incluent des programmes de résidence d’artistes, des ateliers dirigés par des experts, l’élaboration de programmes pédagogiques standardisés, ainsi que des partenariats éducatifs internationaux visant à la conservation du patrimoine et à la promotion mondiale de cet art ancestral.

L’établissement du centre à Médine revêt une signification particulière, compte tenu du rôle historique de la ville comme berceau de la calligraphie arabe et de son association avec la transcription du Coran et la préservation du savoir islamique.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com