Le corridor humanitaire de Bab al-Hawa en Syrie, otage d'un jeu géopolitique

Des années de conflit ont plongé des millions de Syriens dans la pauvreté (Photo, AFP).
Des années de conflit ont plongé des millions de Syriens dans la pauvreté (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 17 juin 2022

Le corridor humanitaire de Bab al-Hawa en Syrie, otage d'un jeu géopolitique

  • L'acheminement de l'aide de l'ONU directement dans les zones contrôlées par l'opposition dépend d'un mécanisme transfrontalier fragile
  • La fermeture de Bab al-Hawa «condamnerait les civils dans le besoin à la mort et à la faim», avertit le président du Conseil de sécurité de l'ONU

NEW YORK: Les quatre millions de personnes du nord-ouest de la Syrie qui dépendent de l'aide internationale pour survivre ne savent pas s'il y aura du pain sur leur table après le 10 juillet. C'est en effet à cette date qu'un mécanisme transfrontalier de l'ONU, de plus en plus fragile, permettant d'acheminer l'aide à la Syrie, doit expirer.
Le renouvellement de ce mécanisme doit faire l'objet d'un vote au Conseil de sécurité des Nations unies le mois prochain, alors que l'on craint que la Russie n'utilise son droit de veto dans le but de fermer le dernier point d'entrée de l'aide en Syrie, facilité par les Nations unies, Bab al-Hawa, à la frontière avec la Turquie.
Ferit Hoxha, représentant permanent de l'Albanie auprès des Nations unies et président du Conseil de sécurité pour le mois de juin, a déclaré à Arab News lors d'une conférence de presse que la fermeture de l'unique poste frontalier équivaudrait à «une condamnation à la mort, à la famine et à la faim pour des millions de personnes».

90% de la population syrienne vit sous le seuil de pauvreté, et de nombreuses familles sont obligées de fouiller dans les décharges pour survivre (Photo, AFP).


Il a ajouté: «J'espère que personne, ni la Russie ni aucun autre pays, ne prendra une telle décision: Condamner des civils dans le besoin à la mort et à la faim.»
Alors que les médias du monde entier ont peut-être cessé de compter le nombre de morts et de blessés dans le conflit syrien, la destruction généralisée des infrastructures civiles et le plus grand nombre de personnes déplacées à l'intérieur du pays dans le monde montrent que la guerre est loin d'être terminée.
La Syrie continue de connaître l'une des pires crises humanitaires au monde, avec 90% de la population vivant sous le seuil de pauvreté. Selon le Programme alimentaire mondial (Pam), 14,6 millions de personnes ont désormais besoin d'une aide humanitaire afin de survivre, soit une augmentation de 1,2 million par rapport à l'année dernière.
L'effondrement de l'économie, associé à une pénurie alimentaire mondiale imminente due à la guerre en Ukraine, a ajouté un nouveau degré de complexité à la situation. Aujourd’hui, la menace de la famine frappe à la porte de la Syrie, prévient le Pam.

Des années de conflit ont plongé des millions de Syriens dans la pauvreté (Photo, AFP).


Ce mécanisme transfrontalier a été créé en 2014 pour permettre l'acheminement de l'aide humanitaire de l'ONU directement dans les zones syriennes contrôlées par l'opposition. Bien que le droit humanitaire international exige que toutes les livraisons d'aide passent par le gouvernement hôte, le régime du président syrien, Bachar Assad, a fait de l'aide une arme politique et l'a refusée à ses opposants, ce qui a incité le Conseil de sécurité à approuver l'utilisation de quatre points de passage le long de la frontière syrienne: Un depuis la Jordanie, un depuis l'Irak et deux depuis la Turquie.
Jusqu'en décembre 2019, les membres du Conseil de sécurité ont renouvelé le mandat de ces points de passage sans complication. En janvier 2020, cependant, la Russie, membre permanent, a utilisé son droit de veto afin de forcer la fermeture de tous les points de passage, sauf un: Bab al-Hawa.
Si ce dernier point de passage est fermé, car la crainte que cela se produise est réelle, les agences humanitaires affirment qu'elles ne pourront pas nourrir plus de 10% des personnes dans le besoin. En outre, il est pratiquement impossible de trouver une alternative aux opérations d'aide de l'ONU.

Un convoi transportant de l'aide humanitaire entre en Syrie depuis la Turquie par le poste frontalier de Bab al-Hawa, le 18 janvier 2022 (Photo, AFP).


«Le problème est que vous avez des organisations et des institutions qui sont en mode d'urgence depuis 12 ans», a indiqué Jomana Qaddour, cofondatrice de Syria Relief & Development, une organisation humanitaire active dans le nord-ouest de la Syrie.
«La crise syrienne a été si éprouvante  et si écrasante que planifier une réponse humanitaire massive maintenant, sous un parapluie totalement différent avec toutes les adhésions des différents acteurs, du niveau local aux donateurs internationaux, serait vraiment un exploit.»
Selon le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, les conséquences de la guerre en Ukraine sur la sécurité alimentaire sont «systématiques, graves et s'accélèrent». Il a averti que la guerre, combinée à d'autres crises, menace de déclencher une vague sans précédent de faim et de misère, laissant dans son sillage un chaos social et économique.
Déplorant la montée en flèche des prix des denrées alimentaires, le quasi-doublement du coût des engrais et les pénuries de maïs, de blé, de riz et d'autres aliments de base qui en résultent, Guterres a prévenu que si la crise alimentaire de cette année est due à un manque d'accès, «celle de l'année prochaine pourrait être le résultat d’un manque de nourriture».

Un camion transportant des colis d'aide du Programme alimentaire mondial traverse le village de Hazano, dans la campagne nord de la province syrienne d'Idlib sous le contrôle des rebelles, le 16 mai 2022 (Photo, Omar Haj Kadour/AFP).


 

Quelques Chiffres

*90% de la population syrienne vit sous le seuil de pauvreté. 

*14,6 millions de Syriens dépendent de l'aide humanitaire.

Alors que les Nations unies préviennent qu'aucun pays ne sera épargné par les pénuries alimentaires imminentes, en particulier ceux qui sont déjà vulnérables, on ne peut qu'imaginer la gravité dévastatrice de leurs effets sur un pays comme la Syrie, qui subit des conditions similaires depuis douze ans de conflit.
À l'approche du vote du Conseil de sécurité en juillet, des négociations intensives en vue d'une nouvelle résolution visant à étendre le mécanisme transfrontalier se poursuivent à huis clos, sous la houlette de l'Irlande et de la Norvège, selon des sources de la mission irlandaise auprès des Nations unies.

Des activistes de la société civile, des services d'aide et des services médicaux et de secours forment une chaîne humaine le 2 juillet 2021 pour demander la poursuite du passage de l'aide humanitaire dans la région d'Idlib, contrôlée par les rebelles en Syrie (Photo, AFP).


Les deux pays sont les principaux défenseurs des questions humanitaires en Syrie auprès de l’ONU. L'année dernière, à la même époque, leurs ambassadrices auprès des Nations unies, Geraldine Byrne Nason et Mona Juul, ont été vues en train de se précipiter d'une salle des Nations unies à l'autre, pour tenter de rallier les membres du Conseil à une résolution qu'elles avaient rédigée pour autoriser à nouveau l’ouverture de Bab al-Hawa.
Lorsque la Russie et les États-Unis sont parvenus à un compromis sur cette question l'année dernière, le président américain, Joe Biden, a salué une victoire diplomatique. Le vote a eu lieu quelques jours seulement après qu'il ait tenu un sommet avec son homologue russe Vladimir Poutine, au cours duquel la question transfrontalière a été abordée.

Des camps de Syriens déplacés dans le village de Killi, près de Bab al-Hawa à la frontière avec la Turquie, dans la province d'Idlib, le 9 janvier 2021 (Photo, AFP).


Après l'adoption réussie de la résolution 2585 par le Conseil l'année dernière, les deux présidents ont admiré «le travail conjoint de leurs équipes respectives à la suite du sommet États-Unis-Russie qui a conduit au renouvellement unanime de l'aide humanitaire transfrontalière à la Syrie aujourd'hui au Conseil de sécurité».
Les États-Unis ont longtemps affirmé que des progrès dans le processus d'aide ouvriraient la porte à un engagement plus significatif avec la Russie sur certaines questions diplomatiques les plus épineuses concernant la Syrie, telles que la question des détenus et les victimes de disparitions forcées, le retour des réfugiés et les travaux du comité constitutionnel.
Cependant, cette fois-ci, les discussions diplomatiques entre les deux grandes puissances sont pratiquement au point mort depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine en février.
Linda Thomas-Greenfield, l'ambassadrice américaine auprès de l’ONU, a investi sa réputation personnelle dans la recherche d'une prolongation du mandat de Bab al-Hawa. Elle a abordé la question lors de plusieurs réunions qu'elle a organisées lorsque son pays a assuré la présidence du Conseil de sécurité en mai.

Linda Thomas-Greenfield, l'ambassadrice des États-Unis auprès de l'ONU (Photo, fournie).


Elle est également rentrée récemment d'un voyage officiel en Turquie, son deuxième cette année, au cours duquel elle s'est rendue à la frontière syrienne pour évaluer les conséquences potentielles si l'ONU était contrainte de mettre fin à ses livraisons humanitaires à Idlib en juillet. Elle a averti que sans aide, «des bébés mourront».
«Nous n'avons pas oublié la Syrie», a assuré Thomas-Greenfield, qui s'est engagée à faire «tout son possible» pour que le mandat des Nations unies pour la livraison de l’aide transfrontalière se poursuive et soit étendu afin de répondre aux besoins croissants sur le terrain. Elle a indiqué qu'elle tenterait d’entamer des discussions avec les diplomates russes à l'ONU pour maintenir l'acheminement de l’aide.
La mission russe à l'ONU n'a pas immédiatement répondu aux demandes de commentaires, mais Dmitry Polyanskiy, représentant permanent adjoint de Moscou à l'ONU, a récemment offert une vision pessimiste des perspectives de relance de la diplomatie avec Washington, mentionnant les «circonstances géopolitiques actuelles».

Convoi transportant de l'aide humanitaire stationné à la douane en Syrie après avoir traversé la Turquie depuis le poste frontalier de Bab al-Hawa, le 18 janvier 2022 (Photo, AFP).


La Russie affirme que ce mécanisme transfrontalier viole la souveraineté de la Syrie. Avec le soutien de la Chine, Moscou a fait pression pour que toute l'aide soit acheminée par le gouvernement d'Assad et attribue la crise humanitaire dans le pays déchiré par la guerre aux sanctions américaines et européennes contre le régime syrien.
Les détracteurs de la position de la Russie affirment que la priorité de Moscou n'est pas l'assistance transfrontalière et qu'elle cherche à utiliser son droit de veto comme influence pour obtenir un soutien à sa position sur la Syrie. Selon les critiques, les diplomates russes aux Nations unies ont lié le vote sur le mécanisme transfrontalier à des questions sans rapport avec celui-ci, telles que l'allègement des sanctions, les efforts de reconstruction et la lutte contre le terrorisme.
Alors que Guterres, le secrétaire général de l'ONU, a affirmé à plusieurs reprises que les opérations transfrontalières comptaient parmi les mécanismes les plus transparents et les plus contrôlés au monde, la Russie affirme que l'aide qui y transite a bénéficié à des groupes terroristes désignés à Idlib et dans ses environs, tels que Hayat Tahrir al-Cham (Organisation de Libération du Levant).
Washington a déclaré une victoire lorsque le mécanisme transfrontalier a été renouvelé l'année dernière, mais Qaddour, qui en plus de son travail avec Syria Relief & Development est également chercheuse principal au Centre Rafik Hariri et aux programmes du Moyen-Orient au Conseil de l'Atlantique, pense que c'est la Russie qui a le plus profité de cette situation.

Jomana Qaddour (Photo fournie).


Selon elle, il est peu probable que l'extension du poste frontalier de Bab al-Hawa fasse l'objet d'un veto, car il s'agit d'une carte politique utile qui a été jouée à plusieurs reprises et qui le sera à nouveau à l'avenir.
Selon Qaddour, lors de chaque cycle de renouvellement, Moscou a été en mesure d’obtenir diverses concessions de la part de Washington et de ses alliés, telles qu'une résolution de l’ONU approuvant certains projets de redressement rapide qui étaient auparavant subordonnés à un règlement politique plus large, ainsi qu'un assouplissement des sanctions à l'encontre du régime d'Assad.
«Cette confusion sur ce que l'Occident gagne réellement de ces négociations le place, au minimum, en position de faiblesse», a déclaré Qaddour à Arab News. «Et, au maximum, ces négociations entravent la capacité des partenaires, tels que les organisations humanitaires, à continuer à compter sur l'aide de l'ONU.»
La guerre civile syrienne a offert à Poutine l'occasion de réintégrer la Russie en tant qu'acteur puissant dans la région en protégeant son allié et en faisant échouer ce qu'il considère comme une campagne de changement de régime menée par les États-Unis.
«La Syrie a été le théâtre de la résurgence russe», a souligné Qaddour. «Je ne peux pas être optimiste en pensant que ce sera un endroit que la Russie abandonne avec facilité. C'est quelque chose pour lequel la Russie va absolument continuer à se battre et à façonner.»

Des Syriens déplacés protestent contre le régime et son allié la Russie dans un camp de déplacés à Kafr Lusin, près du poste frontalier de Bab al-Hawa avec la Turquie, le 7 septembre 2018 (Photo, AFP).


Cela ne veut pas dire que la Syrie soit sur le point de figurer en tête de l'ordre du jour à Washington, a expliqué Qaddour.
«Est-ce que je me fais des illusions sur le fait que les États-Unis ou l'Occident sont en train de recalculer et de revenir en arrière pour placer la Syrie en tête de leur liste de priorités? Non. Je ne pense pas que quoi que ce soit indique une telle redéfinition des priorités dans le cercle de la politique étrangère américaine. L'Ukraine domine désormais tout», a soutenu Qaddour.
En attendant, même si le corridor d'aide n'est pas fermé, le nord-ouest de la Syrie reste l'une des zones les plus vulnérables du pays. Beaucoup d’analystes s'accordent à dire que le sort ultime du corridor se trouve à des milliers de kilomètres de là, à New York, où les appels à la réforme du Conseil de sécurité se font plus pressants depuis le début de la guerre en Ukraine. Ces réformes qui permettraient d'acheminer l'aide humanitaire aux personnes les plus vulnérables sans craindre qu'elle soit bloquée par le veto d'un membre permanent du Conseil de sécurité.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Un an après la chute d’Assad, les Syriens affichent un fort soutien à al-Chareh

Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
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  • Un sondage révèle un optimisme croissant et un large soutien aux progrès du gouvernement après la chute d’Assad
  • L’Arabie saoudite apparaît comme le pays étranger le plus populaire, Trump reçoit également un soutien marqué

LONDRES : Alors que les Syriens ont célébré cette semaine le premier anniversaire de la chute de Bachar Al-Assad, une enquête menée dans le pays révèle un soutien massif au nouveau président et place l’Arabie saoudite comme principal partenaire international apprécié.

L’ancien président avait fui le pays le 8 décembre 2024, après une offensive éclair de l’opposition jusqu’à Damas, mettant fin à 14 ans de guerre civile.

La campagne était menée par Ahmad al-Chareh, aujourd’hui président du pays, qui s’efforce de stabiliser la Syrie et de rétablir des relations avec ses partenaires internationaux.

Ces efforts ont été salués dans un sondage récemment publié, montrant que 81 % des personnes interrogées ont confiance dans le président et 71 % dans le gouvernement national.

Les institutions clés bénéficient également d’un fort soutien : plus de 70 % pour l’armée et 62 % pour les tribunaux et le système judiciaire.

L’enquête a été menée en octobre et novembre par Arab Barometer, un réseau de recherche américain à but non lucratif.

Plus de 1 200 adultes sélectionnés aléatoirement ont été interrogés en personne à travers le pays sur une large gamme de sujets, notamment la performance du gouvernement, l’économie et la sécurité.

Le large soutien exprimé envers al-Chareh atteint un niveau enviable pour de nombreux gouvernements occidentaux, alors même que la Syrie fait face à de profondes difficultés.

Le coût de la reconstruction dépasse les 200 milliards de dollars selon la Banque mondiale, l’économie est dévastée et le pays connaît encore des épisodes de violence sectaire.

Al-Chareh s’efforce de mettre fin à l’isolement international de la Syrie, cherchant l’appui de pays de la région et obtenant un allègement des sanctions américaines.

Un soutien clé est venu d’Arabie saoudite, qui a offert une aide politique et économique. Le sondage place le Royaume comme le pays étranger le plus populaire, avec 90 % d’opinions favorables.

Le Qatar recueille lui aussi une forte popularité (plus de 80 %), suivi de la Turquie (73 %).

La majorité des personnes interrogées — 66 % — expriment également une opinion favorable envers les États-Unis, saluant la décision du président Donald Trump d’assouplir les sanctions et l’impact attendu sur leur vie quotidienne.

Après sa rencontre avec al-Chareh à Washington le mois dernier, Trump a annoncé une suspension partielle des sanctions, après en avoir déjà assoupli plusieurs volets.

Le sondage montre que 61 % des Syriens ont une opinion positive de Trump — un niveau supérieur à celui observé dans une grande partie du Moyen-Orient.

En revanche, l’enthousiasme est bien moindre concernant les efforts américains pour normaliser les relations entre la Syrie et Israël.

Seuls 14 % soutiennent cette démarche, et à peine 4 % disent avoir une opinion favorable d’Israël.

Lors du chaos provoqué par la chute d’Assad, l’armée israélienne a occupé de nouveaux territoires dans le sud de la Syrie et a mené de fréquentes attaques au cours de l’année écoulée.

Plus de 90 % des Syriens considèrent l’occupation israélienne des territoires palestiniens et les frappes contre l’Iran, le Liban et la Syrie comme des menaces critiques pour leur sécurité.

Dans Foreign Policy, Salma Al-Shami et Michael Robbins (Arab Barometer) écrivent que les résultats de l’enquête donnent des raisons d’être optimiste.

« Nous avons constaté que la population est pleine d’espoir, favorable à la démocratie et ouverte à l’aide étrangère », disent-ils. « Elle approuve et fait confiance à son gouvernement actuel. »

Mais ils notent aussi plusieurs sources d’inquiétude, notamment l’état de l’économie et la sécurité interne.

Le soutien au gouvernement chute nettement dans les régions majoritairement alaouites.

La dynastie Assad, au pouvoir pendant plus de 50 ans, était issue de la minorité alaouite, dont les membres occupaient de nombreux postes clés.

L’économie reste la principale préoccupation : seuls 17 % se disent satisfaits de sa performance, et beaucoup s’inquiètent de l’inflation, du chômage et de la pauvreté.

Quelque 86 % déclarent que leurs revenus ne couvrent pas leurs dépenses, et 65 % affirment avoir eu du mal à acheter de la nourriture le mois précédent.

La sécurité préoccupe aussi : 74 % soutiennent les efforts du gouvernement pour collecter les armes des groupes armés et 63 % considèrent l’enlèvement comme une menace critique.

À l’occasion de l’anniversaire de la chute d’Assad, lundi, al-Chareh a affirmé que le gouvernement œuvrait à construire une Syrie forte, à consolider sa stabilité et à préserver sa souveraineté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël mène une série de frappes contre le Hezbollah au Liban

Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
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  • Israël a frappé vendredi plusieurs sites du Hezbollah au sud et à l’est du Liban, ciblant notamment un camp d’entraînement de sa force d’élite al-Radwan, malgré le cessez-le-feu conclu en novembre 2024
  • Ces raids interviennent alors que l’armée libanaise doit achever le démantèlement des infrastructures militaires du Hezbollah le long de la frontière israélienne d’ici le 31 décembre

BEYROUTH: Israël a mené une série de frappes aériennes contre le sud et l'est du Liban vendredi matin, selon les médias officiels, l'armée israélienne affirmant viser des objectifs du Hezbollah pro-iranien dont un camp d'entrainement.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe islamiste libanais, Israël continue de mener des attaques régulières contre le Hezbollah, l'accusant de se réarmer.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani), les raids de vendredi, qualifiés en partie de "violents", ont visé une dizaine de lieux, certains situés à une trentaine de km de la frontière avec Israël.

Dans un communiqué, l'armée israélienne a affirmé avoir "frappé un complexe d'entrainement" de la force d'élite du Hezbollah, al-Radwan, où des membres de la formation chiite apprenaient "l'utilisation de différents types d'armes", devant servir dans "des attentats terroristes".

L'armée israélienne a également "frappé des infrastructures militaires supplémentaires du Hezbollah dans plusieurs régions du sud du Liban", a-t-elle ajouté.

L'aviation israélienne avait déjà visé certains des mêmes sites en début de semaine.

Ces frappes interviennent alors que l'armée libanaise doit achever le démantèlement le 31 décembre des infrastructures militaires du Hezbollah entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, situé à une trentaine de km plus au nord, conformément à l'accord de cessez-le-feu.

Les zones visées vendredi se trouvent pour la plupart au nord du fleuve.

Le Hezbollah a été très affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe.


Pluies diluviennes et vents puissants ajoutent au chaos qui frappe Gaza

Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes. (AFP)
Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes. (AFP)
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  • A al-Zawaida, dans le centre de la bande de Gaza, des mares forcent les gens à marcher dans l'eau stagnante, qui leur arrive aux chevilles, ou à sauter d'un îlot de sable émergé à un autre
  • Selon un rapport de l'ONU, 761 sites, abritant environ 850.000 déplacés, présentent un risque élevé d'inondation dans la bande de Gaza

GAZA: Pelle à la main, des Palestiniens portant des sandales en plastique et des pulls fins creusent des tranchées autour de leurs tentes dans le quartier de Zeitoun, à Gaza-ville, rempart dérisoire face aux pluies torrentielles qui s'abattent depuis des heures.

Dès mercredi soir, la tempête Byron a balayé le territoire palestinien, bordé par la mer Méditerranée, inondant les campements de fortune et ajoutant à la détresse de la population, déplacée en masse depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, le 7 octobre 2023.

A Zeitoun, le campement planté au milieu des décombres a des allures cauchemardesques, sous un ciel chargé de gros nuages gris et blancs.

Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes.

Accroupis sur des briques posées dans la boue, un groupe d'enfants mangent à même des faitouts en métal devant l'ouverture d'un petit abri en plastique, en regardant le ciel s'abattre sur le quartier.

"Nous ne savions pas où aller" 

A al-Zawaida, dans le centre de la bande de Gaza, des mares forcent les gens à marcher dans l'eau stagnante, qui leur arrive aux chevilles, ou à sauter d'un îlot de sable émergé à un autre.

"La nuit dernière a été terrible pour nous et pour nos enfants à cause des fortes pluies et du froid, les enfants ont été trempés, les couvertures et les matelas aussi. Nous ne savions pas où aller", raconte à l'AFP Souad Mouslim, qui vit sous une tente avec sa famille.

"Donnez-nous une tente décente, des couvertures pour nos enfants, des vêtements à porter, je le jure, ils ont les pieds nus, ils n'ont pas de chaussures", implore-t-elle.

"Jusqu'à quand allons-nous rester comme ça? C'est injuste", dit-elle en élevant la voix pour couvrir le bruit des gouttes frappant la toile.

Selon un rapport de l'ONU, 761 sites, abritant environ 850.000 déplacés, présentent un risque élevé d'inondation dans la bande de Gaza.

Le territoire connait généralement un épisode de fortes pluies en fin d'automne et en hiver, mais la dévastation massive due à la guerre l'a rendu plus vulnérable.

"La situation est désespérée", résume Chourouk Mouslim, une déplacée originaire de Beit Lahia, dans le nord de Gaza, elle aussi sous une tente à al-Zawaida.

"Nous ne pouvons même pas sortir pour allumer un feu" pour cuisiner ou se chauffer, déplore-t-elle, avant d'ajouter qu'elle n'a de toutes les manières ni bois, ni gaz.

Dans ce territoire dont les frontières sont fermées, où l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante selon l'ONU, malgré l'entrée en vigueur d'une trêve le 10 octobre, les pénuries empêchent une population déjà démunie de faire face à ce nouveau problème.

Lointaine reconstruction 

Sous les tentes, les plus chanceux bâchent le sol ou le recouvrent de briques pour empêcher que le sable humide ne détrempe leurs affaires. Dans les zones où le bitume n'a pas été arraché, des bulldozers continuent de déblayer les décombres des bâtiments détruits.

Beaucoup de gens restent debout, à l'entrée des abris, plutôt que de s'asseoir une surface mouillée.

"La tempête a eu un impact grave sur la population, des bâtiments se sont effondrés et une grande partie des infrastructures étant détruite, elles ne permettent plus d'absorber cet important volume de pluie", note Mahmoud Bassal, le porte-parole de la Défense civile de Gaza.

Cette organisation, qui dispense des premiers secours sous l'autorité du Hamas, a affirmé que la tempête avait causé la mort d'une personne, écrasée par un mur ayant cédé. Elle a ajouté que ses équipes étaient intervenues après l'effondrement partiel de trois maisons durant les fortes pluies.

La Défense civile a averti les habitants restés dans des logements partiellement détruits ou fragilisés par les bombardements qu'ils se mettaient en danger.

"Les tentes, c'est inacceptable", estime M. Bassal, "ce qui doit être fourni maintenant, ce sont des abris qu'on peut déplacer, équipés de panneaux solaires, avec deux pièces, une salle de bain et toutes les installations nécessaires pour les habitants. Seulement à ce moment-là, la reconstruction pourra commencer".