Le corridor humanitaire de Bab al-Hawa en Syrie, otage d'un jeu géopolitique

Des années de conflit ont plongé des millions de Syriens dans la pauvreté (Photo, AFP).
Des années de conflit ont plongé des millions de Syriens dans la pauvreté (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 17 juin 2022

Le corridor humanitaire de Bab al-Hawa en Syrie, otage d'un jeu géopolitique

  • L'acheminement de l'aide de l'ONU directement dans les zones contrôlées par l'opposition dépend d'un mécanisme transfrontalier fragile
  • La fermeture de Bab al-Hawa «condamnerait les civils dans le besoin à la mort et à la faim», avertit le président du Conseil de sécurité de l'ONU

NEW YORK: Les quatre millions de personnes du nord-ouest de la Syrie qui dépendent de l'aide internationale pour survivre ne savent pas s'il y aura du pain sur leur table après le 10 juillet. C'est en effet à cette date qu'un mécanisme transfrontalier de l'ONU, de plus en plus fragile, permettant d'acheminer l'aide à la Syrie, doit expirer.
Le renouvellement de ce mécanisme doit faire l'objet d'un vote au Conseil de sécurité des Nations unies le mois prochain, alors que l'on craint que la Russie n'utilise son droit de veto dans le but de fermer le dernier point d'entrée de l'aide en Syrie, facilité par les Nations unies, Bab al-Hawa, à la frontière avec la Turquie.
Ferit Hoxha, représentant permanent de l'Albanie auprès des Nations unies et président du Conseil de sécurité pour le mois de juin, a déclaré à Arab News lors d'une conférence de presse que la fermeture de l'unique poste frontalier équivaudrait à «une condamnation à la mort, à la famine et à la faim pour des millions de personnes».

90% de la population syrienne vit sous le seuil de pauvreté, et de nombreuses familles sont obligées de fouiller dans les décharges pour survivre (Photo, AFP).


Il a ajouté: «J'espère que personne, ni la Russie ni aucun autre pays, ne prendra une telle décision: Condamner des civils dans le besoin à la mort et à la faim.»
Alors que les médias du monde entier ont peut-être cessé de compter le nombre de morts et de blessés dans le conflit syrien, la destruction généralisée des infrastructures civiles et le plus grand nombre de personnes déplacées à l'intérieur du pays dans le monde montrent que la guerre est loin d'être terminée.
La Syrie continue de connaître l'une des pires crises humanitaires au monde, avec 90% de la population vivant sous le seuil de pauvreté. Selon le Programme alimentaire mondial (Pam), 14,6 millions de personnes ont désormais besoin d'une aide humanitaire afin de survivre, soit une augmentation de 1,2 million par rapport à l'année dernière.
L'effondrement de l'économie, associé à une pénurie alimentaire mondiale imminente due à la guerre en Ukraine, a ajouté un nouveau degré de complexité à la situation. Aujourd’hui, la menace de la famine frappe à la porte de la Syrie, prévient le Pam.

Des années de conflit ont plongé des millions de Syriens dans la pauvreté (Photo, AFP).


Ce mécanisme transfrontalier a été créé en 2014 pour permettre l'acheminement de l'aide humanitaire de l'ONU directement dans les zones syriennes contrôlées par l'opposition. Bien que le droit humanitaire international exige que toutes les livraisons d'aide passent par le gouvernement hôte, le régime du président syrien, Bachar Assad, a fait de l'aide une arme politique et l'a refusée à ses opposants, ce qui a incité le Conseil de sécurité à approuver l'utilisation de quatre points de passage le long de la frontière syrienne: Un depuis la Jordanie, un depuis l'Irak et deux depuis la Turquie.
Jusqu'en décembre 2019, les membres du Conseil de sécurité ont renouvelé le mandat de ces points de passage sans complication. En janvier 2020, cependant, la Russie, membre permanent, a utilisé son droit de veto afin de forcer la fermeture de tous les points de passage, sauf un: Bab al-Hawa.
Si ce dernier point de passage est fermé, car la crainte que cela se produise est réelle, les agences humanitaires affirment qu'elles ne pourront pas nourrir plus de 10% des personnes dans le besoin. En outre, il est pratiquement impossible de trouver une alternative aux opérations d'aide de l'ONU.

Un convoi transportant de l'aide humanitaire entre en Syrie depuis la Turquie par le poste frontalier de Bab al-Hawa, le 18 janvier 2022 (Photo, AFP).


«Le problème est que vous avez des organisations et des institutions qui sont en mode d'urgence depuis 12 ans», a indiqué Jomana Qaddour, cofondatrice de Syria Relief & Development, une organisation humanitaire active dans le nord-ouest de la Syrie.
«La crise syrienne a été si éprouvante  et si écrasante que planifier une réponse humanitaire massive maintenant, sous un parapluie totalement différent avec toutes les adhésions des différents acteurs, du niveau local aux donateurs internationaux, serait vraiment un exploit.»
Selon le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, les conséquences de la guerre en Ukraine sur la sécurité alimentaire sont «systématiques, graves et s'accélèrent». Il a averti que la guerre, combinée à d'autres crises, menace de déclencher une vague sans précédent de faim et de misère, laissant dans son sillage un chaos social et économique.
Déplorant la montée en flèche des prix des denrées alimentaires, le quasi-doublement du coût des engrais et les pénuries de maïs, de blé, de riz et d'autres aliments de base qui en résultent, Guterres a prévenu que si la crise alimentaire de cette année est due à un manque d'accès, «celle de l'année prochaine pourrait être le résultat d’un manque de nourriture».

Un camion transportant des colis d'aide du Programme alimentaire mondial traverse le village de Hazano, dans la campagne nord de la province syrienne d'Idlib sous le contrôle des rebelles, le 16 mai 2022 (Photo, Omar Haj Kadour/AFP).


 

Quelques Chiffres

*90% de la population syrienne vit sous le seuil de pauvreté. 

*14,6 millions de Syriens dépendent de l'aide humanitaire.

Alors que les Nations unies préviennent qu'aucun pays ne sera épargné par les pénuries alimentaires imminentes, en particulier ceux qui sont déjà vulnérables, on ne peut qu'imaginer la gravité dévastatrice de leurs effets sur un pays comme la Syrie, qui subit des conditions similaires depuis douze ans de conflit.
À l'approche du vote du Conseil de sécurité en juillet, des négociations intensives en vue d'une nouvelle résolution visant à étendre le mécanisme transfrontalier se poursuivent à huis clos, sous la houlette de l'Irlande et de la Norvège, selon des sources de la mission irlandaise auprès des Nations unies.

Des activistes de la société civile, des services d'aide et des services médicaux et de secours forment une chaîne humaine le 2 juillet 2021 pour demander la poursuite du passage de l'aide humanitaire dans la région d'Idlib, contrôlée par les rebelles en Syrie (Photo, AFP).


Les deux pays sont les principaux défenseurs des questions humanitaires en Syrie auprès de l’ONU. L'année dernière, à la même époque, leurs ambassadrices auprès des Nations unies, Geraldine Byrne Nason et Mona Juul, ont été vues en train de se précipiter d'une salle des Nations unies à l'autre, pour tenter de rallier les membres du Conseil à une résolution qu'elles avaient rédigée pour autoriser à nouveau l’ouverture de Bab al-Hawa.
Lorsque la Russie et les États-Unis sont parvenus à un compromis sur cette question l'année dernière, le président américain, Joe Biden, a salué une victoire diplomatique. Le vote a eu lieu quelques jours seulement après qu'il ait tenu un sommet avec son homologue russe Vladimir Poutine, au cours duquel la question transfrontalière a été abordée.

Des camps de Syriens déplacés dans le village de Killi, près de Bab al-Hawa à la frontière avec la Turquie, dans la province d'Idlib, le 9 janvier 2021 (Photo, AFP).


Après l'adoption réussie de la résolution 2585 par le Conseil l'année dernière, les deux présidents ont admiré «le travail conjoint de leurs équipes respectives à la suite du sommet États-Unis-Russie qui a conduit au renouvellement unanime de l'aide humanitaire transfrontalière à la Syrie aujourd'hui au Conseil de sécurité».
Les États-Unis ont longtemps affirmé que des progrès dans le processus d'aide ouvriraient la porte à un engagement plus significatif avec la Russie sur certaines questions diplomatiques les plus épineuses concernant la Syrie, telles que la question des détenus et les victimes de disparitions forcées, le retour des réfugiés et les travaux du comité constitutionnel.
Cependant, cette fois-ci, les discussions diplomatiques entre les deux grandes puissances sont pratiquement au point mort depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine en février.
Linda Thomas-Greenfield, l'ambassadrice américaine auprès de l’ONU, a investi sa réputation personnelle dans la recherche d'une prolongation du mandat de Bab al-Hawa. Elle a abordé la question lors de plusieurs réunions qu'elle a organisées lorsque son pays a assuré la présidence du Conseil de sécurité en mai.

Linda Thomas-Greenfield, l'ambassadrice des États-Unis auprès de l'ONU (Photo, fournie).


Elle est également rentrée récemment d'un voyage officiel en Turquie, son deuxième cette année, au cours duquel elle s'est rendue à la frontière syrienne pour évaluer les conséquences potentielles si l'ONU était contrainte de mettre fin à ses livraisons humanitaires à Idlib en juillet. Elle a averti que sans aide, «des bébés mourront».
«Nous n'avons pas oublié la Syrie», a assuré Thomas-Greenfield, qui s'est engagée à faire «tout son possible» pour que le mandat des Nations unies pour la livraison de l’aide transfrontalière se poursuive et soit étendu afin de répondre aux besoins croissants sur le terrain. Elle a indiqué qu'elle tenterait d’entamer des discussions avec les diplomates russes à l'ONU pour maintenir l'acheminement de l’aide.
La mission russe à l'ONU n'a pas immédiatement répondu aux demandes de commentaires, mais Dmitry Polyanskiy, représentant permanent adjoint de Moscou à l'ONU, a récemment offert une vision pessimiste des perspectives de relance de la diplomatie avec Washington, mentionnant les «circonstances géopolitiques actuelles».

Convoi transportant de l'aide humanitaire stationné à la douane en Syrie après avoir traversé la Turquie depuis le poste frontalier de Bab al-Hawa, le 18 janvier 2022 (Photo, AFP).


La Russie affirme que ce mécanisme transfrontalier viole la souveraineté de la Syrie. Avec le soutien de la Chine, Moscou a fait pression pour que toute l'aide soit acheminée par le gouvernement d'Assad et attribue la crise humanitaire dans le pays déchiré par la guerre aux sanctions américaines et européennes contre le régime syrien.
Les détracteurs de la position de la Russie affirment que la priorité de Moscou n'est pas l'assistance transfrontalière et qu'elle cherche à utiliser son droit de veto comme influence pour obtenir un soutien à sa position sur la Syrie. Selon les critiques, les diplomates russes aux Nations unies ont lié le vote sur le mécanisme transfrontalier à des questions sans rapport avec celui-ci, telles que l'allègement des sanctions, les efforts de reconstruction et la lutte contre le terrorisme.
Alors que Guterres, le secrétaire général de l'ONU, a affirmé à plusieurs reprises que les opérations transfrontalières comptaient parmi les mécanismes les plus transparents et les plus contrôlés au monde, la Russie affirme que l'aide qui y transite a bénéficié à des groupes terroristes désignés à Idlib et dans ses environs, tels que Hayat Tahrir al-Cham (Organisation de Libération du Levant).
Washington a déclaré une victoire lorsque le mécanisme transfrontalier a été renouvelé l'année dernière, mais Qaddour, qui en plus de son travail avec Syria Relief & Development est également chercheuse principal au Centre Rafik Hariri et aux programmes du Moyen-Orient au Conseil de l'Atlantique, pense que c'est la Russie qui a le plus profité de cette situation.

Jomana Qaddour (Photo fournie).


Selon elle, il est peu probable que l'extension du poste frontalier de Bab al-Hawa fasse l'objet d'un veto, car il s'agit d'une carte politique utile qui a été jouée à plusieurs reprises et qui le sera à nouveau à l'avenir.
Selon Qaddour, lors de chaque cycle de renouvellement, Moscou a été en mesure d’obtenir diverses concessions de la part de Washington et de ses alliés, telles qu'une résolution de l’ONU approuvant certains projets de redressement rapide qui étaient auparavant subordonnés à un règlement politique plus large, ainsi qu'un assouplissement des sanctions à l'encontre du régime d'Assad.
«Cette confusion sur ce que l'Occident gagne réellement de ces négociations le place, au minimum, en position de faiblesse», a déclaré Qaddour à Arab News. «Et, au maximum, ces négociations entravent la capacité des partenaires, tels que les organisations humanitaires, à continuer à compter sur l'aide de l'ONU.»
La guerre civile syrienne a offert à Poutine l'occasion de réintégrer la Russie en tant qu'acteur puissant dans la région en protégeant son allié et en faisant échouer ce qu'il considère comme une campagne de changement de régime menée par les États-Unis.
«La Syrie a été le théâtre de la résurgence russe», a souligné Qaddour. «Je ne peux pas être optimiste en pensant que ce sera un endroit que la Russie abandonne avec facilité. C'est quelque chose pour lequel la Russie va absolument continuer à se battre et à façonner.»

Des Syriens déplacés protestent contre le régime et son allié la Russie dans un camp de déplacés à Kafr Lusin, près du poste frontalier de Bab al-Hawa avec la Turquie, le 7 septembre 2018 (Photo, AFP).


Cela ne veut pas dire que la Syrie soit sur le point de figurer en tête de l'ordre du jour à Washington, a expliqué Qaddour.
«Est-ce que je me fais des illusions sur le fait que les États-Unis ou l'Occident sont en train de recalculer et de revenir en arrière pour placer la Syrie en tête de leur liste de priorités? Non. Je ne pense pas que quoi que ce soit indique une telle redéfinition des priorités dans le cercle de la politique étrangère américaine. L'Ukraine domine désormais tout», a soutenu Qaddour.
En attendant, même si le corridor d'aide n'est pas fermé, le nord-ouest de la Syrie reste l'une des zones les plus vulnérables du pays. Beaucoup d’analystes s'accordent à dire que le sort ultime du corridor se trouve à des milliers de kilomètres de là, à New York, où les appels à la réforme du Conseil de sécurité se font plus pressants depuis le début de la guerre en Ukraine. Ces réformes qui permettraient d'acheminer l'aide humanitaire aux personnes les plus vulnérables sans craindre qu'elle soit bloquée par le veto d'un membre permanent du Conseil de sécurité.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La municipalité de Riyad confirme qu'une seule entreprise est responsable des récents cas d'intoxication alimentaire

La municipalité de Riyad a conclu vendredi qu'un seul établissement alimentaire avait été jugé responsable de la vague d'intoxications alimentaires causées par le clostridium botulinum le 25 avril 2024. (Shutterstock/File Photo)
La municipalité de Riyad a conclu vendredi qu'un seul établissement alimentaire avait été jugé responsable de la vague d'intoxications alimentaires causées par le clostridium botulinum le 25 avril 2024. (Shutterstock/File Photo)
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  • Les autorités ont déclaré que la chaîne de restauration rapide pourrait être condamnée à une amende en raison de l'épidémie qui a entraîné l'hospitalisation de dizaines de personnes
  • Le ministère saoudien de la Santé a déclaré que 75 personnes avaient été touchées par l'épidémie, dont une est décédée

RIYAD : La municipalité de Riyad a confirmé vendredi que les résultats d'une enquête préliminaire menée par les autorités sanitaires suggèrent qu'une seule entreprise est responsable de plusieurs cas d'intoxication alimentaire la semaine dernière, causés par la bactérie Clostridium botulinum, qui ont nécessité l'hospitalisation de dizaines de personnes.

Elle a également confirmé que la chaîne pourrait être condamnée à une amende pour cette épidémie, révélée le 25 avril, et que toutes ses succursales et ses installations de transformation des aliments à Riyad et à Al-Kharj restaient fermées.

Le montant de l'amende sera fixé conformément à la législation en vigueur, sur la base d'une enquête complète et en tenant compte de la gravité des effets de l'incident sur les personnes malades, a ajouté la municipalité.

Elle n'a pas précisé combien de temps les succursales et autres installations de l'entreprise resteraient fermées, mais a indiqué que tous les produits alimentaires qu'elles contenaient seraient détruits et que le processus de nettoyage et de désinfection de tous les bâtiments, outils et machines serait supervisé par des fonctionnaires de la municipalité.

« Nous confirmons la sécurité des produits alimentaires pour les restaurants, les cuisines, les cafés et les traiteurs de la région de Riyad, car aucun cas n'a été enregistré en dehors de la source susmentionnée », a déclaré la municipalité.

La déclaration de vendredi n'a pas nommé la société impliquée, mais Arab News a rapporté la semaine dernière qu'un certain nombre de cas d'intoxication alimentaire semblaient liés à la chaîne de restauration rapide Hamburgini.

La municipalité de Riyad a déclaré que les équipes de surveillance sanitaire avaient pris des mesures rapides pour enquêter et surveiller la situation dès qu'elles ont commencé à recevoir des rapports sur les cas d'intoxication alimentaire.

Le 26 avril, Nawaf Al-Fozan, fondateur et PDG de Hamburgini, a partagé une vidéo sur la page Instagram de la chaîne qui confirme son implication dans l'épidémie.

Dans un communiqué distinct publié vendredi, le ministère saoudien de la Santé a également déclaré que tous les cas d'intoxication alimentaire étaient liés à la même source.

Le ministère de la Santé a déclaré que 75 personnes avaient été touchées par l'épidémie, et qu’un décès avait enregistré, et qu'aucun nouveau cas n'avait été signalé au cours des cinq derniers jours.

« Le nombre total de cas recensés s'élève à 75, dont 69 ressortissants saoudiens et 6 non saoudiens », a déclaré le porte-parole du ministère, le Dr Mohammed Al-Abd Al-Aly, dans un communiqué diffusé sur le réseau social X vendredi.

Le communiqué précise que 50 des cas ont été diagnostiqués comme étant causés par la bactérie Clostridium botulinum. Le ministère a expliqué que 43 patients avaient complètement récupéré et étaient sortis de l'hôpital, que 11 étaient actuellement en cours de traitement et que 20 cas étaient étroitement surveillés dans des unités de soins intensifs (USI).

« Le ministère continue de suivre de près les cas hospitalisés et de leur fournir les soins nécessaires, tout en leur souhaitant un prompt rétablissement », indique le communiqué. Il a souligné « l'importance de se fier aux sources officielles pour les instructions et les informations, et de ne pas répandre de rumeurs et de fausses informations ».

 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com

 


Les événements de la Semaine de l'environnement mettent en lumière le rôle de leader de l'Arabie saoudite

Des experts et des défenseurs participent à une table ronde à l'occasion de la Semaine de l'environnement à Riyad. (Photo UNCCD)
Des experts et des défenseurs participent à une table ronde à l'occasion de la Semaine de l'environnement à Riyad. (Photo UNCCD)
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  • Riyad accueille une série de discussions sur les défis posés par la sécheresse, la désertification et la dégradation des sols
  • Les pratiques agricoles non durables, le surpâturage, la déforestation et l'érosion des sols contribuent à la désertification

RIYAD : La région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord est connue pour son climat chaud et sec et ses faibles ressources en eau. Les conditions climatiques difficiles sont un facteur contribuant au fléau permanent de la région que sont la sécheresse, la désertification et la dégradation des sols.

Ces problèmes entraînent des déséquilibres dans les différents écosystèmes, qui nuisent particulièrement au secteur agricole et imposent des difficultés économiques aux populations locales. L'importance croissante de ce problème régional a incité l'Arabie saoudite à organiser des discussions régulières.

Cette semaine, la Semaine de l'environnement a été l'occasion de faire le point sur les défis à relever et les progrès accomplis jusqu'à présent. Les événements organisés pendant la Semaine de l'environnement ont mis en lumière le rôle de chef de file de l'Arabie saoudite en matière de préservation de l'environnement et de développement durable.

Des experts et des défenseurs participent à une table ronde à l'occasion de la Semaine de l'environnement à Riyad. (Photo UNCCD)
La désertification, processus par lequel des terres fertiles se transforment en déserts arides, est un défi important auquel sont confrontés les pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord. (Shutterstock)

Les écologistes ont eu l'occasion d'échanger sur une série de sujets, l'accent étant naturellement mis sur la sécheresse, la désertification et la dégradation des sols. A cette occasion, Arab News a interviewé Ibrahim Thiaw, secrétaire exécutif de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification à Riyad.

« Il est devenu extrêmement difficile pour l'humanité de faire face à la fréquence des défis », a-t-il déclaré. « L'Arabie saoudite joue évidemment un rôle très important. Il ne s'agit pas d'une petite économie, c'est pourquoi la demande de soutien de la part de l'Arabie saoudite augmente également ».

Ibrahim Thiaw, secrétaire exécutif de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification
Ibrahim Thiaw, secrétaire exécutif de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (fourni)

Thiaw a évoqué certaines des conséquences de la dégradation des sols et de la sécheresse, telles que l'augmentation des migrations irrégulières. « On assistera probablement à une concurrence accrue pour les terres et l'eau, et donc à une augmentation des conflits », a-t-il déclaré.

La sécheresse, un problème majeur dans de nombreux pays du Moyen-Orient, a mis les ressources en eau sous pression, parallèlement à la hausse des températures. Les réserves d'eau de surface et d'eau souterraine diminuent en raison de la baisse des précipitations et de l'augmentation des taux d'évaporation.

Une photo montre le lit asséché de la rivière al-Kalal dans la ville de Badrah, près de la frontière iranienne, le 28 août 2023. La sécheresse en Irak reflète une baisse du niveau des cours d'eau en raison du manque de pluie et de la diminution des flux provenant des pays voisins en amont, l'Iran et la Turquie. (AFP)
Une photo montre le lit asséché de la rivière al-Kalal dans la ville de Badrah, près de la frontière iranienne, le 28 août 2023. La sécheresse en Irak reflète une baisse du niveau des cours d'eau en raison du manque de pluie et de la diminution des flux provenant des pays voisins en amont, l'Iran et la Turquie. (AFP)

En conséquence, les rivières et les lacs s'assèchent et les pénuries d'eau sont devenues un grave problème. De plus, pour de multiples raisons environnementales, dont la sécheresse, la région connaît de fréquentes tempêtes de sable.

« Il y a environ 50 pays qui sont des sources de tempêtes de poussière, mais il y a 150 pays qui sont touchés par ce phénomène. C'est donc devenu un problème mondial », a déclaré Thiaw, en parlant de l'impact des tempêtes de poussière d'un pays sur un autre.

« On peut citer un pays pour mettre en lumière les tempêtes de poussière, mais il s'agit d'un phénomène mondial auquel nous devons tous nous attaquer. Pour ce faire, il faut des traités mondiaux tels que la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification, qui compte actuellement 197 parties. Il s'agit donc d'une institution universelle qui organise un sommet, une réunion, tous les deux ans ».

« La prochaine réunion se tiendra ici à Riyad en décembre 2024, où les 197 pays se réuniront au niveau des chefs d'État, des ministres et des experts, des communautés et ONG ainsi que des organisations de la société civile, pour discuter justement de cela, à savoir des conséquences de la dégradation des terres et de la sécheresse sur la vie et les moyens de subsistance des communautés. »

En outre, les experts soulignent que la sécheresse et la désertification s'influencent mutuellement.

La désertification, processus par lequel des terres fertiles se transforment en déserts arides, est un autre défi important auquel sont confrontés les pays du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord. Les pratiques agricoles non durables, le surpâturage, la déforestation et l'érosion des sols sont autant de facteurs qui contribuent au problème.

Par conséquent, les terres arables disparaissent et la production alimentaire diminue, ce qui aggrave le problème de l'insécurité alimentaire. Selon Thaiaw, la désertification entraîne également le déplacement de communautés, les populations étant forcées de migrer à la recherche de zones plus hospitalières.

À l'occasion de la Semaine de l'environnement à Riyad, Elizabeth Mrema, directrice exécutive adjointe du Programme des Nations unies pour l'environnement, a donné son point de vue sur la crise de la désertification à Arab News.

Elizabeth Mrema, directrice exécutive adjointe du Programme des Nations unies pour l'environnement. (Fourni)
Elizabeth Mrema, directrice exécutive adjointe du Programme des Nations unies pour l'environnement. (Fourni)

« En ce qui concerne l'Arabie saoudite, le pays a clairement perçu l'impact de la désertification et en a fait une priorité pour cette année. Je dis « cette année » parce que, lors de l'Assemblée des Nations unies pour l'environnement qui s'est tenue fin février, l'Arabie saoudite a pris la tête d'une initiative visant à lutter contre la dégradation. Cette initiative a été adoptée, et ce au niveau mondial », a expliqué Mrema.

« En outre, le mois prochain, le 5 juin, ce pays accueillera la Journée mondiale de l'environnement.

Cette journée est célébrée chaque année. Elle est mondiale car elle a été adoptée par l'Assemblée générale des Nations unies. Cette année, c'est l'Arabie saoudite qui l'accueille ».

« Cette année, l'Arabie saoudite accueillera la conférence des Nations unies sur la lutte contre la désertification. Elle se déroulera ici sur le thème « Notre terre, notre avenir », qui met à nouveau l'accent sur la terre.

En outre, la combinaison de la sécheresse et de la désertification dans une même région entraîne une dégradation des terres, ce qui aggrave encore la crise environnementale au Moyen-Orient. L'érosion des sols, la salinisation et l'épuisement des nutriments du sol sont quelques-uns des résultats de la dégradation des sols.

Alors que la productivité agricole diminue dans le monde entier, les agriculteurs sont confrontés à des défis majeurs pour assurer leur subsistance, sans compter que les problèmes environnementaux augmentent la vulnérabilité des écosystèmes, ce qui entraîne également une perte de biodiversité et un déséquilibre des écosystèmes.

« L'Arabie saoudite montre au monde qu'il s'agit d'un problème mondial.  Les initiatives prises par le gouvernement ces dernières années témoignent de son engagement à traiter ces questions », a souligné Mme Mrema.

La Journée de l'initiative verte saoudienne reflète la vision de l'Arabie saoudite et sa volonté de promouvoir une culture de la durabilité (SPA).
La Journée de l'initiative verte saoudienne reflète la vision de l'Arabie saoudite et sa volonté de promouvoir une culture de la durabilité (SPA).

« Je me penche sur la Vision 2030 saoudienne, sur les stratégies environnementales de 2018, sur l'Initiative verte saoudienne. Je me réfère à l'Initiative verte pour le Moyen-Orient, qui s'engage à atteindre un niveau régional pour planter 50 milliards d'arbres, dont 10 que l'Arabie saoudite s'est engagée à planter dans ce pays. Il ne s'agit pas de s'engager verbalement, mais de mettre en place une institution pour s'assurer que cela se produise ».

Pour relever les trois défis de la sécheresse, de la désertification et de la dégradation des sols au Moyen-Orient, il faut adopter une approche à multiples facettes. Thiaw et Mrema sont d'avis que les gouvernements, les organisations internationales et les communautés locales doivent collaborer pour mettre en œuvre des stratégies de gestion durable de l'eau, promouvoir des technologies d'irrigation efficaces et investir dans les sources d'énergie renouvelables.

En outre, les efforts de reboisement et la protection des habitats naturels peuvent contribuer à réduire la désertification et la dégradation des sols.

La sensibilisation à l'importance des pratiques d'utilisation durable des terres et le soutien aux communautés touchées constituent une étape importante vers des solutions à long terme pour la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord et pour le monde entier.

En résumé, les pays du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord souffrent des effets de l'intensification de la sécheresse, de la désertification et de la dégradation des sols. Une action urgente est nécessaire pour inverser cette tendance et assurer la durabilité environnementale de la région.

En adoptant des méthodes durables, en investissant dans la gestion de l'eau et en promouvant des actions de conservation, les populations de la région seront en mesure de réduire la gravité de ces défis et de s'assurer un avenir plus stable.

 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com

 


Gaza: des groupes armés ont dérobé 66 millions d'euros à la Banque de Palestine, selon Le Monde

Des employés palestiniens font la queue devant un distributeur de billets à l'extérieur de la Banque de Palestine alors qu'ils attendent de retirer leur salaire, dans la ville de Gaza, le 9 avril 2018. (Photo de Mahmud Hams / AFP)
Des employés palestiniens font la queue devant un distributeur de billets à l'extérieur de la Banque de Palestine alors qu'ils attendent de retirer leur salaire, dans la ville de Gaza, le 9 avril 2018. (Photo de Mahmud Hams / AFP)
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  • Le 16 avril, des employés «ont constaté qu'un trou avait été foré dans le plafond de la salle des coffres», explique le journal, précisant que «les malfaiteurs ont mis la main sur des cassettes de distributeurs de billets
  • Le Monde décrit en outre les difficultés, en raison de la guerre, pour la Banque de Palestine de mettre à l'abri ses liquidités et pour les Gazaouis de se procurer de l'argent liquide

PARIS : Des groupes armés palestiniens, dont l'un se revendiquant du groupe islamiste Hamas, ont dérobé le mois dernier un total de 66 millions d'euros dans les coffres de plusieurs agences bancaires de Gaza, rapporte samedi Le Monde.

Le quotidien français a eu accès à un document transmis par la Banque de Palestine «à certains partenaires internationaux» qui décrit des casses spectaculaires dont celui survenu dans sa principale agence dans la ville de Gaza.

Le 16 avril, des employés «ont constaté qu'un trou avait été foré dans le plafond de la salle des coffres», explique le journal, précisant que «les malfaiteurs ont mis la main sur des cassettes de distributeurs de billets, contenant l'équivalent de 2,8 millions d'euros en shekels israéliens».

Le Monde poursuit: «Dès le lendemain matin, le 17 avril, +des groupes armés+ munis d'explosifs se sont de nouveau rendus dans le bâtiment» pour faire sauter le caisson de ciment coulé la veille pour protéger l'argent et ont ouvert trois coffres, «emportant l'équivalent de 29 millions d'euros en différentes devises».

Le 18 avril, c'est la seconde agence, la plus importante du centre-ville, qui a été assaillie par un «commando» d'hommes se réclamant «des plus hautes autorités à Gaza», une formule qui désigne le Hamas, rappelle le journal, et est reparti «avec l'équivalent de 33,6 millions d’euros en shekels israéliens».

Par ailleurs, l'armée israélienne a de son côté saisi dans l'enclave «une importante somme d'argent appartenant à l'institution», selon les informations du Monde. Le quotidien cite aussi des médias israéliens, qui «avaient rapporté en février que le montant confisqué se chiffrait à plusieurs dizaines de millions de dollars et que l'opération visait à éviter que le Hamas ne mette la main sur cette somme».

Le Monde décrit en outre les difficultés, en raison de la guerre, pour la Banque de Palestine de mettre à l'abri ses liquidités et pour les Gazaouis de se procurer de l'argent liquide.

«Seuls deux distributeurs de billets fonctionnent encore, à Rafah et à Deir Al-Balah (Sud), lorsqu'ils sont alimentés en électricité», souligne le journal.

Enfin, «selon des témoignages de Gazaouis, corroborés par des enregistrements de caméras de surveillance, des hommes armés et masqués rançonnent les clients devant les distributeurs, exigeant un pourcentage de leurs retraits», explique le journal.