Face à la menace russe, un vibrant appel à interdire les armes nucléaires

Forte de sa puissance atomique, la Russie mène une offensive potentiellement "beaucoup plus dangereuse". (Photo, AFP)
Forte de sa puissance atomique, la Russie mène une offensive potentiellement "beaucoup plus dangereuse". (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 21 juin 2022

Face à la menace russe, un vibrant appel à interdire les armes nucléaires

  • Pour la première fois depuis son entrée en vigueur début 2021, diplomates, militants et experts se retrouvent de mardi à jeudi pour donner vie à ce texte ratifié à ce jour par 62 Etats
  • Les pays de l'Otan vantent les vertus de protection de leur arsenal, mais «en réalité, leurs armes se sont révélées inutiles pour empêcher l'agression russe contre l'Ukraine»

VIENNE : Suechi Kido avait cinq ans quand les Américains larguèrent une bombe atomique sur Nagasaki. Depuis, il plaide inlassablement pour l'abolition des armes nucléaires, inscrite dans un nouveau traité dont les protagonistes se réunissent cette semaine à Vienne.

Pour la première fois depuis son entrée en vigueur début 2021, diplomates, militants et experts se retrouvent de mardi à jeudi pour donner vie à ce texte ratifié à ce jour par 62 Etats (sur 86 signataires), en pleine menace russe.

"C'est la première fois qu'une rencontre sur le désarmement se tient dans un contexte aussi belliqueux", commente Jean-Marie Collin, porte-parole en France de la Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires (ICAN).

"Ne rien faire, c'est courir à la catastrophe. On ne peut pas se reposer simplement sur la croyance que cela n'arrivera jamais", souligne l'expert, interrogé par l'AFP.

«Coup de semonce»

Devant ce risque sans précédent depuis la fin de la Guerre froide, faut-il augmenter l'arsenal mondial après 35 ans de déclin? Le contexte actuel pousse "beaucoup de puissances à repenser leurs propres stratégies atomiques", selon un récent rapport du Sipri.

"Le danger existe d'un retour à la situation des années 1950-60, avec davantage d'acteurs", s'inquiète le diplomate autrichien Alexander Kmentt, qui préside la conférence.

Lui veut au contraire voir dans le conflit "un coup de semonce pour s'éloigner du paradigme de la dissuasion nucléaire, qui est précaire et risqué".

Les références explicites de Vladimir Poutine à l'usage de la bombe atomique "montrent la fragilité d'un tel système", estime dans un entretien à l'AFP ce spécialiste du désarmement, l'un des architectes du traité international interdisant les armes nucléaires (TIAN).

Les pays de l'Otan vantent les vertus de protection de leur arsenal, mais "en réalité, leurs armes se sont révélées inutiles pour empêcher l'agression russe contre l'Ukraine", abonde Daryl Kimball, directeur de l'Arms Control Association, qui s'exprimait lundi lors d'une conférence d'experts à Vienne.

Tandis que, forte de sa puissance atomique, la Russie mène une offensive potentiellement "beaucoup plus dangereuse", avertit-il.

Et de citer des simulations de l'université américaine Princeton, selon lesquelles une escalade nucléaire entre l'Otan et Moscou pourrait "faire près de 100 millions de victimes uniquement dans les premières heures" du conflit.

«Mal absolu»

Eliminer complètement, de manière irréversible et vérifiable les armes nucléaires: voilà le but ultime des signataires du TIAN, qui "introduit des sujets novateurs comme la prise en compte des victimes, y compris des essais nucléaires", précise M. Collin.

Se voulant "complémentaire" du Traité de non-prolifération (TNP), vieux d'un demi-siècle, ce nouveau document doit aussi fixer une échéance aux puissances nucléaires qui y adhéreraient.

Bémol de taille, aucun des neuf pays détenteurs de l'arme suprême (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni, Inde, Pakistan, Israël et Corée du Nord) n'a pour l'heure accepté de le signer, ni même de participer à la réunion en tant qu'observateurs.

Dans une tribune publiée la semaine dernière par le quotidien Le Monde, un collectif de 56 parlementaires français et eurodéputés ont appelé Paris à ne pas laisser son siège vide face aux "gesticulations" du maître du Kremlin. De son côté, le ministère des Affaires étrangères craint que le traité ne "fragilise le TNP, pierre angulaire du régime de non-prolifération".

"Nous devons convaincre ces Etats mais cela prendra du temps", reconnaît M. Kmentt. "Nous ne ferons pas disparaître les armes nucléaires d'un coup de baguette magique".

En revanche, quatre membres de l'Otan ont envoyé des représentants, se félicite l'ICAN, lauréate en 2017 du prix Nobel de la paix pour son rôle dans l'élaboration de ce traité: l'Allemagne, la Norvège, la Belgique et les Pays-Bas. L'Australie, qui bénéficie du parapluie nucléaire américain, est également présente.

Le Japon, allié indéfectible de Washington, a exclu pour l'instant de rejoindre le processus bien qu'étant le seul pays frappé à ce jour par le feu nucléaire.

"Pourquoi ce refus?", a regretté M. Kido, 82 ans, à la tribune lundi, devant une salle où avaient pris place les maires des villes martyres de Nagasaki et Hiroshima.

C'est "l'arme du mal absolu", qui anéantit les vivants dans un souffle et ne laisse pas vivre en paix les rescapés, a fustigé cet "hibakusha" (survivant en japonais).


Réunion sur Gaza vendredi à Miami entre Etats-Unis, Qatar, Egypte et Turquie

L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
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  • Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump
  • Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale

WSAHINGTON: L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain.

Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

Le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur en octobre entre Israël et le Hamas, demeure précaire, les deux camps s'accusant mutuellement d'en violer les termes, tandis que la situation humanitaire dans le territoire reste critique.

Le président américain n'en a pas moins affirmé mercredi, dans une allocution de fin d'année, qu'il avait établi la paix au Moyen-Orient "pour la première fois depuis 3.000 ans."

La Turquie sera représentée à la réunion par le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan.

Dans un discours, le président turc Recep Tayyip Erdogan a quant à lui affirmé que son pays se tenait "fermement aux côtés des Palestiniens".

 

 


Zelensky dit que l'Ukraine a besoin d'une décision sur l'utilisation des avoirs russes avant la fin de l'année

ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année
  • "Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord

BRUXELLES: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année, lors d'une conférence de presse à Bruxelles en marge d'un sommet des dirigeants de l'UE sur le sujet.

"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord sur l'utilisation de ces avoirs pour financer l'Ukraine. En l'absence d'accord, Kiev sera à court d'argent dès le premier trimestre 2026.

 

 


Trump impose des restrictions d'entrée à sept autres pays et aux Palestiniens

Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
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  • Donald Trump élargit les interdictions d’entrée aux États-Unis à sept pays supplémentaires, dont la Syrie, et inclut les Palestiniens munis de documents de l’Autorité palestinienne
  • La Maison Blanche invoque la sécurité nationale, tout en prévoyant des exceptions limitées, dans le cadre d’un durcissement général de la politique migratoire

WASHINGTON: Donald Trump a étendu mardi les interdictions d'entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays, dont la Syrie, ainsi qu'aux Palestiniens.

Le président américain a signé une proclamation "restreignant et limitant davantage l'entrée des ressortissants étrangers afin de protéger la sécurité des Etats-Unis", a indiqué la Maison Blanche.

Les nouveaux pays concernés par cette mesure sont le Burkina Faso, le Niger, le Mali, le Soudan du Sud et la Syrie, tandis que le Laos et la Sierra Leone passent de restrictions partielles à totales.

Les Palestiniens disposant de documents de voyage émis par l'Autorité palestinienne sont également visés.

L'administration Trump avait déjà imposé des restrictions totales visant les ressortissants de douze pays et des dizaines d'autres pays se sont vus imposer des restrictions partielles.

S'agissant de la Syrie, la mesure intervient quelques jours après une attaque meurtrière contre des soldats américains dans le centre de ce pays.

L'administration Trump dit avoir identifié des pays où les vérifications sont "tellement insuffisantes qu'elles justifiaient une suspension totale ou partielle de l'admission des ressortissants de ces pays".

La proclamation prévoit cependant des exceptions pour les résidents permanents légaux, les titulaires de visas existants, certaines catégories de visas comme les athlètes et les diplomates, et les personnes dont "l'entrée sert les intérêts nationaux des Etats-Unis".

Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump mène une vaste campagne contre l'immigration illégale et a considérablement durci les conditions d'entrée aux Etats-Unis et l'octroi de visas, arguant de la protection de la sécurité nationale.

Ces mesures visent ainsi à interdire l'entrée sur le territoire américain aux étrangers qui "ont l'intention de menacer" les Américains, selon la Maison Blanche.

De même, pour les étrangers qui "pourraient nuire à la culture, au gouvernement, aux institutions ou aux principes fondateurs" des Etats-Unis.

Le président américain s'en est récemment pris avec virulence aux Somaliens, disant qu'il "ne voulait pas d'eux chez nous".

En juin, il avait annoncé des interdictions d'entrée sur le territoire américain aux ressortissants de douze pays, principalement en Afrique et au Moyen-Orient (Afghanistan, Birmanie, Tchad, Congo-Brazzaville, Guinée équatoriale, Erythrée, Haïti, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Yémen).

En revanche, le Turkménistan, pays qui figure parmi les plus reclus au monde, se voit accorder un satisfécit, la Maison Blanche évoquant mardi des "progrès significatifs" dans cet Etat d'Asie centrale.

Du coup, les ressortissants de ce pays pourront à nouveau obtenir des visas américains, mais uniquement en tant que non-immigrants.

Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump s'en était pris de façon similaire à certains pays, ciblant principalement des pays musulmans.