Olaf Scholz, hôte fragilisé du sommet du G7

L'Allemagne accueillera le sommet du G7 à l'hôtel Castle Elmau du 26 au 28 juin 2022. (Photo : Christof STACHE / AFP)
L'Allemagne accueillera le sommet du G7 à l'hôtel Castle Elmau du 26 au 28 juin 2022. (Photo : Christof STACHE / AFP)
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Publié le Vendredi 24 juin 2022

Olaf Scholz, hôte fragilisé du sommet du G7

  • L'austère chancelier, surnommé «Scholzomat» en Allemagne pour ses discours débités sur un ton monocorde, va ainsi devoir se faire violence à Elmau, pour son premier G7
  • Sur le fond, ce sommet revêt aussi une importance majeure pour Olaf Scholz, pressé de dissiper malentendus et critiques sur son positionnement à l'égard de Moscou et Kiev

BERLIN : Décrié en Allemagne comme à l'étranger pour son soutien jugé timide à la cause ukrainienne, Olaf Scholz s'apprête à accueillir fragilisé et sous pression dimanche son premier sommet du G7, au pied des Alpes.

Le cadre enchanteur du château d'Elmau, complexe 5 étoiles ultra-sécurisé situé dans le sud de l'Allemagne, promet de belles images des sept dirigeants, malgré un contexte alarmant, de l'invasion russe à la crise alimentaire, en passant par le péril climatique.

Il y a sept ans déjà, Angela Merkel avait choisi ce décor de carte postale et entraîné Barack Obama pour une excursion bucolique dans un village. Une photo de la chancelière, les bras grands ouverts, face à un président américain nonchalamment assis sur un banc, sur fond de cimes alpines, avait fait le tour du monde.

La barre est donc placée haut pour M. Scholz, qui goûte peu les mises en scène et dont le porte-parole, Steffen Hebenstreit, a renoncé à "essayer de faire du chancelier un Barack Obama en termes de communication".

Cartable élimé

Dernier exemple en date: le déplacement très attendu en Ukraine, le 17 juin, avec le président français, Emmanuel Macron, et le chef du gouvernement italien, Mario Draghi. Vêtu d'une chemisette sombre, le chancelier ne s'est pas séparé à Kiev de son vieux cartable élimé qu'il utilise depuis des décennies.

L'austère chancelier, surnommé "Scholzomat" en Allemagne pour ses discours débités sur un ton monocorde, va ainsi devoir se faire violence à Elmau, pour son premier G7.

"Ce n'est pas un homme politique qui attache de l'importance aux apparences mais il sait bien sûr que les images et les messages du sommet de 2022 feront le tour du monde", explique à l'AFP la politologue Ursula Münch.

Britta Ernst, épouse de M. Scholz et élue régionale très discrète dans les médias nationaux, va elle aussi devoir s'exposer, avec le traditionnel rendez-vous des premières dames.

Sur le fond, ce sommet revêt aussi une importance majeure pour Olaf Scholz, pressé de dissiper malentendus et critiques sur son positionnement à l'égard de Moscou et Kiev.

Le déplacement à Kiev a contribué à briser la glace entre Allemands et Ukrainiens, qui attendent un engagement plus prononcé de Berlin à soutenir leur cause.

M. Scholz a ainsi invité Volodymyr Zelensky, peu avare de critiques ces derniers mois, à intervenir en visioconférence devant le G7.

Le fiasco de Hambourg

Soucieux de réussir "son" sommet, le chancelier entend montrer, a-t-il expliqué mercredi au Bundestag, que "dans la plus grande crise de sécurité que l'Europe ait connue depuis des décennies, l'Allemagne, en tant que pays économiquement le plus fort et le plus peuplé de l'UE, assume une responsabilité particulière".

Le dirigeant de 64 ans dispose ainsi d'une "énorme opportunité" de dissiper les doutes sur ses compétences et sa détermination face à Vladimir Poutine, estime Joachim Trebbe, professeur de communication politique à l'Université libre de Berlin. "C'est là que se créent les symboles d'unité, de stratégie commune et de leadership fort", souligne-t-il.

Le sommet d'Elmau a ainsi une dimension politique interne pour M. Scholz dans une Allemagne qu'inquiètent l'inflation et la dépendance énergétique à l'égard de Moscou. Sa popularité est en chute, loin derrière celle de ses ministres écologistes Annalena Baerbock (Affaires étrangères) et Robert Habeck (Climat).

Après plusieurs scrutins régionaux perdus, malgré l'implication personnelle de M. Scholz, son parti social-démocrate, le SPD, est tombé sous la barre des 20%, derrière les conservateurs, pourtant convalescents après la longue ère Merkel, et les Verts.

Enfin, ultime enjeu pour l'ancien maire de Hambourg: faire oublier le désastreux sommet du G20 organisé en 2017 dans la cité hanséatique, émaillé de violentes manifestations en plein centre-ville.

Critiqué pour son manque d'anticipation et le choix malheureux de réunir les chefs de l'Etat en milieu urbain, à proximité d'un quartier alternatif, M. Scholz, étrillé par la presse allemande, avait dû s'excuser platement.

Le château d'Elmau est bien plus facilement sécurisable. Des milliers de policiers de toute l'Allemagne seront toutefois mobilisés pour éviter tout débordement, notamment lors d'une manifestation d'opposants samedi à Munich.

G7, Otan, deux sommets pour maintenir l'unité face à la Russie

"Maintenir le cap" face à Moscou: les dirigeants occidentaux vont serrer les rangs lors de sommets cruciaux du G7 puis de l'Otan, alors que la guerre en Ukraine s'installe dans la durée, risquant de mettre à l'épreuve leur unité.

Les leaders des grandes puissances, dont le président américain Joe Biden, ont rendez-vous à partir de dimanche dans les Alpes bavaroises, pour la réunion annuelle du club des sept pays industrialisés (G7) comprenant Allemagne, Canada, France, Italie, Japon, Royaume-Uni et Etats-Unis.

La poursuite du soutien à l'Ukraine, quatre mois après le début de l'offensive russe, sera au coeur de cette réunion puis du sommet de l'Otan, qui se tiendra sur deux jours, à Madrid, à partir du 28 juin.

Le chancelier Olaf Scholz, hôte du G7, l'a rappelé cette semaine: le soutien à l'Ukraine va demander "de la persévérance" car "nous sommes encore loin" de négociations de paix entre Kiev et Moscou.

"L'agression de la Russie a fait prendre conscience aux sept pays qu'ils ont besoin les uns des autres", observe Stefan Meister, chercheur à l'institut de recherche allemand DGAP. A plus forte raison alors qu'inflation ou menaces de crises énergétique et alimentaire testent la résistance de la communauté internationale.

La guerre en Ukraine pourrait durer "des années", a mis en garde le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg.

Alliance dépoussiérée

Les dirigeants pourraient discuter de l'appel lancé cette semaine par Olaf Scholz en faveur d'un "Plan Marshall" pour la reconstruction de l'Ukraine, projet de longue haleine qui coûtera des "milliards" et impliquera "plusieurs générations".

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky devrait demander plus d'armes et de pression sur la Russie lors d'un entretien par visioconférence lundi avec les sept leaders, réunis dans le décor verdoyant du Château d'Elmau, au pied des montagnes.

Il s'exprimera également devant les 30 pays membres de l'Otan, dernière étape d'une intense séquence diplomatique qui a commencé jeudi par un sommet des dirigeants européens à Bruxelles, où l'Ukraine a obtenu le statut de candidat à l'UE.

L'Alliance atlantique doit notamment dévoiler ses plans pour protéger son flanc oriental, proche de la Russie.

Ce renforcement défensif s'accompagnera d'un nouveau "concept stratégique" - la première révision de la feuille de route de l'alliance en dix ans - qui devrait durcir sa position à l'égard de la Russie et mentionner pour la première fois les défis posés par la Chine.

Le blocage par Ankara des candidatures de la Suède et la Finlande jette une ombre sur la démonstration attendue d'unité entre les alliés.

Recul sur le climat ?

Pour "maintenir fermement le cap" face à la Russie, il ne faut pas faiblir sur les sanctions économiques, ni sur le soutien militaire et financier à Kiev, martèle Olaf Scholz, pourtant critiqué pour sa lenteur à livrer des armes lourdes à l'Ukraine.

Après plusieurs salves de sanctions, "nous sommes à la limite, notamment sur les sanctions énergétiques", qui ont "un coût élevé pour le G7 et l'économie mondiale", souligne toutefois Stefan Meister.

Berlin accuse Moscou d'avoir drastiquement baissé ses livraisons de gaz pour déclencher une crise énergétique en Europe avant un hiver qui s'annonce tendu. Et l'envolée des prix des denrées alimentaires affecte de nombreuses régions.

Dans ce contexte, la participation au G7 de l'Indonésie, l'Inde, le Sénégal, l'Afrique du Sud et l'Argentine envoie un message important.

"Un enjeu crucial consiste à convaincre de nombreux pays non occidentaux, qui sont sceptiques à l'égard des sanctions, que l'Occident tient compte de leurs préoccupations", note Thorsten Brenner, directeur du Global Public Policy Institute.

L'Inde, le Sénégal et l'Afrique du Sud se sont abstenus lors du vote d'une résolution de l'ONU condamnant l'invasion de l'Ukraine par la Russie.

Ces économies émergentes sont particulièrement exposées au risque de pénuries alimentaires et à la crise climatique, deux urgences également au menu d'une grande manifestation prévue samedi à Munich à l'appel d'ONG internationales.

"Je suis très préoccupé par un éventuel retour en arrière de l'engagement du G7 à mettre fin au financement international des combustibles fossiles", dans un contexte de pénurie de gaz russe, avertit Christoph Bals, directeur politique de l'ONG Germanwatch.

Les crises alimentaire, de la dette et climatique ont "les mêmes racines: notre dépendance aux combustibles fossiles", fait valoir Laurence Tubiana, une des architectes de l'Accord de Paris, appelant le G7 à "planifier leur élimination complète".


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
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  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Frappes ukrainiennes sur les raffineries et forte demande: en Russie, l'essence devient chère

Début septembre, le prix de la tonne d'AI-95, l'un des carburants sans-plomb les plus populaires en Russie, s'est envolé pour atteindre plus de 82.000 roubles (environ 826 euros), tutoyant des records, selon les données de la bourse de Saint-Pétersbourg. (AFP)
Début septembre, le prix de la tonne d'AI-95, l'un des carburants sans-plomb les plus populaires en Russie, s'est envolé pour atteindre plus de 82.000 roubles (environ 826 euros), tutoyant des records, selon les données de la bourse de Saint-Pétersbourg. (AFP)
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  • Mercredi, le média Izvestia évoquait des "interruptions d'approvisionnement" dans "plus de dix régions" de Russie, l'un des principaux producteurs de pétrole au monde
  • A Moscou, vitrine de la Russie, pas de pénurie mais une hausse qui a propulsé le litre de sans-plomb 95 à plus de 66 roubles (0,67 euro)

MOSCOU: "Doucement mais sûrement": Oleg fait le plein d'essence à Moscou et vitupère contre la hausse des prix nourrie par une demande accrue et les frappes ukrainiennes contre les infrastructures pétrolières, secteur clé de l'économie russe que les Occidentaux veulent sanctionner.

"Tout le monde l'a remarqué", tonne Oleg, retraité de 62 ans: les prix des carburants vont crescendo à la pompe. Au 1er septembre, l'essence au détail coûtait 6,7% de plus que fin 2024, selon Rosstat, l'agence nationale des statistiques.

Ce renchérissement s'inscrit dans un contexte de hausse générale des prix, avec une inflation annuelle qui a été de 8,14% en août, à l'heure où la Russie intensifie l'offensive qu'elle a lancée en 2022 en Ukraine.

Début septembre, le prix de la tonne d'AI-95, l'un des carburants sans-plomb les plus populaires en Russie, s'est envolé pour atteindre plus de 82.000 roubles (environ 826 euros), tutoyant des records, selon les données de la bourse de Saint-Pétersbourg.

Et depuis le début de l'été, les réseaux sociaux sont saturés de vidéos montrant des files d'attente devant les stations-service de l'Extrême-Orient russe, en Crimée - région que la Russie a annexée au détriment de Kiev en 2014 -, et dans certaines régions du sud proches de l'Ukraine, pour cause de pénurie.

Mercredi, le média Izvestia évoquait des "interruptions d'approvisionnement" dans "plus de dix régions" de Russie, l'un des principaux producteurs de pétrole au monde.

Raffineries frappées 

A Moscou, vitrine de la Russie, pas de pénurie mais une hausse qui a propulsé le litre de sans-plomb 95 à plus de 66 roubles (0,67 euro). Ce prix, qui reste bien inférieur à ceux affichés dans de nombreux pays européens, surprend le consommateur russe, habitué à ne pas payer cher l'essence et au revenu moyen moindre.

Artiom, un Moscovite qui ne souhaite pas donner son nom de famille, observe cette augmentation "depuis le début de l'année". "Pour des personnes ordinaires, 300 ou 400 roubles en plus par plein (3 à 4 euros, ndlr), cela commence à être sensible", dit-il.

Sur le site Gazeta.ru, Igor Iouchkov, analyste au Fonds national de sécurité énergétique, met en avant l'augmentation d'"environ 16%" du droit d'accise (impôt indirect) depuis le 1er janvier et la baisse de subsides versés aux compagnies pétrolières.

Car, comme l'explique à l'AFP Sergueï Teriochkine, expert en questions énergétiques, "plus les subventions sont faibles, plus la rentabilité est faible", ce qui pousse les pétroliers à "répercuter" ces pertes sur les prix au détail.

La demande a, elle, été dopée par les départs en vacances et les engins agricoles.

Restent - surtout - les frappes contre les raffineries et dépôts de pétrole que l'Ukraine a multipliées afin de toucher Moscou au portefeuille et d'entraver sa capacité à financer son offensive.

"Les frappes ont ciblé de grandes raffineries dans la partie européenne de la Russie", notamment dans les régions de Samara, Riazan, Volgograd et Rostov, énumère Alexandre Kots, journaliste russe spécialiste des questions militaires, sur Telegram.

"Ce n'est rien!" 

L'une de ces attaques, à la mi-août, a touché la raffinerie de Syzran, dans la région de Samara, selon l'état-major ukrainien. Le complexe se trouve à plus de 800 km de la frontière ukrainienne. Il est présenté par Kiev comme le "plus important du système Rosneft", géant russe des hydrocarbures.

Moscou n'a pas quantifié l'impact de ces frappes, mais dans le journal Kommersant, l'analyste Maxime Diatchenko parle d'une baisse de la production "de près de 10%" depuis le début de l'année.

"C'est rien!", assure Alexandre, un homme d'affaires moscovite, après avoir rempli le réservoir de sa berline allemande. "Une frappe, deux frappes, trois frappes, ça n'est rien pour le marché en général ou pour les prix".

"Le pays a besoin d'argent. L'augmentation du prix de l'essence, c'est une façon d'augmenter le revenu de l'Etat", estime de son côté Vladimir, un Moscovite de 50 ans.

Pour tenter de stabiliser la situation, Moscou a prolongé une interdiction d'"exporter de l’essence pour les automobiles" jusque fin octobre.

La Russie reste par ailleurs un exportateur majeur de pétrole brut, des exportations que les Occidentaux entendent étouffer pour tarir une des principales sources de financement de l'offensive russe en Ukraine, pays qui compte l'Union européenne comme principale alliée.