Ukraine : un mois après, terreur et fierté pour les femmes des combattants d'Azovstal

Des semaines durant, ils ont fasciné le monde entier: terrés sous l'aciérie de Marioupol (Sud), les militaires ukrainiens d'Azovstal ont résisté au pilonnage russe (Photo, AFP).
Des semaines durant, ils ont fasciné le monde entier: terrés sous l'aciérie de Marioupol (Sud), les militaires ukrainiens d'Azovstal ont résisté au pilonnage russe (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 30 juin 2022

Ukraine : un mois après, terreur et fierté pour les femmes des combattants d'Azovstal

  • D'après Moscou, 2 439 combattants ukrainiens ont été faits prisonniers à Azovstal
  • Malgré les incessantes frappes russes et alors que vivres et munitions manquaient, ils ont continué à se battre pendant des semaines

PARIS: Des semaines durant, ils ont fasciné le monde entier: terrés sous l'aciérie de Marioupol (Sud), les militaires ukrainiens d'Azovstal ont résisté au pilonnage russe.

Mais un mois après leur reddition, leurs proches sont sans nouvelles. Ne reste de ce combat homérique qu'un silence terrifiant mâtiné de fierté.

Sont-ils morts ou vivants ? Torturés ? Sont-ils considérés comme des combattants "néonazis", un qualificatif utilisé par Moscou pour désigner les combattants appartenant au bataillon Azov, ou bien comme des prisonniers de guerre, ce qui leur garantirait un meilleur traitement ?

Rencontrées par l'AFP à Paris et Kiev, une épouse, une petite amie, une mère et une sœur de ces soldats d'Azovstal racontent l'insoutenable attente depuis le 20 mai, quand leur commandant Denys Prokopenko, un large pansement au bras droit et le gauche tuméfié, a confirmé que "le commandement militaire supérieur (avait) donné l'ordre de sauver les vies des militaires de notre garnison et d'arrêter de défendre la ville".

La reddition avait démarré plusieurs jours auparavant. Mais lui est resté jusqu'au bout.

A sa femme Kateryna, Denys Prokopenko explique en privé que "tout se passera bien" et qu'ils se "reverront bientôt", se souvient cette dernière, qui de son côté refuse de passer pour une "pleurnicheuse" et lui répond qu'il est "comme un héros de Marvel, mais en vrai".

Serguiï Volynski, un autre gradé d'Azovstal, envoie, lui, à ses proches "un dernier texto indiquant qu'il n'y aurait plus de communication", narre depuis Kiev sa sœur Tatiana Kharko, 32 ans.

«Pas un mot»

Depuis lors, "pas un mot, absolument rien, je ne sais pas où il est, s'il est nourri, s'il est torturé", s'effraie-t-elle. "Il y a des informations dans les médias russes selon lesquelles certains ont été transférés à Moscou, d'autres ailleurs en Russie".

"Je ne lui ai pas parlé depuis un mois. J'attends juste qu'il m'appelle. Ça me rend tellement nerveuse", acquiesce Kateryna Prokopenko.

Si 95 "défenseurs d’Azovstal", tous "gravement blessés" selon elle, ont été échangés contre des prisonniers russes - une annonce faite mercredi par Kiev - rien ne filtre sur le destin des autres.

Andriy Yermak, un proche du président ukrainien Volodymyr Zelensky, a récemment déclaré "ne pas savoir dans quelles conditions (ces militaires)sont détenus". "Mais nous sommes sûrs qu'ils sont vivants."

D'après Moscou, 2 439 combattants ukrainiens ont été faits prisonniers à Azovstal, gigantesque aciérie où ils se sont réfugiés après avoir été chassées des autres quartiers de Marioupol.

Malgré les incessantes frappes russes et alors que vivres et munitions manquaient, ils ont continué à se battre pendant des semaines. Gagnant un immense respect en Ukraine et à l'étranger, à force de vidéos tournées dans les souterrains bombardés, mêlant courage et patriotisme.

"Mon frère s'est adressé au pape en disant : +Vous avez dû voir beaucoup de choses dans cette vie, mais je suis sûr que vous n'avez jamais vu ce qui se passe à Marioupol, parce que c'est à cela que ressemble l'enfer+", se remémore Tatiana Kharko.

Une médiatisation qu'a dû peu goûter la Russie, Moscou ayant désigné le régiment Azov, en charge d'Azovstal, comme une unité néonazie, ce que démentent formellement les interlocutrices de l'AFP.

La république autoproclamée de Donetsk, une entité prorusse combattant depuis 2014 pour faire sécession de l'Ukraine, le qualifie de son côté d'"organisation terroriste" aux "crimes" passibles de "la peine capitale", selon son "ministre de la Justice" Iouri Sirovatko.

«Théâtre»

Début juin, cette autorité séparatiste a condamné à mort pour mercenariat deux Britanniques et un Marocain faits prisonniers en Ukraine.

Du "théâtre" pour Kateryna Prokopenko, qui accuse la Russie de vouloir  "négocier" avec l'Occident via ce "chantage diplomatique". Rapporté aux combattants d'Azovstal, l'épouse du commandant espère que la justice "ennemie" traitera son mari "avec honneur" parce que c'est "un vrai soldat".

"Je n'y crois qu'à 1%, poursuit-elle. Mais ce un pour cent me fait me sentir mieux."

Alla Samoïlenko, mère d'Illia, un combattant dont l'anglais parfait et la prothèse noire terminée par un crochet noir --vestige d'un bras arraché au combat en 2017-- sont apparus dans de nombreux médias occidentaux, confie être restée "calme" quand son fils était au sous-sol du complexe sidérurgique.

"Illia me donnait sa position, ses opinions. Je sentais que je devais lui fait confiance", raconte-t-elle. Mais depuis sa capture, "j'ai cessé de dormir".

Daria Tsykunova, la petite amie d'Illia, a, elle, rejoint une association de femmes et filles des combattants d'Azovstal. "J'ai compris que nos voix pouvaient les aider."

Kateryna Prokopenko, Alla Samoïlenko et Daria Tsykunova étaient la semaine dernière à Paris, invitées à l'avant-première d'un documentaire sur l'Ukraine. Toutes trois portaient un t-shirt marqué "Free Azovstal defenders" (Libérez les défenseurs d'Azovstal).

Ces femmes des "héros" d'Azovstal essaient de faire libérer leurs hommes par la seule force de leur voix. "Nous avons besoin que le monde continue à regarder dans leur direction, résume Daria Tsykunova. Nous devons les sauver."


Inde: les pilotes rejettent les premières conclusions sur l'accident du vol 171 d'Air India

Dans un premier rapport publié samedi, le Bureau indien d'enquête sur les accidents aériens (AAIB) a révélé que l'alimentation en kérosène des deux réacteurs de l'avion avait été interrompue juste après son décollage d'Ahmedabad.  Cette coupure des interrupteurs a causé une brusque perte de puissance des deux moteurs de l'avion, qui est tombé sur des bâtiments proches de l'aéroport en causant 260 morts. (AFP)
Dans un premier rapport publié samedi, le Bureau indien d'enquête sur les accidents aériens (AAIB) a révélé que l'alimentation en kérosène des deux réacteurs de l'avion avait été interrompue juste après son décollage d'Ahmedabad. Cette coupure des interrupteurs a causé une brusque perte de puissance des deux moteurs de l'avion, qui est tombé sur des bâtiments proches de l'aéroport en causant 260 morts. (AFP)
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  • L'enregistreur des conversations du cockpit a indiqué que l'un des pilotes avait demandé à l'autre "pourquoi il a coupé l'alimentation en carburant" et que ce dernier avait répondu "qu'il ne l'a pas fait", a toutefois précisé l'AAIB
  • Les enquêteurs n'ont pas publié la retranscription exacte de leur dialogue

NEW DELHI: Deux associations de pilotes de ligne indiens ont vivement rejeté les résultats préliminaires de l'enquête sur l'accident du Boeing 787 d'Air India le 12 juin dans le nord-est de l'Inde, qui suggèrent la possibilité d'une erreur humaine.

Dans un premier rapport publié samedi, le Bureau indien d'enquête sur les accidents aériens (AAIB) a révélé que l'alimentation en kérosène des deux réacteurs de l'avion avait été interrompue juste après son décollage d'Ahmedabad.

Cette coupure des interrupteurs a causé une brusque perte de puissance des deux moteurs de l'avion, qui est tombé sur des bâtiments proches de l'aéroport en causant 260 morts.

Le document de l'AAIB ne tire pour l'heure aucune conclusion ni ne pointe aucune responsabilité .

L'enregistreur des conversations du cockpit a indiqué que l'un des pilotes avait demandé à l'autre "pourquoi il a coupé l'alimentation en carburant" et que ce dernier avait répondu "qu'il ne l'a pas fait", a toutefois précisé l'AAIB.

Les enquêteurs n'ont pas publié la retranscription exacte de leur dialogue.

"Nous avons le sentiment que l'enquête suit une piste qui présume la responsabilité des pilotes et nous nous y opposons fermement", a réagi l'Association des pilotes de ligne indiens (ALPA).

L'ALPA, qui revendique 800 membres, a regretté le "secret" qui entoure l'enquête et regretté de ne pas y être associée en tant qu'"observatrice".

Une autre organisation, l'Association des pilotes commerciaux indiens (ICPA), s'est pour sa part déclarée "très perturbée par ces spéculations (...) notamment celles qui insinuent de façon infondée l'idée du suicide d'un pilote".

"Une telle hypothèse n'a aucune base en l'état actuel de l'enquête", a poursuivi l'ICPA en réaction aux propos d'experts suggérant que la catastrophe pourrait être le fruit du suicide d'un pilote.

La catastrophe aérienne, la plus meurtrière depuis 2014 dans le monde, a causé la mort de 241 passagers et membres d'équipage du Boeing 787, ainsi que 19 autres personnes au sol.

Un passager a miraculeusement survécu.

 


Russie: le suicide apparent d'un ministre sème la peur au sein de l'élite

Roman Starovoït avait été gouverneur de la région russe de Koursk, frontalière de l'Ukraine, avant d'être promu ministre à Moscou en mai 2024, trois mois avant que les troupes ukrainiennes ne prennent le contrôle d'une petite partie de ce territoire lors d'une offensive surprise. Une attaque qui avait été un revers pour le Kremlin. (AFP)
Roman Starovoït avait été gouverneur de la région russe de Koursk, frontalière de l'Ukraine, avant d'être promu ministre à Moscou en mai 2024, trois mois avant que les troupes ukrainiennes ne prennent le contrôle d'une petite partie de ce territoire lors d'une offensive surprise. Une attaque qui avait été un revers pour le Kremlin. (AFP)
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  • Si les circonstances de la mort de Roman Starovoït, âgé de 53 ans, restent floues, les médias russes ont évoqué une enquête pour corruption le visant, assurant qu'il devait être arrêté prochainement
  • Limogé par le président Vladimir Poutine, il s'est probablement donné la mort, selon les premiers résultats de l'enquête, qui est en cours

SAINT-PETERSBOURG: Le suicide probable du ministre russe des Transports, Roman Starovoït, annoncé peu après son limogeage lundi par Vladimir Poutine sur fond d'allégations de corruption, a profondément choqué l'élite politique, où chacun redoute de faire les frais de la chasse aux profiteurs.

Ses funérailles ont eu lieu vendredi dans un cimetière de Saint-Pétersbourg en présence de sa famille et de collègues, mais en l'absence de M. Poutine qui n'a pas non plus participé à la cérémonie d'adieu jeudi.

Si les circonstances de la mort de Roman Starovoït, âgé de 53 ans, restent floues, les médias russes ont évoqué une enquête pour corruption le visant, assurant qu'il devait être arrêté prochainement.

Limogé par le président Vladimir Poutine, il s'est probablement donné la mort, selon les premiers résultats de l'enquête, qui est en cours.

"C'est une grande perte pour nous, très inattendue. Nous sommes tous choqués", a déclaré à l'AFP Vassilissa, 42 ans, l'épouse d'un collègue de M. Starovoït, lors de la cérémonie de jeudi.

"Il était tellement actif, joyeux, il aimait énormément la vie. Je ne comprends pas comment cela a pu arriver", ajoute cette femme, les larmes aux yeux.

Après avoir déposé devant le cercueil de grands bouquets de roses rouges, des anciens collègues de M. Starovoït, en costumes sombres, sont repartis très vite dans leurs luxueuses voitures noires.

Dans une ambiance très lourde rappelant les funérailles dans le film culte "Le Parrain" de Francis Ford Coppola, d'autres personnes interrogées par les journalistes de l'AFP dans la foule ont refusé de parler.

"Bouc émissaire" 

Roman Starovoït avait été gouverneur de la région russe de Koursk, frontalière de l'Ukraine, avant d'être promu ministre à Moscou en mai 2024, trois mois avant que les troupes ukrainiennes ne prennent le contrôle d'une petite partie de ce territoire lors d'une offensive surprise. Une attaque qui avait été un revers pour le Kremlin.

Son successeur à la tête de cette région, Alexeï Smirnov, a lui été arrêté au printemps pour le détournement des fonds destinés à renforcer les fortifications à la frontière. Celle-là même que les Ukrainiens ont traversé facilement, pour n'être repoussés que neuf mois plus tard.

Les autorités "ont essayé de faire de lui (Roman Starovoït) un bouc émissaire", accuse auprès de l'AFP Andreï Pertsev, analyste du média indépendant Meduza, reconnu "indésirable" et interdit en Russie.

L'incursion ukrainienne "s'est principalement produite parce qu'il n'y avait pas assez de soldats pour protéger la frontière", mais c'était "plus facile de rejeter la faute sur un responsable civil", explique-t-il.

L'affaire Starovoït s'inscrit dans une vague récente de répression visant de hauts responsables soupçonnés de s'être enrichis illégalement pendant l'offensive russe en Ukraine. Et selon des analystes, si les scandales de corruption on toujours existé en Russie, la campagne militaire a changé les règles du jeu politique.

"Il existait des règles auparavant, selon lesquelles les gens savaient: une fois qu'ils montaient suffisamment haut, on ne les embêtait plus", estime M. Pertsev. "Mais elles ne fonctionnent plus."

"On ne vole pas" 

Alors que Vladimir Poutine promettait régulièrement de s'attaquer à la corruption - étant lui même accusé de s'être enrichi illégalement par ses détracteurs -, les rares arrestations médiatisées ont été davantage utilisées pour cibler des opposants ou résultaient de luttes internes entre les échelons inférieurs du pouvoir en Russie.

Depuis l'offensive en Ukraine lancée en février 2022, "quelque chose dans le système a commencé à fonctionner de manière complètement différente", souligne la politologue Tatiana Stanovaïa du Centre Carnegie Russie Eurasie, interdit en Russie en tant qu'organisation "indésirable".

"Toute action ou inaction qui, aux yeux des autorités, accroît la vulnérabilité de l'État face aux actions hostiles de l'ennemi doit être punie sans pitié et sans compromis", estime Mme Stanovaïa en définissant la nouvelle approche du pouvoir.

Pour le Kremlin, la campagne en Ukraine est une "guerre sainte" qui a réécrit les règles, confirme Nina Khrouchtcheva, professeure à The New School, une université de New York, et arrière-petite-fille du dirigeant soviétique Nikita Khrouchtchev.

"Pendant une guerre sainte, on ne vole pas (...) on se serre la ceinture et on travaille 24 heures sur 24", résume-t-elle.

Signe des temps, plusieurs généraux et responsables de la Défense ont été arrêtés pour des affaires de détournement de fonds ces dernières années. Début juillet, l'ancien vice-ministre de la Défense Timour Ivanov a été condamné à 13 ans de prison.

Cette ambiance, selon Mme Stanovaïa, a créé un "sentiment de désespoir" au sein de l'élite politique à Moscou, qui est peu susceptible de s'atténuer.

"À l'avenir, le système sera prêt à sacrifier des figures de plus en plus en vue," avertit-elle.

 


Un trafic de stupéfiants démantelé entre Espagne et France, 13 arrestations

reize personnes, dont le "donneur d'ordres" présumé, ont été arrêtées par des policiers qui ont démantelé un "important" trafic de drogues importées d'Espagne pour alimenter la région Auvergne-Rhône-Alpes, au terme d'une enquête de près de deux ans, a annoncé vendredi la police. (AFP)
reize personnes, dont le "donneur d'ordres" présumé, ont été arrêtées par des policiers qui ont démantelé un "important" trafic de drogues importées d'Espagne pour alimenter la région Auvergne-Rhône-Alpes, au terme d'une enquête de près de deux ans, a annoncé vendredi la police. (AFP)
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  • 2,4 tonnes de résine de cannabis ont été saisies par les enquêteurs de Office anti-stupéfiants (OFAST) de la police judiciaire de Lyon, qui ont mené ces opérations
  • Dans cette première phase, les 11 suspects ont été mis en examen et sont, depuis, en détention provisoire, selon la DIPN

LYON: Treize personnes, dont le "donneur d'ordres" présumé, ont été arrêtées par des policiers qui ont démantelé un "important" trafic de drogues importées d'Espagne pour alimenter la région Auvergne-Rhône-Alpes, au terme d'une enquête de près de deux ans, a annoncé vendredi la police.

Onze suspects ont été interpellés entre décembre 2023 et juillet 2024, notamment grâce à l'interception par les policiers de deux poids-lourds et d'un convoi de voitures "entre la région lyonnaise et le Gard", "au moment où les stupéfiants étaient remis à des équipes locales", explique la Direction interdépartementale de la police (DIPN) du Rhône dans un communiqué.

Dans le même laps de temps, 2,4 tonnes de résine de cannabis ont été saisies par les enquêteurs de Office anti-stupéfiants (OFAST) de la police judiciaire de Lyon, qui ont mené ces opérations.

Dans cette première phase, les 11 suspects ont été mis en examen et sont, depuis, en détention provisoire, selon la DIPN.

Puis l'enquête a permis l'interpellation, le 30 juin dernier, d'un homme "soupçonné d'être le donneur d'ordres" et, le lendemain, d'un autre suspect, "fugitif condamné en 2016" à sept ans de prison pour trafic de stupéfiants. A son domicile dans l'Ain, "54 kg de cocaïne et plusieurs dizaines de milliers d'euros" ont été saisis, précise le communiqué qui n'en dit pas plus sur le profil de ces hommes. Ils ont été mis en examen le 4 juillet et placés en détention provisoire.

La police considère ainsi avoir réussi le "démantèlement de ce groupe criminel organisé (...) réalisant des importations de stupéfiants depuis l'Espagne vers la région Auvergne-Rhône-Alpes" pour des "quantités importantes".