Pour Washington, un tir israélien non-intentionnel a «vraisemblablement» tué la journaliste Abu Akleh

Shireen Abu Akleh, journaliste d'Al-Jazeera, lors d'un de ses reportages à Jérusalem (Photo, AFP).
Shireen Abu Akleh, journaliste d'Al-Jazeera, lors d'un de ses reportages à Jérusalem (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 05 juillet 2022

Pour Washington, un tir israélien non-intentionnel a «vraisemblablement» tué la journaliste Abu Akleh

Shireen Abu Akleh, journaliste d'Al-Jazeera, lors d'un de ses reportages à Jérusalem. (Dossier/AFP)
  • «Les Etats-Unis (...) continuent d'encourager la coopération entre Israël et l'Autorité palestinienne dans cette affaire importante», a declaré le porte-parole de la diplomatie américaine, Ned Price
  • Israël continue d'affirmer qu'il est impossible de connaître l'origine exacte du tir, israélienne ou palestinienne, et continue d'exclure en tout état de cause un tir délibéré

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont jugé lundi que la journaliste américano-palestinienne Shireen Abu Akleh avait "vraisemblablement" été tuée par un tir provenant d'une position israélienne, sans raison de croire que sa mort ait été intentionnelle.

Les experts américains, à qui l'Autorité palestinienne avait confié la balle ayant tué la correspondante vedette d'Al-Jazeera alors qu'elle couvrait le 11 mai une opération militaire israélienne à Jénine, en Cisjordanie occupée, n'ont toutefois pas pu atteindre de conclusion définitive quant à l'origine du projectile, précise le porte-parole du département d'Etat, Ned Price, dans un communiqué.

Ces conclusions ont immédiatement donné lieu à des réactions contrastées: l'Etat hébreu a insisté sur le fait qu'il avait lui-même mené un examen de la fameuse balle, en présence de responsables sécuritaires américains, alors même que l'Autorité palestinienne s'était toujours refusée à lui confier la balle, tandis que le ministre palestinien des Affaires civiles, Hussein al-Sheikh, a dénoncé sur Twitter une tentative de "cacher la vérité".

Le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, a appelé à une enquête internationale et accusé les Etats-Unis d'être "complices" de la mort de la journaliste.

Le Premier ministre israélien Yaïr Lapid a lui regretté dans un communiqué la mort "tragique" de Mme Abu Akleh et a indiqué que l'enquête de l'Etat hébreu avait conclu qu'"il n'y avait eu aucune intention de lui nuire".

Tir israélien, selon l'ONU

La mort de cette journaliste très appréciée et reconnue d'Al Jazeera a secoué le Proche-Orient.

Equipée d'un gilet pare-balles clairement marqué de la mention "presse" et d'un casque, elle avait été victime d'un tir à la tête et un autre journaliste avait été blessé par balle alors qu'ils s'étaient rendus aux abords du camp de réfugiés de Jénine, bastion des factions armées palestiniennes où les forces israéliennes menaient ce jour-là un raid.

Tant l'Autorité palestinienne qu'Al-Jazeera, ainsi que le pays finançant la chaîne, le Qatar, ont immédiatement accusé l'armée israélienne de l'avoir tuée.

Israël n'a cessé de rejeter ces accusations, affirmant qu'il est impossible de connaître l'origine exacte du tir, israélienne ou palestinienne, et continue d'exclure en tout état de cause un tir délibéré.

Le Haut-commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme a quant à lui conclu le 24 juin à une responsabilité de l'armée israélienne tout en excluant, à l'instar des Etats-Unis, un tir délibéré, une enquête néanmoins rejetée comme "sans fondement" par le ministre israélien de la Défense Benny Gantz.

Famille «atterrée»

De son côté, la famille de la journaliste s'est dite "atterrée" de l'absence de conclusion formelle quant à l'origine du tir, dans un communiqué partagé sur Twitter.

"Nous continuerons de réclamer justice pour Shireen et que soient tenus pour responsables l'armée et le gouvernement israéliens, en dépit des tentatives de masquer la réalité de ce qui s'est passé le 11 mai", ont-ils écrit.

Les autorités palestiniennes avaient toujours refusé de remettre le projectile fatal à l'armée israélienne et l'avait finalement confié aux Américains dans l'espoir d'une expertise indépendante.

Mais l'armée israélienne a dit lundi avoir elle-même mené un "examen balistique" du projectile – de calibre 5,56 mm et tiré par un fusil semi-automatique Ruger Mini-14, selon le procureur palestinien – en présence de "responsables sécuritaires américains".

Dans son communiqué, le département d'Etat américain indique simplement que l'"analyse scientifique extrêmement détaillée" a été menée par des experts "indépendants et d'une tierce partie, dans le cadre d'un processus supervisé" par les Etats-Unis.

Un responsable palestinien avait indiqué dimanche à l'AFP, sous le couvert de l'anonymat, que la possibilité qu'Israël examine la balle confiée aux Etats-Unis soulevait des questions quant à savoir si l'on pouvait "faire confiance aux Américains".

Pour le reste de leur analyse, les autorités américaines disent avoir eu ces dernières semaines un "plein accès" aux enquêtes des forces israéliennes et de l'Autorité palestinienne.

"Les Etats-Unis (...) continuent d'encourager la coopération entre Israël et l'Autorité palestinienne dans cette affaire importante" et "exhortent à ce que des comptes soient rendus" en la matière, a ajouté Ned Price.

Ces derniers développements interviennent moins de dix jours avant une visite du président américain Joe Biden en Israël et en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, dans le cadre de sa première tournée au Moyen-Orient depuis son accession à la Maison Blanche.


Le Liban assure ne pas vouloir de guerre avec Israël, après de premières discussions directes

Le Premier ministre Nawaf Salam a souligné la nécessité d'une force internationale pour soutenir l'armée lorsque la FINUL mettra fin à son mandat dans le sud du Liban. (Fourni)
Le Premier ministre Nawaf Salam a souligné la nécessité d'une force internationale pour soutenir l'armée lorsque la FINUL mettra fin à son mandat dans le sud du Liban. (Fourni)
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  • Le Liban, par la voix du président Joseph Aoun, réaffirme qu’il ne veut pas d’une nouvelle guerre avec Israël et mise sur la diplomatie pour faire cesser les frappes israéliennes dans le sud du pays
  • Le Hezbollah soutient l’approche diplomatique de Beyrouth mais critique l’inclusion d’un civil libanais dans le comité de surveillance du cessez-le-feu

BEYROUTH: Le Liban ne veut pas d'une nouvelle guerre avec Israël, a assuré vendredi son président, Joseph Aoun, deux jours après de premières discussions directes, depuis plusieurs décennies, entre des représentants des deux pays.

Le Hezbollah pro-iranien a de son côté assuré soutenir l'approche diplomatique de Beyrouth "pour faire cesser l'agression" israélienne. Mais il a  qualifié d'"erreur" l'inclusion, pour la première fois, d'un civil libanais dans le comité de surveillance du cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à sa dernière guerre avec Israël.

Alors qu'Israël a multiplié ces dernières semaines ses frappes aériennes au Liban, disant viser le Hezbollah, des responsables civils libanais et israélien ont participé mercredi à une réunion de cet organisme, une rencontre inédite depuis plusieurs décennies entre les deux pays, toujours en état de guerre.

Israël justifie ses frappes en accusant le Hezbollah de se réarmer en violation du cessez-le-feu, ce que le mouvement chiite dément.

Beyrouth pour sa part accuse régulièrement Israël de violer la trêve en poursuivant ses raids et en maintenant une présence militaire dans cinq positions dans le sud du Liban.

Les Libanais "ne veulent pas d'une nouvelle guerre, ils ont assez souffert et il n'y aura pas de retour en arrière", a déclaré M. Aoun à une délégation du Conseil de sécurité de l'ONU en visite dans son pays, selon un communiqué de la présidence.

- "Sous les bombes" -

Auprès de ses interlocuteurs, il "a insisté sur la nécessité de faire pression sur la partie israélienne pour mettre en oeuvre le cessez-le-feu et son retrait" du sud du Liban.

Mettant en avant "l'engagement de la partie libanaise à appliquer les résolutions internationales", il a aussi appelé la communauté internationale à "soutenir l'armée libanaise dans sa mission" de désarmement du Hezbollah.

Beyrouth a choisi "la diplomatie pour faire cesser l'agression israélienne" et "nous soutenons cette approche", a de son côté déclaré le chef du Hezbollah, Naïm Qassem dans une allocution télévisée.

Le groupe invoque notamment le maintien par Israël de cinq postes dans le sud du Liban pour s'opposer à son désarmement, pour la mise en oeuvre duquel les Etats-Unis et Israël exercent une forte pression sur Beyrouth.

Arrivée de Damas, la délégation des 15 diplomates onusiens doit rencontrer plusieurs responsables libanais vendredi. Elle se rendra samedi dans la région frontalière du sud, accompagnée de l'émissaire américaine pour le Proche-Orient Morgan Ortagus.

Le Liban a qualifié de "positives" les discussions directes avec Israël, mais le pays voisin a de nouveau bombardé le lendemain, jeudi, le sud du Liban, disant viser des infrastructures militaires du Hezbollah.

"Il est inacceptable de négocier sous les bombes", a souligné le président du Parlement Nabih Berri, proche allié du Hezbollah, après avoir rencontré la délégation onusienne.

L'issue de ces pourparlers "dépend principalement de la position d'Israël, qui déterminera si les négociations aboutiront à des résultats concrets ou échoueront", a prévenu M. Aoun.

La commission chargée de superviser le cessez-le-feu tiendra de nouvelles sessions avec la participation de délégués civils libanais et israélien à partir du 19 décembre.


L’Arabie saoudite et ses partenaires régionaux rejettent tout déplacement forcé des Palestiniens de Gaza

Les ministres des Affaires étrangères d'Arabie saoudite, d'Égypte, de Jordanie, des Émirats arabes unis, d'Indonésie, du Pakistan, de Turquie et du Qatar ont exprimé vendredi leur profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes concernant l'ouverture du passage de Rafah dans un seul sens. (AFP)
Les ministres des Affaires étrangères d'Arabie saoudite, d'Égypte, de Jordanie, des Émirats arabes unis, d'Indonésie, du Pakistan, de Turquie et du Qatar ont exprimé vendredi leur profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes concernant l'ouverture du passage de Rafah dans un seul sens. (AFP)
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  • Les ministres ont exprimé une profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes sur l’ouverture du passage de Rafah dans un seul sens

RIYAD : Les ministres des Affaires étrangères d’Arabie saoudite, d’Égypte, de Jordanie, des Émirats arabes unis, d’Indonésie, du Pakistan, de Turquie et du Qatar ont exprimé vendredi une profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes concernant l’ouverture du passage de Rafah dans un seul sens, rapporte l’Agence de presse saoudienne.

Dans une déclaration conjointe, les ministres ont estimé que cette mesure pourrait faciliter le déplacement des Palestiniens de la bande de Gaza vers l’Égypte.

Ils ont fermement rejeté toute tentative de forcer les Palestiniens à quitter leurs terres, soulignant la nécessité d’une pleine application du plan proposé par le président américain Donald Trump, qui prévoyait l’ouverture du passage de Rafah dans les deux sens et garantissait la liberté de circulation sans coercition.

Les ministres ont insisté sur la création de conditions permettant aux Palestiniens de rester sur leurs terres et de participer à la reconstruction de leur pays, dans le cadre d’un plan global visant à restaurer la stabilité et à répondre à la crise humanitaire à Gaza.

Ils ont réitéré leur appréciation pour l’engagement de Trump en faveur de la paix régionale et ont souligné l’importance de la mise en œuvre complète de son plan, sans entrave.

La déclaration a également mis en avant l’urgence d’un cessez-le-feu durable, de la fin des souffrances des civils, de l’accès humanitaire sans restriction à Gaza, ainsi que du lancement d’efforts de relèvement et de reconstruction précoces.

Les ministres ont en outre demandé la mise en place de conditions permettant à l’Autorité palestinienne de reprendre ses responsabilités dans l’enclave.

Les huit pays ont réaffirmé leur volonté de continuer à coordonner leurs actions avec les États-Unis et les partenaires internationaux pour assurer la pleine mise en œuvre de la résolution 2803 du Conseil de sécurité de l’ONU et des autres résolutions pertinentes, en vue d’une paix juste et durable fondée sur le droit international et la solution à deux États, incluant la création d’un État palestinien indépendant selon les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Nouveaux bombardements israéliens au Liban malgré des discussions «positives»

Israël a de nouveau bombardé jeudi le sud du Liban, disant viser des sites du Hezbollah pro-iranien qu'elle accuse de se réarmer, au lendemain des premières discussions directes depuis plusieurs décennies entre des représentants des deux pays. (AFP)
Israël a de nouveau bombardé jeudi le sud du Liban, disant viser des sites du Hezbollah pro-iranien qu'elle accuse de se réarmer, au lendemain des premières discussions directes depuis plusieurs décennies entre des représentants des deux pays. (AFP)
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  • Le président libanais Joseph Aoun, saluant les réactions "positives" à la réunion de mercredi, a annoncé que les discussions reprendraient le 19 décembre afin d'éloigner "le spectre d'une deuxième guerre" au Liban
  • "Il n'y a pas d'autre option que la négociation", a-t-il ajouté

JBAA: Israël a de nouveau bombardé jeudi le sud du Liban, disant viser des sites du Hezbollah pro-iranien qu'elle accuse de se réarmer, au lendemain des premières discussions directes depuis plusieurs décennies entre des représentants des deux pays.

L'armée israélienne, qui a multiplié ses frappes ces dernières semaines, a encore frappé jeudi le sud du Liban après avoir appelé des habitants de plusieurs villages à évacuer.

Les bombardements ont touché quatre localités, où des photographes de l'AFP ont vu de la fumée et des maisons en ruines.

Dans le village de Jbaa, Yassir Madir, responsable local, a assuré qu'il n'y avait "que des civils" dans la zone. "Quant aux dégâts, il n'y a plus une fenêtre à 300 mètres à la ronde. Tout le monde est sous le choc", a-t-il ajouté.