Syrie: fermer le dernier sas humanitaire serait catastrophique, avertit l'ONU

Des travailleurs en aide humanitaire attendent à la porte frontière de Cilvegozu près du Centre de transfert du Programme alimentaire mondial des Nations Unies dans le district de Reyhanli à Hatay, le 2 juin 2022. (Photo, AFP)
Des travailleurs en aide humanitaire attendent à la porte frontière de Cilvegozu près du Centre de transfert du Programme alimentaire mondial des Nations Unies dans le district de Reyhanli à Hatay, le 2 juin 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 05 juillet 2022

Syrie: fermer le dernier sas humanitaire serait catastrophique, avertit l'ONU

Des travailleurs en aide humanitaire attendent à la porte frontière de Cilvegozu près du Centre de transfert du Programme alimentaire mondial des Nations Unies dans le district de Reyhanli à Hatay, le 2 juin 2022. (Photo, AFP)
  • «Il s'agit de l'une des populations les plus vulnérables au monde. Il est absolument essentiel que nous maintenions cette bouée de sauvetage», a déclaré Mark Cutts, coordinateur adjoint régional de l'ONU pour la Syrie
  • La province d'Idleb abrite plus de quatre millions de personnes, en majorité des déplacés vivant dans la pauvreté

BEYROUTH: La fermeture du dernier couloir humanitaire de l'ONU entre la Turquie et les zones contrôlées par les jihadistes et les rebelles dans le nord-ouest de la Syrie serait une « catastrophe » pour des millions de personnes, a averti un responsable onusien. 

« Il s'agit de l'une des populations les plus vulnérables au monde. Il est absolument essentiel que nous maintenions cette bouée de sauvetage », a déclaré Mark Cutts, coordinateur adjoint régional de l'ONU pour la Syrie, lors d'un entretien en ligne le week-end à Beyrouth. 

Le Conseil de sécurité des Nations unies doit se réunir dans les prochains jours pour se prononcer sur le renouvellement de l'autorisation donnée à l'ONU pour acheminer l'aide humanitaire en Syrie via le point de passage de Bab al-Hawa à la frontière syro-turque. 

Cette aide, en place depuis 2014 et dont l'autorisation expire le 10 juillet, est destinée aux quelque 2,4 millions de personnes dans la région d'Idleb tenue en grande partie par les groupes jihadistes et les rebelles. 

Ce passage, le seul que l'ONU est autorisée à utiliser, permet d'éviter les zones contrôlées par le régime syrien. 

Véto russe craint 

Présente militairement en Syrie, la Russie, alliée du régime de Bachar al-Assad, a déjà restreint les accès transfrontaliers au motif qu'ils violaient la souveraineté syrienne et pourrait opposer son veto. 

« Nous savons qu'il y a davantage de politisation que les années précédentes. Les tensions sont très fortes avec la guerre en Ukraine », a rappelé M. Cutts. 

Plus de 4 600 camions d'aide transportant principalement de la nourriture ont traversé le passage de Bab al-Hawa cette année, selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA). 

Ces livraisons sont cruciales, les besoins humanitaires en Syrie ayant atteint leur plus haut niveau depuis le début d'un conflit en 2011 qui a tué près d'un demi-million de personnes et déplacé environ la moitié de la population d'avant-guerre. 

La province d'Idleb abrite plus de quatre millions de personnes, en majorité des déplacés vivant dans la pauvreté. 

Environ 13,4 millions de Syriens avaient besoin d'aides l'année dernière, contre 11,1 millions en 2020, selon l'OCHA. 

« Zone de guerre » 

Des alternatives sont envisagées par des ONG en cas de non-renouvellement de l'autorisation, ont déclaré sous couvert d'anonymat des responsables d'ONG. 

Parmi les hypothèses, celles d'un renforcement des livraisons depuis Damas, aux mains du régime, et de la formation d'un consortium d'organisations internationales qui pourraient fournir de l'aide depuis la Turquie à la place de l'ONU. 

L'ONU envisage elle des plans d'urgence, mais M. Cutts estime qu'ils seraient insuffisants. 

Selon lui, l'objectif de l'ONU est « de veiller à ce que l'aide ne soit pas détournée vers un groupe armé ». 

« Sans le rôle onusien, il sera plus compliqué de rendre des comptes, et il y aura moins de transparence. » 

La Russie fait valoir que l'aide humanitaire est possible via Damas sans utiliser le dispositif transfrontalier, mais M. Cutts avance que l'ONU n'a réussi à organiser que cinq livraisons jusqu'à présent. 

« Nous essayons d'avoir le meilleur accès possible à partir de différentes routes », a-t-il ajouté. Mais la province d'Idleb « reste une zone de guerre et l'accès transfrontalier dépend toujours de la coopération entre les parties au conflit ». 

Mardi, l'ONG Amnesty International a accusé le gouvernement syrien d'abandonner à leur sort les Syriens déplacés dans des zones hors de son contrôle. 

« Le gouvernement a coupé l'électricité et l'eau, gêné l'aide et attaqué des camps, des installations médicales et des écoles, obligeant les organisations humanitaires à intervenir », a-t-elle affirmé dans un communiqué. 

Selon Amnesty, « le mécanisme transfrontalier existant est la seule solution efficace pour fournir une aide humanitaire adéquate ». 


Gaza: le Hamas affirme qu'il n’autorisera l'accès du CICR aux otages que si des couloirs humanitaires sont ouverts

 Le Hamas a affirmé dimanche qu'il n’autorisera l'accès du CICR aux otages israéliens de Gaza que si des couloirs humanitaires sont ouverts vers le territoire palestinien, selon un communiqué de sa branche armée. (AFP)
Le Hamas a affirmé dimanche qu'il n’autorisera l'accès du CICR aux otages israéliens de Gaza que si des couloirs humanitaires sont ouverts vers le territoire palestinien, selon un communiqué de sa branche armée. (AFP)
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  • Le Hamas pose comme autre condition "que l'activité aérienne ennemie, sous toutes ses formes, cesse pendant les périodes où les colis sont reçus par les prisonniers"
  • Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a sollicité dimanche soir l'aide du CICR pour fournir "nourriture" et "traitement médical" aux otages israéliens dans la bande de Gaza

GAZA: Le Hamas a affirmé dimanche qu'il n’autorisera l'accès du CICR aux otages israéliens de Gaza que si des couloirs humanitaires sont ouverts vers le territoire palestinien, selon un communiqué de sa branche armée.

"Les Brigades Qassam sont prêtes à répondre positivement et à accepter toute demande de la Croix-Rouge pour livrer de la nourriture et des médicaments aux prisonniers ennemis", déclare ce communiqué.

"Pour accepter cela, nous stipulons que des corridors humanitaires doivent être ouverts normalement et de manière permanente pour le passage de nourriture et de médicaments à tout notre peuple dans toutes les zones de la bande de Gaza", pose comme condition le groupe islamiste.

Le Hamas pose comme autre condition "que l'activité aérienne ennemie, sous toutes ses formes, cesse pendant les périodes où les colis sont reçus par les prisonniers".

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a sollicité dimanche soir l'aide du CICR pour fournir "nourriture" et "traitement médical" aux otages israéliens dans la bande de Gaza.

Le CICR n'a fait aucun commentaire public sur cette demande.

"Les Brigades Qassam ne privent pas délibérément les prisonniers de nourriture, mais ils mangent ce que nos combattants et tout notre peuple mangent", soutient le mouvement, qui prévient: les otages "ne recevront aucun traitement de faveur tant que se poursuivront le blocus et la politique de famine".

La publication depuis jeudi par le mouvement islamiste palestinien et son allié du Jihad islamique de trois vidéos montrant deux otages israéliens très affaiblis, a ravivé en Israël le débat sur la nécessité d'arriver au plus vite à un accord pour libérer ces captifs, enlevés lors de l'attaque sans précédent du Hamas en Israël du 7 octobre 2023.

Sur les images, les deux captifs, Rom Breslevski et Evyatar David, sont apparus très affaiblis et amaigris, dans une mise en scène visant à faire le parallèle avec la situation humanitaire à Gaza.

La séquence montrant Evyatar David semblant creuser sa propre tombe, pelle à la main, dans un étroit tunnel où il est détenu a particulièrement choqué les Israéliens.

 


Soudan : au moins 14 civils tués par les paramilitaires en fuyant une ville assiégée du Darfour, selon une ONG

Des membres du Croissant-Rouge soudanais transportent dans un sac les restes exhumés d'une tombe improvisée pour être réinhumés au cimetière local d'al-Azhari, dans la banlieue sud de Khartoum, le 2 août 2025. (Photo d'Ebrahim Hamid / AFP)
Des membres du Croissant-Rouge soudanais transportent dans un sac les restes exhumés d'une tombe improvisée pour être réinhumés au cimetière local d'al-Azhari, dans la banlieue sud de Khartoum, le 2 août 2025. (Photo d'Ebrahim Hamid / AFP)
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  • Selon l'ONG Emergency Lawyers, qui documente les atrocités depuis le début de la guerre, l'assaut des FSR « a causé la mort d'au moins 14 civils et blessé des dizaines d'autres ». Plusieurs civils ont également été arrêtés.
  • Ces derniers jours, les paramilitaires ont lancé une nouvelle offensive contre la ville d'el-Facher, qu'ils assiègent depuis mai 2024 sans parvenir à la prendre à l'armée. 

KHARTOUM,SOUDAN : Une ONG a indiqué  lundi qu'au moins 14 civils avaient été tués dans l'ouest du Soudan par les paramilitaires, en guerre contre l'armée soudanaise, alors qu’ils tentaient de fuir la ville assiégée d'el-Facher, capitale du Darfour-Nord.

Jeudi, l'administration politique des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) avait appelé les civils à quitter el-Facher pour se rendre au village de Qarni, situé juste à la sortie de la ville, où l'attaque est survenue samedi.

Selon l'ONG Emergency Lawyers, qui documente les atrocités depuis le début de la guerre, l'assaut des FSR « a causé la mort d'au moins 14 civils et blessé des dizaines d'autres ». Plusieurs civils ont également été arrêtés, ajoute l'ONG.

« Les victimes avaient quitté El-Facher pour fuir le siège et les combats qui s'intensifiaient », a-t-elle précisé.

L'AFP n'a pas pu vérifier dans l'immédiat le bilan et les circonstances de l'attaque, la vaste région du Darfour étant coupée des communications et largement inaccessible aux journalistes.

Ces derniers jours, les paramilitaires ont lancé une nouvelle offensive contre la ville d'el-Facher, qu'ils assiègent depuis mai 2024 sans parvenir à la prendre à l'armée. 

Les familles ont survécu grâce à de la nourriture pour animaux, dont une pénurie a été annoncée la semaine dernière par les autorités locales.

L'ONU a à plusieurs reprises alerté sur le sort de centaines de milliers de civils piégés à el-Facher, dernière capitale du Darfour à ne pas être tombée aux mains des FSR, engagées depuis avril 2023 dans un conflit avec l'armée.

- Appel à évacuer -

La semaine dernière, l'administration politique des FSR a appelé les civils à évacuer el-Facher et à rejoindre le village de Qarni.

« Je vous exhorte à quitter El-Facher et à vous diriger vers la région de Qarni, la porte nord-ouest de la ville, où se trouvent nos forces et celles de la coalition Tasis, qui assureront votre sécurité », a déclaré jeudi dans une vidéo Al-Hadi Idris, gouverneur du Darfour nommé par les FSR.

Tasis est une coalition politique dominée par les FSR qui a nommé, fin juillet, les dirigeants d'un gouvernement installé à Nyala, la capitale de l'État du Darfour-Sud.

Ce gouvernement n'a toutefois reçu aucune reconnaissance internationale. Mercredi, l'Union africaine a appelé ses membres à « ne pas reconnaître ce prétendu gouvernement parallèle ». 

Selon Al-Hadi Idris, les forces alliées aux FSR offriraient un passage sécurisé vers des zones comme la ville occidentale de Tawila, « tout comme elles ont sécurisé des milliers de personnes ayant quitté El-Facher ces six derniers mois ».

Dans la localité de Tawila, des centaines de milliers de personnes sont confrontées à une grave épidémie de choléra, selon l'ONU, après avoir survécu aux attaques des FSR contre les camps de déplacés autour d'el-Facher en avril.

La guerre, entrée dans sa troisième année, a fait des dizaines de milliers de morts et des millions de déplacés, l'ONU décrivant « la pire crise humanitaire au monde ».

Le pays reste fracturé : l'armée contrôle le centre, l'est et le nord du Soudan, tandis que les paramilitaires tiennent la quasi-totalité du Darfour à l'ouest, à l'exception d'el-Facher, ainsi que certaines parties du sud.

Les deux camps ont été accusés de viser des civils, de bombarder aveuglément des zones habitées et d'empêcher l'acheminement de l'aide humanitaire. Les paramilitaires sont tout particulièrement accusés de commettre des violences sexuelles systématiques, des pillages et du nettoyage ethnique.


L'Algérie nettoie ses plages face à une algue brune invasive

Des bénévoles retirent des amas d'algues invasives Rugulopteryx okamurae, originaires d'Asie de l'Est, échouées sur la plage d'Al-Marsa à Alger, le 30 juillet 2025. (Photo AFP)
Des bénévoles retirent des amas d'algues invasives Rugulopteryx okamurae, originaires d'Asie de l'Est, échouées sur la plage d'Al-Marsa à Alger, le 30 juillet 2025. (Photo AFP)
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  • À Sidi Fredj, célèbre station balnéaire située à une vingtaine de kilomètres à l'ouest d'Alger, des dizaines de volontaires et de membres d'associations ratissent le rivage et ramassent la « Rugulopteryx okamurae », son nom scientifique, par pelletées.
  • À Marseille, en France, ainsi qu'en Espagne, la présence de cette algue a également été signalée ces dernières années. 

ALGER, ALGERIE : Sur certaines plages d'Algérie, l'algue brunâtre a recouvert le sable doré et donné à l'eau de mer un aspect boueux. Face à cette espèce invasive, les autorités ont lancé une campagne de nettoyage, avec l'aide de bénévoles et de tractopelles.

À Sidi Fredj, célèbre station balnéaire située à une vingtaine de kilomètres à l'ouest d'Alger, des dizaines de volontaires et de membres d'associations ratissent le rivage et ramassent la « Rugulopteryx okamurae », son nom scientifique, par pelletées.

Selon le Dr Lamia Bahbah, enseignante-chercheuse affiliée à l'École nationale supérieure des sciences de la mer et de l'aménagement du littoral (Enssmal), la présence de cette algue originaire de l'océan Pacifique a été détectée fin 2023 sur la côte centre.

L'espèce a rapidement proliféré, menaçant l'écosystème local. Elle est particulièrement reconnaissable à son odeur nauséabonde.

« Quand elle échoue sur le rivage, on ne peut pas se baigner », regrette Salim Hemmedi, un vacancier de 43 ans. Mais grâce à cette campagne, qui se poursuit jusqu'au 16 août, « nous espérons que la situation s'améliorera pour que nous puissions profiter » et que « les enfants puissent nager en toute tranquillité ». 

En visite sur une plage, la ministre de l'Environnement, Nadjiba Djilali, a voulu rassurer.

« Les eaux sont-elles adaptées à la baignade ? Oui », a-t-elle affirmé à la presse.

« Ces algues vont-elles provoquer des allergies chez les baigneurs ? À l'heure actuelle, non », a-t-elle insisté.

- Invasion -

Mais ces algues ont fortement proliféré par rapport aux années précédentes, a averti Youcef Segni, ingénieur maritime et biologiste en laboratoire.

« Elles envahissent les lieux de vie d'autres algues dans les fonds marins, ce qui conduit à la disparition de ces algues indigènes, puis à celle d'animaux comme les poissons », explique-t-il.

À Marseille, en France, ainsi qu'en Espagne, la présence de cette algue a également été signalée ces dernières années. 

En février, le club de football espagnol Betis Séville a lancé un nouveau maillot fabriqué à partir de la « Rugulopteryx okamurae » afin de sensibiliser le public à la crise écologique provoquée par cette algue sur la côte andalouse.

Selon le ministère algérien de l'Environnement, la présence d'algues a été observée dans trois des quatorze wilayas (préfectures) côtières du pays, dont la capitale, avec seize plages concernées.

Selon le Dr Bahbah, stopper la prolifération de cette algue est « malheureusement impossible à ce stade ». Cela est notamment dû à son mode de reproduction « sexué et asexué » : « un petit fragment détaché peut vivre longtemps et donner naissance à un nouvel individu ».

La température de la mer Méditerranée et les moyens de transport maritime (elle peut s'accrocher aux coques des bateaux) favorisent également sa propagation.

En Algérie, pour éviter que les amas d'algues récupérés ne se décomposent sur les plages, des camions et des tractopelles sont venus les transporter.

« Cette algue brune, Rugulopteryx okamurae, qui vient du Japon, on va la combattre. Le réseau de surveillance des macro-algues toxiques et invasives suit régulièrement son expansion, son développement et son évolution », affirme Fella Zaboudj, ingénieure d'État en sciences marines.

Des études sont en cours pour voir si elle peut être valorisée, notamment comme engrais.