Liban: Le discours de Nasrallah éveille les craintes d’une escalade israélienne à la frontière

Des soldats israéliens (en haut à gauche) et des Casques bleus de l'ONU (en haut à droite) observent des partisans libanais du Hezbollah, le 28 janvier 2018, à la frontière avec Israël (Photo, AFP).
Des soldats israéliens (en haut à gauche) et des Casques bleus de l'ONU (en haut à droite) observent des partisans libanais du Hezbollah, le 28 janvier 2018, à la frontière avec Israël (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 15 juillet 2022

Liban: Le discours de Nasrallah éveille les craintes d’une escalade israélienne à la frontière

  • Un navire énergétique commencera à forer dans le champ de Karich, malgré le fait que les FDI aient abattu des drones du Hezbollah
  • Des politiciens et des experts pétroliers ont critiqué les déclarations de Nasrallah

BEYROUTH: Le discours prononcé mercredi soir par le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah dans lequel il a exacerbé les tensions avec Israël, a suscité de nouvelles craintes au Liban quant à une éventuelle escalade avec son voisin du sud.

Ce discours est intervenu dans le cadre de pourparlers indirects entre le Liban et Israël sur la démarcation de la frontière maritime entre les deux pays. Il fait également suite à la destruction au début du mois par les FDI de trois drones envoyés par le Hezbollah en direction du champ gazier de Karich.

Nasrallah a prévenu que l'envoi de drones au début du mois n’était qu’«un modeste aperçu de la direction que pourrait prendre la situation», ajoutant qu’«au cas où les résultats des négociations seraient défavorables, non seulement atteindrons-nous Karich, mais nous irons bien au-delà de Karich».

«La démarcation de la frontière maritime et l'exploration et l'extraction du gaz par le Liban constituent une question cruciale pour sauver le pays», a-t-il ajouté, soulignant qu'il est nécessaire de «régler cette question une fois pour toutes par le biais de la démarcation et de l'extraction, faute de quoi nous dépasserons toutes les limites».

En septembre, un navire de production et de stockage de gaz naturel liquéfié appartenant à Energean commencera à extraire du gaz, à la demande d'Israël, du champ de Karich découvert en 2013.

Le ministre libanais sortant de l’Économie, Amine Salame, discute avec le directeur général des silos du port de Beyrouth près des silos détruits par l’explosion en 2020 (Photo, AP).

Une partie du champ est située à moins de trois kilomètres de la ligne 29 au nord, considérée par le Liban comme un point de départ potentiel de sa frontière maritime avec Israël.

Selon les documents soumis à l'ONU en 2011, le Liban reconnaît la ligne 23 comme la démarcation actuelle et n'a pas encore légalement modifié sa position. Il considère cependant la ligne 29 comme ouverte à la négociation, le champ gazier pouvant bien s'étendre sous celle-ci.

Pour Nasrallah, il s’agit d’une «occasion en or» pour le Liban d'exploiter les ressources gazières de la Méditerranée, du fait des problèmes énergétiques actuels en Europe, provoqués par la guerre entre la Russie et l'Ukraine.

Le discours a suscité des craintes dans tout le Liban quant à une éventuelle escalade avec Israël, le navire Energean Power étant un point de discorde. Le Hezbollah a également annoncé qu’il continuerait à faire usage de drones dans la région.

Christina Abi Haidar, experte juridique en affaires pétrolières, a émis des doutes sur la faisabilité de l'exploitation des enjeux énergétiques de l'Europe. «Au cas où nous trouverions du gaz, nous ne pourrions pas l'exporter vers l'Europe puisque nous ne faisons pas partie du projet EastMed», a-t-elle souligné.

Elle a déclaré à Arab News que le discours de Nasrallah n'aiderait pas la position de négociation du Liban, ajoutant que «le Liban n'est plus le point de départ de la démarcation maritime, ce qui signifie que les propos de Nasrallah n'ont aucun fondement juridique.»

«De plus, le Hezbollah fait partie de la classe dirigeante, du gouvernement et du Parlement, alors pourquoi n'a-t-il pas fait pression en faveur des amendements auparavant?»

Concernant les propos de Nasrallah et l'effet qu'ils pourraient avoir sur l'exploration et l'extraction du pétrole et du gaz dans la région, Abi Haidar a insisté sur le fait que «la partie israélienne est pressée de terminer les pourparlers sur la démarcation de la frontière maritime avec le Liban parce qu’elle recherche une sécurité stable pour ses entreprises en cas de choc, compte tenu des coûts élevés.»

 «Ce qu'il faut savoir, c'est qu'Israël a déjà commencé la phase d'exploration, alors qu'il nous a fallu entre deux et cinq ans pour entamer cette phase», a-t-elle ajouté.

Plusieurs politiciens libanais ont également critiqué Nasrallah après son discours.

Le chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, a déclaré sur les réseaux sociaux que «le discours de Nasrallah a mis fin à la possibilité de parvenir à un règlement concernant la ligne 23».

Le chef du parti Kataeb, Samy Gemayel, a indiqué que Nasrallah «embarque les Libanais dans une nouvelle aventure qui pourrait leur coûter cher, sans demander leur permission».

Selon le député des Forces libanaises Ghayath Yazbeck, «après le discours de Nasrallah, il est devenu clair pour tout le monde que notre État est inexistant. Le Hezbollah agit dans le cadre fixé par l'Iran et ses calculs ne sont pas libanais. L'affirmation de Nasrallah selon laquelle il s’exprime au nom de la plupart des Libanais et de la plupart des chiites est inexacte.»

Yazbeck a ajouté que le Liban «ne peut pas entamer une guerre alors qu'il est affamé. Les déclarations de Nasrallah sont nihilistes».

Le parlementaire Said al-Asmar a appelé Nasrallah à «combattre la corruption et à ne pas la couvrir avec les armes du parti», ajoutant que «la décision faire la paix ou la guerre devrait revenir uniquement à l'État».

«Vous (Israël) voulez votre gaz, alors nous voulons notre gaz aussi. C'est ainsi qu'agit un État fort. C'est ainsi qu'il préserve la dignité nationale et c'est ainsi que devrait être la souveraineté», a martelé le leader du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, a cependant écrit sur Twitter.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël a rendu à Gaza 30 corps de Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages 

Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
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  • "Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès
  • Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre

GAZA: Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza.

"Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès.

Les otages avaient été enlevés lors de l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui avait déclenché la guerre dans la bande Gaza.

Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre.

Depuis cette date, le Hamas a également rendu deux dépouilles d'otages non-israéliens, un Thaïlandais et un Népalais.

Le mouvement islamiste a jusqu'à présent restitué les restes de 17 des 28 corps qui se trouvaient encore à Gaza et auraient dû être rendus au début de la trêve, assurant que localiser les autres dépouilles est "complexe" dans le territoire dévasté par deux ans de guerre.

Des équipes égyptiennes autorisées à entrer dans le territoire palestinien par Israël participent aux recherches avec des engins de chantiers.

Lundi soir, le Hamas avait rendu à Israël les restes d'un otage, identifié comme étant ceux d'Ofir Tzarfati, dont une partie de la dépouille avait déjà été récupérée en deux fois.

Les retards successifs dans la remise des corps des otages ont provoqué la colère du gouvernement israélien, qui a accusé le Hamas de violer l'accord de trêve. Et les familles des otages ont exigé des mesures plus sévères pour contraindre le groupe palestinien à se conformer à l'accord.

Dix corps d'otages du 7-Octobre seraient encore à Gaza, ainsi que celui d'un soldat mort durant une guerre en 2014. Tous sont israéliens sauf un Tanzanien et un Thaïlandais.

Par ailleurs, à deux reprises depuis le 10 octobre, Israël a mené des bombardements massifs sur Gaza en représailles à des tirs qui ont tué trois de ses soldats. Le 19 octobre, les bombardements israéliens avaient fait au moins 45 morts et mardi 104.

Le Hamas, qui dément avoir tiré sur les soldats israéliens, a accusé Israël de violer le cessez-le-feu.


Frappe israélienne sur le sud du Liban: un mort 

Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre. (AFP)
Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre. (AFP)
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  • Vendredi, un drone a visé un homme à moto dans le village de Kounine, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Le ministère de la Santé a fait état d'un mort et d'un blessé
  • Cette frappe intervient au lendemain de l'incursion d'une unité israélienne dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal

BEYROUTH: Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre.

Malgré le cessez-le-feu ayant mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier continue de mener des frappes régulières au Liban, affirmer viser la formation pro-iranienne.

Vendredi, un drone a visé un homme à moto dans le village de Kounine, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Le ministère de la Santé a fait état d'un mort et d'un blessé.

Israël n'a pas réagi dans l'immédiat.

Cette frappe intervient au lendemain de l'incursion d'une unité israélienne dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal.

Le président Joseph Aoun a demandé à l'armée de "faire face" à toute nouvelle incursion israélienne en territoire libanais.

Ces derniers jours, l'aviation israélienne a intensifié ses frappes au Liban, affirmant viser des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Selon un bilan compilé par l'AFP à partir des données du ministère de la Santé, au moins 25 personnes, dont un Syrien, ont été tuées depuis le début du mois.

L'ONU avait indiqué mardi que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Lors d'un entretien vendredi avec son homologue allemand Johann Wadephul, en visite à Beyrouth, le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Rajji lui a demandé "d'aider à faire pression sur Israël pour qu'il cesse ses agressions".

"Seule une solution diplomatique, et non militaire, peut assurer la stabilité et garantir le calme dans le sud", a assuré le ministre libanais, selon ses propos rapportés par l'Ani.

Il a assuré que "le gouvernement libanais poursuit la mise en œuvre progressive de sa décision de placer toutes les armes sous son contrôle".

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour que le mouvement chiite livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.

 


Liban: le chef de l'Etat demande à l'armée de «s'opposer à toute incursion israélienne»

Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
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  • Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens"
  • Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière"

BERYROUTH: Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit.

Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens".

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière".

Cette unité "a investi le bâtiment de la municipalité du village, où dormait Ibrahim Salamé, un employé municipal, qui a été tué par les soldats de l'ennemi", a ajouté l'Ani.

Le ministère de la Santé a confirmé la mort de l'employé municipal.

Des villageois cités par l'Ani ont indiqué que l'incursion avait duré plusieurs heures et que les forces israéliennes s'étaient retirées à l'aube.

Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l'Etat libanais et sa souveraineté".