Ukraine: Zelensky limoge la procureure générale et le chef de la sécurité

«J'ai pris la décision de relever de leurs fonctions la procureure générale» Iryna Venediktova, «et le chef des services de sécurité» (SBU) Ivan Bakanov, a déclaré Zelensky (Photo, AFP).
«J'ai pris la décision de relever de leurs fonctions la procureure générale» Iryna Venediktova, «et le chef des services de sécurité» (SBU) Ivan Bakanov, a déclaré Zelensky (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 18 juillet 2022

Ukraine: Zelensky limoge la procureure générale et le chef de la sécurité

  • Les autorités ukrainiennes enquêtent sur plus de 650 cas de soupçons de trahison de responsables locaux
  • En Russie, la journaliste russe Marina Ovsiannikova, devenue célèbre après son irruption en direct à la télévision avec une pancarte critiquant l'offensive russe, a été interpellée dimanche

KIEV: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a limogé dimanche soir la procureure générale et le chef des services de sécurité du pays en raison de soupçons de trahison de certains de leurs subordonnés au profit des Russes, à la veille d'une réunion de l'UE visant à renforcer les sanctions contre Moscou.

"J'ai pris la décision de relever de leurs fonctions la procureure générale" Iryna Venediktova, "et le chef des services de sécurité" (SBU) Ivan Bakanov, a déclaré M. Zelensky, alors que la Russie poursuit ses bombardements sur plusieurs villes ukrainiennes.

Les autorités ukrainiennes enquêtent sur plus de 650 cas de soupçons de trahison de responsables locaux, dont 60 dans les zones occupées par les forces russes et pro russes, a-t-il ajouté dans son adresse du soir.

"Un si grand nombre de crimes contre les fondations de la sécurité nationale et les liens établis entre des responsables ukrainiens en charge de l'application des lois et les services spéciaux russes posent des questions très sérieuses aux dirigeants concernés. Chacune de ces questions recevra une réponse", a-t-il poursuivi.

Mme Venediktova a notamment dirigé l'enquête sur les atrocités présumées commises au début de l'invasion par les forces russes dans la ville de Boutcha, banlieue au nord-ouest de Kiev, devenues aux yeux de l'Occident un symbole des "crimes de guerre" russes en Ukraine.

Lundi, les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne vont débattre d'un durcissement des sanctions contre Moscou, les salves successives adoptées jusqu'à présent ayant isolé et durement frappé économiquement la Russie, sans la faire reculer ou renoncer à son invasion lancée le 24 février.

Ils doivent se pencher sur deux propositions de la Commission européenne d'interdire les achats d'or à la Russie pour aligner les sanctions de l'UE sur celles de ses partenaires du G7, et d 'inscrire de nouvelles personnalités russes sur la liste noire de l'UE.

"Moscou doit continuer à payer le prix fort pour son agression", a déclaré vendredi la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, après avoir transmis les nouvelles mesures aux Vingt-Sept.

L'armée russe a d'ores et déjà perdu 50.000 hommes, morts ou blessés, et des milliers de blindés, selon le chef d'état-major des armées britannique, l'amiral Tony Radakin, soit "plus de 30% de son efficacité au combat terrestre".

Pour autant, "le défi que pose la Russie va durer", a-t-il averti, soulignant que miser sur un problème de santé de Vladimir Poutine ou "qu'il finisse par se faire assassiner" relevait du "voeu pieux".

Le maître du Kremlin a affirmé au début du mois que l'armée russe n'avait "pas encore commencé les choses sérieuses", et son ministre de la Défense Sergueï Choïgou a ordonné la semaine passée d'"accroître encore" la pression militaire.

Trois jours à peine après des frappes au missile de croisière qui ont dévasté le centre de Vinnytsia, à des centaines de kilomètres du front, faisant au moins 24 morts dont des enfants et suscitant de la part de l'Union européenne la dénonciation d'un "comportement barbare", les bombardements continuent.

La Russie a annoncé samedi avoir officiellement mis fin à la "pause opérationnelle" de son armée décrétée il y a huit jours, et les bombardements ont repris avec plus d'intensité dans le Donbass (est), dont le contrôle total est le principal objectif à court terme de Moscou.

«Bombardements massifs»

Donetsk, l'une des deux provinces du Donbass, a été ciblée par "les Russes (qui) continuent de bombarder les infrastructures civiles, en particulier les établissements d'enseignement", a déclaré le gouverneur de la région, Pavlo Kyrylenko.

Les séparatistes prorusses qui tiennent une partie de la même région depuis 2014 ont de leur côté accusé les forces ukrainiennes d'avoir tiré 60 roquettes avec des lance-roquettes multiples Grad sur un quartier de Donetsk.

"Des immeubles d'habitation ont été touchés", ont-ils affirmé, publiant des images de bâtiments réduits en ruines, sans faire état de victimes.

Au nord-est, des missiles ont frappé dans la nuit de samedi à dimanche Kharkiv, la deuxième ville du pays, proche de la frontière russe.

D'autres frappes ont visé Mykolaïv, ville du sud proche de la mer Noire, et des villages de la région, selon Vitaliy Kim, le gouverneur local.

La journaliste ayant critiqué l'offensive en Ukraine à la TV interpellée

La journaliste russe Marina Ovsiannikova, devenue célèbre après son irruption en direct à la télévision avec une pancarte critiquant l'offensive de Moscou en Ukraine, a été interpellée dimanche en Russie, ont indiqué son entourage et son avocat.

Aucune déclaration officielle n'a été faite sur les raisons de son interpellation, mais celle-ci intervient quelques jours après que Mme Ovsiannikova a manifesté seule près du Kremlin en brandissant une pancarte critiquant l'intervention militaire en Ukraine et le président Vladimir Poutine.

"Marina a été arrêtée. Il n'y a aucune information sur l'endroit où elle se trouve", indique un message publié par son entourage sur le compte Telegram de la journaliste.

Ce message est accompagné de trois photos sur lesquelles on voit Mme Ovsiannikova, 44 ans, être emmenée vers un fourgon blanc par deux policiers après avoir visiblement été stoppée alors qu'elle se déplaçait à vélo.

Son avocat, Dmitri Zakhvatov, a confirmé l'interpellation à l'agence de presse Ria-Novosti, disant ignorer où sa cliente a été emmenée.

"Je présume que cela est lié d'une manière ou d'une autre à son acte de protestation", a-t-il ajouté.

Vendredi, Mme Ovsiannikova a en effet publié sur Telegram des images d'elle brandissant près du Kremlin une pancarte évoquant la mort d'enfants ukrainiens et qualifiant M. Poutine de "tueur".

Le président Zelensky a par ailleurs de nouveau critiqué dimanche la décision canadienne, prise la semaine dernière, de permettre le retour en Europe de turbines réparées au Canada et destinées au gazoduc russe Nord Stream.

Il a indiqué avoir dit au Premier ministre canadien Justin Trudeau, qu'il a eu au téléphone dans la journée, que les Ukrainiens n'accepteraient jamais cette décision qui viole selon lui le régime des sanctions contre la Russie.

"C'est une question de respect des sanctions. S'il y a une violation maintenant, cela ne tardera pas avant qu'il y en ait d'autres", a ajouté le président en accusant la Russie de pratiquer un chantage au gaz et en soulignant qu'il y avait d'autres moyens d'acheminer le gaz russe en Europe.

La guerre en Ukraine entrera le 24 juillet dans son sixième mois et il n'existe aucun bilan global des victimes civiles du conflit jusqu'à présent.


L'Ukraine va annoncer des mesures pour faire rentrer ses hommes de l'étranger

Des habitants locaux se tiennent devant une affiche de recrutement de la troisième brigade d'assaut ukrainienne alors qu'ils se réfugient dans une station de métro souterraine lors d'une alerte de raid aérien à Kiev le 23 avril 2024 (Photo, AFP).
Des habitants locaux se tiennent devant une affiche de recrutement de la troisième brigade d'assaut ukrainienne alors qu'ils se réfugient dans une station de métro souterraine lors d'une alerte de raid aérien à Kiev le 23 avril 2024 (Photo, AFP).
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  • Selon des estimations de médias, des dizaines de milliers d'hommes ont fui le pays illégalement pour éviter d'aller au front
  • Des centaines de milliers d'Ukrainiens vivaient en outre à l'étranger avant l'invasion

KIEV: Le chef de la diplomatie ukrainienne a indiqué mardi des "mesures" imminentes visant à faire rentrer en Ukraine les hommes en l'âge de combattre se trouvant à l'étranger.

L'Ukraine, qui combat depuis deux ans l'invasion russe, a cruellement besoin de soldats, d'autant que Kiev s'attend à ce que la Russie lance une nouvelle offensive dans les semaines ou mois à venir.

"Le fait de séjourner à l'étranger ne dispense pas un citoyen de ses devoirs envers sa patrie", a déclaré Dmytro Kouleba sur X, annonçant avoir ordonné des "mesures pour rétablir l'équité entre les hommes en âge d'être mobilisés en Ukraine et ceux à l'étranger".

Il n'a pas précisé la nature de ces mesures se bornant à dire que le ministère allait "prochainement fournir des éclaircissements" sur de nouvelles procédures à suivre pour "accéder aux services consulaires".

L'Ukraine interdit aux hommes en âge de combattre de voyager à l'étranger à quelques exceptions près.

Déserteurs 

Mais, selon des estimations de médias, des dizaines de milliers d'hommes ont fui le pays illégalement pour éviter d'aller au front.

Des centaines de milliers d'Ukrainiens vivaient en outre à l'étranger avant l'invasion.

La déclaration du ministre intervient alors qu'un influent site d'information ukrainien ZN.UA a publié lundi soir ce qu'il affirme être une lettre officielle signée par un adjoint de M. Kouleba et préconisant aux consulats ukrainiens de suspendre à partir de mardi tout service consulaire pour les hommes âgés de 18 à 60 ans.

Selon des médias ukrainiens, plusieurs consulats ukrainiens ont cessé d'accepter ces dossiers.

La compagnie d'Etat Dokument qui facilite la délivrance de documents ukrainiens a annoncé mardi sur son site qu'elle "suspendait" les procédures à l'étranger pour des "raisons techniques".

L'Ukraine, dont l'armée est en difficulté face aux troupes russes, a adopté une loi sur la mobilisation visant à durcir les punitions pour les récalcitrants.

Elle a aussi baissé l'âge de mobilisation de 27 à 25 ans.


Début des discussions entre Washington et Niamey sur le retrait des troupes américaines du Niger

Les manifestants réagissent alors qu'un homme brandit une pancarte exigeant que les soldats de l'armée américaine quittent le Niger sans négociation lors d'une manifestation à Niamey, le 13 avril 2024. (AFP)
Les manifestants réagissent alors qu'un homme brandit une pancarte exigeant que les soldats de l'armée américaine quittent le Niger sans négociation lors d'une manifestation à Niamey, le 13 avril 2024. (AFP)
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  • Le gouvernement du Niger, issu d'un coup d'Etat en juillet dernier, avait dénoncé en mars l'accord de coopération militaire en vigueur avec les Etats-Unis
  • Washington a accepté de retirer du pays ses plus de 1 000 soldats et annoncé envoyer une délégation à Niamey pour s'accorder sur les détails de ce retrait

WASHINGTON: Washington a entamé les discussions avec Niamey sur le retrait du Niger des troupes américaines qui y étaient déployées dans le cadre de la lutte antidjihadiste au Sahel, a déclaré lundi le Pentagone.

Le gouvernement du Niger, issu d'un coup d'Etat en juillet dernier, avait dénoncé en mars l'accord de coopération militaire en vigueur avec les Etats-Unis, estimant que la présence américaine était désormais "illégale".

Washington a finalement accepté la semaine dernière de retirer du pays ses plus de 1 000 soldats et annoncé envoyer une délégation à Niamey pour s'accorder sur les détails de ce retrait.

"Nous pouvons confirmer le début des discussions entre les Etats-Unis et le Niger sur le retrait ordonné des forces américaines du pays", a déclaré le porte-parole du Pentagone Pat Ryder.

Une "petite délégation du Pentagone et du commandement militaire américain pour l'Afrique" participe aux discussions, a-t-il précisé.

Les Etats-Unis vont "continuer à explorer les options possibles afin d'assurer que nous soyons toujours en mesure de faire face aux potentielles menaces terroristes", a-t-il encore dit.

A Niamey, le ministre nigérien des Affaires étrangères, Bakari Yaou Sangaré, a indiqué dans un communiqué avoir eu lundi "des discussions" avec l’ambassadrice des États-Unis à Niamey, Kathleen Fitzgibbon, portant "sur la question du départ des troupes militaires américaines du Niger".

L’entretien s’est déroulé en présence de Maria Barron, directrice de l'Agence américaine pour le développement international (USAID) à Niamey, qui a assuré que l'agence allait "poursuivre sa coopération bilatérale" avec le Niger, annonçant "un nouvel accord devant remplacer celui en cours qui expire en septembre 2024", selon le communiqué.

Au Niger, les Etats-Unis disposent notamment d'une base de drone importante près d'Agadez, construite pour environ 100 millions de dollars.

Après le coup d'Etat qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum fin juillet, le nouveau régime militaire a rapidement exigé le départ des soldats de l'ancienne puissance coloniale française et s'est rapproché de la Russie, comme le Mali et le Burkina Faso voisins, également dirigés par des régimes militaires et confrontés à la violence de groupes jihadistes.


L'Ukraine s'attend à une détérioration sur le front vers la mi-mai

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo, AFP).
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo, AFP).
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  • L'armée ukrainienne traverse une période délicate, confronté à une pénurie de nouvelles recrues et de munitions en raison de retards importants de livraisons d'aide occidentale, notamment américaine
  • La Russie, qui est à l'initiative depuis l'automne 2023, a revendiqué lundi la conquête d'un village de l'Est ukrainien situé non loin de Vougledar

KIEV: La situation sur le front ukrainien va empirer autour de la mi-mai et début juin, qui sera une "période difficile", a prévenu lundi le chef du renseignement militaire ukrainien Kyrylo Boudanov, sur fond de craintes d'une nouvelle offensive russe.

La Russie, qui est à l'initiative depuis l'automne 2023, a revendiqué lundi la conquête d'un village de l'Est ukrainien situé non loin de Vougledar, localité à la jonction des fronts Est et Sud, dont elle cherche à s'emparer depuis deux ans.

"N'allons pas trop dans les détails, mais il y aura une période difficile, à la mi-mai et début juin", a prévenu M. Boudanov, interrogé sur l'état du front, dans une interview au service ukrainien de la BBC.

L'armée russe "mène une opération complexe", a-t-il dit.

"Nous pensons qu'une situation plutôt difficile nous attend dans un futur proche. Mais il faut comprendre que ce ne sera pas catastrophique", a estimé Kyrylo Boudanov.

"Armageddon ne se produira pas, contrairement à ce que beaucoup disent en ce moment. Mais il y aura des problèmes à partir de la mi-mai", a-t-il ajouté.

L'armée ukrainienne traverse une période délicate, confronté à une pénurie de nouvelles recrues et de munitions en raison de retards importants de livraisons d'aide occidentale, notamment américaine.

En face, les troupes russes, bien plus nombreuses et mieux armées, ne cessent de pousser à l'Est et revendiquent régulièrement la prise de petits villages dans le Donbass.

En février, Moscou s'est emparé d'Avdiïvka, une ville forteresse, et vise désormais la cité  stratégique de Tchassiv Iar.

Cette cité, perchée sur une hauteur, s'étend à moins de 30 kilomètres au sud-est de Kramatorsk, la principale ville de la région sous contrôle ukrainien, qui est un important nœud ferroviaire et logistique pour l'armée ukrainienne.

Offensive estivale? 

Lundi, le ministère russe de la Défense a affirmé avoir "libéré" Novomykhaïlivka, à une trentaine de kilomètres de Donetsk.

Ce village est proche de Vougledar, une cité minière à la jonction des fronts Sud et Est. Début 2023, l'Ukraine était parvenue à y repousser un assaut de l'armée russe, infligeant des pertes humaines importantes.

Kiev craint désormais une offensive estivale russe encore plus puissante.

Fin mars, le commandant des forces terrestres ukrainiennes Oleksandre Pavliouk avait jugé "possible" un tel scénario, impliquant un groupe de 100.000 soldats russes.

Le commandant en chef des forces ukrainiennes, Oleksandre Syrsky, a déjà admis mi-avril que la situation sur le front Est s'était "considérablement détériorée" récemment.

Il a affirmé voir une "intensification significative" de l'offensive russe depuis mars, aboutissant à des "succès tactiques".

La grande contre-offensive ukrainienne de l'été 2023 s'était heurtée à de puissantes lignes de défense russes qui ont épuisé les ressources de l'armée ukrainienne, sans permettre de libérer les régions occupées par la Russie.

L'Ukraine fait désormais face aux hésitations de ses alliés occidentaux, même si une aide militaire américaine de 61 milliards, longtemps bloquée, a finalement été votée par la Chambre des représentants des Etats-Unis samedi. Le texte doit encore être adopté par le Sénat puis promulgué par le président Joe Biden.

Kiev espère désormais que l'aide des Etats-Unis pourra atteindre le front très rapidement. Le Kremlin a, lui, jugé que qu'elle ne changerait "rien"