Irak: Neuf civils tués dans des tirs d'artillerie, Bagdad accuse la Turquie

Manifestation contre l'offensive militaire turque dans la région autonome du Kurdistan irakien (Photo, AFP).
Manifestation contre l'offensive militaire turque dans la région autonome du Kurdistan irakien (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 21 juillet 2022

Irak: Neuf civils tués dans des tirs d'artillerie, Bagdad accuse la Turquie

  • Le Premier ministre irakien a adopté un ton inhabituellement ferme vis-à-vis de son voisin turc accusées d'avoir effectué des frappes dans le Kurdistan autonome
  • Un porte-parole des autorités médicales de Zakho, Amir Ali, a indiqué à l'AFP que les tirs de mercredi avaient fait neuf morts et 23 blessés

ZAKHO: Neuf civils, dont des enfants, ont été tués et 23 blessés mercredi dans le nord de l'Irak par des tirs d'artillerie imputés à la Turquie, poussant Bagdad à rappeler son chargé d'affaires à Ankara et réclamer le retrait des forces turques de son territoire.

Le Premier ministre irakien Moustafa al-Kazimi a adopté un ton inhabituellement ferme vis-à-vis de son voisin turc, condamnant une "violation flagrante de sa souveraineté" par "les forces turques", accusées d'avoir effectué des frappes à l'artillerie sur des jardins récréatifs dans la région autonome du Kurdistan.

Les victimes des tirs étaient pour la plupart des "touristes arabes irakiens, venant en majorité du centre et du sud de l'Irak", a dit à l'AFP Mouchir Bachir, le chef du district de Zakho, frontalier de la Turquie.

Cette région montagneuse du Kurdistan est très populaire auprès des habitants du centre et du sud de l'Irak fuyant les températures caniculaires de l'été.

Une source au sein du ministère turc de la Défense a toutefois assuré à l'AFP ne disposer d'"aucune information faisant état ou confirmant des tirs d'artillerie dans cette zone".

De son côté, la diplomatie turque a estimé que "ces types d'attaques" étaient perpétrés par "des organisations terroristes", appelant l'Irak à ne pas "faire des déclarations sous l'influence de la propagande terroriste".

Ankara, qui dispose de dizaines de bases militaires depuis 25 ans au Kurdistan irakien, a déclenché à la mi-avril une nouvelle opération militaire contre les insurgés kurdes turcs du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), classé groupe "terroriste" par la Turquie et ses alliés occidentaux.

Un porte-parole des autorités médicales de Zakho, Amir Ali, a indiqué à l'AFP que les tirs de mercredi avaient fait neuf morts et 23 blessés. Parmi les personnes décédées figurent aux moins trois femmes, deux enfants et trois hommes, avait-il auparavant indiqué.

Nos enfants sont morts

Devant un hôpital de Zakho, Hassan Tahsin Ali, le crâne bandé, raconte à l'AFP avoir miraculeusement survécu au déluge de feu qui s'est abattu sur le parc et ses étendues d'eau, où les visiteurs profitaient d'un moment de détente.

"Nous venons de la province de Babylone (centre)", raconte le jeune homme d'une voix atone. "Il y a eu des frappes à l'aveugle sur nous, il y avait des corps sur l'eau", ajoute-t-il. "Nos jeunes sont morts, nos enfants sont morts, à qui devons-nous nous adresser ? Nous n'avons que Dieu".

Le ministère des Affaires étrangères va "convoquer l'ambassadeur de Turquie en Irak", selon les décisions d'un Conseil ministériel de sécurité nationale présidé par le Premier ministre irakien.

L'Irak rappelle son chargé d'affaires à Ankara pour consultations

Ces décisions ont été prises lors d'une réunion du Conseil ministériel de sécurité nationale présidé par le Premier ministre Moustafa al-Kazimi.

Le ministère des Affaires étrangères a été chargé de "convoquer l'ambassadeur de Turquie en Irak pour lui signifier la condamnation" de Bagdad au sujet des tirs meurtriers.

Le Conseil réclame également "le rappel du chargé d'affaires irakien à Ankara pour consultations, et l'arrêt des procédures d'envoi d'un nouvel ambassadeur en Turquie", selon le communiqué.

Le Conseil, qui comprend notamment le ministre de l'Intérieur, de la Défense et des Finances, exige également des excuses officielles de la Turquie "et le retrait de ses forces armées de l'ensemble du territoire irakien".

Réuni mercredi soir, le Conseil exige le retrait des forces armées turques de l'ensemble du territoire irakien. Tout comme il réclame "le rappel du chargé d'affaires irakien à Ankara pour consultations, et l'arrêt des procédures d'envoi d'un nouvel ambassadeur en Turquie", selon un communiqué.

Les opérations militaires turques sur le sol irakien compliquent les relations entre le gouvernement central irakien et Ankara, l'un des premiers partenaires commerciaux de l'Irak.

Elles valent à l'ambassadeur turc en poste à Bagdad d'être régulièrement convoqué au ministère irakien des Affaires étrangères. Mais les remontrances irakiennes sont généralement sans lendemain.

En soirée, malgré un important dispositif policier, quelques dizaines de personnes ont manifesté devant un centre de délivrance de visas turcs à Kerbala (centre), brûlant un drapeau turc, a constaté un photographe de l'AFP.

Dans la capitale Bagdad des manifestants se sont rassemblés aux abords d'un centre de délivrance de visas affilié à l'ambassade et l'un des participants s'est hissé sur le toit et a baissé le drapeau turc qui le surmontait, selon deux sources de sécurité, la police laissant faire pour éviter tout débordement.

Danger permanent

Erbil, capitale du Kurdistan d'Irak, entretient des relations compliquées avec le PKK car sa présence dans la région entrave ses relations commerciales vitales avec la Turquie voisine.

"Les affrontements entre les forces turques et le PKK dans les zones frontalières sont devenus une menace et un danger permanent pour la vie des citoyens", a dénoncé mercredi le gouvernement régional du Kurdistan dans un communiqué.

Le 17 juillet, un drone armé --turc selon les responsables locaux irakiens-- a visé une voiture à l'ouest de la ville de Mossoul (nord), chef-lieu de la province septentrionale de Ninive, frontalière du Kurdistan.

L'attaque a tué le chauffeur ainsi que ses quatre passagers identifiés par les services de sécurité du Kurdistan comme étant des combattants du PKK.

Un mois plus tôt déjà, quatre "combattants" du PKK avaient été tués au Kurdistan irakien dans une attaque menée par des "drones de l'armée turque", selon les autorités de cette région autonome.


Le président libanais accuse Israël de répondre à son offre de négociations en intensifiant ses attaques

Le président libanais Joseph Aoun a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de négociation en intensifiant ses frappes aériennes, dont la dernière a tué un homme à moto dans le sud du Liban. (Reuters/File)
Le président libanais Joseph Aoun a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de négociation en intensifiant ses frappes aériennes, dont la dernière a tué un homme à moto dans le sud du Liban. (Reuters/File)
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  • Le président libanais Joseph Aoun accuse Israël d’avoir répondu à son offre de négociations par une intensification des frappes, qui ont tué deux personnes dans le sud du Liban
  • En visite à Beyrouth, le ministre allemand Johann Wadephul appelle à un retrait israélien du sud du Liban et à un désarmement du Hezbollah, condition jugée essentielle pour la reprise du dialogue

BEYROUTH: Le président libanais, Joseph Aoun, a accusé Israël de répondre à l'offre de négociations du Liban par une intensification de ses frappes, les dernières ayant tué vendredi deux hommes dans le sud du pays selon Beyrouth.

"Le Liban est prêt à des négociations pour mettre fin à l'occupation israélienne, mais toute négociation (...) a besoin d'une volonté réciproque, ce qui n'est pas le cas", a affirmé M. Aoun à l'issue d'un entretien avec le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul.

Le chef de l'Etat s'était déjà prononcé le 13 octobre pour des négociations entre les deux pays voisins, toujours formellement en état de guerre, et qui ont émergé en novembre dernier d'un an de conflit meurtrier entre Israël et le Hezbollah libanais.

Israël "répond à cette option en menant davantage d'attaques contre le Liban (...) et en intensifiant la tension", a déploré M. Aoun

Selon le ministère de la Santé libanais, deux personnes ont été tuées vendredi lors de deux frappes israéliennes dans le sud du pays.

L'Agence nationale d'information libanaise (Ani, officielle) a indiqué qu'un drone avait notamment visé un homme à moto dans le village de Kounine.

L'armée israélienne a affirmé avoir tué un "responsable de la maintenance du Hezbollah", qui oeuvrait selon elle à rétablir des infrastructures du mouvement pro-iranien.

La veille, une unité israélienne s'était introduite dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal.

M. Aoun a demandé à l'armée de "faire face" à toute nouvelle incursion israélienne en territoire libanais.

- "Condition sine qua non" -

Malgré le cessez-le-feu ayant mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier continue de mener des frappes régulières au Liban disant viser des cibles du mouvement chiite, et a intensifié ses raids ces derniers jours.

L'armée israélienne se maintient aussi dans cinq positions dans le sud du Liban.

Selon un bilan de l'AFP basé sur des données du ministère de la Santé, au moins 25 personnes, dont un Syrien, ont été tuées en octobre.

L'ONU avait indiqué mardi que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Le chef de la diplomatie allemande a apporté son soutien au président libanais, affirmant qu'il exhorterait son homologue israélien, Gideon Saar, à retirer l'armée israélienne du sud du Liban.

"Il doit y avoir un retrait des troupes israéliennes. Je comprends qu'Israël ait besoin de sécurité (...) Mais nous avons maintenant besoin d'un processus de confiance mutuelle. Et je m'engage à ce que les deux parties se parlent", a dit le ministre allemand.

Il a également "encouragé le gouvernement libanais à veiller à ce qu'un processus crédible, compréhensible et rapide de désarmement du Hezbollah soit mis en place", une "tâche colossale" mais, a-t-il estimé, "la condition sine qua non" pour régler les relations avec Israël.

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour que le mouvement chiite livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.


Israël a rendu à Gaza 30 corps de Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages 

Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
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  • "Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès
  • Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre

GAZA: Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza.

"Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès.

Les otages avaient été enlevés lors de l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui avait déclenché la guerre dans la bande Gaza.

Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre.

Depuis cette date, le Hamas a également rendu deux dépouilles d'otages non-israéliens, un Thaïlandais et un Népalais.

Le mouvement islamiste a jusqu'à présent restitué les restes de 17 des 28 corps qui se trouvaient encore à Gaza et auraient dû être rendus au début de la trêve, assurant que localiser les autres dépouilles est "complexe" dans le territoire dévasté par deux ans de guerre.

Des équipes égyptiennes autorisées à entrer dans le territoire palestinien par Israël participent aux recherches avec des engins de chantiers.

Lundi soir, le Hamas avait rendu à Israël les restes d'un otage, identifié comme étant ceux d'Ofir Tzarfati, dont une partie de la dépouille avait déjà été récupérée en deux fois.

Les retards successifs dans la remise des corps des otages ont provoqué la colère du gouvernement israélien, qui a accusé le Hamas de violer l'accord de trêve. Et les familles des otages ont exigé des mesures plus sévères pour contraindre le groupe palestinien à se conformer à l'accord.

Dix corps d'otages du 7-Octobre seraient encore à Gaza, ainsi que celui d'un soldat mort durant une guerre en 2014. Tous sont israéliens sauf un Tanzanien et un Thaïlandais.

Par ailleurs, à deux reprises depuis le 10 octobre, Israël a mené des bombardements massifs sur Gaza en représailles à des tirs qui ont tué trois de ses soldats. Le 19 octobre, les bombardements israéliens avaient fait au moins 45 morts et mardi 104.

Le Hamas, qui dément avoir tiré sur les soldats israéliens, a accusé Israël de violer le cessez-le-feu.


Frappe israélienne sur le sud du Liban: un mort 

Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre. (AFP)
Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre. (AFP)
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  • Vendredi, un drone a visé un homme à moto dans le village de Kounine, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Le ministère de la Santé a fait état d'un mort et d'un blessé
  • Cette frappe intervient au lendemain de l'incursion d'une unité israélienne dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal

BEYROUTH: Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre.

Malgré le cessez-le-feu ayant mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier continue de mener des frappes régulières au Liban, affirmer viser la formation pro-iranienne.

Vendredi, un drone a visé un homme à moto dans le village de Kounine, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Le ministère de la Santé a fait état d'un mort et d'un blessé.

Israël n'a pas réagi dans l'immédiat.

Cette frappe intervient au lendemain de l'incursion d'une unité israélienne dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal.

Le président Joseph Aoun a demandé à l'armée de "faire face" à toute nouvelle incursion israélienne en territoire libanais.

Ces derniers jours, l'aviation israélienne a intensifié ses frappes au Liban, affirmant viser des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Selon un bilan compilé par l'AFP à partir des données du ministère de la Santé, au moins 25 personnes, dont un Syrien, ont été tuées depuis le début du mois.

L'ONU avait indiqué mardi que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Lors d'un entretien vendredi avec son homologue allemand Johann Wadephul, en visite à Beyrouth, le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Rajji lui a demandé "d'aider à faire pression sur Israël pour qu'il cesse ses agressions".

"Seule une solution diplomatique, et non militaire, peut assurer la stabilité et garantir le calme dans le sud", a assuré le ministre libanais, selon ses propos rapportés par l'Ani.

Il a assuré que "le gouvernement libanais poursuit la mise en œuvre progressive de sa décision de placer toutes les armes sous son contrôle".

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour que le mouvement chiite livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.