Maroc: HRW dénonce les «techniques de répression» envers les opposants

Un tribunal marocain de Première instance. (AFP)
Un tribunal marocain de Première instance. (AFP)
Short Url
Publié le Jeudi 28 juillet 2022

Maroc: HRW dénonce les «techniques de répression» envers les opposants

  • «Les autorités emploient tout un manuel de techniques sournoises pour réprimer les opposants, tout en s'efforçant de conserver intacte l'image du Maroc en tant que pays respectueux des droits», explique la directrice de HRW
  • Ces techniques «forment un écosystème de répression visant non seulement à museler les voix critiques, mais aussi à effrayer tous les détracteurs potentiels de l'État» marocain

NEW YORK: Condamnés pour des crimes de droit commun, en particulier sexuels, plusieurs journalistes et opposants marocains ont été la cible de "techniques de répression" développées par les autorités marocaines, visant à les faire taire, affirme Human Rights Watch (HRW) dans un rapport publié jeudi.

"Les autorités emploient tout un manuel de techniques sournoises pour réprimer les opposants, tout en s'efforçant de conserver intacte l'image du Maroc en tant que pays respectueux des droits", explique Lama Fakih, directrice de HRW pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, citée dans un communiqué.

Ces techniques "forment un écosystème de répression visant non seulement à museler les voix critiques, mais aussi à effrayer tous les détracteurs potentiels de l'État" marocain, observe l'organisation de défense des droits humains basée à New York.

Dans ce document de 141 pages, elle s'appuie sur l'étude détaillée des cas de huit journalistes et opposants pour étayer "les failles procédurales entachant le traitement de ces affaires" qui sont, en réalité, "des attaques politiques déguisées".

Parmi les cas les plus connus: ceux d'Omar Radi et Soulaimane Raissouni, deux journalistes indépendants condamnés en appel en 2022 respectivement à six ans et cinq ans de prison pour "agressions sexuelles" (et "espionnage" pour le premier).

Un autre journaliste, Taoufik Bouachrine, éditorialiste arabophone influent, incarcéré depuis 2018, a écopé de 15 ans de prison pour "viol" et "traite d'être humain".

Tous les trois nient ces accusations, affirmant être visés pour leurs opinions critiques vis-à-vis du pouvoir.

Les autorités, elles, assurent que la justice est indépendante et que ces condamnations "n'ont rien à voir" avec leur travail journalistique.

Mais pour HRW, "les procès ciblant des opposants sont souvent entachés de graves violations du droit à une procédure régulière et équitable".

A titre d'exemple, l'ONG évoque la détention provisoire "prolongée et sans justification" de MM. Radi et Raissouni pendant un an, soit la durée maximale prévue par la législation marocaine.

Elle pointe aussi le refus de la justice de "convoquer les témoins requis par la défense, sans fournir de justifications raisonnables", ou des verdicts prononcés en l'absence des accusés, comme pour l'historien et défenseur des droits humains, Maâti Monjib.

«Diffamation et intimidation»

En outre, le rapport de HRW dénonce de "féroces campagnes de diffamation" menées par des médias "alignés sur les services de sécurité marocains", mentionnant les sites Chouf TV -- "spécialisé dans les vidéos et articles à scandale" --, Le360 et Barlamane.

Ces campagnes de "harcèlement et d'intimidation" sont doublées par "une surveillance digitales et vidéos", notamment via le logiciel espion Pegasus, conçu par la société israélienne NSO, relève l'ONG.

L'été dernier, le Maroc avait été accusé d'avoir utilisé Pegasus pour infiltrer les téléphones de plusieurs personnalités publiques nationales et étrangères, selon une vaste enquête menée par un consortium de médias internationaux sur la base de données obtenues par les organisations Forbidden Stories et Amnesty International.

Le gouvernement marocain a catégoriquement démenti "ces allégations mensongères et infondées" et enclenché plusieurs procédures judiciaires notamment en France où la justice a récemment jugé irrecevables ces poursuites.

Dans ses recommandations, Human Rights Watch demande aux autorités marocaines de "respecter le droit à l'expression pacifique et à la vie privée".

Elle les exhorte aussi à "mettre fin aux méthodes utilisées contre les journalistes critiques, les défenseurs des droits humains et les activistes de la société civile".

Pour son enquête, HRW précise avoir mené des entretiens avec 89 personnes à l'intérieur et à l'extérieur du Maroc.

Interpellé lundi au Parlement sur "les pratiques de certaines organisations étrangères de droits de l'Homme", le ministre de la Justice Abdellatif Ouabih a répondu que le Maroc accepte leurs observations mais "refuse l'exploitation de mauvaise foi de rapports à des fins politiciennes".


Tunisie: l'ambassadeur UE convoqué par le président Saied pour «non respect des règles du travail diplomatique» 

Le président tunisien Kais Saied a convoqué mardi Giuseppe Perrone, ambassadeur de l'Union européenne, pour "lui exprimer une protestation ferme concernant le non-respect des règles diplomatiques", selon un bref communiqué officiel diffusé mercredi à l'aube qui ne précise pas les faits reprochés. (AFP)
Le président tunisien Kais Saied a convoqué mardi Giuseppe Perrone, ambassadeur de l'Union européenne, pour "lui exprimer une protestation ferme concernant le non-respect des règles diplomatiques", selon un bref communiqué officiel diffusé mercredi à l'aube qui ne précise pas les faits reprochés. (AFP)
Short Url
  • Le président Saied a exprimé à son interlocuteur son rejet du "recours à des pratiques en dehors des cadres officiels reconnus par les usages diplomatiques"
  • L'UGTT, ancienne co-lauréate du Prix Nobel de la Paix en 2015 pour sa contribution à la phase de démocratisation de la Tunisie, après la révolution de 2011 et la chute du président Zine El Abidine Ben Ali, revendique plus de 700.000 adhérents

TUNISIE: Le président tunisien Kais Saied a convoqué mardi Giuseppe Perrone, ambassadeur de l'Union européenne, pour "lui exprimer une protestation ferme concernant le non-respect des règles diplomatiques", selon un bref communiqué officiel diffusé mercredi à l'aube qui ne précise pas les faits reprochés.

Le président Saied a également exprimé à son interlocuteur son rejet du "recours à des pratiques en dehors des cadres officiels reconnus par les usages diplomatiques".

Lundi, M. Perrone avait reçu Noureddine Taboubi, chef du principal syndicat tunisien UGTT -- qui a récemment menacé de déclencher une grève générale pour obtenir des hausses salariales -- et avait salué "le rôle important" de l'organisation "en faveur du dialogue social et du développement économique" en Tunisie, selon un communiqué de la délégation européenne à Tunis.

L'UGTT, ancienne co-lauréate du Prix Nobel de la Paix en 2015 pour sa contribution à la phase de démocratisation de la Tunisie, après la révolution de 2011 et la chute du président Zine El Abidine Ben Ali, revendique plus de 700.000 adhérents.

Le diplomate européen avait "réaffirmé sa volonté de poursuivre le dialogue avec l'UGTT et de continuer à soutenir la Tunisie sur les plans social et économique, dans divers secteurs", selon la même source. De son côté, le secrétaire général de l'UGTT avait appelé à renforcer et développer la coopération entre la Tunisie et l'Union européenne.

La semaine passée, M. Taboubi a présidé une réunion de l'UGTT où il a apporté son soutien à différents mouvements de grève en cours dans le secteur privé pour réclamer des augmentations de salaires. Il a salué le succès d'une grève générale ayant eu lieu dans la grande ville de Sfax (centre-est) et menacé d'organiser prochainement une grande grève au niveau national.

"L'organisation se dirige vers une grève générale pour défendre les acquis matériels et sociaux des travailleurs face aux difficultés quotidiennes".

M. Taboubi a dénoncé "une baisse du pouvoir d'achat" des Tunisiens face à "des conditions de vie précaires sur le plan des transports, de la santé et de la maladie", défendant "leur droit syndical à se défendre" afin d'obtenir "un salaire décent qui leur fait défaut actuellement".

Le salaire minimum en Tunisie est d'environ 520 dinars (150 euros) pour 48 heures par semaine. Le taux d'inflation reste très élevé notamment pour les produits alimentaires. Il est récemment revenu à environ 5% après avoir atteint un pic de 10% en 2023.


L'armée israélienne annonce le lancement d'une «vaste opération» dans le nord de la Cisjordanie

L'armée israélienne a annoncé mercredi le lancement d'une "vaste opération" contre des groupes armés palestiniens dans le nord de la Cisjordanie occupée. (AFP)
L'armée israélienne a annoncé mercredi le lancement d'une "vaste opération" contre des groupes armés palestiniens dans le nord de la Cisjordanie occupée. (AFP)
Short Url
  • "Pendant la nuit (de mardi à mercredi), les forces [israéliennes] ont commencé à opérer dans le cadre d'une vaste opération antiterroriste dans la région du nord" de la Cisjordanie, indique un communiqué militaire israélien
  • Les forces israéliennes, "ne permettront pas au terrorisme de s'[y] implanter", ajoute l'armée israélienne

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé mercredi le lancement d'une "vaste opération" contre des groupes armés palestiniens dans le nord de la Cisjordanie occupée.

"Pendant la nuit (de mardi à mercredi), les forces [israéliennes] ont commencé à opérer dans le cadre d'une vaste opération antiterroriste dans la région du nord" de la Cisjordanie, indique un communiqué militaire israélien.

Les forces israéliennes, "ne permettront pas au terrorisme de s'[y] implanter", ajoute l'armée israélienne.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967.

Interrogée par l'AFP, l'armée israélienne a indiqué qu'il ne s'agissait pas d'un déploiement dans le cadre de son "opération antiterroriste" lancée en janvier 2025 et visant principalement les camps de réfugiés palestiniens de la région, mais d'une "nouvelle opération".

Elle n'a pas fourni plus de détails dans l'immédiat.

Les violences ont explosé en Cisjordanie depuis le début de la guerre à Gaza déclenchée par l'attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023 sur le sud d'Israël.

Depuis le 7-Octobre, plus d'un millier de Palestiniens, parmi lesquels de nombreux combattants, mais aussi beaucoup de civils, y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon un décompte de l'AFP à partir de données de l'Autorité palestinienne.

Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, au moins 43 Israéliens, parmi lesquels des civils et des soldats, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Les violences n'ont pas cessé en Cisjordanie depuis l'entrée en vigueur de la trêve à Gaza le 10 octobre.

Le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) a recensé en octobre un pic des "attaques de colons ayant causé des victimes, des dommages matériels ou les deux" en près de deux décennies de collecte de données dans ce territoire palestinien.

Le 10 novembre, un Israélien a été tué et trois autres ont été blessés lors d'une attaque au couteau menée par deux Palestiniens rapidement abattus par des soldats près de Bethléem, dans le sud de la Cisjordanie.


Le Conseil de sécurité de l'ONU en Syrie et au Liban la semaine prochaine

 Le Conseil de sécurité de l'ONU se rendra la semaine prochaine en Syrie et au Liban, a indiqué mardi la mission slovène qui présidera le Conseil en décembre. (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU se rendra la semaine prochaine en Syrie et au Liban, a indiqué mardi la mission slovène qui présidera le Conseil en décembre. (AFP)
Short Url
  • Alors que l'ONU tente de se réimplanter en Syrie, le Conseil a récemment levé ses sanctions contre le nouveau dirigeant du pays, l'appelant à mettre en oeuvre une transition inclusive
  • Le 5 décembre, le Conseil sera ensuite à Beyrouth, avant de se rendre le lendemain à la rencontre des Casques bleus de la force de maintien de la paix de l'ONU au sud du Liban (Finul), qui doit quitter le pays fin 2027

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU se rendra la semaine prochaine en Syrie et au Liban, a indiqué mardi la mission slovène qui présidera le Conseil en décembre.

Quelques jours avant le premier anniversaire de la chute de l'ancien président syrien Bachar al-Assad, les ambassadeurs des quinze Etats membres doivent se rendre le 4 décembre à Damas où ils devraient rencontrer notamment les nouvelles autorités, dont le président par intérim Ahmad al-Chareh, et des représentants de la société civile, a précisé la mission à des journalistes.

Alors que l'ONU tente de se réimplanter en Syrie, le Conseil a récemment levé ses sanctions contre le nouveau dirigeant du pays, l'appelant à mettre en oeuvre une transition inclusive.

Le 5 décembre, le Conseil sera ensuite à Beyrouth, avant de se rendre le lendemain à la rencontre des Casques bleus de la force de maintien de la paix de l'ONU au sud du Liban (Finul), qui doit quitter le pays fin 2027 après avoir fait tampon entre Israël et le Liban depuis mars 1978.

Ce déplacement intervient alors qu'Israël a poursuivi ses frappes au Liban malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 pour mettre fin à un conflit avec le mouvement libanais Hezbollah, un allié du groupe islamiste palestinien Hamas.