En Syrie, les derniers fabricants de bateaux en bois préservent un héritage

L'artisan syrien Khaled Bahlawan construit un bateau en bois dans son chantier naval sur l'île méditerranéenne syrienne d'Arwad le 24 juillet 2022. LOUAI BESHARA / AFP
L'artisan syrien Khaled Bahlawan construit un bateau en bois dans son chantier naval sur l'île méditerranéenne syrienne d'Arwad le 24 juillet 2022. LOUAI BESHARA / AFP
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Publié le Lundi 01 août 2022

En Syrie, les derniers fabricants de bateaux en bois préservent un héritage

  • Vieux de plusieurs millénaires, cet artisanat phénicien se retrouve aujourd'hui menacé par la baisse de la demande de bateau en bois
  • Les longues coupures de courant dues à des années de conflit en Syrie empêchent M. Bahlawan d'utiliser ses équipements électriques modernes

ILE D'ARWAD: Khaled Bahlawan plante des clous dans un bateau traditionnel en bois qu'il a construit à la main, travaillant sous le soleil brûlant de la côte méditerranéenne en Syrie, pour préserver un artisanat ancien en voie de disparition.

"Nous sommes la dernière famille en Syrie à fabriquer des navires et bateaux en bois", confie à l'AFP M. Bahlawan. "C'est l'héritage de nos ancêtres. Nous nous battons chaque jour pour le préserver", ajoute cet homme de 39 ans au bord de l'île d'Arwad, en face de la ville de Tartous, dans l'ouest de la Syrie.

Vieux de plusieurs millénaires, cet artisanat phénicien se retrouve aujourd'hui menacé par la baisse de la demande de bateau en bois.

Les longues coupures de courant dues à des années de conflit en Syrie empêchent M. Bahlawan d'utiliser ses équipements électriques modernes. Il a donc recours aux outils manuels archaïques de son grand-père.

"C'est une tâche difficile", dit-il en transpirant, le visage parsemé de copeaux de bois dans son atelier. "Nous faisons de notre mieux pour surmonter les difficultés telles que les coupures d'électricité et les pénuries de carburant", dit l'homme à la peau dorée par le soleil.

Risque de disparition

Les huit membres de la famille Bahlawan se partagent les tâches dans le modeste atelier. Ils fabriquent et réparent des bateaux en bois depuis des centaines d'années. Ces navires sont utilisés principalement par les pêcheurs, les stations balnéaires et pour le transport.

Selon le maire d'Arwad, Noureddine Souleiman, la fabrication de bateaux en bois est une tradition qui remonte à des milliers d'années, depuis l'époque phénicienne. Dans le passé, la majorité des habitants d'Arwad étaient des constructeurs de bateaux, raconte-t-il:

"Aujourd'hui, il ne reste que la famille Bahlawan."

Les Phéniciens étaient réputés pour la fabrication de navires et de bateaux en bois. Navigateurs hors pair, ils parcouraient la Méditerranée, apportant leurs connaissances, leur savoir-faire artisanal et même leur alphabet dans d'autres régions de la Méditerranée.

Mais la fabrication traditionnelle de bateaux risque désormais de disparaître complètement, s'inquiète M. Suleiman, car les jeunes émigrent ou cherchent un travail plus facile et plus rentable.

Située à environ trois kilomètres de la côte de Tartous, Arwad est la seule île habitée de Syrie, un havre de paix dans un pays déchiré par 11 ans de guerre. Des centaines de travailleurs, d'habitants et de visiteurs s'y rendent chaque jour dans des bateaux en bois, pour la plupart fabriqués par les Bahlawan.

«Responsabilité historique»

Les Bahlawan ont conservé la forme et la structure d'origine des anciens bateaux phéniciens, malgré quelques modifications, explique à l'AFP Farouk Bahlawan, oncle de Khaled et charpentier qualifié.

"Nous confectionnons ces navires principalement à partir du bois d'eucalyptus et de mûrier provenant des forêts de Tartous", explique cet homme de 54 ans.

A quelques mètres de l'atelier à ciel ouvert, plus de 40 bateaux en bois sont amarrés au port d'Arwad.

"Nous fabriquions chaque année quatre grands navires et plusieurs bateaux que nous exportions à Chypre, en Turquie et au Liban", dit Farouk. Mais "cette année, nous n'avons travaillé que sur un seul navire, et il y a encore beaucoup de travail avant qu'il ne soit terminé", ajoute-t-il.

"Nous devons continuer ce voyage", dit Farouk la voix tremblante, en regardant les enfants qui s'amusent à manier des cerfs-volants: "Nous portons une responsabilité historique sur nos épaules."


Négociations de paix au Soudan: le chef de l'armée prêt à «collaborer» avec Trump

Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
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  • Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)"
  • Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise

PORT-SOUDAN: Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt.

Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)", a déclaré le ministère des Affaires étrangères pro-armée dans un communiqué publié à l'issue d'un déplacement officiel à Ryad, à l'invitation du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise.

Les négociations de paix menées par les Etats-Unis avec le groupe de médiateurs du Quad (réunissant Egypte, Arabe Saoudite et Emirats) sont à l'arrêt depuis que le général al-Burhane a affirmé que la dernière proposition de trêve transmise par M. Boulos était "inacceptable", sans préciser pourquoi.

Le militaire avait alors fustigé une médiation "partiale" et reproché à l'émissaire américain de reprendre les éléments de langage des Emirats, accusés d'armer les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Abou Dhabi nie régulièrement fournir des armes, des hommes et du carburant aux FSR, malgré des preuves fournies par des rapports internationaux et enquêtes indépendantes.

De leur côté, les FSR ont annoncé qu'ils acceptaient la proposition de trêve mais les attaques sur le terrain n'ont pas pour autant cessé au Kordofan, région au coeur de combats intenses.

Pour l'instant, aucune nouvelle date de négociations n'a été fixée, que ce soit au niveau des médiateurs du Quad ou de l'ONU qui essaie parallèlement d'organiser des discussions entre les deux camps.

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée, qui contrôle le nord et l'est du pays - aux FSR, dominantes dans l'ouest et certaines zones du sud.

Depuis la prise du dernier bastion de l'armée dans la vaste région voisine du Darfour, les combats se sont intensifiés dans le sud du pays, au Kordofan, région fertile, riche en pétrole et en or, charnière pour le ravitaillement et les mouvements de troupes.

Le conflit, entré dans sa troisième année, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, déraciné des millions de personnes et provoqué ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire au monde".

 


Le prince héritier saoudien rencontre le chef du conseil de transition soudanais pour discuter de la sécurité et de la stabilité

Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
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  • La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation
  • Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays

RIYADH : Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a rencontré Abdel Fattah Al-Burhan à Riyad lundi pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à restaurer la sécurité et la stabilité dans le pays, a rapporté l'Agence de presse saoudienne.

La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation.

Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays, a ajouté SPA.

Le ministre saoudien de la défense, le prince Khalid ben Salmane, le ministre des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, le ministre d'État et conseiller à la sécurité nationale, Musaed bin Mohammed Al-Aiban, le ministre des finances, Mohammed Al-Jadaan, et l'ambassadeur saoudien au Soudan, Ali Hassan Jaafar, ont également assisté à la réunion.


Cisjordanie: 25 immeubles d'habitation menacés de destruction dans un camp de réfugiés

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  • "Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre"
  • "Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie

TULKAREM: L'armée israélienne va démolir 25 immeubles d'habitation du camp de réfugiés de Nour Chams, dans le nord de la Cisjordanie, ont indiqué lundi à l'AFP des responsables locaux.

Abdallah Kamil, le gouverneur de Tulkarem où se situe le camp, a déclaré à l'AFP avoir été informé par le Cogat --l'organisme du ministère de la Défense israélien supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens-- que les démolitions interviendraient d'ici la fin de la semaine.

"Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre", a indiqué à l'AFP Faisal Salama, responsable du comité populaire du camp de Tulkarem, proche de celui de Nour Chams, précisant qu'une centaine de familles seraient affectées.

Le Cogat n'a pas répondu dans l'immédiat aux sollicitations de l'AFP, l'armée israélienne indiquant se renseigner.

"Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie.

Il estime qu'elles s'inscrivent "dans une stratégie plus large visant à modifier la géographie sur le terrain", qualifiant la situation de "tout simplement inacceptable".

"Crise" 

La Cisjordanie est occupée par Israël depuis 1967.

Début 2025, l'armée israélienne y a lancé une vaste opération militaire visant selon elle à éradiquer des groupes armés palestiniens, en particulier dans les camps de réfugiés du nord, comme ceux de Jénine, Tulkarem et Nour Chams.

Au cours de cette opération, l'armée a détruit des centaines de maisons dans les camps, officiellement pour faciliter le passage des troupes.

Selon M. Friedrich, environ 1.600 habitations ont été totalement ou partiellement détruites dans les camps de la région de Tulkarem, entraînant "la crise de déplacement la plus grave que la Cisjordanie ait connue depuis 1967".

Lundi, une vingtaine de résidents de Nour Chams, tous déplacés, ont manifesté devant des véhicules militaires blindés bloquant l'accès au camp, dénonçant les ordres de démolition et réclamant le droit de rentrer chez eux.

"Toutes les maisons de mes frères doivent être détruites, toutes! Et mes frères sont déjà à la rue", a témoigné Siham Hamayed, une habitante.

"Personne n'est venu nous voir ni ne s'est inquiété de notre sort", a déclaré à l'AFP Aïcha Dama, une autre résidente dont la maison familiale de quatre étages, abritant environ 30 personnes, figure parmi les bâtiments menacés.

Disparaître 

Fin novembre, l'ONG Human Rights Watch a indiqué qu'au moins 32.000 personnes étaient toujours déplacées de chez elles dans le cadre de cette opération.

Comme des dizaines d'autres, le camp de Nour Chams a été établi au début des années 1950, peu après la création d'Israël en 1948, lorsque des centaines de milliers de Palestiniens ont fui ou été expulsés de leurs foyers.

Avec le temps, ces camps se sont transformés en quartiers densément peuplés, où le statut de réfugié se transmet de génération en génération.

De nombreux habitants ont affirmé à l'AFP ces derniers mois qu'Israël cherchait à faire disparaître les camps, en les transformant en quartiers des villes qu'ils jouxtent, afin d'éliminer la question des réfugiés.

Nour Chams a longtemps été un lieu relativement paisible où vivaient dans des maisons parfois coquettes des familles soudées entre elles.

Mais depuis quelques années, des mouvements armés s'y sont implantés sur fond de flambées de violence entre Palestiniens et Israéliens et de précarité économique.