Le régime iranien inquiet face à la montée en puissance de l’opposition

Les autorités iraniennes sont de plus en plus préoccupées par la montée en puissance de la résistance contre le régime (Photo, Reuters).
Les autorités iraniennes sont de plus en plus préoccupées par la montée en puissance de la résistance contre le régime (Photo, Reuters).
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Publié le Mardi 02 août 2022

Le régime iranien inquiet face à la montée en puissance de l’opposition

Le régime iranien inquiet face à la montée en puissance de l’opposition
  • Le régime iranien a utilisé sa présence diplomatique en Europe pour planifier des attentats terroristes à la bombe et des assassinats de dissidents sur le continent pendant des décennies
  • Le peuple iranien se rebelle contre la répression violente de ses droits par les dirigeants et le pillage de ses richesses nationales pour les utiliser dans des guerres par procuration et pour le développement d’armes nucléaires

Les autorités iraniennes sont de plus en plus préoccupées par la montée en puissance de la résistance contre le régime tant à l’intérieur du pays qu’à l’étranger.

À titre d’exemple, le groupe de travail spécial anticorruption de l’Albanie a démantelé en juillet un réseau d’agents du régime iranien et d’infiltrés qui surveillaient activement la résistance iranienne et qui se préparaient à mener des attaques terroristes contre elle. Certains membres du réseau terroriste du régime ont été arrêtés et font l’objet d’une enquête officielle.

Il convient de noter que, chaque été, le mouvement de résistance iranienne tient son rassemblement annuel dans le but de proposer un avenir meilleur pour l’Iran. Il appelle également les gouvernements occidentaux à mettre fin à la politique de conciliation avec Téhéran et à se ranger du côté du peuple iranien qui revendique un Iran libre, laïc, pluraliste, démocratique et non nucléaire, vivant en harmonie avec ses voisins et le monde libre.

L’important sommet mondial de 2022 pour un Iran libre devait se tenir au camp d’Achraf 3 en Albanie, qui abrite le principal groupe d’opposition, le Conseil national de la résistance iranienne (CNRI), les 23 et 24 juillet. Cependant, une menace terroriste crédible visant les dirigeants du groupe d'opposition a été identifiée. Le rassemblement a donc dû être annulé.

Des centaines de dignitaires du monde entier devaient y assister et exprimer leur soutien à la résistance iranienne.

Le régime iranien a utilisé sa présence diplomatique en Europe pour planifier des attentats terroristes à la bombe et des assassinats de dissidents sur le continent pendant des décennies.

En 2018, le régime a eu recours aux services d’un diplomate, en charge de ses opérations de renseignement contre les dissidents en Europe, pour transporter des explosifs dans un avion de ligne assurant la liaison Téhéran-Vienne, puis les transférer à des complices, chargés de les faire exploser au sommet pour un Iran libre qui se tenait aux environs de Paris cette année-là. Assadollah Assadi a été reconnu coupable et condamné à vingt ans de prison par un tribunal belge pour son rôle dans ce complot terroriste potentiellement meurtrier. Il fait désormais l’objet d'un traité honteux entre la Belgique et le régime de prise d’otages iranien et il pourrait être remis en liberté.

En plus de planifier de telles attaques, Téhéran détient illégalement des citoyens occidentaux dans une sorte de prise d’otages et de tentative mafieuse d’extorquer des concessions à des gouvernements européens faibles comme la Belgique et de les forcer à libérer ses diplomates terroristes. Le régime fait également obstacle à la résistance iranienne et freine les progrès politiques et diplomatiques de l’opposition en Europe.

 

«Téhéran a utilisé sa présence diplomatique en Europe pour planifier des attentats terroristes à la bombe et des assassinats de dissidents sur le continent pendant des décennies.» - Dr Majid Rafizadeh

 

À peu près au même moment où l’événement en Albanie était pris pour cible, le ministère iranien des Affaires étrangères a publié une liste de soixante et un responsables américains actuels et anciens qu’il a ajoutés à sa liste noire en raison de leur «soutien délibéré» au CNRI. La liste comprend l’ancien secrétaire d’État, Mike Pompeo; le chef de la minorité républicaine à la Chambre, Kevin McCarthy et les sénateurs Ted Cruz et Cory Booker.

Mais il est essentiel de souligner que le changement est inévitable, comme le montrent les événements en Iran et dans la région. Les sérieux efforts déployés par le président américain, Joe Biden, pour relancer un accord agonisant sur le programme d’armes nucléaires de l’Iran, se sont heurtés à un changement de tactique à Téhéran. L’intransigeance et la perte de temps qui en ont découlé ont conduit même les plus ardents défenseurs de l’accord à admettre qu’il est probablement voué à l'échec.

Le peuple iranien, toutefois, n’attend pas l’intervention d’acteurs extérieurs. Il a mis en place un réseau national d’unités de résistance pour se révolter contre la tyrannie du régime. Il se rebelle contre la répression violente de ses droits par les dirigeants et le pillage de ses richesses nationales pour les utiliser dans des guerres par procuration et pour le développement d’armes nucléaires.

Alors que les mouvements sociaux prennent racine dans les villes et villages du pays et que ces unités de résistance défient l’autorité du régime à chaque occasion – sur le marché, dans les universités et les bureaux, au sein des écoles et des usines, ainsi que dans le cyberespace – les mollahs sont plus disposés que jamais à prendre pour cible le groupe d’opposition, qui est le moteur de la résistance et l’alternative politique à leur fascisme religieux.

Dans une autre défaite du régime iranien, Hamid Nouri, l’un des complices du massacre de prisonniers politiques en Iran en 1988 et ancien collaborateur du président, Ebrahim Raïssi, lui-même impliqué en tant que membre du comité de la mort, a été reconnu coupable au mois de juillet par un tribunal suédois, en vertu du principe de compétence universelle et condamné à la prison à vie.

Alors que les États-Unis et l’Europe prennent conscience du fait que le régime théocratique n’abandonnera pas ses ambitions nucléaires et que la conciliation n’a jamais fonctionné, de nouveaux impératifs géopolitiques mondiaux offrent de nouvelles raisons de rechercher le changement en Iran.

Le Dr Majid Rafizadeh est un politologue irano-américain formé à Harvard.

Twitter: @Dr_Rafizadeh

NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com