Le programme nucléaire iranien évolue rapidement, affirme l'AIEA

Rafael Grossi, directeur général de l'AIEA, s'exprime au début de la dixième révision annuelle du Traité de non-prolifération nucléaire au siège de l'ONU (Photo, AFP).
Rafael Grossi, directeur général de l'AIEA, s'exprime au début de la dixième révision annuelle du Traité de non-prolifération nucléaire au siège de l'ONU (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 04 août 2022

Le programme nucléaire iranien évolue rapidement, affirme l'AIEA

  • Rafael Mariano Grossi a déclaré que la surveillance d'un tel programme alors que l'Iran bloque l'accès aux inspecteurs internationaux s'avère plus difficile
  • Le traité de non-prolifération représente «le plus petit dénominateur commun auquel tout le monde doit se conformer», a déclaré Grossi à Arab News

NEW YORK: Le programme nucléaire iranien de 2022 est «très différent» de celui de 2015, année de la naissance du Plan d’action global conjoint (JCPOA), selon les termes du directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique, Rafael Mariano Grossi, qui a déploré «le manque de visibilité» du programme après que Téhéran a bloqué l'accès à ses installations nucléaires à l’agence.

Grossi a qualifié le programme iranien de «très ambitieux, vaste et techniquement sophistiqué», ajoutant qu'il avance «très, très rapidement». Et pas seulement vers l'avant, mais aussi dans toutes les directions, parce que ses ambitions et ses capacités augmentent.

«Je pense que tout le monde reconnaît ce fait, à commencer par les Iraniens qui affirment qu'ils font des progrès et des avancées étonnantes.»

Ces progrès ont rendu la surveillance du programme de Téhéran de plus en plus difficile.

«Il n'est pas impossible de le vérifier», a assuré Grossi. «Mais cela nécessitera beaucoup de travail. Un travail d'une nouvelle nature.»

Le chef de l'AIEA s'exprimait en marge de la dixième conférence d'examen des parties au traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Les États parties au TNP se réunissent tous les cinq ans à New York pour réexaminer ce traité historique vieux de cinquante ans et la mise en œuvre de ses dispositions: prévenir la propagation des armes nucléaires, détruire l'arsenal nucléaire existant afin de parvenir à terme à un monde exempt d'armes nucléaires et promouvoir les utilisations pacifiques de l'énergie nucléaire. La dernière révision a eu lieu en 2015, année de la signature du JCPOA. Le sommet actuel était censé avoir lieu en 2020 mais a été retardé par la pandémie.

Il se déroule à un moment critique où l'Iran se rapproche de l'acquisition d'une quantité suffisante de matière fissile pour un dispositif nucléaire, où la Chine et la Corée du Nord renforcent leurs arsenaux nucléaires et où la Russie et les États-Unis interrompent les discussions bilatérales sur leurs propres programmes. Face à cette augmentation des risques nucléaires, certains analystes ont averti que le régime du TNP dans son ensemble était en danger.

À l'ouverture de la réunion de haut niveau tant attendue, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a lancé un terrible avertissement: «L'humanité n'est qu'à un malentendu, à une erreur de calcul près de l'anéantissement nucléaire.»

«À ce stade, alors que nous discutons de toutes ces crises incroyables auxquelles nous sommes confrontés, le TNP nous a donné un plus petit dénominateur commun que tout le monde doit respecter pour que la situation ne devienne pas hors de contrôle», a déclaré Grossi à Arab News.

«Nous devons être clairs sur qui fait quoi et où», a-t-il insisté, ajoutant que l'AIEA est «inspirée et guidée à plus d'un titre» par le TNP.

Les négociateurs qui essayent de relancer le JCPOA à Vienne tiennent compte du fait que toute vérification du programme iranien nécessiterait un «degré d'accès proportionnel aux caractéristiques de ce programme, afin de pouvoir le vérifier», a expliqué Grossi.

En juin, l'Iran a retiré les équipements de l'AIEA, dont 27 caméras installées dans le cadre du JCPOA, après que le Conseil des gouverneurs de l'agence, composé de 35 pays, a adopté une résolution reprochant à Téhéran de ne pas avoir expliqué les traces d'uranium découvertes sur trois sites non déclarés.

«Bien entendu, cela implique que pendant une longue période, qui approche maintenant les deux mois, nous avons eu une visibilité considérablement réduite sur certaines installations où se trouvaient ces caméras», a signalé Grossi.

«La question de la localisation des matériaux et, surtout, des centrifugeuses et des installations de fabrication, est le principal sujet. Nous devrons nous mettre d'accord avec l'Iran sur la manière d'en rendre compte, si et quand il accepte de relancer le JCPOA.

«Lorsque vous parlez du JCPOA, ce qu'ils peuvent accepter ou refuser ne regarde qu'eux. Ce dont j'ai besoin, c'est de vérifier que ce qu'ils acceptent soit respecté.»

Grossi a signalé: «Ils peuvent décider d'autoriser un nombre discret de centrifugeuses d'un type ou d'un autre. Ils peuvent décider de revenir à l'accord. Et il est entendu qu'ils veulent revenir aux montants, aux quantités et aux niveaux qui ont été convenus en 2015.»

«Si cela se fait, nous devrons examiner plus de choses, dans le sens où il y avait un certain nombre de centrifugeuses à l'époque. Il y en a beaucoup plus aujourd'hui. L’Iran a également des capacités technologiques différentes, et il y a davantage d'installations qui produisent ces centrifugeuses.»

«Donc maintenant, si les Iraniens déclarent: “J'ai tel nombre de centrifugeuses”, eh bien, parfait, merci beaucoup, mais pendant deux mois, il y a eu beaucoup d'activités en termes de production de pièces pour plus de centrifugeuses que l'AIEA n'est pas en mesure de confirmer», a-t-il expliqué.

«Nous devrons donc trouver un moyen de traiter la situation. Je le redis, ce n’est pas impossible, mais techniquement très exigeant et il faut l’accord de l’Iran pour le faire.»

Ce n'est pas le nombre de centrifugeuses qui importe, ni l'ampleur et la profondeur d'un programme nucléaire, mais la transparence avec laquelle il est mené, a assuré Grossi. Évoquant le troisième pilier du TNP, qui appelle à promouvoir l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire, il a réaffirmé qu'il n'y a pas de limites à ce que les pays peuvent développer tant qu'ils restent transparents et donnent aux inspecteurs de l'AIEA «tout l'accès dont ils ont besoin pour que chaque gramme de matière» soit comptabilisé.

Au moment où le discours d'ouverture du TNP était diffusé le 1er août, Mohammed Eslami, le responsable iranien de l'énergie atomique, a déclaré que Téhéran avait la capacité de fabriquer une arme nucléaire «mais ne prévoyait pas de le faire».

Grossi a refusé de commenter l'intention derrière la déclaration d'Eslami, mais il a admis: «Pour être honnête, je n'aime pas que les gens parlent d'armes nucléaires. J'ai consacré toute ma vie à la non-prolifération nucléaire. Parler d'armes nucléaires n'est donc pas quelque chose qui me plaît vraiment. Mais je suis le chef de l'AIEA et je ne dis pas aux pays ce dont ils peuvent ou ne peuvent pas parler.

«Pour moi, ce qui est important, c'est que toutes les activités en Iran soient soumises à une stricte vérification de l'AIEA. Ensuite, ils peuvent dire ce qu'ils veulent ou ne veulent pas. Cela n'ajoute rien à la valeur de la conversation.»

À la question de savoir si le JCPOA doit être réécrit afin de permettre à l'AIEA de rendre compte de ce qui s'est passé lorsque les caméras étaient éteintes, Grossi a répondu que, plus que l'accord lui-même, «il faudra une certaine compréhension entre l'AIEA et l'Iran. C'est une question qui nous concerne, nous et l'Iran».

«Peut-être que, s'ils le souhaitent, les négociateurs du JCPOA peuvent convenir que cette question est indispensable. Je ne peux pas leur dire ce qu'ils doivent dire.

«Mais pour que je puisse garantir et vous dire: “Ok c'est le nombre de centrifugeuses qu'ils ont”, il faudra que j'ai des assurances sur ces périodes d'obscurité dans des endroits spécifiques», a-t-il soutenu.

Grossi a déclaré à Arab News qu'il espérait voir un réengagement envers le TNP à la fin de la conférence d'examen et «un soutien fort au travail de l'AIEA car, en fin de compte, elle continue d'être la seule voix, les yeux et les oreilles de la communauté internationale que nous pouvons avoir sur ces questions très épineuses».

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Des experts de l'ONU mettent en garde contre le plan de Trump de «posséder» Gaza

 Des hommes passent devant l'hôtel Grand Palace à l'ouest de la ville de Gaza, le 11 février 2025, alors qu'un cessez-le-feu est en vigueur dans la guerre entre Israël et le Hamas. (AFP)
Des hommes passent devant l'hôtel Grand Palace à l'ouest de la ville de Gaza, le 11 février 2025, alors qu'un cessez-le-feu est en vigueur dans la guerre entre Israël et le Hamas. (AFP)
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  •  Les États-Unis doivent faciliter un cessez-le-feu permanent, reprendre le financement de l'Unrwa et indemniser les Palestiniens pour les dommages causés par les armes américaines
  • Les États-Unis devraient faire pression sur Israël pour qu'il finance la reconstruction, selon les experts

NEW YORK: Un groupe de plus de 30 experts indépendants de l'ONU a dénoncé, mardi, les menaces du président américain Donald Trump de «prendre le contrôle» et de «posséder» Gaza, avertissant qu'une telle décision ouvrirait une nouvelle ère d'«anarchie prédatrice».

Se référant à la suggestion de M. Trump selon laquelle la population palestinienne de Gaza pourrait être déplacée par l'utilisation de la force militaire si nécessaire, les experts ont déclaré: «Des violations aussi flagrantes de la part d'une grande puissance briseraient le tabou mondial sur l'agression militaire et enhardiraient d'autres pays prédateurs à s'emparer de territoires étrangers, avec des conséquences dévastatrices pour la paix et les droits de l'homme à l'échelle mondiale.»

Ils ont ajouté que la mise en œuvre de la proposition américaine «ferait voler en éclats les règles les plus fondamentales de l'ordre international et de la Charte des Nations unies depuis 1945, que les États-Unis ont contribué à élaborer pour rétablir la paix après la catastrophique Seconde Guerre mondiale et l'Holocauste».

«Cela ramènerait le monde à l'époque sombre de la conquête coloniale.»

Les experts ont souligné qu'il était clairement illégal d'envahir et de s'emparer d'une terre étrangère par la force, d'en expulser les habitants et de refuser au peuple palestinien son droit fondamental à l'autodétermination, ce qui inclut le maintien de Gaza dans le cadre d'un État palestinien souverain.

«De telles violations auraient pour effet de remplacer l'État de droit international et la stabilité qu'il apporte par la 'règle du plus fort' sans foi ni loi.»

Les experts sont Ben Saul, rapporteur spécial sur la promotion des droits de l'homme dans la lutte contre le terrorisme, Francesca Albanese, rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l'homme dans les territoires palestiniens occupés, et George Katrougalos, expert indépendant sur la promotion d'un ordre international démocratique et équitable.

Ils ont déclaré que, tout comme plus de 50 ans d'occupation israélienne de la Palestine n'ont apporté ni la paix ni la sécurité à Israël ou à la Palestine, une occupation américaine aurait le même résultat désastreux, entraînant une guerre sans fin, la mort et la destruction.

La déportation massive de civils des territoires occupés a été classée comme crime de guerre dans les conventions de Genève de 1949, après la Seconde Guerre mondiale, afin d'empêcher la répétition d'actions telles que l'expulsion forcée par l'Allemagne nazie de populations de pays européens.

«La proposition américaine accélérerait le déplacement forcé des Palestiniens de leurs terres, qui a commencé lors de la Nakba de 1947-1948 et qui comprend depuis lors des démolitions de maisons, des expulsions, la destruction et le vol de ressources naturelles, en plus de la construction criminelle de colonies israéliennes illégales», ont averti les experts.

Au cours de son mandat précédent, M. Trump a reconnu illégalement les annexions illégales par Israël de Jérusalem-Est et du plateau du Golan, actions qui ont été condamnées par la Cour internationale de justice, l'Assemblée générale des Nations unies, le Conseil de sécurité et une grande majorité de pays.

«Si le président américain se préoccupe réellement du bien-être des Palestiniens, il devrait négocier un cessez-le-feu durable, reprendre le financement de l'Unrwa, indemniser les Palestiniens pour les dommages causés par les armes et les munitions américaines fournies à Israël malgré le risque sérieux de violations du droit humanitaire, et mettre fin aux transferts d'armes. Les États-Unis devraient également faire pression sur Israël pour qu'il finance la reconstruction et fournisse des réparations pour les violations commises, qu'il demande des comptes aux auteurs de crimes internationaux et qu'il soutienne de manière significative la création d'un État palestinien», ont-ils déclaré.

Ils ont ajouté que les États-Unis devraient également exhorter Israël à financer la reconstruction, à offrir des réparations pour les violations commises, à demander des comptes aux responsables de crimes internationaux et à soutenir véritablement la création d'un État palestinien.

L'action militaire israélienne à Gaza a entraîné la mort de plus de 48 100 Palestiniens et fait 110 000 blessés, principalement des femmes et des enfants. Les attaques ont fait de 85% de la population, soit environ 1,9 million de personnes, des sans-abri qui n'ont pas accès à la nourriture, à l'eau et aux autres besoins fondamentaux. Elles ont également gravement endommagé ou détruit la plupart des habitations, des terres agricoles et des infrastructures publiques, et causé d'importants dommages à l'environnement.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël menace de reprendre les combats à Gaza si les otages ne sont pas libérés

Donald Trump, premier allié d'Israël, a promis "l'enfer" au Hamas s'il ne relâchait pas "tous les otages" retenus à Gaza avant samedi "à 12 heures", après des menaces du mouvement islamiste palestinien de reporter les libérations prévues ce jour-là. (Reuters)
Donald Trump, premier allié d'Israël, a promis "l'enfer" au Hamas s'il ne relâchait pas "tous les otages" retenus à Gaza avant samedi "à 12 heures", après des menaces du mouvement islamiste palestinien de reporter les libérations prévues ce jour-là. (Reuters)
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  • Après avoir mobilisé dès lundi des troupes autour de la bande de Gaza, détruite par 15 mois de guerre, l'armée israélienne a annoncé mardi l'envoi de renforts supplémentaires
  • Le cessez-le-feu entre Israël et le mouvement islamiste palestinien, en vigueur depuis le 19 janvier pour six semaines, s'est fragilisé ces derniers jours et les négociations sur la deuxième phase de l'accord n'ont toujours pas commencé

JERUSALEM: Israël a menacé mardi de reprendre des "combats intenses" dans la bande de Gaza si les otages n'étaient pas libérés d'ici samedi dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu, auquel le Hamas a affirmé rester "attaché".

Donald Trump, premier allié d'Israël, a promis "l'enfer" au Hamas s'il ne relâchait pas "tous les otages" retenus à Gaza avant samedi "à 12 heures", après des menaces du mouvement islamiste palestinien de reporter les libérations prévues ce jour-là.

Après avoir mobilisé dès lundi des troupes autour de la bande de Gaza, détruite par 15 mois de guerre, l'armée israélienne a annoncé mardi l'envoi de renforts supplémentaires.

Le cessez-le-feu entre Israël et le mouvement islamiste palestinien, en vigueur depuis le 19 janvier pour six semaines, s'est fragilisé ces derniers jours et les négociations sur la deuxième phase de l'accord n'ont toujours pas commencé.

Le président américain, qui a soulevé un tollé international avec son projet de placer Gaza sous contrôle américain et de déplacer ses habitants vers l'Egypte et la Jordanie, a reçu mardi le roi Abdallah II de Jordanie.

Le souverain s'est dit prêt en sortant de cette rencontre à accueillir 2.000 enfants malades de Gaza, avant d'annoncer sur X avoir fait part à Donald Trump de sa "ferme opposition" à tout déplacement des Palestiniens.

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, qui est également attendu prochainement à la Maison Blanche, a lui aussi réaffirmé mardi le droit des Palestiniens "à vivre sur leurs terres".

La diplomatie égyptienne a en outre annoncé vouloir "présenter une vision globale pour la reconstruction" de la bande de Gaza "qui garantisse que le peuple palestinien reste sur sa terre, en conformité avec les droits légitimes et légaux de ce peuple".

"Une immense tragédie" 

Accusant Israël de plusieurs violations de l'accord de trêve, le Hamas avait menacé lundi de reporter la prochaine libération d'otages prévue samedi lors du sixième échange contre des prisonniers palestiniens.

"Si le Hamas ne libère pas nos otages d'ici à samedi midi, le cessez-le-feu prendra fin et [l'armée israélienne] reprendra des combats intenses jusqu'à ce que le Hamas soit définitivement battu", a déclaré mardi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, sans préciser s'il parlait de tous les otages ou du petit groupe censé être libéré samedi.

Le Hamas a répondu qu'il restait "attaché" à l'accord de trêve et a accusé Israël de ne pas avoir "tenu ses engagements".

Donald Trump a de son côté maintenu la date limite de samedi, affirmant "ne pas croire" que le Hamas la respecterait.

Le ministre israélien d'extrême droite Bezalel Smotrich a lui appelé Benjamin Netanyahu à suivre l'avis de Donald Trump et à exiger du Hamas la libération de "tous" les otages.

Cette exigence va plus loin que les termes de l'accord de trêve, qui prévoit la libération de 33 otages au total durant la première phase, en échange de 1.900 Palestiniens.

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a appelé le mouvement islamiste à poursuivre les libérations, afin d'éviter "une reprise des hostilités à Gaza qui conduirait à une immense tragédie".

La trêve a jusqu'à présent permis la libération de 16 otages israéliens, en plus de cinq Thaïlandais hors du cadre de l'accord, en échange de 765 prisonniers palestiniens.

Sur 251 personnes enlevées lors de l'attaque du Hamas contre Israël, qui a déclenché la guerre le 7 octobre 2023, 73 sont toujours otages à Gaza, dont au moins 35 sont mortes, selon l'armée israélienne qui a annoncé mardi la mort en captivité de Shlomo Mansour, un homme de 86 ans.

De nouvelles menaces sont aussi venues mardi des rebelles houthis du Yémen, alliés du Hamas, qui se sont dits prêts à reprendre leurs attaques contre Israël "en cas d'escalade" militaire à Gaza.

"Nous n'abandonnerons jamais" 

De nombreux Israéliens, dont des proches d'otages, ont manifesté mardi devant le bureau de Benjamin Netanyahu à Jérusalem, pour réclamer la mise en oeuvre de l'accord.

Parmi eux, Shahar Mor Zahiro, le neveu d'un otage tué, Avraham Munder. "Nous ne pouvons pas nous permettre un autre bras de fer entre les parties. Il y a un accord. Allez-y !", a-t-il dit.

Des négociations devaient en principe déjà être en cours sur la deuxième phase du cessez-le-feu, qui doit permettre la libération de tous les otages et la fin définitive de la guerre, mais le gouvernement israélien a jusque-là refusé de les reprendre.

La troisième et dernière étape devrait être consacrée à la reconstruction de Gaza, un gigantesque chantier estimé mardi par l'ONU à plus de 53 milliards de dollars.

Après avoir annoncé un plan visant à expulser la population de Gaza afin de reconstruire, Donald Trump a averti mardi qu'il envisageait d'arrêter l'aide à l'Egypte et à la Jordanie si ces pays refusaient d'accueillir les Palestiniens.

Une perspective qui suscite la colère en Egypte.

"Après les avoir bombardés et tués, ils veulent maintenant les déplacer ?", s'est insurgé Samir Gomaa, un garagiste de 71 ans au Caire. "Nous n'abandonnerons jamais la cause palestinienne".

L'attaque du 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.210 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles israéliennes.

L'offensive israélienne menée en représailles à Gaza a fait au moins 48.219 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

 


Reçu par Trump, le roi de Jordanie réitère sa «ferme opposition» à son plan pour Gaza

 Le roi Abdallah II de Jordanie a réitéré sa "ferme opposition" au déplacement de la population de Gaza après sa rencontre mardi avec Donald Trump, qui a encore défendu son plan largement décrié de développement immobilier du territoire palestinien vidé de ses habitants. (AFP)
Le roi Abdallah II de Jordanie a réitéré sa "ferme opposition" au déplacement de la population de Gaza après sa rencontre mardi avec Donald Trump, qui a encore défendu son plan largement décrié de développement immobilier du territoire palestinien vidé de ses habitants. (AFP)
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  • Le président américain voudrait que le royaume hachémite, avec l'Egypte, accueille l'essentiel des habitants de la bande de Gaza dévastée par l'offensive israélienne lancée après l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023
  • "L'une des choses que nous pouvons faire immédiatement, c'est de prendre 2.000 enfants, des enfants atteints de cancer ou très malades", a dit le roi de Jordanie

WASHINGTON: Le roi Abdallah II de Jordanie a réitéré sa "ferme opposition" au déplacement de la population de Gaza après sa rencontre mardi avec Donald Trump, qui a encore défendu son plan largement décrié de développement immobilier du territoire palestinien vidé de ses habitants.

Le président américain voudrait que le royaume hachémite, avec l'Egypte, accueille l'essentiel des habitants de la bande de Gaza dévastée par l'offensive israélienne lancée après l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023.

"L'une des choses que nous pouvons faire immédiatement, c'est de prendre 2.000 enfants, des enfants atteints de cancer ou très malades", a dit le roi de Jordanie.

"C'est vraiment un beau geste", s'est félicité Donald Trump, assis aux côtés de son invité et du prince héritier Hussein dans le Bureau ovale.

"Je dois penser à ce qui est dans l'intérêt de mon pays", a affirmé Abdallah II, qui avait déjà rejeté auparavant tout déplacement de Palestiniens, mais qui, devant les caméras, s'est gardé d'aborder frontalement le sujet en présence de Donald Trump.

Mais sur X, il a ensuite assuré avoir exprimé au président américain sa "ferme opposition au déplacement de Palestiniens à Gaza et en Cisjordanie" occupée, soulignant qu'il s'agissait d'une "position arabe commune".

"J'ai insisté sur le fait que mon engagement suprême était la Jordanie, sa stabilité et le bien-être des Jordaniens", a ajouté le monarque, allusion aux années de tensions voire d'affrontements armés qui, dans le contexte du conflit israélo-palestinien, ont marqué l'histoire du royaume.

Près de la moitié de ses 11 millions d'habitants sont d'origine palestinienne.

"Posséder Gaza" 

Le président américain a prédit de "grands progrès" dans les discussions tant avec la Jordanie qu'avec l'Egypte, et s'est dit persuadé "peut-être pas à 100%, mais à 99%" d'arriver à un compromis avec Le Caire.

Il a une nouvelle fois défendu son projet pour Gaza, qui a soulevé l'indignation internationale: "Nous allons posséder Gaza. Nous n'avons pas besoin de l'acheter. Il n'y a rien à acheter", a déclaré Donald Trump, assurant que le territoire serait placé "sous contrôle américain", sans expliquer de quelle manière.

Abdallah II a lui fait savoir que l'Egypte élaborait un plan de coopération avec Donald Trump, et que ce projet ferait l'objet de discussions en Arabie saoudite.

"Attendons que les Egyptiens puissent présenter" ce plan, a-t-il plaidé.

Dans un communiqué mardi soir, le ministère égyptien des Affaires étrangères a fait savoir que Le Caire entendait "présenter une vision globale pour la reconstruction" de la bande de Gaza, "qui garantisse que le peuple palestinien reste sur sa terre, et en conformité avec les droits légitimes et légaux de ce peuple".

Donald Trump avait évoqué lundi un arrêt des aides américaines à la Jordanie si elle n'accueillait pas des Palestiniens, soit 750 millions de dollars d'aide économique et environ 350 millions de dollars supplémentaires en aide militaire par an.

Mais il a adopté un ton plus conciliant mardi, affirmant ainsi qu'il n'aurait pas besoin de "menacer" le pays.

Le milliardaire républicain, ancien promoteur immobilier, a par ailleurs répondu "non" à un journaliste qui lui demandait s'il comptait participer à titre privé au projet qu'il envisageait pour Gaza.

Trêve fragilisée 

La rencontre s'est tenue au moment où la trêve dans le territoire palestinien est fragilisée. Accusant Israël de plusieurs violations de l'accord de trêve, le Hamas avait menacé lundi de reporter la prochaine libération d'otages, prévue samedi.

"Je ne crois pas qu'ils respecteront la date limite", a dit Donald Trump, qui avait exigé lundi que le mouvement palestinien libère les otages israéliens au plus tard samedi, sans quoi un "véritable enfer" se déchaînerait à Gaza.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a menacé mardi de reprendre les combats si les otages n'étaient pas libérés dans ce délai.

Après 15 mois de guerre entre Israël et le Hamas, un accord de trêve conclu par l'intermédiaire des médiateurs internationaux - Qatar, Etats-Unis, Egypte - est entré en vigueur le 19 janvier. Il prévoit l'arrêt des hostilités, la libération des otages contre celle de prisonniers palestiniens et une aide humanitaire accrue à Gaza.

Donald Trump veut transformer ce territoire dévasté en "Côte d'Azur du Moyen-Orient", après avoir déplacé définitivement la population palestinienne.

Les pays arabes ont fermement rejeté la proposition, insistant sur l'objectif d'une solution à deux Etats, avec un Etat palestinien indépendant au côté d'Israël.

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, qui pourrait se rendre prochainement à la Maison Blanche sans qu'aucune date n'ait été fixée, a exhorté mardi à la reconstruction de Gaza "sans déplacer les Palestiniens".