Un an de régime taliban en Afghanistan

Cette photo prise le 25 juillet 2022 montre des filles étudiant dans une école dans un lieu tenu secret en Afghanistan. (AFP).
Cette photo prise le 25 juillet 2022 montre des filles étudiant dans une école dans un lieu tenu secret en Afghanistan. (AFP).
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Publié le Mardi 09 août 2022

Un an de régime taliban en Afghanistan

  • Les talibans, en dépit de leur promesse initiale d'un régime plus souple que lors de leur passage au pouvoir entre 1996 et 2001, imposent aux femmes des restrictions drastiques
  • Les interdictions pleuvent: musique non-religieuse, représentation de visages humains sur des publicités, diffusion à la télé de films ou séries montrant des femmes non voilées sont bannies

KABOUL : Recul des droits humains, en particulier ceux des femmes, effondrement économique et attentats: un an depuis le retour au pouvoir des talibans en Afghanistan en quelques moments clés.

Talibans à Kaboul

Le 15 août 2021, les talibans investissent le palais présidentiel de Kaboul à l'issue d'une offensive fulgurante entamée en mai à la faveur du début du retrait d'Afghanistan des forces américaines et de l'Otan.

Le président afghan Ashraf Ghani, en fuite à l'étranger, admet que "les talibans ont gagné".

Washington gèle près de 9,5 milliards de dollars de la Banque centrale afghane et la Banque mondiale suspend ses aides à l'Afghanistan, dont 60% de la population dépend de l'aide internationale.

Evacuation chaotique

L'effondrement de l'armée et du gouvernement afghan précipite les opérations de retrait des militaires américains et de leurs alliés civils afghans, marquées le 26 août par un attentat revendiqué par le groupe Etat islamique à l'aéroport de Kaboul, qui fait plus de 100 morts.

Le 30 août, l'armée américaine quitte l'Afghanistan, mettant fin à deux décennies de présence dans le pays.

Gouvernement

Les 7 et 8 septembre, est nommé un gouvernement, largement trusté par des responsables historiques du mouvement dans les années 1990 et qui ne comprend aucune femme ministre.

Les Occidentaux déplorent un gouvernement ni "inclusif", ni "représentatif" de la diversité ethnique et religieuse du pays, comme le nouveau régime s'y était engagé, et font du respect des droits humains, particulièrement pour les femmes, un prérequis dans les négociations sur l'aide et la reconnaissance du régime islamiste.

Liberté des femmes restreinte

Les talibans, en dépit de leur promesse initiale d'un régime plus souple que lors de leur passage au pouvoir entre 1996 et 2001, imposent aux femmes des restrictions drastiques.

Le 23 mars 2022, ils font refermer aux filles les lycées et collèges, quelques heures à peine après leur réouverture pourtant annoncée de longue date.

Début mai, le chef suprême des talibans ordonne aux femmes de porter un voile intégral en public, de préférence la burqa.

Les femmes se voient aussi exclues de nombreux emplois publics et interdites de voyager seules en dehors de leur ville.

Autres droits humains amputés

Le 17 mai, le régime annonce la dissolution de la Commission des droits de l'Homme (AIHRC), un organisme qui surveillait notamment les violences commises contre la population. La Commission électorale et le Haut conseil national pour la réconciliation, chargé de promouvoir la paix dans le pays, ont subi le même sort.

Les interdictions pleuvent: musique non-religieuse, représentation de visages humains sur des publicités, diffusion à la télé de films ou séries montrant des femmes non voilées sont bannies. Les fondamentalistes demandent aux hommes de porter le vêtement traditionnel et de laisser pousser leur barbe.

Crise humanitaire et économique

L'Afghanistan, privé de l'aide internationale qui portait le pays à bout de bras, plonge dans une grave crise financière et humanitaire et voit son chômage exploser. Selon l'ONU, plus de la moitié de la population, soit environ 24 millions d'Afghans, sont menacés d'insécurité alimentaire.

Le 31 mars, l'ONU saisit la communauté internationale du plus grand appel de fonds jamais lancé pour un seul pays. L'initiative ne mobilise que 2,44 milliards de dollars, loin des 4,4 milliards espérés.

Des négociations sont en cours entre Washington et les talibans sur le déblocage de fonds après un tremblement de terre ayant fait plus de 1 000 morts et des milliers de sans-abri fin juin, dans l'est du pays.

Attentats de l'EI

En octobre 2021, un attentat contre la communauté chiite, persécutée de longue date dans ce pays à majorité sunnite, fait 60 morts, le plus meurtrier depuis le départ des troupes américaines.

L'attaque est revendiquée par l'Etat islamique au Khorasan (EI-K), la branche régionale de l'EI contre laquelle les talibans mènent depuis des années une lutte sans pitié.

Au printemps 2022, des dizaines de personnes sont tuées dans une série d'attaques à la bombe, dont la plupart est revendiquée par l'EI-K.

Les talibans assurent avoir vaincu l'EI-K, mais les analystes estiment que le groupe extrémiste constitue toujours le principal défi sécuritaire pour le nouveau pouvoir afghan.

Le chef d'Al-Qaïda tué par un drone américain

Dans la soirée du 1er août, le président américain Joe Biden annonce que les Etats-Unis ont tué dans une frappe de drone à Kaboul le chef d'Al-Qaïda Ayman al-Zawahiri, recherché depuis des années par les services secrets américains.

Zawahiri, successeur d'Oussama Ben Laden à la tête de la nébuleuse djihadiste, était considéré comme un des cerveaux des attentats du 11 septembre 2001, qui avaient fait près de 3 000 morts aux Etats-Unis.

Les talibans condamnent l'attaque mais ne confirment pas la mort de Zawahiri, ni même sa venue ou sa présence à Kaboul.


Liban: l'Italie souhaite maintenir sa présence militaire après le départ de la force de l'ONU

L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
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  • L’Italie confirme qu’elle maintiendra une présence militaire au Liban même après le retrait progressif de la Finul à partir du 31 décembre 2026
  • Rome met en avant le rôle clé des forces armées libanaises pour la stabilité du Liban et de la région, et appelle à des résultats concrets pour éviter toute exploitation de l’instabilité

ROME: L'Italie souhaite maintenir sa présence militaire au Liban, après le départ des Casques bleus de l'ONU qui commence le 31 décembre 2026, a indiqué lundi le ministère italien de la Défense.

"Même après" le départ de la force de maintien de la paix dans le sud du Liban (Finul) de l'ONU, l'Italie continuera à jouer son rôle soutenant avec conviction la présence internationale" dans ce pays, selon les propos du ministre de la Défense Guido Crosetto sur X.

Interrogé par l'AFP pour savoir si cela signifiait une "présence militaire" italienne, un porte-parole du ministère a confirmé que oui.

M. Crosetto a également souligné "le rôle fondamental" des forces armées libanaises "pour garantir la stabilité non seulement au Liban mais dans toute la région".

Le ministre a en outre assuré que Rome œuvrait à ce que les discussions en cours dans la région se traduisent par "des résultats concrets et que personne ne puisse tirer des avantages d'une situation d'instabilité dans le sud du Liban".

L'Italie est, avec 1.099 militaires, le deuxième contributeur de la Finul, derrière l'Indonésie (1.232) et cinq généraux italiens ont été parmi les chefs des Casques bleus au cours des 20 dernières années.


Un mort dans des frappes israéliennes au Liban (ministère)

Une photographie montre l'épave d'un véhicule visé par une frappe aérienne israélienne sur la route reliant le village frontalier d'Odeisseh, dans le sud du Liban, à Markaba, le 16 décembre 2025. (AFP)
Une photographie montre l'épave d'un véhicule visé par une frappe aérienne israélienne sur la route reliant le village frontalier d'Odeisseh, dans le sud du Liban, à Markaba, le 16 décembre 2025. (AFP)
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  • Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et un blessé, Israël affirmant viser des membres du Hezbollah malgré le cessez-le-feu de novembre 2024
  • Sous pression internationale, le Liban s’est engagé à désarmer le Hezbollah au sud du Litani, mais Israël accuse le mouvement de se réarmer, une accusation relayée par le sénateur américain Lindsey Graham

BEYROUTH: Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et un blessé dimanche, a annoncé le ministère libanais de la Santé, tandis que l'armée israélienne a déclaré avoir visé des membres du Hezbollah.

Israël continue à mener régulièrement des frappes au Liban et affirme viser le mouvement islamiste soutenu par l'Iran, malgré un cessez-le-feu qui a mis fin le 27 novembre 2024 à plus d'un an d'hostilités, en marge de la guerre dans la bande de Gaza.

Israël maintient également des troupes dans cinq positions frontalières du sud du Liban qu'il estime stratégiques.

Selon le ministère libanais de la Santé, deux frappes israéliennes ont touché dimanche un véhicule et une moto dans la ville de Yater, à environ cinq kilomètres de la frontière avec Israël, tuant une personne et en blessant une autre.

L'armée israélienne a déclaré avoir "frappé un terroriste du Hezbollah dans la zone de Yater" et ajouté peu après avoir "frappé un autre terroriste du Hezbollah" dans la même zone.

Dimanche également, l'armée libanaise a annoncé que des soldats avaient découvert et démantelé "un dispositif d'espionnage israélien" à Yaroun, une autre localité proche de la frontière.

Sous forte pression américaine et par crainte d'une intensification des frappes israéliennes, le Liban s'est engagé, comme prévu par l'accord de cessez-le-feu, à désarmer le Hezbollah et à démanteler d'ici la fin de l'année toutes ses structures militaires entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, à une trentaine de kilomètres plus au nord.

Israël a mis en doute l'efficacité de l'armée libanaise et accusé le Hezbollah de se réarmer, tandis que le mouvement chiite a rejeté les appels à abandonner ses armes.

En visite en Israël dimanche, le sénateur américain Lindsey Graham a lui aussi accusé le mouvement de se réarmer. "Mon impression est que le Hezbollah essaie de fabriquer davantage d'armes (...) Ce n'est pas un résultat acceptable", a-t-il déclaré dans une vidéo diffusée par le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Plus de 340 personnes ont été tuées par des tirs israéliens au Liban depuis le cessez-le-feu, selon un bilan de l'AFP basé sur les chiffres du ministère libanais de la Santé.


Un sénateur américain réclame une action militaire contre le Hamas et le Hezbollah s'ils ne désarment pas

Le sénateur Lindsey Graham entre dans la salle du Sénat à Washington, DC, le 11 décembre 2025. (AFP)
Le sénateur Lindsey Graham entre dans la salle du Sénat à Washington, DC, le 11 décembre 2025. (AFP)
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  • Le sénateur américain Lindsey Graham appelle au désarmement du Hamas et du Hezbollah, menaçant d’une action militaire s’ils refusent, et conditionne toute paix durable à cette étape
  • Malgré des cessez-le-feu fragiles à Gaza (octobre) et avec le Hezbollah (novembre 2024), les tensions persistent, Israël poursuivant des frappes et les médiateurs poussant vers une phase 2 du plan de paix

Jérusalem: L'influent sénateur américain Lindsey Graham a réclamé dimanche une action militaire contre le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais si ces deux mouvements ne démantelaient pas leur arsenal.

Après deux années d'une guerre dévastatrice dans la bande de Gaza, un fragile cessez-le-feu entre Israël et le Hamas est observé depuis octobre dans le territoire palestinien, bien que les deux parties s'accusent mutuellement de le violer.

Une trêve avec le Hezbollah est également entrée en vigueur en novembre 2024, après deux mois d'une guerre ouverte. Mais Israël continue de mener des frappes en territoire libanais, disant cibler le mouvement islamiste.

Concernant ses deux ennemis, alliés de l'Iran, Israël fait du démantèlement de leur arsenal militaire l'une des principales conditions à toute paix durable.

"Il est impératif d'élaborer rapidement un plan, d'impartir un délai au Hamas pour atteindre l'objectif du désarmement", a affirmé le sénateur républicain lors d'une conférence de presse à Tel-Aviv.

Dans le cas contraire, "j'encouragerais le président (Donald) Trump à laisser Israël achever le Hamas", a-t-il dit.

"C'est une guerre longue et brutale, mais il n'y aura pas de succès où que ce soit dans la région, tant que le Hamas n'aura pas été écarté du futur de Gaza et tant qu'il n'aura pas été désarmé", a estimé M. Graham.

Depuis le cessez-le-feu entré en vigueur le 10 octobre à Gaza, les médiateurs appellent à accentuer les efforts pour passer à la prochaine phase d'un plan de paix américain.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

"La phase deux ne pourra pas réussir tant que le Hamas n'aura pas été désarmé", a martelé M. Graham.

- "Grand ami d'Israël" -

Tout en se disant "optimiste" sur la situation au Liban où le gouvernement s'est engagé à désarmer le Hezbollah, M. Graham a brandi la menace d'une "campagne militaire" contre le mouvement.

"Si le Hezbollah refuse d'abandonner son artillerie lourde, à terme nous devrions engager des opérations militaires", a-t-il estimé, allant jusqu'à évoquer, en coopération avec le Liban, une participation des Etats-Unis aux côtés d'Israël.

Plus tôt dimanche, le sénateur a été reçu par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui a salué en lui "un grand ami d'Israël, un grand ami personnel".

Samedi, les Etats-Unis et les garants du cessez-le-feu --Egypte, Qatar et Turquie-- ont appelé Israël et le Hamas à "respecter leurs obligations" et à "faire preuve de retenue" à Gaza.

Le Hamas appelle de son côté à stopper les "violations" israéliennes du cessez-le-feu.

Vendredi, six personnes, dont deux enfants, ont péri dans un bombardement israélien sur une école servant d'abri à des déplacés, d'après la Défense civile à Gaza, un organisme de secours dépendant du Hamas.