Les étés de plus en plus chauds du Moyen-Orient, un danger pour la santé publique et la productivité

Des hommes se tiennent sous une douche en bordure de route, le long de la rue Sinak à Bagdad, pour se rafraîchir en raison des températures extrêmement élevées en pleine canicule (Photo, AFP).
Des hommes se tiennent sous une douche en bordure de route, le long de la rue Sinak à Bagdad, pour se rafraîchir en raison des températures extrêmement élevées en pleine canicule (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 19 août 2022

Les étés de plus en plus chauds du Moyen-Orient, un danger pour la santé publique et la productivité

  • La région devrait connaître des phénomènes météorologiques extrêmes, notamment des sécheresses, des inondations soudaines et des tempêtes de sable
  • La fréquence des tempêtes de poussière au Moyen-Orient pourrait doubler d'ici 2050 si les températures moyennes continuent d'augmenter

DUBAÏ: Cet été, quelques 20 pays dans le monde ont enregistré des températures maximales de 50 degrés Celsius ou plus, avec des épisodes de chaleur extrême frappant l'Europe, le Moyen-Orient et l'Afrique.

La région arabe, en particulier, a connu des températures de plus en plus extrêmes d'année en année, en raison des variations à long terme des régimes climatiques. À ce rythme, la réalité du changement climatique pourrait bien s'avérer pire que les prévisions initiales.

«Les pays du Moyen-Orient qui ont dépassé les 50 degrés Celsius sont le Koweït, l'Iran, l'Irak, le Bahreïn, le Qatar, l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis», a déclaré à Arab News Hussein Rifai, président de la société australienne SPC Global, conférencier et fervent défenseur de l'environnement.

«Les températures devraient augmenter dans la région d'au moins 4 degrés Celsius d'ici 2050 si les gaz à effet de serre continuaient d'augmenter au rythme actuel.»

Des étés de plus en plus chauds auront des conséquences sur la santé publique, les infrastructures, la productivité, l'environnement naturel et la demande énergétique (Photo, AFP).

Selon un rapport du FMI publié en mars, les températures au Moyen-Orient devraient augmenter de près d'un demi-degré Celsius par décennie, entraînant des phénomènes météorologiques extrêmes tels que la sécheresse, les inondations soudaines et les tempêtes de poussière.

Les résultats montrent que les catastrophes climatiques dans la région réduisent déjà la croissance économique annuelle de 1 à 2 points de pourcentage par habitant.

«Ce n'est ni une fiction ni une exagération», a déclaré le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, en avril, en réponse aux dernières conclusions du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat.

«C'est ce que la science nous indique comme étant le résultat de nos politiques énergétiques actuelles. Nous sommes sur la voie d'un réchauffement climatique de plus du double de la limite de 1,5 degré (au-dessus des niveaux préindustriels convenus par les dirigeants mondiaux à Paris en 2015).»

Les effets sont déjà visibles en Tunisie, où 90 % des infrastructures touristiques côtières sont menacées par l'érosion due à l'inondation par l'eau de mer. De même, en Iran, une grave sécheresse l'année dernière a déclenché des révoltes, la pénurie d'eau ayant détruit les moyens de subsistance des agriculteurs.

Des jeunes irakiens affrontent la chaleur en se baignant dans la rivière Shatt Al-Arab, dans la ville de Basra (Photo, AFP).

«Le changement climatique aggrave la désertification et le stress hydrique», a déclaré Rifai, dont la société basée à Shepparton s'est engagée l'année dernière à assurer un avenir durable à la planète. «Les tempêtes de sable répétées comme celles qui se produisent en Irak continueront à fermer les commerces et à envoyer des milliers de personnes à l'hôpital.»

En raison de la situation géographique du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, les températures moyennes ont déjà augmenté beaucoup plus rapidement que dans les autres régions habitées, d'environ 1,5 degré Celsius au cours des trois dernières décennies, soit deux fois plus que l'augmentation moyenne mondiale de 0,7 degré.

Une étude publiée dans la revue scientifique Climates Dynamics, qui présente une nouvelle méthode plus précise de projection des températures, affirme que le seuil du réchauffement climatique dangereux pourrait être franchi dès 2027, et certainement d'ici 2042.

«C'est la combinaison de la combustion de combustibles fossiles, de systèmes de gestion des déchets défectueux, de la déforestation continue et de l'urbanisation excessive, qui crée des gaz à effet de serre qui gardent la chaleur dans l'atmosphère et réchauffent la planète», a déclaré à Arab News, Zoltan Rendes, directeur du marketing de SunMoney Solar Group, une entreprise de fabrication de semi-conducteurs axée sur la région MENA.

Le monde arabe est particulièrement touché par la hausse des températures d’année en année (Photo, AFP).

Les conditions climatiques irrégulières pourraient être particulièrement néfastes pour les régions déjà chaudes. Les sécheresses pourraient être plus longues, plus profondes et plus fréquentes, tandis que la fréquence des tempêtes de poussière au Moyen-Orient pourrait doubler d'ici 2050.

«Pour mettre les choses en perspective, en 2015, une importante tempête de poussière a recouvert l'Arabie saoudite, le Koweït et l'Irak, provoquant des perturbations généralisées. Elle était si massive qu'elle pouvait être vue depuis l'espace», a signalé Rendes. «On ne peut qu'imaginer à quel point la situation sera dangereuse dans les années à venir.»

Dans tout le monde arabe, les responsables politiques sont désormais aux prises avec les conséquences d'étés de plus en plus chauds sur la santé publique, les infrastructures, la productivité, l'environnement naturel et la demande énergétique.

Quelles que soient les mesures prises aux niveaux mondial et régional dans le but de ralentir le rythme du réchauffement climatique, les experts affirment que les communautés devront s'adapter rapidement pour faire face à des étés plus chauds et atténuer leurs effets les plus néfastes.

Les recherches montrent que les émissions de gaz à effet de serre rendent les vagues de chaleur plus fréquentes et plus intenses.

Cet été, au moins 90 villes dans le monde ont émis des alertes à la chaleur, invitant le public à rester à l'intérieur afin d’éviter une exposition excessive au soleil et l'épuisement par la chaleur.

Les personnes âgées, les sans-abri et les personnes malades sont particulièrement vulnérables. Des centaines de décès liés à la chaleur ont été enregistrés au cours des mois d'été dans des endroits qui ne disposaient pas des installations et des infrastructures nécessaires pour faire face à ces conditions climatiques anormales.

La combinaison de températures élevées et d'humidité relative est potentiellement mortelle si le corps humain n'est pas en mesure de se refroidir par la transpiration — un phénomène connu sous le nom de températures de «bulbe humide».

Les scientifiques ont calculé qu'un adulte en bonne santé, vivant à l'ombre et disposant d'une quantité illimitée d'eau potable, mourra si la température de «bulbe humide» (TW) dépasse 35 degrés Celsius pendant une période de six heures.

On a longtemps supposé que ce seuil théorique ne serait jamais franchi. Cependant, des chercheurs américains ont découvert deux endroits — l'un dans les Émirats arabes unis, l'autre au Pakistan — où la barrière des 35C (TW) a été franchie plus d'une fois en 2020, même si ce n'était que de façon fugace.

Les pays du monde doivent adopter des politiques climatiques plus ambitieuses selon Hussein Rifai (Photo fournie).

Les climats plus chauds réduisent également la productivité des travailleurs et provoquent des dysfonctionnements d’ équipements surchauffés.

«C'est particulièrement vrai pour les emplois manuels, mais même les employés de bureau peuvent être affectés lorsque les températures deviennent trop élevées», a signalé Rendes.

Dans ces conditions, les climatiseurs doivent fonctionner davantage pour maintenir les gens au frais, ce qui exerce une pression supplémentaire sur les réseaux électriques sous la forme d'une demande d'énergie accrue.

«Si nous n'agissons pas pour accroître l'efficacité énergétique, passer à des sources d'énergie renouvelables comme le solaire, et propulser les solutions d'énergie propre par des investissements verts, ces problèmes vont s'aggraver dans le futur», a prévenu Rendes.

Le phénomène touchant également les routes, les voies ferrées et les pistes d'atterrissage — certaines ont littéralement fondu dans la chaleur de l'été de cette année — les perturbations de l'activité économique risquent de devenir plus fréquentes.

Tout aussi inquiétant est le risque croissant de conflit et de troubles sociaux résultant des déplacements humains, de l'inconfort et des privations, alors que la hausse des températures détruit les moyens de subsistance, submerge les infrastructures et provoque des pénuries de produits de première nécessité.

«Il y aura des troubles géopolitiques, car les citoyens marginalisés se battent pour l'accès et le contrôle des rares ressources en nourriture et en eau», a avisé Rifai, prédisant une menace sécuritaire imminente si aucune mesure n'est prise.

Un homme conduit une trotinette en pleine tempête de sable à Dubaï, le 14 août 2022 (Photo, AFP).

Pour relever ce défi, les pays du Golfe ont cherché à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, conformément à l'accord de Paris de 2015, en diminuant leur dépendance aux combustibles fossiles.

Les Émirats arabes unis, par exemple, se sont engagés à atteindre la carboneutralité d'ici 2050 et à investir jusqu'à 160 milliards de dollars américains (1 dollar américain = 0,99 euro) dans des solutions énergétiques propres et renouvelables.

L'année dernière, l'Arabie saoudite a lancé les deux initiatives «Arabie saoudite verte» et «le Moyen-Orient vert», engageant le royaume à atteindre zéro émission nette de gaz à effet de serre d'ici 2060 et à planter 10 milliards d'arbres au cours des prochaines décennies.

Pour Rifai, l'adoption généralisée de technologies vertes alternatives telles que les éoliennes, les panneaux solaires et les véhicules électriques à batterie est la voie à suivre.

Si des installations d'énergie éolienne et solaire étaient mises en place dans la moitié des pays du monde, affirme-il, non seulement leurs émissions de gaz à effet de serre seraient négligeables, mais le coût combiné de leur installation serait bien inférieur à celui de l'exploitation des centrales électriques à combustibles fossiles existantes.

Certains pays du Golfe ont fait des progrès notables dans le développement de l'énergie solaire et éolienne à l'échelle industrielle, notamment la troisième phase du projet solaire Mohammed ben Rachid à Dubaï, achevée l'année dernière, et l'inauguration du premier parc éolien d'Arabie saoudite à Dumat al-Jandal.

Les autorités saoudiennes ont pour objectif de porter la capacité de production d'énergie solaire photovoltaïque du royaume à 40 gigawatts d'ici 2030.

Une autre source d'énergie durable explorée par les pays du Golfe est l'hydrogène, considéré par de nombreux experts comme le carburant propre de l'avenir, en particulier l'hydrogène vert, qui est produit à partir de l'énergie solaire.

Des enfants palestiniens jouent dans une fontaine publique à Gaza (Photo, AFP).

Certains pays exploitent également le potentiel des pluies artificielles pour lutter contre la sécheresse et l'aridité croissante.

L'ensemencement des nuages est une intervention humaine visant à augmenter les précipitations. Les nuages sont ensemencés par des avions ou des fusées au sol, qui libèrent ensuite le matériau requis, le plus souvent de l'iodure d'argent.

Selon l'Organisation météorologique mondiale, 56 pays dans le monde utilisent la technologie d'ensemencement des nuages. Les Émirats arabes unis et l'Arabie saoudite ont tous deux lancé des programmes visant à accroître les précipitations.

«Dans les Émirats arabes unis, où les nuages chauds sont fréquents, on utilise des sels mélangés à du magnésium, du chlorure de sodium et du chlorure de potassium», a expliqué Rifai.

Ces derniers temps, les Émirats arabes unis ont testé une nouvelle méthode d'ensemencement des nuages en utilisant des drones qui injectent de l'électricité dans les nuages. Rifai estime que des recherches supplémentaires sont nécessaires de manière à affiner les technologies d'ensemencement des nuages.

«Ce n'est pas une solution parfaite aux problèmes de sécheresse, car elle nécessite la présence de nuages pour fonctionner et un type spécifique de cumulus. Dans les zones touchées par la sécheresse, il y aura probablement moins de nuages ensemencés», a-t-il ajouté.

Dans l'ensemble, les nombreuses initiatives en matière d'énergie montrent que les pays arabes qui disposent des ressources et de la volonté politique nécessaires s'attaquent à la crise climatique.

Malgré cela, les températures plus chaudes semblent être la nouvelle normalité à laquelle les populations du Moyen-Orient devront simplement s'adapter.

«Il n'est pas trop tard, mais les pays doivent être plus ambitieux dans leur législation sur le changement climatique. Nos vies et celles de nos générations futures sont véritablement en jeu», a avisé Rifai.

 «Les pays riches qui ont promis des milliards de dollars de financement annuel pour aider les pays pauvres à passer aux énergies renouvelables doivent commencer à tenir cette promesse», a-t-il conclut.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Lors d'une cérémonie en Irak, les premiers combattants kurdes du PKK ont brûlé leurs armes

Une trentaine de combattants kurdes du PKK, le Parti des Travailleurs du Kurdistan en guerre contre Ankara depuis quatre décennies, ont entamé vendredi en Irak le début d'un désarmement censé mettre fin à quatre décennies de violences. (Reuters)
Une trentaine de combattants kurdes du PKK, le Parti des Travailleurs du Kurdistan en guerre contre Ankara depuis quatre décennies, ont entamé vendredi en Irak le début d'un désarmement censé mettre fin à quatre décennies de violences. (Reuters)
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  • Selon une journaliste de l'AFP, quatre commandants du mouvement et leurs hommes ont déposé et brûlé leurs armes lors d'une cérémonie, vendredi matin, à 50 km à l'ouest de Souleimaniyeh, dans la région autonome du Kurdistan, dans le nord de l'Irak
  • Celle-ci s'est déroulée dans la grotte de Casene, connue pour avoir notamment abrité une imprimerie qui a publié l'un des premiers journaux kurdes, a-t-elle précisé

SOULEIMANIYEH: Une trentaine de combattants kurdes du PKK, le Parti des Travailleurs du Kurdistan en guerre contre Ankara depuis quatre décennies, ont entamé vendredi en Irak le début d'un désarmement censé mettre fin à quatre décennies de violences.

Selon une journaliste de l'AFP, quatre commandants du mouvement et leurs hommes ont déposé et brûlé leurs armes lors d'une cérémonie, vendredi matin, à 50 km à l'ouest de Souleimaniyeh, dans la région autonome du Kurdistan, dans le nord de l'Irak.

Celle-ci s'est déroulée dans la grotte de Casene, connue pour avoir notamment abrité une imprimerie qui a publié l'un des premiers journaux kurdes, a-t-elle précisé.

Le PKK a salué une "opération historique et démocratique".

Les combattants devaient ensuite regagner les montagnes proches où ils sont basés, avait indiqué précédemment à l'AFP un responsable du PKK.

Des représentants du gouvernement autonome du Kurdistan irakien et de son président Nechirvan Barzani ont assisté aux opérations, mais il n'a pas été précisé qui avait été dépêché par Ankara, hormis des membres des services de renseignements selon les médias turcs.

Les autorités locales kurdes avaient annoncé peu avant avoir abattu deux drones à proximité des positions des forces kurdes, quelques heures avant le début des opérations.

Un processus de paix initié depuis l'automne doit permettre de tourner la page de plus de quatre décennies de violences qui ont fait au moins 40.000 morts, et résoudre la question kurde tant au niveau national que régional, selon les experts.

"Responsabilité historique" 

Le 27 février, le chef du PKK Abdullah Öcalan, 76 ans dont vingt-six en prison, a appelé le mouvement à "déposer les armes et (...) à se dissoudre", affirmant "assumer la responsabilité historique de cet appel".

Parmi un nombre restreint d'invités conviés vendredi, officiellement pour des raisons de sécurité, figurent des élus du parti turc prokurde DEM, médiateur entre le PKK et le gouvernement turc.

Pour la Turquie, comme pour ses alliés occidentaux, le PKK est considéré comme un mouvement terroriste.

C'est paradoxalement l'allié du président turc Recep Tayyip Erdogan, le chef du parti nationaliste MHP, Devlet Bahceli, qui a tendu la main à l'ennemi public, lui proposant d'appeler les combattants à renoncer à la lutte armée et à "venir s'exprimer devant le Parlement".

Mercredi, dans un message vidéo en turc, "Apo" (oncle) comme l'appellent ses fidèles, a confirmé l'imminence du désarmement.

"Je crois au pouvoir de la politique et de la paix sociale et non des armes. Et je vous appelle à mettre ce principe en pratique", insistait-il dans cette longue adresse.

Le chef de l'Etat turc a récemment exprimé sa confiance de voir "une Turquie sans terroriste", espérant que "ce processus prometteur se conclurait avec succès le plus rapidement possible, sans obstacle, ni risque de sabotage".

"Geste de bonne volonté" 

Selon un commandant du PKK, cette première cérémonie était un "geste de bonne volonté".

Abdullah Öcalan, lui, est toujours détenu sur l'île prison d'Imrali, au large d'Istanbul, et ne réclame pas d'en sortir, alors que ses commandants faisaient de sa libération un des termes de l'équation.

"La situation de notre chef, Apo, affecte le processus et le ralentit", jugeait la semaine dernière un haut responsable du PKK, Mustafa Karasu.

En refusant de lier son sort personnel à l'avenir du processus de paix, M. Öcalan "contredit les conditions posées par le Parti qui demandait son élargissement afin qu'il puisse mener à bien le processus de paix", note l'historien des mouvements kurdes Boris James.

Le chercheur relève par ailleurs l'absence "d'acteur tiers pour garantir la probité du processus" et insiste: "Une très forte défiance subsiste entre le PKK et l'Etat turc, or l'Etat a donné peu de gages" aux combattants kurdes.

Ces derniers ont régulièrement dénoncé la poursuite des bombardements turcs sur leurs positions en Irak malgré le processus en cours.

Depuis les derniers violents combats qui avaient ensanglanté la ville turque à majorité kurde de Diyarbakir (sud-est) en 2015, les combattants du PKK sont principalement restés cantonnés dans les montagnes de Qandil, en Irak, soumis également aux opérations de ratissage de l'armée turque.

 


Dix personnes secourues après l'attaque meurtrière d'un navire en mer Rouge

Après plusieurs mois d'accalmie, les Houthis ont attaqué le navire Magic Seas dimanche, dont l'équipage a été évacué par la marine émiratie, puis l'Eternity C lundi et mardi, coulant les deux bâtiments. (Reuters)
Après plusieurs mois d'accalmie, les Houthis ont attaqué le navire Magic Seas dimanche, dont l'équipage a été évacué par la marine émiratie, puis l'Eternity C lundi et mardi, coulant les deux bâtiments. (Reuters)
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  • Après plusieurs mois d'accalmie, les Houthis ont attaqué le navire Magic Seas dimanche, dont l'équipage a été évacué par la marine émiratie, puis l'Eternity C lundi et mardi, coulant les deux bâtiments
  • Trois membres d'équipage philippins et un membre grec de l'équipe de sécurité à bord du Eternity C ont été récupérés en mer dans la nuit, "portant le nombre total de personnes secourues à 10", a indiqué jeudi la mission navale de l'Union européenne sur X

DUBAI: Dix personnes ont été secourues après l'attaque d'un navire en mer Rouge par les rebelles houthis du Yémen, tandis que trois autres ont été tuées et douze sont toujours portées disparues, selon la mission européenne Aspides déployée dans la zone.

Cette attaque, l'une des plus meurtrières menées par les Houthis contre la marine marchande, marque une escalade dans cette zone maritime essentielle pour le commerce mondial, menaçant une trêve conclue en mai avec les Etats-Unis censée préserver la liberté de navigation.

Après plusieurs mois d'accalmie, les Houthis ont attaqué le navire Magic Seas dimanche, dont l'équipage a été évacué par la marine émiratie, puis l'Eternity C lundi et mardi, coulant les deux bâtiments.

Trois membres d'équipage philippins et un membre grec de l'équipe de sécurité à bord du Eternity C ont été récupérés en mer dans la nuit, "portant le nombre total de personnes secourues à 10", a indiqué jeudi la mission navale de l'Union européenne sur X.

Au total, 25 personnes se trouvaient à bord de ce vraquier battant pavillon libérien.

Mardi, Aspides avait déclaré à l'AFP que trois personnes avaient été tuées et au moins deux blessées, parmi lesquelles un électricien russe qui a perdu une jambe, lors de l'attaque menée par les rebelles yéménites.

Le sort des autres membres de l'équipage reste incertain.

Mercredi, les Houthis ont affirmé avoir "secouru" un nombre indéterminé de personnes à bord du navire et les avoir emmenés dans un " lieu sûr". L'ambassade des Etats-Unis au Yémen les a accusés d'avoir enlevé les survivants.

Les insurgés ont également diffusé une vidéo montrant une puissante explosion sur le pont du cargo, qui a ensuite coulé.

"Profonde inquiétude" 

Depuis fin 2023, les Houthis ont attaqué des dizaines de navires qu'ils estiment liés à Israël, affirmant agir par solidarité avec les Palestiniens de la bande de Gaza, en proie aux bombardements israéliens depuis le début de la guerre le 7 octobre 2023.

Ces attaques ont contraint de nombreux armateurs à éviter la mer Rouge, par où transite 12% du commerce mondial, d'après la Chambre internationale de la marine marchande (ICS).

Les Houthis, qui contrôlent la capitale Sanaa et de larges pans du Yémen, en proie à une guerre civile depuis 2014, avaient interrompu leurs attaques maritimes cette année après un cessez-le-feu à Gaza conclu en janvier et qui a pris fin deux mois plus tard.

En mai, ces rebelles proches de l'Iran avaient averti qu'ils continueraient à s'en prendre aux navires israéliens ou liés à Israël, malgré une trêve avec les Etats-Unis qui a mis fin à des semaines de bombardements américains des cibles rebelles au Yémen.

Leur chef, Abdel Malek al-Houthi, a répété jeudi que ces opérations se poursuivront "tant que l'agression et le siège de Gaza perdureront", en affirmant que les navires visés appartiennent à des compagnies "violant l'interdiction" de se rendre en Israël.

Selon le Centre conjoint d'information maritime, géré par une coalition navale occidentale, le Magic Seas et l'Eternity C ont probablement été attaqués "en raison de précédents passages dans des ports israéliens ou de liens entre leurs propriétaires ou gestionnaires et d'autres navires ayant fréquenté Israël".

L'émissaire de l'ONU pour le Yémen, Hans Grundberg, a fait part de sa "profonde inquiétude", en déplorant des "pertes civiles, des blessés, ainsi qu'un risque potentiel de dommages environnementaux".

L'attaque contre l'Eternity C est la plus meurtrière depuis l'attaque de missile contre le navire marchand True Confidence en mars de l'année dernière, qui avait fait trois morts.

Les Houthis ont également capturé le Galaxy Leader en novembre 2023 et coulé le Rubymar, qui transportait 21.000 tonnes d'engrais, en février 2024.


Gaza: la Défense civile annonce 66 morts dont des enfants devant une clinique

La Défense civile locale a fait état de 66 morts jeudi dans les opérations militaires israéliennes à Gaza, dont 17, y compris des enfants, dans une frappe devant une clinique de Deir al-Balah où l'armée a dit avoir visé un combattant du Hamas. (AFP)
La Défense civile locale a fait état de 66 morts jeudi dans les opérations militaires israéliennes à Gaza, dont 17, y compris des enfants, dans une frappe devant une clinique de Deir al-Balah où l'armée a dit avoir visé un combattant du Hamas. (AFP)
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  • La clinique de Deir al-Balah est gérée par l'ONG humanitaire Project HOPE, qui a rapporté de son côté la mort de 15 personnes, dont dix enfants et deux femmes
  • "Les cliniques de Project HOPE sont des lieux de refuge à Gaza, où les gens amènent leurs jeunes enfants, où les femmes reçoivent des soins pendant et après leur grossesse, où l'on traite la malnutrition"

GAZA: La Défense civile locale a fait état de 66 morts jeudi dans les opérations militaires israéliennes à Gaza, dont 17, y compris des enfants, dans une frappe devant une clinique de Deir al-Balah où l'armée a dit avoir visé un combattant du Hamas.

Un raid aérien a touché en matinée un groupe de personnes qui patientaient devant un établissement médical de Deir al-Balah, a indiqué à l'AFP Mohammad al-Moughayyir, un responsable de l'organisation de premiers secours. Parmi les 17 morts figurent huit enfants au moins, selon lui.

L'armée israélienne a indiqué à l'AFP avoir ciblé à Deir al-Balah un membre d'une unité d'élite du mouvement islamiste palestinien Hamas, la Noukhba, ayant participé selon elle "au massacre du 7 octobre" 2023, à l'origine de la guerre à Gaza.

Elle a dit regretter "tout dommage causé à des personnes non impliquées" et oeuvrer "autant que possible à limiter les atteintes aux civils".

"Il n'y a eu aucun avertissement, juste une frappe directe au milieu des civils", a raconté à l'AFP Mohamed Abou Ouda, qui était dans la file d'attente devant la clinique. "Qu'avons-nous fait et qu'ont fait nos enfants pour mériter cela?"

"Nous étions des dizaines à attendre", a déclaré un autre témoin, Youssef Al-Aydi. "Soudain, nous avons entendu le bruit d'un avion s'approcher, puis l'explosion a retenti. Le sol a tremblé sous nos pieds et autour de nous ce n'était que sang et cris déchirants".

"Familles innocentes" 

La clinique de Deir al-Balah est gérée par l'ONG humanitaire Project HOPE, qui a rapporté de son côté la mort de 15 personnes, dont dix enfants et deux femmes.

"Les cliniques de Project HOPE sont des lieux de refuge à Gaza, où les gens amènent leurs jeunes enfants, où les femmes reçoivent des soins pendant et après leur grossesse, où l'on traite la malnutrition", a commenté dans un communiqué le responsable de l'ONG, Rabih Torbay.

"Pourtant, ce matin, des familles innocentes ont été attaquées sans pitié alors qu'elles faisaient la queue en attendant l'ouverture des portes", a-t-il ajouté, appelant à un cessez-le-feu immédiat.

Selon l'Unicef, l'un des enfants tués devant la clinique avait tout juste un an et venait de prononcer ses premiers mots quelques heures plus tôt d'après sa mère.

"Aucun parent ne devrait avoir à faire face à une telle tragédie", a commenté la directrice de l'agence onusienne Catherine Russell. "Tuer des familles qui tentent d'avoir accès à une aide vitale est quelque chose d'inconcevable".

L'armée israélienne n'a pas commenté les autres incidents rapportés par la Défense civile, dont l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans et les affirmations compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain.

L'attaque du 7-Octobre a entraîné côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.

Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 49 sont toujours retenues à Gaza, dont 27 ont été déclarées mortes par l'armée israélienne.

Au moins 57.762 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués dans la campagne de représailles militaires israéliennes à Gaza, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU.