GAZA: Le long de la corniche de la ville de Gaza, en bordure de Méditerranée, des femmes jouent aux cartes, fument la shisha ou papotent, profitant des longues nuit d'été qui offrent une échappatoire dans l'enclave palestinienne minée par les guerres et la pauvreté.
"On attend le coucher du soleil pour s'échapper vers la mer. C'est ma façon de ne pas penser aux pressions de la vie", raconte Youssra Hemeidat, 43 ans, en pleine partie de cartes avec son amie Nawal Yassine, dans un café ouvert sur la mer.
A Gaza, ces rendez-vous nocturnes étaient courants avant 2007 et la prise de pouvoir du mouvement islamiste Hamas, qui a serré la vis sur une société déjà conservatrice.
Mais ces dernières années, le mouvement a lâché un peu de lest. Les cafés se sont multipliés et il n'est plus rare de voir des femmes attablées sans hommes.
Dans l'enclave sous strict blocus israélien depuis 15 ans, les activités restent toutefois rares, souvent destinées aux enfants, dans des parcs ou quelques centres de loisirs pour les plus fortunés.
"Nous n'avons pas beaucoup d'endroits où aller à part la plage. Chaque soir, nous venons ici, jouons aux cartes, profitons, avant de rentrer chez nous", explique Nawal Yassine, qui a pour coéquipier son mari face à Youssra.
Dans la moiteur de l'été, le littoral offre également une brise bienvenue, alors que les températures tombent rarement en dessous des 30 degrés.
Allumer les ventilateurs ou l'air climatisé est un luxe alors que le taux de pauvreté avoisine les 60% dans le territoire de 2,3 millions d'habitants, où les coupures de courant font partie du quotidien.
Dans le camp de réfugiés de Chatti, qui signifie "la plage" en arabe, Faten Abdelrahmane raconte combien "la chaleur est insupportable".
"Alors on pose un drap sur la plage et on s'assoit, c'est la seule activité gratuite", raconte cette femme qui, comme la plupart des Gazaouies, ne travaille pas et dépend des aides sociales pour subvenir aux besoins de ses sept enfants.
Pour Oum Saïd, ces sorties nocturnes sont une façon d'évacuer le stress, surtout après les guerres entre Israël et les groupes armés de l'enclave.
Début août encore, trois jours d'hostilités ont fait 49 morts dans la bande de Gaza.
"On partage nos préoccupations, compatissant les unes avec les autres", dit Oum Saïd.
"Vous voyez des gens rire, mais à l'intérieur, tout le monde est dévasté psychologiquement".