Le procès de l'attentat de Nice s'ouvre à Paris six ans après la tragédie du 14 juillet 2016

Images au palais de justice de Paris de la salle d'audience où doit se tenir, à partir du 5 septembre, le procès de l'attentat du 14 juillet 2016 à Nice, seconde attaque la plus meurtrière sur le sol français (86 morts) après les attentats du 13-Novembre. (Photo, AFP)
Images au palais de justice de Paris de la salle d'audience où doit se tenir, à partir du 5 septembre, le procès de l'attentat du 14 juillet 2016 à Nice, seconde attaque la plus meurtrière sur le sol français (86 morts) après les attentats du 13-Novembre. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 29 août 2022

Le procès de l'attentat de Nice s'ouvre à Paris six ans après la tragédie du 14 juillet 2016

Images au palais de justice de Paris de la salle d'audience où doit se tenir, à partir du 5 septembre, le procès de l'attentat du 14 juillet 2016 à Nice, seconde attaque la plus meurtrière sur le sol français (86 morts) après les attentats du 13-Novembre. (Photo, AFP)
  • L'auteur des faits, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, un Tunisien de 31 ans, sera le grand absent
  • Le soir du 14 juillet 2016, il avait foncé au volant d'un camion de 19 tonnes dans la foule réunie pour assister à un feu d'artifice sur la promenade des Anglais de Nice

PARIS: Six ans après l'attentat du 14 juillet 2016 qui a fait 86 morts sur la promenade des Anglais de Nice, la justice va tenter de répondre à partir du 5 septembre aux attentes des proches des victimes de la seconde attaque la plus meurtrière sur le sol français après les attentats du 13-Novembre. 

Comme un symbole, le procès de l'attentat de Nice se déroulera dans la même salle d'audience criminelle « sur mesure » que celle où s'est déroulé le procès des attentats du 13 Novembre 2015 (dit « V13 »), dans l'historique Palais de justice de Paris. 

Pour les parties civiles (on en comptait 865 fin août dont 39 de nationalité étrangère) qui ne pourront pas faire le déplacement dans la capitale, le procès sera retransmis simultanément dans une salle du palais des congrès Acropolis de Nice, qui peut accueillir 500 parties civiles. 

Comme le procès V13 avant lui, le procès sera filmé et enregistré pour l'Histoire. 

L'auteur des faits, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, un Tunisien de 31 ans, sera le grand absent. Le soir du 14 juillet 2016, il avait foncé au volant d'un camion de 19 tonnes dans la foule réunie pour assister à un feu d'artifice sur la promenade des Anglais de Nice. Il y a été tué par la police après avoir tiré sur les forces de l'ordre. 

Cette attaque, huit mois après les attentats du 13-Novembre à Paris et à Saint-Denis, avait été revendiquée, deux jours après les faits, par l'organisation Etat islamique. L'enquête n'a cependant pas permis d'établir un lien direct entre l'attentat et l'organisation djihadiste. Cette revendication « paraît être davantage une revendication de pure opportunité », a conclu l'enquête. 

En l'absence de l'assaillant, les magistrats de la cour d'assises spéciale, présidée par Laurent Raviot, devront examiner la responsabilité de sept hommes et une femme, membres de son entourage ou intermédiaires impliqués dans le trafic d'armes qui lui étaient destinées. 

Trois accusés  - Ramzi Kevin Arefa, Chokri Chafroud, Artan Henaj - sont en détention dont un (Artan Henaj) dans le cadre d'une autre affaire. 

Quatre autres - Maksim Celaj, Endri Elezi, Mohamed Ghraieb et Enkeledja Zace - placés sous contrôle judiciaire, comparaîtront libres. 

Le huitième, Brahim Tritrou, sera jugé en son absence après avoir rompu son contrôle judiciaire. Selon son avocate, cet accusé se trouverait actuellement détenu en Tunisie. Un mandat d'arrêt a été émis à son encontre par la justice française. 

Trois accusés (Ramzi Kevin Arefa, Chokri Chafroud et Mohamed Ghraieb) sont poursuivis pour association de malfaiteurs terroriste. Ils encourent de 20 ans de prison à la réclusion criminelle à perpétuité pour le seul de ces trois accusés (Ramzi Kevin Arefa) en état de récidive légale. 

Les cinq autres accusés sont poursuivis pour association de malfaiteurs et infractions à la législation sur les armes et encourent de cinq à dix ans d'emprisonnement. 

Procès de l'attentat de Nice : les huit accusés

Mohamed Ghraieb 

Franco-Tunisien de 46 ans, Mohamed Ghraieb, était un proche de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel. Selon l'accusation il était « pleinement conscient » de l'adhésion de son ami « à l'idéologie nihiliste du djihad armé » avant les faits. 

Mais les investigations n'ont pas permis de déterminer s'il était au courant de son projet d'attentat. 

« Les liens de proximité, de camaraderie qu’il avait avec le chauffeur de la mort sont radicalement insuffisants pour établir une quelconque responsabilité pénale », a confié son avocat Me William Bourdon. 

Poursuivi pour participation à une association de malfaiteurs terroriste, Mohamed Ghraieb, marié à une femme ayant quatre enfants, n'a eu de cesse de proclamer son innocence. Parmi les éléments à charge, l'accusation lui reproche notamment d'avoir circulé le 11 juillet 2016 à bord du camion ayant servi à commettre l'attentat en compagnie de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel. 

Incarcéré entre juillet 2016 et août 2019, il doit comparaître libre au procès. Il encourt 20 ans de réclusion criminelle. 

Chokri Chafroud 

Tunisien de 43 ans, Chokri Chafroud est en détention provisoire depuis juillet 2016. 

Ami de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, ce célibataire sans enfant a contesté durant l'instruction toute responsabilité dans l'attentat. 

Poursuivi pour participation à une association de malfaiteurs terroriste, il lui est notamment reproché d'avoir circulé le 12 juillet 2016, sur la promenade des Anglais, à bord du camion ayant servi à commettre l'attentat en compagnie de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel. Il est aussi accusé d'avoir effectué des démarches pour lui fournir une arme de poing dans les semaines précédant l'attentat. 

Il encourt 20 ans de réclusion criminelle. 

Ramzi Kevin Arefa 

Franco-Tunisien de 27 ans, Ramzi Arefa est en détention provisoire depuis juillet 2016. 

Connu des services de police pour des faits de droit commun, ce célibataire sans enfant est poursuivi pour participation à une association de malfaiteurs terroriste et infractions à la législation sur les armes. 

Il lui est notamment reproché de s'être associé avec Mohamed Lahouaiej-Bouhlel dans sa recherche d'armes dans les semaines précédant l'attentat. Il aurait notamment exercé un rôle d'intermédiaire entre l'auteur de l'attentat et plusieurs des coaccusés poursuivis pour trafic d'armes. 

C'est le seul accusé à encourir la réclusion criminelle à perpétuité car en état de récidive légale. 

Artan Henaj 

Albanais de 44 ans, Artan Henaj, alias Giovanni, est en détention depuis juillet 2016 dans le cadre d'une autre affaire. 

Inconnu des services spécialisés en matière de terrorisme, il est poursuivi pour participation à une association de malfaiteurs et infractions à la législation sur les armes. Il a reconnu au cours de l'enquête avoir fourni un pistolet automatique avec cinq cartouches et une kalachnikov sans munition à Ramzi Arefa. Le pistolet a été retrouvé dans l'habitacle du camion ayant servi à commettre l'attentat et la kalachnikov dans la cave de l'immeuble où habitait Ramzi Kevin Arefa. 

Il encourt 10 ans d'emprisonnement. 

Enkeledja Zace 

Albanaise de 48 ans, Enkeledja Zace, alias Leda, est la seule femme à comparaître. Compagne d'Artan Henaj, elle est poursuivie comme lui pour participation à une association de malfaiteurs et infractions à la législation sur les armes. 

Placée sous contrôle judiciaire, après avoir été en détention provisoire entre juillet 2016 et novembre 2017, elle a nié durant l'enquête toute implication dans les transactions portant sur les armes. Selon Artan Henaj et Ramzi Kevin Arefa, elle aurait servi d'interprète à son compagnon lors des ventes d'armes à Ramzi Kevin Arefa. 

Elle encourt 10 ans d'emprisonnement. 

Maksim Celaj  

Albanais de 30 ans, Maksim Celaj, est jugé pour participation à une association de malfaiteurs et infractions à la législation sur les armes. 

Placé sous contrôle judiciaire, après avoir été en détention provisoire de décembre 2016 à décembre 2020, ce cousin d'Artan Henaj aurait participé à la fourniture de la kalachnikov vendue à Ramzi Kevin Arefa. 

Il encourt dix ans d'emprisonnement. 

Endri Elezi  

Albanais de 30 ans, Endri Elezi, alias Luxhino Elezi, surnommé Gino, est soupçonné d'avoir fourni au moins une arme à Artan Henaj. 

Placé sous contrôle judiciaire, après avoir été en détention provisoire d'avril 2020 à novembre 2021, il est poursuivi pour participation à une association de malfaiteurs et infractions à la législation sur les armes. 

Également mis en examen dans le cadre de cette affaire pour infractions à la législation sur les armes, son cousin Adriatik Elezi s'était pendu dans sa cellule en juin 2018 durant sa détention provisoire. 

Il encourt 5 ans d'emprisonnement. 

Brahim Tritrou 

Tunisien de 37 ans, Brahim Tritrou, a été, selon son avocate, interpellé en Tunisie après avoir rompu en juillet 2020 le contrôle judiciaire dont il bénéficiait, après une détention provisoire de décembre 2016 à janvier 2019. 

Visé par un mandat d'arrêt, il devrait être jugé en son absence. 

Poursuivi pour association de malfaiteurs et infractions à la législation sur les armes, il est soupçonné d'avoir servi d'intermédiaire entre Artan Henaj et Ramzi Kevin Arefa. Durant l'enquête, Brahim Tritrou a reconnu avoir mis en contact les deux hommes mais seulement pour une vente de cocaïne. 

Il encourt 5 ans d'emprisonnement. 

Pas de complicité 

Aucun des accusés n'est poursuivi pour complicité d'assassinats ou tentative d'assassinats en bande organisée. 

Avant même l'ouverture du procès, l'absence de l'assaillant et le fait que la complicité d'assassinats n'a pas été retenue contre les accusés ont fait craindre une certaine « frustration » chez les parties civiles et leurs avocats (119 au total). 

« J'entends cette frustration, elle est humaine. Mais il y aura une réponse judiciaire », a assuré le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti dans un entretien accordé à Nice-Matin le 14 juillet dernier. »Nous répondons à cette barbarie par le droit », a-t-il promis. 

Le procès est prévu pour durer jusqu'au 16 décembre. Les audiences auront lieu du mardi au vendredi, matin et soir. 

Elles seront accessibles par webradio, avec un léger différé de 30 minutes, pour les parties civiles qui en feront la demande y compris à l'étranger. Une traduction intégrale sera assurée en anglais. 

C'est la première fois qu'un tel dispositif est mis en place (lors du procès V13, la webradio n'était disponible qu'en France). 

Parmi les témoins attendus l'ancien président de la République François Hollande et son ministre de l'Intérieur (à l'époque des faits) Bernard Cazeneuve devraient déposer à la barre. Ces deux personnalités avaient déjà témoigné lors du procès V13. En revanche, aucun représentant de la mairie de Nice n'a été cité à témoigner. 

Les parties civiles, proches des victimes et rescapés de l'attentat, disposeront de cinq semaines pour témoigner. Les premiers interrogatoires des accusés sont attendus début novembre. 

Le ministère public sera représenté par trois avocats généraux, Jean-Michel Bourles, Alexa Dubourg et Rachel Lecuyer, par ailleurs respectivement procureur adjoint antiterroriste et vice-procureurs antiterroristes. 

Les accusés seront défendus par 14 avocats. 

 

Attentat de Nice: Yanis, Camille, Mino, des victimes racontées par leurs proches

Mino, mère de deux enfants, avait une telle mémoire que son mari l'appelait MP3, Yanis, cinq ans, adorait les aventures des Marvel et de Spiderman, Camille avait elle choisi l'humanitaire en Amérique latine face au marketing qui lui semblait futile. 

Ds proches de trois des 86 personnes tuées dans l'attentat du 14 juillet 2016 à Nice racontent ces personnalités au destin brisé. 

« Il est dans le ciel avec les Marvel et Spiderman » 

Yanis Coviaux, Français, né le 12 octobre 2010 à Voiron (Isère), mort à cinq ans. Portrait par sa mère Samira Rouibah: 

« C'était mon premier enfant. Il riait beaucoup, était très très malicieux, super intelligent. Il parlait tellement bien. Il était bien avancé pour son âge. C'était un enfant plein de vie et qui était heureux. Il aimait aller sur la 'Prom' (Promenade des Anglais), faire du vélo avec ses copains. Il faisait de la trottinette, jouait aux (super-héros) Marvel. Il aimait aller voir son papi et sa mamie à Grenoble et son tonton Djamel. Mon plus grand fils aujourd'hui (son deuxième enfant, né en 2017, ndlr), je commence à lui en parler. Il me demande : 'Il est où Yanis maman ? Je lui réponds: 'Il est dans le ciel avec les Marvel, avec Spiderman et Ironman' ». Alors il me dit: 'Il a de la chance!'. » 

« L'humanitaire » plutôt que le marketing 

Camille Murris, Française, née le 9 mai 1989 à Nice, décédée à 27 ans. Racontée par sa mère Anne Murris: 

« C'était quelqu'un de solaire, qui a toujours rayonné par sa gentillesse. Petite, elle avait été surnommée 'l'assistante sociale de la cour de récréation' et ce côté social elle l'a trimballé toute sa vie. Elle a commencé à partir pour des missions humanitaires en Amérique latine, pour au bout d'un moment abandonner son travail pour lequel elle ne trouvait pas trop de sens par rapport aux valeurs qui étaient les siennes. Elle était cheffe de projet marketing dans une agence publicitaire et dépenser des sommes exorbitantes pour faire des publicités pour des crèmes ou autres lui semblait tellement futile. Quand cette tragédie s'est produite, elle revenait d'une mission humanitaire d'une année, en Argentine, en Bolivie et au Pérou. Elle avait une attirance pour la langue espagnole. Elle était aussi musicienne et avait commencé le violon à six ans. Dans son ancienne école de commerce, Skema Business School, un très beau projet humanitaire intitulé 'Espoir avec Camille Murris' a été monté en 2018, après son décès, pour aider un quartier de Belo Horizonte, au Brésil, en soutenant l'extension d'un centre d’accueil des enfants. C'est quelque chose qui lui ressemble ». 

« Elle avait beaucoup de mémoire » 

- Mino Razafitrimo, Malgache, née le 7 mars 1985 à Madagascar, morte à 31 ans. Racontée par son mari Bruno: 

« C'était une fille très studieuse, elle est allée jusqu'au master 2 en France, en économie sociale. Elle n'était pas très bavarde, comme moi et comme les enfants. Elle était toujours disponible pour les autres. Moi je l'appelais MP3 parce qu'elle avait beaucoup de mémoire et n'oubliait jamais rien, que ce soit le bien ou le mal qu'on lui faisait. Je l'ai rencontrée en 2004, on s'est marié en 2009. On avait cinq ans d'écart. On s'est dit 'A tes 25 ans et à mes 30 ans, on boucle tout'. On s'est marié, on a acheté l'appartement, on a eu Amaury en 2010. J'ai vraiment perdu une amie, une compagne et une femme. C'est pour ça que j'ai vraiment du mal à refaire ma vie. On n'avait pas beaucoup les moyens donc ça faisait 10 ans qu'elle n'était pas allée à Madagascar et on aurait dû y aller en décembre 2016 pour le mariage de mon frère. Tout était prévu, tout était prêt. On est retourné à Madagascar, quelques mois après (l'attentat), on l'a enterrée là-bas. On a dit: 'On ne va pas tout annuler, on revient quand même, comme si elle était là'. On la conjugue toujours au présent, encore maintenant. Les petits, ça comble un petit peu l'absence. 


Présidentielle: Le Pen «annoncera sa décision» après son procès en appel, sans attendre la cassation

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  • Le Rassemblement national sera fixé sur le nom de sa candidate (ou de son candidat) avant les prochaines vacances d'été
  • Tel est en tout cas l'agenda fixé par Mme Le Pen dans un entretien au mensuel conservateur Causeur, publié jeudi

PARIS: Candidate déclarée à la prochaine présidentielle malgré son inéligibilité, Marine Le Pen affirme qu'elle ne se présentera "évidemment pas" si sa peine est confirmée en appel et qu'elle "annoncera donc (sa) décision" dans la foulée, sans attendre une éventuelle cassation.

Le Rassemblement national sera fixé sur le nom de sa candidate (ou de son candidat) avant les prochaines vacances d'été. Tel est en tout cas l'agenda fixé par Mme Le Pen dans un entretien au mensuel conservateur Causeur, publié jeudi.

Condamnée en première instance - dans l'affaire des assistants parlementaires européens - à une peine d'inéligibilité de cinq ans avec application immédiate, la triple candidate à l'élection présidentielle admet qu'elle ne pourra "évidemment pas" se représenter une quatrième fois si cette peine devait être confirmée en appel.

"Je prendrai ma décision de me présenter ou non lors du rendu de l'arrêt de la cour d'appel", ajoute-t-elle, évacuant l'hypothèse d'un suspense prolongé en cas de pourvoi en cassation. "On ne sait pas quand une telle décision serait rendue et on ne peut pas se lancer dans une campagne présidentielle au dernier moment", explique-t-elle.

Son second procès étant programmé du 13 janvier au 12 février 2026, avec un délibéré attendu quatre mois plus tard, "j'annoncerai donc ma décision cet été", précise celle qui s'était hissée au second tour en 2017 et en 2022 face à Emmanuel Macron.

Un calendrier choisi aussi "pour ne pas hypothéquer la candidature de Jordan Bardella dans le cas où il devrait y aller", souligne-t-elle, confirmant ainsi le statut de dauphin du jeune président du parti à la flamme.


Macron au Brésil, pour évoquer une "relation transatlantique réimaginée"

Le président français Emmanuel Macron s'exprime lors de l'ouverture du festival « Notre avenir – Brésil-France, dialogues avec l'Afrique » à Salvador, dans l'État de Bahia, au Brésil, le 5 novembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron s'exprime lors de l'ouverture du festival « Notre avenir – Brésil-France, dialogues avec l'Afrique » à Salvador, dans l'État de Bahia, au Brésil, le 5 novembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron est arrivé à Salvador de Bahia pour promouvoir une « relation transatlantique réimaginée » entre l’Amérique du Sud, l’Afrique et la France, à travers la culture, la mémoire et la jeunesse
  • Cette visite s’inscrit dans une refondation des liens franco-africains, marquée par la reconnaissance de l’esclavage, la restitution d’objets coloniaux et la préparation du sommet Afrique–France à Nairobi en 2026

SALVADOR: Emmanuel Macron est arrivé mercredi à Salvador de Bahia, au Brésil, pour plaider en faveur d'une "relation transatlantique réimaginée" associant Amérique du Sud et Afrique, avant de participer à un sommet climat à Belem, a indiqué l'Elysée.

Le président français doit participer à l'ouverture du festival "Notre futur – Brésil-France, dialogues avec l'Afrique", qui réunit "les jeunesses et les nouvelles voix des sociétés civiles brésiliennes, africaines et françaises", a expliqué la présidence.

Il s'agit d'un "temps fort de la saison culturelle France-Brésil" qui a scandé l'année 2025.

La capitale de l'Etat de Bahia, dans le nord-est du pays, fut l'un des points d'arrivée majeurs des esclaves africains déportés. Elle est aujourd'hui le foyer vibrant de la culture afro-brésilienne.

Cette étape vise donc "à célébrer et à travailler avec Brasilia à une relation transatlantique réimaginée", associant les "partenaires africains", selon la présidence française.

Emmanuel Macron doit aussi visiter une galerie dédiée au photographe et anthropologue français Pierre Fatumbi Verger (1902-1996), et la Maison du Bénin, où il découvrira l'exposition "Je suis un fleuve noir".

Pour Paris, "cette visite à Bahia s'inscrit dans la politique de refondation et de renouvellement de notre relation avec l'Afrique", au moment où les relations entre la France et ses anciennes colonies africaines sont souvent distendues, voire glaciales comme au Sahel.

La culture est un point fort de cette "refondation", fait-on valoir dans l'entourage du président français, qui a enclenché une démarche de restitution des "objets volés pendant l'époque coloniale".

Autre volet: "la reconnaissance de l'esclavage", qui sera aussi mise en avant à Salvador, point de débarquement "d'un très grand nombre d'esclaves, qui venaient notamment de tout le golfe du Bénin et notamment du port de Cotonou", a fait valoir une conseillère présidentielle.

"Bahia, c'est un point d'étape. On se donne rendez-vous également à Nairobi en mai, pour le nouveau sommet Afrique-France qu'on organise pour la première fois dans un pays anglophone", a souligné l'Elysée.

Jeudi, Emmanuel Macron se rendra à Belem, en Amazonie brésilienne, pour prononcer un discours au sommet des chefs d'Etat et de gouvernement réunis par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva avant le début de la COP30, conférence de l'ONU sur le climat.

Il terminera sa tournée vendredi à Mexico où il sera accueilli par la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum, un an après sa prise de fonctions.


Premières heures de semi-liberté pour Kohler et Paris à l'ambassade de France à Téhéran

Cécile Kohler et Jacques Paris, les deux Français sortis de prison en Iran vivent mercredi leurs premières heures de semi-liberté à l'ambassade de France, attendant de pouvoir quitter le pays à une date inconnue, que l'Iran semble vouloir lier au sort d'une Iranienne poursuivie en France. (AFP)
Cécile Kohler et Jacques Paris, les deux Français sortis de prison en Iran vivent mercredi leurs premières heures de semi-liberté à l'ambassade de France, attendant de pouvoir quitter le pays à une date inconnue, que l'Iran semble vouloir lier au sort d'une Iranienne poursuivie en France. (AFP)
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  • Le président français Emmanuel Macron s'est entretenu avec eux par visioconférence. "Ils l'ont remercié pour son engagement" afin d'obtenir leur libération, a aussi déclaré Pierre Cochard sur la radio RTL
  • Emanuel Macron a aussi parlé à son homologue iranien Massoud Pezeshkian, demandant la "libération pleine et entière", "le plus rapidement possible", de Cécile Kohler et Jacques Paris

PARIS: Cécile Kohler et Jacques Paris, les deux Français sortis de prison en Iran vivent mercredi leurs premières heures de semi-liberté à l'ambassade de France, attendant de pouvoir quitter le pays à une date inconnue, que l'Iran semble vouloir lier au sort d'une Iranienne poursuivie en France.

"Je les ai trouvés très heureux, très soulagés tous les deux par cette libération", a raconté mercredi matin sur la radio France Inter l'ambassadeur de France à Téhéran Pierre Cochard, qui est allé les chercher mardi à la sortie de la prison d'Evine, de sinistre réputation.

Le président français Emmanuel Macron s'est entretenu avec eux par visioconférence. "Ils l'ont remercié pour son engagement" afin d'obtenir leur libération, a aussi déclaré Pierre Cochard sur la radio RTL.

Emanuel Macron a aussi parlé à son homologue iranien Massoud Pezeshkian, demandant la "libération pleine et entière", "le plus rapidement possible", de Cécile Kohler et Jacques Paris.

A Soultz (Haut-Rhin, est de la France) où a grandi Cécile Kohler, dont le portrait orne la façade de la mairie, les habitants racontaient leur soulagement. "On est impatients qu'elle revienne, on espère que l'Iran ne va pas la retenir", confiait l'un d'eux, Mathieu Taquard.

Mardi soir, les parents ont pu parler par téléphone à leur fille: "Elle disait qu'elle était en forme, et qu'elle avait hâte de revenir", a résumé à l'AFP le maire de Soultz, Marcello Rotolo.

L'ambassadeur a donné quelques éléments sur le déroulé de leur libération.

"On s'est rendus à la prison d'Evine, qui est au nord de Téhéran. L'ambassade se trouve plutôt au centre, donc il y a un trajet important. On s'est présentés, il y avait plusieurs portes à franchir, une barrière. Cela a pris un peu de temps, en coordination avec les autorités iraniennes", a-t-il expliqué. "Les grands portes de la prison d'Evine se sont ouvertes, et on a pu croiser le regard de Cécile et Jacques", qui "avaient été informés à la dernière minute" de leur sortie.

"C'est évidemment un moment qu'on n'oublie pas", a-t-il dit. "Les premiers mots, c'étaient des larmes, des sourires mêlés de larmes. On est restés quelques instants ensemble et puis ensuite on est montés dans la voiture" pour gagner l'abri de l'ambassade, où ils sont protégés par la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques, en espérant pouvoir quitter rapidement l'Iran.

Iranienne à l'ambassade 

Les autorités iraniennes, qui les accusent d'espionnage, considèrent qu'ils sont en "libération conditionnelle", "libérés sous caution" et "placés sous surveillance jusqu'à la prochaine étape judiciaire".

"Nous n'allons ménager aucun effort pour obtenir leur retour en France dans les meilleurs délais", a promis le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot.

Professeure de lettres de 41 ans, et enseignant retraité de 72 ans, Cécile Kohler et Jacques Paris ont été arrêtés le 7 mai 2022, au dernier jour d'un voyage touristique en Iran.

Considérés comme des "otages d'Etat" par la France, qui à l'instar d'autres pays occidentaux accuse Téhéran de capturer des étrangers sur son sol pour négocier ensuite leur libération, ils étaient les deux derniers Français détenus sur le sol iranien.

Lourdement sanctionné par de nombreux membres de la communauté internationale, notamment pour ses activités nucléaires, l'Iran détiendrait selon des sources diplomatiques au moins une vingtaine d'Occidentaux qu'il pourrait utiliser comme levier pour obtenir la libération de certains de ses ressortissants à l'étranger ou obtenir des gages politiques.

Dans le cas de Cécile Kohler et Jacques Paris, Téhéran avait rendu publique en septembre la possibilité d'un accord de libération en échange de Mahdieh Esfandiari, une Iranienne arrêtée en France en février, accusée d'avoir fait la promotion du terrorisme sur les réseaux sociaux.

Téhéran semble afficher sa volonté de mettre en parallèle les deux dossiers, le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi annonçant mercredi matin que Mme Esfandiari, sous contrôle judiciaire depuis octobre dans l'attente de son procès en janvier, se trouvait désormais à l'ambassade d'Iran et "nous espérons qu'elle rentrera quand son procès sera achevé".

Les autorités françaises n'ont pas commenté cette annonce qui pourrait avoir des conséquences sur la date à laquelle les deux Français pourront quitter l'Iran.

L'élargissement de Cécile Kohler et Jacques Paris pourrait ouvrir la voie à un apaisement des relations entre l'Iran et la France. "Lorsqu'ils seront sur le territoire français, effectivement, cela ouvrira une possibilité de renouer des relations normales avec ce pays", a estimé M. Cochard.