Le procès de l'attentat de Nice s'ouvre à Paris six ans après la tragédie du 14 juillet 2016

Images au palais de justice de Paris de la salle d'audience où doit se tenir, à partir du 5 septembre, le procès de l'attentat du 14 juillet 2016 à Nice, seconde attaque la plus meurtrière sur le sol français (86 morts) après les attentats du 13-Novembre. (Photo, AFP)
Images au palais de justice de Paris de la salle d'audience où doit se tenir, à partir du 5 septembre, le procès de l'attentat du 14 juillet 2016 à Nice, seconde attaque la plus meurtrière sur le sol français (86 morts) après les attentats du 13-Novembre. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 29 août 2022

Le procès de l'attentat de Nice s'ouvre à Paris six ans après la tragédie du 14 juillet 2016

Images au palais de justice de Paris de la salle d'audience où doit se tenir, à partir du 5 septembre, le procès de l'attentat du 14 juillet 2016 à Nice, seconde attaque la plus meurtrière sur le sol français (86 morts) après les attentats du 13-Novembre. (Photo, AFP)
  • L'auteur des faits, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, un Tunisien de 31 ans, sera le grand absent
  • Le soir du 14 juillet 2016, il avait foncé au volant d'un camion de 19 tonnes dans la foule réunie pour assister à un feu d'artifice sur la promenade des Anglais de Nice

PARIS: Six ans après l'attentat du 14 juillet 2016 qui a fait 86 morts sur la promenade des Anglais de Nice, la justice va tenter de répondre à partir du 5 septembre aux attentes des proches des victimes de la seconde attaque la plus meurtrière sur le sol français après les attentats du 13-Novembre. 

Comme un symbole, le procès de l'attentat de Nice se déroulera dans la même salle d'audience criminelle « sur mesure » que celle où s'est déroulé le procès des attentats du 13 Novembre 2015 (dit « V13 »), dans l'historique Palais de justice de Paris. 

Pour les parties civiles (on en comptait 865 fin août dont 39 de nationalité étrangère) qui ne pourront pas faire le déplacement dans la capitale, le procès sera retransmis simultanément dans une salle du palais des congrès Acropolis de Nice, qui peut accueillir 500 parties civiles. 

Comme le procès V13 avant lui, le procès sera filmé et enregistré pour l'Histoire. 

L'auteur des faits, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, un Tunisien de 31 ans, sera le grand absent. Le soir du 14 juillet 2016, il avait foncé au volant d'un camion de 19 tonnes dans la foule réunie pour assister à un feu d'artifice sur la promenade des Anglais de Nice. Il y a été tué par la police après avoir tiré sur les forces de l'ordre. 

Cette attaque, huit mois après les attentats du 13-Novembre à Paris et à Saint-Denis, avait été revendiquée, deux jours après les faits, par l'organisation Etat islamique. L'enquête n'a cependant pas permis d'établir un lien direct entre l'attentat et l'organisation djihadiste. Cette revendication « paraît être davantage une revendication de pure opportunité », a conclu l'enquête. 

En l'absence de l'assaillant, les magistrats de la cour d'assises spéciale, présidée par Laurent Raviot, devront examiner la responsabilité de sept hommes et une femme, membres de son entourage ou intermédiaires impliqués dans le trafic d'armes qui lui étaient destinées. 

Trois accusés  - Ramzi Kevin Arefa, Chokri Chafroud, Artan Henaj - sont en détention dont un (Artan Henaj) dans le cadre d'une autre affaire. 

Quatre autres - Maksim Celaj, Endri Elezi, Mohamed Ghraieb et Enkeledja Zace - placés sous contrôle judiciaire, comparaîtront libres. 

Le huitième, Brahim Tritrou, sera jugé en son absence après avoir rompu son contrôle judiciaire. Selon son avocate, cet accusé se trouverait actuellement détenu en Tunisie. Un mandat d'arrêt a été émis à son encontre par la justice française. 

Trois accusés (Ramzi Kevin Arefa, Chokri Chafroud et Mohamed Ghraieb) sont poursuivis pour association de malfaiteurs terroriste. Ils encourent de 20 ans de prison à la réclusion criminelle à perpétuité pour le seul de ces trois accusés (Ramzi Kevin Arefa) en état de récidive légale. 

Les cinq autres accusés sont poursuivis pour association de malfaiteurs et infractions à la législation sur les armes et encourent de cinq à dix ans d'emprisonnement. 

Procès de l'attentat de Nice : les huit accusés

Mohamed Ghraieb 

Franco-Tunisien de 46 ans, Mohamed Ghraieb, était un proche de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel. Selon l'accusation il était « pleinement conscient » de l'adhésion de son ami « à l'idéologie nihiliste du djihad armé » avant les faits. 

Mais les investigations n'ont pas permis de déterminer s'il était au courant de son projet d'attentat. 

« Les liens de proximité, de camaraderie qu’il avait avec le chauffeur de la mort sont radicalement insuffisants pour établir une quelconque responsabilité pénale », a confié son avocat Me William Bourdon. 

Poursuivi pour participation à une association de malfaiteurs terroriste, Mohamed Ghraieb, marié à une femme ayant quatre enfants, n'a eu de cesse de proclamer son innocence. Parmi les éléments à charge, l'accusation lui reproche notamment d'avoir circulé le 11 juillet 2016 à bord du camion ayant servi à commettre l'attentat en compagnie de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel. 

Incarcéré entre juillet 2016 et août 2019, il doit comparaître libre au procès. Il encourt 20 ans de réclusion criminelle. 

Chokri Chafroud 

Tunisien de 43 ans, Chokri Chafroud est en détention provisoire depuis juillet 2016. 

Ami de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, ce célibataire sans enfant a contesté durant l'instruction toute responsabilité dans l'attentat. 

Poursuivi pour participation à une association de malfaiteurs terroriste, il lui est notamment reproché d'avoir circulé le 12 juillet 2016, sur la promenade des Anglais, à bord du camion ayant servi à commettre l'attentat en compagnie de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel. Il est aussi accusé d'avoir effectué des démarches pour lui fournir une arme de poing dans les semaines précédant l'attentat. 

Il encourt 20 ans de réclusion criminelle. 

Ramzi Kevin Arefa 

Franco-Tunisien de 27 ans, Ramzi Arefa est en détention provisoire depuis juillet 2016. 

Connu des services de police pour des faits de droit commun, ce célibataire sans enfant est poursuivi pour participation à une association de malfaiteurs terroriste et infractions à la législation sur les armes. 

Il lui est notamment reproché de s'être associé avec Mohamed Lahouaiej-Bouhlel dans sa recherche d'armes dans les semaines précédant l'attentat. Il aurait notamment exercé un rôle d'intermédiaire entre l'auteur de l'attentat et plusieurs des coaccusés poursuivis pour trafic d'armes. 

C'est le seul accusé à encourir la réclusion criminelle à perpétuité car en état de récidive légale. 

Artan Henaj 

Albanais de 44 ans, Artan Henaj, alias Giovanni, est en détention depuis juillet 2016 dans le cadre d'une autre affaire. 

Inconnu des services spécialisés en matière de terrorisme, il est poursuivi pour participation à une association de malfaiteurs et infractions à la législation sur les armes. Il a reconnu au cours de l'enquête avoir fourni un pistolet automatique avec cinq cartouches et une kalachnikov sans munition à Ramzi Arefa. Le pistolet a été retrouvé dans l'habitacle du camion ayant servi à commettre l'attentat et la kalachnikov dans la cave de l'immeuble où habitait Ramzi Kevin Arefa. 

Il encourt 10 ans d'emprisonnement. 

Enkeledja Zace 

Albanaise de 48 ans, Enkeledja Zace, alias Leda, est la seule femme à comparaître. Compagne d'Artan Henaj, elle est poursuivie comme lui pour participation à une association de malfaiteurs et infractions à la législation sur les armes. 

Placée sous contrôle judiciaire, après avoir été en détention provisoire entre juillet 2016 et novembre 2017, elle a nié durant l'enquête toute implication dans les transactions portant sur les armes. Selon Artan Henaj et Ramzi Kevin Arefa, elle aurait servi d'interprète à son compagnon lors des ventes d'armes à Ramzi Kevin Arefa. 

Elle encourt 10 ans d'emprisonnement. 

Maksim Celaj  

Albanais de 30 ans, Maksim Celaj, est jugé pour participation à une association de malfaiteurs et infractions à la législation sur les armes. 

Placé sous contrôle judiciaire, après avoir été en détention provisoire de décembre 2016 à décembre 2020, ce cousin d'Artan Henaj aurait participé à la fourniture de la kalachnikov vendue à Ramzi Kevin Arefa. 

Il encourt dix ans d'emprisonnement. 

Endri Elezi  

Albanais de 30 ans, Endri Elezi, alias Luxhino Elezi, surnommé Gino, est soupçonné d'avoir fourni au moins une arme à Artan Henaj. 

Placé sous contrôle judiciaire, après avoir été en détention provisoire d'avril 2020 à novembre 2021, il est poursuivi pour participation à une association de malfaiteurs et infractions à la législation sur les armes. 

Également mis en examen dans le cadre de cette affaire pour infractions à la législation sur les armes, son cousin Adriatik Elezi s'était pendu dans sa cellule en juin 2018 durant sa détention provisoire. 

Il encourt 5 ans d'emprisonnement. 

Brahim Tritrou 

Tunisien de 37 ans, Brahim Tritrou, a été, selon son avocate, interpellé en Tunisie après avoir rompu en juillet 2020 le contrôle judiciaire dont il bénéficiait, après une détention provisoire de décembre 2016 à janvier 2019. 

Visé par un mandat d'arrêt, il devrait être jugé en son absence. 

Poursuivi pour association de malfaiteurs et infractions à la législation sur les armes, il est soupçonné d'avoir servi d'intermédiaire entre Artan Henaj et Ramzi Kevin Arefa. Durant l'enquête, Brahim Tritrou a reconnu avoir mis en contact les deux hommes mais seulement pour une vente de cocaïne. 

Il encourt 5 ans d'emprisonnement. 

Pas de complicité 

Aucun des accusés n'est poursuivi pour complicité d'assassinats ou tentative d'assassinats en bande organisée. 

Avant même l'ouverture du procès, l'absence de l'assaillant et le fait que la complicité d'assassinats n'a pas été retenue contre les accusés ont fait craindre une certaine « frustration » chez les parties civiles et leurs avocats (119 au total). 

« J'entends cette frustration, elle est humaine. Mais il y aura une réponse judiciaire », a assuré le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti dans un entretien accordé à Nice-Matin le 14 juillet dernier. »Nous répondons à cette barbarie par le droit », a-t-il promis. 

Le procès est prévu pour durer jusqu'au 16 décembre. Les audiences auront lieu du mardi au vendredi, matin et soir. 

Elles seront accessibles par webradio, avec un léger différé de 30 minutes, pour les parties civiles qui en feront la demande y compris à l'étranger. Une traduction intégrale sera assurée en anglais. 

C'est la première fois qu'un tel dispositif est mis en place (lors du procès V13, la webradio n'était disponible qu'en France). 

Parmi les témoins attendus l'ancien président de la République François Hollande et son ministre de l'Intérieur (à l'époque des faits) Bernard Cazeneuve devraient déposer à la barre. Ces deux personnalités avaient déjà témoigné lors du procès V13. En revanche, aucun représentant de la mairie de Nice n'a été cité à témoigner. 

Les parties civiles, proches des victimes et rescapés de l'attentat, disposeront de cinq semaines pour témoigner. Les premiers interrogatoires des accusés sont attendus début novembre. 

Le ministère public sera représenté par trois avocats généraux, Jean-Michel Bourles, Alexa Dubourg et Rachel Lecuyer, par ailleurs respectivement procureur adjoint antiterroriste et vice-procureurs antiterroristes. 

Les accusés seront défendus par 14 avocats. 

 

Attentat de Nice: Yanis, Camille, Mino, des victimes racontées par leurs proches

Mino, mère de deux enfants, avait une telle mémoire que son mari l'appelait MP3, Yanis, cinq ans, adorait les aventures des Marvel et de Spiderman, Camille avait elle choisi l'humanitaire en Amérique latine face au marketing qui lui semblait futile. 

Ds proches de trois des 86 personnes tuées dans l'attentat du 14 juillet 2016 à Nice racontent ces personnalités au destin brisé. 

« Il est dans le ciel avec les Marvel et Spiderman » 

Yanis Coviaux, Français, né le 12 octobre 2010 à Voiron (Isère), mort à cinq ans. Portrait par sa mère Samira Rouibah: 

« C'était mon premier enfant. Il riait beaucoup, était très très malicieux, super intelligent. Il parlait tellement bien. Il était bien avancé pour son âge. C'était un enfant plein de vie et qui était heureux. Il aimait aller sur la 'Prom' (Promenade des Anglais), faire du vélo avec ses copains. Il faisait de la trottinette, jouait aux (super-héros) Marvel. Il aimait aller voir son papi et sa mamie à Grenoble et son tonton Djamel. Mon plus grand fils aujourd'hui (son deuxième enfant, né en 2017, ndlr), je commence à lui en parler. Il me demande : 'Il est où Yanis maman ? Je lui réponds: 'Il est dans le ciel avec les Marvel, avec Spiderman et Ironman' ». Alors il me dit: 'Il a de la chance!'. » 

« L'humanitaire » plutôt que le marketing 

Camille Murris, Française, née le 9 mai 1989 à Nice, décédée à 27 ans. Racontée par sa mère Anne Murris: 

« C'était quelqu'un de solaire, qui a toujours rayonné par sa gentillesse. Petite, elle avait été surnommée 'l'assistante sociale de la cour de récréation' et ce côté social elle l'a trimballé toute sa vie. Elle a commencé à partir pour des missions humanitaires en Amérique latine, pour au bout d'un moment abandonner son travail pour lequel elle ne trouvait pas trop de sens par rapport aux valeurs qui étaient les siennes. Elle était cheffe de projet marketing dans une agence publicitaire et dépenser des sommes exorbitantes pour faire des publicités pour des crèmes ou autres lui semblait tellement futile. Quand cette tragédie s'est produite, elle revenait d'une mission humanitaire d'une année, en Argentine, en Bolivie et au Pérou. Elle avait une attirance pour la langue espagnole. Elle était aussi musicienne et avait commencé le violon à six ans. Dans son ancienne école de commerce, Skema Business School, un très beau projet humanitaire intitulé 'Espoir avec Camille Murris' a été monté en 2018, après son décès, pour aider un quartier de Belo Horizonte, au Brésil, en soutenant l'extension d'un centre d’accueil des enfants. C'est quelque chose qui lui ressemble ». 

« Elle avait beaucoup de mémoire » 

- Mino Razafitrimo, Malgache, née le 7 mars 1985 à Madagascar, morte à 31 ans. Racontée par son mari Bruno: 

« C'était une fille très studieuse, elle est allée jusqu'au master 2 en France, en économie sociale. Elle n'était pas très bavarde, comme moi et comme les enfants. Elle était toujours disponible pour les autres. Moi je l'appelais MP3 parce qu'elle avait beaucoup de mémoire et n'oubliait jamais rien, que ce soit le bien ou le mal qu'on lui faisait. Je l'ai rencontrée en 2004, on s'est marié en 2009. On avait cinq ans d'écart. On s'est dit 'A tes 25 ans et à mes 30 ans, on boucle tout'. On s'est marié, on a acheté l'appartement, on a eu Amaury en 2010. J'ai vraiment perdu une amie, une compagne et une femme. C'est pour ça que j'ai vraiment du mal à refaire ma vie. On n'avait pas beaucoup les moyens donc ça faisait 10 ans qu'elle n'était pas allée à Madagascar et on aurait dû y aller en décembre 2016 pour le mariage de mon frère. Tout était prévu, tout était prêt. On est retourné à Madagascar, quelques mois après (l'attentat), on l'a enterrée là-bas. On a dit: 'On ne va pas tout annuler, on revient quand même, comme si elle était là'. On la conjugue toujours au présent, encore maintenant. Les petits, ça comble un petit peu l'absence. 


Metz: un forcené tué par balles, un policier touché à la main

Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
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  • Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier
  • Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard

STRASBOURG: Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet.

Les faits ont commencé dimanche soir dans une rue très passante de la vieille ville de Metz. "Vers 22h00, un individu menace depuis sa fenêtre, avec une arme à canon long, un passant", a rapporté le maire François Grosdidier sur sa page Facebook.

Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier.

Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard.

"Il sortait alors de son studio, tenant dans chaque main un revolver, et faisait feu sur les policiers présents dans le couloir", a-t-il ajouté. "Un policier était blessé à une main, tandis qu'un de ses collègues tirait à trois reprises, touchant l'individu à l'abdomen et au bras".

L'homme de 56 ans a été hospitalisé mais est décédé lundi matin. "Son casier judiciaire porte trace de neuf condamnations", selon M. Bernard.

Le policier blessé a également été hospitalisé.

L'homme détenait "plusieurs armes, de poing et d'épaule, dans son appartement", selon le maire qui a salué l'intervention des forces de l'ordre.


Tourisme en France : entre recherche de soleil, contraintes budgétaires et destinations alternatives

Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
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  • les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget.
  • L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées

RIYAD : Alors que l'été 2025 se profile, les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget. Si 61 % d’entre eux envisagent de prendre quelques jours de congé, selon un sondage OpinionWay pour Liligo, leur comportement de consommation évolue. Pour la première fois en cinq ans, le budget moyen baisse de 74 euros par personne.

L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées comme la Bretagne, la Normandie ou le nord de la France. Cette tendance s’explique notamment par deux étés précédents jugés peu cléments sur le plan météorologique, ce qui dissuade certains vacanciers de s'y rendre à nouveau.

Dans les établissements touristiques du Grand Ouest, les professionnels constatent un recul des séjours d'une semaine, compensé par une légère hausse des courts séjours (2 à 6 nuits). Les réservations de dernière minute restent fréquentes et très dépendantes des prévisions météorologiques du dimanche soir.

Confrontés à une inflation persistante et à des inquiétudes concernant leur pouvoir d’achat, les Français adaptent leurs comportements. Ils réduisent leurs dépenses dans les restaurants, les commerces ou les activités annexes, et sont plus prudents dans la planification de leurs séjours. Les formules « tout compris », jugées plus économiques et prévisibles, rencontrent un succès croissant.

Selon le cabinet Pro tourisme, les prix des hébergements touristiques ont grimpé de 27 % en quatre ans. Dans ce contexte, les territoires proposant des tarifs plus accessibles, comme l’intérieur des terres ou les destinations proches des grandes agglomérations comme l’Eure, la Vienne, l’Ain ou l’Oise, enregistrent une forte progression des recherches, parfois jusqu’à +150 %.

Si les littoraux restent prisés, un rééquilibrage s’opère en faveur des zones rurales et périurbaines. Ces destinations sont non seulement plus abordables, puisque les locations y sont en moyenne 20 à 30 % moins chères que sur la côte, mais elles offrent également un cadre de vie plus agréable.

Ces destinations répondent à une demande croissante de nature, de tranquillité et d’authenticité. La France rurale, longtemps en retrait, bénéficie désormais d’une attractivité renouvelée. Un phénomène accentué par l’essor du télétravail, le besoin de déconnexion et la quête d’expériences plus simples. L’arrière-pays n’est plus perçu comme une alternative de repli, mais comme un véritable choix de qualité.

Sur le plan international, la France reste solidement installée comme première destination mondiale avec 100 millions de touristes étrangers en 2024, devant l’Espagne. Les métropoles touristiques qui accueillent une clientèle étrangère à fort pouvoir d’achat, comme Paris, Cannes, Nice ou les régions viticoles, affichent des perspectives encourageantes.

Les analystes estiment que les Jeux Olympiques 2024 ont amplifié la visibilité de la France sur la scène mondiale, générant un regain d’intérêt pour la capitale et ses alentours. À Paris, la fréquentation touristique devrait rester élevée en 2025 grâce à l’effet post-événementiel.

Entre contraintes économiques, recherche d’ensoleillement et désir de proximité, le tourisme en France est en pleine mutation. Les professionnels s’adaptent à une clientèle plus exigeante, plus mobile et surtout plus attentive à l’équilibre entre plaisir et dépenses. Le paysage touristique français, longtemps polarisé entre le littoral et la montagne, s’enrichit désormais d’une diversité de choix stratégiques, économiques et culturels.


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.