Le procès de l'attentat de Nice s'ouvre à Paris six ans après la tragédie du 14 juillet 2016

Images au palais de justice de Paris de la salle d'audience où doit se tenir, à partir du 5 septembre, le procès de l'attentat du 14 juillet 2016 à Nice, seconde attaque la plus meurtrière sur le sol français (86 morts) après les attentats du 13-Novembre. (Photo, AFP)
Images au palais de justice de Paris de la salle d'audience où doit se tenir, à partir du 5 septembre, le procès de l'attentat du 14 juillet 2016 à Nice, seconde attaque la plus meurtrière sur le sol français (86 morts) après les attentats du 13-Novembre. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 29 août 2022

Le procès de l'attentat de Nice s'ouvre à Paris six ans après la tragédie du 14 juillet 2016

Images au palais de justice de Paris de la salle d'audience où doit se tenir, à partir du 5 septembre, le procès de l'attentat du 14 juillet 2016 à Nice, seconde attaque la plus meurtrière sur le sol français (86 morts) après les attentats du 13-Novembre. (Photo, AFP)
  • L'auteur des faits, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, un Tunisien de 31 ans, sera le grand absent
  • Le soir du 14 juillet 2016, il avait foncé au volant d'un camion de 19 tonnes dans la foule réunie pour assister à un feu d'artifice sur la promenade des Anglais de Nice

PARIS: Six ans après l'attentat du 14 juillet 2016 qui a fait 86 morts sur la promenade des Anglais de Nice, la justice va tenter de répondre à partir du 5 septembre aux attentes des proches des victimes de la seconde attaque la plus meurtrière sur le sol français après les attentats du 13-Novembre. 

Comme un symbole, le procès de l'attentat de Nice se déroulera dans la même salle d'audience criminelle « sur mesure » que celle où s'est déroulé le procès des attentats du 13 Novembre 2015 (dit « V13 »), dans l'historique Palais de justice de Paris. 

Pour les parties civiles (on en comptait 865 fin août dont 39 de nationalité étrangère) qui ne pourront pas faire le déplacement dans la capitale, le procès sera retransmis simultanément dans une salle du palais des congrès Acropolis de Nice, qui peut accueillir 500 parties civiles. 

Comme le procès V13 avant lui, le procès sera filmé et enregistré pour l'Histoire. 

L'auteur des faits, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, un Tunisien de 31 ans, sera le grand absent. Le soir du 14 juillet 2016, il avait foncé au volant d'un camion de 19 tonnes dans la foule réunie pour assister à un feu d'artifice sur la promenade des Anglais de Nice. Il y a été tué par la police après avoir tiré sur les forces de l'ordre. 

Cette attaque, huit mois après les attentats du 13-Novembre à Paris et à Saint-Denis, avait été revendiquée, deux jours après les faits, par l'organisation Etat islamique. L'enquête n'a cependant pas permis d'établir un lien direct entre l'attentat et l'organisation djihadiste. Cette revendication « paraît être davantage une revendication de pure opportunité », a conclu l'enquête. 

En l'absence de l'assaillant, les magistrats de la cour d'assises spéciale, présidée par Laurent Raviot, devront examiner la responsabilité de sept hommes et une femme, membres de son entourage ou intermédiaires impliqués dans le trafic d'armes qui lui étaient destinées. 

Trois accusés  - Ramzi Kevin Arefa, Chokri Chafroud, Artan Henaj - sont en détention dont un (Artan Henaj) dans le cadre d'une autre affaire. 

Quatre autres - Maksim Celaj, Endri Elezi, Mohamed Ghraieb et Enkeledja Zace - placés sous contrôle judiciaire, comparaîtront libres. 

Le huitième, Brahim Tritrou, sera jugé en son absence après avoir rompu son contrôle judiciaire. Selon son avocate, cet accusé se trouverait actuellement détenu en Tunisie. Un mandat d'arrêt a été émis à son encontre par la justice française. 

Trois accusés (Ramzi Kevin Arefa, Chokri Chafroud et Mohamed Ghraieb) sont poursuivis pour association de malfaiteurs terroriste. Ils encourent de 20 ans de prison à la réclusion criminelle à perpétuité pour le seul de ces trois accusés (Ramzi Kevin Arefa) en état de récidive légale. 

Les cinq autres accusés sont poursuivis pour association de malfaiteurs et infractions à la législation sur les armes et encourent de cinq à dix ans d'emprisonnement. 

Procès de l'attentat de Nice : les huit accusés

Mohamed Ghraieb 

Franco-Tunisien de 46 ans, Mohamed Ghraieb, était un proche de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel. Selon l'accusation il était « pleinement conscient » de l'adhésion de son ami « à l'idéologie nihiliste du djihad armé » avant les faits. 

Mais les investigations n'ont pas permis de déterminer s'il était au courant de son projet d'attentat. 

« Les liens de proximité, de camaraderie qu’il avait avec le chauffeur de la mort sont radicalement insuffisants pour établir une quelconque responsabilité pénale », a confié son avocat Me William Bourdon. 

Poursuivi pour participation à une association de malfaiteurs terroriste, Mohamed Ghraieb, marié à une femme ayant quatre enfants, n'a eu de cesse de proclamer son innocence. Parmi les éléments à charge, l'accusation lui reproche notamment d'avoir circulé le 11 juillet 2016 à bord du camion ayant servi à commettre l'attentat en compagnie de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel. 

Incarcéré entre juillet 2016 et août 2019, il doit comparaître libre au procès. Il encourt 20 ans de réclusion criminelle. 

Chokri Chafroud 

Tunisien de 43 ans, Chokri Chafroud est en détention provisoire depuis juillet 2016. 

Ami de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, ce célibataire sans enfant a contesté durant l'instruction toute responsabilité dans l'attentat. 

Poursuivi pour participation à une association de malfaiteurs terroriste, il lui est notamment reproché d'avoir circulé le 12 juillet 2016, sur la promenade des Anglais, à bord du camion ayant servi à commettre l'attentat en compagnie de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel. Il est aussi accusé d'avoir effectué des démarches pour lui fournir une arme de poing dans les semaines précédant l'attentat. 

Il encourt 20 ans de réclusion criminelle. 

Ramzi Kevin Arefa 

Franco-Tunisien de 27 ans, Ramzi Arefa est en détention provisoire depuis juillet 2016. 

Connu des services de police pour des faits de droit commun, ce célibataire sans enfant est poursuivi pour participation à une association de malfaiteurs terroriste et infractions à la législation sur les armes. 

Il lui est notamment reproché de s'être associé avec Mohamed Lahouaiej-Bouhlel dans sa recherche d'armes dans les semaines précédant l'attentat. Il aurait notamment exercé un rôle d'intermédiaire entre l'auteur de l'attentat et plusieurs des coaccusés poursuivis pour trafic d'armes. 

C'est le seul accusé à encourir la réclusion criminelle à perpétuité car en état de récidive légale. 

Artan Henaj 

Albanais de 44 ans, Artan Henaj, alias Giovanni, est en détention depuis juillet 2016 dans le cadre d'une autre affaire. 

Inconnu des services spécialisés en matière de terrorisme, il est poursuivi pour participation à une association de malfaiteurs et infractions à la législation sur les armes. Il a reconnu au cours de l'enquête avoir fourni un pistolet automatique avec cinq cartouches et une kalachnikov sans munition à Ramzi Arefa. Le pistolet a été retrouvé dans l'habitacle du camion ayant servi à commettre l'attentat et la kalachnikov dans la cave de l'immeuble où habitait Ramzi Kevin Arefa. 

Il encourt 10 ans d'emprisonnement. 

Enkeledja Zace 

Albanaise de 48 ans, Enkeledja Zace, alias Leda, est la seule femme à comparaître. Compagne d'Artan Henaj, elle est poursuivie comme lui pour participation à une association de malfaiteurs et infractions à la législation sur les armes. 

Placée sous contrôle judiciaire, après avoir été en détention provisoire entre juillet 2016 et novembre 2017, elle a nié durant l'enquête toute implication dans les transactions portant sur les armes. Selon Artan Henaj et Ramzi Kevin Arefa, elle aurait servi d'interprète à son compagnon lors des ventes d'armes à Ramzi Kevin Arefa. 

Elle encourt 10 ans d'emprisonnement. 

Maksim Celaj  

Albanais de 30 ans, Maksim Celaj, est jugé pour participation à une association de malfaiteurs et infractions à la législation sur les armes. 

Placé sous contrôle judiciaire, après avoir été en détention provisoire de décembre 2016 à décembre 2020, ce cousin d'Artan Henaj aurait participé à la fourniture de la kalachnikov vendue à Ramzi Kevin Arefa. 

Il encourt dix ans d'emprisonnement. 

Endri Elezi  

Albanais de 30 ans, Endri Elezi, alias Luxhino Elezi, surnommé Gino, est soupçonné d'avoir fourni au moins une arme à Artan Henaj. 

Placé sous contrôle judiciaire, après avoir été en détention provisoire d'avril 2020 à novembre 2021, il est poursuivi pour participation à une association de malfaiteurs et infractions à la législation sur les armes. 

Également mis en examen dans le cadre de cette affaire pour infractions à la législation sur les armes, son cousin Adriatik Elezi s'était pendu dans sa cellule en juin 2018 durant sa détention provisoire. 

Il encourt 5 ans d'emprisonnement. 

Brahim Tritrou 

Tunisien de 37 ans, Brahim Tritrou, a été, selon son avocate, interpellé en Tunisie après avoir rompu en juillet 2020 le contrôle judiciaire dont il bénéficiait, après une détention provisoire de décembre 2016 à janvier 2019. 

Visé par un mandat d'arrêt, il devrait être jugé en son absence. 

Poursuivi pour association de malfaiteurs et infractions à la législation sur les armes, il est soupçonné d'avoir servi d'intermédiaire entre Artan Henaj et Ramzi Kevin Arefa. Durant l'enquête, Brahim Tritrou a reconnu avoir mis en contact les deux hommes mais seulement pour une vente de cocaïne. 

Il encourt 5 ans d'emprisonnement. 

Pas de complicité 

Aucun des accusés n'est poursuivi pour complicité d'assassinats ou tentative d'assassinats en bande organisée. 

Avant même l'ouverture du procès, l'absence de l'assaillant et le fait que la complicité d'assassinats n'a pas été retenue contre les accusés ont fait craindre une certaine « frustration » chez les parties civiles et leurs avocats (119 au total). 

« J'entends cette frustration, elle est humaine. Mais il y aura une réponse judiciaire », a assuré le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti dans un entretien accordé à Nice-Matin le 14 juillet dernier. »Nous répondons à cette barbarie par le droit », a-t-il promis. 

Le procès est prévu pour durer jusqu'au 16 décembre. Les audiences auront lieu du mardi au vendredi, matin et soir. 

Elles seront accessibles par webradio, avec un léger différé de 30 minutes, pour les parties civiles qui en feront la demande y compris à l'étranger. Une traduction intégrale sera assurée en anglais. 

C'est la première fois qu'un tel dispositif est mis en place (lors du procès V13, la webradio n'était disponible qu'en France). 

Parmi les témoins attendus l'ancien président de la République François Hollande et son ministre de l'Intérieur (à l'époque des faits) Bernard Cazeneuve devraient déposer à la barre. Ces deux personnalités avaient déjà témoigné lors du procès V13. En revanche, aucun représentant de la mairie de Nice n'a été cité à témoigner. 

Les parties civiles, proches des victimes et rescapés de l'attentat, disposeront de cinq semaines pour témoigner. Les premiers interrogatoires des accusés sont attendus début novembre. 

Le ministère public sera représenté par trois avocats généraux, Jean-Michel Bourles, Alexa Dubourg et Rachel Lecuyer, par ailleurs respectivement procureur adjoint antiterroriste et vice-procureurs antiterroristes. 

Les accusés seront défendus par 14 avocats. 

 

Attentat de Nice: Yanis, Camille, Mino, des victimes racontées par leurs proches

Mino, mère de deux enfants, avait une telle mémoire que son mari l'appelait MP3, Yanis, cinq ans, adorait les aventures des Marvel et de Spiderman, Camille avait elle choisi l'humanitaire en Amérique latine face au marketing qui lui semblait futile. 

Ds proches de trois des 86 personnes tuées dans l'attentat du 14 juillet 2016 à Nice racontent ces personnalités au destin brisé. 

« Il est dans le ciel avec les Marvel et Spiderman » 

Yanis Coviaux, Français, né le 12 octobre 2010 à Voiron (Isère), mort à cinq ans. Portrait par sa mère Samira Rouibah: 

« C'était mon premier enfant. Il riait beaucoup, était très très malicieux, super intelligent. Il parlait tellement bien. Il était bien avancé pour son âge. C'était un enfant plein de vie et qui était heureux. Il aimait aller sur la 'Prom' (Promenade des Anglais), faire du vélo avec ses copains. Il faisait de la trottinette, jouait aux (super-héros) Marvel. Il aimait aller voir son papi et sa mamie à Grenoble et son tonton Djamel. Mon plus grand fils aujourd'hui (son deuxième enfant, né en 2017, ndlr), je commence à lui en parler. Il me demande : 'Il est où Yanis maman ? Je lui réponds: 'Il est dans le ciel avec les Marvel, avec Spiderman et Ironman' ». Alors il me dit: 'Il a de la chance!'. » 

« L'humanitaire » plutôt que le marketing 

Camille Murris, Française, née le 9 mai 1989 à Nice, décédée à 27 ans. Racontée par sa mère Anne Murris: 

« C'était quelqu'un de solaire, qui a toujours rayonné par sa gentillesse. Petite, elle avait été surnommée 'l'assistante sociale de la cour de récréation' et ce côté social elle l'a trimballé toute sa vie. Elle a commencé à partir pour des missions humanitaires en Amérique latine, pour au bout d'un moment abandonner son travail pour lequel elle ne trouvait pas trop de sens par rapport aux valeurs qui étaient les siennes. Elle était cheffe de projet marketing dans une agence publicitaire et dépenser des sommes exorbitantes pour faire des publicités pour des crèmes ou autres lui semblait tellement futile. Quand cette tragédie s'est produite, elle revenait d'une mission humanitaire d'une année, en Argentine, en Bolivie et au Pérou. Elle avait une attirance pour la langue espagnole. Elle était aussi musicienne et avait commencé le violon à six ans. Dans son ancienne école de commerce, Skema Business School, un très beau projet humanitaire intitulé 'Espoir avec Camille Murris' a été monté en 2018, après son décès, pour aider un quartier de Belo Horizonte, au Brésil, en soutenant l'extension d'un centre d’accueil des enfants. C'est quelque chose qui lui ressemble ». 

« Elle avait beaucoup de mémoire » 

- Mino Razafitrimo, Malgache, née le 7 mars 1985 à Madagascar, morte à 31 ans. Racontée par son mari Bruno: 

« C'était une fille très studieuse, elle est allée jusqu'au master 2 en France, en économie sociale. Elle n'était pas très bavarde, comme moi et comme les enfants. Elle était toujours disponible pour les autres. Moi je l'appelais MP3 parce qu'elle avait beaucoup de mémoire et n'oubliait jamais rien, que ce soit le bien ou le mal qu'on lui faisait. Je l'ai rencontrée en 2004, on s'est marié en 2009. On avait cinq ans d'écart. On s'est dit 'A tes 25 ans et à mes 30 ans, on boucle tout'. On s'est marié, on a acheté l'appartement, on a eu Amaury en 2010. J'ai vraiment perdu une amie, une compagne et une femme. C'est pour ça que j'ai vraiment du mal à refaire ma vie. On n'avait pas beaucoup les moyens donc ça faisait 10 ans qu'elle n'était pas allée à Madagascar et on aurait dû y aller en décembre 2016 pour le mariage de mon frère. Tout était prévu, tout était prêt. On est retourné à Madagascar, quelques mois après (l'attentat), on l'a enterrée là-bas. On a dit: 'On ne va pas tout annuler, on revient quand même, comme si elle était là'. On la conjugue toujours au présent, encore maintenant. Les petits, ça comble un petit peu l'absence. 


France: Conseil des ministres spécial pour tenter de sortir de l'impasse budgétaire

Le Premier ministre français Sébastien Lecornu (au centre) s'exprime lors d'une déclaration gouvernementale sur la stratégie de défense nationale à l'Assemblée nationale, à Paris, le 10 décembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre français Sébastien Lecornu (au centre) s'exprime lors d'une déclaration gouvernementale sur la stratégie de défense nationale à l'Assemblée nationale, à Paris, le 10 décembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron convoque un conseil des ministres extraordinaire pour présenter une loi spéciale afin d’assurer le financement de l’État face à l’impasse budgétaire
  • Les discussions sur un budget 2026 reprendront rapidement : le gouvernement vise une adoption d’ici fin janvier, dans un contexte de fortes divergences

PARIS: Le président français Emmanuel Macron préside lundi un conseil des ministres extraordinaire qui devrait conduire à l'adoption rapide par le Parlement d'une loi spéciale, destinée à financer l'Etat et ses administrations malgré l'impasse budgétaire.

Le Premier ministre Sébastien Lecornu doit poursuivre dans la journée de lundi ses consultations des différentes formations politiques "pour trouver les conditions d'une solution".

Une commission de sénateurs et députés a échoué vendredi à trouver un accord sur le projet de loi de finances pour l'année à venir.

A l'issue de ces discussions, un conseil des ministres de crise destiné à présenter le projet de loi spéciale est prévu en fin de journée, au retour du président Emmanuel Macron d'Abou Dhabi, où le chef d'État a annoncé devant des militaires français le coup d'envoi de la construction du futur porte-avions destiné à remplacer le Charles De Gaulle.

Dans la foulée, les commissions des Finances de l'Assemblée nationale et du Sénat auditionneront lundi soir et mardi le ministre de l'Économie Roland Lescure et la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin, sur ce projet de loi. L'objectif est que ce texte spécial puisse être voté mardi par les deux chambres.

Mais il faudra dès la rentrée reprendre les discussions pour tenter de trouver un budget 2026, car la loi spéciale "c'est un service minimum", a martelé Amélie de Montchalin.

La ministre a indiqué dimanche soir sur la chaîne BFMTV que l'objectif est d'adopter une véritable loi de finance 2026 avant "la fin janvier", y compris avec "quelques hausses d'impôts", une des demandes notamment du Parti socialiste - partenaire privilégié de Sébastien Lecornu lors de l'examen du budget de la Sécurité sociale, et à qui il a concédé notamment la suspension de la réforme des retraites.

Reste qu'après deux mois de discussions qui n'ont pas permis d'aboutir, le doute subsiste sur la capacité du Premier ministre à obtenir ce compromis, entre une droite sénatoriale attachée aux économies et aux baisses d'impôts et une Assemblée où la gauche réclame plus de recettes et moins de coupes budgétaires.


Macron donne le coup d'envoi du futur porte-avions lors du Noël avec les troupes

Le président français Emmanuel Macron s'adresse aux troupes françaises lors d'une cérémonie à la base du 5e régiment de cuirassiers à Zayed Military City, près d'Abou Dhabi, le 21 décembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron s'adresse aux troupes françaises lors d'une cérémonie à la base du 5e régiment de cuirassiers à Zayed Military City, près d'Abou Dhabi, le 21 décembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron s'adresse aux troupes françaises lors d'une cérémonie à la base du 5e régiment de cuirassiers à Zayed Military City, près d'Abou Dhabi, le 21 décembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron s'adresse aux troupes françaises lors d'une cérémonie à la base du 5e régiment de cuirassiers à Zayed Military City, près d'Abou Dhabi, le 21 décembre 2025. (AFP)
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  • Plus grand et plus puissant, ce bâtiment symbolise l’ambition stratégique et industrielle de la France, malgré les contraintes budgétaires et les débats sur l’évolution des menaces

ABOU DHABI: Emmanuel Macron a donné dimanche le coup d'envoi de la construction du futur porte-avions français destiné à remplacer le Charles De Gaulle et qui doit entrer en service en 2038.

"Ce nouveau porte-avions sera l'illustration de la puissance de notre nation, puissance de l'industrie, de la technique, puissance au service de la liberté sur les mers et dans les remous du temps", a-t-il assuré.

L'annonce du lancement officiel de la construction était très attendue malgré l'impasse budgétaire dans laquelle se trouve le gouvernement, alors que le mur d'investissements nécessaires et l'évolution des menaces mettent le projet sous pression.

"Conformément aux deux dernières lois de programmation militaire, et après un examen complet et minutieux, j'ai décidé de doter la France d'un nouveau porte-avions", a annoncé le chef de l'Etat français lors du Noël avec les troupes à Abou Dhabi.

"La décision de lancer en réalisation ce très grand programme a été prise cette semaine", a-t-il ajouté.

Lui aussi à propulsion nucléaire, le nouveau porte-avions sera beaucoup plus massif que l'actuel. Il fera près de 80.000 tonnes pour environ 310 mètres de long, contre 42.000 tonnes pour 261 mètres pour le Charles De Gaulle. Avec un équipage de 2.000 marins, il pourra embarquer 30 avions de combat.

Le risque d'un "choc dans trois, quatre ans" face à la Russie évoqué par les armées fait craindre que les budgets ne filent vers des priorités plus pressantes.

De récents propos du chef d'état-major des armées, le général Fabien Mandon, jugeant qu'on "ne peut pas se contenter de reproduire un outil qui a été conçu à la moitié du siècle dernier", semblent mettre aussi en question le concept du porte-avions.

Le général a notamment souligné le "besoin de permanence à la mer" du bâtiment et sa capacité d'emport de "drones de tous types".

Un seul bâtiment, en l'occurence le Charles De Gaulle, est disponible 65% du temps, selon la Marine. Un décalage de la construction et donc de l'entrée en service de son successeur laisserait la Marine sans porte-avions.

Une étude menée à l'occasion du prochain arrêt technique majeur du Charles De Gaulle permettra de dire en 2029 si le bâtiment peut être prolongé de quelques années au-delà de 2038, en fonction de l'état de ses chaufferies nucléaires et de sa structure.

Le président français Emmanuel Macron a fait cette annonce lors d'une visite aux Emirats arabes unis, allié militaire avec lequel Paris souhaite renforcer son "partenariat stratégique" et dont il espère plus de coopération dans sa lutte contre le narcotrafic.


Macron aux Emirats pour fêter Noël avec les forces françaises

Le président français Emmanuel Macron (à gauche) serre la main du président des Émirats arabes unis, Sheikh Mohamed ben Zayed Al Nahyan, lors d'une rencontre au musée national Zayed à Abu Dhabi, aux Émirats arabes unis, le 21 décembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron (à gauche) serre la main du président des Émirats arabes unis, Sheikh Mohamed ben Zayed Al Nahyan, lors d'une rencontre au musée national Zayed à Abu Dhabi, aux Émirats arabes unis, le 21 décembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron est en visite aux Émirats arabes unis pour célébrer Noël avec les 900 soldats français déployés et renforcer le partenariat stratégique, notamment en matière de défense et de sécurité

ABOU DHABI: Emmanuel Macron a entamé dimanche matin une visite aux Emirats arabes unis pour célébrer Noël avec les forces françaises qui y sont déployées et vanter son partenariat avec ce pays du Golfe, dont Paris espère plus de coopération dans sa lutte contre le narcotrafic.

Le président français, accompagné notamment de sa ministre des Armées Catherine Vautrin, est arrivé en fin de matinée (en heure locale) à Abou Dhabi, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Il doit tout d'abord visiter le musée national Zayed. Puis il aura un entretien avec le président émirati, Sheikh Mohammed ben Zayed Al Nahyane, afin d'évoquer "le renforcement du partenariat stratégique" entre leurs pays, selon la présidence française, qui souligne leur coopération "en matière de sécurité et de défense".

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Le président français Emmanuel Macron (à gauche) marche aux côtés du président des Émirats arabes unis, Sheikh Mohamed ben Zayed Al Nahyan, lors d'une visite au musée national Zayed à Abu Dhabi, aux Émirats arabes unis, le 21 décembre 2025. (AFP)

La France travaille avec les Emirats sur le plan militaire, plus de 900 soldats français y étant déployés sur trois bases.

C'est devant eux qu'Emmanuel Macron doit s'exprimer dimanche après-midi, avant de partager un dîner de Noël préparé par les chefs cuisiniers de l'Elysée.

Selon la tradition, le président français célèbre les fêtes de fin d'année auprès des troupes déployées à l'étranger. Les Emirats ont été choisis cette fois car "la région cristallise un ensemble de crises", a précisé la présidence française cette semaine.

- "Guerre" du narco -

La France coopère avec les Emirats sur un éventail de domaines allant de l'intelligence artificielle à la culture, en passant bien sûr par le commerce. Le pays pétrolier est son premier client en termes d'exportations au Proche et Moyen Orient, selon l'Elysée.

Paris veut désormais s'assurer de l'appui des Emirats dans la "guerre" déclarée par le gouvernement français au narcotrafic.

D'importants narcotrafiquants originaires de France s'y seraient installés, notamment à Dubaï, et se sont parfois constitué des patrimoines immobiliers imposants.

Le sujet est omniprésent en France depuis l'assassinat en novembre de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic, abattu en plein jour à Marseille.

Mardi, à Marseille, Emmanuel Macron a dit vouloir rechercher la coopération des pays où se trouvent certaines "têtes de réseau", afin de "pouvoir saisir leurs biens" et obtenir leur arrestation.

Son ministre de la Justice Gérald Darmanin a déjà réclamé en novembre aux Emirats arabes unis l'extradition d'une quinzaine de narcotrafiquants présumés recherchés par la France.

- Houthis -

Certains des soldats français déployés aux Emirats contribuent à la lutte contre le narcotrafic.

Sur l'imposante frégate "La Provence", des militaires de la marine tentent de repérer et d'intercepter des bateaux transportant de la drogue.

Ils se trouvent à proximité de l'océan Indien, une route importante. Les trafiquants passent souvent par le golfe d'Aden, vers la Somalie ou le Yémen, ou alors vers l'Afrique de l'Ouest.

En 2025, "plus d'une vingtaine de tonnes de drogue" ont déjà été saisies par la marine française dans la zone de l'Océan Indien, soit une valeur marchande pouvant atteindre plusieurs centaines de millions d'euros, selon le commandant de frégate Pascal Forissier.

Autant de stupéfiants sortis du marché. Mais, reconnaît le militaire, les saisies ne représentent "qu'une petite partie" de toute la drogue en circulation.

Le narcotrafic ne constitue qu'une facette de leurs responsabilités. La France participe à l'opération Aspides, qui protège les bateaux contre les frappes des Houthis en mer rouge.

En plus de cela, les soldats français aux Emirats sont engagés dans l'opération Chammal, au sein de la coalition contre le groupe Etat islamique.

D'après la présidence française, la présence des troupes aux Emirats illustre la volonté de la France de conserver une capacité "d'action autonome dans un contexte international tendu".

Lundi, Emmanuel Macron devrait être aux premières loges pour observer les moyens militaires français dans la zone au cours d'une démonstration organisée pour conclure sa visite.