Il y a deux ans, j’ai publié avec Michel Canesi un essai aux éditions Jean-Claude Lattès : Bien portant avec la médecine du Prophète, inspiré d’un livre écrit au XVe siècle par un grand médecin du Caire, Jalal ad-Dine as-Suyuti, La médecine du Prophète.
Notre ouvrage montre à quel point, l’islam et la science islamique ont imprégné nos vies, que nous résidions en Orient ou en Occident. Il réduit à néant l’argumentaire de bon nombre de théoriciens du pire qui tentent d’affirmer que les civilisations occidentale et musulmane sont intrinsèquement antagonistes, et qu’elles sont vouées à se déchirer dans une guerre inéluctable. Leur coexistence serait impossible car l’islam serait, par essence, conquérant, dominateur, imperméable à toute critique.
Disons-le tout net : la civilisation occidentale et la civilisation islamique puisent aux mêmes sources : l’Égypte, Sumer, Rome, Athènes, Byzance et Istanbul. Le Coran reconnaît sans ambiguïté la nature divine des textes qui l’ont précédé, la Torah, les Évangiles, de même que la sainteté de tous prophètes du judaïsme et de la chrétienté.
Les sciences de l’islam ont repris à leur compte l’héritage antique gréco-romain, l’ont transmis au monde et magnifié. La science médiévale resplendissait à Cordoue, Grenade et Séville, elle a fait le lit de la Renaissance en Europe. On soignait de la même manière, jusqu’au XVIIe siècle, à Bagdad, Londres, Paris ou Madrid.
Comment ose-t-on parler de civilisations ennemies alors qu’elles sont jumelles ?
Comment peut-on critiquer l’islam à ce point et le présenter comme une religion de violence et de mort alors qu’il a porté au pinacle la science médicale, cet art qui sauvegarde la santé des hommes et protège leur vie ?
Les actions de musulmans dévoyés ont sali l’islam. Les ennemis du monde musulman se servent de ces forfaitures pour jeter sur lui l’opprobre, pour dénigrer sans nuances une communauté entière, alors qu’elle n’est pas comptable de ces actes contre nature. Tout comme la religion chrétienne ne peut être tenue pour responsable de crimes perpétrés au nom du Christ.
Des politiciens européens exigent des musulmans qu’ils se désolidarisent des attentats commis en leur nom comme si, du simple fait de leur confession, ils avaient une quelconque responsabilité.
Demande-t-on aux chrétiens ou aux israélites de désavouer les agressions antimusulmanes commis par leurs coreligionnaires sous prétexte qu’ils sont catholiques, protestants ou juifs ?
Les crimes perpétrés au nom de l’Islam sont des abominations et, chaque être humain, quelle que soit sa confession, ne peut qu’en être effaré. Ce soupçon de complicité de la communauté musulmane à l’égard de méfaits inqualifiables est intolérable.
Le message de paix du Coran
L’extrémisme, la destruction, le culte de la mort ne sont pas dans la philosophie de la religion musulmane sinon, à quoi bon ces conseils prodigués par le Prophète et ceux qui l’ont suivi visant à améliorer une vie bien terrestre.
En effet, il est écrit dans le Coran :
Ne vous tuez pas vous-mêmes, car Dieu ne cesse d’être miséricordieux envers vous. (Sourate 4, verset 29)
Et, sauf en droit, ne tuez point la vie que Dieu a rendue sacrée. (Sourate 17, verset 33)
C’est pourquoi, nous avons prescrit aux enfants d’Israël que quiconque tuait une personne non coupable d’un meurtre ou d’une corruption sur la terre tuait en fait tous les hommes et que quiconque lui faisait don de la vie en faisait don à tous les hommes. (Sourate 5, verset 32)
L’islam et ses recommandations, la sagesse qui émane des paroles du prophète Mahomet guident des millions de croyants sous toutes les latitudes. La religion musulmane au quotidien est empreinte de bienveillance. Qui n’a pas été frappé lors de séjours en terre d’islam par l’extrême attention de gens souvent humbles, souriants et généreux ?
L’image de l’islam en Amérique et en Europe n’a jamais été aussi négative, et pourtant, ce qui frappe dans les préceptes de cette religion énoncés il y a douze siècles, c’est leur pragmatisme, leur pertinence, leur modernité, ce lien entre la santé du corps et celle de l’esprit, l’importance qu’il y a à maîtriser ses sens et ses humeurs, à positiver en permanence.
L’idéologie extrémiste est éminemment contemporaine, elle n’est pas l’islam, sinon comment expliquer ce verset du Coran (sourate 2, verset 143) ?
C’est ainsi que nous fîmes de vous une communauté du juste milieu…
Jamil Rahmani est chef du service d’anesthésie-réanimation de l’hôpital franco-britannique de Levallois, il a été président de l’Union des musulmans de Levallois et responsable de la mosquée de Levallois. Il est également écrivain, il a publié avec Michel Canesi six romans et un essai, Bien Portant avec La Médecine du Prophète, publié aux éditions Jean-Claude Lattès.
NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com