Les extrémistes pourraient exploiter les lois sur l'esclavage pour échapper à la justice, selon un expert

De gauche à droite: Les adolescentes britanniques Kadiza Sultana, Amira Abase et Shamima Begum à l'aéroport de Gatwick le 17 février 2015 (Photo, Police métropolitaine/AFP).
De gauche à droite: Les adolescentes britanniques Kadiza Sultana, Amira Abase et Shamima Begum à l'aéroport de Gatwick le 17 février 2015 (Photo, Police métropolitaine/AFP).
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Publié le Samedi 03 septembre 2022

Les extrémistes pourraient exploiter les lois sur l'esclavage pour échapper à la justice, selon un expert

  • Jonathan Hall QC estime que le traitement des suspects de terrorisme comme des victimes de la traite des êtres humains est une «diversion» par rapport à la menace qu'ils représentent
  • Un nouveau livre affirme que les services de renseignement canadiens et britanniques sont impliqués dans le passage de l'adolescente Shamima Begum en Syrie en 2015

LONDRES: Un expert juridique britannique spécialisé dans la lutte contre le terrorisme a averti que les lois antiesclavagistes du Royaume-Uni pourraient constituer une menace pour la sécurité nationale.

Jonathan Hall QC, l'examinateur indépendant de la législation sur le terrorisme au Royaume-Uni, a déclaré que ce que la loi considère comme une victime de la traite ou de l'esclavage est désormais si large qu'il pourrait conduire à ce que des suspects de terrorisme, en particulier ceux radicalisés alors qu'ils étaient mineurs, échappent à la justice, car ils pourraient faire valoir qu'ils sont des victimes.

Il craint que les autorités britanniques ne privilégient l'idée de traiter les suspects comme des victimes et non pas comme une menace pour le Royaume-Uni, au motif qu'ils ont pris des décisions parce qu'ils étaient mineurs ou ont été forcés.

Hall a déclaré au Times: «La définition et la manière dont la loi est appliquée sont trop larges. Elle est en contradiction avec le fait que les enfants ne sont généralement pas considérés comme des victimes lorsqu'ils commettent d'autres crimes, simplement parce que quelqu'un leur suggère de le faire.»

Ses remarques font suite aux déclarations faites dans un nouveau livre selon lesquelles l'ancienne membre de Daech Shamima Begum, qui a quitté le Royaume-Uni à l'âge de 15 ans pour la Syrie en 2015, a été introduite clandestinement dans le pays par un trafiquant d'êtres humains qui travaillait également pour les services de renseignement canadiens.

L'article «The Secret History of the Five Eyes» écrit par l'ancien journaliste du Sunday TimesRichard Kerbaj, prétend qu'Ottawa a demandé à Londres de l'aider à dissimuler le rôle du trafiquant dans l'arrivée de Begum, ainsi que de deux autres filles de Londres, dans le groupe.

Begum a ensuite été déchue de sa citoyenneté britannique par le ministère de l'Intérieur et est actuellement détenue dans un camp de prisonniers kurdes pour les membres de Daech dans le nord de la Syrie. Elle considère qu’elle est victime de la traite des êtres humains et de la sollicitation en ligne.

Les partisans de Begum suggèrent qu'elle est une victime, tandis que les allégations du livre impliquent que certaines parties du gouvernement britannique étaient conscientes du rôle des services de renseignement canadiens de son introduction clandestine en Syrie et du rôle de la Grande-Bretagne dans sa dissimulation, lorsqu'elle a été déchue de sa citoyenneté. Un appel doit être entendu en novembre.

Un porte-parole du maire de Londres, Sadiq Khan, a déclaré: «Bien que les faits ne soient pas clairs, ce qui est évident, c'est que Shamima Begum était une enfant lorsqu'elle s'est rendue en Syrie et qu'elle pourrait bien avoir été victime de la traite des êtres humains là-bas.»

«Si ces rapports sont vrais, alors le ministère de l'Intérieur doit expliquer pourquoi cela n'a pas été pris en compte lorsque la révocation de la citoyenneté de Shamima a été décidée», a ajouté le porte-parole.

En janvier, une jeune fille de 16 ans soupçonnée d'avoir participé à des activités terroristes d'extrême droite au Royaume-Uni a été libérée après que ses avocats ont réussi à faire valoir, en invoquant la loi sur l'esclavage moderne, qu'elle était victime de la traite des êtres humains, créant ainsi un précédent possible pour de futurs cas d'extrémistes mineurs.

Hall a mentionné que l'affaire aurait «des ramifications plus larges». Il a insisté: «Notre droit britannique va au-delà des obligations internationales en permettant aux personnes de se défendre comme victimes d'esclavage ou de traite.»

Hall a soutenu que le cas de Begum doit certes tenir compte de la manière dont elle s'est retrouvée en Syrie, mais doit reposer davantage sur le risque qu'elle représente pour la sécurité du Royaume-Uni que sur la question de savoir si elle a été vraiment une victime, ce qu'il a qualifiée de «diversion».

Le ministère de l'Intérieur britannique a signalé au Times qu'il ne commentait pas les questions relatives aux renseignements d'État.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Incendies en Turquie: "amélioration" autour d' Izmir, craintes pour les jours à venir

De la fumée et des flammes s'élèvent d'une zone forestière après un incendie de forêt dans le district de Seferihisar à Izmir, en Turquie, le 30 juin 2025 Les sauveteurs ont évacué plus de 50 000 personnes, principalement dans la province d'Izmir, à l'ouest de la Turquie, alors que les pompiers luttent contre une série d'incendies de forêt, a déclaré lundi l'agence des catastrophes AFAD. (AFP)
De la fumée et des flammes s'élèvent d'une zone forestière après un incendie de forêt dans le district de Seferihisar à Izmir, en Turquie, le 30 juin 2025 Les sauveteurs ont évacué plus de 50 000 personnes, principalement dans la province d'Izmir, à l'ouest de la Turquie, alors que les pompiers luttent contre une série d'incendies de forêt, a déclaré lundi l'agence des catastrophes AFAD. (AFP)
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  • La situation s'améliore mardi autour d'Izmir (ouest) où les incendies font rage depuis dimanche mais le ministre turc de l'Agriculture et des forêts s'alarme du redoublement des vents pour les jours à venir
  • Cinquante mille personnes au total dont 42.000 personnes autour d'Izmir et plus de cinq mille à Hatay ont dû être évacuées lundi

ISTANBUL: La situation s'améliore mardi autour d'Izmir (ouest) où les incendies font rage depuis dimanche mais le ministre turc de l'Agriculture et des forêts s'alarme du redoublement des vents pour les jours à venir.

"La situation est bien meilleure qu'hier concernant les incendies (autour) d'Izmir", sur la côte égéenne, a déclaré le ministre İbrahim Yumaklı lors d'un point de presse.

Il a cependant précisé que six incendies sont toujours en cours dans le pays, attisés par des vents violents qui risquent de redoubler encore dans les prochains jours, particulièrement dans la région de Hatay et Antakya (sud), "la plus problématique", selon lui.

Cinquante mille personnes au total dont 42.000 personnes autour d'Izmir et plus de cinq mille à Hatay ont dû être évacuées lundi et des centaines d'habitations ont été brûlées lundi dans le pays, a annoncé l'autorité turque de gestion des urgences AFAD.

La province de Hatay qui abrite notamment l'antique Antioche avait été dévastée par un violent séisme en février 2023.

Selon M. Yumakli, "342 incendies de forêt se sont déclarés depuis vendredi".

"Nous traversons des périodes difficiles en raison de vents violents et instables" et alors que les températures, normales pour la saison, dépassent les 30°C.

"À partir de demain, des vents violents nous attendent dans une grande partie de Marmara, de l'Égée et de la Méditerranée. Les températures augmenteront de manière significative", a mis en garde le ministre en lançant un appel aux à ne pas allumer de feux à l'extérieur.

"Ne jetez pas vos cigarettes dans les zones herbeuses. Je demande une prise de conscience collective à ce sujet", a insisté le ministre.

La Turquie, épargnée ces derniers jours par les vagues de chaleur qui touchent l'Europe du Sud, est confrontée à des sécheresses récurrentes sous l'effet du changement climatique.


Trump met fin aux sanctions visant la Syrie sauf pour Assad

Le président Donald Trump serre la main du président intérimaire de la Syrie, Ahmad Al-Sharaa, à Riyad, en Arabie saoudite, le 14 mai 2025. (SPA)
Le président Donald Trump serre la main du président intérimaire de la Syrie, Ahmad Al-Sharaa, à Riyad, en Arabie saoudite, le 14 mai 2025. (SPA)
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  • Le président américain Donald Trump a signé lundi un décret formalisant le démantèlement des sanctions américaines contre la Syrie
  • Le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chibani, a salué sur X "un tournant important, qui favorise l'entrée de la Syrie dans une nouvelle phase de prospérité et de stabilité

WASHINGTON: Le président américain Donald Trump a signé lundi un décret formalisant le démantèlement des sanctions américaines contre la Syrie, une nouvelle étape dans le rapprochement entre les deux pays après la chute de Bachar al-Assad.

"Il s'agit d'un effort pour promouvoir et soutenir le chemin du pays vers la stabilité et la paix", a déclaré à la presse la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, avant la signature du décret à huis clos.

Le président Trump avait créé la surprise en annonçant lors d'une visite à Ryad le 13 mai la levée des sanctions américaines, disant vouloir "donner une chance de grandeur" aux nouvelles autorités de Damas.

Il avait aussi rencontré le lendemain le président syrien par intérim, Ahmad al-Chareh, à la tête de la coalition rebelle dirigée par le groupe islamiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS) ayant renversé en décembre le président syrien.

Depuis, Washington a assoupli la plupart de ses sanctions pour faciliter le retour de la Syrie dans le système financier international et met en oeuvre des autorisations pour encourager de nouveaux investissements en Syrie.

Le département d'Etat a délivré une dérogation au titre de la "loi César" sur la protection des civils en Syrie. Cette loi de 2020 prévoyait des sanctions sévères contre toute entité ou entreprise coopérant avec le pouvoir déchu de Bachar al-Assad.

La Syrie, dirigée par le clan Assad pendant plusieurs décennies, fait l'objet de sanctions internationales depuis 1979. Celles-ci ont été renforcées après la répression par le pouvoir de Bachar al-Assad de manifestations prodémocratie en 2011, élément déclencheur de la guerre.

Le décret présidentiel, qui évoque les "mesures positives" prises par les autorités syriennes depuis la chute d'Assad, démantèle l'architecture globale qui entoure les sanctions américaines, dont une déclaration "d'urgence nationale" en date de 2004.

Le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chibani, a salué sur X "un tournant important, qui favorise l'entrée de la Syrie dans une nouvelle phase de prospérité, de stabilité et d'ouverture sur la communauté internationale".

" Avec la levée de ce grand obstacle à la reprise économique, s'ouvrent les portes tant attendues de la reconstruction et du développement, ainsi que de la réhabilitation des infrastructures vitales, créant ainsi les conditions nécessaires pour un retour digne et sûr des déplacés syriens dans leur patrie", a-t-il ajouté.

- Normalisation ? -

Les Etats-Unis maintiennent toutefois les sanctions visant Assad, qui a fui en Russie, "ses associés, les auteurs de violations des droits de l'homme, les trafiquants de drogue et personnes liées à l'Etat islamique", selon le décret.

Le retrait de la Syrie de la liste américaine des pays accusés de soutenir le terrorisme n'est pas encore à l'ordre du jour mais le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a clairement fait savoir que Washington envisageait de le faire.

"Je réexaminerai les désignations de HTS et du président al-Chareh comme terroristes mondiaux spécialement désignés, ainsi que la désignation de la Syrie comme Etat soutenant le terrorisme", a-t-il dit dans un communiqué.

La levée des sanctions américaines survient alors que le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, a affirmé lundi qu'Israël était "intéressé" par une normalisation de ses relations avec la Syrie et le Liban dans le cadre des accords d'Abraham de 2020.

Parrainés par le président américain lors de son premier mandat à la Maison Blanche, ces accords ont vu Bahreïn, les Emirats arabes unis, le Maroc et le Soudan établir des liens formels avec Israël.

L'émissaire américain pour la Syrie Tom Barrack a assuré à ce sujet lundi que les frappes israéliennes contre l'Iran avait offert une "fenêtre de tir qui n'a jamais existé" auparavant au Moyen-Orient.


Washington doit exclure de nouvelles frappes pour une reprise des discussions, selon Téhéran

Téhéran a été informé que les Etats-Unis ne voulaient "pas s'engager dans un changement de régime en Iran" en ciblant le Guide suprême du pays, l'ayatollah Ali Khamenei, a aussi rapporté le ministre iranien. (AFP)
Téhéran a été informé que les Etats-Unis ne voulaient "pas s'engager dans un changement de régime en Iran" en ciblant le Guide suprême du pays, l'ayatollah Ali Khamenei, a aussi rapporté le ministre iranien. (AFP)
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  • Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a martelé vouloir empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique
  • Une ambition farouchement rejetée par le pouvoir iranien qui revendique toutefois un droit au nucléaire civil notamment pour produire de l'énergie

LONDRES: Les discussions diplomatiques avec Washington ne pourront reprendre que si les États-Unis excluent de nouvelles frappes sur l'Iran, a déclaré le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Majid Takht-Ravanchi, à la BBC.

"Nous entendons dire que Washington veut nous parler", a dit le responsable iranien, dans une interview diffusée dimanche soir par la BBC.

"Nous ne nous sommes pas mis d'accord sur une date. Nous ne nous sommes pas mis d'accord sur les modalités", a-t-il indiqué. "Nous cherchons une réponse à cette question: allons-nous assister à une répétition d'un acte d'agression alors que nous sommes engagés dans le dialogue?", a poursuivi le responsable iranien.

Les Etats-Unis "n'ont pas encore clarifié leur position", a souligné Majid Takht-Ravanchi.

Téhéran a été informé que les Etats-Unis ne voulaient "pas s'engager dans un changement de régime en Iran" en ciblant le Guide suprême du pays, l'ayatollah Ali Khamenei, a aussi rapporté le ministre iranien.

Israël a ouvert le 13 juin les hostilités en bombardant l'Iran et en tuant ses principaux responsables militaires et des scientifiques liés à son programme nucléaire.

Les Etats-Unis se sont joints à l'offensive de leur allié israélien en bombardant trois sites nucléaires dans la nuit du 21 au 22 juin.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a martelé vouloir empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique.

Une ambition farouchement rejetée par le pouvoir iranien qui revendique toutefois un droit au nucléaire civil notamment pour produire de l'énergie.

Après 12 jours de bombardements réciproques, un cessez-le-feu est entré en vigueur le 24 juin, imposé par le président américain Donald Trump.

Ce dernier a prévenu que le Pentagone mènerait "sans aucun doute" de nouvelles frappes si l'Iran enrichissait de l'uranium à des niveaux lui permettant de fabriquer des armes nucléaires.

Majid Takht-Ravanchi a de nouveau revendiqué le droit de l'Iran à enrichir de l'uranium à hauteur de 60% pour produire de l'énergie.

"Le niveau peut être discuté, la capacité peut être discutée, mais dire que vous (...) devriez avoir zéro enrichissement, et que si vous n'êtes pas d'accord, nous allons vous bombarder, c'est la loi de la jungle", a critiqué le ministre.