Le «sentiment de culpabilité» de Franck Terrier, héros de la Promenade des Anglais

Franck Terrier a déclaré n'avoir ressenti aucune peur à ce moment-là (Photo, AFP).
Franck Terrier a déclaré n'avoir ressenti aucune peur à ce moment-là (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 03 septembre 2022

Le «sentiment de culpabilité» de Franck Terrier, héros de la Promenade des Anglais

  • «Le plus difficile pour moi c'est d'affronter les familles, parce que j'ai toujours ce sentiment de culpabilité de pas avoir assez fait»
  • «Je ne pourrais pas vous l'expliquer», poursuit celui qui a pourtant mis sa vie en danger, «peut-être qu'il aurait fallu que je réagisse avant»

NICE: Un "sentiment de culpabilité, de ne pas avoir assez fait": six ans après l'attentat de la Promenade des Anglais à Nice, Franck Terrier, qui a risqué sa vie pour tenter d'arrêter le massacre, n'arrivera "jamais" à tirer un trait sur cette soirée tragique.

Héros décoré de la Légion d'honneur, cet homme aujourd'hui âgé de 55 ans, a raconté comment "dans un réflexe" il a décidé sur son scooter de "prendre en chasse" le camion bélier conduit par le Tunisien Mohamed Lahouaiej-Bouhlel qui a fauché la vie de 86 personnes et en a blessé des centaines d'autres parmi les quelques 30 000 assistant au feu d'artifice du 14 juillet 2016.

"On était sorti tranquillement pour aller manger une glace. Subitement, le camion me double sur la droite et puis voilà, je dépose ma femme, et je décide de le prendre en chasse", se souvient Franck, qui après avoir jeté son scooter sous les roues du camion a continué à pied pour tenter de le stopper par tous les moyens.

"Je n'avais pas peur du tout. J'avais décidé que j'irais à la cabine, je me suis battu avec (l'auteur de l'attentat). Je me suis accroché à la cabine. Il a essayé de me tirer dessus, le coup est parti, mais ça ne m'a pas atteint et après dans la bagarre, il m'a mis un coup de crosse sur la tête, je suis tombé, je suis remonté", ajoute Franck.

"Ensuite, je descends le long du camion, je me mets sous la roue avant gauche, le temps de la fusillade et quand je ressors la police pensait que j’étais avec lui (le conducteur du camion, ndlr), donc elle me secoue, un peu, beaucoup, ca dure pas très longtemps mais pour moi cela a été long… Au bout d’un moment, quand je peux parler, ils comprennent" que je n'étais pas complice.

Toujours en mémoire

Chef d'exploitation des pistes pendant 30 ans à l'aéroport de Nice, Franck, décoré de la Légion d'honneur le 14 juillet 2017 en présence du président Emmanuel Macron, n'a pas pu reprendre son travail et est désormais employé à la ville de Nice.

Quel sentiment l'anime avant le procès qui s’ouvrira le 5 septembre devant la Cour d'Assises spéciale à Paris? "Le plus difficile pour moi c'est d'affronter les familles, parce que j'ai toujours ce sentiment de culpabilité de pas avoir assez fait".

"Je ne pourrais pas vous l'expliquer", poursuit celui qui a pourtant mis sa vie en danger, "peut-être qu'il aurait fallu que je réagisse avant. Avec le recul, non, je ne pouvais pas faire plus, mais on a toujours un sentiment de culpabilité parce qu'il y a eu 86 victimes".

Ce père de deux enfants se rendra au procès le 13 septembre. Huit personnes, membres de l'entourage de l'auteur de l'attentat, qui a lui été abattu par les policiers, ou intermédiaires impliqués dans le trafic d'armes, seront jugées.

"J'attends rien de spécial, parce que je ne pense pas qu'il y aura assez de charges contre les personnes détenues. Mais voilà, ce sera un moyen de s'exprimer".

Les avocats devraient demander la diffusion d'une vidéo issue des caméras de surveillance installées sur la Promenade des Anglais qui montre le parcours meurtrier du camion.

"C'est important de montrer ça, mais je n'y assisterai pas, personnellement c’est au-dessus de mes forces, confie encore M. Terrier. Les vidéos de la ville, je ne les ai jamais vues, mais je ne veux pas les voir".

Quant à l'auteur de l'attentat, "je ne le nomme même pas, parce que pour moi ceux qui font ça, ce ne sont même pas des êtres humains, donc je n'ai ni haine ni rien du tout, je ne comprends pas".

S'il admet avoir "retrouvé un semblant de vie normale", Franck l'assure: "Je n’arriverai jamais à tirer un trait définitivement, parce que ça restera en mémoire, tout le temps, toute ma vie mais j'espère aller de mieux en mieux".


Un homme tué par balle à Marseille, le 3e en plein jour depuis début octobre

Un homme a été tué mardi par balle dans les quartiers Nord de Marseille, a-t-on appris de sources concordantes, troisième homicide en plein jour dans la deuxième ville de France depuis début octobre. (AFP)
Un homme a été tué mardi par balle dans les quartiers Nord de Marseille, a-t-on appris de sources concordantes, troisième homicide en plein jour dans la deuxième ville de France depuis début octobre. (AFP)
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  • La deuxième ville de France a enterré mardi Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic, abattu jeudi en début d'après-midi devant une pharmacie
  • Les marins pompiers de Marseille sont intervenus vers 14H15 au quartier des Olives pour un homme "blessé par arme à feu"

MARSEILLE: Un homme a été tué mardi par balle dans les quartiers Nord de Marseille, a-t-on appris de sources concordantes, troisième homicide en plein jour dans la deuxième ville de France depuis début octobre.

Interrogé par l'AFP, le parquet a fait état d'un mort, âgé entre 45 et 50 ans, et d'un blessé dans le quartier des Olives (13e arrondissement), sans pouvoir établir à ce stade de l'enquête un lien éventuel avec le trafic de drogue.

Marseille est régulièrement secouée par des "narchomicides" sur fond de trafic de stupéfiants et de guerre des gangs pour le contrôle des points de vente de drogue.

Les marins pompiers de Marseille sont intervenus vers 14H15 au quartier des Olives pour un homme "blessé par arme à feu". Une source policière indiquant ensuite à l'AFP qu'elle avait été "tuée par balle dans le 13e arrondissement".

La deuxième ville de France a enterré mardi Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic, abattu jeudi en début d'après-midi devant une pharmacie. Le 9 octobre, un homme avait été tué par balle en fin de matinée dans un quartier populaire du centre.

Selon un décompte de l'AFP, une quinzaine de personnes ont perdu la vie dans des narchomicides depuis le début de l'année dans les Bouches-du-Rhône.

Une criminalité qui ne cesse de franchir des paliers: si avant 2020/2021 les victimes étaient bien ancrées dans le narcobanditisme, depuis, les cibles sont devenues les petites mains du trafic, parfois mineures et touchées à l'aveugle sur des points de deal, faisant parfois des victimes collatérales.

Avec Mehdi Kessaci, un nouveau cap a été franchi selon les observateurs, ce jeune de 20 ans totalement étranger du trafic de drogue ayant été visé volontairement, peut-être pour intimider son frère Amine engagé dans la lutte contre le narcobanditisme, selon les premiers éléments de l'enquête.


Fleurs blanches et hommages de Marseillais à Mehdi Kessaci pour ses obsèques

Cette capture d'écran réalisée le 14 novembre 2025 à partir d'une vidéo de l'AFP datée du 7 juillet 2024 montre Mehdi Kessaci, frère d'Amine Kessaci, fondateur de l'association Conscience et ancien candidat dans la 3e circonscription des Bouches-du-Rhône pour la coalition de gauche Nouveau Front Populaire (NFP).
Cette capture d'écran réalisée le 14 novembre 2025 à partir d'une vidéo de l'AFP datée du 7 juillet 2024 montre Mehdi Kessaci, frère d'Amine Kessaci, fondateur de l'association Conscience et ancien candidat dans la 3e circonscription des Bouches-du-Rhône pour la coalition de gauche Nouveau Front Populaire (NFP).
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  • Au milieu des gerbes trônent celle des Ecologistes, le parti d'Amine Kessaci, frère de Mehdi, qui selon les premières investigations, pourrait avoir été tué pour toucher et avertir Amine
  • Il y a également celle de Guy Benarroche, sénateur écologiste des Bouches-du-Rhône mais aussi de simples citoyens comme cette retraitée, présente avec un bouquet de roses blanches

MARSEILLE: Les fleurs blanches commençaient à s'accumuler mardi au rond-point où a été abattu jeudi Mehdi Kessaci, en marge de ses obsèques attendues dans l'après-midi à Marseille, dans une ville traumatisée par ce nouveau cap franchi dans les violences liées au narcobanditisme.

Au milieu des gerbes trônent celle des Ecologistes, le parti d'Amine Kessaci, frère de Mehdi, qui selon les premières investigations, pourrait avoir été tué pour toucher et avertir Amine, militant engagé dans la lutte contre le narcobanditisme depuis l'assassinat d'un premier frère, Brahim.

Il y a également celle de Guy Benarroche, sénateur écologiste des Bouches-du-Rhône mais aussi de simples citoyens comme cette retraitée, présente avec un bouquet de roses blanches.

"Je suis venue pour Amine que j'ai bien connu car j'étais maîtresse dans la cité où il habitait avec sa famille. Je l'ai côtoyé ensuite lors de campagnes électorales et je trouve son engagement citoyen formidable", confie à l'AFP Christine Didon.

"Aujourd'hui, on ne peut plus s'en sortir grâce à l'école comme avant. Il y a une dégradation très rapide des conditions de vie, une pauvreté telle qu'il ne reste à certains que le trafic de drogue", ajoute-t-elle.

Mohamed Habib Errabia, 77 ans, est tout de suite descendu de chez lui jeudi quand il a entendu les coups de feu et ce matin il tenait à rendre hommage à ce jeune de 20 ans, victime innocente et totalement étrangère au trafic de drogue, selon les autorités. "On a des enfants, forcément on pense à eux. Qu'est-ce qui peut leur arriver ? On est pas à l'abri d'une balle perdue".

Les obsèques de Mehdi Kessaci se dérouleront mardi après-midi à Marseille sous forte surveillance policière. La famille, qui ne souhaite pas la présence de la presse, a annoncé qu'une marche blanche serait organisée ce week-end.

La police avait identifié des menaces sur Amine Kessaci et ce dernier était placé sous surveillance policière depuis plusieurs semaines. A la rentrée, il a publié un livre "Marseille, essuie tes larmes" (Le bruit du monde), sorte de longue lettre adressée à Brahim, tué avec deux autres jeunes hommes en 2020, dont les assassins présumés seront jugés prochainement.

Mardi matin, une réunion d'urgence à l'Elysée est par ailleurs organisée sur la lutte contre le narcobandistime qui a fait l'objet d'une loi en juin.

"Le narcotrafic est une peste, une lèpre, une venin qui court dans les veines du monde et l'empoisonne", écrit Amine Kessaci dans son livre. "On dit cartel, on dit baron, on dit empire. Moi je dis fosse commune, je dis cimetière, je dis clameur étouffée des mères qui pleurent leurs fils fauchés, des pères brisés par la poudre qui court, des enfants assassinés avant d'avoir su vivre".

 


France: une galerie du Louvre fermée au public en raison d'une «fragilité» de l'édifice

La galerie Campana est située sur la même aile sud du Louvre où un commando de malfaiteurs a réussi à s'introduire le 19 octobre, dérobant huit joyaux de la Couronne d'une valeur estimée à 88 millions d'euros. Les bijoux restent aujourd'hui introuvables. (AFP)
La galerie Campana est située sur la même aile sud du Louvre où un commando de malfaiteurs a réussi à s'introduire le 19 octobre, dérobant huit joyaux de la Couronne d'une valeur estimée à 88 millions d'euros. Les bijoux restent aujourd'hui introuvables. (AFP)
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  • Il s'agit "d'évolutions récentes et imprévisibles", assure le musée le plus visité au monde
  • A l'appui de sa décision, le musée invoque les conclusions d'un rapport d'un bureau d'études techniques qui lui a été remis vendredi

PARIS: Une des galeries du musée du Louvre à Paris sera fermée au public "par mesure de précaution" après qu'un audit a révélé la "particulière fragilité" de certaines poutres d'une des ailes du bâtiment, a annoncé lundi le musée dans un communiqué.

Abritant neuf salles dédiées à la céramique grecque antique, la galerie Campana sera fermée le temps que des "investigations" soient menées "sur la particulière fragilité de certaines poutres portant les planchers du deuxième étage de l'aile sud" du quadrilatère Sully, qui enserre la cour carrée du Louvre.

Il s'agit "d'évolutions récentes et imprévisibles", assure le musée le plus visité au monde. Contacté par l'AFP, un porte-parole de l'établissement n'a pas pu préciser quand cette décision prendrait effet ni pour combien de temps.

A l'appui de sa décision, le musée invoque les conclusions d'un rapport d'un bureau d'études techniques qui lui a été remis vendredi. Et assure avoir "immédiatement lancé une campagne complémentaire d'investigations" afin de déterminer les causes de la fragilité identifiée.

La galerie Campana est située sur la même aile sud du Louvre où un commando de malfaiteurs a réussi à s'introduire le 19 octobre, dérobant huit joyaux de la Couronne d'une valeur estimée à 88 millions d'euros. Les bijoux restent aujourd'hui introuvables.

En janvier 2025, la présidente du Louvre Laurence des Cars, sous pression depuis ce casse spectaculaire, avait alerté le ministère de la Culture de l'état de grande vétusté du musée parisien, évoquant notamment "la multiplication d'avaries dans des espaces parfois très dégradés".

Peu après cette alerte, le président Emmanuel Macron avait annoncé le lancement d'un vaste chantier de rénovation et de modernisation du Louvre, centré notamment sur le quadrilatère Sully. Des travaux initialement estimés à quelque 800 millions d'euros, et revus à la hausse dans un récent rapport de la Cour des comptes qui a évoqué au moins 1,15 milliard d'euros.