Attentat de Nice: la «frustration» d'un procès sans auteur ni complices

Le 14 juillet 2016, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel avait jeté son camion sur la foule de la Promenade des anglais, faisant 86 morts et environ 400 blessés physiques. Pour stopper sa course meurtrière de quelques minutes, des policiers l'avait tué sur place. (Photo, AFP)
Le 14 juillet 2016, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel avait jeté son camion sur la foule de la Promenade des anglais, faisant 86 morts et environ 400 blessés physiques. Pour stopper sa course meurtrière de quelques minutes, des policiers l'avait tué sur place. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 30 août 2022

Attentat de Nice: la «frustration» d'un procès sans auteur ni complices

Le 14 juillet 2016, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel avait jeté son camion sur la foule de la Promenade des anglais, faisant 86 morts et environ 400 blessés physiques. Pour stopper sa course meurtrière de quelques minutes, des policiers l'avait tué sur place. (Photo, AFP)
  • «Ce procès est un palliatif. Il y a une énorme disproportion entre la souffrance des victimes et la faible implication, voire la non implication» des accusés dans les faits, résume Chloé Arnoux
  • Les procès des attentats qui ont frappé la France depuis 2012 ont déjà souvent été ceux des «absents», des auteurs morts ou commanditaires à l'étranger

PARIS: Des centaines de victimes en quête de réponses, un auteur mort et aucune complicité établie par l'enquête: le procès de l'attentat de Nice, qui s'ouvre le 5 septembre, s'annonce « frustrant », craignent victimes et avocats, tout en soulignant l'importance de ce « moment mémoriel.. 

« Ce procès est un palliatif. Il y a une énorme disproportion entre la souffrance des victimes et la faible implication, voire la non implication » des accusés dans les faits, résume Chloé Arnoux, avocate de l'un d'entre eux, Chokri Chafroud. 

Six ans après, « l'absence du seul et unique auteur va de fait créer une frustration. Il va y avoir beaucoup de questions auxquelles personne ne pourra répondre », abonde Eric Morain, avocat de la Fédération nationale des victimes d'attentats (Fenvac), partie civile au procès. 

Le 14 juillet 2016, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel avait jeté son camion sur la foule de la Promenade des anglais, faisant 86 morts et environ 400 blessés physiques. Pour stopper sa course meurtrière de quelques minutes, des policiers l'avait tué sur place. 

La cour d'assises spéciale de Paris examinera les responsabilités de trois membres de son entourage, poursuivis pour association de malfaiteurs terroriste, et de cinq personnes soupçonnées de lui avoir fourni des armes, sans qualification terroriste. 

Plusieurs avaient initialement été mises en examen pour « complicité », mais ce chef d'accusation n'a pas été retenu au terme des quatre années d'information judiciaire. 

Les procès des attentats qui ont frappé la France depuis 2012 ont déjà souvent été ceux des « absents », des auteurs morts ou commanditaires à l'étranger. 

Mais dans le cas de Nice, le contraste est encore plus grand avec « la masse » de personnes impactées, souligne l'avocat: près de 900 personnes se sont constituées partie civile, 2 500 personnes ont été reconnues victimes et indemnisées, et le choc a été immense pour les 30 000 Niçois et touristes rassemblés ce soir-là pour assister au feu d'artifice. 

« Les limites de la justice »  

« Nous essayons de les préparer au fait que les peines ne seront peut-être pas à la hauteur de leur souffrance », explique Antoine Casubolo-Ferro, l'un des avocats de l'Association française des victimes du terrorisme (AFVT). 

Au-delà des accusés, le procès représentera « un moment mémoriel important », souligne-t-il: « on met des noms et des visages sur la souffrance et on se sent plus concerné ». 

Pour les parties civiles, « le fait de pouvoir s'exprimer, de dire tout ce qu'on a à dire - de la colère, de la haine, de la tristesse -, c'est une étape importante dans la reconstruction », pressent Stéphane Erbs, coprésident de l'association Promenade des anges, qui a perdu sa femme dans l'attaque. 

La longueur et l'éloignement du procès, à Paris, rendent le déplacement « compliqué » pour beaucoup, mais « il ne faudrait pas que les victimes niçoises ne soient que spectatrices », avertit Me Morain. « Sinon, chacun restera sur sa ligne préconçue », prédit-il, rappelant les vertus pédagogiques d'un procès: « comprendre quel est le rôle et les limites de la justice des Hommes ». 

« Spécificité du dossier »  

Beaucoup attendent aussi des réponses des dépositions des experts psychologues et psychiatres: « j'ai hâte de voir quelle est leur interprétation sur l'attitude de l'auteur, comment ils le diagnostiquent ou pas », note Stéphane Erbs. 

« Il faut ramener Mohamed Lahouaiej-Bouhlel au cœur du débat », estime aussi Me Arnoux, « parce que c'est sa psychose, sa névrose, qui a occasionné son passage à l'acte » et qui explique, selon elle, certains messages envoyés aux accusés. 

« Etant donné qu'on n'a pas au procès le réel coupable, peut-être que les victimes souhaiteraient que (les huit accusés) puissent répondre à sa place », notamment « sur la façon dont l'attentat a été perpétré », estime de son côté Samira Rouibah, l'autre coprésidente de Promenade des anges, dont le fils de 4 ans est mort dans l'attentat. 

Attention à ne pas « faire supporter aux accusés le poids de l'absence » du chauffeur du camion, avertit toutefois William Bourdon, avocat d'un des accusés, Mohamed Ghraieb, mettant en garde contre la tentation d'un procès par procuration. 

« Ce dossier est précisément la caricature d'une vision extensive de l'’association de malfaiteurs terroriste’ (retenue comme chef d'accusation pour trois personnes jugées, ndlr) pour justifier les poursuites après l'abandon de la complicité », estime-t-il.  

L'audience débutera deux mois après le verdict au procès des attentats du 13-Novembre, quand l'ensemble des 20 accusés avaient été condamnés, à des peines allant de deux ans d'emprisonnement à la perpétuité incompressible. Certains avocats de la défense avaient ensuite dénoncé une interprétation trop large du délit d'association de malfaiteurs terroriste, avec une « charge de la preuve renversée ». 

Même si « on a tous en tête la jurisprudence récente » sur « cette infraction très malléable », Adélaïde Jacquin, avocate de Ramzi Arefa, dit avoir bon espoir de « faire entendre la spécificité » du dossier de Nice et « rendre audible l'application rigoureuse du droit ». 


France: à Marseille, un écologiste perd un deuxième frère dans un assassinat

Le parquet a ouvert une enquête pour assassinat en bande organisée et association de malfaiteurs en vue de commettre un crime. Les investigations ne font que commencer et le lien éventuel avec le narcobandistime n'est pas établi à ce stade. (AFP)
Le parquet a ouvert une enquête pour assassinat en bande organisée et association de malfaiteurs en vue de commettre un crime. Les investigations ne font que commencer et le lien éventuel avec le narcobandistime n'est pas établi à ce stade. (AFP)
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  • L'AFP a appris de sources concordantes qu'il s'agissait du petit frère d'Amine Kessaci, confirmant une information du journal régional La Provence
  • Connu pour son combat auprès des proches des victimes du narcobanditisme, le Marseillais de 22 ans, s'est également engagé en politique, auprès du Parti Les Ecologistes

MARSEILLE: Un jeune militant écologiste de 22 ans, Amine Kessaci, engagé aux côté des victimes du narcobanditisme à Marseille, dans le sud de la France, a perdu un deuxième frère cette semaine dans un assassinat, a appris l'AFP auprès de sources concordantes.

Jeudi, aux alentours de 14H30 (13H30 GMT), un jeune homme de 20 ans, inconnu des services de police et de justice, a été abattu par balle dans le 4e arrondissement de Marseille, à deux pas de la plus grande salle de concert de la ville, a indiqué dans un communiqué le procureur de la ville, Nicolas Bessone, sans donner l'identité de la victime.

L'AFP a appris de sources concordantes qu'il s'agissait du petit frère d'Amine Kessaci, confirmant une information du journal régional La Provence.

Connu pour son combat auprès des proches des victimes du narcobanditisme, le Marseillais de 22 ans, s'est également engagé en politique, auprès du Parti Les Ecologistes.

"Une moto s'est portée à hauteur du véhicule de la victime qui venait de se garer. Le passager arrière de la moto a tiré à plusieurs reprises sur la victime, qui était toujours dans son véhicule. Plusieurs étuis de 9 mm ont été retrouvés sur place", détaille le procureur.

Christine Juste, adjointe écologiste au maire de Marseille et proche d'Amine Kessaci, a confirmé à l'AFP, en pleurs, l'identité de la jeune victime. "J'ai énormément de peine pour mon ami et sa maman, aucune mère ne devrait vivre cela, la perte de deux enfants".

Le parquet a ouvert une enquête pour assassinat en bande organisée et association de malfaiteurs en vue de commettre un crime. Les investigations ne font que commencer et le lien éventuel avec le narcobandistime n'est pas établi à ce stade.

En 2020, Brahim, le grand frère d'Amine Kessaci a été abattu lors d'un triple assassinat par arme à feu et son corps a été retrouvé carbonisé dans un véhicule près de Marseille.

Les violences liées au narcotrafic sont fréquentes à Marseille et la consommation de drogue, notamment dans la rue, est en hausse. Un phénomène expliqué selon des élus locaux par une "précarisation générale" dans ce qui se trouve être également la métropole la plus pauvre du pays.

Selon un décompte de l'AFP, 14 personnes ont perdu la vie dans des narchomicides depuis le début de l'année dans le département français des Bouches-du-Rhône, où se trouve Marseille.


Le «fabriqué en France» s'invite à l'Elysée ce week-end

Le président Emmanuel Macron prononce un discours lors de l'inauguration de l'exposition « Fabrique en France » à l'Élysée, à Paris, le 25 octobre 2024. (AFP)
Le président Emmanuel Macron prononce un discours lors de l'inauguration de l'exposition « Fabrique en France » à l'Élysée, à Paris, le 25 octobre 2024. (AFP)
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  • La 5e édition de l'exposition Fabriqué en France met en avant 123 produits issus de tous les territoires, y compris l’outre-mer, avec une forte représentation de l’industrie et de l’artisanat
  • L’évènement introduit cette année une sélection stratégique de 20 innovations nationales et accueille pour la première fois des produits numériques, dans un contexte plus large de valorisation du savoir-faire français

PARIS: Du veston de berger brodé en Ardèche au ballon dirigeable du Vaucluse, en passant par le fauteuil roulant en bois de Dordogne, 123 produits seront à l'honneur à l'Elysée samedi et dimanche lors de la 5e édition de l'exposition Fabriqué en France.

La tomme de chèvre de Saint-Pierre-et-Miquelon, la vanille Bleue de la Réunion et des bijoux de Mayotte, notamment, mettront en valeur les territoires d'outre-mer pour cet évènement, qui doit être inauguré vendredi en fin d'après-midi par Emmanuel Macron.

Les objets, exposés dans les jardins, les salons et la cour d'honneur du palais de l'Elysée, proviennent de tous les départements de métropole et d'outre-mer. Ils ont été sélectionnés par un jury présidé par le chef pâtissier et chocolatier Pierre Hermé.

Une large majorité (59%) des lauréats appartient au secteur industriel, près d'un tiers à l'artisanat (29%) et le reste à la production alimentaire (10%), selon l'Elysée.

Pour la première fois, deux produits numériques ont également été retenus, dont la messagerie chiffrée Olvid, développée par des experts français en cybersécurité et déployée dans les ministères.

Autre nouveauté de cette édition: une sélection spécifique de 20 produits et services jugés stratégiques pour la nation, conçus par les filières industrielles du Conseil national de l'industrie, sera également présentée au public.

La société Ecotrain, basée en Haute-Garonne, viendra notamment présenter sa navette ferroviaire électrique destinée à circuler sur de petites lignes rurales, menacées d'abandon, pour désenclaver des territoires isolés.

Organisée après le salon Made in France, l'exposition précède aussi la première déclinaison du sommet Choose France dédiée aux investisseurs français, prévue lundi, et "s'inscrit dans une large séquence consacrée aux entreprises et au savoir-faire français" qui se prolongera avec la Semaine de l'industrie (17-23 novembre), souligne l'Elysée.

Gratuite et ouverte au public, l'exposition avait attiré près de 10.000 visiteurs l'an passé, une affluence comparable aux Journées du patrimoine.

Pour cette édition, la billetterie ouverte début novembre a été fermée, l'évènement étant déjà complet, a indiqué l'Elysée.


Un homme tué par balle en plein jour à Marseille

LE centre de Marseille, photo d'illustration. (AFP)
LE centre de Marseille, photo d'illustration. (AFP)
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  • En arrêt cardio-respiratoire à l'arrivée des secours, l'homme d'environ 25 ans, a été grièvement touché au thorax, ont indiqué les marins-pompiers de Marseille
  • Les faits se sont déroulés vers 14H30 dans le quartier populaire de Saint Just, situé à l'est de la ville

MARSEILLE: Un homme a été tué par balle, en plein jour, à proximité de la plus grande salle de concert de Marseille située dans le 4e arrondissement, a-t-on appris auprès de la préfecture de police des Bouches-du-Rhône.

En arrêt cardio-respiratoire à l'arrivée des secours, l'homme d'environ 25 ans, a été grièvement touché au thorax, ont indiqué les marins-pompiers de Marseille à l'AFP, confirmant une information de La Provence.

Les faits se sont déroulés vers 14H30 dans le quartier populaire de Saint Just, situé à l'est de la ville.

Les deux suspects, actuellement recherchés, se seraient enfuis sur un deux-roues, selon une source proche du dossier.

L’identité de la victime n'a pas été confirmée à ce stade, a fait savoir la préfecture de police.

Le lien entre cet homicide et le narcobanditisme n'a pas encore été établi, mais Marseille est régulièrement secouée par des "narchomicides" sur fond de trafic de stupéfiants et de guerre des gangs pour le contrôle des points de vente de drogue dans la seconde ville de France.

Le 9 octobre déjà, un homme avait été mortellement visé par des tirs en plein jour dans un quartier populaire du centre de Marseille, soit très certainement un 14e narchomicide depuis le début de l'année dans les Bouches-du-Rhône, selon un décompte de l'AFP. Deux personnes avaient été interpellées quelques heures après le meurtre, selon le parquet de Marseille.