Trois morts dans les protestations contre le décès d'une femme détenue en Iran

La colère du public s'est accrue depuis que les autorités ont annoncé vendredi la mort de Mahsa Amini suite à son arrestation par la police des mœurs de Téhéran. (Photo, AFP)
La colère du public s'est accrue depuis que les autorités ont annoncé vendredi la mort de Mahsa Amini suite à son arrestation par la police des mœurs de Téhéran. (Photo, AFP)
La colère du public s'est accrue depuis que les autorités ont annoncé vendredi la mort de Mahsa Amini suite à son arrestation par la police des mœurs de Téhéran. (Photo, AFP)
La colère du public s'est accrue depuis que les autorités ont annoncé vendredi la mort de Mahsa Amini suite à son arrestation par la police des mœurs de Téhéran. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 21 septembre 2022

Trois morts dans les protestations contre le décès d'une femme détenue en Iran

  • Le décès de la jeune femme a suscité une vague de colère en Iran
  • Le président français Emmanuel Macron s'est entretenu avec son homologue iranien

TEHERAN: Trois personnes ont été tuées durant des manifestations au Kurdistan iranien déclenchées samedi par la mort d'une jeune femme détenue par la police des moeurs, a annoncé mardi un responsable.

Mahsa Amini, âgée de 22 ans et originaire de la région du Kurdistan (nord-ouest), a été arrêtée le 13 septembre à Téhéran où elle était en visite avec sa famille, pour "port de vêtements inappropriés" par la police des moeurs, une unité chargée de faire respecter le code vestimentaire strict de la République islamique d'Iran pour les femmes.

En Iran, se couvrir les cheveux est obligatoire en public. La police des moeurs interdit en outre aux femmes de porter des manteaux courts au-dessus du genou, des pantalons serrés et des jeans troués ainsi que des tenues de couleurs vives, entre autres.

Masha Amini est tombée dans le coma après son arrestation et est décédée le 16 septembre à l'hôpital, selon la télévision d'Etat et sa famille.

Des militants affirment qu'elle a souffert d'une blessure à la tête alors qu'elle était en détention. La police iranienne a rejeté ces accusations et une enquête a été ouverte.

Le décès de la jeune femme a suscité une vague de colère en Iran, où des manifestations ont éclaté samedi au Kurdistan, puis à Téhéran et dans d'autres régions d'Iran.

Mardi, le gouverneur du Kurdistan, Ismail Zarei Koosha, cité par l'agence de presse Fars, a fait état de "trois morts" lors des manifestations dans différentes localités de la province, sans préciser de date.

Il a qualifié ces morts de "suspectes, faisant partie d'un complot fomenté par l'ennemi". Il a aussi affirmé que l'une des victimes avait été tuée par un type d'arme non utilisé par les forces iraniennes.

ONU et ONGs s'inquiètent

Les Nations unies et des ONG ont exprimé mardi leurs inquiétudes face à "la réaction violente" des autorités iraniennes visant les manifestations protestant contre la mort d'une jeune femme après son arrestation par la police des mœurs, et durant lesquelles au moins trois personnes ont été tuées.

Plus tôt mardi, dans un communiqué, l'ONG Human Rights Watch, basée à New York, avait rapporté que des vidéos circulant sur les réseaux sociaux et des témoignages "indiquent que les autorités ont recours à des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants et ont apparemment utilisé la force létale dans la province du Kurdistan".

"Utiliser la force létale et des gaz lacrymogènes pour réprimer des manifestants qui réclament justice pour la mort d'une jeune femme après qu'elle a été arrêtée par la police renforce la nature systématique des abus des droits humains et de l'impunité de ce gouvernement", a dénoncé Tara Sepehri Far, chercheuse à l'ONG HRW, dans le communiqué.

Depuis Genève, la Haute Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme par intérim, Nada Al-Nashif, a exprimé mardi "son inquiétude face à la mort en détention de Mahsa Amini (...) et à la réaction violente des forces de sécurité aux manifestations qui ont suivi", souligne un communiqué du Haut Commissariat.

Entretien Macron-Raïssi

Face à la colère provoquée par cette mort, le représentant du guide suprême Ali Khamenei au Kurdistan, Abdolreza Pourzahabi, s'est rendu lundi au domicile familial de Masha Amini, selon l'agence Tasnim.

L'émissaire a déclaré à la famille que "des mesures seront prises" et que l'ayatollah Khamenei était "peiné" par ce décès. "Comme je l'ai promis à la famille Amini, je suivrai le dossier jusqu'au bout", a-t-il dit.

A l'étranger, la Haute Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme par intérim, Nada Al-Nashif, a exprimé "son inquiétude face à la mort en détention de Mahsa Amini (...) et à la réaction violente des forces de sécurité aux manifestations", et réclamé une enquête "impartiale" et "indépendante".

En marge de l'assemblée générale de l'ONU à New York, le président français Emmanuel Macron a déclaré, après un entretien avec le président iranien Ebrahim Raïssi, avoir "insisté sur le respect des droits des femmes" en Iran.

Par ailleurs, des dissidents iraniens et d'anciens prisonniers en Iran, dont une universitaire australo-britannique, ont annoncé mardi à New York le dépôt d'une plainte au civil visant M. Raïssi, attendu mercredi à l'Assemblée générale de l'ONU.

Le président iranien est la cible de cette plainte, qui n'avait pas encore été rendue publique mardi soir par le tribunal civil fédéral de Manhattan, pour son rôle de juge en Iran dans les années 1980, lorsque des milliers de personnes y avaient été condamnées à mort, selon l'Union nationale pour la démocratie en Iran (Nufdi).

La mort de la jeune femme a aussi provoqué des critiques de hauts responsables iraniens contre la police des mœurs, connue officiellement sous le nom de Gasht-e Ershad, ou "patrouille d'orientation".

Au Parlement, le député Jalal Rashidi Koochi, cité par l'agence ISNA, a estimé que la police des moeurs "cause des dommages au pays".

Supprimer l'unité?

"Afin d'éviter la répétition de tels cas, les méthodes utilisées par ces patrouilles d'orientation (...) devraient être revues", a affirmé le président du Parlement, Mohammad Bagher Ghalibaf à l'agence officielle IRNA.

Plus radical, un autre parlementaire a annoncé son intention de proposer la suppression complète de cette force.

"Je crois qu'en raison de l'inefficacité du Gasht-e Ershad à faire comprendre la culture du hijab, cette unité devrait être supprimée, afin que les enfants de ce pays n'aient pas peur quand ils croisent cette force", a déclaré Moeenoddin Saeedi.

Pour l'Organisation pour la promotion de la vertu et la prévention du vice, une organisation influente affiliée à l'Etat iranien, "il faut cesser d'arrêter et de poursuivre les personnes portant mal leur voile car cela a pour effet d'accroître les tension sociales. Il faut amender la loi pour que cela soit considéré uniquement comme une infraction".

Dimanche, la police a procédé à des arrestations et tiré des gaz lacrymogènes au Kurdistan pour dispserser des centaines de manifestants.

Des protestations ont eu lieu lundi à Téhéran, notamment dans plusieurs universités, et à Mashhad, deuxième ville du pays, selon les agences Fars et Tasnim.

Le gouverneur de Téhéran, Mohsen Mansouri, a déclaré que les manifestations étaient "organisées dans le seul but de créer des troubles".


Netanyahu annonce l'envoi d'un représentant israélien pour une rencontre avec des responsables au Liban

Cette photographie prise lors d'une visite de presse organisée par l'armée libanaise montre un soldat libanais debout près d'un mur à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban, le 28 novembre 2025. (AFP)
Cette photographie prise lors d'une visite de presse organisée par l'armée libanaise montre un soldat libanais debout près d'un mur à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban, le 28 novembre 2025. (AFP)
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  • M. Netanyahu "a chargé le directeur par intérim du Conseil de sécurité nationale d'envoyer un représentant de sa part à une réunion avec des responsables gouvernementaux et économiques au Liban"
  • Cette annonce survient après le passage d'une émissaire américaine, Morgan Ortagus, à Jérusalem, sur fond de tensions croissantes entre Israël et le Liban

JERUSALEM: Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mercredi l'envoi d'un représentant pour une rencontre avec des responsables politiques et économiques au Liban, "première tentative pour établir une base de relations et de coopération économique entre Israël et le Liban".

M. Netanyahu "a chargé le directeur par intérim du Conseil de sécurité nationale d'envoyer un représentant de sa part à une réunion avec des responsables gouvernementaux et économiques au Liban", indique un communiqué de son bureau.

Le texte ne précise pas quand cette rencontre doit avoir lieu.

Cette annonce survient après le passage d'une émissaire américaine, Morgan Ortagus, à Jérusalem, sur fond de tensions croissantes entre Israël et le Liban.

Accusant le mouvement islamiste Hezbollah de violer le cessez-le-feu entré en vigueur il y a un an en se réarmant dans le sud du pays, l'armé israélienne a multiplié les frappes sur le sud du Liban la semaine dernière sur ce qu'elle a présenté comme des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Depuis plusieurs semaines, la presse israélienne multiplie les articles sur la possible imminence d'une nouvelle campagne militaire israélienne contre le Hezbollah au Liban.


Le pape appelle à «de nouvelles approches» au Moyen-Orient pour rejeter la violence

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  • Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage"
  • "Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix"

BEYROUTH: Le pape Léon XIV a appelé mardi, devant 150.000 personnes réunies pour une messe en plein air à Beyrouth, à "de nouvelles approches au Moyen-Orient" meurtri par les conflits, pour y faire prévaloir la paix.

Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage".

"Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix", a déclaré le souverain pontife.

Affirmant "prier spécialement pour le Liban bien-aimé", il a demandé "à la communauté internationale de ne ménager aucun effort pour promouvoir des processus de dialogue et de réconciliation" dans cette région meurtrie par les conflits.

La visite du chef de l'église catholique a donné un souffle d'espoir au Liban, qui a connu une guerre meurtrière avec Israël il y a un an et craint une nouvelle escalade malgré le cessez-le-feu.

Léon XIV a également appelé les dirigeants "dans tous les pays marqués par la guerre et la violence" à "écouter le cri" des "peuples qui appellent à la paix".

S'adressant aux "chrétiens du Levant, citoyens à part entière de ces terres", le pape leur a dit: "ayez du courage. Toute l'Église vous regarde avec affection et admiration".


Une plainte en France pour «entrave» au travail des reporters à Gaza

Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
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  • "Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination"
  • "Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse"

PARIS: Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza.

Ces faits pourraient selon ces organisations constituer des "crimes de guerre", pour lesquels le parquet national antiterroriste à Paris peut enquêter, dès lors qu'ils sont commis contre des Français.

"Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination dans un contexte international où les atteintes à la liberté de la presse sont devenues structurelles", soulignent les plaignants dans la centaine de pages de leur requête, rendue publique par franceinfo.

"Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse", a commenté Me Louise El Yafi, l'une des avocates à l'origine de la plainte.

Elle "souligne aussi l'insécurité croissante visant les journalistes français en Cisjordanie (...). Ces atteintes, en violation du droit international humanitaire, relèvent également de crimes de guerre", ajoute sa consoeur Me Inès Davau.

Un journaliste français travaillant pour plusieurs rédactions francophones, qui a tenu à garder l'anonymat, porte lui aussi plainte: il dénonce son "agression" par des colons lors d'un reportage dans les territoires occupés.

Reporters sans frontières (RSF) a décompté plus de 210 journalistes tués depuis le début des opérations militaires israéliennes à Gaza, en représailles à l'attaque du 7 octobre 2023 par le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Depuis le début de la guerre, les autorités israéliennes ont empêché les journalistes de médias étrangers d'entrer de manière indépendante à Gaza, autorisant seulement au cas par cas une poignée de reporters à accompagner leurs troupes.

En France, plusieurs plaintes ont été déposées en lien avec le conflit. Elles visent notamment des soldats franco-israéliens d'une unité d'élite de l'armée israélienne, l'entreprise française d'armement Eurolinks ou encore des Franco-Israéliens qui se rendraient complices du crime de colonisation.

Suite à une plainte, le parquet national antiterroriste a aussi demandé à un juge d'instruction parisien d'enquêter pour "crimes de guerre" dans le dossier de la mort de deux enfants français dans un bombardement israélien à Gaza en octobre 2023.